samedi 11 avril 2009

Comment passer de drôles de vacances en son pays

Par Mohammed Beghdad (*)

Article publié les 14 (1ère partie) et 16 Août (2ème partie) 2008 par le Quotidien d'Oran (Algérie).
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A quoi rêve un universitaire en général après une année scolaire saturée de labeur, de sacrifices, de problèmes et de promesses? Justement, de pouvoir passer de bonnes vacances et de profiter pleinement du repos afin de rebondir plus frais à la rentrée tout en espérant que les choses aillent pour le mieux durant l’année qui suit.

A peine les vacances entamées que d’autres obstacles viennent perturber les congés paisibles auxquels on a tous aspirés. C’est à travers ces embûches et tracasseries quotidiennes que j’ai compris pourquoi de nombreux compatriotes préfèrent (hélas! plus d’un million l’année précédente) s’évader dans d’autres pays tels que la « petite » Tunisie que de rester chez soi et faire avorter ses vacances. De cette sorte, la rentrée sociale ne sera que plus amère.

Le choix de nos compatriotes pour la Tunisie repose essentiellement sur les services prodigués par ce pays : hôtellerie, restaurant, poste,…où le hasard et le bricolage n’ont pas droit de cité. Sinon, comment expliquer cet engouement sans limite des citoyens Algériens, tout simplement parce qu’ils ont trouvé certaines choses qu’ils ne peuvent jamais y accéder chez soi. Les estivants Algériens, en Tunisie, sont si contents qu’ils ont en fait leur destination préférée pendant les vacances et à moindres frais s s’il vous plaît. D’après les informations rapportées par le quotidien arabophone El-Khabar dans son édition du dimanche 10 Août 2008 [1], le nombre d’Algériens voyageant en Tunisie est en nette accroissement de 30% par rapport à l’année dernière. Plus de 15 000 Algériens et 30 000 véhicules immatriculées chez nous franchissent la frontière Algéro-Tunisienne chaque jour avec à la clé 200 millions de dollars engrangés dans la cagnotte de la sœur Tunisie pendant les mois de juillet et d’août! C’est une vraie aubaine qui profite admirablement à notre voisin pays. Ce phénomène qui prend de plus en plus de l’ampleur et cette frénésie sans cesse ne semblent outre donner matière à réfléchir à nos responsables. Imaginons un instant cet argent englouti dans les caisses du tourisme local. Heureusement pour nous que les frontières à l’ouest sont fermées, autrement le pays serait vidé durant la saison estivale.

Chez nous, paradoxalement, les services publics dispensés sont tellement lamentables qu’ils n’incitent guère à l’encouragement du tourisme local.

Dommage pour notre pays que ni le tourisme intérieur, encore moins celui de l’extérieur ne soient soutenus de quelque manière que ce soit. Savez-vous qu’au Maroc, le touriste local paie beaucoup moins cher en hôtellerie qu’un étranger ? Chez nous, les prix sont facturés en équivalents Euros pour des paies en Dinars !

Le calvaire pour celui qui reste à la maison, faute de moyens et par crainte de déséquilibrer son maigre budget lorsqu’on ne dispose que d’une seule paie, commence par les services publics tels que la poste, la banque, la sonelgaz, le service des eaux, la mairie, le service d’hygiène, l’école, le lycée, l’université, etc…pour ne citer que ceux-là.

Je me suis donné une promesse de trouver un peu de temps d’écrire un papier sur ce sujet stratégique et l’envoyer à la presse pour faire mon devoir de citoyenneté sur ce qui se passe dans nos services publics qui sont devenus de réels mastodontes bureaucratiques très lourds à gérer tant les difficultés se sont accumulées sans aucune réelles solutions. L’infection est si profonde et impérative à soigner qu’elle nécessite présentement des thérapies de choc avant que le mal achève ceux qui titubent encore. On est étourdi, tous les jours par les lettres des lecteurs dans les colonnes de journaux, sur l’horrible fonctionnement de nos services publics qui perpétuent leur fuite en avant.

Je ne vais ici rapporter qu’un échantillon des difficultés qui se posent aux citoyens en général sans oublier celles spécifiques à chaque ville, village ou une contrée reculée du pays. Le prototype est le même partout ailleurs.

