jeudi 25 octobre 2012

Les Commandements du chef


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Article paru dans les colonnes du Quotidien d'Oran du Jeudi 25 Octobre 2012 que vous pouvez consulter également sur les liens suivants:
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Un futur chef est né pour être chef. Il ne sait pas quand mais cela dépendrait des raccourcis et des chemins tortueux qu’il va emprunter sans être détourné de son point d’atterrissage. Parfois, il l’acquiert par héritage, quelquefois par procuration ou par vocation, le plus couramment par cooptation, rarement par hiérarchie.

Dès son jeune âge, la graine du commandement se révèle en lui telle une prophétie qui lui prédirait la destinée royale dont il ne cesse de rêver depuis déjà embryon dans le ventre de sa maman. En se rapprochant de plus près de sa cible, les gênes de la chefferie résonnent en son intérieur et se développent exponentiellement en son sein. Il va utiliser tous les moyens catholiques ou non pour aboutir à ses pulsations. La voie est toute tracée pour la suivre jusqu'à son destin convertissant ainsi l‘imaginaire en réalité. Il est fait pour commander la plèbe, absolument pas pour supporter sa charge. Il est programmé pour être en haut de l’affiche, jamais de la vie en bas.

L’aplaventrisme est son sport favori. Il ne recule devant rien pour toucher le gros lot. Il est là pour durer le plus longtemps possible au sommet de l’escabeau tout en évitant tous les pièges inimaginables qui pourraient l’éjecter de son trône. Sa stratégie est de ne plus regarder vers le bas, les sourcils toujours dirigés vers les cieux. L’alternance est bannie de son vocabulaire étroit et limité. Pour ça, il est rusé et malin à la fois à atteindre son objectif. Il est capable de formater l’amitié d’un camarade d’enfance en passant sur son corps identiquement à un bulldozer. De toutes les façons, il n’a pas d’amis sauf ceux de circonstances dont il s’en débarrasse le moment venu, une fois usés et abusés. Ses ennemis et ses adversaires, on ne peut plus les compter sur son itinéraire à cause de ses combines non conformes ni académiciennes.

Avant d’accéder au poste supérieur de la responsabilité qui lui est pronostiquée, l’inconnu x doit d’abord commencer par se faire tout petit pour ne pas se faire remarquer comme un mauvais élève envers le garant qui devait le cautionner. Il doit être sage, surtout ne jamais le contrarier.
Sa revanche y est pour bientôt. Ce ne sont pas les compétences qu’on recherche en lui mais sa docilité et sa servilité envers son direct supérieur et dont ses prérogatives lui ont été depuis longtemps confisquées.

Il ne place pas un petit mot lorsque son grand chef prend la parole sauf si on le lui ordonnerait. Il l’utilise le plus souvent pour la mesquinerie et la brosse. Il doit être un « cheyatte » de première classe pour candidater à l’emploi visé. Il doit passer par le rôle du fou dans la cour pour amuser la galerie. Il doit aussi jouer le clown si le besoin l’exigeait. Il doit encenser son chef jusqu'à dépasser l’overdose, en le caressant constamment et infatigablement dans le sens du poil, jamais en contresens de son dessein.

En aucun cas, le postulant ne doit arrêter le chef de s’exprimer sinon c’est l’échafaud qui attendrait terriblement celui qui oserait le défier. Le courtisan est là pour l’écouter des heures et des heures sans broncher ni donner l’impression de se lasser. Il doit apprécier chaque mot, chaque phrase, chaque ponctuation comme dans un discours religieux. Il doit boire ses lettres prononcées comme une lotion magique qui doit le propulser pour un aller, sans retour, vers l’apogée. Il n’a pas le droit d’ouvrir le bec mais uniquement acquiescer de la tête et en ayant l’échine courbée. Il doit lui obéir matin et soir au doigt et à l’œil, toujours au garde-à-vous et les paupières grandes-ouvertes sans ne rien bouger. Il pourrait être appelé vers minuit ou deux heures du matin au chevet de son bienfaiteur sans oser broncher. Il doit être présent tous les jours pour sentir le moindre suspect et les infimes battements qui rôdent aux alentours. Il doit humer tous ses gestes en attendant que son heure ait sonné.

