jeudi 18 septembre 2014

Des générations, qui ont raté leur destin.

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Article paru le Jeudi 18 Septembre 2014 sur les colonnes du Quotidien d'Oran sous le lien suivant:
http://www.lequotidien-oran.com/?news=5203393
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Jeunes étudiants à l’université au milieu des années 70, fiers comme on était de notre statut d’alors, on faisait beaucoup de rêves, même énormément car on avait assez de projets en tête. On voulait relever tous les défis. Rêver d’acquérir de grands diplômes que nos parents les aspirer pour nous, eux les analphabètes qui n’ont jamais connu l’école ni le moindre alphabet. Ensuite, ils nous voyaient occuper dans le futur les postes les plus enviés et auxquels le pays nous y préparait dont jamais ils ne s’y imaginaient lors de leur jeunesse sacrifiée. Ils avaient l’expérience de la vie mais c’était insuffisant pour bâtir un pays, un état à la mesure de l’extraordinaire révolution qui venait d’arracher l’indépendance presque les mains nues mais décidés et animés d’une volonté de fer.

Une fois la liberté acquise, il s’agissait de construire le pays avec cette génération qui avait juste 20 ans en 62. Beaucoup d’encre a coulé sur ce faux départ qui nous a coûté très cher par la suite. Forts de leurs bagages intellectuels et universitaires car ils avaient l’avantage d’être scolarisés à temps, les enfants de l’indépendance pouvaient alors prétendre prendre la relève dès le début des années 80 car eux aussi espéraient reprendre le flambeau au moment convenable comme ce fût le cas de leurs aînés mais le pays a connu une véritable panne par un conflit de générations qui ne disait pas son nom. L’attente fût très longue à se dessiner  jusqu’à cet affrontement de 88 où l’Algérie avait évité le pire. Les années qui suivirent ont retardé l’échéance repoussant à chaque fois les échéances.

Je me rappelle, au sortir de la fin des études universitaires qui étaient limitées à la fin des années 80 qu’aux seules licences et DES (Diplômes d’Etudes Supérieures). A l’époque, si mes souvenirs sont bons, il n’y avait ni les diplômes de Magistère, ni ceux du Doctorat, qui se préparaient dans les 3 grandes universités du pays. L’occasion était toute bonne pour une très grande partie des étudiants algériens d’aller étudier sous d’autres cieux, côtoyer leurs collègues des autres universités étrangères et connaître d’autres aventures et expériences au sein des deux blocs politiques rivaux, ceux de l’occident et ceux des pays de l’est.

Le pays, malgré son manque de moyens, sa précarité et sa pauvreté par rapport à nos jours, offrait aux étudiants de bonnes bourses d’études au point où tous les impétrants qui rentraient au pays après la fin de leurs cursus, se permettaient de faire un déménagement matériel. Il est vrai que la pénurie dans le pays battait son plein où il fallait courir toute la journée pour satisfaire ses besoins tant matériels qu’alimentaires de tous genres. Enfin, bref mais le désir était trop fort pour construire un pays à la mesure de nos espérances.

Les étudiants algériens étaient donc partis pour une grande partie d’entre-eux en France pour des raisons historiques, linguistiques et culturelles, découvrir de nouveaux pays tels que la Grande Bretagne, les Etats Unis d’Amériques, l’URSS, La Belgique, l’Allemagne Fédérale (RFA), l’Allemagne démocratique (RDA), la Tchécoslovaquie (scindée depuis en deux pays : Tchéquie et Slovaquie),  la Roumanie, la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la Yougoslavie  (actuellement divisée en 7 pays), la Syrie, l’Egypte, pour les étudiants envoyés pour préparer des diplômes d’ingénieurs par les grandes sociétés de naguère qu’étaient Sonatrach, Sonelgaz, Sonelec, Sonarem, Sonacat, Sonatiba, etc…Enfin toutes les entreprises qui commençaient à l’époque étatique par Sona. Les ingénieurs étaient donc recrutés avant d’avoir terminé leurs études ! Le pays avait grand besoin de toutes les compétences et dans tous les domaines. Je me rappelle des camarades qui annulaient à la dernière minute leur départ pour un pays pour être pris par une autre société nationale pour partir le lendemain dans d’autres directions qu’ils croyaient plus attirantes.

