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Cet article est paru dans les colonnes du Quotidien d'Oran du Jeudi 11 Août 2016 sous le lien suivant:
-en format pdf zippé:http://www.lequotidien-oran.com/pdfs/11082016.zip
-en format html: http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5232335
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Cet article est paru dans les colonnes du Quotidien d'Oran du Jeudi 11 Août 2016 sous le lien suivant:
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C'est un vrai calvaire auquel vous êtes confrontés lorsque vous
conduisez durant une seule heure sur nos routes. C'est comme si on allait faire
une course d'automobiles ou participer à un rallye sans casques et sans mesures
de sécurité. À chaque fois que vous prenez la route, vous sentez que vous allez
défier la mort avec ces fous du volant. Faîtes surtout votre prière avant de
monter à bord tellement le risque est gros.
À la fin de la course-poursuite, si vous arrivez à sauvegarder
votre vie ou éviter un accident, vous êtes totalement usés, épuisés mentalement
et physiquement, lassés par ces comportements de terrorisme routier qui tue
plus que tout autre chose en ces temps-ci. Nos chauffards, ces boucaniers de la
route, ne vous laissent aucun moment de répit. Les duels et les défis sont
légendaires. Attention à celui qui ose. Ils dégainent tels des éclairs. Vous
êtes harcelés de partout surtout dans un rond-point où ils sortent de son
intérieur perpendiculairement à sa conférence pour vous couper instantanément la
route. C’est un nouveau code si vous n’êtes pas habitué. Il faut s’attendre à
toutes les surprises. Il va falloir s’acclimater à cette ambiance cahin-caha.
Vous êtes même pressés par derrière pour griller un feu rouge
comme si de rien n'était. Les klaxons commencent à fuser si vous hésitez un
seul instant à respecter la couleur rouge. Ceux de derrière vont voir rouge. Vous
devenez irrémédiablement aux yeux des autres, le fautif désigné alors que vous ne
faites qu’appliquer ce que vous avez appris du code de la route. Un
passant peut même vous dire que le feu,
malgré qu’il soit en marche, qu’on ne s’y fie plus. C’est ce qui m’est arrivé
au croisement du tramway à Es-sénia.
Dans les pays européens, cela vaut la perte de la moitié des
points de votre permis de conduire. Mais là, le code perd toute son
universalité. Il n’est valable qu’en mode local. Le mode international sonne
aux abonnés absents. Il n’a plus de valeur à force de l’hypothéquer à chaque
virage dangereux, en dépassant la file se trouvant devant vous avec à la clé la
ligne continue à inscrire sur votre tableau de chasse.
Si vous laissez entre vous et l'engin qui vous précède, un
moindre petit espace d’intervalle et voilà venir de derrière vous un bolide à
toute vitesse, sans le signalement d’aucun clignotant, pour vous doubler et
venir s'incruster de force comme une sangsue dans ce trou de souris avec tous
les dangers que cela supposent pour sa sécurité et celle des autres. Vous êtes
toujours en alerte, sur le qui-vive, les nerfs à point en train de vociférer. Vous
êtes dans un état second. Vous n’en revenez plus devant ces irrégularités
permanentes. Vous ne sentez aucune tranquillité dans cette chasse au défi, à
rechercher à être l’as de la route.
Le danger peut surgir à tout instant et de toutes parts. Il faut
tout le temps être sur ses gardes. Attention à celui qui croit rouler pour la
collectivité. Ici chacun roule pour soi, pour sauver uniquement sa peau si son
gage est concluant. Peu importe l’autre. Il peut crever. Il s’en fout même
éperdument du reste. Ici la jungle trouve toute la signification de sa loi. C'est
chacun pour soi et la tombe pour les autres.
Lorsque par votre malheur, vous vous trouvez au milieu d’un
cortège de mariage ou d'un convoi de poids-lourds, le risque se multiplie en
fonction du manquement des lois de la mécanique. Il vaudrait mieux s'éloigner
de la meute si vous tenez à votre peau et à la vie de vos passagers. Ils
perdent tout le sens, toute leur réflexion. L’instinct primaire est vite retrouvé.
On oublie la raison, l’école, les bonnes valeurs, la famille, le pays. On est
transposé dans un autre monde, dans des rodéos des temps nouveaux.
Je me pose la question comment l'Algérie n'a pas vu émerger des
champions de formule 3 ou 1 à force d'entraînements quotidiens sur nos routes
et à grandeur nature au milieu de ces excités qui ne reculent devant rien. Des
pilotent en herbe existent, il suffit de les détecter. Ils commencent leurs
carrières très jeunes. Une fois le permis en poche, ils sont aussitôt lancés
dans le bain grâce aux quatre roues acquises des mamelles de l’Ansej et de
l’argent de la facilité. Au bout de quelques mois, ils acquièrent de
l’expérience qui leur permettent de slalomer dans un bouchon de voitures quitte
à monter sur le trottoir ou rouler sur la bande en terre brute laissant des
brouillards de poussière à vous faire regretter de n’avoir pas pris votre
retraite de conducteur.
Il arrive que parfois, subitement, tout le monde ralentisse par
miracle à un rythme insolite. Les conducteurs deviennent soudainement tous
gentils, j'allais dire tous toutous sauf ceux qui ont le bras long. Pour
connaître la cause, il faut regarder à gauche en face dans l'autre voie et les
incessants coups de phare des automobilistes venant en sens inverse.
L'interdiction est à plus de 80 km/h mais certains freinent leur allure et
commencent à rouler même à moins de 60, tellement ils y tiennent à leurs poches
et à leurs papiers.
Après quelques centaines de mètres de trajet à la vitesse de
l'escargot, vous apercevez le barrage de la gendarmerie où rares sont ceux qui
sont pris au piège. On connait bien le système. Ce n'est que partie remise, le
guet-apens est remis à une autre fois. Une fois le barrage dépassé et après une
vingtaine de mètres, la partie reprend de plus belle. Ils retrouvent toutes
leurs sensations. Ces parties de cache-cache qui n'en finissent pas. Vous avez
envie de les dénoncer aux barrages suivants si vous arrivez à les identifier.
Mais peine perdue. Ils se sont déjà envolés.
Pourquoi doit-on devenir réglo
qu'à la vue du gendarme ou du policier en faction ? Pourquoi doit-on devenir
civique qu'à la vue de l’autorité ? Pourquoi nous ne le sommes pas tout
simplement par notre éducation, par une école performante comme dans les pays
civilisés ? Le fait que les incessants coups de phare incessants soient
nombreux, pose un problème de conscience, un problème de civisme. C’est-à-dire
que nous sommes pour l’illégalité, pour le piétinement des lois sans que
certains y trouvent une anormalité dans ce geste. Il faudrait que les
sociologues, les psychologues, les psychiatres ou les politologues puissent
nous l’analyser. Pourquoi les citoyens des pays développés voient une
dénonciation du non-respect du code de la route comme un comportement civique
alors que chez nous, il est considéré par la majorité comme une délation ? Ce
qui explique sans doute une des causes de notre actuel retard.
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