Il doit être l’œil et l’oreille du patron, lui rapportant immédiatement le plus insignifiant des ragots surtout sur ses adversaires qu’il doit les abattre un à un de son chemin. Il doit subir toutes les colères et les humiliations de son chef devant l’assistance proche ou en public. Il doit lui montrer promptement son total et indéfectible soutien lors d’un passage à vide qui lui surviendrait. Il doit jouer l’hypocrisie jusqu’à son passage au grade. L’essentiel est d’être patient dans l’antichambre du patron prêt à rugir aux moindres claquements des doigts. C’est aussi ça la rançon de la gloire qui l’attendrait au tournant.

En présence de son grand chef, il se comporte tel un toutou enchanteur mais en son absence, c’est un tout autre personnage. Il prend l’exemple de son chef pour les exercer à ceux d’en bas. Il doit sévir avec son gourdin à la main lorsque son grand manitou lui donne l’ordre de calmer les esprits chauffés. Il s’acharne sans réfléchir sur ses proies sans qu’aucun brin de sentiment ne l’envahisse. La quiétude et le repos de son employeur sont plus importants que tout autre remord, c’est son avenir et sa carrière qui seraient en jeu si jamais surgirait un mince pépin. Il doit montrer ses capacités à écraser les inférieurs et tout ce qui peut le déranger dans sa fulgurante ascension. Il doit les mater afin que leur écho n’arriverait nullement aux oreilles de son supérieur et le dérangerait dans son somme profond. Il est là pour veiller à sa tranquillité et au maintien de son règne et de sa suprématie.

Notre homme connait le système jusqu’aux bouts des ongles pour qui grâce à ses magiques recettes continue de s’éterniser. Il a bien compris ses rouages pour escalader vers les cimes. Le chef sait aussi favoriser les siens, son mot doit primer sur ceux des autres subalternes. Les subordonnés doivent se réjouir de toutes propositions du chef comme si elle sortait de la bouche d’un messie. Ils sont là pour s’abreuver sans pouvoir montrer la moindre répugnance des paroles du premier responsable du cartel. D’ailleurs, on ne vote jamais à bulletin secret lors des rares réunions, ils sont là pour approuver à l’unanimité les offres retenues à l’avance et décidées bien avant la tenue de la réunion. Ils sont ici que pour la forme à entériner les choses tramées dans son cabinet noirci et dont le fond est scellé dans l’ombre. Aucun débat contradictoire ne devrait être permis. Tout doit être extrêmement, en amont et en aval, verrouillé.

Nulle contestation dans le discours ne doit émaner du conseil. L’unanimisme est de toute rigueur. On ne vote même pas à mains levées mais lorsque le grand chef demande s’il y a objections, tout le monde baisse les yeux, ensuite la tête et finir pas s’aplatir sous la table en poussant plus loin les pieds. On ne peut affronter son maître les yeux dans les yeux. C’est un affront qui peut coûter très cher dans une fonction. Les autres petits responsables ne sont pas d’accord sur la prise des décisions qu'une fois sortis du conseil les bouches cousues et dehors l’air insatisfait mais pas une syllabe à l’intérieur du cagibi. Même si le chef confond secteur public et secteur privé, en utilisant les moyens publics pour ses proches et ses amis, nul ne doit souffler une quelconque perception. C’est normal, c’est le chef où tout doit être mis à son ordonnance. Il s’en sert comme il veut, comme il l’entend et à sa guise à profusion.

Ils chuchotent ou ils miment quelques mots incompréhensibles à un centimètre des tympans des uns des autres sans que l’on puisse saisir un seul mot aux environs. Mais là encore, attention les murs peuvent avoir des oreilles. Le grand chef dispose d’une ouïe très puissante dans les couloirs et les bureaux situés à l’extrême. Ses yeux sont aussi partout telles des caméras dissimulées dans tout le domaine. Ses pupitres scrutent tout mouvement suspect ou attroupement de plus d’une moitié de personne. On veille bien au grain tout éventuel marmonnement. On met au parfum les fidèles parmi les fidèles mais en catimini et dans le secret le plus total. C’est l’omerta partout ailleurs dans l’enceinte.

