vendredi 17 septembre 2010

Toute l’université en parle

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Article paru dans le quotidien d'Oran du samedi 18 Septembre 2010:
A consulter en pdf sur le lien suivant:
http://fr.calameo.com/read/000370446272ef3f4a747

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Dans un milieu où la circulation de l’information, pour ne pas dire sa rétention, fait défaut, la rumeur prend le relais en provoquant des dégâts là où elle passe au sein de la société, laminant à sec toute analyse ou réflexion utile. La rumeur lorsqu’elle émane de sa source, naisse toute petite puis elle enfle de plus en plus jusqu’à dépasser ses limites.

AU RYTHME DE LA RUMEUR
Plus, on la laisse et plus elle se propage au sein de la cité sans épargner personne. A chacune de ses étapes, elle prend un peu plus de grosseur. Elle ne peut être anéantie brutalement que par un communiqué identifié sinon elle prendrait des proportions alarmantes et risque de se retourner contre son propagateur.

C’est vrai qu’elle voit en nous un terrain très fertile pour s’enraciner. Elle est présente à chaque fois que la communication soit régie de manière bureaucratique comme c’est le cas de nombreux pays sous développés. La rumeur est aussi proportionnelle au degré d’analphabétisme mais parfois elle déroge à cette règle. Chez nous, le commun des algériens possède l’oreille disposée et prête à écouter n’importe quoi même s’il s’agit d’une saute d’humeur ou même s’il est persuadé que c’est un gros mensonge. Lorsqu’il est mis fin à la rumeur, il est presque déçu qu’elle soit paralysée. Il ne vit que par sa cadence et par son souffle. Il adore bien qu’elle continue à faire son effet jusqu’au prochain cycle.

OÙ EN SONT LES CHOSES ?
Depuis que les enseignants du secteur de l’éducation nationale ont obtenu gain de cause par la promulgation de leur régime indemnitaire selon qu’il soit inconsistant ou satisfaisant, le milieu universitaire, qui a trop attendu son dû, s’inquiète en cette rentrée universitaire qui ne s’annonce guère sous de tranquillisantes auspices à cause du flou et de l’opacité entretenus dans ce dossier. Selon les données affichées, cette rentrée universitaire ne se présente, semble-t-il, pas de la même façon que la précédente.

Tantôt, le dossier n’a pas encore été complètement ficelé, tantôt il a été déposé au niveau de la chefferie du gouvernement, tantôt c’est au niveau de la fonction publique que ça bloque. La moindre info dans les journaux met les enseignants chercheurs dans tous leurs états. Ils ne savent pas vraiment à quel saint se vouer ni où se donner la tête ou tendre vers quel vent l’ouïe.

En tous les cas, la communication du ministère laisse à désirer, ce qui colporte toutes les cacophonies improbables et alimentent les supputations les plus invraisemblables. Un communiqué officiel de quelques lignes aurait élucidé l’énigme en éclaircissant davantage vers quelle tendance évoluent les choses qui sont des plus opaques en ce moment à cause des oreilles sourdes du ministère. Pourtant, il est question de l’avenir des enseignants. Ces derniers ont le droit de connaître l’issue de leur dossier et participer aux éventuelles solutions à travers leur représentant syndical.

Pourquoi laisse-t-on altérer la situation qui risque de prendre des conséquences préoccupantes et compromettre la rentrée universitaire ? De toutes les façons, des surprises, il y en aura que ce soit dans le pire des cas ou dans celui de la plus favorable.

Le syndicat le plus représentatif des enseignants chercheurs est mis presque hors jeu depuis quelques mois à cause du partenariat de façade dans lequel on veut le confiner. Ainsi, les rumeurs les plus farfelues prennent le dessus en alimentant toutes les discussions entre enseignants universitaires depuis déjà plusieurs mois.

RUMEURS DE PARTOUT
A chaque fois que l’on croise un collègue dans les allées du campus, c’est la première chose qu’il vous demande. Les enseignants chercheurs s’accrochent aux moindres chuchotements venus d’ailleurs ou d’en haut. Lorsque l’information fait sensiblement défaut, c’est naturellement le ouï-dire qui prend naturellement le dessus. Il est mélangé à toutes le sauces et travesti et peint à toutes les couleurs. On dirait qu’on le laisse presque volontairement circuler pour tirer ensuite la couverture sur soi. Il suscite parfois de l’espoir et le désespoir pendant les moments les plus extrêmes.
A titre d’exemple, une rumeur s’est propagée ces jours-ci à l’intérieur du milieu universitaire pourtant non propice si l’on suit les normes intellectuelles. En effet, selon certaines sources brumeuses, les nouvelles indemnités vont être incessamment perçues. Un collègue était même sûr que la correspondance se trouve au niveau du rectorat. En deux jours, vous rencontrez de tas de collègues qui vous répètent la même chose et en vous harcelant par les mêmes questions.

« T’as pas entendu !» Dit l’un. « Ça y est, un collègue proche du recteur, que je viens juste de croiser, m’a appris de source quasi sûre que le rectorat vient de recevoir un texte du ministère concernant le règlement des indemnités » Enchaîne-t-il. « Ah bon ! T’es sûr de ce que tu avances ?» Lui rétorque son vis-à-vis d’un air sceptique mais voulant bien y croire la fausse bonne nouvelle. « Et comment ! Oui je suis formel et je te rajoute que le comptable principal a déjà été instruit ce matin même pour le paiement des reliquats des 33 mois et préparer la nouvelle paie pour le mois d’octobre prochain ! » Lui réplique le premier d’un air avéré.

Ceux qui ont entendu le prudent écho, filent répandre vite l’événement telle une traînée de poudre dans la grande cour du campus. Les portables fredonnent sans arrêts. Quelques heures après, c’est toute la communauté universitaire qui est entrain de se frotter les mains en poursuivant l’illusion.

