samedi 11 avril 2009

A quand un éveil écologique citoyen en Algérie ?

Par Mohammed Beghdad (*)

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-Article paru:

1°) dans le quotidien d'Oran du 06/10/2008

2°) dans Elwatan en 2 parties les 03 et 04 Février 2009:

  1. 1ère partie: http://www.elwatan.com/A-quand-un-eveil-ecologique
  2. suite et fin: http://www.elwatan.com/A-quand-un-eveil-ecologique,115938

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« L'écologie est aussi et surtout un problème culturel. Le respect de l'environnement passe par un grand nombre de changements comportementaux ». Nicolas Hulot.


L’odieux constat de notre environnement

L’environnement dans notre pays se délabre de jour en jour au vu et au su de tous presque dans l’indifférence absolue des autorités concernées et de la population. C’est aussi le rôle d’encadrement échu aux différentes associations du domaine. C’est regrettable qu’elles ne désirent se faire exhiber qu’en compagnie des autorités locales et centrales. Elles confondent entre travail du terrain et celui des salons. Heureusement que ce n’est pas le cas de toutes ces associations mais il reste énormément du chemin à accomplir. Evoquer évasivement ici les associations ne peut suffire, ça exige des parchemins d’articles. Les authentiques associations existent et elles activement beaucoup plus dans l’ombre sans faire de chahuts, leurs efforts sont reconnus par tous. Elles ne cherchent ni la notoriété ni sollicitent de quelconques avantages.

La question principale est là : pourquoi sommes-nous si hostiles à la propreté et à l’environnement ? C’est une fatalité à laquelle nous nous sommes résignés depuis belle lurette. Traverser les villes et la campagne nous laissent interrogatifs sur l’étendue du phénomène sans que personne ne s’inquiète ni ne bouge le petit doigt.

Franchement j’ai un doute, peut-être par lassitude, sur notre foi en Dieu. Dans notre religion, la saleté est synonyme de la paresse. On n’arrive pas à expliquer l’association de notre religion aux puanteurs que nous respirons de partout. En se référant aux préceptes fondamentaux de notre religion, nous sommes tenus d’être plus soignés mais c’est tout l’opposé qui règne en maître absolu. Que fera-t-on du hadith de notre prophète qui précise nettement que la propreté émane de la foi dont est issue l’amour de la patrie. La propreté, la foi et l’amour de la patrie sont étroitement liées ; elles ne peuvent être dissociées dans l’islam. Ne pas supporter nos gouvernants est une chose qui ne doit en aucun cas signifier le reniement à l’adoration du pays et le laisser-aller.

Que dira-t-on sur nous ailleurs à la vue de la décharge publique à ciel ouvert qu’est devenue notre chère Algérie. En effet, les décharges sauvages se sont propagées à une allure sans précédent, conséquences des ordures jetées anarchiquement en n’importe quels endroits. Il suffit qu’une personne jette un sac rempli d’ordures en un coin non approprié que tout de suite c’est la ruée vers ce lieu, une journée ou deux journées permettront l’inauguration d’une décharge fraîche. Les Algériens sont devenus des champions de la réalisation furtive de ce type d’avilissantes décharges. Même les décharges officielles sont devenues sauvages, effectivement les collecteurs d’ordures larguent les détritus hors des limites prescrites. La décharge publique à la sortie de l’ancien village agricole Hassi Mameche dans la wilaya Mostaganem en est une preuve incontestable. Les décharges sauvages foisonnent de nulle part. Ce véritable fléau, qui s’est développée abominablement dans les villes, touche maintenant de façon critique nos campagnes, sous nos yeux désabusés, impuissants voire passifs comme si le désastre écologique s’étale sous d’autres cieux.

Qu’en sera-t-il pour les années à venir ? Où va l’Algérie avec ce rythme infernal ? Ce sont de parfaits crimes écologiques contre le pays. Quels sont donc les traitements à prêcher pour retrouver la propreté d’un pays ordinaire ? Doit-on croiser les bras et rester impassibles et inaudibles à l’appel de la nature ? Attendons-nous une ingérence étrangère pour s’immiscer dans nos affaires environnementales ? Sommes-nous aussi incapables de devenir des citoyens civilisés ? Autant de questions restées suspendues sans réponses.

L’aspiration du pays à sortir de son sous-développement passe obligatoirement par l’éradication de cette adversité à la modernité. On ne peut imaginer un instant des détritus déposés hasardement sur un endroit de n’importe quelle ville européenne. Pourquoi cette abdication et cette négligence complices ?

Pourquoi notre pays est devenu synonyme de la malpropreté et l’oued d’El-Harrach symbolisant maladroitement l’icône de cette légende. Ses odeurs nauséabondes illustrent parfaitement bien notre défaillance nationale face à la crasse submergeant de partout le pays. En tous les cas, l’oued d’El-harrach n’est pas exclusif, des clones prospèrent dans toutes les villes. Chacun d’elles possède son offense. On se précipite de boucher le nez dès le passage de la zone taboue. Quelle déchéance !

De l’aveu même des spécialistes et de hauts responsables, notre capitale se trouve pointer aux premières loges des villes les plus encrassées au monde. Le superlatif d’« Alger la blanche » ferait ironiser plus d’un aujourd’hui.

N’a-t-on pas encore acquis la conscience collective nécessaire pour prendre en charge sérieusement et efficacement cette catastrophe des humains ?

Prions Dieu de nous épargner de cette tare volontaire pour notre pays ajoutée à ses problèmes multidimensionnels politiques, sociaux et culturels. Pourquoi ce signe indien qui nous poursuit de partout ? Sommes-nous inaptes à solutionner cette néfaste déficience qui ne semble émouvoir aucune âme sensible ? Sommes-nous condamnés à rester ainsi jusqu’à l’éternité ? Ça y va de notre santé et de notre survie.

Ce sont là toutes des questions crues et brulantes, parmi d’autres plus abondantes, que se posent depuis plusieurs décennies bon nombre d’Algériens soucieux du devenir de leur espace.

Les campagnes sporadiques d’assainissement de type « Blanche Algérie » lancées ici et là à coup de milliards ont plus contribué à l’aggravation du mal qu’à sa disparition, on a récolté l’effet Boumerang. Il faut un véritable plan ORSEC permanent pour dénouer ce malheur dans la durée où tous les présumés citoyens doivent être fortement impliqués.

Il y a à peu près une vingtaine d’années, le comédien Mohamed Fellag, dans un de ses célèbres sketchs, avait osé comparer l’Algérie à la Suisse dans un humour propre à l’Algérien typique. Il a même révélé la cohabitation en parfaite symbiose de l’Algérien avec la malpropreté et ses odeurs. Ainsi, nous sommes devenus immunisés contre tout ce qui est ordures. Que dire aujourd’hui de ce négatif tableau brossé par Fellag à l’époque. Nous avons vu et revu cette scène et nous en avons raffolé. Fellag aurait aujourd’hui simplement mesuré le creuset qui nous sépare de la mitoyenne Tunisie pour ne pas aller plus loin. Nos concitoyens de retour de vacances de la Tunisie n’arrêtent pas de vanter la propreté des lieux qui sévit là bas. Encore une fois, nous sommes battus par la petite Tunisie. Le complexe d’infériorité continue hélas de perpétrer son chemin.

Les étrangers en visite dans notre pays sont sidérés par notre carence à abandonner un si beau pays en pleine déconfiture écologique. Le malheur est plus profond que l’on ne s’imagine si nous n’arrivons pas sortir de ce m…(il n’y a d’autre mot plus qualificatif). Une véritable révolution des esprits s’impose.

