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Cet article est paru dans les colonnes du Quotidien d'Oran du jeudi 26 Janvier 2016 sous le lien suivant:
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C'est avec la gueule de bois que le pays s’est brutalement
réveillé de son monde virtuel, au lendemain de la défaite face à la Tunisie pour
enfin retrouver ses esprits en retournant à son monde réel. L’équipe qui a été
vénérée, il n’y a pas si longtemps que ça, est tournée en dérision par ses fans
à travers les réseaux sociaux. Une publicité dans laquelle apparait le meilleur
footballeur africain de l’année et qui est censée produire le déclic escompté, a
produit l’effet contraire mettant certainement dans l’embarras ses concepteurs
qui ont trop misé sur un exploit continental de l’EN. Un vrai gâchis pour cette
équipe pétrie de bons joueurs, très enviée par d’autres pays en quête
d’exploits mais la mauvaise exploitation de ces talents a mis fin à toutes les attentes
des algériens.
Par contre, on constate que rien n'a changé à
notre quotidien que ce soit avec la victoire ou la défaite de notre EN, ni
avant 2010 ou après 2014. On retourne à la réalité après avoir longtemps vécu
dans un mirage. Finalement, le bonheur qui ne se touche pas comme une paie à la
fin du mois ou qu’on ne le palpe pas au change favorable à notre dinar, n'est
qu'une illusion. Une victoire, même en CAN, ne pourra jamais résoudre les
problèmes du pays. Elle ne fait que les dissimuler en ne repoussant
indubitablement que les limites de l’impossible.
Chaque pays possède son EN phare mais la nôtre n'a jamais reflété la réalité du terrain.
C'est une équipe montée de toutes pièces, créée pour amuser surtout la galerie
en quête de triomphe en manque de repères et la faire oublier un tant soit peu de
ses déboires de la vie. Une plèbe qui est très déçue de la chose politique et
espère qu’un succès en foot pourrait la rendre heureuse. Qui est atteinte de
maladie de la gouvernance des autorités et des élus que son seul salut repose
sur son EN. Dans les pays développés, on continue à remplir les stades même au
lendemain d’une défaite. C’est une véritable culture. On y va en famille
identiquement à aller le week-end voir une pièce dans un théâtre, un orchestre
symphonique à l’opéra ou un film au cinéma. À chacun son hobby. Un loisir demeurera
toujours un loisir et fait pour aller se défouler de la pression sociale. Il ne
doit en aucun cas constituer une affaire de survie. Ce qui est presque le cas
chez soi.
Après son élimination du premier tour
de la Can 2017, jumelée d’une probable élimination de la prochaine coupe du
monde de 2018, sauf un miracle des cieux, l’EN va achever tous les hallucinations
des algériens et va plonger les dirigeants dans une équation difficile à
solutionner. Il faut vite trouver une autre échappatoire pour entretenir le leurre
surtout que les échéances électorales frappent à nos portes et qu’il va falloir
occuper tout ce monde à compter ses moutons. Il faut effectivement doubler
d’ingéniosité en inventant un autre Oum Dourman, le « One-Two-Three »
que le temps semble l’avoir fané, est révolu à force d’être usité.
Entendu sur une chaîne de TV locale, on veut
maintenant imputer les malheurs des algériens à la faute de l'EN de foot et
« essuyer » leurs couteaux sur son président ! Les arguments ? On a
mis tous les moyens à sa disposition mais au final, elle n'a pas rendu le
peuple heureux ! Ainsi la fierté et la joie des algériens ne se mesurent qu’aux
envolées de Mahrez et aux pattes de ses partenaires ou une tête gagnante d’un
Slimani rageur. Une balle déviée et c’est le drame de tout un peuple. Pourtant,
ce n’est que l’effet de la balle qu’un vent soufflant dans la largeur du
terrain peut l’éloigner de sa trajectoire et non dû à un quelconque
effondrement du prix du baril ou de la hausse de la TVA à travers la loi des
finances. Quoiqu’on dise, le foot lorsqu’il est détourné à des fins occultes,
ne nourrit point le ventre mais détourne tout simplement les regards sur les
vraies aspirations.
Si on suit cette logique, on peut ainsi affirmer
que nos gouvernants se sont aussi mis à leurs dispositions toutes les richesses
et le destin du pays et du peuple entre leurs mains mais au final, ils ne nous
ont pas rendus non seulement comblés mais ils ont également hypothéqué l'avenir
du pays avec leurs politiques successives tout en faisant évaporer des centaines
de milliards de dollars en un peu de temps et au final, une politique austère
avec toutes les conséquences que cela nous endurent. Je suppose que tout le
monde devrait imaginer la question qu'on devrait se poser en faisant le
parallèle entre les deux cas.
