jeudi 27 août 2009

Le mois du Ramadhan où l’informel dans tous ses états.

Article paru dans le Quotidfien d'Oran du Jeudi 27 Août 2009:

http://www.lequotidien-oran.com/?news=5125780


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Combien de fois a-t-on entendu tout autour de soi cette petite phrase assassine « Makanch Dawla », il n’y a pas d’État ou l’absence de l’État est évoquée avec une fatalité chronique. Les Algériens la prononcent en signe de déprime et d’amertume lorsqu’ils désespèrent de ne pas voir venir les solutions aux divers problèmes qui minent le pays. Ils invoquent essentiellement l’impuissance patente et latente de l’état.

Cet état d’esprit est dû en premier lieu à l’informel qui sévit non seulement en économie mais dans tous les domaines. L’informel, ce ne sont plus les vendeurs à la sauvette et le fameux Trabendo des cabas que l’on trouvait jadis dans les souks Algériens aux couleurs du marché noir ; il a acquis depuis ces lettres de notoriété et de noblesse en se généralisant à d’autres secteurs, en brassant des revenus astronomiques grâce notamment à notre charitable trésor public. Il s’est organisé en un véritable pouvoir qui avarie le pays aussi bien dans le sens vertical qu’horizontal.

QUELQUES DONNÉES DU MARCHÉ DE L’INFORMEL

Selon une étude du Forum des Chefs d'Entreprises Algériens (FCE), rendue publique le 18 mai 2009, les revenus annuels du secteur informel avoisinent les 6 milliards d'euros (600 milliards de dinars), soit l’équivalent de 17 % de l'ensemble des revenus primaires nets des ménages algériens. Un chiffre qui donne le vertige, il est nettement supérieur aux budgets de plusieurs états en Afrique et qui fait envier plusieurs pays à travers le monde. C’est devenu un indiscutable état dans la république. Tenez-vous bien, selon la même étude, le secteur informel emploie 1 million 780 000 personnes, soit 32 % de l'ensemble de la population active dont 22% à plein temps. Pour les structures officielles du pays, toutes ces personnes sont déclarées évidemment chômeurs dans leur état. Un grand nombre jouit même des avantages liés au chômage.

D’autre part, selon des chiffres fiables, 35% du marché des fruits et légumes s’affaire dans l’informel. La liste est très longue, on peut citer le marché de l’automobile avec la pièce détachée y comprise, les produits électroménagers, les médicaments, les produits cosmétiques, les produits alimentaires, l’informatique, l’ameublement, etc… . Le textile occupe aussi une position de choix.

Comme on le constante on y est plein dedans l’informel et l’État n’y voit que du vent.

Autre fait flagrant, les souverains des matériaux de construction font ce qu’ils veulent dans le secteur de l’habitat et de la construction. Figurez-vous qu’ils revendent le sac de ciment en gagnant plus de 2 fois et demi sans aucun effort par rapport à son coût à sa sortie d’usine ? Encore faut-il mentionner que l’informel rime absolument avec l’autre fléau qu’est la bureaucratie. En effet, le million de tonnes de ciment de l’importation promis par le gouvernement tarde toujours à arriver pour combler le déficit du marché au moment où les sacoches suspectes se remplissent sans cesse en oseille tout en saignant davantage les bâtisseurs.

QUELQUES EXEMPLES DE L’INFORMEL

Lorsque vous roulez en voiture dans une route hors agglomération, dîtes-vous que vous luttez sans cesse contre les fous du volant surtout les semi-remorques pleins à craquer et ignorant toute limite à la vitesse. Évidemment, personne ne les arrête jusqu’au jour où ils commettent l’irréparable. L’effet des radars a semble-t-il été vaincu par ces chauffards dans lesquels sommeillent d’éventuels assassins à chaque fois qu’ils prennent la route. Ils ne reconnaissent plus le code de la route, voilà l’informel étalant toute sa splendeur.

Lorsque vous allez faire une consultation médicale dans un cabinet ou au sein d’une clinique privée sans que l’on se soucie guère des tarifs que l’État a décrétés, je ne vois pas comment on pourra qualifier ce fait si ce n’est du purement informel en pleine mutation chirurgicale.

Lorsque des personnes investissent de force tout un ensemble de rues pour se les accaparer H24 avec gourdins et sifflets, au nez et à la barbe des APC pour en faire des parkings privés et juteux, est-ce vous croyez que nous sommes toujours dans le domaine du formel ?

Lorsque des officines proposent des produits de toilette et de soins de beauté émanant d’origines douteuses loin de toutes normes médicales, on ne peut parler dans ce cas que du virus informel qui a pris pour cible notre pays en le crevant de plein fouet. Malgré son odeur désobligeante des années soixante, notre regretté savon maya usinée par la défunte SNIC a de meilleures qualités chimiques face à ces produits fort suspects, qui s’emparent de l’Algérie de nulle part. Il ne faut pas surtout se fier au code barre qui ne représente plus rien aujourd’hui autant l’informel continue de faire des ravages partout. Le piratage informatique est là pour faire des miracles en donnant une nouvelle vie commerciale à tout néfaste produit.

Lorsque subitement le prix du sucre et tous ses dérivés augmentent brusquement à la veille du mois sacré, vous ne pouvez pas se sentir d’être gouvernés fermement.

L’informel, ce sont aussi ces bouchers illicites de fortune installés sur nos routes étalant les carcasses de viande en plein soleil et poussière.

