mercredi 22 décembre 2010

Cinéma : le culte d’hier et d’aujourd’hui

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Article paru sur le Quotidien d'Oran du Jeudi 23 Décembre 2010 que vous trouverez également sur les liens suivants:
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La ville d’Oran vient d’organiser son quatrième festival international du film arabe (FIFAO) dont l’édition a lieu entre les 16 et le 23 de ce mois de décembre 2010. Pour quelqu’un qui tombe hasardement sur cette nouvelle dans un journal et qui ne vit pas dans notre pays, il conçoit tout bonnement que l’Algérie dispose d’un nombre assez important de salles de cinéma ouvertes à l’année où le culte cinématographique dispose d’une place prépondérante dans la société en général et la culture cinéphile en particulier.

ENTRE ORAN ET GENÈVE ?
J’ai aussi reçu la même nouvelle sur Facebook par le président de l’association Suisse-Algérie-Harmonie en l’occurrence Monsieur Benaouda Belghoul et également président du festival des cinémas arabes de Genève, qui me faisait part de l’événement sur le sol oranais.

J’ignore si Monsieur Belghoul connaît la situation de cet art au bled. Je n’apprendrais sûrement rien aux algériens si je dirais que c’est totalement différent dans la ville dont il préside un de ses innombrables festivals. Il faut noter que la capitale de la suisse romande dispose d’un site sur la toile qui vous informe de toute l’actualité cinématographique dans la ville (http://geneve.cine.ch). Par ailleurs, cette agglomération dispose d’un parc de 12 cinémas pour 57 salles de projection et 45 différents films à l’affiche durant cette semaine ! On peut avancer qu’il s’agit dans ce cas de festivals populaires périodiques à l’année. Qu’en est-il exactement chez nous ? C’est là toute la question brute adressée aux initiateurs du FIFAO.
Que quelqu’un ose me citer un journal sur lequel est porté le programme quotidien avec les horaires des séances des films annoncés dans des salles de cinéma à travers les grandes villes du pays. Mise à part quelques très rarissimes bandes-annonces de films à la salle Cosmos de Riadh el Feth ou celle de l’Algéria en plein centre d’Alger, c’est complètement le vide. N’est-ce pas dérisoire comme arguments que de prétendre à organiser un festival fût-il arabe ? Ne cherche-t-on pas, à travers cette festivité, que le prestige derrière cette publicité en négligeant la promotion d’un véritable cinéma local ?

DONNEZ-NOUS DES CHIFFRES ?
Paradoxalement, la réalité sur le terrain est tout autre chose. Le festival du cinéma d’Oran ne reflète absolument ni la production cinématographique algérienne du moment ni l’absence d’engouement du public ni sa place au sien du monde arabe ou au niveau continental.
Puisque c’est le ministère de la culture qui chapeaute les prétendues imaginaires salles de cinéma, on souhaiterait connaître le nombre de salles effectives dans le pays, leurs chiffres d’occupation ainsi que les recettes engrangées annuellement. Quelle serait alors la réaction des promoteurs du festival si cette question est soulevée par les participants des pays arabes conviés ? Sincèrement je ne souhaiterais pas être dans cette position inconfortable pour y répondre. J’ai bien la crainte de dire que les données réelles vont remettre le pays à des milliers de lieux de l’organisation d’une telle solennité.
C’est comme si on annonçait l’organisation d’une diverse compétition sportive sans que l’Algérie y puisse viser la moindre chance d’arracher une quelconque médaille faute d’avoir des compétiteurs de niveau et des spectateurs assidus dans la discipline ni encore de salles adéquates. Serait-il logique que notre pays organise, par exemple, un tournoi international de golf ou de rugby sans l’avoir préalablement développer sur son sol ? Le fiasco serait incontestablement établi à l’avance.

A travers cette manifestation culturelle, on a l’impression beaucoup plus à chercher de dissimuler nos tares que de les diagnostiquer pour ensuite les guérir. On a marre de mettre inlassablement la charrue avant les bœufs dans ce pays, on court ainsi sans fin à notre perte. Tous les autres domaines du pays semblent souffrir de cet impérissable dilemme.

LE VIRTUEL AU DÉTRIMENT DU RÉEL
Mais lorsqu’on veut savoir beaucoup plus sur le phénomène, on s’aperçoit très vite qu’il ne s’agit que d’une apparence virtuelle laquelle les chargés de notre culture veulent créer à coups de milliards sans que cela puisse apporter de quelconques résultats probants. C’est déraisonnable que d’organiser un festival de cinéma dans un pays qui ne dispose que de quelques salles de cinéma, qui se comptent sur les doigts de la main. Peut-être qu’il existe deux salles ou trois salles fonctionnelles à Alger en plus d’une cinémathèque dont la rentabilité ferait tourner la tête à plus d’un soucieux gestionnaire. On ne peut qualifier cette extravagance que par la tendance au gaspillage, à vouloir jeter de l’argent par les fenêtres vu l’épais matelas financier dont dispose actuellement notre pays.
C’est tout à fait le contraire pour Monsieur Belghoul qui lutte de toutes ses forces avec son association en demandant, à travers une pétition sur le net, à la municipalité de la ville de Genève de soutenir la réalisation de la prochaine édition 2011 de son festival. Si on réfléchit bien, son festival mérite toutes les considérations de tous les pays concernés car les retombées culturelles positives seraient énormes pour le monde arabe.

Pour ne pas tomber dans la critique subjective, interrogeons les personnes vivant autour de soi en combien de fois sont-elles allées au cinéma depuis une vingtaine d’années ? Il existe au moins une génération entière qui n’a jamais mis les pieds de sa vie dans une salle dédié au 7ème art. Au risque de ne pas se tromper, la majorité ne sait même pas à quoi cela ressemble, ni ne connaît les rites ni le sens d’un entracte, avec la vente de cacahuètes et des esquimaux durant cet intermède, ou la signification d’une placeuse.
Certes, la télévision et ensuite Internet ont tué le cinéma en Algérie. Cependant, il aurait fallu que cette affirmation soit accentuée de manière flagrante d’abord dans les pays d’Europe, d’Amérique, d’Asie ou des autres pays arabes à l’instar de l’Égypte à titre d’exemple. Un petit tour dans ces pays nous ferait changer d’avis.

L’ESCURIAL, LE BALZAC, LE LYNX ET LES AUTRES
Comme le hasard fait bien les choses et à la veille de l’inauguration du festival, 4ème du nom, j’étais le Mercredi 15 décembre dernier de passage dans la capitale de l’Ouest. En faisant un tour en ville en compagnie de ma fille, je lui faisais remarquer la différence entre Oran des années 70 et celle de 35 années plus tard. En plus de la dégradation du centre ville totalement délabré qui m’a paru triste et sombre à l’image du fameux cinéma l’Escurial qui a complètement perdu de son lustre d’antan. Un site réduit presque en ruines, hanté par la solitude et l’oubli, qui se lamente à ne pas en finir sur ses années de gloire et qui vous donne envie de fuir promptement les lieux devenus un endroit fantomatique de l’extérieur. L’intérieur ferait sans aucun doute regretter d’avoir fréquenté ce fabuleux coin de rêves de votre jeunesse.
Ce lieu mythique était à son époque un antre du cinéma oranais comme le Balzac à quelques dizaines de mètres plus loin ou celui du fameux Colisée avec les films légendes qui défilaient à longueur d’années sur son gigantesque écran sans oublier bien sûr le célébrissime Régent (baptisé plus tard le Maghreb) comme étant une des plus grandes salles de cinéma et un des fleurons du patrimoine cinématographique du pays. Malheureusement, ils sont tous tombés en désuétude après avoir connu leur âge d’or d’avant les années 80.
Durant les années de nos études supérieures dans la capitale de l’ouest, on descendait en ville à chaque fin de semaine pour aller voir le dernier film en vogue. Le film de Merzak allouache « Omar Gatlato » me rappelle fortement ces années là comme tant d’autres. De temps à autre, la cinémathèque d’Oran nous attirait aussi par des films de gros calibres culturels. Il fallait être une tête assez pensante et armée d’un esprit assez critique pour pénétrer l’histoire et retenir l’essentiel. Et pourtant, malgré cette ferveur, Oran n’avait pas encore son propre festival qui se justifiait pleinement à cette époque à l’instar de nombreuses villes de l’intérieur. Si actuellement, des festivals sont organisés un peu partout dans le pays, c’est à la faveur des dollars de la manne pétrolière pour faire plus beau qu’à cause d’une quelconque émancipation d’un domaine particulier.

La pauvre salle du cinéma le Maghreb n’a dû son salut que grâce à ce festival après une fermeture qui a duré, tenez-vous bien, plus d’une dizaine d’années. Après ce festival, on ignore le sort qu’il lui sera réservé. Peut-être qu’elle renaîtrait de ses cendres au prochain festival si elle aurait la chance et le privilège d’être retenue d’ici là.
Par ailleurs, la rentabilité semble être le dernier souci. C’est aussi l’un des plus grands fléaux dont souffre le pays. On fournit tous les efforts avant le jour J, une fois terminée, la mission est accomplie et définitivement close en attendant des jours meilleurs. On retourne ainsi amèrement à nos années de plomb où rien ne bouge jusqu’au prochain soubresaut. On fait beaucoup plus dans le prestige, le sensationnel et le folklorique que de s’engager sur la constance et la durée.

La logique signifie d’abord qu’il faut d’abord inculquer l’amour du 7ème art au grand public avant de songer à organiser une quelconque manifestation de ce type. Si l’Algérie avait glané sa seule palme d’or avec les années de braise de Mohamed Lakhdar Hamina, à Cannes en 1975, c’est que cela avait coïncidé parfaitement avec l’âme culturelle qui régnait en ces années en dépit des insuffisances matérielles et des moyens financiers.

LES CINÉ-CLUBS D’ANTAN
Durant cette belle décennie, chaque ville du pays disposait de son propre ciné-club local. Collégien, j’avais déjà ma carte de membre du ciné-club de ma ville d’enfance Relizane. À la fin des années 60 jusqu’au début des années 70, je me rappelle comme si cela était hier, on allait voir un film culte tous les dimanches matin au cinéma Rex ou Dounyazad, l’appellation selon les générations. C’était nos enseignants qui présentaient le film du jour avant sa projection avec le nom du réalisateur, des acteurs et leurs carrières ainsi que les circonstances qui avaient entouré son tournage. Bref, on était en pleine scène du film avant de le déguster.
C’était un silence de cathédrale dans la salle du début jusqu’à la fin. Un petit bruit involontaire nous ferait sursauter de notre profonde concentration sur le sujet. Aucune séquence n’est ratée.
A la fin de la projection, Monsieur Hachemi Youcef notre professeur de français au collège, passait devant les sièges et animait les débats. J’avais l’impression d’être toujours en classe avec tout le sérieux possible en compagnie d’une très sympathique assistance de jeunes cinéphiles. Les débats commençaient timidement puis tout le monde se lançait sans s’arrêter avec des questions et des analyses plus profondes à vous couper le souffle. L’intérêt était sans cesse grandissant. Le film était ainsi dévoilé en long et en large et épluché par les intervenants de tous ses sens. Après des débats fructueux qui duraient le temps suffisant, on sortait alors la cervelle pleine d’idées et de projets. La séance finissait vers midi et on se donnait déjà rendez-vous avec un grand plaisir à la prochaine séance.

LES HÉROS « CHIR » , « TFOLL » OU « MESKHOT »
Cela nous changeait à 180 degrés des films Westerns Spaghettis de Ringo, de Django ou un peu plus tard avec la série des Trinita et j’en passe, des films où les révolvers s’usaient à tirer sur tout ce qui bouge ou des mélodrames, sans fin, des films indous ou égyptiens avec les sifflets des spectateurs à chaque apparition de l’héroïne ou les cris à chaque combat entre le héros et les bandits de la vallée.
Le nom de l’héros changeait à chaque entrée d’une ville. On l’appelait « Chir » à Oran, « Tfoll » à Relizane ou « Meskhot » à Mostaganem. Cela ne veut signifier en aucune manière un autre cinéma décrit plus haut. Mais, lorsqu’on voulait se défouler à fond, ces films nous enlevaient tout le stress et la pression des autres jours. Toutefois, à côté, on allait aussi se cultiver en regardant d’autres pellicules qui nous permettaient de soigner notre niveau culturel.

FILMS DE SÉRIE C
Heureusement que cette année, les organisateurs du FIFAO ont misé sur la simplicité. Lors des précédentes éditions du festival, j’avais l’impression qu’ils jouaient un film de série C, une partie de guignols avec costards et papillons en plus du tapis rouge et une montée des escaliers avec des acteurs et des actrices en longues robes blanches et maquillages prononcés. Il ne manquait que les paillettes, les limousines et les cliquetis et les flashs des photographes de célèbres magazines pour imiter les césars sans avoir le niveau artistique requis. Ça ressemblait à du déjà vu outre-mer avec les célébrités et la renommée en moins. Étions-nous à Oran ou à Cannes ? Il n’y a pas mieux que d’être le plus naturellement possible. On ne peut laisser manger le public avide un plat de « Karantika » et se faire commander un festin royal par la grâce de l’argent du trésor public coulant à flots.
Un festival sans une véritable tradition cinématographique est donc voué à l’échec. Cette mise en scène est contradictoire avec l’état dans lequel moisissent les artistes du cinéma algérien. Leur statut est on ne peut dire antinomique à l’image de l’état du cinéma dans le pays. Il suffit de rencontrer un artiste local pour qu’il vous ouvre son cœur afin de se remettre enfin à l’évidence et se réveiller.
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mercredi 1 décembre 2010

Touche pas à mon poste !

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Article paru sur le Quotidien d'Oran du Jeudi 02 Décembre 2010 que vous trouverez également sur les liens suivants:
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Depuis que je suis monté dans la capitale après avoir glané mes galons aux dernières élections, ma vie a complètement changé. Elle a pris une autre tournure sensationnelle. Mon astre n’a cessé de grimper telle une star dans un ciel étoilé. Sans regarder derrière moi, mon destin est en ascension fulgurante comparable à une fusée en pleine extension.

ACTE I : L’ASCENSION
Au départ de mes divagations illusoires, personne n’avait cru en mon présent succès. Ma famille en rigolait à pleines dents lorsque j’évoquais devant ses membres mes fortes sensations. Toi ! Qui as été un cancre à l’école, le dernier de la classe, désires-tu maintenant avoir l’appétence et le culot de guider les affaires des citoyens de la nation ? Me répondait-on douloureusement dans mon entourage. Allez ! Vas t’occuper de tes oignons et ne penses plus à tes salades et à tes égarements initiés au sein de ton ex-école buissonnière.
Je me taisais en silence mais j’ai juré en mon for intérieur de prendre ma revanche sur le sort dans lequel on veut me confiner. Résolu et déterminé, c’est un défi que je leur avais lancé. Je n’ai pas l’intention d’abdiquer à ces découragements. Je ne me résigne nullement devant le défaitisme de telles paroles à rebuter le plus décidé des téméraires. Je suis un opportuniste qui n’est pas né de la dernière pluie. Je leur prouverais mes capacités en jouant à fond mes chances, fussent-elles minimes. Je n’ai rien à perdre. J’ai tout à gagner de mon aventure invraisemblable et excitante à la fois.
Et puis, j’ai senti le flair de la bonne affaire juteuse qui m’attendrait au cas où mon stratagème réussirait. Je saurais trouver le chemin béni en se faufilant parmi les plus ambitieux. Je serais, un jour, quelqu’un de respectable dans le parti que je choisirais selon les circonstances du moment, de son importance sur la scène et en fonction de ses moyens à me faire propulser vers le sommet. Je choisirais celui qui me permettrait de casser toutes les barrières, pas celles du mérite ou celles qui me feraient subir un test probatoire et d’insupportables épreuves pour évaluer mon niveau à la fin de chaque classe. Je trouverais celui qui ne m’exigerait aucune notion sur la gestion, sur l’économie, sur le budget ou en général sur la gouvernance.
Il faut savoir attendre sagement son tour et avec assiduité que son heure arriverait par des occasions inopinées que vous ne trouverez jamais nulle part dans un état émancipé. C’est une histoire de chaîne et non d’aptitudes à faire valoir. Où l’ancienneté prime sur toutes autres considérations. Vu mon niveau de basses références, c’est la route bifurquée que je cherche en ce moment, non le long parcours d’un logique militant.
Ensuite, c’est au tour de la ville de me rendre hommage. La notabilité m’ouvrirait grandement toutes les entrées. Je serais reçu comme un représentant du peuple par toutes les autorités locales sans aucune fausse note. Quand j’y pense un instant que j’étais nul même en histoire-géo, j’en pouffe encore aujourd’hui de toutes mes entrailles. De plus, le fou rire me fait des siennes lorsque je me tiens, sans la moindre humilité, devant un miroir.
Quelle classe ! Je me vois déjà en costume 3 pièces de dernier modèle en plus de la grosse berline avec chauffeur qui m’attendrait et me ramènerait de la capitale au retour somptueux dans la cité. En plus de ma résidence avec jardins et des servantes disponibles pour madame. Il ne manquerait que les sirènes des motards à l’avant devant le cortège. Ne vous en faîtes pas si l’escalade se poursuivrait dans l’allégresse de la feuille de route que je me suis tracée.
J’exaucerais ce vœu cher à mes palpitations qui s’est enraciné dans mon inconscient par la force de l’obstination. J’y arriverais un jour et les envieux seraient encore très nombreux, plus que déboussolés. Ils viendraient se jeter à mes pieds et ensuite me solliciteraient pour des inimaginables services. Je disposerais moi-même de mes hommes comme tous mes chefs qui m’obéiraient au doigt et à l’œil. Je fabriquerais autant de militants que désirerait ma cellule locale pour asseoir la suprématie sur mes rivaux.
Je n’aurais peur que d’une chose. Ce sont les peaux de bananes qui risqueraient de me jouer de mauvais tours. Je saurais garder ma tactique en sachant surfer avec la technique de camouflage la plus sophistiquée.
Fais-moi plaisir ma chère ! Lances-moi de toutes tes forces les youyous que tu n’as jamais refoulés de ta vie. Que je n’ai, en aucune manière, entendus de ma misérable ancienne existence. Oh ! Ma chère seconde compagne, nous sommes sur un nuage. Que j’espère, je ne descendrais plus. Comme tant d’autres, le « koursi » m’a complètement étourdi, oh ! Ma gracieuse bien aimée.
Si je perdrais mon siège, saches que toi aussi tu risquerais trop gros de ne pas te garder assez longtemps à mes côtés. Je ne pourrais plus satisfaire tes caprices, te dorloter par mes incessants cadeaux et de t’offrir de beaux voyages dans de jolis endroits touristiques, hébergés dans des palaces haut standing à 5 étoiles.
Si mon plan passerait à l’échec, je ne serais qu’un rien de rien. Les gens me regarderaient de travers, ils changeraient d’humeur à mon encontre et feraient illico presto demi-tour à ma simple apparition dans la cité. C’est la pire des choses qui puisse arriver à quelqu’un dont le centre gravité tendrait sans arrêt vers le bas. Le retour à la misère et au mépris de tous.
Je n’ai rien fait pour avoir une quelconque reconnaissance de leur part. Je les ai oubliés totalement, aussitôt arrivés sur les cimes. J’avais rejeté leurs lettres de doléances à la poubelle promptement qu’ils me les avaient confiées. Ils ont cru au père Noël mais je suis le plus ingrat des hommes. Je les ai fait déplacer le jour du vote, tous sans exceptions, obnubilés par mes promesses farfelues. Ils étaient des familles entières à se déranger aux urnes du scrutin en me léguant leur précieuse voix.
Si le malheur surgirait, je retournerais comme défait à ma première épouse et implorerais son pardon si elle oserait l’accepter. Je sais qu’elle ne m’accueillirait plus à bras ouverts comme par le passé. Alors, fais-en sorte que l’on soit toujours plus haut, toujours là-haut sans trébucher.

ACTE II : L’APOGÉE
Tout le monde me regardait abasourdi par mes prouesses. Tous les yeux des jaloux étaient grands ouverts à ne pas croire à ma blague d’antan. J’ai fait un vœu et par la grâce de mes feintes, je l’ai hautement atteint. Peu importe les méthodes et les recettes, c’est l’effet qui compte. En tous les cas, elles sont loin d’être catholiques comme disent les chrétiens.
J’avais choisi de grimper l’échelle à partir du bas. Du planton, je pourrais me retrouver au bout de mes rêves. C’est le chemin le plus contraignant pour parvenir à la bonne destination.
Après avoir harcelé, matins et soirs, le siège local du parti choisi pendant de longues durées. Et en constatant que je ne présente nullement un quelconque danger électoral dans un proche avenir, le chef me demandât un jour de ramener 2 photos et 180 DA de cotisations pour ma première année de militant si j’ose me qualifier ainsi.
J’ai juste signé un papier d’engagement sans l’avoir lu mais entièrement approuvé. D’ailleurs, je n’ai jamais consulté, ni le statut du parti, ni son règlement intérieur. Je ne sais pas du tout de quoi ça cause. On ne sort ces textes que le jour où l’on veut couper les têtes fortes qui émergeraient cycliquement ou ceux des cerveaux brillants qui pensent en savoir plus que le restant des adhérents.
Attention, Il faut que la mauvaise graine soit éradiquée à la source avant qu’elle ne grandisse en bas pour ne pas fantasmer en germant de mauvaises idées et qu’elle ne fasse couler la pyramide en la coupant de ses piliers. En bas, on veille au grain tel un bunker sauf une mésaventure inattendue.
Les réels partisans qui veulent apporter du sang neuf sont facilement repérables à leurs contemporaines idées et mis en quarantaine sur le champ. Les purges sont nécessaires pour maintenir le cap et le chao. Il faut assommer cette vermine avant qu’elle ne prendrait forme.
Il ne s’agit pas que de notre avenir mais également du vôtre. Nous n’avons pas œuvré durant toutes ces décennies et bâti un temple pour le laisser aux mains de ces nouveaux prétentieux. Il faut les chasser comme de futurs indus occupants avant que nous payions coûteusement l’indulgence de notre passivité.
Vraiment, ce n’est pas cher payé pour quelqu’un comme moi qui aie adhéré dans le parti. J’apporte le nombre, ni plus ni moins. Je sers à lever la main et à la baisser. Je ne suis assimilé qu’à un geste mécanique sans plus. Je m’exerce à cette posture depuis mes premiers jours. La seule chose qu’on vous demande c’est la discipline, l’opacité et sans omettre l’obéissance au chef du moment. Les paroles de ce dernier doivent être ingurgitées telles un antidote. Les figurines des trois singes de la sagesse sont appliquées à la lettre.
On ne se fatigue pas dans le parti, on ne s’ennuie pas non plus. On réfléchit à notre place. On est bien, qu’est ce qu’on veut demander de plus ?
Des personnes se sont autoproclamées nos chefs depuis belle lurette pour faire tout à notre insu. Ils sont mêmes proches des prérogatives de monarques sans couronnes. On les appelle aussi les rois de la coulisse. C’est un mot nouveau pour moi dont j’ai appris le véritable sens après quelques années dans les arcanes. Ils sont présents partout. Sans ce mot, rien ne passe. On me donne juste des ordres pour qui plébisciter. Ce n’est que plus tard que j’ai compris que je pourrais bouleverser toutes les données des architectes de l’ombre si par fatalité, je me trompe de nom du candidat désigné.
Aussi, je me demandais comment on pourrait régler les différentes charges, subvenir aux besoins nécessaires du fonctionnement, etc..J’ai conclu par la suite que ce sont les mamelles de la République qui bouchent tous les trous laissés béants et non comme je le croyais les cotisations des fidèles.
Au contraire, beaucoup ne sont là que pour en sucer quelque chose davantage. On arrive pauvre et on repart souvent riche selon le poste convoité ou celui où on serait parachuté. J’ai longtemps servi de planches aux chefs de l’époque mais moi avec mon quotient intellectuel qui ne dépasse guère celui du cours préparatoire, je ne voyais pas d’un mauvais œil ce rôle élastique.
Le temps défile durant plusieurs années et brusquement mon jour de gloire est arrivé après celui des vaches maigres et de cruelles luttes intestinales. C’était une question de vie ou de mort ! Pour un coup de poker, c’en était vraiment un !
Ce fût une journée sans pareille où les youyous de chez moi fusaient de toutes les gorges des femmes de ma famille et les coups de baroud crachaient des carabines de mes amis. C’était mon réel jour d’affranchissement. Un jour que je bénis et qui me sert désormais de référence, comme le plus beau de ma vie. Quel chemin embûché, j’ai emprunté pour arriver à ce bonheur indescriptible. Le plus grand ingénieux averti ne saurait trouver la route tortueuse pour décrocher la cible visée.
Mes amis d’enfance et les compagnons de mon ancien entourage ne sont plus maintenant mes amis. Mes électeurs ne sont plus les miens. Leur manège s’est immobilisé à l’instant où les résultats ont été annoncés. Leurs voix ne m’ont servi qu’à grimper à là où je baigne dans la pleine euphorie. Ils n’ont été qu’une rampe de mon lancement sans retour. Je ne réponds plus à leurs incessants appels. Ils attendent vainement le retour de l’ascenseur. Je les ai complètement éliminés de mon inconscient une fois arrivé au zénith. J’ai même congédié ceux qui m’ont aidés dans la permanence de l’ex-candidat. Je ne pourrais quand même pas œuvrer pour eux. Une fois arrivé à mon destin rêvé, j’ai formaté mon cerveau identiquement à un disque dur sans fichiers. Tous mes souvenirs ont été volontairement écrasés.
Le fait d’avoir côtoyé un futur élu devrait largement suffire à leur bonheur. Qu’est ce qu’ils veulent de plus ? Quand j’y pense aux mensonges et aux promesses que j’ai auparavant répandus dans mon environnement, la nausée sur moi-même me poursuit inlassablement. Et ils ont cru les pauvres à mes supputations.
C’était mon avidité de vainqueur qui me faisait arracher de mon gosier tous ces mots mielleux. J’étais à une marche du podium et tous les leurres étaient permis. Je n’allais quand même pas rater la dernière marche à cause d’une plaisanterie de moins ! Ils ont la mémoire courte. Ils vont vite oublier en pansant comme ils le peuvent, leurs blessures. Ils vont se ressaisir, je ne serais ni le premier, ni le dernier à utiliser de telles farces qui avaient démontré leurs preuves.
Au fait, je viens de changer le numéro de mon mobile, il commence dorénavant par le 061. Il ne me sert qu’à solliciter ceux qui se trouvent sur les étages qui me surplombent. Je ne le communique plus à ceux d’en bas. Je voudrais complètement couper tous les fils me liant à leur nombril. Je ne regarde plus derrière moi, c’est devant moi que les chemins s’éclaircissent avec mes yeux complètement éblouis et écarquillés.
Je suis gâté. Je suis payé mais je ne fournis aucun effort. C’est une sinécure dont on ne veut pas la dénoncer. Je suis en vacances tout au long de l’année, 24 heures sur 24 sans que quelqu’un ose me réclamer des comptes de mes carences répétées.
Ma soif n’est pas encore pleinement étanchée. C’est une nouvelle étape de ma vie que je dois négocier avec discrétion. Plus on monte et plus les pièges sont légions. Il faut aller doucement mais sûrement. Attention aux coups de force. Ils peuvent se cacher à chaque pas de porte.
Mon désir ne cesse de me dévorer les méninges. Je rêve jour et nuit d’un autre poste à la mesure de mon nouveau statut et de mon récent carnet d’adresses. L’habit doit faire le moine. L’adage sera récusé par mes nouveaux besoins. Mon appétit grandit de jour en jour depuis que je suis arrivé à ma délicieuse destinée. Je suis prêt de l’extase. Tout ce que je découvre me fascine. Je ne veux plus retourner chez soi. Vais-je faire marche arrière ? Je suis dans une position propice où je ne devrais rien lâcher.