La propreté est l’affaire de tous, sans des citoyens éduqués ayant un sens profond et évident du civisme, on ne peut faire long feu. Rendre nos rues propres, c’est entretenir l’espoir de développement du pays. Avec cet encombrant lourd fardeau, il est illusoire pour notre pays de rêver à rejoindre les nations en voie de propreté.

Dans ce qui suivra, on va essayer de donner quelques exemples qui ne sont qu’un simple petit échantillon représentatif de notre débâcle écologique.

Le contraste du chez soi

C’est avec un plaisir certain que nous allons commencer par le chez soi de tout Algérien respectueux des moindres préceptes de la propreté. Les Algériens dans leur grande majorité ne badinent pas avec la propreté à l’intérieur de leur demeure. Immédiatement, lorsque l’eau arrive au robinet, c’est le grand toilettage au dessus des normes. La ménagère Algérienne est très maniaque, nettoyant dans les moindres recoins faisant fuir la saleté de partout. Du matin au soir, elle mène une guerre sans merci contre l’insalubrité.

Les invités doivent avertir les propriétaires avant de rendre visite. Même s’ils atterrissent chez soi à l’improviste, dans un branle-bas de combat tout sera remis en ordre en un quart de tour. Les nôtres sont bien rodées. La maîtresse de la maison a horreur qu’on émette une quelconque remarque négative sur la netteté des lieux. Si vous vous hasardez à faire rentrer une personne étrangère sans avertir madame, alors il ne vous reste plus qu’à boucher les oreilles. La règle du jeu est de ne pas refaire ce coup considéré comme blessant par toutes les femmes Algériennes. D’ailleurs, les familles algériennes font le grand ménage, de fond en comble, quelques jours avant le mois sacré du Ramadhan, c’est la grande lessive.

Cela prouve leur profond attachement aux fondements de la clarté. Si les maisons des Algériens sont très bien entretenues, c’est toute l’étrangeté avec l’au delà du palier. Ce sont deux mondes complètement différents collés l’un à l’autre. Pourquoi cette proximité contre-nature ? L’Algérien n’a aucune confusion à vivre simultanément dans deux univers contradictoires. C’est aussi ça le paradoxe Algérien qui peut faire l’objet d’un bon sujet de recherche pour les sociologues, les psychologues et pourquoi pas …… les psychanalystes et les psychiatres puisqu’on y est en pleine détresse.

Les villes dépotoirs

La première constatation, que font les visiteurs nationaux de passage à Mostaganem, est la propreté de la ville comparativement aux leurs. Mais lorsqu’on veut translater cette remarque par rapport aux villes de nos voisins immédiats marocains et surtout tunisiens, on s’aperçoit amèrement que l’on est loin du compte. On ne rêve même pas d’entretenir l’espoir de pousser la comparaison avec les pays développés, c’est comme le jour et la nuit.

Alors la question révoltée qui me vient à l’esprit est la suivante : pourquoi nos villes sont-elles aussi sales et abîmées ? Pourquoi cette indiscipline collective ? La propreté de la rue ne concerne apparemment que les collectivités locales. Il n’y a qu’à voir lorsque les services d’hygiène tardent à ramasser les ordures ménagères.

Certes, les responsables locaux ont une responsabilité incontestable dans ce désordre écologique mais de très très nombreux « citoyens » n’ont pas encore atteint le degré de citoyenneté qui fait encore défaut chez un grand pourcentage d’entre nous. Les premiers galons de la citoyenneté doivent être obtenus en nettoyant notre entourage d’abord avant d’ambitionner à aller purifier ailleurs. Sans un environnement sain, c’est chose perdue d’avance.

Rappelez-vous, à une certaine époque, on apprenait à la population le volontariat qui était une bonne manière d’apprentissage du civisme. On a même perdu notre « Touiza » de nos aïeux, dommage qu’elle ne fait plus partie de nos traditions sauf peut-être rarement en milieu rural.

Les bennes des ordures, déposées dans les quartiers, offrent un visage affligeant de la ville. Parfois une poubelle d’environ un mètre cube pour plus d’une centaine de foyers.

Quant aux balayeurs d’antan de la municipalité, on les a perdus de vue depuis la nuit des temps sauf peut-être dans les centres villes ; tant pis pour les banlieusards.

Les constructions à l’Algérienne ont accentué l’état pitoyable de nos cités. La clochardisation a achevé le reste. D’hideux immeubles, sans aucune forme architecturale, meublent notre affreux embellissement. Lorsqu’on visite les nouveaux quartiers de nos villes, les repères sont inexistants, on ne sait même pas dans laquelle on se trouve. Il est amer de le dire, et tant pis pour le nationalisme et le nif, que si nous n’avions pas hérité les constructions des villes coloniales, quels genres de villes aurions-nous construites aujourd’hui ? Elles seraient certainement toutes semblables. C’est même triste d’avouer que les chinois ont quelque peu soigné l’image architecturale durant ces quelques dernières années comparativement à nos immeubles cubiques.

N’en parlons même pas des passages souterrains édifiées dans certaines villes, il faut se boucher le nez pour les emprunter. Ils sont tout simplement devenus des toilettes publiques.

Lorsqu’on visite un quelconque marché, la première chose qui frappe les esprits, c’est toujours la laideur déplorable. Le détail importe peu, tous les Algériens connaissent ces lieux du fait de leur quotidienne fréquentation. Le marché, avec ses alentours, est l’un des centres de gravité de la saleté.

Se hasarder à aller dans les restaurants est une autre galère, l’appétit est brutalement coupé si jamais on se hasarde à visiter les cuisines. On est loin à des années lumières du mythique guide Michelin.

Idem pour les cafés où les tasses sont nettoyées selon des règles propres à nous. Il faut aussi remarquer le tablier du serveur qui ne sent que très rarement la lessive.

Que dire de ces multiples gargotes, la plupart ne respecte aucune norme d’hygiène. Les microbes pullulent dans ces endroits très prisés par les citoyens. Les atteintes de maladie sont légion dans ces milieux incontrôlables.

Dès qu’un léger vent se lève, le ciel de nos cités se transforme en un ballet incessant de papiers et sachets volants de toutes sortes en plus de la poussière. Les rues n’ont pas été nettoyées depuis la dernière visite d’une autorité.

Quant aux éboueurs, ils œuvrent dans des conditions déplorables en plus des moyens dérisoires dont ils disposent pour accomplir cette tâche ingrate. Parfois, ils ramassent les ordures à même le sol et de leurs propres mains en prenant des risques avérés au détriment de leur santé. On ne les a jamais vus porter des masques, il ne manquait que ça !

Il y a également d’autres éboueurs d’un type particulier, ce sont les fouineurs des poubelles. Ils éventrent tous les sacs à poubelles en opérant surtout la nuit cherchant la moindre occasion. Ils récupèrent tout ce qui peut servir mais abandonnent derrière eux un autre affreux spectacle. Dans les pays développés, une poubelle vaut de l’or. Des usines de traitement de déchets est plus que souhaitable dans le pays où beaucoup de choses intéressantes seront ainsi récupérées comme matière première pour l’industrie. Des emplois peuvent être également créés. On pourra faire d’une pierre plusieurs coups. Mais notre pays est encore loin du recyclage de ses déchets car notre défaut provient de nos réactions tardives. Les déchets ferreux et non ferreux ramassés dans tout le territoire ont fait de nombreux milliardaires. Les récupérateurs des objets en plastique suivent le même cheminement.

Si on continue à décrire l’état de nos villes, un véritable réquisitoire n’assouvit nullement notre peine tellement le cataclysme est énorme. On peut citer dans le désordre les stations de taxi et de cars, les écoles, les hôpitaux, les universités, etc…et tout le reste.

Les conséquences de la salissure sont assez nombreuses. Les médecins sont plus aptes à nous faire de longues explications sur la question.