Arrivés sur place, en plus des études, la recherche de la culture prenait une grande part de notre temps. Tous jeunes, nous étions passionnés par la connaissance de notre histoire surtout la plus récente dont on ne connaissait au pays que des bribes de la version officielle où tout était parfait et sacré. On sortait tout juste de l’époque de Boumediene pour entrer dans celle de Chadli, notre histoire était balisée de toutes parts. J’avais appris de bouche à oreille qu’il existait  d’autres livres écrits par des plumes françaises dont la plus connue était l’historien Yves Courrière, presque interdit en Algérie mais sans doute pas pour la Nomenklatura qui régnait.

Donc, la première grande curiosité était de dénicher les 4 tomes consacrés par cet auteur à la guerre d’Algérie. Je les ai trouvés à la bibliothèque générale de l’université. Une fois prêtés et assoiffés d’histoire comme l’étaient la plupart des jeunes de l’ère socialiste, j’ai dévoré à la célérité de la lumière le premier tome « Les fils de la Toussaint » avec ses presque 400 pages en passant d’affilée deux nuits blanches. J’avoue que j’avais éprouvé beaucoup de frissons à chaque lecture d’un chapitre, en laissant tomber de mes paupières de chaudes larmes en lisant chaque nom ayant écrit cette belle histoire de la guerre d’Algérie.

Aussitôt emprunté, aussitôt lu et rendu, que me voilà pointer à la bibliothèque pour prendre le second tome « le temps des léopards », avalé d’un coup. Le troisième tome « le temps des colonels » (allusion sans doute aux 3 B (Boussouf, Bentobbal et Belkacem) me tendait déjà les bras. C’est en parcourant celui-ci que j’ai eu mon premier grand choc en apprenant péniblement que Abane Ramdane était liquidé par ses frères d’armes. J’ai passé ces jours péniblement car n’ayant pas supporté ce premier viol de la mémoire collective.

Si je puis m’exprimer ainsi, moi qui croyais jusqu’ici à la version officielle étalée à la une du numéro d’El-Moudjahid du 24 au 29 mai 1958 avec ce titre « Abane Ramdane est mort au champ d'honneur » !  J’ai compris ce jour-là pourquoi l’histoire de la guerre d’Algérie, côté algérien, tarde encore à voir le jour. Il fallait s’attendre à d’autres révélations qui feraient très mal au martyr dans son repos éternel. J’avais fini amèrement le quatrième et dernier tome « Le temps des désespoirs » qui illustrait assez bien ce que fût alors mon état d’esprit. 

Lorsque j’étais en Algérie, aucun parti politique, autre que le FLN, n’était autorisé. Tout le champ politique était cadenassé. A l’étranger et plus particulièrement dans les pays occidentaux, on découvrait autre chose, tout à fait le contraire. Des partis d’oppositions qui s’alternaient à l’exercice du pouvoir. Et j’ai eu l’occasion de vivre ce fameux mai 81 qui avait vu la gauche accéder à la tête de l’état français après plus de 23 maigres années qui dataient de la crise algérienne. Il est vrai que pour nous les algériens, la gauche de 54 à 58 était au pouvoir au moment du début de la guerre d’Algérie. Guy Mollet, Mendes France, François Mitterrand et leurs amis étaient aux commandes et n’avaient laissé que de très mauvais souvenirs à nos ascendants. Ce n’est pas à cause du bourrage des urnes qu’elle n’a pas pu arriver à ses fins mais c’était la volonté des électeurs français jusqu’à ce jour de printemps de cette génération Mitterrand.