Il y a une remarque très importance : toutes les entraves disparaissent par enchantement si vous avez des connaissances dans ces services publics, vous serez gratifiés sans cesse et à gogo. Dans le cas contraire, c’est la misère qui vous sera servie, et au même tarif. C’est l’aspect visible des passes droits et de la corruption galopante.

Quand est-ce qu’allons-nous vivre comme de véritables citoyens servis partout équitablement? C’est un rêve qui n’est pas prêt de se réaliser sans que les mentalités soient métamorphosées.

Etre un citoyen Algérien c’est de pouvoir vivre là ou l’on désire et dans n’importe quel endroit du pays comme dans les pays civilisés où on ne se préoccupe nullement de vos origines pour vous sceller un jugement de valeur.

Le citoyen Algérien subit un racisme intérieur qui ne dit pas son nom. C’est un véritable tabou qui persiste à cause de notre malheureux sous développement, trop clanique, trop régionaliste, pas conformément Nationaliste.

Sans tarder, je vais vous faire trimbaler au cœur des tourments dans quelques services publics névralgiques de la ville tout en sachant que les problèmes rencontrés sont presque identiques voire pire dans d’autres cités du pays.

A LA POSTE :

L’enseignant, que je suis, guète au moindre affut la fin ou au début de chaque mois avec la fameuse citation connue de tout travailleur Algérien : « viraou ? ». Dès la confirmation de cette question magique par un ou plusieurs collègues plus près des échos administratifs, tout le monde se hâte sans tarder vers son centre de paiement. Les plus chanceux sont ceux qui dispose d’un compte bancaire au trésor qu’il n’est pas facile d’obtenir sauf qu’à de très rares pistonnés ou parrainés! Pourquoi avoir un compte trésor : uniquement pour être « réglé » parmi les premiers car le virement de l’établissement employeur y passe d’abord ici, synonyme de sésame !

Ceux de la poste sont aussi choyés mais pour encaisser leur dû, il faut se lever de bonne heure et se présenter très tôt aux guichets sinon c’est l’attente infernale, pendant des heures, parfois des jours, en sueurs pendant cette période caniculaire. C’est une véritable galère.

A l’intérieur, dans un brouhaha indescriptible, c’est l’anarchie totale. On se croirait d’être dans un bain maure que dans un service public. Encore que les pistonnés n’ont même pas besoin de faire la chaine, le préposé au guichet se livre même à la régulation de chèques « amis » déposés au vu et au su de la clientèle par paquet complet. Et gare à celui qui ose faire une remarque.

Les exacerbations qui fatiguent le plus les clients sont les moments où l’ordinateur s’arrête ! S’agit-il d’un délestage ou d’une panne qui pendant des années et des années demeure la même. Les millions de ces pauvres clients de la poste redoutent cet instant de dépit. Les malheureux clients ont tous les yeux rivés sur les préposés aux guichets accrochés entrain de tripoter sur le clavier de leurs ordinateurs. Les infortunés clients ne sont soulagés que lorsque l’agent de saisie prend un chèque et continue interminablement son travail. Ça y est « Djate », entendons-nous parler les clients proches du comptoir. C’est un grand moment qui apporte presque de la jubilation aux accablés abonnés que nous sommes, la chaine recommence à s’organiser. L’agent de la poste trouve même de l’aide dans sa délicate tâche auprès de ses clients mensuels qui se transforment en travailleur intermittent de la poste sans rechigner et ils le font même avec dévouement.

Au fait, si ne pouvez pas attendre, ne vous hasardez pas surtout pas à aller dans d’autres agences dissimulées ici et là dans certains quartiers, elles ne servent qu’à expédier les affaires courantes. Vous pouvez consulter votre compte postal mais point d’argent pour le retirer. Voilà comment on squatte notre argent à la poste.

A l’heure des nouvelles technologies, la poste Algérienne continue à marcher à reculons, les incessantes pannes des ordinateurs est une chose impardonnable à l’ère de l’ADSL à haut débit. Ce qui est encore plus caricatural, c’est justement la poste qui détient presque le monopole de l’internet en Algérie. Alors arrêtons de leurrer les clients. Je pense que les agents actuels de la poste, sans formation ni recyclage permanent, sont incapables actuellement et incompétents pour gérer cet important service public qui gère des millions de comptes postales. Si l’on continue avec cette gestion catastrophique, la poste sera malheureusement perdue aux mains de privés nationaux ou étrangers semblablement comme l’état a cédé par un passé récent d’autres entreprises budgétivores.