ELLE COURT ! ELLE COURT !
Le délégué syndical, l’air dubitatif, ne comprend rien à ce manège. Il n’a rien reçu ni entendu quoi que ce soit de son bureau national et les renvoie aussitôt vers leur source. Il est presque le dernier à être prévenu. Comme il est de coutume, il reçoit, si des nouvelles végètent, qu’à travers le journal télévisé de 20 heures suivi par le biais d’un télégramme placardé un peu partout dans tous les tableaux d’affichage de l’établissement.

« Ramenez-moi une copie de ce papier dont vous garantissez que c’est authentifié et je vous croirais sur le champ. Et d’abord, quelle est votre source d’information ? Est-elle aussi crédible que ça ! » Leur répond-t-il sèchement pour couper court aux allégations. « Heu ! C’est la secrétaire particulière du premier responsable qui se trouve être la belle sœur du vice-recteur qui me jure d’avoir vu de ses propres yeux la fameuse circulaire ! » Réplique notre informateur en guise de réponse évasive. Le plus grossier dans cette affaire, c’est qu’on peut te coller une info sans que tu en sois l’initiateur. Des droits d’auteurs plus que garantis.

« Moi, c’est le vaguemestre du rectorat et qui est en même temps le gendre du doyen qui vient de me le confirmer » dit le second vaguement. « Et bien ! Moi c’est le planton, petit frère du secrétaire de la faculté, en voyant le dit courrier, qui me l’a témoigné ! ». « Enfin moi, c’est le beau frère du second délégué syndical, exerçant comme chauffeur, qui a ramené le courrier confidentiel d’Alger » Achève le dernier informateur.
Une histoire à nous faire dormir debout et qui n’en finit jamais de nous berner. Le comble, c’est que cela se produit en plein milieu universitaire censé être intellectuel.

Après vérifications et plusieurs palabres, il s’agit bien d’indemnités mais celles des corps communs, connu de tous depuis quelques mois, dont le texte d’application vient d’atterrir sur le bureau du premier responsable pour exécution !

Avant les vacances, c’était la même chronique qui a été vécue avec la prime de rendement qui a causé d’énormes tromperies et de déviations au sein des enseignants. Tout le monde a cru à celle des enseignants mais c’était celle du corps administratif de l’université.

Voilà ce qui arrive à des enseignants lorsqu’ils tendent leurs oreilles partout sans se fier à la diffusion de canulars et les confondent avec les spams de leur courriel. Pour certains, pourvu qu’ils écoutent quelque chose à travers les tympans d’où qu’elle émane. Ils maintiennent l’espoir d’un dénouement heureux mais pas à n’importe quel prix et sans le moindre effort. Ces farces sautent allègrement d’un établissement à un autre et miroitent les rêves les plus incroyables.

Le plus optimiste persistera : « Il n’y aura pas de grève à la rentrée, c’est le ministre lui-même qui l’a certifié aux chefs d’établissements ! ». C’est la fraîche nouvelle qui est en train de faire fureur en ce moment. Comme quoi, c’est le premier responsable du secteur qui va mettre fin à la cabale en proclamant bientôt le régime indemnitaire tant différé, dans un discours solennel adressé aux enseignants. Tant mieux, on croise les bras et on sirote le thé comme disait un célèbre dicton.
La rumeur est vite immobilisée mais seulement pour un petit moment de répit, elle reprendra de plus belle son effet dévastateur dès que le vide est créé. Invulnérable, sensationnelle et intraitable rumeur ! Elle court, elle court ! Tel un serpent dans tous les sens.

INDEMNITÉS À LA MESURE DES ASPIRATIONS ?
Si l’on poursuit cette logique, ces indemnités seront-elles en fonction des attentes et des aspirations des enseignants et des assurances des pouvoirs publics qui avaient maintes réitérés leurs promesses ? Continuons-nous à croire au père Noël ? Le problème des salaires sera-t-il réglé définitivement comme le ministre l’avait prédit lors de ses anciennes interventions ? Personne ne pourra le prophétiser ni deviner complètement les intentions des uns et des autres. Cependant, les enseignants chercheurs redoutent que les choses reviennent au point zéro avec une inflation, pas l’officiel, qui ne cesse de galoper.

Pourquoi retient-on nos revenus depuis le 1er Janvier 2008 ? Est-ce que le Dinar d’il y a 3 ans vaut-il le même Dinar qu’aujourd’hui ? Pour joue-t-on au chat et à la souris avec nous alors que messieurs les députés avaient déjà perçu leurs passifs en septembre 2008 sans qu’ils soient concernés par le même effet rétroactif que les fonctionnaires mais acquis de droit et réglé depuis un demi lustre ? Non seulement, leurs salaires sont 5 à 10 fois plus importants mais le trop perçu encaissé en 9 mois leur permet d’acquérir à l’époque un petit logement dans une ville moyenne. Peuvent-ils l’acheter au même prix à l’heure actuelle où les tarifs des matériaux de construction se sont envolés ?

La seconde catégorie d’enseignants n’y croit plus à ce qui se trame derrière les rideaux du ministère. « Moi je n’y pense plus à ces indemnités tellement j’ai perdu toute conviction » Avise le premier désespéré. « Tandis que pour moi, il n’y aura ni les indemnités dans les prochains jours ni encore moins l’effet rétroactif quoique annoncé tambours battants à peine quelques mois auparavant » proclame le second affecté. « J’ai perdu toute confiance et on ne fait plus attention à ce qu’ils affirment, c’est du khroti fi khroti » grossit-il ses dires d’une mine complètement déprimée.