A 20 heures pile, l’effigie du nouveau président apparaissait sur les écrans des télévisions non pas après le dépouillement des urnes mais bien avant, suite aux sondages effectués par différents instituts dans une centaine de bureaux de vote représentatifs éparpillés à travers tout le pays. Le ministre de l’intérieur viendrait par la suite plusieurs heures après tard dans la soirée que confirmer en affinant ces résultats. Tout le monde les reconnaîtrait, pouvoir comme opposition. Jamais, on n’entendait parler de bourrage. Pourtant, on n’était pas encore à l’ère ni de la parabole et ces milliers de chaînes de télévision, ni de l’informatique, ni du téléphone portable et de l’Internet et de ces actuels médias électroniques. Mais, l’exactitude était au rendez-vous.

Si aujourd’hui au pays, malgré l’utilisation de toutes les prouesses technologiques on ne peut donner les résultats à 20 heures au soir des élections, ce que d’autres pays pourraient le faire il y a 33 ans, c’est que quelque part ces outils médiatiques sont contradictoires avec le trucage des élections et le bourrage des urnes. Ces scandales à répétition qui portent atteinte aux institutions du pays tout en régressant dans la crédibilité.

En tant qu’étranger, il fallait vivre la joie de ces milliers de gens sortir fêter cette victoire. Nous nous étions mêlés à leur bonheur. La France venait de se délivrer de la droite. L’alternance a fait beaucoup de bien à la démocratie. On avait assisté sur les 3 chaines de télévision à d’intenses débats d’idées entre intellectuels et politiciens. Franchement, on était ébahi par le niveau atteint contrairement à chez nous où tout était tabou. On espérait vivre cela au bled pourquoi pas au bout de deux décennies, une fois que le pays aurait formé une certaine élite, démocratiser l’enseignement jusqu’aux fins fonds douars du pays avec la naissance d’une nouvelle classe politique. Une passation de pouvoir entre l’ancienne génération et les nouvelles qui commençaient à montrer le nez aurait assuré une pérennité dans la douceur et dans la tranquillité.

Rentrés au pays, on vivait une sorte de contradiction. Au pays, vous vivez avec un esprit fermé. A l’étranger, vous vous permettez toutes les libertés et toutes les critiques. La première chose qu’on cherchait sur vous aux frontières, ce sont les journaux et les livres où on parlait de politique du pays. Si jamais, on découvrait un document parlant en mal sur les hommes du pouvoir, la condamnation risquait d’être lourde assortie de traître à la nation et j’en passe. Il fallait donc garder la gueule fermée sinon les conséquences seraient graves pour vous. Comme possibilité politique, vous n’avez qu’un choix avec l’article 120 qui faisait fureur si vous voulez faire carrière dans la hiérarchie de votre établissement. L’état n’a quand même pas envoyé en formation un robot programmé mais un étudiant qui ne demande qu’à s’épanouir, qu’à apprendre et comprendre comment le monde évolue.

Je me rappelle comme si c’était aujourd’hui ces courageux militants du PRS (Parti Révolutionnaire Socialiste) du défunt Mohamed Boudiaf qui venaient recruter dans les campus universitaires et un peu plus tard ceux d’Ahmed Ben Bella. Formatés comme nous l’étions, beaucoup plus par la crainte d’être cueillis au retour, nous les évitions comme la peste pourtant on savait tous que Boudiaf était parmi les fils de la Toussaint pour reprendre les termes d’Yves Courrière. Ils étaient tout le temps traqués. On devrait les surveiller comme le lait sur le feu. On n’en voulait pas de contamination. Mais cette contradiction de vivre à la fois dans un pays démocratique toi qui viens d’un pays clos, il fallait la vivre en observateur mais pas en acteur, nous traversait dans tous les sens. Au bled, on ne supportait plus cet étouffement des idées. On faisait semblant de tout approuver en jouant un mauvais rôle, ou bien il fallait se taire et se ranger mais tout bouillonnait à l’intérieur.

