mercredi 11 mai 2011

Google par-ci, Facebook par-là, Youtube de l’autre

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Article paru sur le Quotidien d'Oran du Jeudi 21 Avril 2011 que vous pouvez consulter également sur les liens suivants:
- en format pdf: http://fr.calameo.com/read/000370446d1d2d9e14147
- en format pdf zippé: http://www.lequotidien-oran.com/pdfs/12052011.zip
- en format html:http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5152932&archive_date=2011-05-12
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Inimaginable il y a quelques mois seulement ! Une journée parlementaire sur le thème « Réseaux sociaux en ligne: analyse, enjeux et impact » a été organisée en ce lundi 9 mai 2001 au sein de l’Assemblée Populaire Nationale. Une première pour cette institution. Comme le rapporte la presse, cette rencontre a été animée par des parlementaires, des journalistes, des chercheurs universitaires à laquelle avaient pris part également des ministres, des représentants du mouvement associatif, des étudiants, des professionnels et des experts de la communication.

Il semble que cette journée ait été programmée un peu dans la précipitation car rien n’avait filtré sur les préparatifs et surtout sur le choix des invités. Il aurait été souhaitable que cette journée soit diffusée en direct et en rediffusion sur les antennes de la télévision nationale pour la faire ressortir de sa coquille et de sa torpeur actuelle. On pourrait quand-même trouver une tranche d’horaires dans une télévision où les rediffusions à la sauce turque et mexicaine font un malheur à longueur de l’année.

Sans les révolutions arabes, ce sujet serait resté sans aucun doute aux oubliettes et constitué un tabou pour l’éternité mais un vent vient de souffler sur notre pays et sur le peuple avide de nouvelles libertés synonymes de ces nouvelles technologies de l’information et de la communication. Sans l’anticipation, cette brise peut être suivie d’un ouragan si l’on ne s’intéresse pas plus particulièrement aux problèmes de la jeunesse algérienne et des algériens en général.

Au fait, il n’y a pas que les jeunes qui pullulent dans les réseaux sociaux. Les plus âgés sont aussi des abonnés du célèbre Facebook dont l’audience est en train d’exploser exponentiellement. Il est sans doute plus puissant que le président des Etats-Unis lui-même. D’ailleurs, Barak Obama l’avait subtilement utilisé en plus de Twitter pour devenir président de l’actuelle première puissance mondiale contrairement à son adversaire, le vieux Mc Caine qui misait beaucoup plus sur les médias traditionnels. Les jeunes ont encore une fois fait la différence.

C’est pour vous signifier l’ampleur que sont en train de prendre les réseaux sociaux sur la politique des TIC. On trouve de tous, des universitaires, des journalistes, des représentants de la société civile, des anonymes, des chômeurs, etc.. Enfin toutes les tranches d’âge des algériens avec une forte représentativité des jeunes.

Les collégiens, les lycéens et les étudiants sont devenus de vrais adeptes, des facebookiens très assidus. Ils passent beaucoup plus de temps que devant un écran de TV. Ils racontent tous leurs problèmes sur ce réseau qui est devenu un immense défouloir pour nos jeunes qui ne trouvent aucun remède à travers le média traditionnel, qui se croit à travers l’ENTV, tenir en haleine tous les algériens. Le journal télévisé de 20 heures qui était, autrefois, le moment fort et privilégié de l’audimat, est abondonné sans cesse. Chacun peut vérifier cela sur ses propres enfants. On jette de temps à autre un coup d’œil pour voir si les choses ont changé mais brusquement on repart bredouilles plus que jamais chassés.

Les journaux consacrés aux pays du Maghreb d’Al-Jazeera et celui de France 24, ont plus de saveur. Ils abordent tous les sujets que ne peut le faire l’unique qui se croit être toujours le nombril de l’Algérie lorsqu’on écoute le ton solennel de ses speakers, à part peut-être pour quelques nostalgiques qui la regardent beaucoup plus par contrariété que par conviction.

Pendant ce temps, Google, Facebook, Twitter, Youtube, DailyMotion et j’en passe, déroulent tranquillement sur un terrain laissé vierge par nos gouvernants et en écrasant tout sur leur passage. On peut lire une chronique d’un journaliste avant qu’elle ne soit ou pas publiée dans son journal. C’est une peine perdue à l’avance. Nous ne sommes plus comme l’ère d’avant. Il existe l’avant et l’après internet où l’on pourrait retrouver son maître d’école dont on a perdu les coordonnées depuis plus de 40 ans.

Nos étudiants et lycéens possèdent presque tous un compte sur le numéro un des réseaux sociaux. C’est un engouement sans limite. Ils échangent tout entre eux, les informations dans leurs moindres détails. Ils déjouent toute manipulation en une seconde. Ils sont connectés en permanence. On a tous vus comment les étudiants ont géré leur dernière grève. Ils filment tous sur leur passage, toujours avec leurs téléphones portables prêts à bondir et photographient toute scène suspecte et mise aussitôt en ligne à la célérité de la lumière.