Il abuse de son pouvoir contre ceux qui ne partagent pas ses avis et sa catastrophique et unilatérale gouvernance. Il peut les écraser comme des mouches s’ils n’abdiqueraient pas en revenant à de meilleurs sentiments. Son glaive est là pour décapiter toutes les têtes qui dépasseraient le minimum requis. Aucun centimètre ne devrait déborder de ce niveau arbitraire. Il dispose du droit à la vie et à la mort de toute carrière prometteuse qui pourrait être brisée et la faire fuir du pays pour aller rejoindre la matière grise qui s’est exilée ou le cimetière des damnés. Flairant un fictif danger, il peut dépoussiérer tout dossier adverse et chercher le plus maigre indice pour l’éliminer de la course à la plus banale des responsabilités.

Seule la voix du maître doit résonner plus fortement dans la cour au détriment de ses rivaux qui ne recherchent que le débat contradictoire pour le bien du pays. Le propriété, c’est lui et lui, la propriété. C’est son bien pour l’éternité. Personne n’a droit de regard ce qu’il en fait de son budget qui part pour une partie non négligeable, sauf exception, dans le gaspillage, les collations et les repas aux multiples invités. Le carnet de chèque de la rente et du budget supplémentaire sont là pour pallier à toute désastreuse éventualité et soigner aisément les chiffres de fins d’années.

L’étranger de la boîte est accueilli à bras ouverts les fleurs à la main en offrandes de bienvenue, le café, le thé et les gâteaux en guide d’entrée suivis d’un déjeuner en aparté tandis que l’enfant de la maison est mis en quarantaine à 300 mètres à la ronde du siège de la direction, lui signifiant de dégager au plus loin possible du cercle interdit. Un pas de plus et ce sont les forces du maintien de l’ordre de la maison qui accourent de partout l’air irrité et désolé des ordres venus d’en-haut. Le grand parking est réservé à l’année pour le chef et à ses illustres conviés. Même s’il est désert, aucun véhicule ne peut accéder et qu’on se bouscule et se tasse dans celui destinée au reste des employés.

L’établissement devient une histoire de familles où l’on retrouve recrutés l’épouse, le fils et le gendre proche ou éloigné. Quant aux malheureux qui postulent par la voie normale ne comptant que sur les pièces de leurs dossiers, leurs compétences et leur qualité, ils doivent moisir avec leurs demandes qui périraient au fond du casier. En outre, les voitures de service se transforment en taxis familiaux les jours ouvrables ou les week-ends de repos. La secrétaire devient par défaut l’adjointe qui délivre toutes les mensonges à tout employé qui désire l’approcher ou le rencontrer.

Plus il ferme les règles du jeu et plus il peut durer à la tête de l’entreprise. Les choses bouillonnent à l’intérieur mais en apparence tout doit paraître anodin. Ce chef doit montrer à ces autres chefs que tout est bon chez lui et toute voix discordante est bâillonnée. Nul ne peut bouger et menacer son royaume tant qu’il est présent dans les lieux. Aucun incendie ne doit atteindre le haut, il devient le pompier de service par excellence. Tout doit être cloîtré au bas. Mais il a oublié qu’à la moindre secousse, ce système le fait sauter tel un fusible pour l’envoyer aux oubliettes comme ces prédécesseurs dont on a oublié aujourd’hui même les noms.