On peut signaler des tas d’exemples interminables de ce genre qui nous enveniment la vie de tous les jours. Nous végétons dans un pays que l’on ne pourra même pas le comparer à une jungle car celle-ci dispose au moins de ses règles instinctives où on ne touche pas à la loi pyramidale de son haut trônant le roi lion.

POURQUOI LES ALGÉRIENS NE SONT-ILS PAS HEUREUX ?

Notre pays est devenu malheureusement un grand marché noir où tout se commerce et se négocie en dehors de tout contrôle de l’État qui nous administre. C’est cette raison de défaitisme qui explique aussi le découragement et la malvie des citoyens qui au lieu de vivre heureux dans un pays abondamment riche avec pleins de chantiers ouverts dont celui du siècle avec cette route Est-Ouest et des dettes entièrement honorées. En principe, on ne pourrait pas vivre la mine triste dans un pays qui repose sur un matelas financier confortable qui avoisine les 150 Milliards avec un prix du baril assuré du double de celui du seuil de la loi de finances. En conséquence, le pays est à l’aise financièrement comparativement à l’emprise du plan draconien du FMI des années 90. Néanmoins, ce sont les idées qui nous manquent le plus.

Malgré ces chiffres, les Algériens sont des « Mdigoutis » selon l’expression chère au comédien Fellag. Le malaise d’être mal gouverné y est sans aucun doute pour beaucoup de choses. A quand la sortie de cette impasse pour que les Algériens soient bienheureux de respirer le chez soi ? Eux qui sont de nature festive et joyeuse, ont-ils perdu, à ce point, le sourire et le bon vivre sauf qu’à de très rares occasions comme le match Algérie-Egypte du 6 juin dernier ? Il n’y a pas que les candidats à la Hedda qui insistent à prendre le large.

L’INFORMEL BAT SON PLEIN

Le mois le plus propice à l’ascension l’informel demeure comme chaque année le mois sacré du Ramadhan. Les Ramadhans se suivent et se ressemblent. L’omnipotent informel déploie son parapluie tout autour et règne en maître absolu sur tous les tubes digestifs Algériens. Il ne se trouve pas un produit qui échappe à son emprise. L’État est devenu si microscopique à ses yeux à tel point qu’il ne le distingue plus. Ce sont les barons qui dirigent la manœuvre et la manipulation de la bourse des prix depuis l’entrée de la marchandise sur le marché jusqu’à son arrivée aux portes de nos œsophages. Ils ne paient ni l’impôt sur le revenu ni l’impôt tout court. Ils n’ont jamais entendu parler du système de facturation ni de déclaration fiscale. Ils n’ont même pas besoin de registres de commerce. Ils se sont installés ostentatoirement dans de grands magasins, invisibles aux yeux des agents de l’État. La Casnos est la dernière de leurs soucis. Ils ne disposent pas de comptes bancaires ni de chèques puisqu’ils les ont remplacées de pied levé par EChkara. Les patrons sont désignés par des Charikates gadrates selon l’adage populaire. Ils possèdent leur propre banque, leur distinct réseau avec leurs spécifiques clients. Que de l’informel dans l’informel. Les plus préjudiciable d’entre eux, lorsqu’ils sont enregistrés au registre de commerce, leurs charges fiscales ne sont même pas du niveau de l’IRG des petits fonctionnaires qui sont poinçonnés à la source. Dès la moindre suspicion d’une arrivée brusque des inspecteurs du fisc ou de la concurrence des prix, ils baissent les rideaux telle une traînée de poudre. Ils défient l’État au grand jour. La nuit leur appartient pleinement.

L’AGNEAU SE FAIT DES AILES

Sire agneau a vu son kilogramme se hisser en flèche vers les cimes de l’impossible, entre 800 et 1000 DA. Les fonctionnaires et les nécessiteux de ce pays, qui vivent du formel, ont déjà oublié sa saveur et son odorat. Ils ne se le voient s’offrir qu’en faisant de beaux rêves.

On ne se souvient pas que la viande ovine ait été cédée à ce prix, en dépit de l’extraordinaire moisson de cette année. Effectivement, du fait d’une très forte pluviométrie 2009, la production céréalière a battu tous les records depuis que l’Algérie est indépendante, à savoir 60 millions de quintaux ramassés. L’orge, l’avoine et le foin, premières nourritures de l’ovin, sont par conséquent largement disponibles et à des prix abordables.

Les uns pensent que c’est une histoire de spéculateurs qui cèdent notre mouton en dehors de nos frontières où notre cheptel est très prisé du côté d’Oujda et d’El Kef. Les autres disent que les éleveurs ont gardé leur troupeau pour les engraisser davantage du fait de la disponibilité des aliments et du pâturage. La question que me ronge l’esprit : va-t-on assister à un retournement de situation lorsque toutes ces bêtes vont se retrouver, dans quelques mois, en grande quantité sur le marché. Si l’on suit ce second raisonnement, aucun soucis à se faire pour le mouton qui sera métamorphosé en bélier au prochain Aïd El-Kebir à moins qu’il ne prennne « la route de l’unité » (Trig El Ouahda), encore que l’ardoise de nombreux éleveurs ait été épongée. C’est une amère réalité difficile à gober lorsqu’on observe les effets.