RAPPELS DES FAITS
Les enseignants chercheurs militent et se battent depuis plus de 20 années pour un statut particulier qui est venu presque deux années après l’avènement du statut général de la Fonction publique en Juillet 2006. Entre temps, c’est la nouvelle grille nationale des salaires qui a été promulguée en Septembre 2007. Cette grille dont les enseignants chercheurs avaient placé d’énormes espoirs avait énormément déçu le premier optimiste. C’était alors une montagne qui avait accouché d’une maigre souris. Le ministère discourait à l’époque d’avant le statut que tous les problèmes salariaux ne pouvaient être résolus qu’à travers le cadre du statut particulier. Pour le moment, on n’en a vu que du feu.
Après avoir difficilement avalé la couleuvre, les enseignants du supérieur se sont résolus à s’accrocher à leur dernière chance que représente le régime indemnitaire. Le discours du président de la république lors de l’ouverture de l’année universitaire écoulée a semble-t-il donné les intentions des politiques pour ceux qui savent lire entre les lignes afin que les enseignants chercheurs puissent enfin se consacrer pleinement aux énormes défis qui attendent le pays. En vain, les enseignants universitaires attendent toujours. C’est une lutte qui n’a pas l’impression de se terminer dans l’immédiat. A quand le bout du tunnel ?

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mercredi 8 septembre 2010

Vivement l’Aïd !

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Article paru dans le Quotidien d'Oran du Jeudi 9 Septembre 2010.
A consulter sur le lien suivant: http://fr.calameo.com/read/00037044638c75fe155c5



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Que retenir de ce mois de ramadhan 1431 qui tire déjà à sa fin. La première des choses qui revient sur toutes les lèvres est la cherté de la vie durant ce merveilleux mois qui est devenu malheureusement, au fil du temps, synonyme de bouffetance pour les frénétiques consommateurs et une affaire de gros sous pour les spéculateurs de tous genres, qui nous ont laminés, presque étouffés pendant ce mois qui est sacré pour les puritains, une véritable profanation pour les impurs.

LES PRIX QUI VOUS COUPENT L’APÉTIT
On distingue deux genres de ferveurs en ce vénérable mois. Les cœurs durs que des tonnes de larmes des pauvres consommateurs ne les émeuvent jamais et qui se bourrent par un assouvissement infini les poches. Et il y a ceux qui ne ratent pas la piété régnante pour se remplir les cœurs. Heureusement qu’il existe encore cette race de gens charitables qui font tout leur possible pour rendre heureux les nombreux éprouvés de ce mois. C’est aussi une affaire du bien contre le mal.
Les prix pratiqués par une grande majorité commerçants ne suivent aucune logique commerciale. La tomate, pour ne parler que de ce demi-fruit consommé tous les jours, passe du simple au sextuple en un clin d’œil et sans aucune gêne. La carotte, dont personne ne peut s’en passer pour son utilité culinaire, n’a pas baissé du double ou le triple de son coût habituel. Quelques feuilles de salade verte à 120 DA le kilogramme vous fait appauvrir votre touffe de quelques cheveux le temps de l’annonce de son tarif. La pain est majoré à 10 DA chez presque la totalité des boulangers en y rajoutant un peu de sucre et de beurre pour devenir, on ne sait pas par quelle recette miracle, brioché et bon à croquer. Les produits des gâteaux et des vêtements prennent le large à l’annonce des 10 derniers jours. Tous les jours, on n’est aucunement au bout de nos surprises.
Après une légère accalmie au début de la seconde dizaine, tous les clignotants passent subitement au rouge. Je n’ai aucun doute là-dessus, les spéculateurs de ce pays possèdent la meilleure stratégie pour adapter la concurrence selon les envies des uns et des autres. Je dirais même banal pour qualifier le destin forcé des algériens. Des bandits en plein jour, à qui ne manquent que les armes, font et défont la vie des Algériens et se jouent comme ils l’entendent de tout un gouvernement.
Les contrôleurs dont parle l’ENTV, ne jouent leur rôle que devant les caméras du journal télévisé de 20 heures. Pas leur moindre trace dans notre vie quotidienne. En tous les cas, je ne les ai jamais rencontré de visu sur mon chemin sauf s’ils se déguisent peut-être en fantômes. A chaque fois que l’on passe que ce soit chez l’épicier ou chez le marchand de légumes, la tendance est toujours à la hausse. Un jour, c’est le sucre, l’autre jour c’est l’œuf. Par le maquillage sensationnel, le poisson congelé devient subitement du poisson frais.
La viande congelée qui grimpe au plafond, à 700 DA le kilogramme SVP ! On importe pour voir l’effet contraire de la politique désirée. Ça ne se passe décidemment que chez nous ! Même la poudre pour la conservation des morts est venue au secours de nos Dracula des temps nouveaux. Cette consternation marquera à jamais le Ramadhan de cette année d’une pierre noire. On aura tout vu.
Sans exception, tous les produits subissent le diktat de la hausse même lorsque les cours du marché mondial ne varient pas ou en baisse.
Vous n’êtes jamais au bout de vos peines. Le consommateur est tout affolé surtout qu’il n’est nullement organisé. Il vit dans une jungle où les prédateurs sont partout. Au moindre relâchement et le voilà avalé, sans aucune rémission, tout cru. Il faut qu’il achète le produit coûte que coûte et quel que soit le prix. Et c’est cet affolement que nos suceurs de sang adorent le plus provoquer. Ils te poussent à la panique générale, à l’achat rapide et sans aucun calcul sinon tu seras le dernier à boycotter le produit. Avec cette manœuvre, t’as l’impression d’avoir fait une bonne affaire car si tu ne l’achètes pas aujourd’hui, tu le regretteras le lendemain. Et tant pis pour toi.
Tous les ans, c’est la même histoire qui se renouvelle inlassablement et dont les leçons ne sont jamais retenues. A la fin du mois, on l’impression de sortir du bout d’un long tunnel. Le prochain Ramadhan sera le clone de celui-ci avec de nouvelles frasques et ses délits. On efface tout et on recommence.
Heureusement que l’ambiance du mois du ramadhan n’a pas d’égal lors des onze restants. Les regrets sont vite oubliés. Toute la famille à table. Les amis, les prières et ses invocations, la solidarité sont renforcés. Passés, les deux journées de l’Aïd, on revient à la vie routinière.

