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Article paru le Jeudi 10 Juillet 2014 sur les colonnes du Quotidien d'Oran :
lien de l'article: http://www.lequotidien-oran.com/?news=5200455
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On ne peut qu’être
ébahi devant l’ahurissante défaite sur le score surréel de 7 buts à 1 des
Auriverde face à la redoutable National Mannschaft en demi-finale de cette
coupe du monde cuvée 2014. En observant les larmes des brésiliens, joueurs et
supporteurs sous le choc, qui n’en revenaient pas, on a vite remonté le temps
au véritable drame de 1950 avec cette défaite en finale face à l’Uruguay et la tragédie
qui avait marqué des générations de ce peuple, le plus grand pays du football,
pays du roi Pelé.
Et pourtant ce
qu’appréhendaient les supporteurs de la Seleção au risque de se répéter, survint
en cette cauchemardesque soirée du 8 juillet 2014 au stade Mineirão de Belo
Horizonte en croisant sur sa route vers la finale, une fulgurante machine
allemande qui broie tout sur son passage surtout lorsque tous ses clignotants
sont au vert et lorsque l’occasion est propice pour redorer son blason en ne
ratant pas l’opportunité d’écrire une autre page de sa fabuleuse histoire
footballistique. C’est aussi cela le label des grands en général et de ce
peuple germanique en particulier.
Le Brésil va sans doute
se ressaisir comme après cette catastrophe de 1950, en arrachant hors de ses
bases, en portant le record à 5 titres à la clé. Le seul miracle, c’est de ne
pas lâcher prise en travaillant davantage sur tous les terrains de foot du pays
et en formant sans cesse tous ces talents en herbe qui n’attendent qu’à être
exploités. Donc tout le monde sait ce qui attend le Brésil. Il faut se remettre
en cause en ne dormant pas sur ses lauriers. C’est une page qui se referme et
c’est une nouvelle qui s’ouvre.
L’autre chose qui
m’était tout de suite revenue à l’esprit, c’est la position très inconfortable
de l’entraîneur Luiz Felipe Scolari qui au passage a été déjà champion du monde
en tant que sélectionneur de ce même pays à la coupe du monde de 2002.
Imaginons que 8 jours avant, c’eut été le scénario du match
Algérie-Allemagne ! L’aurions-nous considéré comme une humiliation ou bien
comme une défaite logique ? Quel aurait été le sort réservé à Vahid
Hallilhodzic ? Il serait rentré au pays sous forte escorte sécuritaire.
Aucune circonstance atténuante ne lui aurait été accordée. Dès la fin de la
rencontre, la potence lui aurait été dressée sur une place publique du côté
d’Alger.
En tous les cas, la salve
de critiques et les tirs groupés qu’avait subi le désormais ex-sélectionneur
national de la part de nos soi-disant experts en foot, au lendemain de la
défaite face de la Belgique au cours du match de l’entame de cette coupe du
monde, en disent long de ce qu’avait subi le malheureux bosniaque malgré une
défaite étriquée. Pourtant si on regarde la différence de niveaux, on n’avait
pas à rougir d’une telle défaite face à ces terrifiants outsiders diables
rouges. Pour un match d’entrée, il était normal que coach Vahid ait opté pour
une tactique défensive au regard des lacunes de la charnière centrale de notre
défense dont les 40 millions entraîneurs algériens avaient soulevé avant le
début de la compétition faisant craindre le pire.
A ce niveau, toute
petite erreur commise est exploitable par l’adversaire, ça ne pardonne jamais
surtout devant les coups de boutoir des joueurs de haut niveau qui évoluent
dans de grands clubs comparativement aux nôtres. La question qu’on pourrait se
poser : quel aurait été le rendement si jamais le sélectionneur national
se serait-il appuyé sur des joueurs évoluant dans notre championnat national,
produit de nos entraîneurs nationaux ? On avait même entendu quelques uns
de ces entraîneurs demander aux joueurs de ne pas écouter Vahid et de jouer
comme ils l’entendent ! C’est sûr que le match contre la Corée du Sud
devait être différent, autant que ceux contre la Russie et l’Allemagne. A
chaque match, sa stratégie. Si tu joues l’attaque à outrance contre la
Mannschaft, tu risques de prendre une valise comme l’a vécue la Seleção en
cette historique et mémorable soirée de ce
mardi.
Cette raclée ne peut
que réconforter Vahid dans tous ses choix tactiques face à des ténors à
l’instar de Joachim Löw, d’abord entraîneur assistant de l'équipe d'Allemagne aux
côtés de Jürgen Klinsmann d’août 2004 jusqu’à l’été 2006, puis depuis cette
date, il a été nommé sélectionneur en chef jusqu’à nos jours. Si on scrute sa
carrière de joueur, elle ne fût guère fameuse. Il avait joué presque 5 fois
plus de matchs en seconde qu’en première division de la Bundesliga. Il s’est
reconverti, une fois sa carrière achevé dans l’anonymat, aux aspects tactiques
en réussissant hauts la main, tous ses diplômes d’entraîneur de l’école
d’outre-Rhin. Ce sont la constance, la rigueur et la longévité de 10 années de
labeur qui commencent à donner leurs fruits. On a parlé du réalisme allemand au
cours de cette coupe du monde et c’est ce qu’on en train de constater admirativement.