On ne peut rien faire contre cette nouvelle génération Facebook qui est en train de nous surpasser en tous. Il faut juste se tourner vers eux et les comprendre comme on le fait dans les pays outre-méditerranée. Ils peuvent mettre en dérision n’importe quelle personnalité, politique, sportive ou artistique. Leurs critiques sont acerbes et les caricatures constituent leur terrain favori. Ils ont créé leur propre journal des guignols sans qu'ils ne passent pas aucune censure ni ciseaux à l’ancienne. Ils n’ont aucune limite sauf celle de l’éthique et de la déontologie lorsqu’ils n’agissent pas en anonymes. Ils ne reculent devant rien. Ils ont les mains et les doigts libres pour cliquer sur une icône sans aucune retenue, comme ils le désirent. Il suffit de prendre leurs responsabilités. Ils peuvent briser une carrière promise sans aucun remord. Attention, la génération souris est là, prête à sévir.

Autrefois, ils avaient besoin d’une autorisation spéciale pour se réunir, pour discuter. Plus maintenant, ils peuvent discourir sans passer par un quelconque agrément. La création d’une association n’est plus un parcours du combattant en faisant la chaîne et demander des rendez-vous d’un bureau administratif à un autre. Il suffit juste de surfer sur son Netbook et choisir entre les choix d’une page Web à une autre. Cela ne dépend plus d’un bureaucrate qui peut vous créer tous les problèmes possibles et de vous mettre toutes les embûches incroyables pour vous éjecter de toute idée moderne.

Internet a cassé toutes les barrières pour créer son groupe sur le thème que l’on veut. On peut devenir un ami de n’importe quelle personnalité de la planète même lorsqu’il s’agit d’un président, d’un prince, d’un footballeur ou d’une star de pop.

Un groupe sur Facebook peut traiter les problèmes en une heure plus qu’une tournée du pays de nos chefs de partis rouillés dans leurs anciens dogmes. On peut même créer son propre parti en un click de la souris et faire adhérer tous les êtres vivants sur la terre. Les invitations gratuites sur ce site vous arrivent tous les jours. Vous êtes sollicités de toutes parts pour donner un avis ou un conseil à un ami. Vous pouvez commenter n’importe quelle info qui arrive sur le fil d’actualité et écrire tout ce qui vous passe par la tête. On apprend à défendre et à débattre toute idée. Vous pouvez aimer ou ne pas ne pas aimer quelque chose. Vos photos sont épluchées au plus profond des détails.

En une seconde en appuyant sur « amis seulement », ou « Amis de mes amis » ou « tout le monde », vous pouvez balancer une information et toucher des millions de personnes se trouvant sur la toile. Et comme la page Facebook est la seconde page active à laquelle vont les internautes, le monde entier est à votre écoute. Un SOS est vite repéré et la traque immédiatement lancée.

D’après les dernières statiques disponibles, le nombre d’abonnés sur Facebook des algériens dépasse allègrement les 2 millions. Ils étaient à peine la moitié de ce chiffre il y a quelques mois seulement. Leur nombre ne cesse de croître en dépit du bas débit, des coupures qui vous découragent et des points d’accès qui font défaut si ce ne sont pas les cybers qui se sont refaits une nouvelle agréable santé. Malgré qu’Il faut attendre des heures avant de visionner une quelconque vidéo. Pourtant Internet n’a pas fait un bond spectaculaire dans les foyers.

Lorsque les budgets le permettent, Il faut s’attendre dans peu de temps à un second boom dans l’utilisation des réseaux sociaux avec l’arrivée sur le marché, actuellement timide due à son prix, du téléphone Iphone et de la révolutionnaire tablette d’Ipad qui sont en train de faire un tabac dans les pays dits riches technologiquement.

Quant à chez nous, on entend parfois des discours quelques fois attirants comme celui dernièrement, à titre d’exemple, du ministre de la jeunesse et des sports et de son homologue de l’information qui nous parlent de Blogs, du phénomène des réseaux sociaux mais vite escamotés lorsqu’on regarde la réalité de nos médias lourds qui roulent en sens contraire. A les entendre parler, nous avons l’impression que l’on est en pleine révolution des médias mais la réalité nous fait sursauter de nos rêves et la poudre aux yeux nous fait retourner à la période d’avant le 17 décembre 2010.

Nous avons toujours l’impression qu’il existe des forces occultes qui ne veulent pas du bien à ce pays et qui veulent gouverner à contre-sens mais ils oublient que la destinée va être confiée, tôt ou tard par les lois de la nature, à ces jeunes qui sont en train de faire leur révolution pour le moment virtuelle.

A force de les oublier, ils ont créé leur monde à eux, leur espace pour respirer, leurs amis réels ou fictifs pour partager, leurs propres réseaux pour s’informer en dehors de toute tutelle. Ils vivent en Algérie mais déconnectés du monde des adultes et des gouvernants. Ils ont inventé leur style qui est totalement différent du monde des grands qui les ont trop complexés. Ils possèdent leurs visions des choses qui les discernent distinctement des autres. Ils ont tout simplement généré leur propre Algérie en attendant que nous nous effacions un jour devant leur chemin qu’ils ont tracé.

Il faudrait mieux les accompagner dans leur nouvelle révolution que d’être doublé, de rater l’évènement et de passer à la trappe de l’histoire.

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