Une conséquence directe de cette hécatombe provient des petites bestioles qui hantent nos nuits et aussi nos jours en toutes saisons. Il s’agit bien sûr de nos compagnons nocturnes les invulnérables moustiques, les mouches font aussi partie de la fête du festin de notre chair. Elles font quand même des heureux, ce sont les vendeurs des pastilles et du « flytox » qui crèvent le budget de nombreuses familles et menacent la santé. Il fait tard au moment où j’écris ces lignes, une moustique s’est soudainement attaquée à moi pour défendre sa croûte. C’est un combat de longue haleine qui n’est pas prêt de prendre fin sans s’attaquer aux racines de notre supplice.

Enfin, excusez-moi si j’évoque ici les crachats d’une catégorie de citoyens parachevant le reste. En effet, nos rues se sont converties en d’authentiques crachoirs. Baladez-vous en ville et constatez-le de vous-même l’étendue de la pourriture. Ça crache de partout surtout avec le tabac à chiquer. En hiver, on évite le pire surtout avec les épidémies de la grippe.

Encore qu’ici, les bidonvilles accrochés à de nombreuses villes n’y ont pas fait l’objet, c’est une autre histoire sans doute très difficile à décrire, encore faut-il un long reportage pour brosser la pénible vie régnante en ces lieux.

Finalement, je pense que l’Algérie ne pourra espérer sortir de son sous-développement écologique que si elle arrivera à gérer ses ordures et devenir saine. C’est une question de longue haleine demandant la participation effective de tout le monde.

Le calvaire des immeubles

Un collègue enseignant m’a fait l’amère constatation : les « citoyens » cohabitant à l’intérieur d’un même immeuble s’en foutent quasiment de la propreté de leur cage d’escalier commune paradoxalement à leur intérieur tenu propre comme décrit ci-haut. Si la cage d’escalier est bien entretenue, c’est certainement grâce à des voisins tenaces de bonne volonté.

Certains immeubles ont des caves inondées par les déversements d’égouts et qui dégagent à longueur d’années des odeurs à vous couper le souffle. C’est le refuge idéal des taupes et des rats et sans oublier les fameuses moustiques. L’enfer sur terre !

L’immeuble de Hadj Lakhdar n’existe que dans l’imaginaire de notre orpheline unique télévision nationale. Il y a un proverbe lourd de sens bien chez nous qui démontre une fois de plus le dessus de l’individualisme sur le collectif : « Lorsque tu constates que quelque chose marche bien quelque part, il faut conclure que tout repose sur une personne ». Avec cet adage, l’on ne peut aller loin dans la construction d’une vie collective citoyenne. Tout ce qui dépasse leur devanture ne les concerne point.

Le paradoxe des sales belles plages

L’Algérie possède de très nombreuses plages sur un littoral de 1200 km, les unes plus belles et sales que les autres. Certaines sont paradisiaques enchantant tous les estivants. Mais lorsque vous déambulez sur le sable doré, vous mesurez bien l’insensibilité des baigneurs. Un véritable bijou transformé en vidoir. Les bouteilles de plastiques servent comme décoration, les boites de sardines jetées un peu partout, des déchets orduriers, des débris de verre de bouteilles, des sachets d’emballage, etc….s’entassent perpétuellement depuis des années.

C’est rare où les municipalités, dont dépendent ces plages, s’inquiètent de leur sort. Ils louent les parkings et les plages mais l’argent engrangé dans les caisses ne part pas là où il le faut.

Les plages abandonnées par les APC et récupérées par des bandes organisées sont aussi dans un état lamentable.

En rase campagne

Le monde rural est en train de suivre malheureusement le même chemin. Dans la compagne : les sachets de toutes les couleurs forment le champ de visuel lorsqu’on prend la route. Des kilomètres et des kilomètres d’ordures sur les 2 chaussées de la route donne un aperçu sur le massacre de l’écologie en Algérie.

Les souks hebdomadaires comme celui situé à 2 kilomètres à peine de Sidi Khettab dans la wilaya de Relizane en est un exemple frappant. Des hectares et des hectares chargés de milliers de sachets accrochés sans que la municipalité n’utilise ses ouvriers communaux pour les ramasser. Une partie de l’argent des droits d’accès et du parking peut commodément régler ce problème. Un balayage est indispensable chaque semaine pour mettre un terme à cette propagation du fléau. L’Algérie est pleine d’encombrants souks du même type que celui de Sidi Khettab.

Si vous prenez le train, le même spectacle pessimiste vous plonge dans l’amertume et la désolation. Est-ce que les responsables concernés ont-ils la cécité ? A ce que l’on sache, l’état Algérien dispose d’un ministère de l’environnement et des directions dans toutes les wilayas. N’ont-ils pas le budget nécessaire pour le faire ou sont-ils dans l’incapacité de gérer ce secteur stratégique causée par la perpétuité des maux ? Ce n’est pour lancer des polémiques mais la question nous rend malade.

C’est vrai que le secteur de l’environnement active à foison mais on le voit surtout à la télévision nationale et dans la presse, la virtualité en est une chose différente du vécu quotidien. A l’heure où l’on parle d’usines de traitements de déchets ou de centres d’enfouissement des déchets à la TV et dans les journaux, la réalité du terrain est tout autre. Elle sévit dès lors qu’on quitte le domicile.

Le tourisme que l’on est en train de nous enivrer à chaque occasion à la TV, ne marchera de pair qu’avec la propreté.

La saleté ennemie jurée de la nature

La propreté est l’alliée par excellence et évidente de la nature. Là où la saleté sévit, la nature a pris un sérieux coup.

Je vais vous raconter une anecdote vécue d’il y a quelques années dans une de nos cités quelque part en Algérie. Par la force des choses, ce fait divers n’est pas unique chez nous, il est devenu quasi fréquent. On avait alors planté des arbres avant la distribution des logements de la dite cité. Juste avant l’inauguration, le premier responsable de l’époque est venu inspecter la cité avec ses proches collaborateurs. Pour une raison ou une autre, une demi-heure après son départ, on avait assisté bouches bées à l’arrachage sauvage de ces arbres. Les ouvriers affectés à cette ignoble tâche avaient même fait appel aux enfants des quartiers avoisinants pour accomplir la sale besogne contre-nature. Voilà comment on apprenait aux enfants à protéger la nature. Ces arbres n’ont jamais été remplacés dix ans après ! Au lieu de déraciner ces arbres délicatement et les replanter ailleurs, on assistât passivement à cet acte délibéré qui aurait constitué un délit grave, passible de la prison assorti d’amendes conséquentes.

Rappelons-nous, dans les années 70, le programme du barrage vert réalisé par les premiers contingents des appelés du service national. On se lamente aujourd’hui qu’il n’a jamais été depuis suivi. L’Algérie doit concentrer ses efforts pour mettre en place un programme raisonnable pour rattraper le retard.

La 2ème histoire date d’il y a deux années ou trois années ; la télévision nationale en avait fait ce jour là la une de son journal de 13h et dans celui de 20h. C’était quelque chose d’inédite dans nos mœurs qui hors de notre pays est une chose banale. En effet, l’événement national se passait dans un quartier de la ville de Sidi Bel Abbès où une personne a édifié à lui tout seul un jardin et des aires de jeu pour les enfants de son quartier. Le passage à la une du journal télévisé a prouvé la frustration profonde des Algériens qui souffrent du manque des espaces verts. Le personnage de Sidi Bel Abbès sort de l’ordinaire et paraît même bizarroïde aux yeux de notre société trop individualiste. Pourquoi un citoyen peut-il consacrer volontairement du temps à cette entreprise insolite ? Voilà une autre preuve éclatante de la primauté du travail individuel sur celui du collectif.