GRILLE DE PROGRAMMES OU RÉCLAME ?
Le mois du Ramadhan est aussi synonyme d’un programme spécial de la télévision publique. Cette année c’est la grosse déception. Paradoxalement, notre Tv a, paraît-il, obtenu les meilleures audiences pendant ce mois. D’abord, par rapport à quoi, a–t-elle décroché cette première place ? Tous les spécialistes parlent d’un fiasco sauf ses responsables. Après la rupture du jeûne, on vous passe plein plein de publicité. On est rassasié pendant au moins une vingtaine de minutes à tel point qu’on se rappelle plus des spots que du programme lui-même. Il fallait sans doute faire élire la meilleure réclame présentée. Moi, je vote, sans hésitation aucune, pour Hamoud Boualem qui a présenté sans doute la meilleure pub avec ses éclats de rire qui vous laissent au moins tout sourire. C’est le seul qui a pu apporter une certaine gaieté.
Le programme, c’est une « caméra cachée » grandeur nature. Par la pauvreté et la pénurie des acteurs passés chez Nessma TV ou ailleurs, les citoyens sont devenus des artistes naturels, bénévoles et disponibles à souhait. Et ils jouent gratuitement, pas même pour un petit tee-shirt ou une casquette en papier offerts par la maison. Pourtant ils passent dans la grille à une grande heure d’écoute, en prime time ramadhanien. Par manque de coordination nationale, toutes les stations régionales, ont eu par télépathie la même idée. Au menu, c’est la fameuse « caméra cachée » qui a subi des liftings partout dans le monde sauf chez nous. Les débilités, il n’y en a presque que ça !
Et puis, heureusement que le ridicule n’est pas Algérien, Quel est l’Algérien qui ne regarde pas la télévision nationale, histoire de se mettre dans l’ambiance ramadhanesque. Il aurait fallu comparer ces résultats par rapport aux résultats des années précédentes. Ils seraient identiques depuis que l’ENTV existe. Nessma TV a quand damé le pion en recrutant des acteurs algériens pour des sketchs à connotation beaucoup plus Algérienne pour attirer les déçus de l’obligée.

SOUVENIRS
Ce mois de Ramadhan a vu aussi la disparition de figures nationales telles que Tahar Ouettar, Lakhdar Bentobbal, Mohamed Salah Mentouri et du premier ministre de l’éducation nationale au lendemain de l’indépendance Abderrahmane Benhamida que personnellement, je n’ai jamais entendu évoquer son nom sauf en ce jour de son décès. On ne sait toujours pas comment honorer et rendre hommage les gens de leur vivant. Par ces omissions volontaires ou involontaires, c’est notre mémoire collective qui en prend des coups et dont il sera difficile de se remettre.
Comme tous les mois de l’année, chacun a perdu des siens de son entourage des personnes anonymes telles que mon collègue Naït Si Ali de mon université ou Houari Houari de mon enfance. Ainsi va la vie. Chaque ramadhan apporte son lot de tristesse et de joie.
Le passage de quelques jours à Relizane chez la maman te permet de se replonger dans le Ramadhan de la jeunesse et d’un passé nostalgique. Une virée nocturne du côté de Mesdjed Ennour pour les taraouih suivie d’un petit moitié-moitié au comptoir du Café d’El-Feth te fait ressortir les sensations de vos 20 ans en compagnie des amis du quartier des olivettes ou de la rue du parc. Enfin, une Gaâda sur la terrasse du café Majectic, sur la place de la mairie, entouré du cousin Djillali, en maestro des lieux, te fait sauter en éclats jusqu’aux premières lueurs de l’aube annonçant l’heure du Shor.

SAÀADANE, L’EXEMPLE
Ce mois constitue aussi la fin de nos rêves footballistiques avec un Saâdane au hit-parade un certain 18 Novembre, abattu, vomi, jeté en pâture et de surcroît insulté par tout un stade à Blida lors d’un immoral 3 Septembre. Des insanités fusaient des gradins ; heureusement étouffées en direct par les ingénieurs du son de la télévision. Comme quoi, l’Algérie est le pays des extrêmes, le juste milieu fait toujours défaut.
Rabah Saâdane a eu au moins le culot et le mérite de démissionner. Il existe des responsabilités qui sont haïs partout mais ne s’aventurent pour tout l’or du monde à quitter leur indéboulonnable fauteuil. Saâdane a tenu compte que des présents. Il n’a même pas attendu la suite des absents mais sait que derrière leurs écrans, ils n’en veulent plus de lui. Il ne veut pas rester contre leur gré. Encore chapeau bas Monsieur Saâdane.

ET L’ENSEIGNEMEMNT SUPÉRIEUR !
Comme universitaire, j’attendais avec impatience de l’audition présidentielle du ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique. Il n’y a que les chiffres présentés qui ont changé par rapport aux années précédentes.
J’espérais mais sans trop d’illusions à ce qu’on discute des indemnités des enseignants chercheurs. Il n’en fût point dans le texte lu dans le journal de 20 heures de ce mardi 7 septembre. L’enseignant chercheur n’est qu’un chiffre de plus ou de moins.
Actuellement ils sont actuellement aux alentours de 38000 pour à peu près 1 million 150 milles étudiants sans compter ceux de cette présente rentrée universitaire. Le prorata est d’un enseignant pour 28 étudiants, un chiffre très très loin des règles internationales. Et ça le rapport du ministre n’en fait aucune évocation. Il faut donc doubler le nombre d’enseignants ou bien diviser celui des étudiants par deux. Le chiffre est encore effarant lorsqu’il s’agit de découvrir le nombre d’enseignants magistraux par rapport au nombre d’étudiants. Nous courons depuis plusieurs années à rattraper ce fatal retard mais les résultats typiques du Baccalauréat, ne reflétant aucune réalité pédagogique, ne font que nous reculer et régresser de plus en plus en arrière. La quantité ne remplacera jamais la qualité.
Le rapport du ministre n’évoque nullement le côté pédagogique assimilé au fameux triptyque étudiant-chaise-lit. Par exemple, aucune donnée n’est présentée sur le nombre d’heures d’enseignements réels dispensés par rapport aux volumes horaires des programmes officiels ni comment y remédier aux lacunes d’un bac acquis en étant amputé du tiers de son volume. Un diplôme délivré par nos universités n’aura aucune valeur et ni estime sur le marché local ou au plan international s’il n’est pas confronté et comparé à toutes les normes universelles.