N’oublions pas que la poste a introduit la carte électronique de paiement mais vue la manière dont sont distribuées ces cartes laisse présager une inaptitude future à gérer cette entreprise publique. Est-ce que la poste possède assez de distributeurs de billets ? Est-ce que les clients peuvent payer leurs factures par l’utilisation de cette carte ? Est-ce que les vendeurs ont suffisamment de terminaux de paiement ? L’horizon est encore lointain. Arrêtons de faire de la publicité mensongère qui ne peut que nuire davantage.

Est-ce que les responsables de la poste s’inquiètent du sort qui sera réservé au devenir de leur boîte ? Est-ce qu’on a entendu un jour parler d’un quelconque sondage sur la qualité des prestations des services fournis par la poste. A mon sens, c’est avec ce type d’outils qu’on peut progresser. Sans écouter l’écho des clients, tout redressement sera voué à l’échec. La réponse des clients est le miroir sur lequel doit se scruter toute entreprise soucieuse de son rendement et de progrès.

Pourtant la poste est très soutenue par les pouvoirs publics comme le montre si bien l’obligation aux nouveaux bacheliers (pour percevoir leur bourse) d’ouvrir des comptes courants postaux (CCP). Le site internet officiel du ministère de l’enseignement supérieur lui fait même de la publicité gratuite. Avec toutes ces facilités accordées gracieusement, la poste n’arrive pas à décoller. Qu’en sera-t-il lorsque la concurrence sera le seul critère d’évolution.

Toutes ces fatalités de la poste sont portées par les pitoyables clients qui n’hésiteront pas à la quitter définitivement dès la trouvaille d’une meilleure formule. Justement cette formule est en train de prendre forme doucement du côté des banques avec l’arrivée en douceur des banquiers étrangers.

 A LA BANQUE :

Il y a une image frappante qui se déroule sous nos yeux depuis quelques mois dans la ville de Mostaganem, il s’agit tout simplement d’une guerre atroce sournoise que mènent deux agences de banques étrangères pour ne pas dire Françaises. Après la BNP Paribas qui a décidé de s’installer il y a quelques mois à Mostaganem en optant pour l’ancien site de la défunte banque El Khalifa, presque instantanément, c’était au tour et de la Société Générale de choisir le même itinéraire en réalisant son agence à ……quelques mètres seulement de sa future rivale.

Aidées par l’incompétence et la bureaucratie dans lesquelles s’enfoncent davantage nos banques publiques, elles ne vont en faire qu’une bouchée des nôtres si par malheur cette hémorragie persiste. Notons qu’entre les deux nouvelles agences en question se trouve un parking, donc aucune habitation en vue, elles sont l’une en face de l’autre comme dans un vrai duel, les prochaines batailles entre eux, s’annoncent rudes dans un proche avenir pour s’arracher les malheureux déçus de nos banques publiques. Comme vous le constatez, c’est dans les perspectives d’avenir que les deux concurrentes s’inscrivent en affûtant leurs armes. Aucun espace libre ne sera permis entre eux.

Pendant ce temps, comme si de rien n’était, nos banques continuent à vivre et à travailler comme dans l’ancien temps d’une autre époque où l’archaïsme l’emporte sur toute modernité. Elles ne peuvent ou ne désirent pas s’adapter aux temps nouveaux, aux nouvelles technologies, …comme si le problème de la privatisation qui les emportera tôt ou tard ne les émeut pas, aucun sursaut d’orgueil des intéressés ne semble pointer à l’horizon.

Si par malheur, elles seront un jour dénationalisées comme le sursis qui attend le CPA, les prochains repreneurs ne récupéreront certainement pas tous leurs employés. Ils ne considéreront que leurs propres intérêts où les postes seront très chers à acquérir. L’échec ne sera plus permis, les sentiments n’auront aucune place. Les regrets, les larmes et la nostalgie ne seront d’aucune utilité lorsque les jeux seront faits.

Le démantèlement, datant de quelques années seulement, des entreprises publiques en est un exemple frappant. L’état ne peut plus aussi se permettre de traîner ou de booster des entreprises déficitaires en ressources humaines performantes en plus de leur déficit.

