mercredi 26 septembre 2012

Service Public: “Yes, We Can” or “No, We Can’t”


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Article paru dans les colonnes du Quotidien d'Oran du Jeudi 27 Septembre 2012 que vous pouvez consulter également sur les liens suivants:
- en format pdf:  http://fr.calameo.com/read/00037044670a2b72ef53b 
- en format pdf zippé: http://lequotidien-oran.com/pdfs/27092012.zip 
- en format html: http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5173507
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L’une des premières déclarations du nouveau premier ministre est de s’attaquer à la réhabilitation du service public en général tout en rajoutant qu’il est fondamental de gagner la confiance des citoyens par une prise en charge sérieuse de ce problème qui est devenu un véritable fléau dans le pays.

C’est donc un aveu clair des pouvoirs publics que de reconnaître publiquement que les services publics constituent la grande faille qui sépare l’administrateur de l’administré dont l’état algérien ne pourrait absolument d’une baguette magique se débarrasser alors qu’il a participé directement ou intentionnellement au maintien statique de cette situation. Si on veut réhabiliter les choses cela explique aussi qu’il y a un laisser-aller de la part des gouvernants algériens. Ce n’est non plus dans la langue de bois que l’on avance mais dans des déclarations de ce type qui ne constituent pour le moment que des discours d’effet d’annonce. Attendons l’avenir proche pour voir plus clair sur les intentions concrètes sur le terrain. Pour le moment, on est encore au stade de la bureaucratie qui a gangréné tous les rouages administratifs.

Commençons d’abord par donner quelques flashs de la situation catastrophique de nos services publics dont le citoyen en souffre énormément où l’abus du pouvoir administratif se dresse comme un véritable malheur devant leurs yeux. Dès que vous auriez affaire à un quelconque service public, vous trembleriez et chercheriez immédiatement une connaissance pour ne pas subir de tracas tout en étant quelque peu tranquillisé. Si vous  n’en trouveriez  pas,  c’est un véritable calvaire qui s’abattrait sur vous en entrant dans un cercle fermé.  Bonjour les dégâts !

Est-ce que quelqu'un parmi-vous s'est hasardé un jour en allant à la wilaya au service des cartes grises et des permis de conduire pour se faire délivrer un de ces deux papiers ? Je sens que parmi les lecteurs beaucoup vont pousser un long et profond soupir en souvenir des galères qu'ils ont subies en allant et revenir à maintes fois dans ce service, j'allais dire qu'ils ont l'impression d'avoir grandi un peu plus dans cette salle où vous pouvez attendre une éternité sans que quelqu'un daigne vous demander si vous avez été servi ou non.

Il n’existe aucune notion de service public où les usagers sont à bout de nerfs comme s’ils se doutent à l’avance des réponses négatives du préposé au guichet lorsque tu le trouves à son poste et que tu arrives à le coincer entre deux furtifs gestes pour lui placer un petit mot lorsqu’il s’approche de l’hygiaphone qui n’a pas encore disparu. En entrant dans cette salle d'attente, il n'y a aucune personne à l'accueil pour vous guider dans votre démarche. Vous vous asseyez sur un banc si vous avez la chance d'en trouver une place disponible et vous priez pour que quelqu'un puisse se présenter en face des pauvres administrés qui sont obligés de revenir plusieurs fois pour enfin espérer voir leur dossier étudié.

Tu ne sais pas lequel est arrivé le premier pour être servi en premier. Il n’y a pas la moindre organisation de la chaine pourtant ce n’est pas la mer à boire pour l’installer comme par exemple chez Djezzy qui reçoit énormément de monde mais où le premier arrivé est le premier servi. Tu te demandes qu'est-ce qu'on fait dans ce service qui est censé servir les citoyens dans le respect des règles et des institutions. A cause de la désorganisation fatale, tout le monde s’énerve facilement car la confiance n’est plus de mise ; elle s’évapore à la vue de toute cette bureaucratie et cette barrière psychologique. Le bruit ambiant est synonyme d’une sérénité disparue à jamais.

