mercredi 2 mai 2012

Avons-nous le droit de rêver ?

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Article paru sur le site de la Nation en date du Lundi 30 Avril 2012 sur le lien suivant:
http://lanation.info/Avons-nous-le-droit-de-rever_a965.html

Article paru sur le site d'Algérie-Focus en date du Dimanche 6 mai 2012 sur le lien suivant:
http://www.algerie-focus.com/blog/2012/05/06/elections-algerie-france-avons-nous-le-droit-de-rever/
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Au soir du dimanche 22 Avril de la semaine précédente, la classe politique française était en effervescence dès 17 heures heure algérienne lorsque les résultats des estimations à la sortie des urnes commençaient à circuler sur Twitter pour détourner la loi en vigueur avec des tweets du type : il fait 28 degrés à Amsterdam, 25° à Budapest, 20° à Nuremberg, 12° à Cuba, 9° à Pau ou 2° à Oslo ou encore, le flan est à 29 euros, le goulasch à 25 ! , etc…, allusion aux scores des différents candidats en lice.

De nombreux citoyens algériens ont suivi assidûment les débats politiques de cette exceptionnelle soirée électorale en caressant le rêve que cela puisse un jour se reproduire chez soi. La première chose qui a frappé les esprits est le taux de participation méditatif qui a frôlé les 80 % en s’attendant à ce qu’il le soit davantage au second tour. Ce pourcentage représente à peu près le chiffre de 35 millions d’électeurs qui se sont déplacés sans trompettes ni tambours battant ni encore moins l’utilisation d’une campagne parallèle d’incitation tout azimut à aller voter. Les électeurs se sont mobilisés d’eux-mêmes, de leur propre gré en fonction des enjeux en présence et des propositions des candidats. Tous les préparatifs de cette échéance se sont déroulés dans la discrétion totale avec une organisation sans faille et d’une facilité qu’on peut qualifier de déconcertante tellement les structures sont rodées et incontestables depuis longtemps. Là-dessus, il n’y avait aucune polémique qui suscitait matière à discussions.

Si les citoyens de ce pays l’ont fait en force, c’était aussi par rapport à la campagne électorale qui a drainé les grandes foules avec la confrontation directe des programmes, point par point malgré que le président sortant ait voulu dévier tout le monde vers d’autres terrains plus propices à ses thèses favorites mais la qualité et les capacités de ses adversaires l’ont persuadé en le ramenant sur les réels sujets dont souffrent leurs concitoyens.

Toutes les salles où se tenaient les meetings ont affiché salles combles laissant beaucoup de sympathisants suivre les péripéties des discours sur des écrans géants dressés à l’extérieur. Ce qui a donné des idées au candidat Jean-Luc Mélenchon d’organiser bon nombre de ses meetings en plein air à moindres frais avec des foules de plus en plus denses. Il n’y avait ni fauteuils cossus pour que les cadres des partis puissent s’asseoir, ni un faste criard. Tout le monde était debout pour la bonne cause. Les déplacements des candidats se sont faits le plus souvent par train, chose inimaginable dans nos contrées.

On est tous éblouis par l’énergie et l’activité que dégagent leurs militants avec un renouvellement permanent du personnel politique en place. Les dinosaures de certains partis ont été tous mis depuis longtemps au placard et placés aussitôt en retraite politique sans un possible retour dans les arcanes du pouvoir en laissant la place à des figures juvéniles pour le bien et la pérennisation des institutions de leur pays. 

Et puis, on ne peut faire que justement la différence entre 10 programmes mais encore très difficilement dans une ruche de 44 partis lorsqu’ils existent comme c’est le cas de chez nous. Il faut se demander pourquoi dispose-t-on de cette floraison de formations partisanes si ce n’est pour une question de leaderships que d’idiologies ?

Tous nos partis, sans aucune exception, misent sur les 200 milliards de dollars de la rente qui les captivent tel un aimant ou comme sont attirés les abeilles par le sucré artificiel. Pas un seul ne préconise des solutions en dehors de la facilité de l’or noir sauf quelques uns avec des généralités trop vagues pour y croire au mirage et en doutant de leur confier notre destin. Ils n’iront pas assez loin pour butiner sur des fleurs assez fraîches et naturelles lorsque le sucre extrait à gros sous se trouve stocké dans les parages. 
   
