================================================================
Article paru le Jeudi 03 Juillet 2014 sur les colonnes du Quotidien d'Oran :
lien de l'article: http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5200219
================================================================
L’équipe nationale de
football nous a permis, en presque deux semaines et 4 matchs intenses, de vivre
un rêve fou que l’on n’est pas près de l’oublier de sitôt. Il va servir de bouffée
d’oxygène durant assez longtemps à tout un pays dont l’humeur de son peuple
dépend fortement des résultats de son équipe telle une drogue qui n’en finit
pas de l’enivrer. Peut-être autant que l’épopée de 1982 qui a mis plus de 32
années à survivre. Cette équipe est devenue par la force des choses le seul et
unique symbole qui rassemble presque sans aucune distinction tous les
algériens, de tous bords, grands, petits, femmes et hommes.
Elle est devenue une
véritable institution qui fait de l’ombre à toutes les institutions officielles
du pays qui tentent de récupérer ses fruits en voulant continuer à vivre dans l’illusion,
contraire à toute réalité du terrain. Personne n’a obligé les algériens à
supporter cette équipe s’ils n’ont pas cru qu’elle pouvait aller plus loin dans
la voie du succès. Et puis, il y a Vahid, le bosniaque, que tous les amoureux
du ballon rond lui vouent une confiance aveugle, beaucoup plus que les
dirigeants de l’instance du football. Il existe une véritable communion entre
lui et les supporteurs. A tel point, chose inimaginable pour un homme politique
ou un élu, qu’une pétition soit lancée en sa faveur tout de suite après le match
de ce lundi et qui ait rassemblé plus de 60000 signatures en moins de 24 heures
et ce n’est pas encore fini. Je crains que ce désir de maintenir l’entraineur
national ne sert qu’à entretenir le virtuel dans lequel baignent actuellement
les supporteurs et dont la réussite ne pourrait venir que du travail et de la
discipline que coach Vahid les avait imposés. Choses qui font cruellement
défaut dans tous les autres domaines, de la santé jusqu’à l’école et
l’université en passant par les services publics.
Jamais au grand jamais,
le peuple algérien n’a donc vécu une telle symbiose entre ses enfants, ceux de
l’intérieur et de l’extérieur, de France, du Canada, d’Angleterre, du Qatar,
des Emirats Arabes, de Belgique et tant d’autres coins de la planète, relayée
par les échos des 6 millions 8 cents mille algériens qui peuplent le monde de facebookien selon les
toutes dernières statistiques.
Revenons à notre vie de
tous les jours après cette belle échappée du marasme du vécu quotidien. Quelles
seraient alors les conséquences de cette belle prestation sur le pays ?
Mis à part procurer un peu de bonheur et de la joie aux citoyens pour les faire
oublier de leurs multiples problèmes journaliers. Est-ce que cette équipe
nationale serait le porte-drapeau du pays pour le booster vers l’avant ? Ou
est-ce qu’elle ne serait utilisée qu’un cache-misère pour dissimuler toutes les
tares du pays ? Tous les algériens ont été fiers du parcours plus
qu’honorable de son équipe nationale dont son dernier match contre l’Allemagne
a été suivi sur TF1 par 9,4 millions de téléspectateurs en France, ce qui
représente la part de 50% de l’audience dans ce pays ! N’en parlons pas de l’Allemagne,
de l’Angleterre, de l’Italie, des pays asiatiques, africains, américains,
etc...Donc ce sont des millions et des millions de gens à travers la planète
entière qui ont essayé de connaitre ce pays qu’est l’Algérie à travers son
équipe nationale et ses prouesses footballistiques.
Si le géant Brésil, un
pays continent par sa taille et émergent par son apport économique mondial, un
pays de foot par excellence et un pays qui a dépensé 12 milliards de dollars
pour organiser cette coupe du monde, c’est qu’il doit s’attendre à émerger
davantage dans plusieurs domaines en étendant son influence croissante qui en
fait de lui la 7ème puissance mondiale et un des pays phares du
BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) par son précieux apport.
Je me pose encore la question : quels seraient les effets à moyen et à
long terme de la participation de notre pays en coupe du monde ? Il faut
savoir intelligemment fructifier cette excellence performance pour un pays en
totale construction.
Lorsqu’on évoque
l’Allemagne, c’est toujours synonyme de travail, surtout du travail bien fait,
pas bâclé comme il l’est sous nos cieux, de son industrie florissante, de sa
rigueur, de ses compétences et de son sérieux. Après la seconde guerre
mondiale, ce pays vaincu, détruit,
laminé par le bloc communiste et les alliés occidentaux, s’est relevé
miraculeusement sur ses ruines car ses gênes se souviennent de son passé. Un
pays complètement dévasté mais le « nif » allemand est resté tel
quel. Presque soixante dix années après,
ont suffi à le remettre sur les rails pour en refaire un des fleurons et
des exemples extraordinaires à travers le monde.
