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Contribution parue le Dimanche 11 Juillet 2020 dans la Rubrique "Raina Raïkoum"
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Au début des années 1900 (début du XIX siècle), au
temps de la france coloniale, presque toutes les villes d’Algérie disposaient
de leurs propres journaux qui sortaient au moins une fois par semaine, même
pour les plus petites d’entre-elles de niveau arrondissement (daïra
d’aujourd’hui). Par exemple, une ville comme Relizane (un village de la taille
de nos villages actuels) avaient plusieurs titres : Le Réveil de Relizane, Le Progrès
de Relizane, L'Echo de la Mina, Le Petit Relizanais, l'Avenir de Relizane, La
Riposte et peut-être d’autres si on fouille bien dans les archives.
En feuilletant, ces jours-ci en cette période de
semi-confinement, quelques uns de ces numéros, je me suis aperçu que les
candidats aux élections municipales, régionales ou nationales de la ville de
Relizane durant cette période coloniale s’affrontaient avec des programmes à
l’appui qui apparaissaient dans ces journaux pour…….les européens qui savaient
lire, écrire, réfléchir et savoir voter. On n’omettait pas d’intégrer quelques
façades autochtones acquis à leur cause, pour la plupart formatés pour garnir
leur factice démocratie à sens unique.
Quant à la quasi-totalité des algériens de souche, ils
étaient considérés comme des serfs, des indigènes taillables et corvéables à volonté.
La politique, les affaires des villes, de la campagne, de l’Algérie ne les
concernaient point. Leur nombre en soi, est incompatible avec la démocratie
qu’ils ont établie. La « lutte » démocratique n’était destinée
qu’entre les colonisateurs et le bâton était l’emblème, pour dresser l’indigène
qui osait remettre en cause l’ordre établi. Il ne devait son existence que pour
acquiescer et glorifier la colonisation positive. D’ailleurs, il n’avait pas
d’avis à émettre. Le silence absolu et la bouche cousue lui était prescrits à
jamais.
Faire accéder les autochtones à l’éducation, était un
danger pour la france coloniale. C’était en faire d’eux des dangers permanents et
engager l’Algérie colonisée dans des périls une fois qu’ils goutteraient à ses
bienfaits, surtout au vu de leur nombre et les éveilleraient à revendiquer des
droits et pourquoi pas leur indépendance tant qu’on y est ? Les intégrer dans
leur démocratie, c’est remettre en cause l’ordre colonial car l’issue du
scrutin leur serait fatale. C’est la raison pour laquelle, ils avaient inventé,
par la suite, le second collège où la valeur de la voix d’un européen valait
dix voix celle d’un autochtone !
Le peu d’Algériens qui avaient réussi à passer les
trames du filet du savoir, avec simplement des niveaux de certificats d’étude
primaire, sont arrivés à réveiller et à sensibiliser leurs frères (pour la
majorité d’entre-eux des illettrés) à prendre conscience de leur destin. Pour
vous dire que tout doit passer par l’école et l’éducation. Ceci restera valable
encore plus de nos jours et jusqu’à l’éternité.
Lorsque l’Algérie a acquis son indépendance, les
français continuent encore, à distance, à penser que la démocratie dans des
pays comme le nôtre représente toujours un danger pour leur avenir et qu’on
doit rester éternellement sa zone d’influence, sa chasse gardée. Si les
algériens et en général les africains et les pays arabes accèderaient à la
liberté de penser, de réfléchir et de décider et que l’analphabétisme serait
banni à jamais, les intérêts des anciens colonisateurs ne seraient que menacés.
Ils sont sortis de ces pays mais leur âme est toujours quasi-présente. On nous
a toujours inculqués que sans leur assistance fortement monnayée, jamais on ne
pourrait s’en sortir de l’engrenage dans lequel ils nous ont cadenassés.
Pour vous affirmer que les indépendances de ces pays
n’ont pas été totales. Elles ont toujours été assujetties de conditions
inavouées et ligotées d’accords (secrets ou non) qui ne leur laisseraient point
la liberté désirée pour s’épanouir et se développer. Les chaînes qu’elles ont
mises à nos pieds sont encore présentes et qui ne nous laissent aucun moyen de
se défaire de la pensée unique qu’ils nous ont léguée. Si aujourd’hui, on nous
parle sans cesse de la main de l’étranger, je pense que c’est de celle-là dont
il s’agit.
Ce n’est qu’aux moyens de luttes permanentes dans tous
les domaines et les secteurs névralgiques que ces pays pourraient alors sortir
définitivement de ce schéma colonial laissé comme un poison à effet postérieur.
La réelle indépendance du nombril colonial serait encore plus longue à se
dessiner. Elle serait plus âpre à mener mais dont les fruits de ses batailles
seront savoureux à déguster et qui déclencheraient le véritable point de départ
de notre pays.
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