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Article paru sur le Quotidien d'Oran du Jeudi 31 Mai 2012 que vous pouvez consulter également sur les liens suivants:- en format pdf: http://fr.calameo.com/read/0003704466a86ee7b5681
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Ce
fût une réelle catastrophe qui survint dans la soirée du vendredi 25 mai 2012 à
la cité universitaire Bakhti-Abdelmadjid de Tlemcen qui a coûté la vie à 8
personnes (7 étudiants et 1 employée) et fait environ une quarantaine de
blessés dont un certain nombre en états plus graves. La nouvelle s’est propagée
telle une trainée de poudre sur Facebook donnant l’alerte à des milliers d’internautes
aux aguets devant leur poste en surveillant la moindre information. Aussitôt,
un élan de solidarité s’est spontanément constitué à travers ces nombreux
appels qui tournaient en boucle sur le célèbre réseau social. Quelques temps
après, des images intenables des blessés ont été prises et diffusées à partir
des urgences de l’hôpital de Tlemcen où ils ont été évacués devant une foule immense
des citoyens accourus de tous les coins la ville en venant offrir leur aide et
leur sang.
Le
lendemain, selon les médias, sans attendre les résultats de l’enquête, les têtes
les plus en vue des responsables directs de ce chaos commençaient à tomber. Ils
étaient suspendus de leurs fonctions par les responsables centraux qui se sont
déplacés sur place pour s’enquérir de la situation. Comme on le constate fort
bien, le mal de l’Algérie est de toujours réagir à chaud sans se soucier guère
des causes réelles qui sont beaucoup plus profondes que ne laissent entendre
ses premiers soubresauts. L’effet recherché à travers ces promptes décisions est
de calmer les esprits en sautant uniquement les fusibles tous désignés avant
que les choses ne dégénèrent en montant plus loin dans la filière incriminée.
Il faut juste cerner l’incendie et l’éteindre avant que le cercle de sa
propagation ne s’agrandit davantage.
S’est-on
demandé d’abord qui est-ce qui a pris la peine de nommer ces personnes à ces
postes dont le souci principal devrait être au service du pays et non le
contraire ? L’Algérie ne dispose-t-elle pas d’énormes compétences remplissant
tous les bons critères de nomination ? Elles vivent malheureusement marginalisées
dans la société, écartées des décisions du pays car ne partageant pas le mode
de fonctionnement du système qui se base essentiellement sur les accointances
de leur carnet d’adresses et du coup de pouce de leur parrain. Peut-on imaginer
un instant qu’une fuite de gaz qui a été signalée deux semaines avant aux
services concernés n’ait pas été réparée à temps si ce n’est de l’imprudence
caractérisée à la vie humaine, conséquence de la légèreté à prendre leurs
responsabilités en comptant énormément en cas de souci sur une protection qu’ils
jouissent de leurs tuteurs ? Est-ce que ces mêmes responsables auraient
laissé une seule petite seconde cette anomalie si elle était arrivée en leur
demeure ?
Donc
si on suit ce raisonnement, combien de dégâts sont commis chaque jour à cause
d’un travail mal fait ou fini à la hâte sans un contrôle adéquat des
services étatiques ? Les malfaçons apparaissent peu de temps après le faste de l’inauguration
en devenant de réels pièges dissimilés à guetter ce genre d’accidents
meurtriers. Nous nous rappelons bien les bâtiments construits par nos arrivistes
entrepreneurs à Boumerdès qui se sont écroulés sur eux-mêmes dès la première
secousse tellurique emportant avec eux des centaines de victimes alors que ceux
construits par des entreprises étrangères n’avaient pas bougé du sol.
Avait-on
recherché ce jour-là qui est responsable de ces constructions en carton bâties par
certains promoteurs véreux qui n’ont aucun souci de la vie humaine ? Ils
avaient filé à l’anglaise dès que le gros magot ait été encaissé et tanpis pour
les dégâts humains et matériels engendrés quelques années après. Le mode
d’octroi de ces marchés est à revoir de fond en comble ainsi que celui de
nominations sinon la poursuite de la descente aux enfers est totalement garantie.
Les limites de l’incompétence et de la médiocrité ont été depuis fort longtemps
dépassées sans que les véritables décideurs réagissent à temps aux cris des citoyens très mal
gouvernés.
Et
de ces imperfections de nos routes où on ne cesse de compter les milliers d’automobilistes
qui perdent chaque année leur vie ? La négligence et le laxisme sont devenus
monnaies courantes. L’impunité n’est que très rarement sanctionnée.