La seconde remarque du scrutin d’outre-méditerranée, c’est la propreté et la transparence du scrutin. A-t-on entendu quelqu’un évoquer ne serait-ce qu’un infime bourrage des urnes ou la préférence de l’administration d’un candidat par rapport au reste ? On a vu comment le scrutin ait été organisé, il n’y avait ni commission nationale, ni départementale, ni communale, ni la moindre présence d’observateurs étrangers pour suivre le déroulement du suffrage. Ça y va de la crédibilité, de la légitimité et de l’indépendance d’un pays. Lorsqu’on ne les possède pas, on ne peut que regretter le temps perdu en ayant retardé infiniment la délivrance.

Les candidats de l’hexagone font une totale confiance à leur administration dont c’est le ministère de l’intérieur de ce pays qui en est l’organisateur principal. Personne n’a mis en doute les résultats, même pas celui d’une simple urne ou d’un banal bulletin électoral ! Les outils tels que les sondages au sortir des urnes sont là pour veiller au grain. Les résultats officiels n’ont pas été annoncés solennellement par le ministre de l’intérieur mais par des communiqués ordinaires de son ministère au fur et à mesure que les résultats aient été affinés. D’ailleurs, est-ce que quelqu’un ait-il pu apercevoir l’ombre du ministre organisateur lors de cette soirée ?

Les échanges sur les plateaux de télévisions ont été on ne peut plus civilisés où rien n’ait été laissé au hasard par ces politiques doués et rodés jusqu’aux bouts des ongles dans tous les domaines de la vie qui touchent leurs citoyens, du social à l’économie en passant par les points les plus futiles telles que les cantines scolaires. Une campagne électorale, c’est aussi la confrontation des idées, nullement de lassants et fades monologues. Quel régal que de les écouter même si une partie des citoyens d’outre-mer n’est pas satisfaite de ses hommes politiques. Qu’en dire de chez nous où on n’a pas encore atteint un tel degré de maturité politique.

On ne sait pas si c’est un malheur ou un bonheur de regarder ces télévisions qui chaque jour nous montrent ces différences trop flagrantes qui nous séparent. Je pourrais même rajouter sans craindre d’être ridicule que notre souffrance s’amplifie et notre désespoir s’accroit lorsqu’on les suit passionnément. Pourtant, nous sommes qu’à une heure de vol de leurs frontières. Si l’Algérie ne possédait pas les possibilités énormes et nécessaires, on aurait fermé les yeux en tirant définitivement les conclusions et en mettant un trait sur nos ambitions. Mais justement ce n’est pas le cas car les algériens dans leur majorité aspirent à une vie meilleure où chaque citoyen serait à sa véritable place en fonction de ses aptitudes et de ses capacités, pas en fonction de ces accointances et de ses allégeances.

N’est-il pas exact qu’on cite à longueur d’année comme bon exemple l’essor de ces pays qui seraient nos voisins si la mer méditerranée n’y était pas ? Pourquoi eux et pas nous, c’est la question brutale et sèche qui nous interpelle interminablement ? A titre d’exemple, lorsqu’on achète un produit dans un magasin, ne nous-dit-on pas le plus souvent qu’un tel produit vient de là-bas et étiqueté sur son code barre par le numéro 3 pour nous signifier le bon produit, du bon grain de l’ivraie ? Pourquoi nos rues sont sales et les leurs sont si propres et bien tenues ? Pourquoi un ministre de là-bas répond à un courrier d’un simple citoyen et pourquoi notre maire ou wali ne daigne même pas le lire ? Le constat est encore amer lorsque nos jeunes cherchent à traverser la mer pour regagner les côtes espagnoles malgré que ce pays soit secouée par une crise économique sans précédent. 

Lorsque leurs politiques prévoient dans leur programme de limiter le chômage en créant de l’emploi, ils ne le lancent pas comme ça identiquement à une boutade dans la mare, c’est avec des chiffres nets et précis qu’ils le font merveilleusement en n’omettant pas de donner où vont-ils aller chercher la source des budgets qu’ils comptent les allouer pour la concrétisation de leur programme.