Dommage que le seuil et le degré d’inconscience sont si bas chez certains responsables et employés qui ont passé plus de deux-tiers de leur vie, voire plus, dans ces banques publiques. Ils ont gardé les mêmes reflexes des années de la gestion dirigée, assistée de haut où les initiatives du bas ne sont pas les bienvenues.

Allez oser tenter d’ouvrir un compte chez nos banques. Les embûches et les obstacles de tout genre commenceront aussitôt à pleuvoir sur soi, la bureaucratie retrouve alors toutes ses couleurs avec ses belles nuances. Ouvrir un compte bancaire c’est juste obtenir un numéro virtuel et non une place physique à la banque. De nos jours, un petit Freeware téléchargé gratuitement sur internet, ferait le bonheur de n’importe quelle agence bancaire. Un client supplémentaire n’allongera en quoi que ce soit le volume horaire des employés ; Savez-vous qu’avec une seule feuille d’un document d’Excel, on peut faire des opérations miraculeuses.

Rajouter à cela qu’un client peut moisir plus 10 mois dans l’attente d’une commande d’un chéquier, c’est l’expérience que je suis en train de vivre.

Au moment de l’encaissement d’un chèque, la chose la plus redoutée par le client c’est sans doute d’être payé en coupures de 200 DA vieillies par le temps, déchirées, scotchées, raccommodées en rajoutant la très mauvaise qualité du papier. Si vous êtes connus par le caissier, pas de problèmes on vous choisira les billets convenables de 1000 DA ou de 500 DA. Moi qui croyais toujours que les billets usés seraient retenus par les banques et échangés contre des nouveaux. Lorsqu’on perçoit ces billets, on se sent plus de les avoir volés en se pressant de les dépenser précipitamment par peur de les conserver. Les banques ont commencé à s’équiper en distributeurs automatiques mais la qualité désastreuse de la billetterie n’est pas encore revue. La charrue avant les bœufs !

Alors que dire si par écœurement les clients commencent à vomir leurs mésaventures bancaires, ce serait un désastre.

En cette période des grandes chaleurs, vous pouvez parfois attendre des heures pour un dénouement heureux à cause des incessantes coupures d’électricité. Les ordinateurs sont éteints, les agents banquiers croisent les bras. Allons voir ce qui se passe chez le distributeur d’électricité et de gaz en Algérie.

 A LA SONELGAZ :

Ces jours-ci, pendant plusieurs jours et nuits, de fréquentes interruptions d’électricité nous ont gâchées des moments rares de repos chez soi surtout en cette première semaine du mois d’août avec des fortes chaleurs à vous couper le souffle. Depuis plusieurs mois, dans notre quartier, l’électricité a été donc coupée à plusieurs reprises. Souvenez-vous qu’à une certaine époque, on racontait que l’Algérie alimentait la Tunisie voisine. Maintenant, l’on n’arrive même pas à subvenir aux besoins de la population locale.

Lorsque qu’une coupure électrique survient, le premier reflexe de civilité du client est de contacter par téléphone les services de la sonelgaz. C’est après plusieurs tentatives téléphoniques (quand on est chanceux) que finalement on arrive à avoir au bout du fil le préposé qui après lui avoir raconté le problème de ses déboires ; il me renvoie aussitôt vers un second numéro qui à son tour et après plusieurs palabres, nous fait errer vers un troisième….

Il n’existe pas de numéro téléphonique vert, tout est à la charge du client même si le problème de panne émane de la sonelgaz. Le client n’est pas roi mais soumis et esclave.

Au même moment et comme tout Algérien, les nerfs qui sont déjà à fleur de peau commencent à bouillonner rien qu’avec cette affaire de mauvaise communication. La suite de l’aventure sera plus exaspérante.

En accord avec les voisins, nous nous sommes résignés que les choses ne se règlent pas au téléphone, nous décidâmes alors de « descendre » à la sonelgaz en chair et en os. Nous passâmes d’abord au service de paiement pour déposer une réclamation mais l’on ne veut nous donner aucune preuve de notre passage dans ce service (par exemple un reçu ou un cachet sur une lettre de réclamation).