LE SOUK VIRTUEL D’ELHADJ LAKHDAR

J’avais envie de bondir lorsque j’ai lu ces temps-ci qu’un organisme étatique inconnu sur les tablettes commerciales jusqu’alors à part des initiés, nous vient rappeler bizarrement l’ère des Souk El-Fellah d’antan. En effet, selon la publicité gracieuse de la télévision nationale, cet organisme a ouvert des points de vente en nombre insuffisant pour nous vendre du poulet à 250 DA et de la viande ovine à 680 DA. C’est-à-dire les prix fixés par les seigneurs de l’informel il y a à peine 2 ou 3 mois. Et puis est-ce une production du secteur public ou du privé ? Des zones d’ombres qui nécessitent des réponses claires. Est-ce suffisant pour lutter contre la montée des prix ? Et puis où était-elle durant les onze mois restants pour réguler le marché pour lequel cette entreprise doit son existence ?

En ce début de ce mois, c’est donc l’effervescence des prix du kilo de poulet jusqu’à la moindre petite gerbe de persil en passant par la dame carotte qui s’est dotée de voiles. Les coûts redoublent de coups en produisant des fleuves de larmes à beaucoup de familles sans armes. La Rahma et la piété, qui ne demeurent que dans le commun des mortels, n’ont pas lieu d’être. Le plus important est de gonfler à bloc le portefeuille.

C’est durant le mois de Ramadhan que l’informel étale plus que jamais son savoir faire. Il accule le formel là où il se cache jusqu’aux moindres recoins. Le plombier, le mécanicien, etc… transforment leurs locaux en de vastes magasins de vente de la Zlabia, de la Chamia et autres sucreries sans aucune autorisation ni contrôle des services du commerce, d’hygiène ou encore moins de sécurité. Quant aux prix, naturellement ils sont fixés par les plus forts et non par Elhadj Lakhdar et son souk qui n’existent que dans l’imaginaire de ses producteurs. Les citoyens veulent du concret et non se nourrir de feuilletons qui les font rêver indéfiniment avec ces comportements clairement moralisateurs.

UN TEUF-TEUF RELOOKÉ À NEUF

Le pitoyable formel est chassé de ses terres et se terre de façon misérable. Il rase les murs, il devient infime et presque invisible. Oser aller au marché et demander l’application de la loi, le dernier commerçant vous rira au nez comme si vous venez d’atterrir d’une autre planète. On vous répondra qu’ici ce sont leurs lois qui ne s’appliquent pas uniquement lors du mois du ramadhan mais pendant tous les restants de nos jours.

En Algérie, celui qui vit de l’informel ne s’en soucie guère lorsque les prix grimpent. En effet, les services qu’il monnaye vont aussi gravir les échelons en flèche et c’est interne à l’informel. Leur économie et leur bourse adaptent la loi de l’offre et la demande et leurs devises suivent même les règlements internationaux. A chaque grincement de dent sur un quelconque point du globe ou d’un petit tsunami économique, ils sont prompts à l’application de la crise sur le champ. Rappelons récemment, lorsque la Loi des Finances Complémentaire a mis fin au crédit des ménages pour l’achat des véhicules neufs, immédiatement le feu a été mis sur les marchés de l’occasion où les enchères ont été brûlantes pour les candidats à l’achat d’un simple tacot.

L’état ne peut rien contrôler, il est complètement assommé par les hors-la-loi qui nous font subir avec force et humiliation leurs législations.

ET REVOILÀ L’EXCLUSIVITÉ ALGÉRIE-TÉLÉCOM

Puisque la tendance est la hausse et comme le malheur ne vient pas seul, c’est la veille de ce mois du carême qu’a choisi Algérie-Télécom pour profiter d’annoncer à sa prisonnière clientèle une augmentation de 30% des tarifs des communications du téléphone fixe. C’est la fiction de son marketing, impensable en téléphone mobile.

Ouallah, au départ j’ai cru lire une réduction, ce n’est que quelques jours après que je me suis ressaisi en le scrutant en gros titre sur l’édition en langue française d’Algérie News du jeudi 20 août, j’ai dû bien me rincer les yeux à plusieurs reprises pour m’apercevoir de l’hallucination, ne s’agissant nullement d’un canular au moment où la communication téléphonique du fixe au fixe Paris-Pékin est offerte gratuitement pour les abonnées de l’ADSL.

Sans le monopole de la téléphonie fixe, cette augmentation serait suicidaire pour Algérie-Télécom. Elle l’aurait coulée d’un naufrage sans précédent. Par conséquent, la promesse de la gratuité des appels locaux part de plus belle en fumée. Mondialisation oblige, qu’adviendra-t-il d’Algérie-Télécom si l’État décide de libérer ce secteur ? La réponse semble évidente.

LA CHERTÉ PARTOUT DANS LE MONDE ARABE

En navigant sur Internet et en zappant sur certaines chaînes de télévision arabes, il apparaît clairement que la hausse des prix des produits alimentaires de large consommation est le dénominateur commun des pays frères de sang durant le Ramadhan. Ces augmentations démontrent de la manière éclatante qu’il s’agit d’un signe de sous-développement qui nous caractérise. Les musulmans vivant dans les pays occidentaux n’endurent pas de telles pratiques.

HEUREUSEMENT QUE LA SOLIDARITÉ Y EST PRÉSENTE

Je ne finirais pas ce papier sans terminer par une bonne note sur les nombreux bénévoles des associations de bienfaisance éparpillées à travers le territoire national et qui fournissent un fabuleux travail afin d’apaiser les démunis en leur offrant des repas ou en assistant les petites bourses.