Dommage que cela puisse se dérouler à quelques mètres des bureaux du premier responsable de la Wilaya dont l’objectif est justement d’abattre ces lourds fardeaux dont souffrent les citoyens. Comment pourrait-il l'imposer dans toute la wilaya si ces propres services sont presque à l’état d’abandon ? Qu’il essaierait un jour de jeter un coup d’œil camouflé ce qui se dresse comme obstacles aux citoyens sous les fenêtres de son cabinet. Il verrait là sous ses yeux ébahis, là sous ses pieds, la bureaucratie sous toutes les formes et de toutes les couleurs.

On vous donne un rendez-vous verbal pour tel jour pour revenir récupérer vos papiers mais arrivé le jour prévu, vous êtes aussitôt renvoyés à une date ultérieure sans vous donner la moindre explication de ce retard décidé selon votre facial et votre intervention. Et dire que les algériens sont impatients ! Au contraire, ils débordent de patience devant une administration qui à la moindre réclamation, tu verras tes papiers écrasés sous la lourde charge de l’abus d’autorité.

Trouvez-vous normal qu'il faut en moyenne 4 ou 5 mois pour se faire délivrer la carte grise de votre nouvelle voiture après d'incessants va-et-vient et 3 mois au minimum pour avoir ton permis de conduire ? Dites-moi qu'est ce qu'il y a de sorcier à établir un permis de conduire du moment où tous les papiers nécessaires sont fournis à l'administrateur et qu’il ne reste qu’à remplir les renseignements, à imprimer et la photo à coller ? Alors que l'on est à l'ère de l'informatique et des nouvelles technologies ! Tu te questionnes parfois qu'est ce qu'on fabrique avec tout ce personnel payé aux frais du trésor public et dont le travail marche à la vitesse de la tortue, pas à la légendaire héroïne de La Fontaine ? 

En attendant des jours meilleurs dans tous les services publics dont celui de la Wilaya n’est un exemple frappant parmi d’autres à l’instar de la Daïra, d’Algérie Télécom ou des finances et etc.

Dans le premier service, entre l’appel téléphonique pour obtenir le rendez-vous de dépôt de votre dossier de passeport et son obtention vous avez au minimum à attendre deux longs mois pour avoir le précieux document. Par contre dans les consulats algériens à l’étranger, quelques heures suffisent pour se faire délivrer le même document de voyage. Pourquoi ces deux contradictions flagrantes de deux services publics algériens ? Pourquoi l’un « we can » et l’autre « We can’t » ?

Chez Algérie Télécom, on vous suspend votre connexion durant 5 jours pour une histoire de mots de passe dont vous n’êtes pas absolument pas la cause mais vous devez fatalement payer les frais, erreurs des autres obligent. Si vous rouspétez, on pourrait vous laisser poireauter durant des jours et des jours pendant tout ce temps-là votre abonnement se trouverait tronqué du nombre de jours à ramer. Et tanpis pour toi !

Chez les finances, attention si une autre personne possédant les mêmes noms et prénoms que le vôtre et qui est redevable d’une somme aux impôts, c’est à vous qu’on bloque la délivrance d’un extrait de rôle sans prendre la peine de vérifier d’abord la filiation complète de votre identité qui doit différer logiquement de votre autre homonyme. Et c’est encore à vous qu’il revient de justifier qu’il s’agit bien deux personnes totalement différentes. On ne compte pas assez le temps perdu dans ces services en passant d’un bureau à un autre pour solliciter. D’une situation propre face aux impôts, vous devenez par la grâce bureaucratique impropre face à l’administration.

Nous n’avons pas évoqué ici tous les services publics du pays qui en existent par milliers et où chaque administration dispose de ses propres lois et règlements intérieurs. Partout où vous allez, vous mesurez de plus en plus le retard entrepris pour arriver à satisfaire des administrés qui sont au courant des moindres avancées des pays développés tandis que notre service public végète dans ses méthodes anachroniques où encore une fois l’incompétence règne et persiste en long et en large et sous toutes les dimensions. Le sursaut serait-il pour demain ? C’est là la question intéressante que se posent depuis assez fort longtemps les pauvres administrés et à laquelle pourrait répondre le gouvernement à la seule condition de ne pas se contenter de frapper encore une nième fois l’eau d’un coup d’épée.

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mercredi 19 septembre 2012

Professeur émérite : pour quels mérites ?