A la sonelgaz, on ne s’engage qu’avec des paroles lancées dans l’air, l’écrit fait peur car il laisse des traces. Nous n’avons rien trouvé de mieux que de jeter notre dévolu sur le registre de doléances pour apaiser notre mécontentement et vider notre sac. J’en doute qu’un responsable jettera, un jour, un élémentaire coup d’œil. C’est de la poudre aux yeux, il sert uniquement d’illusion de la « bonne relation » entretenue par la sonelgaz avec ses clients. 

Nous nous dirigeâmes ensuite vers le bâtiment abritant la direction générale mitoyenne du service clients. Au rez-de-chaussée, après re-explication du problème, on nous oriente, bardés de badges, au second étage vers un chef de service qui nous fait comprendre que ce problème ne dépend pas de lui tout en appelant par téléphone la dame d’en bas en lui faisant savoir de ne plus lui envoyer des clients.

Ce qui est désolant, c’est cette image de deux employés de la sonelgaz en train de se quereller devant les clients que nous sommes. C’est un tableau désastreux pour cette compagnie. L’image de marque de cette entreprise nationale en prend encore des coups sérieux. Sous d’autres cieux, c’est une faute professionnelle impardonnable mais ici personne ne s’en soucie guère. Cet aspect obscur n’est pas étranger à d’autres entreprises Algériennes, C’est presque devenu légendaire. Cette scène me rappelle aussi un accrochage survenu entre deux employés d’Air Algérie, à la limite du pugilat, dans une salle d’attente d’un aéroport du pays si ce n’est l’intervention des clients Algériens et devant des voyageurs étrangers complètement choqués. Ils n’ont jamais vu pareille chose.

Revenons à notre chef de service de la sonelgaz qui excédé de répondre à la même question à d’autres clients, nous oriente vers une dame responsable au premier étage, là ce sont ses secrétaires qui nous accueillent froidement avec des étonnements nous faisant comprendre que d’abord leur responsable est absente et le service ne peut soulager notre problème. Alors qui est le responsable ?  Y–a-t-il un pilote dans l’avion sonelgaz ? Personne ne sait répondre directement à notre question. Voilà comment circule l’information à la sonelgaz de notre ville. Ou l’on est incompétent et l’on n’est incapable de nous répondre ou ce sont les mensonges qui font des ravages.

Indignés par tant de ignorances, nous nous concertâmes entre-nous en décidant d’aller voir, presque de notre propre chef, le service technique à quelques centaines de mètres de là.

Arrivés sur ces lieux, un responsable de ce service nous annonce que la cause principale en est une surcharge de la consommation dans cette zone qui fait griller certains fusibles. Le second objet qui fait sauter nos compteurs, c’est l’utilisation des climatiseurs ! Les fraudeurs et les mauvais payeurs terminent le prétexte de cet accroc.

Je voudrais quand même tenter de répondre aux origines alléguées ci-dessus. La fin du cauchemar des coupures intempestives, par miracle, a démontré le contraire de la première cause. Il a suffi de mettre le bon fusible à la bonne place. J’ai oublié de vous dire que les services techniques nous ont demandés toujours oralement que la sonelgaz ne peut pas supporter à elle seule le prix de changement des fusibles ! On compte nous faire payer maintenant les insuffisances techniques.

Pour les climatiseurs, à ma connaissance, actuellement ils sont fabriqués et homologués (par sonelgaz ?) en Algérie. Ce ne sont pas les clients qui gèrent ce genre de problème mais d’autres services agréés par l’état en sont spécialistes. C’est à la sonelgaz de soulever ce problème.

Quant aux fraudeurs et les mauvais payeurs, la sonelgaz devait prendre les choses en main et sévir. La loi existe et ne demande qu’à être appliquée. Il ne faut que les bons payeurs paient à la place des mauvais.

Je vais terminer par poser un problème fondamental: Qui est-ce qui va dédommager les pertes subies par les clients à cause de ces coupures d’électricité ?

Le pauvre épicier du coin qui jette des denrées alimentaires conservées dans son congélateur et devenues infectes dangereuses à la consommation, le client qui perd sa nourriture congelée de longue date. Des appareils électroménagers qui sont abîmés avec ces baisses de tensions, des ordinateurs et des téléviseurs qui sont perdus définitivement pour de bon, etc….la liste est encore ouverte.