Nombreux, sont ceux qui n’étaient pas rentrés au pays, craignant pour leur avenir. Une grande majorité a préféré retourner au bercail quelles que soient les conditions car il y avait une dette à payer, envers ton pays et ta conscience. Parmi ces derniers, quelques années après en n’étant pas satisfait des conditions de travail, ils avaient vite déchanté en faisant le chemin inverse. On se demande ce que serait le pays aujourd’hui s’ils n’étaient pas découragés par le système politique hermétique de ces années. La première génération a donc connu diverses fortunes mais elle n’a jamais pu prendre le relais. L’occasion ne lui avait jamais été donnée comme il se devrait. Elle était figée sur sa place en n’ayant pas la confiance nécessaire. Pourtant, elle était bardée de diplômes et de compétences si on la compare à sa devancière.

La seconde génération pointe déjà depuis longtemps son nez, elle n’a pas eu autant de chance que la première. 52 années après, on se demande de ce qu’aurait été l’Algérie de maintenant si le relais du passage du témoin aurait été fait à temps. Seul un renouvellement de générations peut permettre à un pays de vivre son époque, d’évaluer son présent pour préparer un meilleur saut vers le futur et en sachant partir la conscience tranquille et le devoir accompli au moment opportun. J’ai l’impression que l’Algérie a raté un important rendez-vous, un virage cruel pour son avenir. Rajeunir les gouvernants d’un pays, c’est aussi garantir une meilleure reproduction de son futur. C’est aussi revivifier sa matière grise, augmenter ses potentiels et générer l’énergie d’un pays dont la moyenne d’âge est d’environ 27 ans comme le montre une récente étude. Tout n’est pas encore perdu, ce n’est que partie remise pour asseoir une pérennité constante au pays. Il suffit juste que la volonté politique existe.
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jeudi 11 septembre 2014

À service rendu, service dû !

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Article paru Jeudi 11 Septembre 2014 sur les colonnes du Quotidien d'Oran:
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Qui parmi vous de par sa fonction ou d’une position influente, ne fût-il pas un jour sollicité, pour rendre un quelconque service à autrui ? Ou qui n’a pas cherché à l’avoir une fois que toutes les portes lui ont été fermées et tous les recours épuisés ? Il s’agit de vouloir décrocher une intervention, comme on le profère dans le jargon populaire, pour satisfaire les caprices d’un ami, d’un proche ou ceux des siens au détriment de toute impartialité, légalité ou conscience.

On peut dire que cette démarche est profondément ancrée dans notre société. Elle est devenue presque quelque chose quoique de plus de normale, un véritable phénomène de société. Elle s’est banalisée dans toute l’administration en général. Elle est codifiée et admise par tous. Elle possède ses propres règles et ses distinctes démarches. Elle doit surtout être discrète. On ne la prononce pas. On la chuchote à voix presque muette. Elle est dérangeante si elle est évoquée devant d’autres personnes qui ne comprennent pas les rouages des affaires. Elle est comprise sous la table. Les spécialistes la saisissent à l’instant même où l’on mime son geste. 
 
Obtenir par exemple un passeport pour le pèlerinage aux lieux saints par d’autres procédés irréguliers, en contournant subtilement le tirage au sort, ne choque presque personne. Pourtant, il s’agit ici d’aller purifier son âme et ses os à la Mecque par des moyens qui, on peut le dire, sont contradictoires avec les notions de la foi et de la pureté. On n’y pense même pas. C’est le « Mektoub » qui est venu taper à ta porte, te tendre les bras. Tu dois le saisir. Il ne se refuse pas. C’est une issue qui s’est standardisée rituellement en halal.

Ce fléau, si j’ose le qualifier ainsi, s’est même transformé en une incontestable culture de tous les jours dont on n’a ni honte, ni bassesse, ni indignité à l’accomplir. Au contraire, on le vante devant tout le monde pour montrer que c’est la personne sur qui il faut bien compter aux bons moments. Elle possède comme preuves de fortes connaissances et un carnet d’adresses gros comme ça. Elle peut daigner à répondre à toutes les requêtes si elle est quémandée. Elle est là pour vous soulager de toutes vos souffrances bureaucratiques et même si vous n’en avez point le droit. C’est une ascension fulgurante dans la société où les valeurs se sont totalement désintégrées. Elles ne sont plus les mêmes où l’illicite d’hier s’est transformé allègrement en licite aujourd’hui.

Cela va de l’infime service jusqu’au plus imaginaire et extravagant appui. Il y a ceux qui demandent des offrandes en nature pour satisfaire les besoins de son client qui ne peut pas le rembourser d’un service équivalent. C’est ce qu’on appelle de la corruption franche et directe. D’autres le font généreusement et très promptement si le client d’en face est un riche acquéreur d’avenir, un gros poisson, sur lequel il faut s’investir pour se le réserver à plus tard pour la loterie du gros lot. Et qui peut vous rendre un service plus important à cause de son poste fortuné, source de toutes les convoitises. C’est ce qu’on peut nommer de la corruption rentable à intérêts croisés. En tous les cas, ce sont toujours les institutions qui en souffrent de tels méfaits et qui se décrédibilisent de jour comme nuit.

Quand on n’a pas le droit, la demande d’une faveur ressemble carrément à du piston. Dans le cas contraire, cela s’apparente à de la bureaucratie caractérisée. Dans la majorité des cas, on le quête auprès d’une personne bien placée quand l’injustice et les embûches sévissent au plus haut niveau. Mais tout a un coût. Que ce soit à court ou à moyen terme. Parfois, on le paiera fort bien sur la durée.
On comprend maintenant pourquoi un responsable nommé, malgré qu’il soit traîné dans la gadoue par ses supérieurs et en sus le vide de toutes ses prérogatives, ne pense jamais à démissionner dans la dignité, à partir proprement. S’il y va, ses petites affaires d’à côté auront subi un sacré coup. Autant rester aux commandes, résister la tête basse et demeurer servile à souhait. Il est toujours gagnant au jackpot. Les services qu’il aura à rendre à ses consommateurs le prémunissent de désagréables surprises. Ils le mettront à l’abri de tout besoin lorsqu’il succombera au sol. Il aura de quoi se mettre sous la dent.

C’est un placement à longue portée. Il n’aura pas à craindre de mauvais lendemains. Tant qu’il collaborera, il sera facétieusement bien entretenu par les siens. Le système régnant a établi cette entre-aide contre-nature afin d’assurer sa pérennité. Attention ! Aucune opposition n’est permise. Devant plus fort que soi, on doit se courber l’échine. On doit écraser un subordonné comme on le fait pour une clope. Les leçons sont ainsi apprises. La moralité, l’intégrité, la droiture sont proscrites à jamais de votre vocabulaire courant. Si vous ne disposez pas de ces références, votre dossier n’aura aucune chance d’aboutir. Il sera déclassé au fin fond d’un tiroir en attendant des jours meilleurs. La poussière ferait de lui sa chasse gardée jusqu’à la fin de ses jours. On ne doit nullement se tromper sur les choix. Votre parcours sera vu et revu depuis votre acte de naissance. Personne ne doit sortir des bambous comme on le dit populairement. Malheur à celui qui ne respecte pas ces dogmes.

Lorsque vous êtes au sommet de votre art, vous êtes sujets de toutes les bonnes attentions. On vous fait les yeux doux. Vous êtes le chouchou de tout un clan. On rajoute un « si » à votre nom pour ainsi dire hausser votre galon et pourquoi pas le enfiler  le spirituel « hadj » tant qu’on y est et ramené de la terre sainte pour vous épurer de tous vos péchés. On ne vous caresse que dans le sens du poil. Jamais, vous n’entendez des mots qui vous déplaisent. Vous sentirez que des youyous à vos oreilles. On ne veut vous faire que du bien. Le mal sera reporté à plus tard si jamais le vent tournerait à contre-courant. Toutes vos demandes sont des désirs, elles sont exécutées sur le champ. Vous êtes le Monsieur « flen » qui peut résoudre tous les problèmes. Qui peut faire sauter tous les verrous qui vous mènent la vie dure. Il dispose de toutes les clés de la réussite, de tous les coups gagnants possibles. Sa cible n’est jamais ratée tellement il vise admirablement.

Un seul petit coup de fil ou un claquement des doigts et voilà vos vœux réalisés. Vos rêves sont immédiatement exaucés. Toutes les portes vous sont grandes ouvertes. Tous les sésames vous sont par miracle béants. Comme par enchantement, tous vos tracas s’envolent subitement. Vous êtes au septième ciel. Les bâtons dans les roues ne vous seront que de mauvais souvenirs lointains. Vous êtes sur un nuage. Le bonheur coule dans vos veines. Vos poumons sont remplis d’air frais comme un bloc. Vous espérez que cela puisse continuer à l’infini. Qui ne puisse jamais s’achever.

D’un pestiféré, vous êtes plus que jamais un chanceux favori mais sans passer par la saine concurrence, ni par les voies ordinaires du marché. Vous êtes passés par le couloir spécial et confidentiel, chemin de tous les arcanes. Vous êtes finalement qu’un assisté qui puisse bomber le torse et dire à haute voix que c’est le jour de votre nouvelle délivrance. La roue vous sourit et vous emporte jusqu’à enivrement. Les privilèges vous tombent sans cesse sur la tête.

Quant à monsieur votre serviteur, il se voit encore sa bonne étoile briller, plus étincelante qu’avant, fort lustrante après. Lui qui est né avec une cuillère en or dans la bouche. Il voit son escalade vers le haut progresser vertigineusement. Plus il monte et plus le nombre des services rendus ne cessent d’enfler et vice-versa. Ils compteront pour beaucoup le jour de l’audience par ceux d’ici ou d’en-haut. Il est là à attendre que l’on lui renvoie l’ascenseur au moment propice.

Le poids des bons attribués feront la différence en penchant le jour J la balance du bon côté. Ce jour-là, il jubilera en son for intérieur en ne laissant éclater sa joie que devant ses proches fidèles dans l’intimité. Il ne veut en aucun cas conjurer le mauvais sort qui peut s’abattre sur lui si jamais il ne répond pas aux conditions de nomination au poste supérieur convoité. Devant les autres, il ne montre jamais les objectifs brigués. Il les dissimule comme un secret à ne jamais dévoiler. Il le cultive discrètement en feintant de les ignorer. La jalousie de ses adversaires postulants ou de ses directs concurrents, comme il prétend, pourrait lui jouer de mauvais tours. Les complots et les roublardises sont des armes qui ne pardonnent aucunement. Chaque pion peut influencer sur l’échiquier. Tous les coups sont permis pour les avancer.

Son bonheur peut durer indéfiniment mais jamais il n’arrive à l’assouvir. Sa motivation pour la gloire et la matière n’a pas de limites. Plus il sert, et plus il gravite les échelons et plus ses ambitions crèvent le plafond. Tous les points glanés à gauche, à droite et de tous les autres angles comptent à l’ultime décompte.

Au secours ! Le glissement de terrain sous les pieds risque d’être brutal. Les peaux de banane sont légions si par mésaventure, il ne répond plus aux critères et aux exigences de ses messieurs. La chute libre qui le suit comme son ombre annoncera par surprise sa déchéance dans le gouffre profond. Il ne saura jamais pourquoi. Il sera banni de tous les registres certifiés. C’est une énigme qu’il ne pourrait jamais la décrypter. Il aura à rejoindre les archives du passé en attendant peut-être des jours meilleurs.

Son dossier noirci le fera taire à jamais. Il ne pourra non plus oser élever la voie, ni placer ne serait-ce qu’un quelconque petit mot. A la longue, il perdra l’espoir de revenir en foulant un tapis rouge déroulé. Il n’espère que se caser pour ne pas perdre, comme il le croit, son honneur bafoué. Il perd comme par malheur tous ses supposés soutiens à la célérité de la lumière comme il les a constitués. Les amis virtuels d’hier deviennent sur des actions déclenchées quelques parts tous des ennemis jurés à la solde de sa nouvelle majesté.

Le choc est terrible. Il ne comprendra nullement l’acharnement sur sa personne qui est à terre à attendre que la foudre s’abatte sur lui et en le faisant oublier pour l’éternité. La tutelle a siégé sans aucune possible protestation. On est parti comme on est venu par le même rituel accidentel, par le même cérémonial datant de la nuit des temps. Les couteaux de la revanche s’aiguiseront davantage. Le système, qui est toujours dominateur, est impitoyable pour les déchus qui essaient d’esquiver les règles du jeu ou rompent le chemin de la feuille de route ficelée comme une puce programmée.

Ses jours sont désormais comptés. Plus aucun pourvoi en cassation ni circonstances atténuantes ne lui seront accordés. Ni une possible aide ni une probable assistance ne sont prévues dans ces cas désespérés. Les dés sont déjà jetés. Son sort est scellé. Il faut comprendre que vous n’êtes qu’un pion du système qui n’est là que pour lui donner du souffle nouveau jusqu’à votre épuisement, jusqu’à ce que tout votre sang sera aspiré. Vous serez remerciés tel un damné le jour et le moment choisis dès que vous commencez à dévier des buts assignés.

Vous êtes maintenant abandonnés en plein milieu de la route comme un déposé oublié. Tous les mauvais regards seront braqués sur vous. Trop tard, la défense ne vous sera d’aucun apport moral. La lumière de la scène sera éteinte en croisant votre apparition. Vous allez vivre dans l’ombre comme tant d’autres avant vous. Vous essayez de regagner l’autre bord rival qui ne voudrait plus rien de vous. Trop tard, vous êtes jetés en pâture, déchiquetés par les vautours comme une proie en décomposition. Plus aucun secours ne pourrait vous tirer de la potence. Vous avez tiré toutes vos cartouches, la plupart à blanc. Aucune n’a été préservée pour sauver la face. Vous les avez gâchées sur des futilités et en les gaspillant en tapant sur vos réels alliés. Après votre enterrement, les gerbes de fleurs déposées sur votre tombe ne vous seront d’aucune utilité. C’est la fin misérable et piteuse mais prévisible qui guette tous ceux qui ne retiennent pas les leçons et les expériences de ceux qui les ont précédés dans les mêmes missions.

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mercredi 3 septembre 2014

Achâacha, l'Algérie profonde

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1ère Partie:
http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5202026&archive_date=2014-08-23

2ème partie:
http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5202394&archive_date=2014-08-31

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Achâacha, l’Algérie profonde (I).

D’année en année, l’engouement des algériens pour la mer ne cesse de grandir. On peut dire qu’il est devenu le premier loisir. Il est tout à fait exceptionnel en ce mois d’août de cette saison estivale version 2014, du moins dans la wilaya de Mostaganem, dont la fréquence des plages du littoral du département bat, à vue d’œil, tous les records. Les juilletistes des années précédentes se sont mués aux aoûtiens de cette année, amplifiant ainsi la concentration. Les vacanciers algériens se sont donc rués vers la méditerranée sitôt le carême du mois du Ramadhan accompli.

Il y a ceux qui se sont organisés en réservant leurs places dès le début de l’année en cours. Et ils sont très rares. Les retardataires comme à leurs habitudes, et c’est la très grande majorité, commencent à bouger dans tous les sens sitôt le thermomètre s’affole vers le haut. Ces retards dans la préparation des congés sont aussi dus au manque flagrant de circuits de réservation pour la grande bleue qui est un filon extraordinaire mais malheureusement inexploitable. On peut dire que c’est par le bouche-à-oreille que les vacanciers d’été dénichent leur havre de paix s’ils arrivent à le trouver avec cette croissance démesurée et des services de plus en plus défaillants.

LE CALVAIRE DES SQUATS DES PLAGES

Cet été est marqué par une certaine anarchie qui existait durant les années précédentes mais qui s’est de plus en plus accrue au cours de cette année. Elle peut causer d’énormes dégâts si les autorités ne maîtrisent pas à l’avenir la situation. On a lu dans la presse que des plages entières ont été squattées par des groupes qui ont installé parasols, chaises et tables en toute impunité au vu et au su des autorités occupant tout l’espace public. On t’interdit de poser ton parasol même loin des leurs. Tu es obligé de le ranger avec amertume et d’en louer un contre une somme dépassant l’imaginaire pour pourvoir bénéficier de son ombre.