Ces jardins qui faisaient jadis la fierté de nos villes ont disparu à jamais de notre vue. Dommages pour nous tous de l’état dont nous avons fait. Certaines villes ont choisi de fermer ce qui reste comme jardins publics. Par crainte de dégradation, elles ne sont ouvertes qu’à des horaires précis. De plus, ce n’est même pas la peine de s’y aventurer à cause des clochards qui ont élus domiciles. Ce n’est même la peine de s’interroger sur le nombre de jardins publics dignes de ce nom que l’Algérie a érigé depuis notre indépendance. La moindre parcelle utile a été sujet à convoitises diverses. Même des places publiques on été squattées. Inscrire un jardin public dans le programme d’une APC relève de l’utopie.

C’est un phénomène très rare pour ne pas dire inexistant de trouver comme jadis des maisons à devant-villas fleuris. Pire encore, celles qui l’étaient à l’indépendance ne le sont plus depuis longtemps. Elles ont été tout simplement démolies pour devenir des commerces afin d’assurer l’avenir et ses arrières comme le dit-on si bien chez nous.

Les rues fleuries, on ne les reverra pas de sitôt peut-être jamais même dans la capitale des roses. Heureusement nous comblons ce manque de la nature lors de la saison printanière lorsque le bon Dieu nous accorde de s’abreuvoir de ses précieuses pluies pendant l’hiver.

Enfin en sport, jusqu’à présent nous sommes incapables de fournir à notre équipe nationale un terrain de football à la hauteur des équipes africaines pour ne pas dire européennes. Ça ne doit pas sortir de l’impossible de doter notre porte flambeau footballistique d’un terrain gazonné de 120 mètres sur 60 mètres sur la seconde grande superficie africaine. Justement les équipes africaines jouent dans de superbes terrains comparativement aux nôtres. C’est fini pour eux les terrains de champ de patates, c’est nous qui les avons hérités. Il y a quelques années, l’équipe du Nigéria avait joué un match officiel contre notre équipe nationale à Oran. Lorsque les visiteurs avaient demandé de mettre à leur disposition un terrain en gazon pour s’entrainer, les responsables de la FAF leur avaient alors proposé d’aller soit à Mostaganem ou Sidi Bel Abbès. Croyant à une farce pour les déconcentrer, ils s’étaient plaints à la FIFA mais ils avaient tort. La seconde ville d’Algérie ne disposait pas d’autres terrains corrects en herbes. L’histoire n’a pas été retenue et les verts continuent de vagabonder d’une ville à une autre en quête d’une potable pelouse.

D’urgents remèdes

Les remèdes existent pourvu qu’on les applique à la lettre. Tout le monde connaît les gestes nécessaires à l’éradication du mal, elles empruntent la logique et le bon sens. Si l’on arrive à organiser et à sensibiliser les citoyens. Tout le reste sera évident.

La sensibilisation doit être faite selon des canaux qui peuvent toucher la population. Ce sont les adultes Algériens qui accusent un déficit flagrant ; il faut commencer par cette frange de la population pour passer ensuite aux adolescents et petits.

Un matraquage médiatique sans cesse est plus que capital avec l’aide des radios locales, de la presse, de la télévision et des placards publicitaires dans les villes, dans les routes, etc…. Les spots publicitaires nécessitent le changement de look à chaque période pour captiver l’attention. Les opérateurs de téléphonie mobile sont aussi bien placés pour participer à un espace sain en adressant des sms à leurs abonnés pour les appeler à contribuer efficacement à cette noble tâche. Même l’outil internet, qui est en train de se développer, doit être pris en considération en développant des sites sur les bienfaits de l’écologie en général. Il faut en faire une affaire de vie ou de mort.

Les mosquées peuvent aussi jouer le rôle, à bon escient, d’éducateurs de la société. Les imams sont là pour rappeler aux fidèles ce principe fondamental dans la religion musulmane. Le vrai musulman doit être l’exemple du summum de la propreté.

On ne peut pas laisser passer sans parler du rôle essentiel de l’école dans l’éducation où le rôle de l’instituteur est primordial. L’école vantera les bienfaits de la propreté et apprendra les petits gestes de la pureté. Les lieux de l’éducation (écoles, collèges, lycées, instituts, universités,…) sont à l’avant-garde de l’éducation civique et citoyenne.

Les associations, avec leur approche, sensibiliseront les citoyens par l’utilisation de tous les bons moyens. Elles participeront à l’encadrement des citoyens volontaires pour le nettoyage de leurs cités. Des cités pilotes doivent être lancées pour servir d’exemple et de modèle. La concurrence peut être ainsi provoquée entre les cités avec à la clé des récompenses comme pour les tournois de quartiers de football organisés dans tout le pays.

Un téléphone vert, comme celui des pompiers ou de la police, doit voir le jour en permettant aux citoyens de signaler tout manquement au devoir environnemental.

Les différents services de l’environnement ont également besoin d’un renforcement pour assurer pleinement leur mission.

Ce ne sont là que quelques aperçus tirés au hasard dans la foulée du sujet. Les concepts de l’écologie sont nombreux et diversifiés. L’Algérie renferme de nombreux spécialistes dans le domaine qui sont mieux placés pour aborder le problème de l’environnement sur tous les angles. Il suffit de leur donner tous les moyens pour se mettre réellement au travail.

L’éveil pour demain ?

Il y a un indice de prise de conscience qui commence à gagner les Algériens. Pour le moment, il touche une certaine frange de la population et c’est tant mieux pour l’avenir.

Il s’agit bien sûr de l’autoroute Est-Ouest du côté de la région protégée d’El-Kala grâce à l’alerte et à l’appel d’une association qui a pris ses responsabilités. Ce qui retient l’attention dans cette affaire, ce n’est pas celui qui a tort ou a raison plus que la prise de conscience qui commence à prendre forme.

Le second signe est l’opération «une école, un enfant, un arbre, un double cadeau, pour la nature et l’enfance» du ministère de l’éducation nationale de planter, par nos élèves, 8 millions d’arbres fruitiers (oliviers, figuiers, grenadiers et palmiers) sur une période de 6 mois à partir de cette rentrée scolaire 2008/2009 dans le souci de sensibiliser les plus jeunes sur la nécessité de préserver l’environnement, au développement durable et au respect de l’arbre et des aménagements paysagers.

Avant de réfléchir à la plantation des arbres, il faut d’abord les faire germer dans les têtes avant de passer à l’acte.

Quoique l’idée de cette opération soit bonne, on dirait même une excellente initiative si on tient compte du désert écologique qui nous entoure. L’extravagance se situe sur le nombre d’arbres à planter. D’un coup et sans transition, on veut passer de zéro à 8 millions ! Mais au fait une question fondamentale me taraude l’esprit : on ne nous a pas donné le secret de la trouvaille des 8 millions de plants destinés à ce colossal projet.

Planter 8 millions d’arbustes équivaut à 44 444 par jour ! Ce chiffre donne déjà le tournis. Si l’on ôte les 15 jours de vacances de l’hiver suivis au moins d’une semaine du printemps sans compter les week-ends ainsi que les jours fériés, le taux de plantation par jour va encore s’accroître. Encore faut-il se demander où va-t-on les planter ? Quand même pas dans les cours des écoles mais certainement sur des terres agricoles qui devraient être déjà réservées.

A-t-on songé à l’après plantation ? Qui est-ce qui va les entretenir et les irriguer en permanence ? Les concepteurs ont-ils bien réfléchi sur le devenir de ces pauvres arbustes ?

Un brin d’arbre c’est comme un bébé, il faut en prendre bon soin en le soignant et l’allaitant autrement c’est la perte évidente.

Enfin une dernière question : va-t-on les semer ou les jeter ?