Enfin, heureusement que les prières aux Taraouih et les invocations de Dieu aident à surmonter les tensions de la journée. A l’année prochaine pour un Ramadhan plus clément et sans… l’informel. Nos illusions risquent de nous jouer de mauvais rôles, et le cauchemar manifeste de s’éterniser !

-Par Mohammed BEGHDAD, Enseignant à l’Université de Mostaganem et Syndicaliste du CNES.

samedi 22 août 2009

L'équipe nationale de football: est-ce la lumière au bout du tunnel ? Une équipe avertie en vaut deux.

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Article paru le Samedi 22 Août 2009 sur le Quotidien d'Oran: http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5125591


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Comme lors des dernières prestations de l’équipe nationale de football, les supporteurs des verts et en particulier les jeunes ont vibrés, drapés des couleurs nationales comme il est devenu maintenant une coutume inséparable, aux envolées de Karim Matmor, Mourad Meghni, Karim Ziani, Rafik Djebbour, Madjid dit « Magic » Bougherra et de tous les autres capés. Les échos de ce match nous sont mêmes parvenus de la Tunisie où les vacanciers Algériens ont défilé sur les boulevards de Sousse dans de longues processions de voitures immatriculées du Bled.

On sent déjà les prémices de la naissance d’une grande équipe si la progression et le volume de jeu se poursuivent à ce rythme.

Comme on le constate fortement, même pour un quelconque match amical, l’équipe nationale a suscité l’intérêt de tous en faisant entretenir le rêve surtout pour ceux qui n’étaient pas encore nés lors des péripéties mondiales Espagnoles et Mexicaines.

Lors de ce Match contre les Sud-américains, on signale une nouveauté de taille au stade du 5 juillet, c’est la présence remarquable et en force des familles avec femmes et enfants dans un périmètre réservé. Une première en Algérie, à renouveler avec plaisir pour signifier que le football n’est qu’un jeu très plaisant avec toujours à la clé un gagnant et un perdant. Malheureusement, cette défaillance persiste lors des confrontations nationales. Cette expérience est un bon remède à encourager pour endiguer un peu la violence mais pour les clubs, c’est une autre paire de manches. On n’ose même pas se déplacer au stade en compagnie du père ou du fils par peur d’entendre des mots vulgaires profanés par une grande partie du public Algérien qui ne trouve mieux que se défouler de cette dégradante façon oubliant les principes nobles de la sportivité et du fair-play. Chaque week-end, le responsable du son du match, retransmis en direct par la télévision, guette la moindre expression déplacée pour se jeter sur son appareil en diminuant brusquant le son afin de pas indisposer les téléspectateurs.

L’équipe qui a joué contre l’Uruguay nous a donc fait drôlement rappelée la prestigieuse équipe de 1982. Cette équipe d’Uruguay, qui n’est pas à présenter, est double championne du monde: en 1930, d’abord chez elle à Montevideo lors de la toute première coupe du monde et en 1950 contre le Brésil au célébrissime et légendaire stade de Maracana devant 200.000 Brésiliens en pleurs. Elle a aussi gagné 14 fois la Copa América et elle est double championne olympique du tournoi de football. Pour dire que cette équipe n’est pas née de la dernière pluie, elle figure effectivement parmi le gotha du football mondial. Elle demeurait l’adversaire n° 1 du Brésil en Amérique latine pendant de longues années avant l’évènement de l’Argentine entamée par Mario Kempes en 1978 et poursuivie par Diego Armando Maradona en 1986. Cette équipe de l’Uruguay, classée à la 21 place au classement FIFA de ce mois d’août 2009, est drivée par Oscar Washington Tabarez qui dispose d’une alléchante carte de visite particulièrement d’avoir guidé à partir du banc de touche le Célèbre Milan AC.

Des matchs comme celui-ci, on en redemande encore pour la relance du sport roi dans notre pays. Du fait des progrès enregistrés ces derniers temps par l’équipe, elle commence à être sollicitée par les équipes de première zone. Elle est devenue un sparring-partner valable et fréquentable sur le plan footballistique. Ce n’est pas le fruit du hasard mais celui de beaucoup de labeur et du savoir faire de l&a composante des joueurs professionnels. Il ne faut avoir honte de l’exprimer ni de se l’en cacher. Les dirigeants Algériens n’ont-ils pas proposé et obtenu l’amendement des statuts de la FIFA en juin dernier pour permettre à Meghni de se requalifier en EN ? Levons les bras au ciel pour souhaiter que cela puisse se répercuter un jour positivement sur le niveau du football intérieur et de la sportivité en général.

Il fût un temps où l’équipe éprouvait les pires difficultés à jouer un match amical à Alger. Même les équipes Africaines les moins huppées nous fuyaient comme de la peste. On se contentait alors des matchs conclus à la dernière minute, à se mettre sous la dent, contre des petites équipes Africaines en stage en France, non pas à Alger ou Blida mais dans un anodin petit stade de la banlieue Parisienne, Marseillaise ou Rouennaise.

