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Cet article est paru dans les colonnes du Quotidien d'Oran du Jeudi 16 Avril 2015 sous le lien suivant:
-en format pdf zippé: http://lequotidien-oran.com/pdfs/16042015.zip
-en format htlm: http://www.lequotidien-oran.com/?news=5212368
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Parmi les points que le
syndicat CNES (Conseil National des Enseignants du Supérieur) revendique,
demeure sans aucun doute celui de l’amendement du statut de l’enseignant
chercheur qui n’a pas changé d’un iota depuis sa promulgation en mai 2008 et dont
l’application date du 1er janvier de cette même année. Si
aujourd’hui, ce texte revient à la une des revendications, ceci s’explique
principalement par la multiplication des diplômes et ces divers doctorats ainsi
que par l’érosion des salaires obtenus il y a plus de 7 années maintenant.
En effet, on ne sait
plus où se donner la tête avec le doctorat d’état (avant 1998), le doctorat en
sciences (décret 1998) et le dernier doctorat tout court du système LMD (Licence-Master-Doctorat
du décret 2008) qui est venu bousculer avec toute sa panoplie, notamment son
master et sa licence. On note qu’il n’est pas encore question de recrutement aujourd’hui
du master mais l’effet d’entraînement et le mouvement de masse et de la pression
estudiantine vont certainement le provoquer dans les années à venir sinon ce
sera le doctorat pour tous. Ce n’est donc que partie remise.
La gestion des flux,
seul véritable souci des autorités, mène inéluctablement vers un véritable goulot
d’étranglement surtout que ni le master, ni sa jeune sœur, la licence LMD ne
trouvent preneur sur le marché de l’emploi avec le chômage aidant. Puisque tout
le monde est à l’arrêt, on veut faire tous master puis doctorat quitte à piétiner
davantage les rudiments de la pédagogique au détriment de la qualité. Selon le
principe de la mondialisation, un étudiant en licence, en master ou en
doctorat, sorti de nos universités aurait le même niveau d’instruction et les
mêmes compétences que son homologue européen ou américain. En toute âme et
conscience, je ne sais pas ce que cela donnerait comme résultat mais s’il vous
plait pas de langue de bois. Il est question de l’avenir et de l’indépendance
de tout un pays.
C’est l’une des raisons
essentielles auxquelles le syndicat des enseignants du supérieur a appelées, au
cours de cette semaine, à un mouvement
de protestations avec un arrêt de travail de 3 jours (14, 15 et 16 Avril) si
l’on se fie à sa dernière déclaration de ce 10 Avril. L’instance suprême,
qu’est son conseil national entre deux congrès, reste en session ouverte et
reprendra sa session dès la fin de ce mouvement afin d’évaluer la situation et de
prendre ensuite les décisions qui s’imposent avec l’appel à une éventuelle
grève ouverte dans le cas où le ministère concerné, ignorerait ses légitimes
revendications, comme le lit-on dans ce même communiqué et également à travers
les médias.
Ce qui retient l’attention,
c’est surtout le projet du statut de l’enseignant chercheur dont j’ai reçu, il
y a à peine 3 jours, la mouture du ministère, dans ma boîte aux lettres
électronique, qui m’a été adressée par un envoi de la section syndicale de l’Université
Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, qui en passant, est devenue, ces derniers temps,
le fer de lance de ce syndicat et un de ses principaux animateurs sur le
terrain en lui insufflant un nouveau souffle et qui retrouve, par ricochet, une
nouvelle dynamique. Cette section est certainement prédestinée, avec d’autres
bien-sûr, à jouer un rôle fondamental pour la reconstruction et le renforcement
du syndicalisme universitaire en particulier.
Revenons au première
point de discorde que constitue cet avant-projet du statut et que le CNES, le
rejette à travers ses instances et notamment par le biais de son coordinateur
national. Ce dernier affirme que le texte n’a aucun rapport avec celui qui a
été négocié avec sa tutelle (El Watan du 13 Avril 2015). Il a déclaré qu’il y a
même régression par rapport au présent statut. Cependant, on ignore si des
procès-verbaux avaient sanctionné ces discussions sur les amendements sur
lesquels ils s’étaient convenus.
Quelles sont alors les révisions
de ce projet qui ont fait réagir brusquement ces derniers jours le
syndicat du secteur ? Pour une première lecture, on va citer quelques points que
je suis arrivé superficiellement à les relever. Le premier est l’introduction
du doctorat LMD dans les critères de recrutement et de promotion de certains
corps des enseignants. Avec l’arrivée sur le marché de recrutement de fournées
de ce nouveau diplôme, le rapport de force ne sera plus le même et tournerait
au cours du temps à son avantage avec l’extinction des autres diplômes. A mon
avis, c’est le premier prétexte de cet éventuel remaniement du statut.
L’autre innovation qui concerne
les Maîtres de Conférences de Classe B (MCB), en plus séparément des critères
antérieurs, est l’introduction du
travail pédagogique pour l’accès au même grade de Classe A (MCA). Il suffit
dorénavant de 4 années d’exercice en qualité d’enseignant chercheur en plus
d’une production pédagogique avérée, validée par des organes compétents qui
seront définis par un arrêté ministériel. On note cette apparition de ces
nouveaux organes dont les compétences seraient certainement pédagogiques.