On ne peut compter le nombre d’arbres effectivement plantés qu’à l’issue de la fin de cette titanesque entreprise. Ne parler d’arbres fruitiers que lorsqu’elles commenceront à donner effectivement de vrais fruits.

Tout le monde connaît le début de programme du million d’arbres plantés dans le cadre du fameux et célèbre PNDRA du ministère de l’agriculture. L’opération a débuté avec un grand vacarme médiatique mais après quelques années l’Algérien n’a aucune statistique sur le nombre d’arbustes qui ont effectivement grandis en arbres fruitiers. Les leçons avec des slogans démesurés sont à méditer. Il vaut mieux aller doucement mais surement.

La plaie de notre pays se situe singulièrement dans le suivi tous domaines confondus. Les actions de type folkloriques ont déjà montré leurs limites. Elles ne servent généralement qu’à faire du « tape à l’œil » qui ne s’intéressent qu’au présent en chauffant la galerie. On ne se soucie guère de l’après-moi même si ce sera le déluge. Des immeubles, des écoles, des universités, des structures sportives,….deviennent laides, piteuses, dégradées après seulement quelques années de leurs réalisations. Personne ne rend compte de ses actes, c’est l’une des blessures engendrée à l’Algérie.

Pour l’opération du ministère de l’éducation, je souhaiterais, de tout cœur, être contredis, désavoués et démentis au soir de la journée mondiale de l’arbre. Même si on perd la face, pourvu que l’Algérie gagne.

Nous espérons que ces deux initiatives presque fictives dans notre pays seront suivies dans le futur par un palpable éveil en attendant le réveil réel de la société Algérienne pour l’écologie et l’environnement en général. La prise de conscience même minime est primordiale pour l’avenir.

C’est l’appel au secours de la nature qui nous interpelle de toutes ses forces. Ne la décevons pas, soyons attentifs à ses multiples SOS. La situation n’est pas irrévocable, on peut mieux faire. Un sursaut écologique citoyen est plus que souhaitable pour le bien être des Algériens et de l’Algérie. Il faut laisser une Algérie propre aux futures générations.

(*)Universitaire, Mostaganem.

Comment passer de drôles de vacances en son pays

Par Mohammed Beghdad (*)

Article publié les 14 (1ère partie) et 16 Août (2ème partie) 2008 par le Quotidien d'Oran (Algérie).
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A quoi rêve un universitaire en général après une année scolaire saturée de labeur, de sacrifices, de problèmes et de promesses? Justement, de pouvoir passer de bonnes vacances et de profiter pleinement du repos afin de rebondir plus frais à la rentrée tout en espérant que les choses aillent pour le mieux durant l’année qui suit.

A peine les vacances entamées que d’autres obstacles viennent perturber les congés paisibles auxquels on a tous aspirés. C’est à travers ces embûches et tracasseries quotidiennes que j’ai compris pourquoi de nombreux compatriotes préfèrent (hélas! plus d’un million l’année précédente) s’évader dans d’autres pays tels que la « petite » Tunisie que de rester chez soi et faire avorter ses vacances. De cette sorte, la rentrée sociale ne sera que plus amère.

Le choix de nos compatriotes pour la Tunisie repose essentiellement sur les services prodigués par ce pays : hôtellerie, restaurant, poste,…où le hasard et le bricolage n’ont pas droit de cité. Sinon, comment expliquer cet engouement sans limite des citoyens Algériens, tout simplement parce qu’ils ont trouvé certaines choses qu’ils ne peuvent jamais y accéder chez soi. Les estivants Algériens, en Tunisie, sont si contents qu’ils ont en fait leur destination préférée pendant les vacances et à moindres frais s s’il vous plaît. D’après les informations rapportées par le quotidien arabophone El-Khabar dans son édition du dimanche 10 Août 2008 [1], le nombre d’Algériens voyageant en Tunisie est en nette accroissement de 30% par rapport à l’année dernière. Plus de 15 000 Algériens et 30 000 véhicules immatriculées chez nous franchissent la frontière Algéro-Tunisienne chaque jour avec à la clé 200 millions de dollars engrangés dans la cagnotte de la sœur Tunisie pendant les mois de juillet et d’août! C’est une vraie aubaine qui profite admirablement à notre voisin pays. Ce phénomène qui prend de plus en plus de l’ampleur et cette frénésie sans cesse ne semblent outre donner matière à réfléchir à nos responsables. Imaginons un instant cet argent englouti dans les caisses du tourisme local. Heureusement pour nous que les frontières à l’ouest sont fermées, autrement le pays serait vidé durant la saison estivale.

Chez nous, paradoxalement, les services publics dispensés sont tellement lamentables qu’ils n’incitent guère à l’encouragement du tourisme local.

Dommage pour notre pays que ni le tourisme intérieur, encore moins celui de l’extérieur ne soient soutenus de quelque manière que ce soit. Savez-vous qu’au Maroc, le touriste local paie beaucoup moins cher en hôtellerie qu’un étranger ? Chez nous, les prix sont facturés en équivalents Euros pour des paies en Dinars !

Le calvaire pour celui qui reste à la maison, faute de moyens et par crainte de déséquilibrer son maigre budget lorsqu’on ne dispose que d’une seule paie, commence par les services publics tels que la poste, la banque, la sonelgaz, le service des eaux, la mairie, le service d’hygiène, l’école, le lycée, l’université, etc…pour ne citer que ceux-là.

Je me suis donné une promesse de trouver un peu de temps d’écrire un papier sur ce sujet stratégique et l’envoyer à la presse pour faire mon devoir de citoyenneté sur ce qui se passe dans nos services publics qui sont devenus de réels mastodontes bureaucratiques très lourds à gérer tant les difficultés se sont accumulées sans aucune réelles solutions. L’infection est si profonde et impérative à soigner qu’elle nécessite présentement des thérapies de choc avant que le mal achève ceux qui titubent encore. On est étourdi, tous les jours par les lettres des lecteurs dans les colonnes de journaux, sur l’horrible fonctionnement de nos services publics qui perpétuent leur fuite en avant.

Je ne vais ici rapporter qu’un échantillon des difficultés qui se posent aux citoyens en général sans oublier celles spécifiques à chaque ville, village ou une contrée reculée du pays. Le prototype est le même partout ailleurs.

Il y a une remarque très importance : toutes les entraves disparaissent par enchantement si vous avez des connaissances dans ces services publics, vous serez gratifiés sans cesse et à gogo. Dans le cas contraire, c’est la misère qui vous sera servie, et au même tarif. C’est l’aspect visible des passes droits et de la corruption galopante.

Quand est-ce qu’allons-nous vivre comme de véritables citoyens servis partout équitablement? C’est un rêve qui n’est pas prêt de se réaliser sans que les mentalités soient métamorphosées.

Etre un citoyen Algérien c’est de pouvoir vivre là ou l’on désire et dans n’importe quel endroit du pays comme dans les pays civilisés où on ne se préoccupe nullement de vos origines pour vous sceller un jugement de valeur.

Le citoyen Algérien subit un racisme intérieur qui ne dit pas son nom. C’est un véritable tabou qui persiste à cause de notre malheureux sous développement, trop clanique, trop régionaliste, pas conformément Nationaliste.

Sans tarder, je vais vous faire trimbaler au cœur des tourments dans quelques services publics névralgiques de la ville tout en sachant que les problèmes rencontrés sont presque identiques voire pire dans d’autres cités du pays.

A LA POSTE :

L’enseignant, que je suis, guète au moindre affut la fin ou au début de chaque mois avec la fameuse citation connue de tout travailleur Algérien : « viraou ? ». Dès la confirmation de cette question magique par un ou plusieurs collègues plus près des échos administratifs, tout le monde se hâte sans tarder vers son centre de paiement. Les plus chanceux sont ceux qui dispose d’un compte bancaire au trésor qu’il n’est pas facile d’obtenir sauf qu’à de très rares pistonnés ou parrainés! Pourquoi avoir un compte trésor : uniquement pour être « réglé » parmi les premiers car le virement de l’établissement employeur y passe d’abord ici, synonyme de sésame !