L’homme à abattre est donc le président de la
FAF, Raourara, qui est devenu, en l’espace d’une soirée cauchemardesque, la
personne sur laquelle se sont cristallisées et concentrées, à l’image d’un
centre de gravité ou d’un point de fixation, toutes les misères du pays. Il est
le premier et unique coupable tout désigné de la déchéance du ballon rond.
Toutes les voies qui se sont tues jusqu’à présent et qui sont autant
responsables que lui, se sont-elles subitement déchaînées comme des bêtes farouches
sur l’ours tombé à terre et qui ont aiguisé comme il se doit leurs hachoirs sur
le mutilé. Elles tirent à bout portant et sans aucun répit sur l’ambulance.
Mais il faut rappeler à ces ex-chiattas que Raourara
a toujours été élu par une AG, l’organe souverain de la fédération, toute
acquise à sa cause et personne n'avait osé par le passé se présenter face à lui,
aux antécédentes élections de la présidence de la FAF, tellement il faisait
l’unanimité dans leurs rangs. On sent qu’à travers leur silence, tout le monde
trouve son compte. De plus, lorsqu’on consulte les statuts de cette association
[1], introuvable d’ailleurs sur le site de la fédération à moins que
Google ait « buggé », on constate dans leur article 11 que l’AG est
composée des membres suivants avec voie délibérative:
1.
Le président de la ligue nationale,
2.
Le président de chaque ligue régionale,
3.
Le président de chaque ligue de wilaya,
4.
Le président du club sportif
amateur ou professionnel,
5.
Le représentant des arbitres
directeurs internationaux en activité,
6.
Le médecin fédéral,
7.
Les entraîneurs des équipes nationales,
8.
Le président de l’association nationale
des arbitres,
9.
Le Président de l’association
nationale des entraîneurs,
10. 2
représentants, des athlètes d’élite en exercice de l’EN « A »,
11. Le
président toute association des athlètes algériens résidents à l’étranger,
12. Les
représentants algériens dans les instances exécutives internationales en charge
du football,
13. Les
anciens présidents de la FAF,
14. 10
experts désignés par le ministre chargé des sports,
15. Les
membres de la glorieuse EN de la Révolution Algérienne,
16. Le
délégué des sports militaires,
17. Les
membres élus du Bureau Fédéral.
Par ailleurs et
comme le stipule clairement l’article 12, l’AG oriente et contrôle la politique
générale pour vous montrer qu’elle constitue l’instance suprême de la FAF, par
qui toutes les grandes décisions à entériner, doivent y transiter pour être
approuvées et exécutées par la Bureau Fédéral, son instance exécutive composée
de 18 membres, dans lequel le Président ne dispose que d’une seule voix à
l’instar des autres membres.
Si on regarde
maintenant de plus près la liste des membres de l’AG, au nombre de 108 selon le
site de l’association [2] et qui nous réserve pas mal de surprises, on
remarque que tous ces « experts » des plateaux des télévisions sont
directement ou indirectement représentés en son sein. S’ils avaient quelques
choses à exprimer, c’est à travers cette AG qu’ils auraient dû exprimer leurs
positions face à face et en toute responsabilité.
Ils peuvent
également provoquer une AG extraordinaire pour mettre à plat tous les problèmes
s’il existe 72 signataires courageux. Ils auraient pu remettre en cause la
politique entreprise depuis la réélection du président de la FAF en 2009 et qui
ne devait pas être exclusivement le président de l’EN mais celui de premier
responsable du football national. À la rigueur, alimenter l’EN en joueurs qui
ne se sont pas formés dans les clubs locaux allait aboutir un jour ou l’autre à
une impasse. L’EN ne devrait pas être la vitrine qui cache la forêt et qui nous
donne une fausse image du sport-roi au lieu d’être un vrai miroir du labeur des
clubs locaux.
On conclut amèrement,
qu’avec tout l’argent mis à la disposition de l’EN, on n’a pas su produire le
bonheur mais à sa place, on a entretenu de faux espoirs exactement comme le
font nos gouvernants dans les affaires du pays tous domaines confondus. Il n’y a
pas mieux qu’un retour à la réalité des choses, qu’un retour à la case départ
pour repartir sur des fondements solides à force de faux départs et de
replâtrages à l’infini.
Sources :
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