Ça y est, mes chers lecteurs, l’Aïd frappe de toutes ses forces à nos portes et il est le bienvenue. Il est annoncé pour aujourd’hui ou demain. La confrontation de la vue du croissant à l’œil nu qui ne doit pas se contredire avec les calculs astronomiques, a encore devant elle, de belles années de dualité. Quel que soit le jour, vivement l’Aïd pour tous, Saha Aidkoum et à l’année prochaine Inchallah.

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mercredi 1 septembre 2010

Pourquoi le foot et pas le livre ?

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Article paru dans le quotidien d'Oran du Jeudi 2 Septembre 2010

A consulter sur le lien suivant: http://fr.calameo.com/read/0003704465723e1ce4031
Ou en format html: http://www.lequotidien-oran.com/?news=5142423

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« Un livre, c'est un navire dont il faut libérer les amarres. Un livre, c'est un trésor qu'il faut extirper d'un coffre verrouillé. Un livre, c'est une baguette magique dont tu es le maître si tu en saisis les mots. »,
Michel Bouthot, écrivain québécois.

Le titre de cet article est la question à laquelle s’évertuent de répondre de nombreux intellectuels et aussi ceux signataires d’une pétition rapportée par certains organes de presse et qui circule également à travers le net.
Ces contestataires tentent de trouver une réponse en s’insurgeant contre la décision prise par le commissaire du Salon International du Livre d’Alger (SILA) qui a exclu de son propre chef, comme il l’a affirmé si hautement à la presse, les éditeurs égyptiens à participer à la 15ème édition qui aura lieu dans notre capitale à partir du 26 octobre prochain.
La question est de ne pas savoir si ces derniers allaient venir ou non à ce salon mais ne pas tirer la première balle et se retrouver bloqué dans une position inconfortable qui porte délibérément préjudice à l’accablé livre qui n’a pas besoin d’un tel coup de massue de plus. Il est déjà en très mauvaise posture dans le pays.
L’autre fléau de nos responsables réside dans le fait de prendre parfois hâtivement des sentences expédiées qui n’ont nullement été étudiées sous tous les angles et analysées à fond, ni prises en concertation avec tous les acteurs concernés. Lorsqu’une question ne fait point l’objet d’un débat poussé, on devient fatalement otage de ses verdicts. Des décisions de ce type, et l’histoire nous a enseigné profusément de multitudes modèles, peuvent se retourner contre leurs auteurs mis dans des situations regrettables qui les bousculent forcément vers le cafouillage et le bricolage.
Il n’est pas dans mes intentions de défendre coûte que coûte une position mais essayer d’apporter un point de vue personnel qui, j’espère ferait progresser le débat vers des discussions à même d’apporter un tant soit peu quelque petite chose. Tout ce que je demande aux lecteurs, c’est de consulter cette modeste contribution jusqu’à la dernière ligne et non se contenter de le faire en diagonale avant de porter, en tout âme et conscience, un quelconque jugement.
Notre commissaire aurait pu agir autrement en prônant d’autres solutions lucides, intelligentes et réfléchies que cette décision unilatérale et controversée qui est en train de semer la confusion au moment où tous les efforts devaient être concentrés pour relever les défis qui sont en instance depuis que le livre est tombé en panne générale de lectorat.
Il ne s’agit pas dans ce papier de chercher à soutenir le livre égyptien en particulier ni son contenu mais de sauvegarder, en général, la symbolique entière du livre. Il se conçoit que des citoyens ne soient aucunement en odeur de sainteté avec les livres égyptiens comme d’autres savourent à satiété la littérature occidentale. Et le contraire est aussi avéré. Dans ce cas, on ne peut combler les uns et pénaliser injustement les autres.

REJETER INTERMINABLEMENT LA FRANCE ?
Dans le même ordre d’idées, on peut avancer qu’on doit aussi répudier éternellement la France qui a fait de ce pays 1 million et demi de martyrs, ni l’inviter à nos foires ni courir la visiter. Au lendemain de l’indépendance, et sans transition, on était déjà en train de fouiner dans les allées de l’avenue des Champs Elysées.
On n’a jamais arrêté de le faire, ni omettre de la convier à nos manifestations économiques ou culturelles de tous genres en dépit de la xénophobie ambiante et du racisme répugnant qui règnent dans ce pays. On continue à résider, étudier et se soigner chez elle sans que cela puisse susciter la moindre démagogie.
Est-ce que nous nous sommes révoltés contre la présence du livre de notre bourreau d’hier ou avons-nous cessé toute relation avec l’ennemi d’hier et dont ses racistes continuent de nous poster des cercueils d’algériens assassinés dont le dernier ne date pas plus d’un mois ?
Comme vous le remarquez, on perçoit évidemment l’absurdité de la chose étant donné que dans cette France coloniale, il se trouve avec conviction des français sincères et des écrivains épris de principes universels qui se battent pour un monde meilleur, plein de liberté, de justice et de progrès. On ne peut les énumérer ici tellement ils sont nombreux.
D’autre part, on n’a pas le droit non plus de choisir la lecture du citoyen, sauf peut-être désapprouver celle en contradiction flagrante avec nos constantes et nos valeurs, et ceci est un autre débat, mais il faut préserver et protéger la liberté du choix. Même s’il faut souligner qu’un livre, quel que soit son penchant, est toujours souhaité à le croquer afin d’abattre tous les atouts possibles et renverser les arguments adverses.
C’est donc toute la mythique du livre qui se trouve remise en cause par cette mesure incompréhensible pour un commissaire, de surcroît éditeur de son état.
Certes, on peut toujours reprocher aux écrivains égyptiens de s’être tus lors de la crise entre les deux pays pour ne pas avoir pris des positions franches. Leur présence à Alger les aurait automatiquement poussés à prendre leurs responsabilités et à briser leur silence.

