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Article paru le Samedi 26 Juillet 2014 sur les colonnes du Quotidien d'Oran :
lien de l'article tronquée sur: http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5201080
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Qu’est-ce qui a pu changer depuis une quarantaine d’années chez les
pays arabes avec ce revirement à 180 degrés vis-à-vis de la question
palestinienne ? Où est passée cette solidarité sans faille qui plaçait cette
question comme une priorité absolue de tous les états arabes ? Sans l’aide
des pays frères, l’Algérie n’aurait peut-être jamais arraché aussi rapidement
son indépendance en faisant dégager le colonialisme français hors de ses terres
à l’issue d’une lutte armée finale de presque 7 années et demie.
Les armées arabes ne s’étaient-elles pas coalisées depuis 1948 jusqu’à la
dernière guerre des 6 jours de 1973 contre l’état hébreu pour accompagner la
résistance palestinienne dans son combat juste et légitime ? Chose que
l’on pense impossible à se réaliser de nos jours. Depuis, la flamme de la
libération de la chère Palestine s’est éteinte d’année en année. Elle n’est
plus dans les objectifs impératifs des présidents et monarques arabes mais elle
reste très forte dans les cœurs des peuples, impuissants pour concrétiser leurs
profondes aspirations. Depuis, une paix factice est entrée en action. On serait
tenté de dire, 4 décennies plus tard, qu’elle n’a été qu’une paix des braves,
similaire à celle que proposait en 1958 De Gaulle aux algériens, aussitôt
déclinée en son temps par le Fln.
Il y a une différence flagrante entre la solidarité sans faille d’hier et
le mutisme d’aujourd’hui. Les peuples arabes, gouvernés par des régimes qui se
sont engraissés depuis qu’ils se sont éternisés au pouvoir, se sentent ligotés
et humiliés de ne pouvoir rien faire pour ce peuple meurtri qui ne doit sa
survie actuelle qu’à l’assistance notoire d’humanistes à travers le monde. Les
enfants palestiniens se sentent abandonnés par les leurs au moment où des juifs
épris de liberté et de valeurs humaines dénoncent de toutes leurs forces l’état
sioniste en n’hésitant pas à le comparer à l’état nazi d’Hitler.
La principale explication possible de cette situation d’hibernation des
régimes arabes est leur manque de légitimité intérieure qui les met dans cette
position inconfortable et qui les affaiblit davantage. Les peuples arabes ne
sont pas solidaires derrière leurs gouvernants comme l’est par exemple
l’état sioniste où ses dirigeants sont élus par des urnes des plus
transparentes. Parfois, ce ne sont que quelques milliers de voix du scrutin qui
départagent les adversaires politiques après d’âpres campagnes électorales
quoiqu’ils se considèrent en état de guerre. C’est l’une des raisons qui
expliquent l’attitude de leurs dirigeants élus ne tenant compte au final que du
bon-vouloir exclusif de leur peuple et ne naviguent jamais à contre-courant de
leur opinion publique, en piétinant au passage toutes les lois et les
résolutions internationales. Ils travaillent tous dans l’intérêt exclusif de la
nation qu’ils imposent à tout le voisinage. Il est vrai que l’état juif, comme l’affirment
haut et fort ses autorités, demeurent l’allié stratégique des américains et par
conséquent protégé contre toutes les représailles extérieures, bénéficiant par la même occasion de
l’immunité et de l’impunité des plus totales.
En face et à une ou deux rares exceptions, les républiques et monarchies
arabes écrasent leurs peuples en leur confisquant toutes les libertés
fondamentales. On les dissuade de soutenir leurs frères palestiniens
par la crainte d’être mal vus par les puissances occidentales qui à l’opposé
appuient de toutes leurs énergies l’état sioniste avec en somme toutes les
aides inimaginables. Tandis que les prisonniers de Ghaza croupissent et
gémissent sous les pilonnages et les supplices de leurs geôliers sionistes.
Alors là à imaginer des actions communes de ces vulnérables et instables
tutelles arabes pour la martyre Palestine, il n’y qu’un petit pas à franchir
pour frôler le blasphème.
Depuis le 8 juillet 2014, en 16 jours de bombardements et à l’heure où je
finalise ce papier, ce sont plus de 825 palestiniens qui ont péri sous les
décombres dont plus d’une centaine d’enfants et plus de 5250 blessés. En face,
ce ne sont seulement 36 soldats, il faut bien lire soldats et non des militaires
kidnappés comme le laissent entendre les médias de l’entité sioniste relayés
par ses clones avec à leurs têtes BFM Tv au pays de Hollande. Israël n’est pas
à sa première expédition punitive dans la bande de Ghaza. Depuis que le retrait
de ses forces en 2005 dans l’espoir de faire cesser les tirs de roquettes, israël
a monté trois précédentes opérations militaires, au mépris du droit
international, avec tout d’abord l’opération "Pluie d'été" en 2006
avec un bilan de 402 morts dont 7 du
côté israélien. Ensuite, l’opération "Plomb durci" en 2008-2009 qui
a fait 1330 Palestiniens tués contre 13 israéliens. Enfin,
l’opération "Pilier de défense" en 2012 avec 174 morts palestiniens
et 6 israéliens [1]. Les
chiffres parlent d’eux-mêmes.
Pour avoir une idée sur l’intensité de ces bombardements, ils sont même
visibles de l’espace comme le montrent les images prises par un astronaute, en
l’occurrence Alexander Gerst, depuis la
station spatiale internationale qui les a postées sur Twitter et sur lequel
apparaissent les nombreuses explosions consécutives aux bombardements
israéliens dans la nuit du 23 au 24 juillet. "C'est la photo la plus
triste que j'aie jamais prise…", écrit-il amèrement [2].
