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Cet article est paru dans les colonnes du Quotidien d'Oran du jeudi 1er Décembre 2016 sous le lien suivant:
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================================================Par la pénurie, de vrais débats politiques, synonymes d’un désert démocratique, je sais que grâce aux réseaux sociaux, de nombreux compatriotes algériens avaient suivi assidûment les primaires de la droite et du centre français comme celles des primaires de la gauche de ce pays en 2011.
Depuis
quelques années, on assiste donc à ces luttes impitoyables par programmes
interposés et des débats d’idées, pour l’arbitrage des ambitions présidentielles
des candidats d’un même bord politique. Les états-majors de ces partis ne
craignent nullement les divisions en leur sein durant les campagnes électorales
de leurs primaires. Au contraire, ils voient cela comme un renouveau de leurs
partis et un nouveau souffle à inculquer par l’association direct de leurs
adhérents et sympathisants appelés à départager les poulains pour au final ne
laisser place qu’au cheval gagnant. Ils la voient également comme des exercices
pour la préparation grandeur nature de la campagne présidentielle qui attendent
leurs candidats favoris. Les candidats perdants ne doivent nullement rester à
la marge, ils doivent s’engager non seulement à soutenir publiquement le
candidat sortant mais à s’impliquer activement à sa campagne.
Peut-on
imaginer que de nombreuses candidatures puissent se déclarer au sein de nos
partis sans que l’on redoute leurs éclatements une fois les primaires consommées ?
Que des partis s’émiettent en plusieurs morceaux, en quelque sorte comme des
micro-partis avec de multitudes de partisans qui se livrent des batailles sur
le terrain et seraient regroupées une fois la partie sifflée ? Ceci n’est
possible que si les urnes décideront du destin politique de chaque prétendant.
Que si la voix d’un électeur ne soit pas détournée à d’autres fins et pèserait
de tout son poids.
Au
fait, la participation au vote des dernières primaires de la droite française était
ouverte à tous. Il fallait au préalable être inscrit sur la liste électorale au
31 décembre 2015, de verser 2 euros par tour de scrutin et de signer sur place
la charte d'adhésion aux valeurs de la droite et du centre. On paie donc pour
voter ! Sans compter le déplacement aux bureaux de vote et sans qu’aucune
procuration ne soit acceptée. Quoiqu’ayant coûté 8 millions d’euros pour
environ 8,5 millions de votants aux deux tours, ces primaires ont rapporté comme
bénéfice net plus de 9 millions d’euros. Une belle cagnotte qui sera mise
à la disposition de l’heureux élu pour faire campagne de la dernière ligne
droite. Il n’y a ni aide de l’état ni ceux de ses institutions. C’est ce qu’on
appelle une réelle indépendance financière.
Serait-il
possible de tout cela chez nous ? Sans l’aide financière de l’état,
presque tous les partis vivent sur le dos du contribuable algérien. J’en doute
fort bien que les cotisations des adhérents soient à jour. Est-ce possible de
demander 50 ou 100 dinars à chaque électeur à d’éventuelles primaires ? Pour
le moment, on leur paie le casse-croûte, l’argent de poche de la journée, le
déplacement gratuit dans des bus affrétés et ils feintent de voter à cause de
la crédibilité perdue. Quant aux autres, les réels scores masqués de la
participation en font foi.
Et
puis, la chose quasi-impossible qui ne puisse aujourd’hui se réaliser est la
mise, du fichier de la liste électorale nationale, à la disposition des partis
pour vérifier si les électeurs votant à leurs primaires sont effectivement
inscrits sur cette liste. Il faut souligner que ce fichier est le véritable
nœud gordien pour toute élection et c’est là que tout se joue chez nous. Si les
partis organisaient de telles primaires, elles acquéraient énormément
d’expériences dans l’organisation d’élections et pourraient minimiser à l’avenir
la fraude qu’ils dénoncent à chaque élection. Ce qui fait certainement craindre
certaines parties occultes pour leur avenir.