ACTE III : LE DÉCLIN
En cette période post-électorale, les relations invisibles dans les tranchées font rage et j’ai la crainte de choisir le mauvais camp au moment opportun. Et là ! La chute sera payée cash, elle sera vertigineuse, plus vite que celle de la montée. Les profondeurs seront assurées et le linceul préparé. Je suis monté dans le bon wagon mais plus maintenant. Je suis noirci d’antécédents qui me seraient fatals au moment du choix de la liste des prochains prétendants.
Si par malheur, je serais parmi les vaincus, je sais à quoi m’attendre. Les coups vont pleuvoir jusqu’à m’abattre définitivement. Je serais éradiqué de la liste et banni à jamais de l’ordre d’un simple adhérent. En attendant qu’atterrisse un autre messie pour nous délivrer. Peut-être que j’aurais de la chance si le vent tournerait en ma faveur dans le bon sens en nous soufflant le bon chemin recommandé.
C’est aussi une grande loterie. Si les gars se déchirent c’est qu’ils ignorent le véritable vainqueur qui va être proclamé. S’ils le devinaient, ils auraient dû tous se ranger du côté du futur vainqueur. C’est un véritable échiquier. Tantôt, on est mat, tantôt on est échec et mat. Tantôt, je suis avec la ligne légaliste, tantôt je me range parmi les opposants. Chaque pion est avancé avec prudence. A la fin de la partie, ça pourrait très vite se dégénérer et s’éclater comme un véritable explosif à retardement collatéral sur tout le pays.
Quelle horreur ! Cette guerre souterraine qui pourrait finir par emporter même ceux qui ne sont pas concernés. Je ne sais plus où se situer. L’important est de sauver ma tête et ensuite ma place. Tout le reste m’importe peu. Je ne me bats ni pour un programme national, ni pour un enjeu économique d’envergure pour le pays, ni pour une école performante. Si cette dernière était restée compétitive, je ne serais certainement pas là où je suis actuellement penché.
Mais subitement, ce qui devait arriver arriva. Le calme serait prémonitoire de l’orage qui s’annoncerait. Un jour, ça ne ronronnait pas bien au dessus et tout d’un coup, un coup est parti de nulle part. Une véritable crue s’enclencha comparable à celle des dominos placés juxtaposés. C’est une onde de choc dont on n’est pas prêt d’oublier.
On a cru au départ que c’était une petite secousse qui ne causerait pas plus de dégâts qu’un pétard mouillé. Mais cette fois-ci, il semblerait que c’est du sérieux. Plus là haut sur les cimes ça n’allait pas trop bien et plus ça enflait sur les têtes de dessous. En principe, si les choses allaient mieux, c’est plutôt le contraire auquel on serait attendu.
Quelqu’un a mis le doigt là où il ne fallait pas le mettre. Bing ! Bang ! Click ! Clac ! Boum !! Aïe ! Ouille ! Ça pétait et ça partait de tous les côtés et dans toutes les directions. Peu importe l’arme utilisée ! L’important est l’atteinte de l’objectif souhaité.
Soudain, deux groupes antagonistes se formaient pour livrer la bataille. La grande majorité n’agissait que sur ordre. Ils ignorent pour quelles raisons. Est-ce que le parti a changé de programme économique ? Non ! Est-ce un revirement politique ? Non ! S’agit-il d’un bouleversement de la politique sociale ? Non ! De modifications d’options après la tenue d’un congrès ? Évidemment, non plus !
C’est le semblant de débats perpétuels auxquels on est gratifié de temps à autres dans nos partis, syndicats et associations. Au lieu d’une confrontation d’idées et la proposition de solutions à faire avancer le pays, ça ressemble plutôt à des guerres claniques ou tribales qui minent ce pauvre pays auquel nos libérateurs, s’ils seraient revenus de l’au-delà, ne regretteraient pas de s’être partis pour de vrai.
On tourne en rond lorsque les consciences sont en voies de garage. Personne ne sait qui a débuté les hostilités. C’est un inconnu dont personne n’a identifié. Ce n’était donc qu’un calme précaire qui régnait. Et moi qui croyais que je serais tranquille sur les hauteurs durant toute le temps. C’est un séisme qui risquerait de tout ravager. On peut le comparer déjà à un tsunami.
Les militants sont déroutés. Ils ne savent plus où s’orienter. Détenus dans un labyrinthe sans sortie ! Encore que la brise ne souffle plus pour indiquer l’allée éclairée. Gare à celui qui se trompe de sens de la circulation. On marche à l’aveuglette. Le faible qui s’égare serait immédiatement sacrifié.
Depuis, je ne ferme plus l’oeil, je ne fais que somnoler. Mes jours semblent comptés et mon sort jeté au dévolu. Devrais-je attendre la dernière minute pour me décider ? Vraiment ! Les conseillers les plus chevronnés ou les analystes les plus expérimentés ne sauraient vous prédire l’heureuse issue. Je ne sais plus comment réagir. Je suis pétrifié. J’ai l’impression d’être dans une bouteille renversée. Le retournement de veste de l’ultime seconde ne saurait me sauver.
Je songe à changer non pas de camp mais carrément de parti pour espérer échapper à la solution finale. Si je le ferais, on m’accueillirait à bras ouverts dans l’autre bord qui n’espérait par tant gonfler ses effectifs. Mais pour combien de temps la paix ? C’est le même clonage partout ailleurs tant que la modernité n’aurait pas élu domicile dans notre demeure.
Je m’en foutrais ce qu’on irait se dire sur mon compte. L’éthique et la déontologie ne sont que des trucs qui n’intéressent que quelques uns qui vivent virtuellement à travers la parabole pointée vers Hotbird ou Astra. Chez nous, il est considéré comme un acte avéré, un signe d’équilibre ou d’annihilateur des forces.
Mon ancien parti comptait pourtant beaucoup sur moi. Il est entrain de se désagréger. En passant de l’autre côté, il s’agirait de sauver ma tête et rester le plus longtemps possible au poste afin de préserver mes fabuleuses indemnités. Je ne suis qu’une « hchicha talba m3ichaa » voulant profiter du hasard qui m’a expédié par miracle vers les cieux. Je souhaiterais n’être qu’une élémentaire herbe cherchant à jouir de cette fortuite situation qu’on ne peut refuser par défaut de l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Peut-être que j’aurais plus de chances avec ma future nouvelle formation. Mes combines sont un cocktail de risques et de coups de chance. Peut-être qu’elles me souriraient à nouveau pour longtemps et pourquoi pas durant le restant de ma vie.

ACTE IV ET FIN : LE DÉNOUEMENT ?
Dans mon antécédent bord, on continue à régler les comptes à coups de manches et de balais. Par ricochet, le pays et son image en prendraient de sales répercussions. Un malheureux cul-de-sac dans lequel nous nous sommes enfermés. Nous avons laminé notre jeunesse qui ne pensent qu’à s’évader et ne s’intéresser guère au devenir du pays.
Quelle Algérie allons-nous la laisser et dans quel état d’esprit ? Je vais bientôt partir en retraite dorée mais certainement pas en toute quiétude. J’ai peur que l’on viendrait à ma tombe et l’on me délogerait pour m’enterrer ailleurs, loin des yeux parmi les recalés.
Voilà ce qui pourrait nous arriver et au pays en premier lieu par nos erreurs presque volontaires et par notre entêtement permanent à vouloir tout posséder sans partager, avoir toujours raison sans débattre ensemble toutes les questions engageant l’avenir du pays, associant toutes les forces vives émergeantes dans le pays.
Pris par de profonds remords, j’ai compris finalement une chose. Des personnes de ma trempe qui rouillent d’opportunisme n’auraient pas dus se présenter aux postes qui ne pouvaient pas leur revenir si des règles adéquates étaient appliquées. Et en laissant passer le flambeau paisiblement à d’autres plus aguerris, plus qualifiés pour assurer les affaires du pays. J’aurais pu ainsi épargner à mon pays beaucoup de dommages et de retards pris dans son évolution.

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mercredi 27 octobre 2010

Inscriptions au Bac : Le grand Bug !

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Article paru sur le Quotidien d'Oran du Jeudi 28 Octobre 2010 que vous trouverez également sur le lien suivant en format pdf: http://fr.calameo.com/read/000370446ba472b909436

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Le 15 octobre dernier, les inscriptions ont été ouvertes aux candidats de la prochaine session du baccalauréat 2010/2011. Cette année, le ministère de l’éducation nationale a innové en programmant cette importante opération par le Net sur le site de l’ONEC (Office National des Examens et Concours) à l’adresse url : http://insbac.onec.dz.

L’ORDINATEUR DÈS LE PRIMAIRE ?
Jusqu’ici, tout est bon, c’est une première, une petite révolution néanmoins les bugs du logiciel élaboré à cet effet n’ont semble-t-il pas été prévus par le ministère concerné. On prédisait de faciliter la tâche qui ne devrait consacrer que quelques minutes aux candidats. C’est à l’effet contraire que l’on assiste sans susciter la moindre réaction ou une quelconque explication des responsables concernés. Comme c’est à chaque fois le cas, c’est au silence de suspicion que l’on est abreuvé laissant les candidats et leurs parents de plus en plus anxieux.
Lorsque vous ne connaissez rien à ces nouvelles technologies, vous jetez l’éponge au bout d’un quart d’heure. D’abord, les élèves de terminales sont livrés à eux-mêmes, eux qui dans leur écrasante majorité n’ont aperçu réellement un ordinateur au lycée que dans son administration. Je dis ça en connaissance de cause puisque je suis moi-même parent d’élèves comme des dizaines de milliers d’autres Algériens.
Pourtant, si on regarde de plus près les programmes de mathématiques ou de physique, l’ordinateur est prévu dès la classe de seconde avec des applications à l’aide du logiciel d’Excel de Microsoft comme il est mentionné clairement sur les livres scolaires officiels. Mais entre la théorie et la pratique, il y a les mondes de la bureaucratie et de la démagogie qui sévissent impitoyablement non seulement dans l’éducation nationale mais dans tous les domaines de la vie publique.
Pourtant le communiqué du ministère de l’éducation nationale, diffusé à la veille de la rentrée de cette année scolaire, est clair à ce sujet. Le dit communiqué nous apprenait à grandes pompes que tous les lycées sont déjà équipés d’un laboratoire d’informatique de 15 micros en plus d’un serveur avec tous ses accessoires. Ce qui représente 1,13 ordinateurs pour 50 lycéens. Il rajoute que 1400 lycées parmi les 1852 existants sont programmés pour bénéficier, dans moins d’une année, d’un deuxième laboratoire.
En outre, le même communiqué rajoute que 1467 collèges sont dotés jusqu’à ce jour d’un laboratoire sur les 4961 collèges que compte le pays en attribuant un taux de 0,71 PC pour 100 collégiens. L’opération de la dotation des autres collèges se poursuivra dans moins d’une année comme le mentionne la même source. Comme le note le même communiqué, il est également prévu d’équiper l’ensemble des collèges d’un second laboratoire. Pour nos petits bambins, chacune de leurs 17952 écoles primaires va bénéficier d’un quota de 10 micro-ordinateurs comme le précise le communiqué du premier responsable du département ministériel.
A en croire ces chiffres venus d’ailleurs, tous les rêves peuvent être permis à la fin de l’année. S’agit-il d’écoles virtuelles ou celles que fréquentent nos enfants à longueur d’années ? Doit-on se questionner par où sont passés les budgets successifs consacrés à l’acquisition d’ordinateurs destinés à cet apprentissage ? A moins qu’ils soient détournés à d’autres fins ou stockés quelques parts par des bureaucrates comme notre administration en possède en quantité dépassant toutes les normes. Ils ne doivent assurément pas savoir que ces ordinateurs à force d’être dissimulés vont devenir au bout quelques temps totalement obsolètes et dépassés. Le communiqué aurait dû être accompagné d’un listing, sur un page web, de tous les noms d’établissements ayant bénéficié et le nombre de PC qui leur a été affecté pour mettre définitivement fin à tout anonymat. D'un simple clic, on pourrait facilement découvrir le pot aux roses. Je réside dans une ville moyenne du pays et je n’ai jamais entendu de telles quotités que ce soit de la bouche de mes enfants scolarisés ou de celle de mon entourage.

LE RUSH DANS LES CYBERS
Retournons sur notre terre d’Algérie et passons aux choses concrètes. La nouvelle réforme est à sa 6ième année consécutive sans que les lycées soient apparemment tous pourvus de cet outil indispensable pour les différentes applications de calculs et de simulation d’expériences.
Imaginons le cas d’un élève habitant un lointain douar du lieu de son lycée et dont les parents ne possèdent même pas les moyens de lui offrir un quelconque repas équilibré. Acheter un ordinateur relèverait de l’impossible, voire du miracle pour des milliers de familles en dépit des facilités bancaires de l’ancienne démarche d’Ousratic.
Pourquoi n’a-t-on pas prévu que les inscriptions se fassent au sein même des lycées avec l’aide d’utilisateurs chevronnés et si nos lycées étaient réellement équipés ? Puisque notoirement, les élèves n’ont jamais effleuré de leur vie une salle d’informatique dans le cas où elle existe dans l’établissement. Pourtant, les bureaux les administratifs sont bien garnis par ces machines et imprimantes de dernier cri en plus de la connexion d’Internet dans le bureau de monsieur le directeur ou de son staff. La pédagogie demeure toujours le parent pauvre de notre système éducatif dans sa totalité.
Pour les élèves, ils n’ont qu’à se débrouiller. Les cybers ne sont-ils pas agréés à cet effet ? Cela nous rappelle les exposés réclamés par les enseignants du cycle moyen à leurs élèves qui se ruent chaque soirée depuis 6 années consécutives vers ces cybers qui aussitôt leur offrent clés en mains, moyennant de l’argent, tous les exposés inimaginables sans avoir compris le sens d’une seule ligne. L’essentiel est de chercher à faire plaisir à leurs enseignants en visant à arracher la meilleure annotation possible. Peu importe le contenu, c’est l’exposé le plus édulcoré qui risque de remporter la note bonifiée. Ce sont les plus nantis qui risquent très fort de décrocher les meilleures mentions en y mettant tous les moyens financiers à cette tâche qui a été travestie par rapport à ses objectifs pédagogiques. En fin d’année, le directeur de l’école rédigerait son bon rapport à l’académie dont il dépend en appuyant que le nouveau système éducatif est satisfaisant à 100% et que les applications se sont parfaitement déroulées. La critique n’est pas permise en haut lieu surtout lorsqu’elle est mentionnée dans les rapports paraphés.

FACE À L’INCONNU
Revenons à notre malheureux élève de Terminales. Une fois qu’il a déniché un petit coin pour s’inscrire, c’est là qu’il va affronter les difficultés au lieu de la partie de plaisir annoncée à grands coups de pubs en début d’année.
Vous allez sur le site en cliquant sur la page désignée sans avoir omis de lire le guide d’inscription, vous débouchez difficilement sur la première page. Il vous est alors demandé la Wilaya de résidence, ensuite votre type de candidatures. Par la suite, c’est au tour du nom d’utilisateur à définir. Vous distingueriez le fossé qui sépare le prospectus de l’ONEC distribué au lycée et celui de la même institution en ligne sur le Net. Sur la toile, on vous dit que le nom de l’utilisation (Username) doit être compris entre 1 à 20 caractères, dans le guide en papier c’est entre 10 à 20 !
C’est presque le même constat pour le mot de passe mais en ligne c’est limité entre 1 et 10 caractères ! Les majuscules ne sont pas tolérées, ce qui restreint strictement le choix. Les caractères qui suivent après le 10ième ne sont pas pris, non plus, en considération.
Celui qui suit machinalement les recommandations du guide mis à sa disposition au lycée est entièrement désorienté. Vous continuez à taper sans que le curseur n’avance d’un iota. Vous ne savez pas alors si votre Password est de 10 caractères ou supérieur à ce nombre ! Attention si le 10ième caractère est un zéro, le logiciel vous indiquera l’existence d’une erreur. Il faut la deviner cette erreur. Une énigme de plus de ce logiciel plein d’amateurisme. Le jeu des 7 erreurs est dans tous ces états. Pourtant la programmation en informatique ne se base que sur la logique.
Pour passer d’un champ à un autre, vous êtes obligés de n’utiliser que la touche de tabulation. Apparemment, on continue à travailler sous l’environnement de l’ancien système DOS alors que depuis 1995, ce sont les déplacement à l’aide de la souris qui sont les souvent utilisés dans les logiciels sous le désormais célébrissime système Windows. Les petits Sharwares gratuits que vous trouvez sur le Web sont agréablement mieux lotis en outils.
Une fois que vos données sont acceptées après plusieurs tâtonnements, d’énormes hésitations et de dizaines de vérifications. A force de les changer à plusieurs reprises, vous oubliez de noter vos données d’accès quelques parts. En essayant de revenir à la première page et en réinscrivant les mêmes mots mais là le programme vous somme de changer de nom d’accès et de mot de passe. Ainsi les choix ont été pris en compte sans que l’on finisse totalement l’opération. Ce sont donc des milliers de noms et de mots de passe qui sont gaspillés à chaque inscription et qui pourraient s’avérer d’utiles termes à retenir par le candidat. Avant de commencer, il faut donc s’armer d’une batterie de mots mnémotechniques à ne pas s’épuiser. C’est une véritable galère pour moi qui utilise un ordinateur depuis son avènement. Que dire de ceux qui ne s’étaient jamais assis devant un PC ?

M’HAMED OU MHAMED ?
Vous défilez la page vers le bas pour inscrire les données en lettres latines. Au bout d’un instant, on s’aperçoit que les accents, les tirets du 6 et du 8 ne sont pas pris en compte. On voit bien que c’est la version anglaise qui est adoptée par les auteurs. Sidi Bel Abbès et Médéa vont donc s’écrire respectivement Sidi Bel Abbes et Medea. Si vous vous appelez par exemple M’hamed, il va s’enregistrer impérativement Mhamed. Pourtant le but recherché à travers l’inscription par le Net est la transcription exacte de votre filiation.
Quant à l’adresse, elle doit s’écrire d’un seul trait. Si elle dépasse les 60 caractères, vous vous trouvez en train d’écrire dans le vide ! Il faut coûte que coûte songer à l’abréger. La ville de votre résidence n’y est pas demandée, il n’y que celle de la daïra qui figure. Nos facteurs risquent de se retrouver dans de sales draps si jamais ils distribuent le courrier.
Enfin ! Vous poussez un grand Ouf de soulagement lorsque vous atteignez péniblement la seconde page. Attention, il faut disposer d’un clavier en lettres arabes qu’il va falloir l’installer si vous n’en disposez pas dans votre ordi. D’autre part, votre enfant est complètement tourmenté depuis que les starting-blocks ont lâché les impétrants dans la nature. Plus d’une semaine d’attente et c’est le doute qui commence à s’installer dans les esprits pour cette nouvelle histoire qui n’a pas encore fini de nous délivrer toutes ses angoisses.

AH ! LE TERRIBLE MESSAGE
Après avoir terminé à remplir les données, vous vous frottez déjà les mains en jubilant que vous pensez être décidément libérés. A la fin de l’opération, on vous demande d’imprimer vos données mais là une surprise de taille vous guette au final après avoir installé minutieusement votre imprimante. Un message fatidique vous annonce que vous allez recevoir bientôt un fichier pdf, me semble-t-il par mail, mais cela prendrait du temps pour le traitement du dossier. C’est justement cette phrase cruciale qui vous induirait en erreur. Il fallait terminer l’opération après le « OK » ! Mais vous aboutissez à une page blanche vous annonçant la fatale erreur de l’interruption. Vous êtes dans un état second. Allez me sonder comment vais-je faire confiance à ce message sans que je ne reçois une quelconque notification sur l’adresse électronique que l’on vient d’enregistrer Online ? La bureaucratie règne en disciple des NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication) dans le pays !
Après avoir épuisé un temps fou d’une dizaine de jours, toujours pas la moindre trace de cet illustre fichier attendu tel que le messie. Vous vous posez la question, s’agit-il des Nouvelles Technologies dont on parle sous tous les cieux ou doit-on inventer un propre qualificatif pour nommer cette nouvelle bureaucratie qui vient de naître chez nous ? Ne possède-t-on pas le matériel requis pour traiter en une fraction de secondes ces informations et les renvoyer en autant de temps aux intéressés. Tout le monde s’est peut-être un jour inscrit sur un banal site Internet où l’envoi de la notification arrive sur votre boîte électronique presque instantanément au moment où vous appuyez sur le bouton « envoi ».
Votre progéniture commence à s’inquiéter et vous subira une seconde brusque pression qui n’en finit pas de vous ébranler. Mais papa ! il y a des candidats qui ont réussi à imprimer leur fiche d’inscription sans avoir donné leur adresse électronique. Résigné et abattu, je refais l’opération avec un autre nom d’utilisateur et un nouveau mot de passe sans transmettre un quelconque email. Encore une autre tromperie vous sera servie. Le logiciel vous renouvelle la même chose en vous signalant que le fichier vous sera adressé incessamment. Mais quand et où ? Me disais-je. Ce logiciel possède plus d’un tour de bugs dans son disque dur. La panique commence à vous envahir de la tête jusqu’à vos orteils. A chaque caractère tapé sur le clavier, vous tremblez par la crainte de commettre le moindre imprévu amenant la page à disparaître à jamais vers l’inconnu.
Ce genre de programmes est devenu un jeu d’enfants dans les pays développés. Une page web non actualisée, c’est toute l’image et la crédibilité d’une institution qui en coûterait de sacrés points en bourse ou dans les sondages d’opinion. Ailleurs, on manipule les finances par Internet, de la simple facture de téléphone à celle de l’achat d’une voiture, d’une maison, d’un billet de train ou d’un simple gadget expédié de la lointaine chine si ce ne sont pas des transactions d’états à états. L’informatique est un outil très important pour le livrer aux mains de personnes qui ne connaissent la rigueur et le raisonnement mathématique que de noms.
On se demande pourquoi l’ONEC n’a pas confié ce travail d’une importance cruciale à des informaticiens chevronnés. Notre pays en dispose énormément de diplômés marginalisés qui roulent les pouces à chaque coin de rues. Rappelons que ce programme est destiné à des élèves qui n’ont jamais fait d’exercices pratiques en informatique à l’école mais manifestement en virtuel ! Nos élèves ne devraient pas être un perpétuel champ d’expérimentation. Fallait-il recourir une fois de plus à des cours particuliers obligatoires pour se mettre à jour ?

SÉSAME ! OUVRE-TOI ?
Et dire que ce site appartient à un organisme officiel qui va gérer la candidature d’un chiffre avoisinant les 450000 candidats. Au fait, il se trouve que le ministère de l’éducation nationale qui gère le plus gros budget de l’état Algérien ne possède pas son site officiel à moins qu’il n’est pas référencié à l'inverse d’un petit CEM perdu dans une ville moyenne dispose d’un site par la volonté de quelques enseignants sans être pour cela rémunérés pour cette tâche bénévole.
On croise donc les bras en attendant de recevoir ce fameux fichier pdf par mail ou par les voies aériennes. Au lieu de faire une seule inscription, on se rend compte qu’on a répété la même chose au moins plus d’une dizaine de fois. L’ONEC va se retrouver avec des centaines de milliers d’inscription supplémentaires sur les bras à cause de l’affolement des candidats au lieu du nombre prescrit au départ si le programme avait bien fonctionné. Une opération facile qui devient laborieuse par cet effet de boule de neige inconsciemment provoqué.
Après plusieurs tentatives infructueuses dans la caverne d’Ali Baba, j’ai enfin trouvé sésame qui s’est ouvert superbement devant moi en de petites vidéos offertes par des internautes sur Youtube et qui vous présentent comment s’inscrire par l’image (http://www.youtube.com/watch?v=qAN6wxDwQeg&feature=related) de la manière la plus simple possible. Même le ministère n’y avait nullement pensé. Une vidéo qui valait la peine de la consulter pas plus que les milles blabla, provoquant en vous les frayeurs les plus terribles. Mais il fallait se lever tôt, de bonheur pour finalement en terminer avec un calvaire qui vous avez traîné durant plusieurs jours.
Tandis que ceux qui ne disposent pas d’Internet chez soi, ils doivent encore subir les affres de la cohue dans les cybers et attendre que monsieur sésame daigne s’ouvrir devant eux. Que devions-nous faire devant ce nième dilemme ? Sans doute se résigner une fois de plus à attendre de jours meilleurs et d’oublier pour ne pas souffrir davantage devant tant de nullités.



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mercredi 20 octobre 2010

Cours particuliers ! Cours publics ?

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Article paru sur le Quotidien d'Oran du Jeudi 21 Octobre 2010 que vous trouverez également sur le lien suivant en format pdf: http://fr.calameo.com/read/000370446b41d97cd755f



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« Il faut payer les enseignants. Sinon, c'est les enfants qui payent. »,
Guy Bedos, humoriste français.

Actuellement, c’est une véritable galère à laquelle sont soumis les nouveaux candidats au prochain baccalauréat. Pour établir la carte d’identité nationale, ils vont passer un temps fou pour se faire délivrer l’extrait de naissance, le désormais fameux S12, qui fait jaser depuis son apparition tous les demandeurs et surtout ceux qui sont nés à des milliers de lieux de leur résidence.

À LA PÊCHE DES COURS PRIVÉS
Et ce n’est pas fini, depuis la rentrée scolaire, de très nombreux lycéens courent vite s’inscrire dans les cours particuliers qui ont pris des proportions alarmantes ces dernières années. C’est une véritable course effrénée contre la montre. Le phénomène ne cesse de s’amplifier d’années en années. Si les élèves optent pour ces cours qui ne sont plus des cours de soutien comme dans un passé pas lointain, c’est que l’école publique ne joue pas pleinement, comme jadis, son rôle de leader. Et puis qu’est-ce qu’on peut faire avec un bac autour de la moyenne ? On ne peut espérer obtenir une moyenne élevée si l’on doit se contenter que des cours dispensés au lycée. On ne peut que dire adieu au mois de juillet au rêve de la pharmacie, de la médecine ou encore de l’informatique à Oued S’mar.
Nos élèves assimilent sensationnellement la même leçon en cours privé dont ils n’ont retenue que des bribes en cours scolarisé. Le mal ne réside pas en l’existence de ces cours individuels, mais ce qui dérange le plus c’est que cela se fasse au détriment de la qualité des cours procurés à l’école étatique.
C’est donc une école adultérine qui a été enfantée dans l’ombre et dont on ne veut absolument pas évoquer le nom dérangeant dans les discours même officieux. Elle est surtout née de la dégradation des conditions de travail de l’enseignant, de son rang dans la société et de sa place dans l’échelle des valeurs. Il faut noter que les classes bondées d’élèves ne plaident aucunement en faveur de la sérénité à développer de sérieux concepts pédagogiques chers aux théoriciens de l’éducation nationale. La réalité du terrain est très éloignée de la démagogie. Il faut être un fou pour retenir l’attention de 45 élèves en moyenne, dans une classe bouillante où il faut ouvrir les fenêtres pour ne pas suffoquer, et qui perdent leur temps à se chamailler à toutes les séances pour repérer la bonne table afin d’avoir le meilleur angle possible de visée du tableau.
En occupant l’espace, les cours particuliers possèdent naturellement leurs statuts particuliers et règlements intérieurs approuvés sous le manteau. La panique aidant, il faut réserver sa place dès la fin de l’année scolaire écoulée pour être certain d’être sélectionné. Le bouche-à-oreille fait des siennes à merveille. Les transactions battent leur plein en pleine saison estivale. A la fin du mois d’août, ils sont déjà au grand complet.
Ces cours privés sont entrain de crever le budget familial. Les plus nantis se foutent éperdument du prix à mettre dans l’enveloppe. A force de persévérance, le pouvoir matériel prend le dessus sur l’instruction dans le pays. Imaginez un père de famille fonctionnaire de son état dont plusieurs bambins suivent en parallèle ces cours devenus presque une obligation à toute réussite de sa progéniture. Des parents, perdus et à la merci de ce lobby, subissent ce mouvement la mort dans l’âme sans broncher. C’est une véritable saignée mensuelle au sein de la famille au même titre que la facture d’électricité ou du loyer. La loi du silence sévit dans le milieu. L’éthique et la déontologie font des vagues dans les parages. D’autres cèdent à perte leur dernier trésor, leur chère bague de fiançailles pour tenter de hisser le niveau éducatif de leurs enfants. Que pensent ces messieurs de ces parents pauvres qui n’arrivent plus à subvenir aux ventres de leurs petits ? Ils seront sans doute les victimes directes de ces inégalités.
Pressés par l’entourage comme des citrons, les écoliers font endurer à leurs malheureux parents les plus pires pressions. Le snobisme fait des dégâts incommensurables au sein des lycéens. Gare à celui qui ne choisit pas cet insolite engouement des temps nouveaux à cet âge terrible de l’adolescence. Il sera mis à l’index, écarté du groupe et banni de la récréation. Il sera à jamais marqué par l’impitoyable complexe d’infériorité en laissant assurément des séquelles incurables au sein d’une partie de cette jeunesse avide de rêves en monts et merveilles.
Puisque l’école publique abandonne presque ses enfants à la rue, ce sont d’autres qui en profitent allégrement de cette aubaine. Ils n’étaient pas demandeurs, c’est l’école étatique qui leur a présenté ce présent royal sur un plateau doré. Plus l’école publique plonge vers le bas et plus le filon continue son extraordinaire ascension. C’est devenu même une concurrence déloyale.
Les enchères du montant de ces cours fluctuent d’une ville à l’autre selon sa portée, son opulence et principalement selon sa bourse locale. Elles peuvent varier du simple au quintuple, voire davantage. Cela dépend couramment du nombre d’élèves dans le groupe qui peut monter de l’unité à la vingtaine. Pour les moins onéreux, l’enveloppe du mois par tête se chiffre à 1500 DA comptant par matière à raison de 2 séances par semaine. Pas de négociations ni de rabais ne sont permis dans la sphère.
Nous sommes dans une boutique de luxe, les prix sont fixés à l’avance en été et affichés, pas un centime de moins. Chaque formule est cédée à son juste prix, c’est la loi du marché. Il y a des enseignants qui se font le plein chaque mois avec 4 groupes, chacun de 20 élèves. On peut facilement deviner la rentrée conséquente, nette d’impôts dans les poches, à la fin du mois. Pour les grandes villes, c’est une autre histoire. Cela dépasse l’imaginaire.
Une grande majorité de ces messieurs, fort heureusement pas tous, font le juste minimum le jour, le moindre effort aux cours officiels mais ils carburent le soir à plein régime. Ils ne peuvent pas tenir la cadence maximale exactement comme un footballeur ne peut jouer deux matchs consécutifs le même jour. Le choix du match à jouer avec les tripes est vite déterminé. Au lycée, c’est le match amical, le cours du soir c’est le match à points importants où il faut mouiller son maillot pour empocher la prime substantielle. Et c’est tout à fait normal pour un enseignant qui a perdu tout espoir d’augmentations de normes universelles.
Ces cours payants se font généralement dans des garages aménagés ou dans le salon exigu de l’intéressé. Le pousse-pousse y est présent à chaque séance. Pour les plus chanceux, ils se déroulent dans l’école publique avec toutes les charges aux frais du contribuable.
Ils ne suscitent guère de commentaires du secteur car ils aident sournoisement à améliorer de manière très sensible les résultats au baccalauréat. Si ces cours seront prohibés, on ne peut éviter la catastrophe nationale du taux de réussite du baccalauréat. Ils constituent naturellement un allié stratégique avec les affaires de la politique du triomphe virtuel de l’enseignement dans le pays. A-t-on entendu un quelque responsable de l’éducation nous parler de cette fatalité qui s’est installée comme un passage incontournable à tout succès scolaire ? Il y a quelques années, le ministère de l’éducation a élevé la voix mais comme d’habitude sans suite. Comme il ne peut pas s’aligner sur les salaires des pays normalisés, c’est le silence intégral qui est préconisé. On ne doute pas que ce dopage va être néfaste à ces futurs étudiants qui ont été trop habitués à cet assistanat anti-pédagogique.
Il est temps que les responsables du ministère établissent des statistiques sur le pourcentage d’élèves de terminales qui sont des assidus de ces cours privés ainsi que leur taux de réussite au baccalauréat. Nous devinons que les résultats attendus ne seront pas loin des consternations mais il faut nécessairement aborder le choc de face pour ne pas fuir ces réalités. On ne peut cacher inlassablement le soleil à l’aide d’un arbrisseau.
Les cours privés prolongent leur avancée en frappant aux portes du cycle primaire. Au sein du cycle moyen, des règles inhabituelles se sont déjà érigées en maîtresses des lieux. Ces cours particuliers sont entrain de poursuivre leur bonhomme de chemin à l’université, eh oui ! En sévissant dans l’illégalité.
Est-ce une privatisation masquée de l’école publique qui ne veut pas dire son nom où est-ce un prélude à une politique future? L’avenir nous montrera clairement les réelles intentions.

DES START-UP EN ATTENTE
Des cours particuliers qui ont pris ces derniers temps des tournures agressives en se donnant virtuellement à distance. En effet, des sites créés nouvellement sur le web, genres de start-up à l’algérienne tombée de nulle part, proposent des cours en vidéo en contrepartie bien sûr de l’argent en dinars sonnants et trébuchants ordonnés à l’avance pour l’inscription. On ne sait même pas s’ils sont agrémentés et leurs cours certifiés. Les placards publicitaires de ces nouveaux juteux commerces occupent des pages entières sur les journaux nationaux par défaut de textes et en narguant le vide juridique qui plane dans le pays. Y a-t-il un pilote dans l’avion de l’éducation ? Où est cette école publique dont on n’arrête pas de vanter les mérites dans tous les JT de l’ENTV ? Est-elle devenue une coquille vide, sans résonance ? Nos enfants sont devenus un but lucratif à souhait sans que l’on bouge un seul doigt de la main.
Ce dont je n’arrive pas à comprendre, ce ne sont pas uniquement comme dans un passé récent les cours de mathématiques et de physique-chimie qui font sensation en milieu lycéen mais des émules ont vu le jour un peu partout pour les autres matières. Les sciences naturelles, la philosophie, l’histoire-géo, la langue arabe, les langues étrangères française et anglaise, etc… ont aussi trouvé preneurs parmi nos élèves étourdis par tant de sollicitations et qui ne savent plus où se donner leur frêle tête juvénile par cet enseignement généralisé. Je ne vois pas comment on peut esquiver de parler de déroute de l’éducation !
La fièvre de la « coursmania » s’est emparée de toutes les villes, ne laissant aucun lycéen indifférent. Il y a des localités où des parents aisés cotisent pour s’acquitter des cours, sans exception, pour toutes les classes de terminales afin de ne pas créer des distinctions entre les élèves du même pâté. C’est vrai que c’est une bonne note pour la solidarité du groupe, pourtant c’est une grosse gifle sur l’effigie de l’école publique.

LES POUVOIRS PUBLICS À L’INDEX
Il faut quand même souligner la responsabilité flagrante des pouvoirs publics qui ont laissé trop traîner les choses en ne répondant pas favorablement aux revendications socio-professionnelles de cette frange de la société qui est chargée de former les hommes de l’Algérie de demain. Ils ont laissé s’installer des mœurs travestissant l’enseignement dont il sera difficile de s’en priver si les problèmes de l’éducation en général demeurent interminablement en suspension. On ne peut bâtir une éducation solide sur des enseignants lésés.
L’état a mis le plus gros budget aux mains de l’éducation nationale mais il a omis de valoriser l’élément humain qu’est l’enseignant, véritable nœud gordien pour toutes réformes éducatives.
Ils subsistent heureusement dans ce pays de très nombreux enseignants qui luttent pour la survie et la prise en charge par les pouvoirs publics de l’école étatique qui leur a permis d’arriver là où ils le sont actuellement. Ils n’ont pas oublié d’où sont-ils venus. Nos parents fauchés des années 60 ne seraient jamais permis le luxe de nous offrir aujourd’hui des cours particuliers si ce n’est l’école publique qui nous a octroyée le niveau d’instruction actuel en étant habillés à cette époque en sandales de caoutchouc pour ne pas dire pieds nus et en vêtements rapiécés tout en étant usés et décolorés par le temps.

THANK YOU MISTER GUEZOURI
Enfin, l’exemple typique qui me paraît le plus exceptionnel à citer est celui de Monsieur Abdelkader Guezouri du lycée de Maraval de la ville d’Oran à qui je dédie un grand bravo et d’immenses remerciements pour les efforts consentis pour sa profession et son dévouement à la cause. Je sais qu’il n’est pas le seul dans ce métier mais à travers lui, c’est un hommage rendu à l’ensemble de ses consciencieux et soucieux collègues sans oublier ceux des paliers primaire et moyen.
Monsieur Guezouri dépense, sans compter, depuis des années de gros efforts en offrant gracieusement des cours de physique-chimie tous niveaux confondus ainsi que des exercices d’application corrigés à travers son site sur la toile et dont je me permets de le citer, non à titre publicitaire puisqu’il est gratuit: www.guezouri.org.
Un site très riche, mis à jour périodiquement, avec des liens intéressants de ses collègues des autres matières professant en des endroits différents dans le pays. Ces cours, devenus une référence, sont repris par de nombreux de ses collègues enseignants au niveau du territoire national.
Sans le connaître personnellement, il est devenu par la force de la science un vrai familier de la famille où ses pages sont visitées et épluchées par les enfants chaque jour, du matin au soir, pour guetter ou télécharger la moindre nouveauté d’un cours ou d’un exercice éclairé. Nos internautes peuvent même le saisir par mail pour un problème ou un cours non élucidé.
Continuez à défendre l’école qui vous a permis de forger en vous le partage de tout ce que vous avez acquis de vos antécédents enseignants. Vous honorez fort bien votre profession. Il faut que la cocotte se secoue bien pour nous donner des milliers de votre espèce pour espérer renouer les liens avec notre éducation.
Par ailleurs, on ne peut infiniment bâtir une politique basée sur le bénévolat, il est temps que l’état passe à la caisse pour payer les efforts fournis à la sueur du front.

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mercredi 6 octobre 2010

Exit le Wali ! Vive le Wali !

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Article paru sur le Quotidien d'Oran du Jeudi 7 Octobre 2010 que vous trouverez sur le lien suivant: http://fr.calameo.com/read/000370446305823b6f4ec


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Comme tout le monde le sait, chaque Algérien détient dans sa tête une conception de sa « douwaïla » propre à lui. Ainsi, preuves à l’appui, les lois, les décrets, les arrêtés, les circulaires d’application venus d’en haut ne sont que très rarement adaptés et pleinement exécutés sur le terrain d’en bas.

DES EXEMPLES À GOGO !
N’est-il pas vrai qu’un chauffeur de taxi déserte les lieux de la station comme il lui sied et à l’heure qu’il veut en l’abandonnant aux clandestins ? Ne se souciant guère de l’état d’âme des utilisateurs. Qu’un boulanger choisit le jour de son repos comme il l’entend ? Piétinant les lois qui lui avaient donné naissance à son commerce et l’autorisation de son ouverture. Qu’un citoyen jette ses immondices là où ça l’arrange comme il lui plait ? En méprisant tous les décrets exécutifs à cet effet et en écrasant notre dégradant environnement. Que la mairie ne daigne même pas respecter les délibérations qu’elle adopte ? Quoiqu’elles fassent office de textes entérinés. Qu’un commerçant vend et achète sans qu’il soit contrôlé ni par le fisc, ni par la réglementation ? Que nos rues et trottoirs soient sales et squattés à longueur d’années sans qu’ils soient nettoyés et dégagés ? Au mépris des arrêtés municipaux qui n’ont aucun droit signifiant. Qu’une banque ferme ses portes aux clients bien avant l’heure notifiée sur la pancarte à l’entrée, n’offusque presque aucun banquier ? Qu’un travailleur file de son poste de travail bien avant l’heure de sortie et l’administration ouvre ses portes et sert ses administrés comme bon lui semble ? Qu’un directeur n’ait aucun contrôle sur le désordre de ses employés ? Qu’un simple agent de bureau vous fasse courir et perdre des journées pour un ordinaire document à vous délivrer ? Que les scandales immoraux soient portés à profusion tous les jours à la une de nos journaux ? Qu’un pays comme la Corée du Sud dont le PNB était au même stade que le nôtre au lendemain de l’indépendance mais dont les croissances respectives sont actuellement diamétralement opposées ?
Qu’un enseignant, lorsqu’il consent présenter son cours magistral que de nom, entre en retard dans une salle de classe et libère le plus souvent ses étudiants bien avant l’heure ou passe son temps à raconter sa vie et des histoires à somnoler les plus studieux ? Que l’ouverture de l’année universitaire soit décrétée depuis le 14 septembre sans que les résidences et restaurants universitaires ne soient pas encore ouverts aux étudiants éloignés ? Que les cours privés débutent bien longtemps avant que les cours officiels au lycée n’osent commencer et sont encore au point zéro à l’université ? Qu’un texte du ministère de l’enseignement soit interprété différemment dans deux distinctes universités ? Un pays dont les textes ne sont pas similaires dans tout centimètre carré de ses terres produit incontestablement de l’injustice, de l’incurie, du népotisme, de la gabegie et j’en passe.
Je peux vous en donner sans limites des milliers et des milliers de questions semblables demeurant sans réponses depuis la nuit des temps. Me diriez-vous que c’est tout à fait normal au pays des mille et une « douwaïla » !
Bien qu’il n’existe qu’une seule constitution dans le pays, ce sont des « douwailates » qui ont élu domicile un peu partout instaurant leurs propres règles, leurs spécifiques rites et leurs impénétrables omertas. C’est pour cette raison qu’on ne fait plus confiance à ce qui se trame en bas sans l’envoi d’inspections inopinées. Il faut qu’un responsable d’en haut sorte hasardement sur le terrain pour voir de visu les instructions effectives dont lui-même a besoin d’être aussi souvent auditionné pour découvrir s’il a bien appliqué les directives de son supérieur immédiat et ainsi de suite. C’est un cercle vicieux dont on n’est pas encore prêt de s’en sortir si l’on ne revient pas aux normes des pays avancés. A la longue, tout le monde est lassé par ses imperfections qui nous minent la vie de tous les jours. Soit, on veut bâtir un réel pays, de vraies fondements avec des lois dont l’effet sera sensible dès qu’il atterrit sur la place, soit notre pays est voué à l’échec total, à sa morte lente, à son extinction et à sa pure disparition notamment en cette période de mondialisation.
Est-ce que cet intermède de soixante années d’indépendance ne va-il pas se refermer sur nous dans un jour proche sans lendemain ? Lorsqu’on recense notre énorme retard sur les pays affirmés qui ne cesse de se creuser et la fracture sociale béante qui s’est ancrée Ne nous sommes-nous en train de redevenir colonisables à souhait ? Qu’un jeune d’aujourd’hui ne rêve qu’à fuir son pays n’est-il pas un signal d’alarme pour tout l’avenir du pays ? C’est tout le contraire de son ascendant d’avant 62 qui n’aspirait qu’à la lutte et à la libération du pays. Ne sommes-nous pas tous responsables de ce marasme de nos jeunes qui sont censés être les guides de demain de ce pays ? Pourquoi attendons-nous pour passer, de manière catastrophique, de ce qu’il en reste du flambeau ? N’est-il pas un manque de confiance que nous réservons à ces générations qui pourtant sont le fruit de nos politiques et ne sont aucunement responsables de leurs destinées ? On peut condenser toutes ces questions par où va-t-on avec cette politique de la fuite en avant et qui va nous mener inévitablement vers le gouffre tant prévenu ? On a besoin d’une transformation de fond en comble, le replâtrage ne suffit plus qu’à accroître le mal et à entretenir le désarroi profond. On a besoin d’ouvrir nos cœurs et dialoguer sans s’ennuyer.

AU SUIVANT !
Le changement presque radical opéré la semaine dernière par la nomination de 40 walis montre bien que la gangrène mène la danse au niveau local. Sinon comment expliquer ce processus si toutes les wilayates étaient dans la normalité ? Peut-être ne sont-elles pas non plus au même degré de développement ? A première vue, cette annonce a été sans doute envisagée pour secouer les esprits et déjouer les alliances maffieuses qui se sont amarrées en brouillant à tout ce qui arrive du point culminant. L’objectif recherché est également de fouetter les entendements, casser la routine et déséquilibrer la monotonie. Attendons quand même la suite des évènements pour mieux apprécier.
L’avalanche procédée donc le week-end dernier dans 83,33% du corps des walis va certainement provoquer des bouleversements locaux et dans ses mœurs administratives. Principalement ceux qui avaient amassé des acquis illicites lors des gouvernances précédentes vont devoir revoir leurs projets ou convertir radicalement leurs stratégies. C’est une véritable course contre la montre. Il faut qu’ils fassent vite pour se positionner sinon ils risquent d’être doublés, d’êtres relégués aux rangs derniers. Surtout que le budget pharaonique, de 386 Milliards de Dollars, alloué au plan quinquennal 2010-2014, dépasse toutes les fictions et suscite déjà toutes les convoitises impensables. Qu’ils s’adaptent à la nouvelle donne semble être la priorité urgente de leurs desseins.
En tous les cas, le chamboulement a sonné le glas pour certains et inversement provoqué l’espoir pour d’autres. L’état n’a pas de visage, il peut changer d’un instant à un autre par le renouvellement du premier responsable d’une wilaya.
On peut bien comprendre pourquoi ce mouvement va fausser d’énormes calculs de ceux qui se dorlotaient sur leurs lauriers et caressaient avec excès toutes les illusions. Mais que vont-ils devenir ? Ils sont obligés de reproduire l’ascension. Ils n’abdiqueront jamais. Ils ignorent jusqu’à quel étage va durer leur nouvelle ascension. Une fausse note et la chute peut être brutale.

TELS DES CARNIVORES !
Mais d’abord comment s’appelle-t-il le nouveau ? D’où est-il ? Est-il originaire de quelle ville ? A quelle tribu appartient-il ? On cherche à inventer des alliances, coûte que coûte et quelque soit le chiffre à débourser. Peu importe qu’elles soient tribales, familiales, amicales ou financières. Elles sont très primordiales pour la suite des évènements. Leurs états généraux sont sur le qui-vive. Leurs paupières restent grandes ouvertes depuis que la nouvelle est tombée à pic tel un couperet sur leurs têtes. Leur passé était doré. Leur avenir sent fortement la nausée. Il faut vite se recaser. Ce sont les questions qui sont légion ces jours-ci un peu partout dans les 40 wilayates désorientées.
Il faut totalement se renseigner sur la nouvelle personne, quitte à se déplacer dans sa précédente wilaya, dans sa ville natale ou la ville de son enfance pour rassembler le plus d’informations à leurs interrogations. C’est une question de survie, de luttes contre l’oubli. Dans l’état actuel où en sont les choses, le moindre petit détail vaut son peson d’or. Quelles sont ses habitudes ? Quels sont ses hobbys ? Quels sont ses plats préférés ? Qui sont ses amis ? Quelle chose aime-t-il le plus ? Quelles sont ses faiblesses, ses lacunes ? Que préfère-t-il le plus ? Quel âge a-t-il ? Combien possède-t-il d’enfants ? Par où est-il passé dans sa carrière et quel a été son itinéraire ? De quelle région est-il son gendre ? Où passe-t-il ses vacances ? Des questions plus ahurissantes les unes que les autres qui n’ont rien à voir, en principe, ni de près ni de loin avec sa mission. La spéculation de la vox populi est à son apogée.
Le pauvre malheureux ! Il est mis sous la loupe des citoyens et du microscope des affairistes occultes. On cherche à imaginer ses propos, à les boire et à lui servir d’estrade et de marches pour escalader ou d’un tapis pour marcher. On n’évoque très rarement ses diplômes, son CV, son domaine de compétences, l’université ou la grande école qu’il a fréquentée. L’heure n’est plus à la rigolade, elle est grave. Le climat est très lourd. Il est broyé avec tous les malaxeurs des surpris, mélangé à toutes les sauces et dévoilé à toutes les unes des cafés luxueux et populeux.
Ça va être la bataille des coudées franches lors de sa présentation à ses nouveaux subordonnés. Il va falloir se bousculer pour se frayer un petit chemin sinueux afin de le voir en chair et en os. Enfin, il est là ! La curiosité est pleine. L’émotion est forte. Il faut se faire pitié devant lui pour susciter sa miséricorde ou son éventuel pardon. Les larmes de crocodiles seront légion dans le coin. Son prédécesseur va être critiqué sans aucune retenue ni pudeur par ses adulés d’hier qui applaudissaient à tout rompre pas plus tard que le matin du jeudi dernier. Ses tares seront étalées sur la place publique dès lors qu’ils sont absolument certains qu’il ne va plus remettre les pieds sur les lieux. Bon débarras ! Les vautours volent et tournent au dessus du cadavre inanimé avant de le réduire en miettes. Il est foulé sans rémission et sans aucun état d’âme.
Quant au nouveau, sa côte ne cessera de crever le plafond et verra son étoile monter. Il est moulé à tous les bienfaits, encensé sur tous les toits de la wilaya. Il est caressé doucement et affectueusement dans le sens du poil. A son passage, il faut occuper la bonne place pour être bien remarqué et se faire flasher au moindre regard. La bousculade est à son paroxysme. Les espaces vont être étroits et très chers à glaner. Il faut se muer tel un caméléon. Le nif est à mettre au placard et la brosse doit s’activer de plus en plus belle et retrouver tout son lustre d’antan. Elle doit devenir plus luisante qu’auparavant et prête à l’assaut à n’importe quel moment. On ne doit pas clore les paupières ne serait-ce qu’une seconde. Un petit relâchement peut être fatal au moment opportun.
La wilaya est leur centre de gravité, leur point de fixation. Ils ressemblent identiquement aux loups en chasse qui rodent autour de leur proie guettant la moindre offensive. Il faut surveiller ses adversaires au couteau. C’est maintenant que tout se joue. L’échine, qui résiste à se courber, est à lui souhaiter le plus incurable et impitoyable mal de dos. La colonne vertébrale doit prendre la forme d’un arc de plus en plus axé vers le bas.
Ce sont là quelques souhaits pour les gens qui veulent abattre la grande « Dawla » et rester dans leur protégé « douwaila ».