LE FOOT OUI, LE LIVRE NON !
Pourquoi alors prive-t-on les amoureux du livre à découvrir les nouveautés des écrits égyptiens tandis que les fans de foot, par qui tout le péril est arrivé, n’ont pas boycotté ni proscrit la venue des Mohamed Aboutrika, Wael Gomoâ et Ahmed Hassan ? Au contraire, on les a accueilli à bras ouverts comme il se doit à l’aéroport d’Alger ainsi qu’à l’hôtel Amraoua de Tizi, en leur offrant de surcroît des fleurs brandies par des innocents bambins sous une escorte sécuritaire sans précédent qui a surpris les visiteurs eux-mêmes. L’Algérie n’est sortie que grandie et honorée par un tel geste de gens civilisés.
Le stade était archicomble le jour du match pour les voir à l’œuvre contre nos protégés. A moins que le football soit assimilé à une guerre entre deux pays et que l’on doit absolument la mener. La guerre des pieds est illogiquement plus importante et indispensable que celle de la confrontation des pensées. Quel déclin !
Pour le foot, on a pu apprécier sur le terrain Aboutrika et vomir en même temps Hassan pour leurs déclarations antécédentes. N’est-il pas vrai que le meneur de jeu et stratège de l’équipe d’Al Ahly et d’Egypte est sorti sous les ovations du public Kabyle lors de la dernière confrontation entre la JSKabylie et Al Ahly du Caire ? Il est resté très estimé et très apprécié auprès du public sportif algérien car il avait tenu jusque là des propos dignes de son rang que notre public ne les a en aucun cas occultés.
Au match retour au Caire, on a constaté presque les mêmes scènes que ce soit au niveau sécuritaire que sur le plan de l’ambiance dans un stade rempli à ras le bord. A part quelques infimes accrochages à la fin du match, la confrontation s’est très bien déroulée dans l’ensemble comme l’affirme le premier responsable de la JSK. Il faut noter avec satisfaction le comportement exemplaire sur et en dehors du terrain des canaris malgré un arbitrage loin de faire l’unanimité. Le public de la citadelle rouge a vu une équipe qui a su maîtriser parfaitement ses nerfs et montrer un visage totalement séduisant et complètement différent par rapport au match disputé en janvier dernier en Angola où on a vu certains de nos joueurs internationaux péter les plombs. Cette caricature négative nous a valu à Benguela une défaite humiliante et un tableau noirci de l’Algérien. Par sa discipline, son fair-play et sa sportivité, la JSK a su renverser la situation en notre faveur. Au contraire, ce sont certains joueurs chevronnés d’Al Ahly comme Moawad et Gomoâ, pourtant champions d’Afrique avec leur équipe nationale, qui sont tombés dans le panneau en tentant d’agresser des joueurs qui débutent à peine leur carrière. C’est cette image, dans tous les domaines, que l’Algérie doit véhiculer en toutes circonstances. Bravo la JSK !

HOWEIDI ET LES SIENS OUI, ELGHANDOUR ET CONSORS NON
Je sais que les algériens n’accepteront jamais la venue, et moi-même parmi les premiers, de Khaled Elghandour, de Amr Adib, de Mustapha Abdou ou de Medhat Chalabi quel que soit le prix à payer quitte à ce qu’ils excusent publiquement devant le peuple algérien. Les martyrs et l’emblème national n’ont pas de tarifs précis ni de barèmes.
Idem pour certains acteurs de cinéma et associations professionnelles comme celle du bâtonnat des avocats égyptiens et des artistes qui avaient versé dans l’agressivité et l’animosité au moment où la tension avait atteint son paroxysme. Il faudrait beaucoup de temps et de pédagogie pour refermer la plaie béante.
Donc ce public de Tizi Ouzou, en fin connaisseur, a su faire la part des choses en encensant à tout rompre Aboutrika et en huant les autres joueurs et entraîneurs et dirigeants qui ont rajouté de l’huile sur le feu pendant et en fin de la partie ainsi qu’à leur sortie du stade. On ne doit absolument pas mélanger dans la même cagette les tomates mûres avec les pourries. Le caillassage léger du bus de l’équipe cairote n’est que le résultat de cette dégénérescence.
Lors de la crise qui a secoué les deux pays, il s’est trouvé des égyptiens comme le penseur islamologue Safouat El Hidjazi (pas l’autre) qui s’était opposé ouvertement en ornant, le plateau d’une de ses émissions télévisées, côte à côté les drapeaux des deux nations. Il fallait être très courageux pour adopter une telle attitude honorable à l'inverse de la grande majorité qui se répandait dans le chauvinisme et la haine sans limites.
Nous rappelons aussi la position intellectuelle de Hamdi Kandil ou de Fahmi Howeidi qui dans un pamphlet intitulée « les 10 pêchers » publié sur le site d’Aljazeera (allusion au comportement des autorités responsables égyptiennes) avait fait tache d’huile dans les rangs des politiques et au sein des mass médias.
D’autres observaient la tragédie sous silence néanmoins ils avaient mal au cœur de voir ce déchirement entre deux peuples qui avaient tout pour être réunis pour le bien et pour le pire. Mais un match de foot est passé par là en écrasant tout sur son passage. Le livre est l’un de ses souffre-douleur le plus touché.
Il faut savoir maintenant tourner la page mais ne pas l’effacer surtout que les autorités égyptiennes ont assimilé par cœur la leçon du 14 novembre 2009 en apprenant à bien recevoir ses invités avec des fleurs et non par des cailloux. Sacrifier des Algériens sur son sol pour un projet politique interne n’est plus qu’un mirage. Par contre, le livre doit garder pleinement son autonomie en l’éloignant de toutes ces convulsions.