Ceux de la poste sont aussi choyés mais pour encaisser leur dû, il faut se lever de bonne heure et se présenter très tôt aux guichets sinon c’est l’attente infernale, pendant des heures, parfois des jours, en sueurs pendant cette période caniculaire. C’est une véritable galère.

A l’intérieur, dans un brouhaha indescriptible, c’est l’anarchie totale. On se croirait d’être dans un bain maure que dans un service public. Encore que les pistonnés n’ont même pas besoin de faire la chaine, le préposé au guichet se livre même à la régulation de chèques « amis » déposés au vu et au su de la clientèle par paquet complet. Et gare à celui qui ose faire une remarque.

Les exacerbations qui fatiguent le plus les clients sont les moments où l’ordinateur s’arrête ! S’agit-il d’un délestage ou d’une panne qui pendant des années et des années demeure la même. Les millions de ces pauvres clients de la poste redoutent cet instant de dépit. Les malheureux clients ont tous les yeux rivés sur les préposés aux guichets accrochés entrain de tripoter sur le clavier de leurs ordinateurs. Les infortunés clients ne sont soulagés que lorsque l’agent de saisie prend un chèque et continue interminablement son travail. Ça y est « Djate », entendons-nous parler les clients proches du comptoir. C’est un grand moment qui apporte presque de la jubilation aux accablés abonnés que nous sommes, la chaine recommence à s’organiser. L’agent de la poste trouve même de l’aide dans sa délicate tâche auprès de ses clients mensuels qui se transforment en travailleur intermittent de la poste sans rechigner et ils le font même avec dévouement.

Au fait, si ne pouvez pas attendre, ne vous hasardez pas surtout pas à aller dans d’autres agences dissimulées ici et là dans certains quartiers, elles ne servent qu’à expédier les affaires courantes. Vous pouvez consulter votre compte postal mais point d’argent pour le retirer. Voilà comment on squatte notre argent à la poste.

A l’heure des nouvelles technologies, la poste Algérienne continue à marcher à reculons, les incessantes pannes des ordinateurs est une chose impardonnable à l’ère de l’ADSL à haut débit. Ce qui est encore plus caricatural, c’est justement la poste qui détient presque le monopole de l’internet en Algérie. Alors arrêtons de leurrer les clients. Je pense que les agents actuels de la poste, sans formation ni recyclage permanent, sont incapables actuellement et incompétents pour gérer cet important service public qui gère des millions de comptes postales. Si l’on continue avec cette gestion catastrophique, la poste sera malheureusement perdue aux mains de privés nationaux ou étrangers semblablement comme l’état a cédé par un passé récent d’autres entreprises budgétivores.

N’oublions pas que la poste a introduit la carte électronique de paiement mais vue la manière dont sont distribuées ces cartes laisse présager une inaptitude future à gérer cette entreprise publique. Est-ce que la poste possède assez de distributeurs de billets ? Est-ce que les clients peuvent payer leurs factures par l’utilisation de cette carte ? Est-ce que les vendeurs ont suffisamment de terminaux de paiement ? L’horizon est encore lointain. Arrêtons de faire de la publicité mensongère qui ne peut que nuire davantage.

Est-ce que les responsables de la poste s’inquiètent du sort qui sera réservé au devenir de leur boîte ? Est-ce qu’on a entendu un jour parler d’un quelconque sondage sur la qualité des prestations des services fournis par la poste. A mon sens, c’est avec ce type d’outils qu’on peut progresser. Sans écouter l’écho des clients, tout redressement sera voué à l’échec. La réponse des clients est le miroir sur lequel doit se scruter toute entreprise soucieuse de son rendement et de progrès.

Pourtant la poste est très soutenue par les pouvoirs publics comme le montre si bien l’obligation aux nouveaux bacheliers (pour percevoir leur bourse) d’ouvrir des comptes courants postaux (CCP). Le site internet officiel du ministère de l’enseignement supérieur lui fait même de la publicité gratuite. Avec toutes ces facilités accordées gracieusement, la poste n’arrive pas à décoller. Qu’en sera-t-il lorsque la concurrence sera le seul critère d’évolution.

Toutes ces fatalités de la poste sont portées par les pitoyables clients qui n’hésiteront pas à la quitter définitivement dès la trouvaille d’une meilleure formule. Justement cette formule est en train de prendre forme doucement du côté des banques avec l’arrivée en douceur des banquiers étrangers.

 A LA BANQUE :

Il y a une image frappante qui se déroule sous nos yeux depuis quelques mois dans la ville de Mostaganem, il s’agit tout simplement d’une guerre atroce sournoise que mènent deux agences de banques étrangères pour ne pas dire Françaises. Après la BNP Paribas qui a décidé de s’installer il y a quelques mois à Mostaganem en optant pour l’ancien site de la défunte banque El Khalifa, presque instantanément, c’était au tour et de la Société Générale de choisir le même itinéraire en réalisant son agence à ……quelques mètres seulement de sa future rivale.

Aidées par l’incompétence et la bureaucratie dans lesquelles s’enfoncent davantage nos banques publiques, elles ne vont en faire qu’une bouchée des nôtres si par malheur cette hémorragie persiste. Notons qu’entre les deux nouvelles agences en question se trouve un parking, donc aucune habitation en vue, elles sont l’une en face de l’autre comme dans un vrai duel, les prochaines batailles entre eux, s’annoncent rudes dans un proche avenir pour s’arracher les malheureux déçus de nos banques publiques. Comme vous le constatez, c’est dans les perspectives d’avenir que les deux concurrentes s’inscrivent en affûtant leurs armes. Aucun espace libre ne sera permis entre eux.

Pendant ce temps, comme si de rien n’était, nos banques continuent à vivre et à travailler comme dans l’ancien temps d’une autre époque où l’archaïsme l’emporte sur toute modernité. Elles ne peuvent ou ne désirent pas s’adapter aux temps nouveaux, aux nouvelles technologies, …comme si le problème de la privatisation qui les emportera tôt ou tard ne les émeut pas, aucun sursaut d’orgueil des intéressés ne semble pointer à l’horizon.

Si par malheur, elles seront un jour dénationalisées comme le sursis qui attend le CPA, les prochains repreneurs ne récupéreront certainement pas tous leurs employés. Ils ne considéreront que leurs propres intérêts où les postes seront très chers à acquérir. L’échec ne sera plus permis, les sentiments n’auront aucune place. Les regrets, les larmes et la nostalgie ne seront d’aucune utilité lorsque les jeux seront faits.

Le démantèlement, datant de quelques années seulement, des entreprises publiques en est un exemple frappant. L’état ne peut plus aussi se permettre de traîner ou de booster des entreprises déficitaires en ressources humaines performantes en plus de leur déficit.

Dommage que le seuil et le degré d’inconscience sont si bas chez certains responsables et employés qui ont passé plus de deux-tiers de leur vie, voire plus, dans ces banques publiques. Ils ont gardé les mêmes reflexes des années de la gestion dirigée, assistée de haut où les initiatives du bas ne sont pas les bienvenues.

Allez oser tenter d’ouvrir un compte chez nos banques. Les embûches et les obstacles de tout genre commenceront aussitôt à pleuvoir sur soi, la bureaucratie retrouve alors toutes ses couleurs avec ses belles nuances. Ouvrir un compte bancaire c’est juste obtenir un numéro virtuel et non une place physique à la banque. De nos jours, un petit Freeware téléchargé gratuitement sur internet, ferait le bonheur de n’importe quelle agence bancaire. Un client supplémentaire n’allongera en quoi que ce soit le volume horaire des employés ; Savez-vous qu’avec une seule feuille d’un document d’Excel, on peut faire des opérations miraculeuses.