Ils ne comptent ni sur les facilités d’une rente providentielle ni sur un quelconque miracle ou que le ciel pleuve soudain d’argent et d’or. Ils n’ont que leur cervelle pour sortir leur pays de la crise où toutes les potentialités de leurs compétences et leur génie sont utilisés à merveille et nullement de la médiocrité à profusion et du déficit de culture politique.

Leurs hommes politiques contrairement à notre caste ne sont pas sortis du néant, c’est une élite qui est sortie des grandes écoles et universités telles que l’ENA, Polytechnique ou la Sorbonne. Ils ne peuvent pas aller au four et au moulin non sans avoir milité par un parcours du combattant dans les différents mouvements des partis qui s’avèrent de véritables écoles de la chose politique ou de la société civile qui constitue un formidable vivier de la chose sociale.

Ils ont été donc formés aux bonnes enseignes pour trouver les solutions aux réelles difficultés de leur pays. En plus de leur rôle de meneurs d’hommes, ces décideurs qui ne sont aucunement eternels dans leurs postes et où l’alternance ait un véritable sens sont entourés d’armadas de spécialistes et d’experts tous domaines confondus. Leurs ministères sont truffés et fournis à longueurs de promotions de cette élite qui grouille dans ses couloirs sans subir la moindre moisissure.

Les meilleurs sont détectés et repérés dès leur jeune âge. Ils sont promis à des carrières rayonnantes aux destins nationaux. Ils ne sont pas marginalisés ni écrasés pour qu’ils prennent par lassitude et par déprime le chemin de l’exil ou d’une retraite forcée. Ils ne sont pas là pour prendre la place de quelqu’un d’autre ni bousculer les anciens mais ils sont présents pour assurer la relève au moment opportun en attendant leur heure afin d’éviter à leur pays une mauvaise posture ni un vide politique qui risque de porter atteinte à sa marche ou une dépendance à autrui.

On est subjugué par la représentation de ces jeunes têtes politiques qui sont les porte-paroles de leurs candidats qui il n’y a pas si longtemps ils étaient inconnus au bataillon. C’est par le travail acharné de tous les jours qu’ils atteignent les sommets de la hiérarchie, ce n’est point par les connaissances ni par la faveur d’un clientélisme latent. On les voit tous les jours au cœur de l’actualité, Ils font l’évènement le matin de bonne heure sur un plateau d’un talk-show et le soir dans une grande émission de télévision en train de défendre dans des faces-à-faces la politique prônée. Entre les deux apparitions télévisuelles, ils sont à leurs bureaux pour travailler d’arrache-pied ou dans un déplacement de proximité. Ils ne comptent ni sur un coup-de-pouce d’une partie occulte ni sur un bourrage dissimulé mais sur les seules voix des urnes qui se comptent dans la transparence en déterminant le sort du pays en toute clarté.

Certes que ce pays et ses semblables sont passés par différentes étapes avant d’arriver à cette ouverture mais il n’est pas interdit à un pays qui a formé de milliers de cadres en un temps appréciable de rattraper son retard comme l’avaient fait des pays du sud-est asiatique ou de l’Amérique latine dont on se comparait à eux au lendemain de notre indépendance. Faute de mieux, l’Algérie a perdu une grande partie de cette élite qui fait actuellement les beaux jours de la France ou du Canada où ils ont trouvé tous les moyens nécessaires à leur émancipation et à leur évolution dans des climats les plus sereins pour les hauts diplômés. Le malheur de notre pays vient du retard mis dans le passage du témoin. Toute une génération a été sacrifiée en ne recevant pas à temps les clés de la maison.

Le 6 mai prochain, on ne doute pas qu’un aussi grand nombre de citoyens continuera à fantasmer en suivant de plus près la fin du déroulement du scrutin des présidentielles françaises en attendant ce que va donner l’issue de nos législatives quatre jours plus tard où la comparaison risque de nous jouer de mauvais tours en nous projetant vers des situations irrévocables. Le rêve risque alors de se transformer irrémédiablement en un infini cauchemar qui n’est nullement à souhaiter. A nous de rectifier le tir pour un possible et salutaire redressement.

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