La sonelgaz a en face d’elle les clients les plus doux et enviables de la planète car ils n’oseront jamais l’attaquer en justice sachant désespérément que c’est une perte supplémentaire de temps. Ils ne vont pas lui corriger ses habitudes en un quart de tour, il faut une vraie révolution des esprits et ça c’est une autre paire de manches.

Par contre la sonelgaz est sévère et impardonnable pour tout retard de paiement de la facture de consommation. Une journée de retard et c’est 300 DA d’amendes, même si la note est de 1 DA, sans aucun préavis ni rappels. Mais où sont les associations de défense des consommateurs qui pullulent ici et là ?. Ils ne se montrent presque qu’à de très rares occasions, pourtant elles subsistent grâce à l’argent des contribuables qui tous sont abonnés à la sonelgaz.

 A LA……, A LA……., A LA…….,

Je sais qu’avec ces maux, beaucoup de lecteurs vont retrouver les mêmes tracas rencontrés au cours de nos vacances chez soi (quelles vacances ?). Ce n’est pas pour épargner les autres services publics que je ne vais pas les critiquer. Ce sont tous les mêmes, ce sont les conséquences des politiques antérieures que l’on paie cash aujourd’hui les conséquences.

Si je l’ai fais pour certains, c’est uniquement dans un souci que l’Algérien doit être mieux traité par les différents services publics du pays que ce soit à la mairie, à la wilaya, … Remuons-nous avant qu’un Tsunami emporte  tout le monde.

J’ajouterais à cela les désagréments du voisinage qui devient en Algérie un vrai problème de société inquiétant où la tranquillité n’est que rarement trouvée. Personne ne respecte personne. Un voisin qui élève presque une meute chiens chez lui, en les laissant vivre dans une saleté indescriptible et une odeur insoutenable amplifient vos malheurs. Les mariages célébrées ici et là avec des haut-parleurs tapageurs, déchirant vos tympans, achèvent le reste.

Commençons d’abord par soigner la qualité exécrable de nos services publics pour redonner la meilleure image possible de notre pays en redorant notre blason. Les moyens existent, il suffit de les mettre convenablement là où il le faut à la place qui leur sied.

Le pays aux plus de 130 Milliards de Dollars ne peut-il pas garantir un minimum de vie e un savoir vivre à ses citoyens ? Qu’est ce que la petite Tunisie, qui n’est point mon modèle, a de plus que nous pour offrir de loin de meilleurs services. Un sursaut d’orgueil national doit se faire en toute urgence. Où est le nif national d’antan que beaucoup d’Algériens l’ont perdu malheureusement à jamais et depuis longtemps ?

Actuellement notre jeunesse ne pense qu’à aller vivre ailleurs. Qui est-ce qu’il leur a procuré cette folle envie de s’expatrier coute que coute malgré les difficultés du risque de noyade ou de prison (encore une brimade de plus) qu’encourent ces exilés des temps modernes ? Même des bacheliers de la cuvée cette année 2008 sont de la partie [2].

L’une des réponses réside aux maladresses de nos services publics qui ne savent pas comment accueillir le citoyen, l’orienter, le guider, le former, l’encadrer, etc… L’avenir de notre pays en dépend formellement.

Un étudiant qui termine ses études est délaissé, il ne sait pas comment aborder la vie active, partout où il va, les portes se ferment brusquement devant lui. Un jeune qui veut faire une formation, trouver du travail, ne verra que des remparts se dresser devant lui. Pour être recruté, le piston et la corruption font rage, c’est un véritable choc pour cette jeunesse qui ne croit plus en l’avenir du pays, cette jeunesse que de nombreux pays nous envient. En Espagne, Elle fait le bonheur de nombreux agriculteurs qui en redemandent par des régularisations de milliers d’entre-deux surtout ceux parrainés par leurs patrons prouvant leur utilité.

Pourtant, tant qu’à l’intérieur qu’à l’extérieur tout le monde appuie, chiffres en mains, que notre pays possède d’énormes potentialités pour sortir de l’impasse. Nos voisins les plus proches Le Maroc et la Tunisie ne sont pas mieux lotis que nous.

