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Article à paraître le Jeudi 13 Février 2014 sur les colonnes du Quotidien d'Oran :
lien de l'article: http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5194130
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C’est
très décevant et malheureux à la fois ce qui arrive ces derniers temps à mon
pays avec cette régression politique qui ne dit pas son nom. J’en pleure lorsqu'on compare cette situation avec ce qu’avait enfantés la révolution
algérienne comme leaders qui ont marqué l’histoire de leurs noms. Elle ne
mérite nullement d’avoir généré, 50 années plus tard, cette variété d’énergumènes
qui occupe le monde politique et qui a gaspillé tout le capital d’estime
qu’avait engrangé le soulèvement du peuple algérien pour dégager le colon
français.
Dommage
que l’urne ne sanctionne pas comme il se doit ces indus-occupants pour les
renvoyer une fois pour toute à revoir leurs leçons d’habilitation ou à repasser
leurs examens de passage, à la noble tâche, acquis auparavant par la fraude massive
et le jeu de subterfuges alliances. Il suffit d’être prêt à élaborer des
communiqués de circonstances brossant dans le sens du poil pour être dans
l’état de grâce du plus puissant. La manne financière est là pour subvenir à
tous les besoins sans être dans l’obligation de justifier les traces de ces
dépenses.
A
l’approche des élections présidentielles, on assiste donc depuis quelques
semaines à une véritable « Khalouta » ou « Rouina »
politique avec ces irruptions intempestives dans notre champ de ces hommes qui
se prennent pour des politiques dont ils n’ont rien de commun au regard de leur
niveau tous domaines confondus. Ailleurs, ils ne pouvaient même pas espérer servir
comme plantons dans une administration communale. Que les vrais et nobles plantons
qui gagnent de leur sueur leur pain quotidien par ce métier, m’en excusent
s’ils estiment être offensés par mon propos.
Mais
dans notre cas, ils peuvent se permettre tous les abus dans cet état de
déliquescence avancée. On largue donc un pavée dans la marre sur la scène
publique et puis on s’éclipse dans l’ombre pour ne réapparaître que le moment
où tout s’est calmé pour relâcher une autre imbécillité tel qu’un chargé de
mission sans aucune réflexion ni mesurer toutes les fâcheuses conséquences qui
peuvent en découler. C’est tant mieux si on ose provoquer le débat nécessaire totalement
cadenassé, mais il faut le parachever en confrontant ses idées jusqu'à épuisement du dialogue.
On
ne lui a fait simplement dicter ce qu’il avait à dire comme d’un enfant qui
sort pour la première fois de sa bouche un gros mot sans connaitre ni le sens
ni la bourde qu’il va déclencher. En Algérie, n’est pas politicien qui veut, on
peut le devenir comme par accident un beau matin en disant pourquoi pas moi puisqu'il y a l’autre. La preuve, 85 postulants à la candidature de la
présidence de la république, qui dit mieux ! C’est vrai que tout le monde
y croit à sa belle étoile, vu qu’on soit tombé aussi bas. On insuffle à notre
bonhomme juste de s’inscrire sur une liste de candidats dans un parti auquel il
ignore complètement le programme s’il existe bien sûr. Ensuite, l’échelle des fausses
valeurs fera sensationnellement son effet en le propulsant en un temps record
vers des postes auxquels il n’a jamais rêvé. Sans que l’on arrive à retenir son
nom, un inconnu sorti du néant. Après une longue hibernation que le voilà réveillé
en allant retirer les formulaires au ministère de l’intérieur pour aspirer être
un jour président de la république. Quel culot ! Rien que ça ! Un
parti comme le FFS, le plus vieux parti d’opposition comme aime-t-on le souligner, pourrait déprimer suivi d’un hara-kiri en apprenant
cette nouvelle hérésie et cette nième blessure faite à la maman
Algérie. On est tenté de dire que lorsque les chats sont absents, les souris
peuvent danser jusqu'aux premières lueurs du jour dans cette longue nuit sombre
hantée de cauchemars.