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Article paru dans les colonnes du Quotidien d'Oran du Jeudi 20 Septembre 2012 que vous pouvez consulter également sur les liens suivants:
- en format pdf: http://fr.calameo.com/read/0003704462771d7a9ac32
- en format pdf zippé: http://lequotidien-oran.com/pdfs/20092012.zip 
- en format html: http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5173201
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Il a été annoncé avec fracas dans quelques journaux au début de cette semaine qu’une promotion de 105 professeurs de l’université algérienne va accéder au titre de professeur émérite [1]. Tant pis pour nous, diront certains. Tant mieux diront d’autres mais à condition que l’université algérienne dispose des bagages scientifiques et pédagogiques nécessaires pour l’accès à ce titre prestigieux qui doit couronner toute une belle carrière.

Pour postuler au passage au grade supérieur de professeur, un maître de conférences de classe A doit fournir un dossier académique et scientifique à la Commission universitaire nationale (CUN) au sein de laquelle siègent par disciplines des enseignants tous de grade Professeur pour examiner sur tous les plans les dossiers des candidats et en décidant enfin de l’octroi ou non de ce grade.

Mais pour passer au titre de Professeur émérite, les premiers fortunés n’ont pas besoin de passer par une Commission du même type qui devrait porter normalement le nom de Commission nationale d’éméritat (CNE). Cette histoire nous rappelle une autre qui a déjà eu lieu par le passé et dont de nombreux universitaires s’en rappellent amèrement aujourd’hui. On ne décrète pas l’octroi d’un titre ou un diplôme par la pondaison d’un texte, il doit se mériter selon les normes internationales et rien d’autres sinon on lui changerait de noms. En agissant de cette manière, on est en train de couler l’université algérienne et le pays avec, qui n’a pas besoin d’un nouveau scandale qui s’ajouterait aux autres dont on patauge encore dans leurs séquelles.

Dans sa disposition transitoire du statut de l’enseignant-chercheur [2], l’article 57 énonce que : sont nommés au titre de professeur émérite les professeurs justifiant, de vingt (20) années d’exercice effectif en cette qualité ainsi que de productions scientifiques et pédagogiques depuis l’accès au grade de professeur et c’est tout, après avis  du Conseil d’éthique et de déontologie de la profession  universitaire (CEDPU) dont la création date du mois de juin 2004 [3]. Et c’est là la faille.

Pour contourner cet obstacle, les textes du statut de l’enseignant-chercheur font appel, comme on le distingue habilement, au fameux CEDPU qui est composé lui-même de 19 professeurs nommés par arrêté ministériel [4] voilà déjà plus de sept (7) années, selon leur compétence et leur moralité, disons les sages de ce corps, pour émettre son avis quant à l’accès à ce premier titre suprême des professeurs impétrants pour la première fois dans les annales de l’université algérienne. La composante du CEDPU n’a pas changé à moins qu’elle ait été une fois renouvelée d’un autre mandat de quatre (4) ans.

Donc, comme on le constate fort prudemment, des professeurs risquent de donner un avis sur la délivrance de ces titres à leurs propres personnes ! Et même si un professeur membre ne déposerait pas son dossier, il se retrouverait donc contraint à livrer un avis pour la promotion d’un de ses collègues à un grade plus supérieur que le sien. C’est complètement le monde à l’envers !

On va donc ainsi se retrouver devant un dilemme, exactement dans la même posture qu’un parlement qui discute de l’augmentation des salaires de ses membres que sont les députés et les sénateurs. Ou bien dans une commission d’attribution de logements où ses membres sont demandeurs. De point de vue éthique et déontologie, ce conseil (CEDPU) aurait donc joué toute sa crédibilité et sa probité comme son nom ne le présage point. Pourtant ce même conseil  composé d’éminents professeurs n’a émis aucun avis sur cette question qui sent plus le piège plutôt que l’honneur et ce depuis la sortie des textes voilà déjà plus de quatre (4) années.

