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Article paru sur le Quotidien d'Oran du Jeudi 12 Juillet 2012 que vous pouvez consulter également sur les liens suivants:- en format pdf: http://fr.calameo.com/read/00037044649baf4f73af0
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« Donc si tu connais mon père, c'est que tu sais qui je suis. Donc, tu ne me reconnais pas comme un oueld elbled sciemment. Tu es donc le juge qui décide celui qui l'est de celui qui ne l'est pas. La prochaine fois, mets un tablier de procureur et porte un marteau en bois. En ce qui me concerne, c'est la valeur des hommes qui m'intéresse, oueld elbled ou pas. Aller je te laisse à ta représentation archaïque du monde. »
Ces mots
émanent d’un échange sur Facebook entre un ami et son interlocuteur qui lui
dénigre le droit de parler parce qu’il n’est pas un oueld elbled.
Justement,
cette notion a dépassé la citoyenneté dans son sens le plus profond. Pour aller
dans la facilité, on colle tous les défauts à ceux venant de l’extérieur et qui
ont envahit la ville, d’après leurs propos gratuits, comme si ces derniers ne
sont que des citoyens de seconde zone. Heureusement que ces propos d’un certain
âge ne sortent de la bouche que de certains qu’on pourrait qualifier
d’extrémistes. Exactement comme en Europe où l’extrême droite appose tous leurs
malheurs aux émigrés dont on n’a plus besoin aujourd’hui après avoir occupé
tous les travaux durs et ingrats.
Une
société moderne doit être régie par les mêmes droits et devoirs de ses membres.
S’ils appliquent et respectent ces notions, ils acquièrent le statut de
citoyens qu’ils viennent de l’extérieur, qu’ils soient nés dans la campagne ou
natifs de la ville. La construction d’une ville moderne, d’un pays commence par
ces fondements de base. Qu’ils soient mis en quarantaine ou déférés aux mains
de la justice s’ils faillent à ces principes. Un oueld elbled n’est pas exempt
de tous reproches, il peut tout aussi pêcher, frauder, dilapider des biens
publics ou voler qu’un paysan.
Ce
discours dans le pays, des ouled elbled à tous prix, ressemble étrangement à
celui de l’extrême droite en France où tout est la faute des étrangers ou des
émigrés malgré qu’ils travaillent en suant de leur front et qu’ils paient leurs
impôts. C’est aussi celui des colons qui excluaient naguère les algériens dans
leur quartier indigène appelé également souvent sous la dénomination péjorative
de village nègre et leur école indigène, loin des centres-villes et des
quartiers européens non sans les avoir exploités jusqu’à la moelle épinière.
C’est
la même politique que certains Algériens veulent appliquer sournoisement à
leurs propres concitoyens. Ils veulent perpétuer la supériorité qui existait au
temps de la domination coloniale. Pourtant, ici en Algérie, il s’agit des mêmes
enfants du pays qui ont tous souffert du colonialisme et de ses méfaits, les
paysans beaucoup plus que les citadins. C’est une vérité que tout le monde ne
peut la nier.
Il
ne faut oublier que le premier exode rural est dû à la sauvagerie de la
colonisation qui a vu le déplacement de millions de personnes durant la
dernière guerre de libération et bien avant lors des différentes insurrections.
Ajoutant à cela, la période postindépendance où un nombre impressionnant
d’algériens voulaient goûter aux bienfaits de l’indépendance. La ville était
d’ailleurs plus attractive sur tous les plans par rapport à la paysannerie,
encouragés en cela par le départ massif des colons de la ville beaucoup plus
nombreux que ceux de la campagne.
Leurs
maisons sont allées tout droit aux algériens des quartiers arabes tandis que
ceux de la campagne ne pouvaient pas demeurer en reste dans le dénuement. Ce
qui est d’ailleurs tout à fait légitime où le développement rural mettait
beaucoup plus de temps à se mettre en place. Il n’y a pas de sous-algériens et
de super-algériens, il y a des algériens tout court animés par la même volonté
d’aspirer à une meilleure qualité de la vie, à un meilleur avenir dans une
Algérie libre et indépendante.
Rebattons
une société où seules la compétence, l’honnêteté et l’intégrité doivent être
les seules critères d’accès aux responsabilités. Si ces références se
rassemblent sur des ouled elbled, tant mieux encore pour les plus déterminés.
Mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs en inversant la logique des
choses.
Donc
cette discrimination inquiétante entre le monde paysan et le monde citadin
n’est pas faite pour souder les liens des algériens déjà secoués par d’autres
problèmes plus complexes les uns que les autres, au contraire elle les divise
davantage en les poussant à plus d’enfermement sur soi due surtout à nos
mentalités de sous-développés avec ces esprits rétrogrades qui règnent en
maîtres absolus.
Heureusement
que dans certaines régions montagneuses où personne ne dit être originaire
d’une ville qu’il sait pertinemment être celles des colons mais par contre il
parle fièrement de sa dechra, il y tient beaucoup à son attachement ancestral.
Sincèrement, je les admire, ces gens de la montagne, pour leur conscience
collective et leur dévouement à la tradition.
Pourquoi
dans certaines contrées des villes, on a presque honte de parler de ses
origines peut-être qu’on se sent être « civilisé » beaucoup plus avant
tout le monde par les colons. Ils ignorent qu’ils sont venus de tel ou tel
douar comme aux alentours des villes coloniales qui n’existent que depuis les
années 1840. Ils parlent qu’ils sont nés dans la ville mais n’évoquent point
les origines parentales comme s’ils portaient la gale.
On
doit être toujours dignes de ses origines, fiers de ses parents, qu’on ne peut
choisir, qu’ils nous ont mis dans ce monde, qu’on soit né sur une montagne,
dans une plaine, dans un douar, dans une dechra ou dans la ville. L’important
ce n'est pas le lieu de naissance mais de recevoir l’éducation nécessaire pour
respecter son entourage et être utile par des actes concrets et être pleinement
disponible à la société en général, à sa
ville ou à son douar en particulier et au lieu où il a choisi d’y vivre.
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