Du
jour au lendemain, il devient alors chef avec un cachet à sa disposition pour
tenter de nous faire avaler toutes les couleuvres de ses protecteurs. De grâce,
instaurez-nous cette épée de Damoclès
sur la tête de ces pseudos partis à travers des scrutins libres et indépendants
pour éradiquer à jamais ceux dont le souci majeur est de prendre leur part du
gâteau en renflouant leurs caisses de ces prébendes. Un parti devrait en
principe sa survie en grande partie par les cotisations de ses militants, de
ses programmes, de ses actions et de ses idées.
L’accès
aux élections, ne vient pas du militantisme sans relâche et du travail sur le
terrain mais il émane d’un jeu de coulisses des opportunistes les plus véreux qui
laisse sur le carreau les plus méritoires à mener le juste combat. La
recette ? Il faut savoir nager dans les eaux troubles et des plus
nauséabondes. Il faut disposer d’une barque équipée d’une boussole qui navigue
dans tous les sens. Le flair doit être très sensible pour sentir les coups bas
à des centaines de kilomètres à la ronde. La loi du silence doit être de
rigueur. Il faut se faire tout toutou devant plus grand que soi et écraser tout
petit que soi, à l’image d’une punaise, sans aucun état d’âme ni un quelconque
regret. Les intègres et les honnêtes n’ont pas de place dans cet espace
infecte.
Lorsque
plus d’une demi-cinquantaine de partis se liguent à travers ses chefs présumés pour
soutenir un candidat, peu importe lequel, est-ce qu’ils se sont référés à leurs
bases pour décider abusivement de la sorte ? À moins qu’ils ne possèdent
pas de sympathisants ou qu’ils considèrent de facto leurs militants
identiquement à un troupeau de Panurge. Nous sommes devant un véritable imbroglio.
Nous sommes donc obligés de passer par un minuscule parti pour ensuite voter
pour quelqu'un d’autre ! Sommes-nous tellement aveugles qu’on nous indique
le chemin de la vérité à laquelle ils y croient par calculs étroits ? Même Dieu
ne prône pas que l’on passe par un intermédiaire pour le vénérer.
En
surfant sur Facebook, on constate que le nombre d’amis de ces chefs
autoproclamés ne dépasse guère la centaine pour la plupart d’entre eux. Quant aux
initiales des noms de leurs formations politiques, on y rencontre toutes les
lettres de l’alphabet, nécessaires pour élaborer un programme qui fait défaut
ou font dans le copier-coller. Mais ici, on ne se sert que pour les tirer au
sort afin de fabriquer le nom du parti s’il n’est pas déjà occupé. Pour le programme,
il est déjà tout trouvé. Ce n'est pas la peine de se casser la tête, ce sera celui du
cheval gagnant. La supercherie est affichée. Il faut juste penser à jouer les
bonnes notes de la musique dominante au hit-parade du système. Pauvre politique
algérienne qui mérite mieux.
Donc,
ces partis microscopiques qui pullulent dans la sphère politique algérienne
n’existent que sur le papier. Dans une démocratie, ils disparaîtraient à jamais
lors des échéances électorales si elles ne comptent pas sur leurs propres
moyens de subsistance. Une démocratie ne se construit pas avec l’oseille mais
c’est avec les bonnes idées qu’elle se consolide à travers des urnes qui
crachent toute la vérité, rien que la vérité. Au contraire, l’argent seul ne
fait que polluer l’atmosphère politique et corrompent tous les résultats. Mais là,
on les maintient virtuellement en vie pour se servir dans les éventuels jeux dangereux
des complots souterrains.
Pour
faire de la politique, il suffit juste d’avoir de gros bras, aux sens propre et
figuré, et de forts forceps pour être prêts à la bagarre des rues le moment
voulu et bien sûr doublés d’un grand « Khalat », expert en la matière
afin de détourner tous les regards suspects. C’est la guerre des clans comme on
en parle dans la presse. Au fait, notre mec a une mission à accomplir en
politique pour celui qui est recruté pour cette basse besogne. Les dividendes
sont énormes. Il pourrait surgir du néant pour devenir d’un clin d’œil richissime
avec l’acquisition de terres agricoles, de marchés juteux et d’une place
rémunératrice dans la hiérarchie pour lui et ses proches.