Rajouter à cela qu’un client peut moisir plus 10 mois dans l’attente d’une commande d’un chéquier, c’est l’expérience que je suis en train de vivre.

Au moment de l’encaissement d’un chèque, la chose la plus redoutée par le client c’est sans doute d’être payé en coupures de 200 DA vieillies par le temps, déchirées, scotchées, raccommodées en rajoutant la très mauvaise qualité du papier. Si vous êtes connus par le caissier, pas de problèmes on vous choisira les billets convenables de 1000 DA ou de 500 DA. Moi qui croyais toujours que les billets usés seraient retenus par les banques et échangés contre des nouveaux. Lorsqu’on perçoit ces billets, on se sent plus de les avoir volés en se pressant de les dépenser précipitamment par peur de les conserver. Les banques ont commencé à s’équiper en distributeurs automatiques mais la qualité désastreuse de la billetterie n’est pas encore revue. La charrue avant les bœufs !

Alors que dire si par écœurement les clients commencent à vomir leurs mésaventures bancaires, ce serait un désastre.

En cette période des grandes chaleurs, vous pouvez parfois attendre des heures pour un dénouement heureux à cause des incessantes coupures d’électricité. Les ordinateurs sont éteints, les agents banquiers croisent les bras. Allons voir ce qui se passe chez le distributeur d’électricité et de gaz en Algérie.

 A LA SONELGAZ :

Ces jours-ci, pendant plusieurs jours et nuits, de fréquentes interruptions d’électricité nous ont gâchées des moments rares de repos chez soi surtout en cette première semaine du mois d’août avec des fortes chaleurs à vous couper le souffle. Depuis plusieurs mois, dans notre quartier, l’électricité a été donc coupée à plusieurs reprises. Souvenez-vous qu’à une certaine époque, on racontait que l’Algérie alimentait la Tunisie voisine. Maintenant, l’on n’arrive même pas à subvenir aux besoins de la population locale.

Lorsque qu’une coupure électrique survient, le premier reflexe de civilité du client est de contacter par téléphone les services de la sonelgaz. C’est après plusieurs tentatives téléphoniques (quand on est chanceux) que finalement on arrive à avoir au bout du fil le préposé qui après lui avoir raconté le problème de ses déboires ; il me renvoie aussitôt vers un second numéro qui à son tour et après plusieurs palabres, nous fait errer vers un troisième….

Il n’existe pas de numéro téléphonique vert, tout est à la charge du client même si le problème de panne émane de la sonelgaz. Le client n’est pas roi mais soumis et esclave.

Au même moment et comme tout Algérien, les nerfs qui sont déjà à fleur de peau commencent à bouillonner rien qu’avec cette affaire de mauvaise communication. La suite de l’aventure sera plus exaspérante.

En accord avec les voisins, nous nous sommes résignés que les choses ne se règlent pas au téléphone, nous décidâmes alors de « descendre » à la sonelgaz en chair et en os. Nous passâmes d’abord au service de paiement pour déposer une réclamation mais l’on ne veut nous donner aucune preuve de notre passage dans ce service (par exemple un reçu ou un cachet sur une lettre de réclamation).

A la sonelgaz, on ne s’engage qu’avec des paroles lancées dans l’air, l’écrit fait peur car il laisse des traces. Nous n’avons rien trouvé de mieux que de jeter notre dévolu sur le registre de doléances pour apaiser notre mécontentement et vider notre sac. J’en doute qu’un responsable jettera, un jour, un élémentaire coup d’œil. C’est de la poudre aux yeux, il sert uniquement d’illusion de la « bonne relation » entretenue par la sonelgaz avec ses clients. 

Nous nous dirigeâmes ensuite vers le bâtiment abritant la direction générale mitoyenne du service clients. Au rez-de-chaussée, après re-explication du problème, on nous oriente, bardés de badges, au second étage vers un chef de service qui nous fait comprendre que ce problème ne dépend pas de lui tout en appelant par téléphone la dame d’en bas en lui faisant savoir de ne plus lui envoyer des clients.

Ce qui est désolant, c’est cette image de deux employés de la sonelgaz en train de se quereller devant les clients que nous sommes. C’est un tableau désastreux pour cette compagnie. L’image de marque de cette entreprise nationale en prend encore des coups sérieux. Sous d’autres cieux, c’est une faute professionnelle impardonnable mais ici personne ne s’en soucie guère. Cet aspect obscur n’est pas étranger à d’autres entreprises Algériennes, C’est presque devenu légendaire. Cette scène me rappelle aussi un accrochage survenu entre deux employés d’Air Algérie, à la limite du pugilat, dans une salle d’attente d’un aéroport du pays si ce n’est l’intervention des clients Algériens et devant des voyageurs étrangers complètement choqués. Ils n’ont jamais vu pareille chose.

Revenons à notre chef de service de la sonelgaz qui excédé de répondre à la même question à d’autres clients, nous oriente vers une dame responsable au premier étage, là ce sont ses secrétaires qui nous accueillent froidement avec des étonnements nous faisant comprendre que d’abord leur responsable est absente et le service ne peut soulager notre problème. Alors qui est le responsable ?  Y–a-t-il un pilote dans l’avion sonelgaz ? Personne ne sait répondre directement à notre question. Voilà comment circule l’information à la sonelgaz de notre ville. Ou l’on est incompétent et l’on n’est incapable de nous répondre ou ce sont les mensonges qui font des ravages.

Indignés par tant de ignorances, nous nous concertâmes entre-nous en décidant d’aller voir, presque de notre propre chef, le service technique à quelques centaines de mètres de là.

Arrivés sur ces lieux, un responsable de ce service nous annonce que la cause principale en est une surcharge de la consommation dans cette zone qui fait griller certains fusibles. Le second objet qui fait sauter nos compteurs, c’est l’utilisation des climatiseurs ! Les fraudeurs et les mauvais payeurs terminent le prétexte de cet accroc.

Je voudrais quand même tenter de répondre aux origines alléguées ci-dessus. La fin du cauchemar des coupures intempestives, par miracle, a démontré le contraire de la première cause. Il a suffi de mettre le bon fusible à la bonne place. J’ai oublié de vous dire que les services techniques nous ont demandés toujours oralement que la sonelgaz ne peut pas supporter à elle seule le prix de changement des fusibles ! On compte nous faire payer maintenant les insuffisances techniques.

Pour les climatiseurs, à ma connaissance, actuellement ils sont fabriqués et homologués (par sonelgaz ?) en Algérie. Ce ne sont pas les clients qui gèrent ce genre de problème mais d’autres services agréés par l’état en sont spécialistes. C’est à la sonelgaz de soulever ce problème.

Quant aux fraudeurs et les mauvais payeurs, la sonelgaz devait prendre les choses en main et sévir. La loi existe et ne demande qu’à être appliquée. Il ne faut que les bons payeurs paient à la place des mauvais.

Je vais terminer par poser un problème fondamental: Qui est-ce qui va dédommager les pertes subies par les clients à cause de ces coupures d’électricité ?

Le pauvre épicier du coin qui jette des denrées alimentaires conservées dans son congélateur et devenues infectes dangereuses à la consommation, le client qui perd sa nourriture congelée de longue date. Des appareils électroménagers qui sont abîmés avec ces baisses de tensions, des ordinateurs et des téléviseurs qui sont perdus définitivement pour de bon, etc….la liste est encore ouverte.