La logique scientifique aurait été de créer d’abord une Commission provisoire d’éméritat qui serait constituée de professeurs émérites étrangers, ou ayant l’équivalent de ce titre, de différents pays scientifiques confirmés selon les normes internationales académiques qui étudierait alors les dossiers des premiers postulats. Ce n’est pas une ingérence politique mais plutôt scientifique comme ces dizaines d’instances internationales, à l’instar de l’UNESCO dont on fait appel pour toutes études pour lesquelles nous ne possédons pas les compétences requises identiquement comme l’évaluation de nos athlètes sportifs lors des jeux olympiques. Notre pays connait la valeur de la distinction d’une médaille d’or olympique.

L’Algérie ne serait que fier de ses professeurs émérites valorisés qui seraient élevés au titre de l’éméritat en suivant les règles universelles et ne traineraient nullement un complexe d’infériorité une fois qu’ils côtoieraient leurs collègues outre méditerranée ou outre atlantique. L’Algérie dispose de nombreux scientifiques de hauts rangs qui ont fait leurs preuves sous d’autres cieux et qui n’ont pas besoin de ce coup de pouce gracieux qui va les poursuivre comme leur ombre durant toute leur présence au sein de l’université algérienne et jusqu’à leur départ à la retraite. Cela va souiller énormément leur réputation. Ils auraient sans aucun doute préféré passer par une autre voie plus académique pour parvenir à ce titre. Nous nous posons la question si ce n’est, pour certains, l’indemnité d’éméritat qui les intéresse plus au détriment de la qualité des travaux.

Il faut noter que la future Commission nationale d’éméritat (CNE) qui sera chargée d’étudier les prochains dossiers des candidats à ce nouveau titre serait issue fatalement de cette première fournée de professeurs émérites, mais les règles vont changer. La CNE va en effet établir les nouveaux critères d’évaluation ainsi que la grille de notation y afférente.

On observe bien que d’autres critères seront exigés à la vague suivante comme on le remarque dans son article 55 [2] qui précise que :- Sont nommés au titre de professeur émérite, après avis de la commission nationale de l’éméritat, les professeurs remplissant les conditions suivantes :

-quinze (15) années d’exercice effectif en  qualité de professeur,

-avoir encadré jusqu’à leur soutenance des doctorats et/ou des magisters en qualité de directeur de thèse, depuis sa nomination dans le grade de professeur,

-avoir publié des articles dans des revues scientifiques de renommée établie depuis sa nomination dans le grade de professeur,

-avoir publié des ouvrages à caractère scientifique, des manuels et/ou polycopiés, depuis sa nomination dans le grade de professeur.

Le tir va être rectifié par la suite mais la question qui subsisterait inévitablement : va-t-on faire confiance à une commission dont certains de ses membres se sont autoproclamés professeurs émérites ? Une question qui va longtemps hanter les esprits des postulants à ce titre dont les premiers pas sont plus que jamais compromis.

C’est aussi l’une des raisons de notre échec. Que nos diplômes ne valent pas ceux des pays développés. Qu’un médecin sorti de nos facultés, se retrouve en train d’exercer le métier d’infirmier s’il est chanceux au Canada non sans néanmoins avoir refait toute une formation ou une mise-à-niveau dans les pays européens. Qu’un docteur universitaire soit recalé sous d’autres cieux à un niveau plus inférieur, etc…Donc, si dévaluation il y a, ce sont ces imbroglios scientifiques de ce genre qui en sont la cause de ces catastrophes. Il faut tout une autre contribution pour faire l’état des lieux sur ce désastre et s’interroger sur la valeur réelle des diplômes délivrés.

Je porte à la connaissance des lecteurs que ce Conseil (CEDPU) avait toute la latitude de se réunir librement en session ordinaire au moins deux (2) fois par an sur une convocation simple de son président afin de se débarrasser de ce cadeau empoisonné. S’il s’est réuni au moins 9 fois comme le stipule les textes depuis sa promulgation, il aurait donc passé sous silence une situation qui le concerne tant éthiquement que déontologiquement au plus haut degré. Autre supplice, il existe dans ce conseil (CEDPU) des enseignants qui ne sont pas spécialistes des disciplines pour lesquels certains candidats auraient sans doute postulé pour le titre émérite. Il n’y a que douze (15) grands domaines de spécialités composant ce conseil tandis qu’il existe environ 3000 spécialités de licence dispensées dans les établissements universitaires du pays.