Pour
le moment, on n’assiste au sein de nos partis qu’à des redressements pilotés de
l’extérieur et exécutés souterrainement de leur intérieur si jamais un clan en
a un besoin crucial pour se débarrasser par des méthodes loin d’être
académiques, des éléments les plus gênants ou les plus risqués pour son
ascension. C’est vrai que des « primaires », on en a tous les jours
de l’année, il faut savoir les palper. Parfois, on lance des ballons sondes à
tâter l’opinion pour tel ou tel candidat. Ensuite, on guette le sens du vent
pour suivre le candidat tout désigné par les vrais décideurs qui veillent au
grain sur les intérêts du groupe. Tout le reste fait partie d’un même scénario
de vieux films de série c.
Lors
du premier tour de ces primaires de la droite et du centre français, tout le
monde attendait la sortie dégradante de nicholas sarkozy. Jamais, je n’ai vu
autant de jubilations et réjouissances de facebookiens algériens pour la
défaite de celui-ci, certainement le politique le plus détestable, non
seulement en Algérie mais à travers les peuples des autres pays du Maghreb et
du monde arabo-musulman, pour avoir été celui qui a détruit la Libye, volé et
tué son leader Mouammar Kadhafi. Le bonheur des algériens ne serait complet que
lorsqu’il le verrait un jour jugé par le TPI et emprisonné jusqu’à la fin de
ces jours.
En
tous les cas, les caricatures que l’on a vues sur Facebook sur cet homme désormais
retraité politique lui prédisent le sort d’être jeté dans l’oubli pour de bon
dans les poubelles de l’histoire. Le monde ne se comporterai que mieux sans lui
à l’instar des bush, netanyaho, blair et tant d’autres. En tous les cas, grâce
à ces primaires, les électeurs français l’ont éjecté comme il se doit, de la
manière la plus démocratique qui soit, et de la plus civilisée qui existe. Lui,
qui se croyait être le nombril de la politique française et qui reniflait d’un effet boomerang.
Après
le premier tour de ces primaires, et dès que les résultats étaient connus, les
perdants reconnaissaient leurs défaites sans évoquer ni fraude, ni encore de
bourrage des urnes, ni de la non-crédibilité de la haute autorité de l’organisation
interne de ces primaires qui gère les élections, qui notons au passage qu’outre
des politiques, elle se compose également de membres externes tels que des
juges dont l’intégrité et les compétences sont avérées. Au soir du second tour
et après la proclamation des résultats, les deux candidats finalistes se sont
adressés à leurs sympathisants et qui se sont retrouvés une demi-heure plus
tard au siège du comité d’organisation pour une réunion de leur famille
politique comme si de rien n’était après que les électeurs aient nettement
tranché. Le parti est ainsi réuni et consolidé et se sent plus que jamais fort
derrière un seul candidat qui aurait la confiance de tout son camp politique et
avec un programme à peaufiner pour son pays.
Tandis
que chez nous, on continue à manger notre pain noir. Il n’en est point de tout
cela et de ce genre de choses dont on s’est rassasiées chez nous et qui nous
font de plus en plus souffrir et le pays avec. C’est pour cela que nombreux de
mes semblables se sont tournés vers ces élections dont on rêvera un jour se
dérouler pourquoi pas dans notre maison. Ne nous mériterons pas un tel saut
dans la qualité ? On nous a toujours dit chez nous que ces trucs ne sont
pas faits pour nous mais avec l’ouverture à la mondialisation, les choses ne
sont plus ce qu’elles étaient du temps où ramener un magazine de l’étranger
était considéré comme un sacrilège.
On revendique
une place parmi les grandes nations mais en même temps on nous relègue parmi
les plus pires. On aspire à une équipe nationale de foot qui participe à la
coupe du monde mais en politique, on veut nous faire jouer à la relégation. De
telles primaires ne peuvent qu’aider à la purification des partis. Sans ces
tours préliminaires, la politique locale continue à produire de la médiocrité,
de mauvais élus et d’exécrables assemblées. Les poids lourds seraient mis à
l’écart et les poids plumes seraient plébiscités virtuellement. Sans
l’élimination ou la qualification par des urnes au sein des partis, celles des
urnes finales à grande échelle ne seront que mirage.
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