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Cet article est paru dans les colonnes du Quotidien
d'Oran du jeudi 30 Novembre 2017 sous les liens suivants:
-en format html: http://www.lequotidien-oran.com/?news=5253365
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Les vainqueurs
viennent d’être déclarés malgré quelques contestations et des protestations
sporadiques, ici et là. L’administration, la maîtresse d’œuvre du scrutin, va sans
aucun doute intervenir pour calmer la gronde et satisfaire les appétits des uns
et des autres en réarrangeant la distribution des quotas ou à promettre plus de
points aux vaincus pour les échéances à venir surtout pour ceux qui coopèrent à
légitimer le plébiscite. Il y aura pour tout le monde tant que la rente est là
pour soulager les plus sceptiques. Si j’ai bien compris, il ne suffit pas
d’être porté par un parti au programme ambitieux pour gagner une élection mais
il faut sniffer le bon cheval en haut de l’affiche de l’administration. Et
c’est ce que les candidats l’ont fait avec plus ou moins de réussite, si ce
n’est la déroute programmée.
Les
lampions se sont tus. La messe est donc dite et les choses vont entrer dans
l’ordre, comme d’habitude. Il ne subsistera dans l’oued que ses cailloux.
Seules les affiches électorales sur les panneaux officiels et anarchiquement sur
les murs du centre ville et des quartiers environnant en témoignent de la
campagne qui n’a pas été, faut-il le souligner, à la hauteur des espérances et
des défis du pays surtout avec cette crise qui est en train de laminer le
trésor public quoique les autorités se soient réjouies, comme il est toujours
d’usage, du bon déroulement de ce dénouement aux portes de la ligne de mire de
2019. On ne va pas quand-même aller jusqu’à se tirer une balle sur le pied. C’est
trop tard, le train a pris de la vitesse pour le stopper. Quant aux chiffres,
ils seront toujours mis en doute tant qu’ils ne sont pas totalement reconnus par
tous les acteurs politiques que ce soit parmi les participants, les boycotteurs
ou ceux qui n’ont donné aucun signe de vie. Seuls les pouvoirs publics
détiennent pour encore longtemps toutes les clés de l’énigme.
Malgré
les images folkloriques diffusées par les chaînes de télévisions officielles et
officieuses, en dépit des permanences furtives des candidats fortunés et de
leurs affiches dont les dimensions ont dépassé toutes les normes inimaginables,
rien dans notre quotidien n’avait indiqué qu’une campagne électorale locale se
déroulait sous nos cieux. Les uns ont même comparé cette campagne à
l’américaine en relation avec les oligarques qui ont agi dans l’ombre ou qui se
sont mouillés jusqu’au cou et dépensés sans compter. Leur avenir en dépend
largement. Il est temps de guider le taureau par les cornes et contrôler en
amont toutes les affaires juteuses qui peuvent tomber directement dans leurs
escarcelles. Ce n’est que bénéfice pour les sponsors. On sent que la pieuvre a
pris les commandes des leviers, non pas par de corrects investisseurs mais par
des prédateurs ayant amassé de fortunes crasseuses mal acquises tout en
graissant les pattes à tout-va.
On
ne peut effectivement parler de programmes cohérents et réalisables de partis
si ce ne sont des promesses lancées lyriquement et hasardement au cours des
meetings et où les bouffonneries ont marqué les esprits. On ne peut pas citer toutes
les perles ayant pollué la campagne. Il en faudra tout un recueil pour les
narrer et un jury pour les classer et décerner les médailles aux plus méritants.
La palme d’or reviendra logiquement à qui vous pensez. Faute de choix
judicieux, le peuple, qui s’est déplacé aux bureaux de vote, l’a fait surtout à
la tête de leurs clients comme si le programme se lisait sur le visage. Les
facteurs de la tribu et de la dechra, ont encore de nombreuses années à vivre.
On est encore loin, très loin des institutions républicaines que le peuple
algérien dans son ensemble aspire dans sa majorité à les bâtir. Dommage que ce
qui intéresse les autorités, demeure toujours le taux de participation. Et ce
qui explique pourquoi à chaque élection, ce taux hante les esprits des
responsables.
On
n’a pas entendu un seul parti nous dire avec quelles finances va-t-il
concrétiser ses promesses s’il sortirait vainqueur de l’urne ? C’est trop
facile de balancer en l’air aujourd’hui des engagements qu’on ne peut les
honorer le lendemain. Avec quel argent va-t-on construire des logements, des
écoles, nettoyer les villes, embellir les rues, se consacrer à la culture et aux
sports, etc… ? Même les moyens, seuls, ne peuvent suffire lorsque les
idées font défaut. Il ne faut pas être aveugle pour ne pas voir ce qu’on a fait
des 1000 milliards de dollars. Si des pierres du sommet de la pyramide jusqu’à
sa base, manquent en son intérieur, fatalement c’est tout l’édifice qui peut à
tout moment s’écrouler.
Les
partis vainqueurs croient dur comme fer qu’ils sont les représentants légitimes
des citoyens. Qu’ils sont les seuls à pouvoir réaliser leurs rêves. Qu’ils sont
les rares capables d’accomplir la mission qui leur a été accordée par les urnes.