Il ne doit jamais démissionner quelles que soient les circonstances même si on ne veut plus de lui. S’il sent que le grand chef n’est plus satisfait de ses services, il doit faire l’impossible pour lui montrer son allégeance sans limites. Il y a même le surnom de Sidi qui lui est rajouté en sentant arriver toute proche la sentence. Même les cadeaux apportés à la maison de son chef ne peuvent plus le sauver. Son sort est déjà scellé. Le chef a déjà trouvé un autre remplaçant plus domestique que lui et lui promet même d’atteindre la lune s’il persévère dans cette allée. Il est parti mais il a trop de dossiers compromettants contre son chef qu’il va les utiliser pour négocier un hypothétique retour dans le giron. Le temps d’un passage à vide et le voilà recyclé, blanchi et revenu sur les rails pour finir sa carrière au zénith.

Allons continuer dans cette voie de la fuite en avant ou devons-nous changer de méthode pour aller de l’avant ? Nous allons contre un mur mais quand est-ce que devons-nous se réveiller ? Tout le monde fait semblant que tout marche pour le mieux mais lorsque vous descendez sur le terrain, c’est tout un autre discours opposé. C’est l’une des raisons de la faillite du pays dans le domaine des ressources humaines tant les responsables désignés n’osent jamais prendre des initiatives sans l’avis du patron qui doit émerger et veiller sur toutes les têtes assistées. Est-ce les hommes qualifiés qui manquent au pays ou est-ce notre système qui est défaillant ? Et si on passait à l’ère d’une réelle démocratisation ? C’est le seul remède que l’on évite mais c’est un passage obligé qui peut nous immuniser contre toutes les dérives incertaines.

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mercredi 10 octobre 2012

Y'en a marre des mots !



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Article paru dans les colonnes du Quotidien d'Oran du Jeudi 11 Octobre 2012 que vous pouvez consulter également sur les liens suivants:
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Y’en a marre de voir une grande partie de la jeunesse de mon pays, 50 ans après l’indépendance, qui ne recherche  que les opportunités qui se présentent pour tenter de s’évader à travers les mers vers d’autres horizons plus cléments pour s’épanouir et s’émanciper.

Y’en a marre de voir mon pays ne compter que sur la rente pour survivre avec des lendemains incertains lorsque la dernière goutte serait tarie et absorbée.

Y’en a marre de voir mon pays importer presque la totalité de toute son alimentation pour nourrir ses bouches assistées qui n’attendent que l’arrivage des bateaux pleins à craquer de marchandises de l’aiguille à coudre jusqu'à la voiture grosses cylindrées en passant par la nourriture des bestiaux.

Y’en marre de voir les plus vastes terres du plus grand pas d’Afrique en superficie insuffisants pour suffire aux besoins de sa population d’à peine 36 millions d’habitants.

Y’en a marre de voir mon pays n’exporter que quelques insignifiants pour-cents de ses produits hors hydrocarbures en se demandant ce qui pourrait nous arriver demain d’un futur improbable.

Y’en a marre de voir dans mon pays tout ce temps perdu à tourner autour du pot alors que les solutions prônées et à suivre sont claires et recommandées par les experts, les observateurs et les politiques les plus avertis.

Y’en a marre de voir le niveau d’instruction dégringoler alors que les proliférations des mentions au baccalauréat indiquent bizarrement tout à fait l’opposé.

Y’en marre de voir de larges couches sociales gagnées par l’optimisme et la perte de confiance en ses gouvernants qui perdurent dans les mêmes stratégies.

Y’en a marre de voir tous ces millions de diplômés universitaires chômer alors que le pays n’arrive même pas à former d’ouvriers qualifiés.

Y’en a marre de voir mon pays occuper les places les basses des classements mondiaux dans de nombreux domaines mis à part quelques exceptions de l’équipe nationale mais encore une fois dépendant de l’étranger.

Y’en a marre de voir les rues des villes, des villages et des rases campagnes de mon pays demeurer sales, puantes et polluantes toute l’année.

Y’en a marre de souffrir lorsqu'on tombe malade et qu'on ne trouve pas un hôpital décent dans le pays pour mourir dans la dignité si le destin en décidait ainsi.

Y’en a marre de marcher dans la rue les mains serrées sur vos poches par la crainte d’être subitement agressé.

Y’en a marre de voir toutes ces maisons et des immeubles à fenêtres barricadées et portes blindées par du fer gorgé où vous avez l’impression d’étouffer et la sensation de ne plus être en sécurité.

Y’en a marre de lire dans la presse des règlements de compte entre bandes rivales s’affronter comme au moyen-âge à coup de couteaux et d’épées aiguisées dans des quartiers de nos villes au point où vous avez envie de ne plus sortir de chez vous et en voulant changer de quartier.

Y’en a marre de voir ces images à la télévision de tonnes de haschich saisis sur des contrebandiers qui inondent un marché florissant et qui pourrissent une jeunesse livrée à elle-même et déboussolée.

Y’en a marre de voir des matchs de football de nos championnats se terminer en pugilats sur le terrain suivis de batailles rangées entre supporteurs adverses dans les gradins et se terminant à jets de pierres et de coups de sabres dans les rues.

Y’en a marre de voir les rues des villes occupées par le commerce informel qui reste un réel danger pour l’économie et l’avenir du pays au grand dam de la loi et des impôts.

Y’en a marre de voir les routes de mon pays tuer chaque année des milliers de personnes et provoquer de nombreux invalides sans que cesse la calamité.

Y’en a marre de voir des postes occupés par des incompétents au lieu et place de toutes ces potentialités indéniables qui sont marginalisées.

 Y’en a marre de voir toutes ces cooptations et de solides connaissances pour accéder à ces fonctions qui devraient revenir de droit aux meilleurs choix possibles pour l’intérêt du pays.

Y’en a marre de voir tous ces élus, même mauvaisement choisis, dépouillés de presque toutes leurs prérogatives au profit de ses désignés qui s’arrogent le droit d’en user et d’abuser sans la possibilité de rendre compte aucunement.

Y’en a marre de voir tous ces responsables s’envoler dans la nature en ne rendant compte ni sur le plan financier ni encore moralement sur les charges qu'ils ont occupées.

Y’en a marre de voir partout ces services publics sévir contre les administrés sans avoir le droit de rouspéter par la crainte de voir repousser leurs demandes aux lendemains conditionnels.

Y’en-marre de subir les affres d’un service public qui vous fait endurer le martyre sans que les textes sévissent contre l’abus d’autorité.

Y’en a marre de voir l’impunité régner partout dans le pays sous les yeux de ces responsables au point de se demander où se trouvent les autorités ?

Y’en a marre de voir confondre dans ce pays le secteur privé du secteur public, ce dernier qui devient une propriété quasiment privée.

Y’en a marre de voir l’injustice perdurer en maîtresse des lieux dans le pays où la Hogra s’est érigée pour longtemps et pourrait s’installer à satiété.

Y’en a marre de constater amèrement l’attente de plusieurs générations qui désespèrent de reprendre un jour le flambeau tant réclamé.

Y’en a marre de lire dans les journaux toutes ces affaires de corruption qui gangrènent dans le pays sans que des décisions adéquates soient préconisées pour éradiquer les maux de ce fléau.

Y’en a marre de voir toutes ces malfaçons de ces réalisations, une fois livrées, partout de ces projets effectués à coups de milliards et refaits seulement quelques années après aux coûts doublés ou multipliés.

Y’en a marre de voir les dépenses des budgets dépassaient de très très loin ceux des recettes sans que l’on tire les amères conclusions.

Y’en a marre de voir traiter ce pays comme les mamelles d’une vache suissesse en lui extorquant toute sa production sans lui céder aucune récompense ni satisfaction.

Y’en a marre de voir mon pays de disposer sous sa soute des centaines de milliards comme réserves sans que l’on ne réfléchit sur le devenir des descendances à venir pour leur laisser de quoi se rappeler de nos mémoires une fois n’être plus de cette vie.

Y’en a marre de voir tout cet argent partir en fumées avec des projets farfelus lorsque les idées sont en panne et bloquées sur toute la ligne.

Y’en a marre de voir perdurer l’illégitimité qui prenne le dessus de tous les espaces du pays.

