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Article paru dans Algérie News Week End du Jeudi 15 Octobre 2009
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«Les mathématiques sont une gymnastique de l'esprit et une préparation à la philosophie.», Isocrate, philosophe grec, né en -436 , décédé en -338
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La première place significative de l’Algérie dans son groupe qualificatif à la prochaine coupe du monde de Football, de l’avis des spécialistes, n’a été possible que grâce notamment à l’apport considérable des footballeurs professionnels qui sont pour leur majorité, le fruit d’une formation de clubs étrangers.
Cette place de leader ne doit absolument pas nous faire oublier la dernière débâcle de l’Algérie aux fameuses Olympiades Internationales de Mathématiques qui viennent de se dérouler, dans sa 50ème édition, à Brême en Allemagne du 10 au 22 juillet 2009.
En cette rentrée scolaire et universitaire, le constat est douloureux à l’apprendre quoique le sinistre de notre école soit manifeste depuis longtemps. Il va falloir retrousser les manches et changer de politique de notre enseignement en général qui ne récolte que des abominables annotations.
L’Algérie est retournée cette année à ces olympiades après avoir raté les 11 précédentes éditions (1997 étant la dernière) pour participer à cet événement mondial des mathématiques et tenter d’effacer les piètres résultats de 1997, 1993, 1991 et 1990 (voir tableau ci-dessous).
Cette rencontre de la matière grise juvénile internationale en mathématiques qui a lieu tous les ans, a vu la participation de 565 concurrents des 5 continents dont 506 garçons et 59 filles avec à la clé 49 médailles d’Or, 98 en argent, 135 en bronze et 96 mentions honorables comme récompenses aux jeunes prodiges de cette année.
Les lieux des 3 prochaines rencontres ont été déjà fixés et auront lieu au Kazakhstan en 2010, ensuite aux Pays Bas en 2011 et enfin en Argentine en 2012.
HISTORIQUE
Le nombre des pays participants est en constante progression: de 7 pays, tous de l’ancien bloc socialiste de l’Europe de l’est (
L’organisateur des tournois en l’occurrence l’OIM (Olympiade Internationale de Mathématiques) est une institution académique très considérée avec son drapeau et son hymne et un cérémonial et une organisation irréprochable à chaque olympiade. En outre, la base de données de l’OIM contient les informations sur environ 12890 concurrents répartis à travers toute la planète.
L’olympiade internationale de mathématiques est le championnat du monde annuel de mathématiques pour les étudiants du secondaire (lycée). Les élèves doivent avoir moins de 20 ans et ne pas avoir débuté leurs études supérieures. Pour chacun des participants, d’interminables et âpres compétions internes sont organisées pour sélectionner les 6 candidats au maximum retenus pour représenter et défendre de la meilleure façon les couleurs de leur pays. Chaque pays envoie son équipe avec un chef de délégation et un adjoint, ainsi que d'éventuels observateurs. Pour notre pays, cette année vu la participation de 4 concurrents.
L'épreuve consiste à résoudre sur deux jours, en deux séances de 4 heures et demie, deux séries de trois exercices allant de la géométrie plane, de l'arithmétique, des inégalités ou de l’analyse combinatoire. Leur résolution fait appel plus au raisonnement qu'à des connaissances sophistiquées : les solutions sont souvent courtes et élégantes. À chaque problème est attribué un total de 7 points.
Les médailles et mentions sont décernées à titre individuel, selon les scores des participants, sur les critères suivants : - le 1/12 des participants reçoivent une médaille d'or ; -les 2/12 des participants reçoivent une médaille d'argent ; les -3/12 des participants reçoivent une médaille de bronze ; -enfin tout élève, qui ne reçoit aucune médaille mais qui obtient la note de 7/7 sur un exercice se verra accorder la mention honorable.
Le palmarès de l’Algérie, avec 62 postulants jusqu’alors en toutes compétitions confondues, est d’une médaille d'argent (Abdesselam Abdelmalek en 1988 en obtenant une note de 23 sur 42), d’une médaille de bronze (Mourad Benakli en 1986 avec une note de 19/42) et de 2 mentions honorables (Malik Talbi en 1983 et Nazim Mahrour en 1991 respectivement avec la même note de 9/42).
Comme un malheur ne vient pas seul, la dégringolade coïncide avec l’exode des compétences qui a commencé à laminer le pays au tout début des années 90 avec les multiples problèmes politiques, économiques et sociaux qu’a connus le pays.