Maintenant, le plus important est de ne pas tomber dans la facilité en abordant sérieusement les dernières échéances à domicile contre la Zambie le 6 septembre prochain et ensuite le Rwanda le 11 octobre suivant. L’EN est à mi-chemin de la qualification mais elle est encore loin d’être arrachée, il faut assurer les matchs restants jusqu’au dernier souffle. La traversée du tunnel est encore longue. L’équipe doit rester concentré sur le sujet jusqu’à la délivrance de l’ultime match. On ne peut ôter la peau de l’ours avant de l’avoir tué comme le dit si bien ce proverbe qui s’adapte parfaitement à la situation envieuse de nos verts. Il reste encore 3 rencontres avec 2 matchs pleins à domicile qu’il ne suffit pas seulement de les remporter mais les conquérir avec des scores fleuves pour aller tranquillement en novembre au Caire jouer le dernier match le 14 Novembre. C’est ainsi que le tempérament de gagneur s’acquiert. Le goal-average risque de s’avérer très indispensable lors de l’expédition Égyptienne. L’épouvantable souvenir de 1989 du Caire est encore dans les mémoires des nombreux adeptes. Le 14 Novembre 2009 sera peut-être une confrontation à double coup mais avant cela il faut passer sans accrocs les écueils des pièges Zambiens et Rwandais. Dès maintenant, les regrets sont à enrayer de notre vocabulaire. Une équipe avertie en vaut deux.

Ce qu’il faut retenir de cette dernière confrontation contre la céleste, c’est l’incorporation de Meghni qui a permis à l’entraîneur national de doser encore davantage le milieu de terrain en jouant presque avec 3 défenseurs et plein de demis en attendant la venue de Yebda. La concurrence va être rude et c’est tant mieux pour la stimulation et l’avenir. Le coach Rabah Saadane dispose actuellement d’un groupe solide fort d’une véritable mentalité de professionnels qui savent plus que quiconque que les places dans l’équipe titulaire ainsi que celles du banc des remplaçants seront chèrement acquises. Chaque joueur est appelé à fournir tous les efforts indispensables à l’entraînement et à gagner d’abord sa place de titulaire au sein de son club avant de prétendre à une place au soleil au sein de l’EN. On est loin du temps où les dirigeants du football nationale courraient derrière des joueurs de seconde division Française et Portugaise pour les supplier à venir jouer pour l’Algérie. On n’oubliera jamais les faux-bond d’un certain grand nombre. Il est vrai que les responsables actuels disposent de tous les atouts fournis par le pays pour faire sortir le ballon rond de sa stupeur. Notamment des primes de 8000 Euros, étaient quasi impensables il y a quelques années.

Le grand point noir de ce match est la qualité de l’état du terrain, en dessous de celui promis par les autorités. Les responsables du stade disent qu’il faut attendre encore 2 mois pour que le terrain retrouve de belles couleurs. Dans ce cas, qui est-ce qui a donc autorisé à jouer précipitamment ce match au stade du 5 Juillet ? L’avis est aux concernés en premier lieu. Après le match amical livré ce dernier Mercredi, les joueurs ont déjà montré leur préférence au terrain de Tchaker de Blida et leur mécontentement de celui testé d’Alger. Pourtant, il y a quelques mois, on disait que le gazon serait fin prêt pendant ce mois d’août.

Il faut informer à ces messieurs que des équipes en Europe refont complètement leur pelouse durant la trêve hivernale qui dure moins d’un mois, juste le temps du repos des joueurs. Alors ? Le bricolage semble avoir encore de meilleurs jours devant lui. Des milliards engloutis mais les résultats tardent à se manifester. Que pensent les experts qui ont avancé des monts et merveilles d’après les propos même des responsables ?

Quant à nos speakers de l’ENTV, ils n’arrêtaient pas de nous ressasser en qualifiant de chef-d'œuvre ce stade du 5 juillet comme s’il venait d’être inauguré ce 12 août 2009 alors qu’il est âgé de 37 ans ! Nous n’avons pas besoin de ce chauvinisme gratuit qui pourrait nous jouer que de mauvais tours. C’est que ce stade, l’antre du football Algérien, a été édifié au lendemain du 10ème anniversaire de l’indépendance lorsque Alger avait le quart ou le tiers de la population actuelle et pratiquement aucun semblable n’a été réalisé depuis. Les équipes d’Alger continuent de vagabonder de Bologhine à Rouiba et du 20 août à celui de Koléa ou de Blida ou de Boumerdes. Il faut rappeler à ces émerveillés que le stade Mythique de Wembley a été complètement rasé. On a construit en son lieu et à sa place une nouvelle arène moderne totalement différente de son ancêtre. Il n’y a que le nom qui rappelle sa fabuleuse épopée. L’ancien Wembley était le temple du football mondial. Nous demandons, un peu d’humilité et de professionnalisme SVP, à ces commentateurs désignés qui doivent avoir une culture footballistique pleine avant l’exercice de ce métier.

Enfin, une autre fausse note qui tourne toujours autour du marketing de cette équipe nationale qui mérite, à ne pas s’en douter, une meilleure prise en charge. Tout le monde a sans aucun doute remarqué que le match a pris quelques minutes de retard pour son coup d’envoi officiel qui était prévu à 20h30 exactement. A ce degré, c’est absolument impardonnable pour l’image de marque de l’EN et celui du pays en entier.

Pour les annonceurs,, aucune trace non plus de ce match sur le site de Yahoo dédié au Football et sur d’autres sites spécialisés tels qu’Eurosport, l’équipe, etc…, il y avait entre autres Tunisie-Côte d’Ivoire, Egypte-Guinée, Maroc-Congo, Benin-Gabon mais point d’Algérie-Uruguay ! Nous sommes toujours en retard d’une décennie sur le plan médiatique. On s’est fait tellement tout petit à tel point qu’on soit indiscernable aux yeux des spécialistes, même à l’œil nu. Heureusement que nos journalistes sportifs expatriés, reconvertis pros entre-temps à Al-jazeera Sport, nous fassent un petit clin d’œil de temps à autre dès que l’occasion se présente à eux. Dommage que l’on n’exploite pas ce filon indispensable par ces temps de vaches maigres cathodiques.