Elle n’est maintenant qu’à une ultime marche du sacre final, tout près du but
comme cela était toujours le cas qui nous fait rêver non seulement dans le
domaine du foot mais dans tous les autres secteurs.
Revenons à notre Vahid,
qui en seulement trois années de contrat, a eu le mérite de remplir
honorablement les objectifs qu’il s’était fixés avec la fédération algérienne
de football. Il a apporté une certaine notion du travail en tentant, contre
vents et marées, de révolutionner un peu soit-il les mentalités, surtout au
point de vue de la discipline. Il n’a pas hésité à exclure certains joueurs du
groupe. Il est vrai que la quasi-totalité des joueurs viennent de clubs où on
se plie volontiers à ce strict règlement et où on ne rechigne en aucun cas à la
besogne. Durant un stage en Suisse d’avant match, Feghouli s’était plaint de la
charge du travail mais il a été remis tout de suite à l’ordre par Vahid qui ne
badinait jamais avec cette discipline menée de mains de maître.
Cela a donné par la
suite raison à Hallilhodzic. Cette préparation avait donc montré sur le terrain
une équipe algérienne se battant sur toutes les balles lors de son dernier
match contre l’Allemagne que ce soit durant le match ou au cours des
prolongations. On ne peut que valoriser les performances de cette équipe
nationale version Vahid qui a séduit par son jeu plaisant tous les experts
mondiaux. Quand on voit ce qu’a fait la Mannschaft ultérieurement en sortant
deux anciens champions du monde et néanmoins postulants potentiels au titre, on
pense que Vahid l’a vraiment échappé belle.
Vahid n’avait pas comme
mission de soigner le football national, il avait comme principale tâche de
monter une équipe nationale compétitive en la qualifiant d’abord pour la coupe
du monde et ensuite en passant au second tour de cette compétition. Si
certaines voix commençaient à élever le ton en ayant pris pour cible le
sélectionneur national, je pense qu’elles se trompent carrément de cible. A
notre connaissance, la Faf dispose d’une assemblée générale, l’instance suprême
et légiférante, au sein de laquelle ils sont soit membres à part entière ou
indirectement représentés.
Il faut rappeler que quelques
unes des prérogatives de l’assemblée sont l’adoption des programmes ainsi que
les rapports d'activités et les bilans moral et financier de la Faf. Tout est
donc clair comme l’eau de roche dans les statuts si on souhaite assumer son
rôle de véritable membre actif. On ne doit pas montrer sa désapprobation en
dehors des statuts, dans un plateau d’une chaîne de télévision ou dans une
interview à un journal puis se dérober là où on a le droit d’exprimer son avis
avec force. Il faut rappeler que le Bureau Fédéral de la Faf avec à sa tête son
président, est un organe exécutif des délibérations de l'AG. Il a aussi le
pouvoir de nommer ou de révoquer sur proposition du Président, les entraîneurs
des équipes nationales et les autres cadres techniques. Comme on le constate fort
bien, il dispose d’une très grande part de responsabilité qu’il se doit
d’assumer. Par contre, les missions de la Faf, en dehors de s’occuper de la
cerise sur le gâteau que doit être l’équipe nationale, sont innombrables. Les
membres de l’AG peuvent intervenir lors de ses débats en influençant toutes les
décisions prises en amont.
Comme il était prévu,
Vahid nous a quittés en laissant sur leur faim une grande partie de ces
supporteurs orphelins. Il nous a habitués à ses méthodes distinctes qui
diffèrent de son prédécesseur en y apportant sa touche personnelle. Il a sans
aucun doute marqué son passage dans notre pays. On n’est pas près de l’oublier
de sitôt. Adopté comme il l’est, il a été même algérianisé comme plaisantent
certains. Il a depuis longtemps fait son choix d’affronter d’autres challenges
sitôt la coupe du monde terminée. Il a longtemps prévu de se turquiser. Pour
quelques centaines de milliers de dollars de plus, il ne veut plus continuer
avec nous malgré les appels pressants des plus hautes autorités du pays. Sûr
qu’il ne veut pas être éloquent sur les véritables raisons de son départ
quoique l’on lui ait offert un contrat en or massif à la suite de
l’intervention du président de la république comme le laissent entendre
certains journaux.
L’argent tout seul n’a
pas l’air de faire son bonheur. Il ne pourrait pas garder longtemps tous ses
secrets. Il viendrait le jour où sa langue commencera à se délier lorsqu’il ne
serait plus soumis à ce lourd droit de réserve. Ce jour-là, le choc de ses
révélations serait douloureux à supporter. Comme il le souligne dans son
communiqué d’adieu, il relève le comportement indélicat d’une certaine presse qui
n’a pas cessé de le stigmatiser, non seulement dans son travail, mais en s’étant
prise à sa propre personne et à sa famille, ce qu’il n’oubliera et ne
pardonnera jamais.
En quittant le pays,
coach Vahid ne laissera aucun algérien indifférent. On continuera à suivre avec
un plaisir certain les échos de sa nouvelle aventure sportive du côté
d’Istanbul si les rumeurs de son recrutement se confirment. On lui souhaite le
grand bonheur et toute la réussite dans ses nouveaux choix qui sont totalement
à respecter. Espérons juste que les leçons qu’il nous a donnés soient retenues.
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