Selon Wikipedia [3], son armada dans les
années 2000 était composée de plus de 2 600 chars sans compter le matériel de
réserve, de 3 sous-marins, de 14 navires et de 48 patrouilleurs. Son armée
possède également plus de 370 avions de combat modernes notamment des F-16 et
des F-15. En outre, elle dispose de 215 hélicoptères et de nombreux drones.
Sans omettre de mentionner l’arme nucléaire et ses 175 ogives. Il est clair
qu’il faut revoir à la hausse ces chiffres lorsqu’on sait que l’entité sioniste
détient le record mondial en matière de dépenses militaires par tête d’habitant
en armements truffés de technologies de pointe.
Cette armée est alimentée par 200 000 actifs, hautement formés et de 600
000 réservistes, soit au total 800 000 soldates et de soldats puisés dans une
population de 6 millions de résidents juifs, et aussi hors de la Palestine
occupée qui ne sont nullement traités comme des djihadistes à la solde d’un
état de surcroît hors-la-loi. L’enfant gâté du monde, pour reprendre le
qualificatif d’un ami sur facebook, s’autorise de violer le monde libre grâce à
son puissant lobby éparpillé à travers toute la planète.
S’il s’agissait d’un pays arabe comme le fût l’Irak où les forces
occidentales s’étaient associées 2 fois de suite en l’espace de quelques années
pour détruire ce pays avec l’assistance et la tirelire des états arabes qui n’avaient
pas hésité un instant à mettre leurs contingents sous le commandement américain
ou avec la complicité des autres qui s’étaient dérobés de leurs
responsabilités. Si aujourd’hui le sang arabe ne vaut pas un sou, la cause
revient essentiellement à ses fantoches états arabes qui détruisent toutes voix
discordantes allant à l’encontre de leurs politiques d’aliénation aux
puissances étrangères qui leur accorde le quitus nécessaire avant de se
présenter aux urnes falsifiées de leur plèbe, basées principalement sur la
triche et le complot.
C’est pourquoi Israël tue tous les jours des dizaines de vies sans ne se soucier
guère et sans aucune retenue et sans qu’aucun dirigeant ne s’en offusque ni sa
voix se fasse audible. En tous les cas, des arabes tombent tous les jours par
centaines aussi bien en Syrie, en Irak, en Libye ou en Egypte pour régler des
problèmes de successions au lieu de les résoudre par des élections libres
et transparentes tout en garantissant une réelle alternance au
pouvoir.
Que dire en comparaison ce que détient comme armement la résistance
ghazaouie ? C’est tellement caricatural qu’on ne peut oser comparer
l’incomparable. Les détenus de la bande de Ghaza qui avoisine les 1 million 800
milles âmes, l’une des plus fortes densités de population au monde, luttent pour leur survie en plus d’un blocus
terre, air et mer qui dure depuis déjà presque 8 ans. Ghaza est privée
d’électricité durant 20 heures par jour et d’eau potable pour 60% de sa
population sans évoquer les autres produits de bases nécessaires au maintien de
la vie. Elle dépend à 80% des aides humanitaires Autant se sacrifier que de
rester dans cette situation de morts-vivants en attendant tous les jours la faucheuse
au coin de chaque mètre carré de ce lot de terrain de 365 kilomètres carrés.
C’est le combat de David contre Goliath des temps modernes. Au point que le
député britannique David Ward a tweeté un message justifiant la légitime
défense par le lancement de roquettes des résistants palestiniens sur la partie
occupée et qu’il est utile ici de le rappeler : "@DavidWardMP:
"The big question is - if I lived in #Gaza would I fire a rocket? -
probably ye", et sa traduction : "Toute la question est - si je
vivais à #Gaza, est-ce que je lancerais une roquette? Oui, probablement."[4].
Je suis quasi-sûr que les palestiniens seront prêts à échanger leurs
roquettes artisanales, qui font craindre le pire comme le prétendent les
israéliens mais les plages de Tel-Aviv sont pleines à craquer d’estivants. Ils
seraient prompts à les « brader » contre l’arsenal abyssal des
sionistes comme l’avait proposé en 1957 le héros martyr Larbi Ben Mhidi à
l’armée coloniale française avec sa célèbre citation « Donnez-nous vos avions
et on vous cédera nos couffins ».
Malgré cette disproportion des forces en présence, on peut se réjouir
quand-même du succès de la bataille de la communication remportée sur la
propagande sioniste qui est contrée superbement à travers les réseaux sociaux par
ces millions de facebookiens qui dévoilent en temps réel les atrocités commises
par son armée surtout contre ses enfants qui sont devenus, malgré
eux, des icônes de la résistance palestinienne. On ne sait toujours pas ce qu’en
pense le chanteur sioniste Enrico Macias sur son tube « Malheur à celui
qui tue un enfant ». Quant aux médias occidentaux, ils ont perdu toute
crédibilité en montrant leur vrai visage, épousant corps et âmes de la cause
sioniste. Ils parlent d’une guerre comme si les forces en présence sont plus ou
moins semblables.
Pour en finir avec les états arabes et leur ligue qui ne font que s’agiter dans
le vide lorsque les dés sont jetés et que les jeux soient faits. On se sent d'abord beaucoup plus
humilié par nos gouvernants avant de l'être par l'état sioniste. Tant que les
peuples arabes ne seraient pas libérés de leurs tutelles bernant dans des légitimités
préfabriquées, jamais le peuple palestinien ne verrait un soutien franc et
total comme celui que reçoit Israël de ses amis.
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Sources :