Nous ne terminons pas ce papier sans évoquer le speaker attitré du stade qui utilisait des haut-parleurs similaires à ceux des années 70 avec une voix usée n’ayant rien de fine ni d’extraordinaire méritant cette tâche officielle. De plus, le volume des baffles dépassait ceux de la télévision et sans aucune synchronisation sursautant promptement les oreilles. Par ailleurs, les hymnes des 2 équipes se sont jouées dans une cacophonie indescriptible où l’on distinguait allégrement le décalage du son émis avec peine en devançant le mouvement des lèvres des joueurs.

Il est prouvé de manière formelle que tout petit résidu a son importance à ce stade de la compétition. Encore du pain sur la planche et beaucoup de choses à régler sur les bras des responsables surtout si l’équipe gagnera ses galons d’aller en Afrique du Sud et par ricochet une participation à la prochaine CAN. Une double qualification, ô combien espérée et attendue par tout un peuple. Sur le plan de la gestion des affaires de l’EN, il faut en conséquence passer à une vitesse supérieure avec le concours et le management de véritables professionnels et non de bricoleurs qui minent notre football. Il subsiste encore beaucoup de chemin à parcourir.

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jeudi 6 août 2009

Mais bon sang, respectons la chaîne !

Article paru dans le quotidien d'Oran du Jeudi 06 Août 2009

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«Un Anglais, même quand il est seul, forme une queue bien alignée d’une seule personne.»

George Mikes, écrivain britannique, 1912-1987

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Il existe un phénomène manifeste au sein de notre société qui nous empoisonne la vie de tous les jours depuis déjà assez longtemps. Cette attitude est accentuée surtout pendant les pics des grandes affluences, dans les lieux publics ou privés, pour poster par exemple une lettre ou dans la rue en s’évertuant de prendre un taxi. Les uns le qualifient de fait ordinaire, d’autres le désignent comme un acte incivique significatif de l’anarchie de notre organisation, cause du sous-développement caractérisé qui empire dans le pays.

C’est à travers cet exercice, banal et logique chez les pays dits civilisés, que l’on peut évaluer le degré de l’éducation, du civisme, de la discipline du groupe et du développement d’un pays.

Il s’agit bien sûr, comme vous l’avez tous sûrement deviné, de l’irrespect de la chaîne appelée aussi communément la file d’attente ou la queue dans un autre jargon. Ne pas faire la queue c’est aussi la finir en queue de poisson semble l’épilogue le plus déplaisant à subir.

L’Algérien éprouve de la forte répulsion et développe de l’allergie à accomplir la chaîne. Sa première réaction, lorsqu’il s’aperçoit être obligé d’attendre dans une file de personnes pour un quelconque service, est de ne pas la rejoindre de façon naturelle mais envisage de la contourner par tous les moyens subtils. C’est un défi incessant lancé contre l’ordre et uniquement pour le désordre.

Arrivant devant une foule faisant la queue devant un commerce ou un guichet administratif, la première chose à laquelle pense-t-il bêtement, c’est évidemment de provoquer une bousculade afin de parvenir à ses fins et perturber la vigueur si elle est établie. L’Algérien se réjouit sournoisement lorsqu’il casse la cadence d’une chaîne en la grillant de la plus belle des manières. Il est là pour la noyer, l’envahir perfidement, voire la tuer dans l’œuf. On n’y peut rien contre notre indomptable, il est moulé ainsi de cette façon, il adore la pagaille. On ne lui a jamais appris d’aucune façon, ni à l’école ni sur un placard publicitaire, à travers un spot télévisuel ou à l’intérieur d’un édifice public comment estimer et respirer ses frères. En principe, on n’a pas besoin de leçons à recevoir pour faire valoir ce respect, la convenance des choses est là pour nous instruire le bien du mal. De plus, notre religion nous n’a jamais prescrit l’inverse.

Malheureusement, nos rues, nos services publics regorgent du manque de politesse de cet aspect d’une société éclairée. Chez le vendeur de la « karantika » tout comme chez la pharmacie du coin, le concitoyen, si j’ose dire, déteste perpétrer la chaîne mais vénère à être servi en premier lieu. En pénétrant dans la boutique, il ne regarde, non pas les clients qui sont là à attendre leur tour avant son arrivée mais s’adresse directement au vendeur sans tenir compte de la présence des autres ni se mettre juste derrière l’avant-dernier. D’abord, il les traite identiquement comme les invisibles du feuilleton de la RTA des années 70. Lorsque vous osez lui faire une maigre remarque désobligeante à ses yeux, là il se met dans tous ses états en colère complètement hors de lui, le lamentable revendique un droit fictif qui n’existe que dans son vocabulaire. Comme vous le constatez, le citoyen algérien, si l’on puisse le nommer ainsi, aime toujours passer le premier foulant tout sur son passage. Il a extrêmement horreur de l’attente, pourtant c’est un passage obligé pour toute lueur d’un essor.

Ce phénomène n’est pas nouveau, il persiste en nous depuis belle lurette. Déjà, dans les années 70-80, en tant qu’étudiants dans les cités universitaires, faire la chaîne pour se restaurer était un enfer permanent. Les querelles étaient quasi perpétuelles pour dénoncer les resquilleurs qui se faufilaient à accéder au sésame plateau de nourriture. Pour monter en bus avant d’aller rejoindre nos salles de cours, c’était une autre histoire, un vrai parcours du combattant. Respecter la chaîne d’alors relevait du sensationnel. Tous les jours étaient des combats acharnés contre cette injustice. Ceci pour vous montrer que le phénomène n’est pas étrange à notre société que ce soit dans les milieux intellectuels ou à Elhamri, Bachdjarah et Sidi M’cid et également dans les Souks El Fellah de l’ancienne Algérie. Ce n’est non plus un fléau importé dans les containers des importateurs mais usiné dans nos propres funestes laboratoires.

Cette répugnance de pratiquer la chaîne, est presque indépendante du niveau d’instruction ou de la fortune acquise illégalement par les frontières supposées hermétiques ou légalement en déjouant les lois. On la voit partout, depuis les couches défavorisées, dont le phénomène est plus visible car relatif au nombre, jusqu’aux nantis avec la même proportionnalité. Rajoutant en plus à ceci une chose, elle est le propre des Algériens de l’intérieur comme ceux de l’extérieur. Elle est directement corrélative à leur nervosité légendaire. Que les Algériens se trouvent à Alger, Paris, Montréal ou dans la lointaine Australie, ils veillent sur leurs insipides acquis surtout lorsqu’ils se regroupent en «famille», ils retrouvent comme par enchantement leurs pleines sensations, toutes leurs pulsions négatives ainsi que leurs sens innés de la bête qui sommeille en soi. Il n’y a qu’à les voir comment ils se chamaillent à Orly, Djeddah ou à l’aéroport Houari Boumediene. Ils font 3 ou 4 queues différentes de l’enregistrement des bagages jusqu’à la montée dans l’aéronef. Ils jouent les mêmes rôles de cinéma et présentent le semblable piètre et insolent spectacle partout où ils passent devant des étrangers médusés par tant de prouesses stériles. Au moindre signe des hôtesses d’accueil, ils se ruent vers l’issue indiquée voulant passer tous en même temps par une porte qui ne laisse s’infiltrer qu’un seul personnage. Image du pays quand tu nous y tiens ! Il n’y a que nous qui faisons tout ce brouhaha indescriptible où que l’on soit sur la terre ou sur la lune. Il est humiliant de constater que nos voisins immédiats et les Africains en général ont un comportement plus respectable que le nôtre.

Paradoxalement, ils deviennent tous doux et minuscules, par miracle, devant les agents de l’ordre attablés aux guichets du pays d’accueil. Idem à l’intérieur des consulats étrangers émissaires dans notre pays. La mentalité d’êtres colonisés obéissant au doigt et à l’œil ou à coups de gueule, paraît faire son chemin. Voilà ce qui nous arrive lorsque qu’on ne se respecte plus ! Si nous nous n’initions pas les bonnes manières chez nous avant de voyager vers d’autres cieux, nous sommes que contraints par obligation de les apprendre devant la rigueur d’application de leurs lois. Le constat est encore plus qu’exécrable.

A l’arrivée aux aéroports des terres d’expatriation, les polices aux frontières locales rappellent brusquement la ligne rouge à ne pas dépasser. Et là, personne ne bronche ! L’ordre c’est l’ordre. Nos lois sont-elles piétinées à ce point par nous-mêmes devant celles plus strictement encensées des étrangers ? Pourquoi les Algériens ne respectent pas les lois du pays mais s’agenouillent terriblement devant celles des autres ? Absolument, à ne rien comprendre. C’est comme si on transgressait notre pays qui est quand même, à ne pas s’en douter, le berceau de tous nos rêves, de nos larmes et de toutes nos joies. Le dernier match de l’Algérie contre l’Égypte est encore plus vivace et témoin.

Mais au retour au pays, les abominables caprices reviennent très promptement. Pourquoi ? Je ne suis pas expert en la matière mais il faut assurément consulter les sociologues, les psychologues et les autres spécialistes des phénomènes sociaux qui ont beaucoup de pain sur la planche par ces temps de vaches maigres pour éplucher, analyser ce péché qui ronge la société algérienne du fond d’elle-même et qui n’en finit pas de produire des dégâts incommensurables.

Si nous les Algériens avec une population de 33 millions n’arrivons pas alors à réglementer cette mélancolie, quel est donc le secret de la Chine avec ses 1 Milliard 400 Millions de personnes pour y parvenir ?

Où que l’on se trouve lorsqu’il y a attroupement de la masse, on note la même désolation. Pourquoi cette calamité qui persiste en nous ? Un très grand point d’interrogation nous soulève de partout. Cet acerbe procès fait partie malheureusement de la mentalité algérienne. Tout ce qui est conforme à la discipline est à abattre sans aucun état d’âmes.

On découvre l’acte de l’irrespect de la chaîne même entre automobilistes. « Tag ala man Tag » où la loi des plus forts est l’adage favori des chauffards. En effet, vous dépassez tranquillement, dans une route à double sens, une voiture roulant à une vitesse lente puis précipitamment un conducteur se trouvant derrière, vous flashe sans cesse avec ses phares ensuite à l’aide des coups de klaxons pour vous sommer de dégager la voie afin qu’il puisse vous écraser. Quoiqu’il y ait toute une procédure du doublement dans le code de la route et comme chacun le sait, la voiture qui se trouve devant a pleine priorité devant celle qui suit. Chez nous, c’est l’opposé qui prend le dessous. On rencontre ces genres de maux, tous les jours que Dieu fait.