Comme
on le constate assez bien, la politique dans le pays n’est pas faite pour les
fils de famille, dit-on. C’est pour cette raison que les compétences fuient la
politique comme la peste ou le choléra. Elle est taillée sur mesure pour les
baroudeurs et les barbouzes. Les affaires de corruption ou de diffamation se
règlent à coups de chantages, de scandales et de dérives en s’étalant dans les
unes des journaux au lieu d’être exposées au sein des tribunaux avec les charges
à l’appui. Quant aux affaires politiques, elles ne se discutent pas dans des débats
d’idées comme les pays civilisés mais elles ont lieu dans des tranchées à coups
de désordres accusant ses antagonistes et en les nommant de tous les noms
d’oiseaux loin de toute éthique politique. Voilà ce qui nous est arrivé en
affaiblissant sans cesse la justice qui devait jouer son véritable rôle et où
l’intervention libre du juge doit être dictée par sa conscience professionnelle
et les intérêts suprêmes de la nation en matière par exemple de la lutte contre
le cancer de la corruption à répétitions.
J’ai
honte devant les autres nations au vu des occasions ratées et des
opportunités gâchées par les femmes et
les hommes de mon pays pour tirer le niveau de l’ensemble vers le haut au lieu
de perpétrer ces guéguerres dans les caniveaux. J’ai honte de ce qui se passe
sur la scène politique et médiatique de mon pays lorsqu'on constate amèrement
comment sommes-nous dirigés en nous considérant comme un peuple enfantin qui ne
peut prendre aucune décision de son destin.
J’ai
honte de l’attitude et du comportement de ces personnes qui revendiquent haut et fort chérir ce pays mais
paradoxalement ils le font souffrir tous les jours que Dieu a créés. J’ai honte
devant les mensonges proférés comme l’on respire par des gouvernants qui
n’éprouvent aucune indignité ni aucune moralité devant la propagande qu’ils
véhiculent et à laquelle ils sont les premiers à ne miser en privé ne serait-ce
qu’un infime petit dérisoire centime. J’ai la honte face à la langue de bois
véhiculée par des virtuels élus et des gouvernants dont leur seul souci est
leur maintien sur le piédestal au détriment de la santé du pays.
A deux
mois des élections qui s’avèrent l’une des plus capitales pour le pays, le vrai
débat, engageant l’avenir du pays, est totalement déficient. A la télévision
publique, on est encore à l’évaluation non objective et sans aucun avis
contradictoire du programme du président sortant. L’heure devrait être à une
précampagne pour évaluer tous les paramètres du pays comme l’économie,
l’éducation, la santé, le chômage, etc…On est encore aux balbutiements. Le
moment devrait être à la comparaison des programmes des candidats engagés dans
la course au palais d’El-Mouradia mais là on a l’impression que personne n’y croit
que c’est une affaire de projets. Une fois installé, on peut concocter à tort
et à travers tous les programmes que l’on désire avec la grande bouffée
d’oxygène des 200 milliards de dollars à la disposition de l’heureux élu sans
compter la grosse cagnotte du fonds de régulation. Pour gagner la paix sociale
si on est mal élu, tout est permis au détriment du devenir du pays. Dans les
pays occidentaux, il faut user de toutes les ficelles et toutes les idées pour
renflouer les caisses de l’état en premier lieu du contribuable qui est essoré
pour soutenir l’effort national. Chez
nous, ce n’est pas les fonds qui manquent mais ce sont les idées qui nous font
défaut. J’ai encore une fois la honte de réconforter le chanteur Michel Sardou
dans ses paroles chansonnières mais je n’ai pas malheureusement un autre choix
tant que les compétences de ce pays sont marginalisées au profit de la
roublardise et la pleine compromission.
L’Algérie
est à la croisée des chemins. Ou elle passe, ou elle se casse la figure.
Espérons que les moult appels à la raison soient entendus et que les enfants issus
du même ventre se réconcilient définitivement avec la mère Algérie qui ne
pourrait que se réjouir de cette destinée en ouvrant largement ses bras et une
nouvelle page blanche à remplir de progrès et de développement avec des
politiciens animés de l’amour de la patrie et conscients de la tâche ardue qui
les attend mais pas impossible à surmonter pour la pérennité de l’état
algérien. Il faut vite refermer la présente page qui nous a lassent et nous enlisent,
avec ses inlassables bas que de hauts, pour se projeter de l’avant vers un
nouveau monde qui nous attend avant que la tombe ne se mure définitivement sur
nous.
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« khalouta » : mélange, cocktail dans le jargon algérien.
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