Souvenons-nous, il n’y a pas assez longtemps, 25 citoyens ont péri dans
la nuit du samedi 25 mars à dimanche 26 mars vers 2 h du matin dans une descente
infernale du côté de Ghertoufa à la sortie de la ville de Tiaret. Si on veut
aller plus loin dans l’investigation, on peut trouver tout un ensemble de
défaillances qui peut aller du service technique jusqu’au mécanicien ou à la
fatigue du chauffeur du bus au moment des faits en passant par les conditions
climatiques défavorables qui sévissaient cette nuit là. A chaque étape, les
mesures de sécurité n’ont pas été certainement prises au sérieux. On roule au
hasard sans s’assurer des simples vérifications d’usage. Et si la faillite
surgit, on la mettrait bien évidemment sur le dos du destin sans que l’on
s’assure à éviter toutes ses causes. La tragédie de Tlemcen comme d’autres ne
sont qu’une succession de problèmes qui s’entassent sans être volontairement résolues
à temps.
On
voit énormément sur nos routes des véhicules fumant de tous les côtés et tu te
demandes pourquoi ces dangers roulants n’ont pas été immobilisés par les agents
de circulation ou des véhicules roulant la nuit sans aucun feu de route jusqu’à
ce que la mort soit au rendez-vous fauchant toute une famille avec leurs
enfants à la fleur de l’âge comme on le lit amèrement toutes les semaines dans
les journaux. Les responsabilités indirectes de ces accidents incombent-elles à
qui dans ces cas là ?
Pourquoi
la valeur de l’être humain est très précieuse ailleurs et quasi gratuite chez
nous ? Pourquoi leur société est sensible à tout ce qui est vivant et la
notre banalise la mort comme une fatalité sans limites. Une simple disparition
d’un garçon ou d’une fille fait la une des journaux télévisés en Europe et un
drame comme celui-là peut occuper les médias durant des jours et des semaines jusqu’à
l’extirpation du mal qui a induit le trouble sans manquer de souligner les
remous provoqués chez les responsables politiques avec des démissions en
cascade dans l’intention unique est de se mettre au seul service de la justice
de leur pays.
S’est-on
soucié des dégâts commis au sein de l’éducation nationale avec la dégringolade
inversement exponentielle du niveau d’instruction donnant comme mort clinique
l’école qui ne cesse de rétrograder d’année en année ? A-t-on cherché les
responsables de cette hécatombe ? S’est-on posé la question pourquoi un
ministre algérien a consommé jusqu’à aujourd’hui 10 de ses collègues ministres
français qui se sont succédés à la tête de l’éducation nationale malgré
que leurs bilans soient largement inversement proportionnels à notre indéracinable
? Une photo de cette illustration avait fait un buzz cette semaine sur la toile
que tous les facebookiens l’ayant reçue à profusion plus d’une fois.
S’il
l’on désire éviter ces désordres, il faut procéder en amont et non en aval où
celui qui paie tous les pots cassés serait le dernier maillon de la chaîne. Si
cette tragédie s’était survenue dans les démocraties occidentales, le premier
visé aurait été le ministre du secteur mais là chez nous, il a été démissionné
il y a quelques jours seulement, non pas pour des raisons éthiques mais pour un
article de la loi sur les cumuls de mandats. Aurait-il démissionné ou relevé de
ses fonctions si jamais il était toujours en place ? En tous les cas, cela
relèverait de l’illusion car on n’a pas encore vu ça sauf dans un cas lointain dû
à une saute d’humeur.
En
attendant le jour d’après qui ne semble pas vouloir venir nous délivrer de ce
mauvais sort qui nous est jeté en nous infligeant ses macabres doses chaque
jour que Dieu fait et en nous promettant la mort à petits feux. Quoiqu’endeuillés
et afin que le doute ne s’installe pas dans les esprits, on doit assécher nos
chaudes larmes et apaiser notre douleur en gardant l’espoir d’une inéluctable résurrection
qui puisse se manifester à tout moment, d’une lueur confiante, au milieu d’une
nuit très sombre, qui puisse renaitre à partir de tous ces cendres comme
le soulignait fort bien Jean Giraudoux, écrivain français (1882-1944) dans une de
ses citations : « Les pays sont comme les astres, ils peuvent
étinceler et éclairer des siècles après leur extinction. ».
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