Pour emprunter une idée
à l’auteur et au journaliste Akram Belkaid, posté ces jours-ci sur le réseau
social facebook, l’Allemagne a gagné sa première coupe du monde en 1954 par 3
buts à 2 contre la grande équipe de la Hongrie après avoir été menée à la
marque 2 à 0 et après avoir été balayée deux semaines avant en poule sur le
score sans appel de 8 à 3 par la même équipe, surnommée le onze d’or à
l’époque avec ses légendaires joueurs Puskas et Kocsis ! C’est pour vous
montrer toute la ténacité de cette équipe qui a toujours cru au retour du
miracle allemand en puisant dans toutes ses dernières ressources pour arracher
sur le fil la victoire. Ce sacre a été un des détonateurs sur tous les autres
secteurs du pays, mettant en avant le génie allemand qui s’était ressuscité
sous ses cendres. Aujourd’hui, il est le fer de lance de toute l’économie
européenne et qui sert de référence à tous les autres pays de son continent. C’est
une véritable mécanique qui ne tombe que très très rarement en panne.
Quant à notre pays
l’Algérie, il nous reste beaucoup de chemin à parcourir quoiqu’on ait mis en
difficultés la redoutable équipe de la national mannschaft,
trois fois championne du monde, crainte par toutes les équipes du monde mais la
comparaison s’arrête net ici.
D’abord sur le plan
politique, comme l’ont souligné de nombreux observateurs et plusieurs membres
de l’opposition à propos du projet sur la révision de la constitution, les
discussions entreprises ne se font qu’entre le pouvoir et lui-même, niant ainsi
toutes les véritables composantes de la société. Chose impensable dans un pays
dont l’équipe nationale s’est qualifiée en huitième de finale d’une coupe du
monde. Avec ces agissements, l’équipe nationale ne peut alors constituer qu’un
écran de fumée. On peut en citer plusieurs domaines où le succès de l’équipe
nationale ne reflète concrètement le terrain.
Est-il pensable que le
pays croule sur les ordures depuis des années et des années avec des odeurs
nauséabondes même aux centres villes de toutes nos villes sans que personne ne
s’en émeuve ? Est-il normal qu’un pays qui arrive à se placer parmi les 16
meilleures équipes mondiales et que les immondices soient jonchées en
permanence dans ses rues et cités sans que personne ne lève le petit doigt ni
parmi ses citoyens ni encore davantage par ses sois disant élus. Où est alors
le patriotisme dont se festoient les algériens et qui disent être fous du
pays ?
Est-il logique que
l’Algérie n’envoie pas de concurrents pour participer aux olympiades de
mathématiques alors qu’elle se vante d’un taux de réussite au baccalauréat en
constante progression ? Pourtant la participation à ce concours ne passe
par aucunes étapes éliminatoires contrairement au foot. Pourquoi évite-t-on
d’envoyer nos lycéens pour l’évaluation de notre système éducatif et des
cerveaux algériens sortis de notre école alors qu’on n’hésite pas à le faire pour
le sport à pieds. Ceci démontre de la façon la plus flagrante que nos lycéens
ne sont pas en mesure d’affronter les concurrents étrangers tandis que les
footballeurs sont préparés avec les tous derniers moyens techniques et
financiers pour défier les autres équipes. Pour fournit-on des efforts
incommensurables par-ci et dérisoires de l’autre côté ? Pourquoi agit-on
par pur professionnalisme pour les uns et avec un amateurisme mineur avec les
autres ?
On peut encore citer
sans fin tous les autres domaines qui ont besoin de véritables électrochocs
pour repartir de zéro. Les prouesses de notre équipe nationale ne peuvent
suffire à elles-seules si l’on ne prône pas les mêmes méthodes pour arriver à
la performance. Souhaitons que nos gouvernants ne profitent pas uniquement de
l’équipe nationale pour asseoir leur hégémonie sur ce pays mais en saisissant l’occasion que leur est
offerte pour le faire redémarrer selon des bases saines aux normes
internationales telles appliquées à notre équipe nationale. Notre pays a été durant
quelques jours sous les lampions au Brésil, tâchons qu’il le soit dans toutes
les disciplines durant toute l’année. Pour le moment : Entre le « I
have a dream » et le « Yes We can », la tentation est grande.
===============
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire