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Cet article est paru dans les colonnes du Quotidien d'Oran du jeudi 07 Décembre 2017 sous les liens suivants:
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Maintenant que les
élections se soient déroulées quelles que soient leurs issues, saumâtres pour
les uns ou florissantes pour les autres, et ce après d’âpres batailles derrière
les rideaux entre les protagonistes et que les élus ou réélus soient irréparablement
installés et nous, mis devant le fait accompli, on ne sait pas ce qu’ils
doivent sentir une fois leurs âmes scellées dans la peau de représentants. S’ils
ont un brin de moralité de se questionner s’ils ont été bien ou mal élus avec
un taux de participation des plus maigres ou appréciable et, assorti d’élections
propres ou impures.
Cela se passe entre eux
et leur conscience. Peut-être que dans le cas inverse, ils ont l’intention de
se ressaisir et d’essayer de rectifier le tir au cours de leurs mandats mais
ils traîneront toujours derrière eux une certaine appréhension dans le cas de
l’expropriation de la légitimité. J’ai la crainte que le fossé risque de se
creuser davantage avec les citoyens si la maison de Luqman resterait en son
état et constater la confiance envers les élus locaux de plus en plus s’effriter.
D’autant plus que pour le
commun des mortels, l’on sait que les présidents d’apc et d’apw ne pèsent pas
assez lourds devant un wali ou un chef daïra. Qu’un élu local ne dispose pas de
toutes ses prérogatives qu’un responsable désigné. Il peut même être démis de
ses fonctions et remplacé sur le champ lorsque ses tares deviendront flagrantes.
Ce ne sont donc plus les urnes qui décident. C’est le vrai ordonnateur local
qui délibère. D’ailleurs dans leurs problèmes quotidiens, les citoyens
s’adressent en interpellant le plus souvent les commis de l’état que les dits élus.
Les images diffusées durant ces jours d’après scrutin de ces présidents locaux
installés lors de cérémonies protocolaires attestent pleinement de la pyramide
décisionnelle.
On entend le plus
souvent autour de soi, surtout parmi les plus sceptiques, que la démocratie, les
libertés, les droits de l’être humain, la réflexion et les journaux libres,
enfin tout ce qui nous semble faire le bonheur des peuples développés, ne nous
sommes pas destinés. Nous sommes encore immatures pour prétendre à cette
évolution surtout pour un peuple, pas encore totalement émancipé à effectuer le
grand saut. C’est pour cette raison qu’on intervient de là-haut pour éviter
toute déviation des électeurs qui veulent le plus souvent par désespoir tout
éradiquer. Il faut aller tout doucement pour ne pas perturber brutalement les
enjeux de ces décideurs dont la puissance repose essentiellement sur d’autres
équilibres autres que ceux du scrutin et dont le citoyen lambda les ignore
complètement. C’est dire qu’on entend quelque part que le pays n’est pas encore
prêt de céder ses attributions à des élus dont on doute la crédibilité. Qu’on
ne peut accepter qu’une majorité soit venue du néant sans aucune formation à la
base ni un programme d’action bien réfléchi. Ils ne sont là que pour garnir les
institutions jusqu’à ce que le pays puisse affronter tous les défis. On veut
juste qu’on nous le dise franchement, qu’on n’essaie pas de dissimuler et nous
miroiter une démocratie clés en mains sans aucune valeur sur le terrain.
Pourtant, c’est ce même
peuple qui deux générations plut tôt est allé exprimer le 1er juillet 1962 son inébranlable volonté
de prendre en mains son destin avec un taux de participation de presque 92 %
et un fort « Oui » l’emportant avec 99,72% des voix exprimés. Quoiqu’en
1962, il était composé à plus de 90 % d’analphabètes mais connaissant
parfaitement ses devoirs envers l’histoire et le pays. On ne sait pas qu’est-ce
qui a changé depuis en dépit du taux d’analphabétisme qui est tombé à moins de
40 % à la fin des années 1990 et rabaissé à 20 % au terme de la
première décennie des années 2000. De deux choses l’une, ou bien le peuple a
régressé en perdant soudain sa maturité ou bien l’on va se cogner directement contre
un mur.
Un peuple qui a été
élevé sous l’autoritarisme, n’aspirerait qu’à s’en débarrasser du système si
l’occasion lui serait fournie auquel il ne lui donnerait nullement la moindre
chance de subsister. Il l’enterrerait de toutes ses forces et l’étoufferait
jusqu’à sa disparition.