La sonelgaz a en face d’elle les clients les plus doux et enviables de la planète car ils n’oseront jamais l’attaquer en justice sachant désespérément que c’est une perte supplémentaire de temps. Ils ne vont pas lui corriger ses habitudes en un quart de tour, il faut une vraie révolution des esprits et ça c’est une autre paire de manches.

Par contre la sonelgaz est sévère et impardonnable pour tout retard de paiement de la facture de consommation. Une journée de retard et c’est 300 DA d’amendes, même si la note est de 1 DA, sans aucun préavis ni rappels. Mais où sont les associations de défense des consommateurs qui pullulent ici et là ?. Ils ne se montrent presque qu’à de très rares occasions, pourtant elles subsistent grâce à l’argent des contribuables qui tous sont abonnés à la sonelgaz.

 A LA……, A LA……., A LA…….,

Je sais qu’avec ces maux, beaucoup de lecteurs vont retrouver les mêmes tracas rencontrés au cours de nos vacances chez soi (quelles vacances ?). Ce n’est pas pour épargner les autres services publics que je ne vais pas les critiquer. Ce sont tous les mêmes, ce sont les conséquences des politiques antérieures que l’on paie cash aujourd’hui les conséquences.

Si je l’ai fais pour certains, c’est uniquement dans un souci que l’Algérien doit être mieux traité par les différents services publics du pays que ce soit à la mairie, à la wilaya, … Remuons-nous avant qu’un Tsunami emporte  tout le monde.

J’ajouterais à cela les désagréments du voisinage qui devient en Algérie un vrai problème de société inquiétant où la tranquillité n’est que rarement trouvée. Personne ne respecte personne. Un voisin qui élève presque une meute chiens chez lui, en les laissant vivre dans une saleté indescriptible et une odeur insoutenable amplifient vos malheurs. Les mariages célébrées ici et là avec des haut-parleurs tapageurs, déchirant vos tympans, achèvent le reste.

Commençons d’abord par soigner la qualité exécrable de nos services publics pour redonner la meilleure image possible de notre pays en redorant notre blason. Les moyens existent, il suffit de les mettre convenablement là où il le faut à la place qui leur sied.

Le pays aux plus de 130 Milliards de Dollars ne peut-il pas garantir un minimum de vie e un savoir vivre à ses citoyens ? Qu’est ce que la petite Tunisie, qui n’est point mon modèle, a de plus que nous pour offrir de loin de meilleurs services. Un sursaut d’orgueil national doit se faire en toute urgence. Où est le nif national d’antan que beaucoup d’Algériens l’ont perdu malheureusement à jamais et depuis longtemps ?

Actuellement notre jeunesse ne pense qu’à aller vivre ailleurs. Qui est-ce qu’il leur a procuré cette folle envie de s’expatrier coute que coute malgré les difficultés du risque de noyade ou de prison (encore une brimade de plus) qu’encourent ces exilés des temps modernes ? Même des bacheliers de la cuvée cette année 2008 sont de la partie [2].

L’une des réponses réside aux maladresses de nos services publics qui ne savent pas comment accueillir le citoyen, l’orienter, le guider, le former, l’encadrer, etc… L’avenir de notre pays en dépend formellement.

Un étudiant qui termine ses études est délaissé, il ne sait pas comment aborder la vie active, partout où il va, les portes se ferment brusquement devant lui. Un jeune qui veut faire une formation, trouver du travail, ne verra que des remparts se dresser devant lui. Pour être recruté, le piston et la corruption font rage, c’est un véritable choc pour cette jeunesse qui ne croit plus en l’avenir du pays, cette jeunesse que de nombreux pays nous envient. En Espagne, Elle fait le bonheur de nombreux agriculteurs qui en redemandent par des régularisations de milliers d’entre-deux surtout ceux parrainés par leurs patrons prouvant leur utilité.

Pourtant, tant qu’à l’intérieur qu’à l’extérieur tout le monde appuie, chiffres en mains, que notre pays possède d’énormes potentialités pour sortir de l’impasse. Nos voisins les plus proches Le Maroc et la Tunisie ne sont pas mieux lotis que nous.

Il faut souligner que le PNB (Poids National Brut) par habitant de l’Algérien est voisin de celui du Tunisien sans ressources pétrolières. Quel est donc le secret une fois de plus de la petite Tunisie ? On devrait avoir la honte, c’est un véritable déshonneur. Certainement c’est grâce aux performances de ses services publics et de la rentabilité de ses entreprises que la « grande » Tunisie nous plombe sur tous les fronts économiques. L'indicateur de développement humain (IDH) de la Tunisie est encore largement meilleur que le notre (respectivement aux 91ème et 104ème places mondiales). Donc c’est le développement humain qui fait la différence. L’autorité palestinienne serait juste derrière nous au 106ème rang [3].

Même en recherche scientifique, nous sommes dépassés par la Tunisie qui arrive en tête en production scientifique. Sur une période de dix ans, entre 1996 et 2005, les chercheurs de la petite Tunisie auraient publiés 70.453 articles scientifiques (758,2 articles par million d’habitants), les Marocains viennent en deuxième place avec leurs 10.035 papiers scientifiques publiés (333,6 articles par million d’habitants). Quant à nous scientifiques Algériens nous arrivons en queue du peloton avec 4.984 articles (156,5 articles/million d’habitants).

De plus, la Tunisie consacre ainsi 0,63% de son PIB, à financer la recherche scientifique, les Marocains nous sont donc très proches avec 0,62% et l’Algérie qui, avec seulement 0,20%, dépense relativement le moins [4].

La distinction des résultats est là devant nos yeux ébahis, ce sont les salaires décents et des indemnités engageantes ainsi les conditions de travail prometteuses, la reconnaissance indéniable qui font la différence. La fuite des cerveaux a accentué ce contrecoup.

Epilogue

S’il y a une lutte à faire, c’est dans son pays qu’il faut la mener et non pas ailleurs. Il n’y a pas mieux que d’être chez soi et batailler ensemble et œuvrer pour des services publics qualitatifs.

La question qui me vient à l’esprit c’est de voir les palestiniens combattre chaque jour pour pouvoir rester vivre chez eux. Les exilés forcés palestiniens donneront chers pour un retour dans leurs terres. Si les palestiniens voulaient s’exiler, ils pourraient être accueillis partout et cela arrangerait allègrement les affaires des occupants qui leur faciliteraient la tâche. Les juifs vivant ailleurs ne sont-ils pas allés émigrer avec tous les risques en Palestine malgré l’insécurité qui y règne.

La seconde leçon de patriotisme me vient de nos parents et de nos aïeux sous l’ère de la colonisation. Qui est-ce qui leur a interdit de quitter l’Algérie colonisée : personne évidemment. Pourtant, ils vivaient dans le dénuement extrême et la misère totale, seulement leur amour pour la mère patrie était beaucoup plus fort. S’ils s’étaient expatriés, ils auraient arrangé les affaires des colonisateurs. Jamais la flamme de l’indépendance n’aurait ainsi vu le jour.

Avec une densité de 14.6 habitant au km, L’Algérie suffit actuellement et largement pour faire vivre les 34 millions d’Algériens. La superficie de l’Algérie est tellement vaste qu’elle risque de devenir sujette à convoitises si nous ne la peuplons pas avec nos propres enfants. Alors galvanisons notre jeunesse en semant l’espoir et en cultivant l’amour de la patrie par des actes sociaux réels et des politiques de longs termes.

Références :

[1] http://www.elkhabar.com/quotidien/index.php?idc=34&ida=118807&key=0&cahed=1

[2] http://www.elkhabar.com/quotidien/index.php?idc=34&ida=118960

[3] http://www.populationdata.net/index2.php?option=palmares&rid=1&nom=idh

[4] http://www.webmanagercenter.com/management/article.php?id=42145

 (*) Universitaire et syndicaliste, Mostaganem.

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