On peut bien échoir sur le cas de figure d’un professeur en informatique dont le dossier serait examiné tout bonnement par son collègue en histoire et voir un professeur en ophtalmologie juger le travail scientifique d’un spécialiste en philosophie et vice-versa. On ne peut que rester bouche-bée devant cette burlesque situation. Doit-on fermer les yeux et passer en faisant semblant de jouer une parodie tragi-scientifique ? Ou s’arrêter un moment et se poser la question : dans quel cul-de-sac académique s’est-on fourré les mains et les pieds ligotés ? Un vrai cas de conscience professionnelle. 

De plus, si on lit les textes du Conseil (CEDPU), ses prérogatives ne lui permettent absolument de discuter des dossiers purement scientifiques. Le décret exécutif fixant les attributions, la composition et le fonctionnement du CEDPU [3] et dans son article 2 montre bien que le conseil propose au ministre chargé de l’enseignement supérieur toute mesure relative aux règles d’éthique et de déontologie universitaires ainsi qu’à leur respect.

 A ce titre, il est notamment chargé de proposer :

— les principes, règles et usages devant guider l’exercice de la profession d’enseignant de l’enseignement et de la  formation supérieurs ;

— les principes et règles devant régir les relations entre les enseignants et les autres composantes de la communauté universitaire ;

— les mesures applicables en cas de non-respect caractérisé de l’éthique et de la déontologie universitaires ;

— l’ensemble des mesures à même de garantir les libertés des enseignants dans le cadre de la franchise universitaire ;

— les formes d’actions par lesquelles l’enseignement et la formation supérieurs contribuent à la promotion scientifique et culturelle du citoyen.

Comme on le remarque fort logiquement, il n’est nullement question ici de l’attribution d’un titre supérieur sauf s’il fallait lire entre les lignes en interprétant cet article à la convenance de la situation.

En attendant, pleurons encore sur les quelques jours qui restent à vivre à notre université. Le salut ne peut venir que par une prise de conscience collective et une mobilisation générale de ces nombreux réels universitaires qui sont devenus très minoritaires par ces temps-ci et où la médiocrité règne en maîtresse absolue. Il ne s’agit pas là de redresser la situation chaotique mais uniquement pour sauver les meubles qui tiennent encore quelque peu debout.

-Références :





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mercredi 5 septembre 2012

Comment peut-on devenir ministre ?


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Article paru sur le Quotidien d'Oran du Jeudi 6 Septembre 2012 que vous pouvez consulter également sur les liens suivants:

- en format pdf zippé: http://lequotidien-oran.com/pdfs/06092012.zip 
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Après presque 4 mois d’attente où c’était le calme plat avec un été des plus chaotiques à plusieurs égards. Soudain tout bouge en ce Lundi tel qu’un séisme après cette annonce du nom du nouveau premier ministre qui a pris tout le monde de court. Il faut vite aller à la chasse, chercher les autres têtes qui allaient êtres couronnées dans peu de temps. On veut des noms ? clament les lecteurs.

La journée du Mardi 4 septembre 2012 aura été certainement une journée très particulière pour les prétendants au poste de ministre qui attendent que leur destin soit scellé en 24 heures d’intervalle après la nomination du premier ministre. Les rédactions de la presse se sont quelques peu affolées durant toute la journée avec ces noms de ministrables qui circulaient sur les TV d’Echorouk et d’Annahar ainsi que sur la toile.

La moindre information est disséquée par les internautes qui commentent ces rumeurs avec une certaine dérision. Le ministre de l’éducation nationale a été le favori numéro un de ces discussions. Tous les forums tournaient autour de son maintien ou non. Il y avait d’autres têtes qui était dans le collimateur de la plèbe mais ils l’ont échappé très belle. Il parait même que les enseignants et les élèves qui dépendent de ce ministère vont fêter cette rentrée comme il se doit. Il n’y a que les youyous qui manquent à l’appel. C’était en quelque sorte une véritable délivrance pour ce secteur qui espère avoir mieux avec le nouveau ministre. Mais souhaitons qu’ils ne se trompent pas de jugement en croyant que le même système ait subitement changé comme le pensent une certaine partie des facebookiens.