Quand les services de sécurité dressent des barrages sur la route, les chauffards qui se croient malins, provoquent la confusion pour franchir l’obstacle. Vous les voyez venir de derrière vous de tous les sens, de gauche et de droite comme ceux vous cernant dans votre propre file. Du jamais vu ailleurs. Des amis, résidant à l’étranger, en visite dans le pays sont sidérés par tant de dégénérescence. Mais où sont les agents de l’ordre ? Ne cessent-t-ils de me bombarder de cette fatale question à laquelle malencontreusement je n’ai pas de solution.

Lorsque qu’il y a un accident sur la route, ils ne s’impatientent non plus mais amplifient le tohu-bohu. J’ai eu la honte pour mon pays, lorsqu’un jour en traversant une route où les Chinois travaillaient, en observant un des leurs faisant l’agent de circulation pour désengorger le passage bloqué par nos irresponsables amateurs de rallyes.

A une autre proportion donnée et à un passé pas assez lointain, ce non-respect de la chaîne a toujours demeuré dans nos administrations et au sein de nos contrées. On se rappelle les émeutes provoquées depuis des lustres par la foule de mécontents lors de l’affichage des listes de bénéficiaires de logements sociaux ou des lots de terrain à bâtir que l’on distribuait à tout va au temps du parti unique et de son célèbre article 120, causant au passage des ravages au sein de prometteuses ambitions. La cause en est toujours les passe-droits dans l’ordre de mérite des attributions. Le dernier se retrouvait alors, avec la complicité de la corruption, de la familiarité ou du copinage, parmi les servis premiers et les infortunés premiers sont éjectés de manière outrancière vers l’autre extrémité. C’était toujours un problème de liste d’attente mais où la queue se métamorphosait par abus en tête.

Pour aller voir un match de foot au stade ou un film dans les salles de cinéma Rex, Dounyazed ou le Casino d’antan, c’était aussi une chronique de chaînes. Il fallait se lever tôt pour espérer obtenir une place. Les petits de taille n’avaient aucune chance, en se rabattant, à la fin après d’inutiles efforts, chez les plus forts d’entre-nous. En effet, les costauds s’en sortaient à merveille et nous revendaient à prix forts les fruits de la force de leurs bras. C’était la période où le non-respect de la chaîne permettait à certains de gagner leur vie à merveille.

Nos files d’attente, quand elles s’effectuent, ne sont même pas de géométrie cartésienne comme dans un pays normal. Elles ne sont pas Indiennes ni Suédoises mais strictement Algériennes. Elles ont la forme d’une poire, gonflée à l’avant et amincie à l’arrière. Les derniers pourront attendre une éternité avant de passer leur tour. Si on se hasarde à la respecter, on est pratiquement quasi sûr d’assister à la fermeture des locaux en partant bredouille.

Ces derniers temps, il faut quand même noter que certains secteurs, surtout privés comme ceux de la téléphonie mobile, tendent d’endiguer le problème de la queue par l’instauration de tickets qui sont octroyés aux usagers dès leur arrivée sur place. Ce n’est cependant pas une idée tombée du ciel et elle est simple à mettre en place. Sa généralisation peut tranquilliser beaucoup de victimes de ces infernales et interminables chaînes.

Nous nous remémorons encore la guerre sans merci qui régnait à une certaine époque entre les taxis et les cars de transports de voyageurs. Dans les gares, c’était le charivari, tout le monde partait à la pêche des voyageurs et mettaient des heures à bonder les véhicules. Après tant d’années de batailles rangées, ils ont enfin compris que sans une organisation planifiée et le respect d’autrui et de la profession, ils iraient tous ensemble à leur faillite. Depuis que les nouvelles règles du jeu aient été reconnues et adoptées par tous, ils vivent maintenant allégrement leur métier sans l’autrefois. Ne subsistent que les problèmes épineux avec les clandestins qui leur enlèvent le pain de la bouche en sus des impôts et des taxes en moins.

Ces expériences citées plus haut, pourtant élémentaires et faciles à mettre en place, sont à recommander au plus vite au sein des services publics ou privés partout ailleurs pour donner l’air d’un pays qui désire avancer avec l’obligation de l’observation ferme des pédagogies de la liste d’attente.

Enfin, signalons que cette règle de la file d’attente est obsolète et illogique à s’adapter aux partis politiques, aux syndicats et aux organisations associatives car elle risque d’anéantir les espoirs et de ruiner les aspirations de beaucoup de nouvelles générations de militants et d’adhérents qui peuvent émerger rapidement du lot par leur compétence, leur abnégation et leur crédibilité. La loi de l’ancienneté ne doit pas être le seul paramètre d’accès aux responsabilités brisant ainsi de façon brusque les nouveaux talents et de nombreuses carrières prodigieuses. C’est comme dans une autoroute où les poids lourds doivent serrer à droite en cédant les voies de gauche aux plus légers. A chacun son mouvement dont le plus important est le passage, sans dommages, du fardeau.

En attendant que notre rêve puisse un jour se concrétiser, bon Ramadhan à tous et bonnes vacances pour ceux qui le sont déjà.

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