LICITE POUR LE FOOT, ILLICITE POUR LE LIVRE
Si l’on poursuit les raisonnements des initiateurs de la pétition, ce sont toutes les relations footballistiques, origines du dommage, qui auraient dû être coupées entre les deux pays.
Pour rappeler certaines choses concrètes, juste après les fameux matchs de novembre dernier, les rapports sportifs n’ont jamais été rompus. L’équipe nationale de tennis de table suivie par celle du hand ball se sont produites au Caire sans aucune proscription de la part de nos instances sportives.
On peut même rajouter une initiative datant seulement du début d’août. L’équipe de l’ESSétif ne s’est-elle pas préparée en terre égyptienne pour son dernier match de coupe d’Afrique avant de s’envoler à Harare au Zimbabwe ? Aucune voix ne s’est élevée contre cette décision que l’on peut qualifier à première vue de surprenante. Si les relations officielles sont aussi détériorées que ça comme le prétendent certains, l’équipe de Sétif aurait pu se dispenser d’une telle étape cairote non obligatoire et se suffire du seul contraignant transit à l’aéroport du Caire.
Quant à ce choix inédit, aucune personne, ni au sein de l’entente ni au niveau de la fédération algérienne de foot, ne s’est offusqué face à la démarche sétifienne, ni trouver une mince indécence ou montrer sa désapprobation. Au contraire tout le monde a presque approuvé et chanté les dirigeants de Ain El Fouara pour cette conduite très élégante et qui va dans le sens de l’amélioration des rapports algéro-égyptiens.
Pourquoi alors deux poids, deux mesures ? Dès lors que le livre est innocent de la situation présente. Et s’il y a rupture, c’est pour tout l’univers footeux en premier lieu. Alors pourquoi le livre et non le foot ? Le livre n’est donc qu’un dégât collatéral de ce jeu mais constitue par sa malchance la première victime directe.

LE BOUQUINAGE, UN DÉSASTRE DANS LE PAYS
Le livre semble-t-il n’est devenu qu’un parent pauvre dans ce pays. N’est-t-il pas réel que la lecture des livres a dégringolé auprès des jeunes générations ? Il suffit de faire un tour chez les rares librairies qui arrivent à tenir le coup pour s’apercevoir de la carence de l’achat des livres. De nombreux libraires ont transformé depuis belle lurette leur commerce, faisant un virage à 180 degrés, en passant sans transition comme tout le monde au commerce assez florissant de la bouffe. Les têtes ne daignent plus être soignées et alimentées.
La seule lecture préférée, ce sont les journaux à sensation sans oublier bien sûr le plat de résistance que sont les journaux spécialisés sur le football qui ont proliféré davantage ces temps-ci. On se les s’arrache sur les étals bien que valant doublement cher. Singulièrement, de nombreux quotidiens, par crainte de perdre définitivement leur infidèle lectorat, ont créé des numéros spéciaux foot. Le 100% foot est désormais à l’œuvre.
Lorsqu’on lit les journaux, on commence toujours par la une, et c’est normal, puis on saute immédiatement aux avant dernières pages dédiées au roi foot. Rares sont ceux qui s’intéressent réellement, sauf pour les exceptionnels branchés, aux divers articles de fond et des contributions externes.
Spontanément, le jeu à pied est devenu la discussion favorite des algériens, tous âges confondus, et qui occupe, si je n’exagère pas, 90% du temps gâché par les jeunes et les moins jeunes. Tout le monde connaît le moindre détail du dernier arrivant au sein des verts en plus des potentiels postulants mais ignore tout d’un écrivain ne fussent Tahar Ouettar, Mouloud Feraoun, Mohamed Dib, Assia Djebbar, Malek Benabbi ou parmi les plus récents d’entre eux à l’instar de Yasmina Khadra.
Faisons un tour chez les libraires qui ont préféré, contre vents et marées, rester fidèle au métier. Le désastre est vite décelé par rapport à une certaine époque où pourtant la chose culturelle était quelque peu contrôlée. Pour ne pas sortir de l’ordinaire, les livres de cuisine occupent toujours une place de choix. On se souvient que la lecture était considérée comme la clé de la réussite de tout succès mais plus maintenant.

DU STATUT DE LA VICTIME À CELUI DU COUPABLE
Savez-vous que sous d’autres cieux, le livre est abordable pour toutes les bourses ? Dans certains marchés et supermarchés, il est vendu au kilogramme pour les livres d’occasion. Auparavant, on allait au souk du week end pour vendre et échanger des livres. Cette tradition légendaire n’a plus l’actualité. On mettait des heures à déceler le livre original. Acquérir un livre était considéré comme une nouvelle conquête. D’autre part, les kiosques à livres qui élisaient domicile sur les places publiques se sont éclipsés à jamais de notre vue. Ils se sont convertis en cafés et en crèmeries en attendant le messie.
De nos jours, essayez de dénicher au microscope, dans un bus ou dans un train, quelqu’un en train de bouquiner à l’image des citadins des pays avancés. Cela fait partie du domaine du miracle !
Puisque le livre ne peut plus compter sur d’éventuels défenseurs dans ce pays, alors il paie les frais de sa solitude et de son abandon en le sacrifiant manu militari pour une guéguerre footballistique. Quels que soient les évènements qui ont émaillé une rencontre de foot, on ne devrait nullement mettre tous les égyptiens dans un même sac et assimiler le livre à cette histoire. Si l’on poursuit cette logique au sens extravagant, nos politiques ne vont plus se voir ni nos scientifiques ni nos syndicats ni nos écrivains, etc...Toute odeur de l’autre est à bannir. Si l’on se considère comme faisant partie d’un pays qui ne recule pas, ce n’est que par le dialogue et la concertation que chacun pourrait faire avancer ses pions sur l’échiquier.
La venue des éditeurs égyptiens aurait constitué une occasion inespérée de leur donner une leçon de modernité et de civilisation dont les égyptiens se proclament en général être son berceau immortel. On les aurait embarrassé et désorienté par cet esprit. Un refus de participation de leurs parts, aurait constitué un incroyable motif pour les remettre à leur juste place et maintenir notre main dessus. Mais je pense qu’ils ne seraient pas aussi stupides à ce point ! Mais par notre maladresse et inadvertance, c’est nous qui nous retrouvons dans la cage.
Pour enfoncer davantage le clou dans notre chair, le président de l’instance suprême du livre en Égypte Mohamed Saber Arab, comme l’a rapporté la presse égyptienne, a annoncé le 8 août précédent que son institution adressera une invitation à notre pays pour son prochain salon du livre. Il n’utilisera pas la même stratégie suicidaire. C’est ce qu’on appelle un retournement inespéré d’une situation perdue à l’avance. En fin de compte, du statut de la victime, on se retrouve dans celui du condamnable. Au lieu de marquer des points, on les offre gratuitement à nos vis-à-vis. Sans commentaires.