Il ne peut actuellement
prétendre à autre chose que le sort éternel et fatal qui lui est réservé. C’est
à la contrainte qu’il recule les yeux baissés, les mains et les pieds ligotés.
C’est sa cure permanente, impossible de s’en passer. C’est d’autant vrai quand
l’ignorance et l’analphabétisme battent le plein. C’est à la routine qu’il ait
droit jusqu’à la perte de tout espoir de mutation. Le seul horizon qu’il lui
reste, c’est de brosser à outrance dans le sens du poil. Ou bien, il choisit de
lutter de toutes ses forces en naviguant à contre-courant jusqu’à ce qu’une
lueur d’espoir pourrait surgir et le sauver du néant.
Les pessimistes qui
répandent le premier choix, ne sont là que pour briser toute ambition. C’est le
rôle qu’il leur est assigné pour perpétuer l’ordre établi. Ils veillent en
toutes circonstances sur leur butin. Ils ne veulent aucunement perdre leurs acquis
profanés. Ils ne vivent que pour les fructifier. Ils ont la crainte de se
retrouver au bas de l’échelle si jamais la hiérarchie des vraies valeurs est
établie. Ils savent que ce ne sont que des indus-occupants. Ils y tiennent
absolument à leurs trônes à l’instar de sangsues. Ils ne sont nullement arrivés
par le biais du mérite mais par l’intermédiaire de la brosse et du clientélisme
à tout va. Ils savent en leur for intérieur que tout bouleversement leur sera inéluctable.
C’est pour cette cause qu’ils veulent que le pays reste en son état de
stagnation.
Ce sont des
prédicateurs d’un temps nouveau qui règnent en maîtres des lieux. Ils prophétisent
dans leur boule magique le sortilège sur tout ce qui peut les menacer avant de
l’avoir expérimenté. On étouffe l’inspiration effrayante dans son œuf. On ne la
laisse pas grandir. On l’écrase de toutes les forces. N’est-ce pas des petits
concepts que naissent les grandes aventures ? Il faut mieux avorter le
fœtus dans le ventre avant qu’il ne délivre les premiers cris de la vie. On l’expédie
aussitôt aux fins fonds des ténèbres. Leur avis est dans un sens unique,
soufflé dans leurs oreilles par leurs parrains. La langue de bois est leur
causerie favorite. Ils ne plaident nullement contre ceux qui les nourrissent à
la pelle au mépris des lois du pays. La mangeoire est ainsi leur plat préféré.
C’est par cette
politique régressive qu’ils annihilent toute velléité dans les rangs. Ils
veillent au grain, nuits et jours sans aucun relâchement. Car leur avenir est
en danger. Ils ont malheureusement amarré leur destin à celui du pays. S’ils
tombent, c’est le pays tout entier qui subirait un séisme irréversible.
Pourtant, ils ne sont là, en principe que pour la pérennité du pays. Mais en
réalité, ils s’en foutent éperdument. Leurs comptes en banque sont biens
garnis. Au moindre soubresaut, ils ficheront le camp sans aucuns remords ni le
moindre patriotisme.
Ils n’ont pour mission
que pour abêtir le plus de monde dépassant la limite de l’insoutenable. Ils
font tout pour lui rabaisser le moral jusqu’au niveau d’ignorance le plus exécrable.
Jusqu’à lui faire avilir le moral. Le pessimisme de ceux d’en-bas se nourrit malheureusement
de ce néfaste état d’esprit.
À chaque fois que vous
voulez entreprendre une idée, c’est avec les critiques les plus acerbes et décourageantes
qu’elle est accueillie. L’a-t-on exercée pour affirmer ainsi ? Les pays
développés sont restés des années avant de trouver leur voie. Pourquoi pas
nous ? Il suffit d’adapter les bonnes recettes qui se font ailleurs. La
cause de ce pessimisme légendaire? C’est toujours à travers notre prisme, nos
amères expériences que nous regardons les actions des autres.
Il faut être patient.
Il faut persévérer. Ce n’est qu’à travers les échecs que les futures victoires
se construisent. On pense toujours que si cela n’a pas réussi chez nous, on
fait tout de suite le raccourci que ce n’est plus la peine de l’essayer
ailleurs. Pourtant c’est à force de creuser que l’on trouvera le trésor. Un
pays qui ne compte que sur la sueur du front de ses citoyens, ce n’est pas
comme un pays qui consomme plus que ce qu’il produit. C’est ainsi que l’on peut
révoquer le pessimisme pour ressusciter la vie à l’optimisme.
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