Qu’ils seront tout au long de leurs mandats plus près des citoyens, à leur
écoute tout en n’oubliant pas d’être loyaux avec leurs serments. On verra ce
qu’il adviendra de ces paroles mielleuses distillées dans leurs tournées dans
les quartiers, surtout auprès des couches défavorisées à qui on a distribué
quelques maigres sandwichs en guise d’offrande de bonnes intentions pour se
souvenir de leur bienfaiteur le jour du scrutin. Le rapace appâte sa proie
avant de la broyer.
C’est
au peuple de choisir ses vrais représentants à l’instar d’une équipe de foot
qui joue pour les couleurs de sa ville. On peut soit monter une faible équipe
qui végète dans un championnat de niveau zéro, soit une équipe moyenne qui joue
dans un médiocre championnat ou tout juste moyen, soit une équipe forte qui
ambitionne de jouer les premiers rôles dans un championnat relevé. On peut ainsi
avoir toutes les combinaisons possibles, cela dépend de ce que l’on veut comme débouchés.
On peut devenir largement champion, se classer au milieu du tableau ou se
battre pour ne pas être reléguée en division inférieure. Cela dépend des équipiers
choisis et de l’état de motivation pour défendre le maillot du club jusqu’à la
dernier goutte de sueur. C’est comme cela que les élus se doivent de l’être. On
attend qu’ils se défoncent pour nous sur le terrain et non vendre le match à
qui leur offrira le plus et trahir la confiance des fans.
Cela
dépend également des forces et des moyens mis à la disposition de l’équipe par
ses dirigeants et aussi et surtout en fonction de la qualité de la division
dans laquelle ils aspirent à évoluer. On n’attend pas que les autorités nous
combinent un club préfabriqué qui n’est là que pour nous miroiter le mirage et
qui peut s’éclater en milles morceaux une fois que les dés soient jetés et les
desseins de ses concepteurs accomplis. Le retour au point zéro est plus que garanti.
Lorsqu’on
concourt dans un championnat rehaussé, on ne peut que progresser en gagnant
quelques points et en faisant valoir ses atouts. Le classement final ne peut découler
que du travail fourni, de la politique suivie et d’une vision basée sur le long
terme. En revanche, quand on se hasarde dans un championnat déficient où
l’arrangement et le trucage des résultats des matchs battent leur plein, où les
arbitres sont achetés et où la ligue est une partie prenante des conflits
entres les équipes adverses, le premier
arrivé en haut du classement ne peut être sacré comme l’authentique champion. Il
sera de fait éliminé des jougs internationaux dès les matchs préliminaires.
Les résultats
sont proclamés dans une élection où la carte électorale n’est pas encore
totalement définie tant que toutes les forces politiques du pays ne peuvent
librement s’exprimer et puissent participer sans aucun obstacle, ni par des
textes minés en amont et en aval, les élections propres et transparentes ne
sont pas décidément pour les proches lendemains. Et c’est la marche du pays qui
est forcément entravée. Au même moment où des partis célèbrent leur victoire
acquise dans l’ère de la démocratie, paradoxalement, des syndicats libres sont
empêchés de se rassembler pacifiquement aux portes d’Algérie et de constater
des députés des partis victorieux voter à mains levées une loi contre l’impôt
sur la fortune. On se pose la question s’ils se rangent derrière les électeurs
qui les ont en principe élus ou comme un rempart autour des oligarques qui les
ont adoubés.
Une
réelle redistribution des cartes engendrera à coup sûr des élections en totale
contradiction avec les présentes et les précédentes. On ne fait que reculer les
échéances. Avec cette jeunesse facebookienne connectée presque en permanence
aux réseaux sociaux, une telle politique de fuite en avant ne peut entrevoir un
avenir des plus sereins et engager le pays vers le mieux.
Maintenant
que les résultats sont entérinés, que les sièges sont squattés par des candidats
qui se sont appropriés par toutes les recettes invraisemblables les premières
places et surtout par une politique bouchée qui leur a permis d’usurper des
rôles qui ne leur sont point destinés si des balises adéquates avaient été
mises en place pour éviter tout détournement de la volonté populaire.
Devant
ce fait accompli, qu’ils assument alors leurs gages qui promettaient monts et
merveilles aux plus déshérités. Que les nouveaux élus osent afficher leurs
biographies et déclarer leurs patrimoines afin de donner un sens à leurs
élections et montrer leur bonne foi du moment où les citoyens en soupçonnent généralement.
S’ils veulent avoir la mémoire courte, l’Algérie les marquera indélébilement à
jamais dans le cas. L’histoire du pays sera impitoyable. J’ai bien la crainte
que sitôt les élections ficelées, les locaux de leurs permanences vont être
certainement bouclées à double tour…jusqu’aux prochaines échéances. Et rebelote
sauf un salutaire sursaut.
L’anecdote
que l’ont peut retenir de ces élections est de voir des partis que l’on croyait
marcher main dans la main, se dénoncer mutuellement dans le cambriolage de voix
et crier au scandale et au voleur ! Le plus marrant dans cette fiction est
de voir le parti né prématurément avec des moustaches, victime de l’alchimie
dont il est l’un des inventeurs de sa marque déposée, comme il le dénonce à
travers des vidéos postées sur Facebook et traite les bourreurs d’urnes de tous
les noms. À force de joueur avec le feu, on finira probablement par se brûler
les doigts et c’est valable pour les alliés de circonstance. Attention,
l’histoire réservera toujours de mauvaises surprises pour ceux qui croient
toujours que le monde leur est indéfiniment acquis.
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