La question que l’on peut se poser : Est-ce qu’avec ces nuisibles « douwaïlates » érigées un peu partout, l’Algérie, après presque soixante années d’existence, est-elle capable d’affirmer que l’on forme une uniforme et compacte « Dawla » ? Au sens moderne comme on le distingue dans les pays dits développés. La réponse est loin d’être élucidée.

À LA RECHERCHE DES COMPÉTENCES
Par ailleurs, il existe une grande majorité de citoyens dans ce pays qui aspirent à vivre dans un état moderne et développé où les lois du pays priment sur tout autre chose. La loi au dessus de tous, pas un seul dessus. C’est au nouveau locataire d’aller vers eux, s’enquérir de leur situation, mesurer leur température. Il faut que le changement d’un wali soit un événement, synonyme d’une transformation pour nos jeunes dont les yeux sont constamment rivés vers la mer méditerranée, leur boussole dirigée inlassablement vers le nord, au-delà de l’atlantique et vers l’océan pacifique, vers l’évasion, vers une Harga sans retour et sans détour.
Quant aux compétences, il faut aller les chercher là où elles moisissent, les faire ressortir du placard du refuge des archives. Il y en a marre de s’appuyer sur ces sois disants personnes qui se prennent pour des notables de la ville après soixante ans d’indépendance et qui ne visent dans leur majorité qu’à étendre leur pouvoir, leurs profits et leur main mise sur la ville qu’avec des élections ils se retrouveraient sur le carreau en queue de liste. Les associations dont l’action tourne autour de l’embellissement de leur compte en banque sont aussi parmi les plus néfastes.
Comme il existe des entrepreneurs véreux, il se trouve également des bâtisseurs qui ont quitté le navire de cette profession qui a été souillée par les sans scrupules. Il y a longtemps qu’ils ont rangé leurs armes légales, ils ont perdu la lutte de concurrencer la médiocrité, la corruption et le fifty-fifty. Le défaut d’une peinture qui s’écaille ou d’un trottoir défoncé après quelques mois de sa pose, ne les surprend guère. Ce qui les fait fuir le plus, c’est l’odeur de l’argent sale au détriment de la qualité, de l’honnêteté et du sauvetage du métier. Que vive l’Algérie !

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vendredi 17 septembre 2010

Toute l’université en parle

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Article paru dans le quotidien d'Oran du samedi 18 Septembre 2010:
A consulter en pdf sur le lien suivant:
http://fr.calameo.com/read/000370446272ef3f4a747

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Dans un milieu où la circulation de l’information, pour ne pas dire sa rétention, fait défaut, la rumeur prend le relais en provoquant des dégâts là où elle passe au sein de la société, laminant à sec toute analyse ou réflexion utile. La rumeur lorsqu’elle émane de sa source, naisse toute petite puis elle enfle de plus en plus jusqu’à dépasser ses limites.

AU RYTHME DE LA RUMEUR
Plus, on la laisse et plus elle se propage au sein de la cité sans épargner personne. A chacune de ses étapes, elle prend un peu plus de grosseur. Elle ne peut être anéantie brutalement que par un communiqué identifié sinon elle prendrait des proportions alarmantes et risque de se retourner contre son propagateur.

C’est vrai qu’elle voit en nous un terrain très fertile pour s’enraciner. Elle est présente à chaque fois que la communication soit régie de manière bureaucratique comme c’est le cas de nombreux pays sous développés. La rumeur est aussi proportionnelle au degré d’analphabétisme mais parfois elle déroge à cette règle. Chez nous, le commun des algériens possède l’oreille disposée et prête à écouter n’importe quoi même s’il s’agit d’une saute d’humeur ou même s’il est persuadé que c’est un gros mensonge. Lorsqu’il est mis fin à la rumeur, il est presque déçu qu’elle soit paralysée. Il ne vit que par sa cadence et par son souffle. Il adore bien qu’elle continue à faire son effet jusqu’au prochain cycle.

OÙ EN SONT LES CHOSES ?
Depuis que les enseignants du secteur de l’éducation nationale ont obtenu gain de cause par la promulgation de leur régime indemnitaire selon qu’il soit inconsistant ou satisfaisant, le milieu universitaire, qui a trop attendu son dû, s’inquiète en cette rentrée universitaire qui ne s’annonce guère sous de tranquillisantes auspices à cause du flou et de l’opacité entretenus dans ce dossier. Selon les données affichées, cette rentrée universitaire ne se présente, semble-t-il, pas de la même façon que la précédente.

Tantôt, le dossier n’a pas encore été complètement ficelé, tantôt il a été déposé au niveau de la chefferie du gouvernement, tantôt c’est au niveau de la fonction publique que ça bloque. La moindre info dans les journaux met les enseignants chercheurs dans tous leurs états. Ils ne savent pas vraiment à quel saint se vouer ni où se donner la tête ou tendre vers quel vent l’ouïe.

En tous les cas, la communication du ministère laisse à désirer, ce qui colporte toutes les cacophonies improbables et alimentent les supputations les plus invraisemblables. Un communiqué officiel de quelques lignes aurait élucidé l’énigme en éclaircissant davantage vers quelle tendance évoluent les choses qui sont des plus opaques en ce moment à cause des oreilles sourdes du ministère. Pourtant, il est question de l’avenir des enseignants. Ces derniers ont le droit de connaître l’issue de leur dossier et participer aux éventuelles solutions à travers leur représentant syndical.

Pourquoi laisse-t-on altérer la situation qui risque de prendre des conséquences préoccupantes et compromettre la rentrée universitaire ? De toutes les façons, des surprises, il y en aura que ce soit dans le pire des cas ou dans celui de la plus favorable.

Le syndicat le plus représentatif des enseignants chercheurs est mis presque hors jeu depuis quelques mois à cause du partenariat de façade dans lequel on veut le confiner. Ainsi, les rumeurs les plus farfelues prennent le dessus en alimentant toutes les discussions entre enseignants universitaires depuis déjà plusieurs mois.

RUMEURS DE PARTOUT
A chaque fois que l’on croise un collègue dans les allées du campus, c’est la première chose qu’il vous demande. Les enseignants chercheurs s’accrochent aux moindres chuchotements venus d’ailleurs ou d’en haut. Lorsque l’information fait sensiblement défaut, c’est naturellement le ouï-dire qui prend naturellement le dessus. Il est mélangé à toutes le sauces et travesti et peint à toutes les couleurs. On dirait qu’on le laisse presque volontairement circuler pour tirer ensuite la couverture sur soi. Il suscite parfois de l’espoir et le désespoir pendant les moments les plus extrêmes.
A titre d’exemple, une rumeur s’est propagée ces jours-ci à l’intérieur du milieu universitaire pourtant non propice si l’on suit les normes intellectuelles. En effet, selon certaines sources brumeuses, les nouvelles indemnités vont être incessamment perçues. Un collègue était même sûr que la correspondance se trouve au niveau du rectorat. En deux jours, vous rencontrez de tas de collègues qui vous répètent la même chose et en vous harcelant par les mêmes questions.

« T’as pas entendu !» Dit l’un. « Ça y est, un collègue proche du recteur, que je viens juste de croiser, m’a appris de source quasi sûre que le rectorat vient de recevoir un texte du ministère concernant le règlement des indemnités » Enchaîne-t-il. « Ah bon ! T’es sûr de ce que tu avances ?» Lui rétorque son vis-à-vis d’un air sceptique mais voulant bien y croire la fausse bonne nouvelle. « Et comment ! Oui je suis formel et je te rajoute que le comptable principal a déjà été instruit ce matin même pour le paiement des reliquats des 33 mois et préparer la nouvelle paie pour le mois d’octobre prochain ! » Lui réplique le premier d’un air avéré.

Ceux qui ont entendu le prudent écho, filent répandre vite l’événement telle une traînée de poudre dans la grande cour du campus. Les portables fredonnent sans arrêts. Quelques heures après, c’est toute la communauté universitaire qui est entrain de se frotter les mains en poursuivant l’illusion.

ELLE COURT ! ELLE COURT !
Le délégué syndical, l’air dubitatif, ne comprend rien à ce manège. Il n’a rien reçu ni entendu quoi que ce soit de son bureau national et les renvoie aussitôt vers leur source. Il est presque le dernier à être prévenu. Comme il est de coutume, il reçoit, si des nouvelles végètent, qu’à travers le journal télévisé de 20 heures suivi par le biais d’un télégramme placardé un peu partout dans tous les tableaux d’affichage de l’établissement.

« Ramenez-moi une copie de ce papier dont vous garantissez que c’est authentifié et je vous croirais sur le champ. Et d’abord, quelle est votre source d’information ? Est-elle aussi crédible que ça ! » Leur répond-t-il sèchement pour couper court aux allégations. « Heu ! C’est la secrétaire particulière du premier responsable qui se trouve être la belle sœur du vice-recteur qui me jure d’avoir vu de ses propres yeux la fameuse circulaire ! » Réplique notre informateur en guise de réponse évasive. Le plus grossier dans cette affaire, c’est qu’on peut te coller une info sans que tu en sois l’initiateur. Des droits d’auteurs plus que garantis.

« Moi, c’est le vaguemestre du rectorat et qui est en même temps le gendre du doyen qui vient de me le confirmer » dit le second vaguement. « Et bien ! Moi c’est le planton, petit frère du secrétaire de la faculté, en voyant le dit courrier, qui me l’a témoigné ! ». « Enfin moi, c’est le beau frère du second délégué syndical, exerçant comme chauffeur, qui a ramené le courrier confidentiel d’Alger » Achève le dernier informateur.
Une histoire à nous faire dormir debout et qui n’en finit jamais de nous berner. Le comble, c’est que cela se produit en plein milieu universitaire censé être intellectuel.

Après vérifications et plusieurs palabres, il s’agit bien d’indemnités mais celles des corps communs, connu de tous depuis quelques mois, dont le texte d’application vient d’atterrir sur le bureau du premier responsable pour exécution !

Avant les vacances, c’était la même chronique qui a été vécue avec la prime de rendement qui a causé d’énormes tromperies et de déviations au sein des enseignants. Tout le monde a cru à celle des enseignants mais c’était celle du corps administratif de l’université.

Voilà ce qui arrive à des enseignants lorsqu’ils tendent leurs oreilles partout sans se fier à la diffusion de canulars et les confondent avec les spams de leur courriel. Pour certains, pourvu qu’ils écoutent quelque chose à travers les tympans d’où qu’elle émane. Ils maintiennent l’espoir d’un dénouement heureux mais pas à n’importe quel prix et sans le moindre effort. Ces farces sautent allègrement d’un établissement à un autre et miroitent les rêves les plus incroyables.

Le plus optimiste persistera : « Il n’y aura pas de grève à la rentrée, c’est le ministre lui-même qui l’a certifié aux chefs d’établissements ! ». C’est la fraîche nouvelle qui est en train de faire fureur en ce moment. Comme quoi, c’est le premier responsable du secteur qui va mettre fin à la cabale en proclamant bientôt le régime indemnitaire tant différé, dans un discours solennel adressé aux enseignants. Tant mieux, on croise les bras et on sirote le thé comme disait un célèbre dicton.
La rumeur est vite immobilisée mais seulement pour un petit moment de répit, elle reprendra de plus belle son effet dévastateur dès que le vide est créé. Invulnérable, sensationnelle et intraitable rumeur ! Elle court, elle court ! Tel un serpent dans tous les sens.

INDEMNITÉS À LA MESURE DES ASPIRATIONS ?
Si l’on poursuit cette logique, ces indemnités seront-elles en fonction des attentes et des aspirations des enseignants et des assurances des pouvoirs publics qui avaient maintes réitérés leurs promesses ? Continuons-nous à croire au père Noël ? Le problème des salaires sera-t-il réglé définitivement comme le ministre l’avait prédit lors de ses anciennes interventions ? Personne ne pourra le prophétiser ni deviner complètement les intentions des uns et des autres. Cependant, les enseignants chercheurs redoutent que les choses reviennent au point zéro avec une inflation, pas l’officiel, qui ne cesse de galoper.

Pourquoi retient-on nos revenus depuis le 1er Janvier 2008 ? Est-ce que le Dinar d’il y a 3 ans vaut-il le même Dinar qu’aujourd’hui ? Pour joue-t-on au chat et à la souris avec nous alors que messieurs les députés avaient déjà perçu leurs passifs en septembre 2008 sans qu’ils soient concernés par le même effet rétroactif que les fonctionnaires mais acquis de droit et réglé depuis un demi lustre ? Non seulement, leurs salaires sont 5 à 10 fois plus importants mais le trop perçu encaissé en 9 mois leur permet d’acquérir à l’époque un petit logement dans une ville moyenne. Peuvent-ils l’acheter au même prix à l’heure actuelle où les tarifs des matériaux de construction se sont envolés ?

La seconde catégorie d’enseignants n’y croit plus à ce qui se trame derrière les rideaux du ministère. « Moi je n’y pense plus à ces indemnités tellement j’ai perdu toute conviction » Avise le premier désespéré. « Tandis que pour moi, il n’y aura ni les indemnités dans les prochains jours ni encore moins l’effet rétroactif quoique annoncé tambours battants à peine quelques mois auparavant » proclame le second affecté. « J’ai perdu toute confiance et on ne fait plus attention à ce qu’ils affirment, c’est du khroti fi khroti » grossit-il ses dires d’une mine complètement déprimée.