Il faut souligner que le PNB (Poids National Brut) par habitant de l’Algérien est voisin de celui du Tunisien sans ressources pétrolières. Quel est donc le secret une fois de plus de la petite Tunisie ? On devrait avoir la honte, c’est un véritable déshonneur. Certainement c’est grâce aux performances de ses services publics et de la rentabilité de ses entreprises que la « grande » Tunisie nous plombe sur tous les fronts économiques. L'indicateur de développement humain (IDH) de la Tunisie est encore largement meilleur que le notre (respectivement aux 91ème et 104ème places mondiales). Donc c’est le développement humain qui fait la différence. L’autorité palestinienne serait juste derrière nous au 106ème rang [3].

Même en recherche scientifique, nous sommes dépassés par la Tunisie qui arrive en tête en production scientifique. Sur une période de dix ans, entre 1996 et 2005, les chercheurs de la petite Tunisie auraient publiés 70.453 articles scientifiques (758,2 articles par million d’habitants), les Marocains viennent en deuxième place avec leurs 10.035 papiers scientifiques publiés (333,6 articles par million d’habitants). Quant à nous scientifiques Algériens nous arrivons en queue du peloton avec 4.984 articles (156,5 articles/million d’habitants).

De plus, la Tunisie consacre ainsi 0,63% de son PIB, à financer la recherche scientifique, les Marocains nous sont donc très proches avec 0,62% et l’Algérie qui, avec seulement 0,20%, dépense relativement le moins [4].

La distinction des résultats est là devant nos yeux ébahis, ce sont les salaires décents et des indemnités engageantes ainsi les conditions de travail prometteuses, la reconnaissance indéniable qui font la différence. La fuite des cerveaux a accentué ce contrecoup.

Epilogue

S’il y a une lutte à faire, c’est dans son pays qu’il faut la mener et non pas ailleurs. Il n’y a pas mieux que d’être chez soi et batailler ensemble et œuvrer pour des services publics qualitatifs.

La question qui me vient à l’esprit c’est de voir les palestiniens combattre chaque jour pour pouvoir rester vivre chez eux. Les exilés forcés palestiniens donneront chers pour un retour dans leurs terres. Si les palestiniens voulaient s’exiler, ils pourraient être accueillis partout et cela arrangerait allègrement les affaires des occupants qui leur faciliteraient la tâche. Les juifs vivant ailleurs ne sont-ils pas allés émigrer avec tous les risques en Palestine malgré l’insécurité qui y règne.

La seconde leçon de patriotisme me vient de nos parents et de nos aïeux sous l’ère de la colonisation. Qui est-ce qui leur a interdit de quitter l’Algérie colonisée : personne évidemment. Pourtant, ils vivaient dans le dénuement extrême et la misère totale, seulement leur amour pour la mère patrie était beaucoup plus fort. S’ils s’étaient expatriés, ils auraient arrangé les affaires des colonisateurs. Jamais la flamme de l’indépendance n’aurait ainsi vu le jour.

Avec une densité de 14.6 habitant au km, L’Algérie suffit actuellement et largement pour faire vivre les 34 millions d’Algériens. La superficie de l’Algérie est tellement vaste qu’elle risque de devenir sujette à convoitises si nous ne la peuplons pas avec nos propres enfants. Alors galvanisons notre jeunesse en semant l’espoir et en cultivant l’amour de la patrie par des actes sociaux réels et des politiques de longs termes.

Références :

[1] http://www.elkhabar.com/quotidien/index.php?idc=34&ida=118807&key=0&cahed=1

[2] http://www.elkhabar.com/quotidien/index.php?idc=34&ida=118960

[3] http://www.populationdata.net/index2.php?option=palmares&rid=1&nom=idh

[4] http://www.webmanagercenter.com/management/article.php?id=42145

 (*) Universitaire et syndicaliste, Mostaganem.

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1 commentaire:

  1. C est un sujet qui me dépasse et je ne peux m empêcher de rappelle que ce pays a connus de réels traumatisme. gardons l espoir stp.l Algérie est une nation forte qui a été convoité par bcp. de nations alors certes c est un sujet de sociologie sur lequel je ne pourrais m etandre car je n ais pas de connaissances.ce pays reste fragile et même si le changement parait loin il viens néanmoins. gardons l espoir qu un jour les mentalités évoluent.c est en ouvrant les frontières aux Cie étrangères qu'ils pourrais se sentir frustre par leurs méthodes archaïques, et donc évoluer.

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