La question qui nous intéresse est comment devenir ministre dans ce pays ? Vous pouvez venir du néant en devenant subitement à la une de l’actualité. Dès que votre nom circule, la première question est de rechercher ton itinéraire. « Il a beaucoup de chance celui-là », dit-on quelque part. « Comment a-t-on pu vraiment penser à lui ? » Au moment où des centaines, voire des milliers de personnes caressent ce rêve fou depuis qu’on leur a mis à l’oreille cette idée d’être un jour en haut de l’affiche.

On a aussi constaté qu’il y a anciens ministres qui sont revenus après presque une décennie d’absence. Durant tout ce temps là, ils se sont abstenus de se parler. Ils ont fait presque le mort. L’essentiel est de se faire oublier jusqu’à leurs têtes pour espérer revenir un jour par la grande porte au grand dam de leurs détracteurs. C’est ce qu’on appelle un retour gagnant sur toute la ligne en étant plus que jamais lavé dans les hautes sphères de tous soupçons. D’une pierre deux coups !

Il y a ceux dont les dossiers ont été complètement dépoussiérés au dernier moment pour que le miracle puisse avoir lieu. « Allo Monsieur le futur ministre ! Préparez vos valises », C’est la fortune qui vient sonner hasardement à votre porte comme si vous étiez tirés au sort parmi tout ce monde qui est à l’écoute du messie. Ah ! Qu’elle est extraordinaire cette loterie.

Ce n’est pas non plus important si vous n’avez jamais fait de la politique dans un parti, vous pouvez à tout instant être appelés à exercer de hautes fonctions lorsque la chance vous sourit soudainement. Cela dépend comment vous réussirez à aborder chaque virage dangereux que vous empruntez. Attention aux marches !

Si vous avez gagné les élections législatives haut la main selon les chiffres officiels, ne vous attendez pas à avoir le grand lot, le plus de ministères régaliens ou ministres tout courts. Vous avez au contraire l’impression de les avoir perdues officieusement, ces élections. La preuve, votre silence l’atteste de la manière la plus flagrante. Contentez-vous de quelques subsides. Rasez les murs en attendant mieux.

Vous pouvez aussi être appelés à devenir ministre si vous venez de créer votre propre parti ou se scinder d’un autre comme si la finalité de la formation politique est d’obtenir un siège de ministre qui est vite squatté par le secrétaire général. C’est comme ça qu’on devient ministre en obtenant zéro siège à la chambre des députés. Vous pouvez narguer le plus grand parti qui vient de rafler la mise. C’est en quelque sorte faire de la gymnastique habile pour finalement atterrir sur un ministère.

Il y a d’autres partis qui disent ne pas être concernés par la composante du gouvernement sauf qu’à son annonce, on retrouve un des leurs qui occupe toujours le poste dans le nouveau staff. A ne rien comprendre. On se demande où se trouve la discipline partisane dans ce manège. Au fait, il ne faut guère s’étonner puisque la mode des redressements des partis est un style fécond chez nous où un député élu sous la bannière d’un parti se retrouve allégrement et sans aucun remords sous le manteau d’un autre. Même l’électeur n’arrive pas à comprendre ces voltes-faces puisque l’éthique est la dernière chose à laquelle puisse penser un élu.

Enfin, j’ai une pensée toute particulière envers ceux dont les noms ont défrayé la chronique dans cette fatidique journée jusqu’à ce que les postes qu’ils convoitaient secrètement étaient presque acquis mais jusqu’à la dernière minute leurs noms ont disparu de la liste des heureux élus de la nation dans le journal impitoyable de 20 heures de l’unique puisque c’est la seule qui détient toutes les vérités. Quel dommage ! Tout le rêve est repoussé à une autre fois. Qui sait ! Que la roue puisse tourner un jour. L’espoir est toujours gardé intact tant que ce mode de scrutin existe.

La vie politique du pays continue à nous réserver encore des surprises qui ne prennent en compte aucune considération logique, ni la composante officielle ni celle sous-terraine de la représentation politique du pays. Il y a qu’autres normes indéchiffrables qui gèrent ce pays et méconnus du grand public. Mais jusqu’à quand donc ces paramètres continuent à subsister 50 années après l’indépendance ? 

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