RAPPELS DES FAITS
Les enseignants chercheurs militent et se battent depuis plus de 20 années pour un statut particulier qui est venu presque deux années après l’avènement du statut général de la Fonction publique en Juillet 2006. Entre temps, c’est la nouvelle grille nationale des salaires qui a été promulguée en Septembre 2007. Cette grille dont les enseignants chercheurs avaient placé d’énormes espoirs avait énormément déçu le premier optimiste. C’était alors une montagne qui avait accouché d’une maigre souris. Le ministère discourait à l’époque d’avant le statut que tous les problèmes salariaux ne pouvaient être résolus qu’à travers le cadre du statut particulier. Pour le moment, on n’en a vu que du feu.
Après avoir difficilement avalé la couleuvre, les enseignants du supérieur se sont résolus à s’accrocher à leur dernière chance que représente le régime indemnitaire. Le discours du président de la république lors de l’ouverture de l’année universitaire écoulée a semble-t-il donné les intentions des politiques pour ceux qui savent lire entre les lignes afin que les enseignants chercheurs puissent enfin se consacrer pleinement aux énormes défis qui attendent le pays. En vain, les enseignants universitaires attendent toujours. C’est une lutte qui n’a pas l’impression de se terminer dans l’immédiat. A quand le bout du tunnel ?

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mercredi 8 septembre 2010

Vivement l’Aïd !

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Article paru dans le Quotidien d'Oran du Jeudi 9 Septembre 2010.
A consulter sur le lien suivant: http://fr.calameo.com/read/00037044638c75fe155c5



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Que retenir de ce mois de ramadhan 1431 qui tire déjà à sa fin. La première des choses qui revient sur toutes les lèvres est la cherté de la vie durant ce merveilleux mois qui est devenu malheureusement, au fil du temps, synonyme de bouffetance pour les frénétiques consommateurs et une affaire de gros sous pour les spéculateurs de tous genres, qui nous ont laminés, presque étouffés pendant ce mois qui est sacré pour les puritains, une véritable profanation pour les impurs.

LES PRIX QUI VOUS COUPENT L’APÉTIT
On distingue deux genres de ferveurs en ce vénérable mois. Les cœurs durs que des tonnes de larmes des pauvres consommateurs ne les émeuvent jamais et qui se bourrent par un assouvissement infini les poches. Et il y a ceux qui ne ratent pas la piété régnante pour se remplir les cœurs. Heureusement qu’il existe encore cette race de gens charitables qui font tout leur possible pour rendre heureux les nombreux éprouvés de ce mois. C’est aussi une affaire du bien contre le mal.
Les prix pratiqués par une grande majorité commerçants ne suivent aucune logique commerciale. La tomate, pour ne parler que de ce demi-fruit consommé tous les jours, passe du simple au sextuple en un clin d’œil et sans aucune gêne. La carotte, dont personne ne peut s’en passer pour son utilité culinaire, n’a pas baissé du double ou le triple de son coût habituel. Quelques feuilles de salade verte à 120 DA le kilogramme vous fait appauvrir votre touffe de quelques cheveux le temps de l’annonce de son tarif. La pain est majoré à 10 DA chez presque la totalité des boulangers en y rajoutant un peu de sucre et de beurre pour devenir, on ne sait pas par quelle recette miracle, brioché et bon à croquer. Les produits des gâteaux et des vêtements prennent le large à l’annonce des 10 derniers jours. Tous les jours, on n’est aucunement au bout de nos surprises.
Après une légère accalmie au début de la seconde dizaine, tous les clignotants passent subitement au rouge. Je n’ai aucun doute là-dessus, les spéculateurs de ce pays possèdent la meilleure stratégie pour adapter la concurrence selon les envies des uns et des autres. Je dirais même banal pour qualifier le destin forcé des algériens. Des bandits en plein jour, à qui ne manquent que les armes, font et défont la vie des Algériens et se jouent comme ils l’entendent de tout un gouvernement.
Les contrôleurs dont parle l’ENTV, ne jouent leur rôle que devant les caméras du journal télévisé de 20 heures. Pas leur moindre trace dans notre vie quotidienne. En tous les cas, je ne les ai jamais rencontré de visu sur mon chemin sauf s’ils se déguisent peut-être en fantômes. A chaque fois que l’on passe que ce soit chez l’épicier ou chez le marchand de légumes, la tendance est toujours à la hausse. Un jour, c’est le sucre, l’autre jour c’est l’œuf. Par le maquillage sensationnel, le poisson congelé devient subitement du poisson frais.
La viande congelée qui grimpe au plafond, à 700 DA le kilogramme SVP ! On importe pour voir l’effet contraire de la politique désirée. Ça ne se passe décidemment que chez nous ! Même la poudre pour la conservation des morts est venue au secours de nos Dracula des temps nouveaux. Cette consternation marquera à jamais le Ramadhan de cette année d’une pierre noire. On aura tout vu.
Sans exception, tous les produits subissent le diktat de la hausse même lorsque les cours du marché mondial ne varient pas ou en baisse.
Vous n’êtes jamais au bout de vos peines. Le consommateur est tout affolé surtout qu’il n’est nullement organisé. Il vit dans une jungle où les prédateurs sont partout. Au moindre relâchement et le voilà avalé, sans aucune rémission, tout cru. Il faut qu’il achète le produit coûte que coûte et quel que soit le prix. Et c’est cet affolement que nos suceurs de sang adorent le plus provoquer. Ils te poussent à la panique générale, à l’achat rapide et sans aucun calcul sinon tu seras le dernier à boycotter le produit. Avec cette manœuvre, t’as l’impression d’avoir fait une bonne affaire car si tu ne l’achètes pas aujourd’hui, tu le regretteras le lendemain. Et tant pis pour toi.
Tous les ans, c’est la même histoire qui se renouvelle inlassablement et dont les leçons ne sont jamais retenues. A la fin du mois, on l’impression de sortir du bout d’un long tunnel. Le prochain Ramadhan sera le clone de celui-ci avec de nouvelles frasques et ses délits. On efface tout et on recommence.
Heureusement que l’ambiance du mois du ramadhan n’a pas d’égal lors des onze restants. Les regrets sont vite oubliés. Toute la famille à table. Les amis, les prières et ses invocations, la solidarité sont renforcés. Passés, les deux journées de l’Aïd, on revient à la vie routinière.

GRILLE DE PROGRAMMES OU RÉCLAME ?
Le mois du Ramadhan est aussi synonyme d’un programme spécial de la télévision publique. Cette année c’est la grosse déception. Paradoxalement, notre Tv a, paraît-il, obtenu les meilleures audiences pendant ce mois. D’abord, par rapport à quoi, a–t-elle décroché cette première place ? Tous les spécialistes parlent d’un fiasco sauf ses responsables. Après la rupture du jeûne, on vous passe plein plein de publicité. On est rassasié pendant au moins une vingtaine de minutes à tel point qu’on se rappelle plus des spots que du programme lui-même. Il fallait sans doute faire élire la meilleure réclame présentée. Moi, je vote, sans hésitation aucune, pour Hamoud Boualem qui a présenté sans doute la meilleure pub avec ses éclats de rire qui vous laissent au moins tout sourire. C’est le seul qui a pu apporter une certaine gaieté.
Le programme, c’est une « caméra cachée » grandeur nature. Par la pauvreté et la pénurie des acteurs passés chez Nessma TV ou ailleurs, les citoyens sont devenus des artistes naturels, bénévoles et disponibles à souhait. Et ils jouent gratuitement, pas même pour un petit tee-shirt ou une casquette en papier offerts par la maison. Pourtant ils passent dans la grille à une grande heure d’écoute, en prime time ramadhanien. Par manque de coordination nationale, toutes les stations régionales, ont eu par télépathie la même idée. Au menu, c’est la fameuse « caméra cachée » qui a subi des liftings partout dans le monde sauf chez nous. Les débilités, il n’y en a presque que ça !
Et puis, heureusement que le ridicule n’est pas Algérien, Quel est l’Algérien qui ne regarde pas la télévision nationale, histoire de se mettre dans l’ambiance ramadhanesque. Il aurait fallu comparer ces résultats par rapport aux résultats des années précédentes. Ils seraient identiques depuis que l’ENTV existe. Nessma TV a quand damé le pion en recrutant des acteurs algériens pour des sketchs à connotation beaucoup plus Algérienne pour attirer les déçus de l’obligée.

SOUVENIRS
Ce mois de Ramadhan a vu aussi la disparition de figures nationales telles que Tahar Ouettar, Lakhdar Bentobbal, Mohamed Salah Mentouri et du premier ministre de l’éducation nationale au lendemain de l’indépendance Abderrahmane Benhamida que personnellement, je n’ai jamais entendu évoquer son nom sauf en ce jour de son décès. On ne sait toujours pas comment honorer et rendre hommage les gens de leur vivant. Par ces omissions volontaires ou involontaires, c’est notre mémoire collective qui en prend des coups et dont il sera difficile de se remettre.
Comme tous les mois de l’année, chacun a perdu des siens de son entourage des personnes anonymes telles que mon collègue Naït Si Ali de mon université ou Houari Houari de mon enfance. Ainsi va la vie. Chaque ramadhan apporte son lot de tristesse et de joie.
Le passage de quelques jours à Relizane chez la maman te permet de se replonger dans le Ramadhan de la jeunesse et d’un passé nostalgique. Une virée nocturne du côté de Mesdjed Ennour pour les taraouih suivie d’un petit moitié-moitié au comptoir du Café d’El-Feth te fait ressortir les sensations de vos 20 ans en compagnie des amis du quartier des olivettes ou de la rue du parc. Enfin, une Gaâda sur la terrasse du café Majectic, sur la place de la mairie, entouré du cousin Djillali, en maestro des lieux, te fait sauter en éclats jusqu’aux premières lueurs de l’aube annonçant l’heure du Shor.

SAÀADANE, L’EXEMPLE
Ce mois constitue aussi la fin de nos rêves footballistiques avec un Saâdane au hit-parade un certain 18 Novembre, abattu, vomi, jeté en pâture et de surcroît insulté par tout un stade à Blida lors d’un immoral 3 Septembre. Des insanités fusaient des gradins ; heureusement étouffées en direct par les ingénieurs du son de la télévision. Comme quoi, l’Algérie est le pays des extrêmes, le juste milieu fait toujours défaut.
Rabah Saâdane a eu au moins le culot et le mérite de démissionner. Il existe des responsabilités qui sont haïs partout mais ne s’aventurent pour tout l’or du monde à quitter leur indéboulonnable fauteuil. Saâdane a tenu compte que des présents. Il n’a même pas attendu la suite des absents mais sait que derrière leurs écrans, ils n’en veulent plus de lui. Il ne veut pas rester contre leur gré. Encore chapeau bas Monsieur Saâdane.

ET L’ENSEIGNEMEMNT SUPÉRIEUR !
Comme universitaire, j’attendais avec impatience de l’audition présidentielle du ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique. Il n’y a que les chiffres présentés qui ont changé par rapport aux années précédentes.
J’espérais mais sans trop d’illusions à ce qu’on discute des indemnités des enseignants chercheurs. Il n’en fût point dans le texte lu dans le journal de 20 heures de ce mardi 7 septembre. L’enseignant chercheur n’est qu’un chiffre de plus ou de moins.
Actuellement ils sont actuellement aux alentours de 38000 pour à peu près 1 million 150 milles étudiants sans compter ceux de cette présente rentrée universitaire. Le prorata est d’un enseignant pour 28 étudiants, un chiffre très très loin des règles internationales. Et ça le rapport du ministre n’en fait aucune évocation. Il faut donc doubler le nombre d’enseignants ou bien diviser celui des étudiants par deux. Le chiffre est encore effarant lorsqu’il s’agit de découvrir le nombre d’enseignants magistraux par rapport au nombre d’étudiants. Nous courons depuis plusieurs années à rattraper ce fatal retard mais les résultats typiques du Baccalauréat, ne reflétant aucune réalité pédagogique, ne font que nous reculer et régresser de plus en plus en arrière. La quantité ne remplacera jamais la qualité.
Le rapport du ministre n’évoque nullement le côté pédagogique assimilé au fameux triptyque étudiant-chaise-lit. Par exemple, aucune donnée n’est présentée sur le nombre d’heures d’enseignements réels dispensés par rapport aux volumes horaires des programmes officiels ni comment y remédier aux lacunes d’un bac acquis en étant amputé du tiers de son volume. Un diplôme délivré par nos universités n’aura aucune valeur et ni estime sur le marché local ou au plan international s’il n’est pas confronté et comparé à toutes les normes universelles.

Ça y est, mes chers lecteurs, l’Aïd frappe de toutes ses forces à nos portes et il est le bienvenue. Il est annoncé pour aujourd’hui ou demain. La confrontation de la vue du croissant à l’œil nu qui ne doit pas se contredire avec les calculs astronomiques, a encore devant elle, de belles années de dualité. Quel que soit le jour, vivement l’Aïd pour tous, Saha Aidkoum et à l’année prochaine Inchallah.

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