Y’en a marre de voir ces partis agréés par dizaines, mis à part quelques rares oiseaux inaudibles, mais incapables de résoudre le moindre problème de mon pays.

Y’en a marre de voir mon pays gaspiller autant de fonds, de potentiels et d’énergie pour ne recueillir que des miettes au bout du rouleau.

Y’en a marre d’entendre tous ces discours qui s’avèrent par la suite creux et vagues et qui perpétuent les mensonges à vous faire dormir debout.

Y’en a marre de confier nos enfants à un système éducatif qui ne fait que reculer davantage le pays et d’hypothéquer pleinement son devenir et sa pérennité.

Y’en a marre de voir beaucoup de privilégiés dévalisaient le pays et pourraient filer à l’anglaise si le pays serait en difficultés.

Y’en a marre de voir et d’écouter à longueur d’années la langue de bois sévir et se vivifier de la plus belle des façons dans les journaux télévisés au point de vous assommer.

Y’en a marre de voir des responsables lançaient des farces pour ensuite, au tournant de la rue, les y croire fortement.

Y’en a marre de voir des hommes qui n’ont rien de politique changeaient de partis comme l’on change de veste allègrement.

Y’en a marre de voir des futurs responsables ne choisir pas leur parti pour leur programme mais ils le font pour celui qui leur garantiraient le plus de succès pour ouvrir les sésames.

Y’en a marre de subir durant l’été ces coupures d’électricité et d’eau sans tenir compte de l’abonné qui paie pourtant ses factures et dont ses droits sont piétinés.

Y’en a marre de voir encore ces images intenables de bidonvilles tout en sachant que le pays possède en ce moment 200 Milliards de Dollars au fond de son matelas épais.

Y’en a marre de voir les espaces verts se rétrécir tous les jours et le feu carboniser chaque année une grande part de nos forêts.

En attendant des jours meilleurs où ce mot « Y’en a marre » serait banni à jamais de notre vocabulaire, tels sont les vains vœux les plus chers de chacun de nous mais qui s’éloignent malheureusement de plus en plus à chaque fois que l’on croyait à un proche dénouement. La longue nuit continue de nous hanter mais jusqu'à quand l’éventuel éclat du jour ?

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mercredi 3 octobre 2012

Ce n’est pas moi, c’est de là-haut !


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Article paru dans les colonnes du Quotidien d'Oran du Jeudi 4 Octobre 2012 que vous pouvez consulter également sur les liens suivants:
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 On a souvent tendance à critiquer, voire vilipender, les responsables centraux mais on oublie les responsables subalternes qui sont censés appliquer directement la politique gouvernementale sur le terrain et qui ne croient n’être comptables ni devant Dieu ni devant les hommes si le programme décidé en haut-lieu échoue lamentablement ici bas. Ils se lavent les mains en jouant même les innocents en retournant la veste une fois le changement de tête effectué. Si l’on est incapable d’appliquer un programme, pourquoi restent-ils  alors en poste ? Non sans propager la langue de bois et perpétuer le précepte établi.


Ils se dissimulent tels des caméléons derrière l’arbre qui cache la forêt. Ils ne montrent rarement leurs réels visages. S’il y a problème, c’est de là que ça vient. Si l’Algérie ne démarre pas, c’est aussi à cause de ces milliers de petits responsables qui ont érigé des royaumes un peu partout dans la république au point où on demeure impuissant contre eux du fait des relations tentaculaires qu'ils ont générées durant leur gouvernorat. Ils cherchent la protection des hommes plus puissants plutôt que celle de la loi.  

Par exemple la saleté dans le pays, on en parle tous les jours dans les journaux. Il ne passe pas un jour sans qu'on en voie partout ces images chaotiques qui sont devenues la honte du pays. Au point que l’Algérie est devenue un véritable dépotoir à ciel ouvert. Lorsqu'un étranger démarque chez nous, c’est la première chose frappante qui le frappe le plus. Il faut se demander s’il faille guetter un signal du chef du gouvernement lui-même pour passer à l’action pour un problème qui n’a que trop duré et qu'il ne faut pas être sorti de Harvard pour le solutionner. 