LA PLUME NE NOURRIT PLUS
C’est vrai que le livre n’a pas assez de supporters comparativement au foot par ces temps de misères culturelles sauf quelques malheureux nostalgiques qui se battent comme ils le peuvent en gageant sur le retour de l’Algérie à de meilleurs sentiments intellectuels. Sauf rarissime exception, on ne découvre plus l’éclosion de nouveaux talents qui ont préféré s’investir, éloignés de l’écriture puisque le nombre de lecteurs passionnés ne cesse de s’amenuiser. La plume ne nourrit plus, elle ne subvient plus aux besoins.
Internet qui est un extraordinaire outil pour la libération du livre ne sert dans le pays qu’à la tchatche et aux discussions au sein des forums afin de pirater les télévisions occidentales. La toile s’est également métamorphosée en une immense agence matrimoniale sans frontières pour nos jeunes et potentiels Harragas en quête de l’âme sœur, rêvant de s’évader vers d’autres horizons.
On aurait aussi souhaité que la télévision publique nous donne des échos sur ses émissions littéraires diffusées tant bien que mal à travers ses antennes. Un sondage nous montrerait la faillite établie du livre et l’étendue des dégâts.
Regardons, ce qui se réalise ailleurs pour le seigneur livre. Un extraordinaire marketing se fait autour de la sortie d’un nouveau titre. C’est parfois plus que la promotion d’un film. Le livre possède un public mordu qui s’amplifie de jour en jour. Chez nous il disparaît de nos étals de nuit en nuit.
Le prix Goncourt, pour ne citer que celui-là, est une véritable institution littéraire. Le prix Nobel de littérature est le plus prestigieux face à tous les autres Nobels réunis. C’est ce qu’on retient chaque année de ses distinctions avec celui de la paix. Il fait atteindre son lauréat les cimes de la renommée mondiale, à la gloire et à la postérité sans fin. Le livre gagnant rentre de plein pied dans la lignée. Il sera tout le temps à la une en se vendant comme des petits pains.
C’est pour vous dire à quel point la littérature est la favorite parmi toute la culture en général. Chez soi, elle continue de se dégrader en orpheline. Ne parlons pas de la publication d’un livre dans nos contrées, qui reste une incroyable galère.

LA SAINTE FIFA, CETTE ÉPÉE DE DAMOCLÈS
La grandeur et le développement d’un pays se mesurent par la création et la production prolifique de ses écrivains et non par l’audimat d’un match de foot. Est-ce que l’Algérie serait meilleure par une production scientifique, littéraire et artistique ou à travers une participation en coupe du monde de football ? Les deux seraient les bienvenues mais le choix d’un seul est vite fait. Cela dépend de quel côté on se situe.
C’est pour cette raison que nos écrivains, se comptant sur les doigts de la main, préfèrent traverser les mers et se faire publier là où le livre est soutenu et parrainé. Il n’y a pas que la question pécuniaire qui prime.
Comme le rappelle si bien le texte de la dite pétition, pour le foot il existe une ONU des nations du ballon qui s’appelle FIFA. Attention à celui qui ose s’opposer à ses jugements irrécusables et sans aucun appel possible. C’est l’épée de Damoclès qui pèse sur nos pieds. Un refus de jouer contre un club pas seulement égyptien, sauf israélien pour l’instant, mettrait inéluctablement le pays dans de mauvais draps sous le coup d’une suspension inacceptable pour le large public du ballon. Tandis que les fervents du bouquinage ne disposent pas encore d’une instance internationale équivalente du genre FIFA du livre qui somme d’accueillir tous les éditeurs sans restriction. De plus, les lecteurs peu nombreux ne peuvent pas faire de la pression comparable à celle de l’envergure des supporteurs de foot.
Au départ, j’ai été sceptique sur la venue des égyptiens mais cet alibi inviolable de la FIFA m’a amené à réviser certaines attitudes. Pour le livre, aucune entreprise planétaire ne détient ce statut similaire puissant comme celui de l’empire du président Sepp Blatter.

Il est indéniable qu’on ne peut naviguer à contre-courant des sentiments et de la volonté du peuple mais les érudits de ce pays, politiques et lettrés, doivent accomplir leur mission d’éclaireurs de la société. Ils ont la responsabilité et le devoir d’indiquer le chemin lumineux, le moins difforme possible selon les intérêts suprêmes de la nation.
La révolution de 54 pour l’indépendance du pays avait réussi grâce principalement à des guides et des chefs tels que Mourad Didouche et Mostefa Benboulaïd qui ont poursuivi le long périple tracé durant des lustres par l’Emir Abdelkader, El Mokrani, Ben Badis et tant d’autres au cours de l’interminable lutte qui a libéré le pays du joug colonialiste.

Enfin, Citons l’exemple édifiant du Haut Conseil Islamique (HCI) qui vient de signer un communiqué daté du 18 août dans lequel il critique la décision déplacée du commissaire du SILA en rajoutant que nul n’a le droit de s’ériger en conscience du peuple…
L’adage du silence d’or prôné par certains cercles n’a plus sa raison d’être lorsqu’il s’agit d’évoquer en principe le livre si celui-ci dispose d’une vraie place dans la société.

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