Par ailleurs et à titre de comparaison, le gain du Maroc est de 3 médailles d'argent, 28 médailles de bronze et de 45 mentions honorables pour 27 participants. Tandis que celui de la petite Tunisie est, s’il vous plaît, d’une médaille d'or, de 2 médailles d'argent, de 12 médailles de bronze et enfin de 6 mentions honorables, le tout en 18 participations. On n’a d’autres moyens à faire que de se gratter énergiquement nos visages à coups d’ongles pointus comme disait ma mère pour annoncer un désastre.
Un ami vivant en France et enseignant aux écoles préparatoires de Mathématiques, en visite cet été en Algérie, m’a appris épaté avec sa fierté d’un arabe, que les élèves venus du Maroc se bousculent en très grand nombre en postulant aux concours d’accès des grandes écoles d’ingénieurs en France comme l’école polytechnique, arts et métiers, écoles normales, Télécom, l’école aéronautique de Toulouse, les écoles centrales etc. Et ce après avoir entièrement entrepris la scolarité en classes préparatoires dans leur pays, allant jusqu’à défier les meilleurs élèves de France. Ce grand nombre de candidats prouve de la manière la plus éclatante le retard accumulé de l’Algérie dans ce domaine. Ce n’est que cette année qu’il a été procédé à l’ouverte des écoles préparatoires. Attendons pour voir la suite si nos futurs étudiants seraient capables à prétendre aux grandes écoles de France à l’instar de nos voisins immédiats.
Pour ce qui est des résultats par équipe aux olympiades, l’apothéose a été décrochée pour l’Algérie en 1986 avec un total de 80 points sur 250 points possibles. Le résultat était on ne peut plus révélateur de la belle et nostalgique époque de l’enseignement des années 1970 et 1980.
Nous soulignons avec regrets que les notes acquises par les 4 concurrents de cette année 2009 sont de 0/42, 0/42, 1/42 et 1/42 donc un total de 2 points sur 168. Ce qui donne beaucoup de matière à réfléchir sur le passif des 3 dernières décennies ainsi que la destinée actuelle de notre enseignement.
Cette année
Ce qui donne une lecture exacte de l’état de la puissance mondiale à l’heure actuelle.
Aux derniers jeux sportifs olympiques de Pékin 2008, on retrouve les 3 mêmes ténors aux premières loges.
Par conséquent, c’est l’ensemble des résultats sportifs qui indique le progrès et le développement d’un pays et nullement un seul sport comme l’est actuellement l’équipe nationale de football qui couve toutes nos tares.
A l’échelle du monde musulman, émergent nettement l’Iran et
Sur le plan de l’Europe occidentale, l’Allemagne, le Royaume uni et
Ce qui dévoile parfaitement bien que les olympiades de mathématiques sont un baromètre extraordinaire de mesure de l’état de santé technologique des pays. Les 10 premières places de cette année ont été donc concédées respectivement dans l’ordre au Japon, à
On relève que les ex-pays du bloc Soviétique garde quand même des places plus qu’honorables lorsqu’on sait que cette école, dans un passé très récent, a donné, au monde, d’illustres mathématiciens.
L’ALGÉRIE AUX FINS FONDS DU CLASSEMENT UNIVERSEL
Quant à l’Algérie, le tableau ci-après en présente une comparaison du classement de notre pays par rapport aux participations marocaines et tunisiennes ainsi que de quelques pays arabo-musulmans et ce durant les 13 participations Algériennes, Ce tableau est sans commentaires. Néanmoins, on peut noter que la position de l’Algérie était pratiquement du même niveau que nos deux voisins durant les années 80. Mais elle a été complètement dépassée lors des dernières participations où nous avons récolté des zéros pointés sur toute la ligne à cause de notre isolement du monde extérieur, tandis que nos voisins marocains ne se sont jamais abstenus depuis leur première participation de 1983.