J’aurais souhaité qu'il nous parle d’économie et de stratégie à long terme, des problèmes de la rente, de l’école et de l’université, des problèmes de l’emploi, de la sécurité sans oublier les jeunes. A cause de la défaillance locale criarde qui n’attend que le feu vert des supérieurs pour nettoyer les rues de leurs villes, un premier ministre s’enrobe du manteau d’un président d’APC ou d’un Wali qui a failli à sa mission. Ce n’est pas pour minimiser le rôle d’un maire, loin de là, mais chacun doit assumer convenablement son boulot.

Personnellement, j’aurais cru sa petite phrase « On va nettoyer le pays » comme une avant-première du nettoyage du pays des incompétents qui se sont installés et désignés dans la durée, de la nonchalance qui gangrène notre administration, de la médiocrité des performances de notre école, et de la dépendance de notre alimentation et de notre textile presque basés exclusivement sur la rente et des importations tout azimut. Mais à cause de l’incapacité de ces subordonnés responsables, on laisse l’essentiel et on discoure sur un sujet qui ne demande pas assez d’intelligence et d’ingéniosité pour s’en débarrasser.

Une autre petite phrase lancée la semaine derrière par le nouveau ministre qui s’occupe de l’environnement m’a laissée encore plus pantois. « C’est le président de la république qui a ordonné le nettoyage du pays de toute la saleté et des ordures ménagères qui traînent » avait-il lancé. Donc si on comprend bien, si le président n’avait pas donné cet ordre, le pays croulerait sous le poids de la saleté jusqu'à ce qu'un appel du président lui-même. Mais que font-ils alors ces responsables locaux à qui leur incombe la gestion de la propreté ? En principe, ce problème devrait être le souci numéro un de ces responsables, élus ou désignés, avant de passer à toute autre chose. Identiquement au musulman qui se purifie par les ablutions avant de faire sa prière.

Si un responsable local est incapable de nettoyer la ville, comment pourrait-il alors résoudre et gérer les autres fléaux de la cité ? Le nettoyage des lieux devrait être la priorité absolue d’une ville qui a une conséquence directe sur la santé et l’environnement du citoyen. Certes, le citoyen y est également pour beaucoup de choses dans ce délabrement mais là-aussi le travail de proximité que ce soit des élus, de la société civile ou de l’école en général n’a pas pleinement joué son rôle. Un responsable ne doit pas attendre que tout lui vienne de haut en ne bougeant pas le moindre petit doigt tant qu'il n’a pas reçu les instructions d’Alger comme ils le répètent couramment aux interlocuteurs que nous sommes pour échapper à tout compte. Ils mettent tout sur le dos de la centrale pour se couvrir en fuyant leur entière responsabilité. Ils ne veulent goûter que de son miel. 

Toute politique centrale est vouée à l’échec tant que l’on ne change ce mode de désignation qui n’a pas besoin de cooptation mais de gens compétents et intègres, qui innovent et qui possèdent le sens de l’initiative. Un responsable, comptable devant l’administration qu'il dirige avec un bilan moral et financier détaillé où tout est cautionné et où il serait permis de le discuter et de l’améliorer. Pas un bilan où l’on cache tout à l’administré et dont les chiffres seraient falsifiés à volonté.

Pour avoir des élus locaux de qualité, sortis des urnes selon des programmes ambitieux et réalisables, des élections libres et transparentes sont plus que jamais nécessaires afin que l’état puisse avoir en face de lui des élus qui réfléchissent collectivement et sérieusement aux problèmes quotidiens du citoyen et non des élus qui attendent que le messie à l’éternelle la baguette magique atterrit du haut des cieux.

C’est de cette façon que les citoyens retrouveraient la confiance en l’état et à ses institutions sans omettre bien sûr de mettre de l’ordre dans ses rangs. Les prochaines élections locales seront un baromètre important sur les intentions des uns et des autres à sortir du marasme tout le pays tant les défis à venir sont plus qu’imposants.
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