Ceux-ci ressemblent en quelque sorte, à une
Commission Universitaire Nationale (CUN) bis et qui va constituer un autre parcours
du combattant. On n’est pas encore là mais espérons que la bureaucratie serait
bannie à jamais.
Quant au grade de
Professeur, il est scindé en deux grades distincts, l’actuel professeur deviendrait
automatiquement Professeur de Classe A (Pr A), tandis que celui de classe B (Pr
B) serait destiné à tous les MCA en poste actuellement. On constate que, que ce
soit pour le professeur A ou B, mis à part quelques très légères modifications
dans les prérogatives translatées de l’ancien vers le nouveau grade, seule
l’appellation a changé : le MCA se mue en Pr B et le Pr se transforme en
Pr A.
La preuve par 9, est
celui de la paie du traitement de base qui ne changerait pas d’un sou sauf pour
le nouveau MCA (1200 points) mais qui se
sentirait lésé par rapport à son prédécesseur dans ce même poste (1280 points).
Sa chance serait d’avoir déniché une case vide (subdivision 5) dans l’échelle
de la fonction publique. Ce qui poserait de vrais casse-têtes pour les autres
infortunés. Je ne crois pas que la fonction publique serait prête à sauter le
verrou de la 7ème subdivision, car, me semble-t-il, c’est ce blocage de l’échelle
de la hors catégorie qui aurait plombé toutes ces promotions de grades. Le
reste serait sans changement comme le dit bien la formule chère aux concepteurs
des textes juridiques.
À moins, qu’on pense dans
un avenir proche à rectifier le tir de cette lacune par un changement du régime
indemnitaire avec l’ajout d’une indemnité de compensation comme celle qui est
prévue pour le professeur émérite ou par l’intermédiaire de la valeur du point
indiciaire qui est fixé jusqu’au jour d’aujourd’hui à 45 DA et qui n’a pas bougé
effectivement depuis le 1er janvier 2008 (date de l’application de
tous les statuts particuliers de la fonction publique). Pourtant, dans le
second aliéna de l’article 8 du décret n° 07-304 du 29 septembre 2007 fixant la
grille indiciaire des traitements et le régime de rémunération des
fonctionnaires, il est question d’établir par un autre décret, les critères
déterminant son évolution. Ces paramètres devraient être évidemment basés sur les
indices économiques et sociaux du pays. 8 années après, on doit se poser continuellement
la question pourquoi, empêche-t-on ce décret de voir la lumière ? Pour
cela, le chemin doit passer obligatoirement par un décret présidentiel, chose
qui serait presque invraisemblable en ce moment, sauf soubresauts ou cas
exceptionnels.
On ne conclut pas ce
papier sans rappeler le cas du malheureux MCA, qui prétendait au grade de
Professeur et qui était occupé durant toutes ces années à accumuler et à préparer
son volumineux dossier administratif, pédagogique et scientifique. Il devrait malheureusement
revoir sa copie. Puisque, dans le projet du décret, une fois signée, il est
reversé, j’allais dire fatalement, dans le grade de Pr B, et de surcroît sans
aucune incidence financière, mais il devrait encore moisir en séjournant au
moins 5 autres années, en cette qualité de Pr B, avant de pouvoir soumettre son
dossier devant la CUN et si encore ses travaux antérieurs à ce grade virtuel,
vont pouvoir être comptabilités ou bien verrait-il le compteur remis à zéro. Si
aucune disposition transitoire ne soit prévue à ce sujet, la double sanction
est assurée d’office. En outre, si l’on en croit à cet imprévu, cette
commission va-t-elle chômer durant les 5 années à venir dans le cas où ce
projet verrait-il le jour ? Encore
une autre énigme à résoudre, à moins que je me sois trompé de lecture.
Au vu de l’actualité
présente, d’autres lectures profondes de ce texte vont nous enrichir et nous
éclairer davantage, et que je n’ai point approché dans ce modeste écrit. Je
laisse le soin à d’autres auteurs sur les questions que je n’ai pas abordées
ici, plus particulièrement celles des Assistants qui végètent encore au niveau
des salaires dans la catégorie 13 et qui sont pour la plupart retraitables. Des
enseignants dévoués à la cause pédagogique qui se sont sacrifiés pour le
terrain et sur lesquels a reposé durant de longues années le socle de
l’université algérienne. Sans oublier bien sûr le corps des Maîtres Assistants
qui rassemble le plus gros effectif des enseignants du supérieur et sur
lesquels il est nécessaire d’y revenir plus longuement.
Un tel projet de texte du
projet du statut devrait être discuté et décortiqué, en sus des partenaires
sociaux représentatifs du secteur, à travers les instances, que le ministère de
l’enseignement supérieur en dispose au sein de l’ensemble de ses établissements
universitaires (Comités pédagogiques, comités scientifiques, conseils
d’administration, etc…) et aussi par les organes nationaux existants (Conseil
d’éthique et de déontologie, les CUN, les comités pédagogiques nationaux,
etc..). Lorsqu’on pond un texte, il devrait sortir des entrailles afin d’éviter
toutes les failles possibles.
Sources :
-Décret exécutif n°
08-130 du 3 mai 2008 portant statut particulier de l’enseignant chercheur.
-Décret exécutif n°
10-252 du 20 octobre 2010 instituant le régime indemnitaire de l’enseignant
chercheur.
-Décret présidentiel n°
07-304 du 29 septembre 2007 fixant la grille indiciaire des traitements et le
régime de rémunération des fonctionnaires.
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