On ne peut jauger notre niveau d’enseignement que si celui-ci se frotte constamment à l’extérieur. De ce fait, on ne peut expliquer ces chiffres que par l’effondrement du niveau d’enseignement n’en déplaise aux responsables, du secteur éducatif dans son ensemble (éducation nationale et enseignement supérieur), qui affichent un optimisme démesuré. Pourtant, les résultats de ces olympiades sont réels et sans bavures. Par ailleurs, on peut distinguer encore une fois, le net avantage des pays musulmans tels que l’Iran et
Année | 2009 | 1997 | 1993 | 1991 | 1990 | 1988 | 1987 | 1986 | 1985 | 1984 | 1983 | 1982 | 1977 |
Nombre de pays participants | 104 | 82 | 73 | 56 | 54 | 49 | 42 | 37 | 38 | 34 | 32 | 30 | 21 |
Algérie | 104 | 82 | 72 | 53 | 54 | 36 | 36 | 21 | 29 | 28 | 30 | 27 | 21 |
Maroc | 74 | 60 | 40 | 31 | 36 | 31 | 23 | 18 | 24 | 23 | 25 | | |
Tunisie | 77 | | | 39 | 45 | 25 | | 19 | 28 | 30 | 27 | 29 | |
Koweït | 101 | 76 | 68 | | 47 | 45 | 37 | 35 | 38 | 33 | 31 | 30 | |
Syrie | 99 | | | | | | | | | | | | |
Bahreïn | | | 68 | 55 | 40 | | | | | | | | |
Iran | 15 | 3 | 6 | 8 | 14 | 20 | 26 | | 31 | | | | |
Turquie | 8 | 25 | 24 | 24 | 33 | 27 | 21 | 30 | 26 | | | | |
-TABLEAU INDICATIF DU CLASSEMENT DE QUELQUES PAYS ARABO-MUSULMANS PAR RAPPORT AUX 13 PARTICIPATIONS ALGÉRIENNES.
À part un quotidien national, l’information n’a été rapportée par aucune structure de l’éducation comme si on consentait à dissimuler ce résultat catastrophique sur tous les plans. On ne va pas blâmer les concurrents de cette année mais c’est la faiblesse à tout notre système éducatif à incriminer et qui montre ainsi ses limites tant décriées par de nombreux experts. Envoyer des candidats sans armes égales, c’est comme si on les expédiait à une bataille tout en sachant qu’ils seront écrasés à l’avance.
Finalement, l’Algérie est en train de payer les pots cassés de son entêtement à rester dans un système éducatif qui n’a produit que de la médiocrité. Des universités qui sont devenus des machines à ne produire que des diplômes en papier au vrai sens du terme avec un nombre dépassant largement le million d’étudiants. Du très beau bâti partout en Algérie, chaque ville possède sa propre université mais il ne s’agit malencontreusement que de murs et de blocs difficiles à combler de matière grise, l’intérieur est d’un vide décourageant. La réponse est dans l’immobilisme à ne pas trouver de solutions au monde universitaire. Des salaires des enseignants à décourager plus d’un à faire les efforts nécessaires. Un régime indemnitaire qui se laisse désirer depuis la nuit des temps. Des enseignants qui se convertissent en assurant des heures supplémentaires, des cours particuliers ou des professions extra enseignements pour subvenir à leurs besoins Ce ne sont ici que les conséquences désastreuses d’un système éducatif obsolète sous toutes ses formes.
Comment se fait-il que les 200 000 bacheliers ne peuvent faire émerger de la qualité en nous offrant que des notes nulles de 0 et 1 sur 42 aux dernières olympiades internationales des mathématiques ? On ne peut inopportunément rêver d’une meilleure issue.
Il ne faut point manquer de rappeler que pour la première fois de son histoire depuis l’indépendance, une bachelière Algérienne s’est vue décerner la mention Éloge. Il est vrai que notre lauréate a fait une grande partie des ses études au Qatar. Alors pourquoi cette majestueuse distinction ne s’est pas traduite au niveau international à Brême ? Une réponse des spécialistes de notre système éducatif s’impose plus que jamais.
Va-t-on songer à importer de France, du Canada, d’Amérique ou d’Europe, des lycéens de parents expatriés Algériens pour nous représenter aux futures olympiades comme l’équipe nationale de Football ? Doit-on indéfiniment continuer à ignorer nos lacunes et fuir en avant dans une néfaste langue de bois ?
Pourquoi n’ose-t-on pas se frotter aux compétences extérieures en dévoilant fructueusement nos contrariantes et répugnantes carences ? A perpétrer des soupirs profondément.
RÉFÉRENCE :
Je suis un ingénieur marocain .Je partage entièrement ton analyse .Je suis persuadé que nos pays faire beaucoup mieux .
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