Attention, si tu rouspètes, tu es vite cerné par une bande ni foi ni loi qui ne recule devant rien pour appliquer sa loi d’hors-la-loi. Finalement, tu abdiques en se résignant à débourser encore de l’oseille afin que ta journée ne soit pas gâchée par des altercations dont toi seul serait le grand perdant. Désormais, c’est la loi du bras musclé et du bras long qui fait office sur la plage. Tu es agressé de partout par des hommes armés de gourdins qui s’associent en nombre pour exécuter leurs codes. Par un manque incontestable de l’autorité publique, ce sont ces nouveaux maîtres qui se sont érigés en nos nouveaux chefs de l’ombre. Ils n’ont peur de rien et ne reculent point. Ils gagnent de jour en jour du terrain, en ville comme en campagne. 

Sur le littoral mostaganémois, il y avait des plages qui étaient vierges jusqu’à quelques années auparavant. J’étais surpris que jusqu’à la limite de la wilaya, à Ouled Boughalem, Kherbat et Bahara, aucun vide ne résiste à l’avancée terrible des estivants, polluants de plus en plus ces beaux coins. On en voit de tous les matricules du pays surtout à Petit-Port et Aïn Brahim. C’est la foule des grands jours surtout pendant les week-ends. A proximité du nouveau port, il y a une plaque qui indique que la baignade est interdite mais des parasols de même couleur sont étalés de partout sur le sable. Le parking est évidemment payant mais inévitablement illicite. Un manque à gagner incontestable pour la commune.

LE CALVAIRE DE LA CIRCULATION

C’est un vrai calvaire le vendredi en partant comme en revenant de Petit-Port. Un embouteillage monstre peut vous retenir durant au moins une bonne demi-heure sur une huitaine de kilomètres seulement qui vous sépare de la ville de Sidi Lakhdar (Ex-Lapasset). A cela s’ajoute, l’indiscipline d’une catégorie d’automobilistes dont certains forcent le passage en se permettant toutes les dérives. Ils empruntent sans aucune conscience la voie de gauche, gênant ainsi les voitures venant en sens inverse comme ceux roulant dans le même sens qu’ils sont censés rouler derrière eux lorsque l’ordre est établi. Dès la vue d’un gendarme motard, ils forcent subitement le passage à droite. Ils n’ont nullement la crainte de se faire rattraper par les agents de l’ordre qui règlent comme ils peuvent la circulation. On constate que leur nombre est disproportionné par rapport à celui de la fréquentation routière en cette période des grandes chaleurs.

Il faudrait que leur nombre soit plus conséquent pour pouvoir verbaliser ces chauffards qui empestent la vie aux paisibles et prudents conducteurs et dont la patience n’est que trop grande face à de telles situations désagréables. Au vu du nombre insuffisant des gendarmes pour une population qui peut quadrupler en un mois, les délinquants pilotes pensent certainement qu’ils ne seraient pas arrêtés par la crainte de créer une véritable pagaille. C’est pour cette raison qu’ils profitent  sans doute de cette situation de pointe. C’est en amont que le contrôle de la circulation, devrait se faire comme à des points équidistants pour éviter ces débordements et sanctionner les réfractaires. Tout cela devrait se concilier à une certaine pédagogie pour éduquer ces boucaniers de la route qui causent chaque année des milliers d’accidents avec autant de tués et d’invalides à perpétuité.

ACHÂACHA, LA PAISIBLE

Les amoureux de la nature cherchent les coins les plus reculés et les plus vierges pour échapper au brouhaha de ces plages où vos oreilles sont contraintes à écouter à fond la musique, que vous l’appréciez ou non, du matin jusqu’à tard la nuit. Le respect du repos d’autrui est banni à jamais. En sortant vers l’est de Sidi Lakhdar et à quelques kilomètres de là, vous abordez la belle vue de Oued Zerifa, vous aurez l’impression de quitter un monde pour être transposé dans un autre. Oued Romane vous éjecte définitivement dans ce nouveau monde, donnant la sensation que vous pénétrez dans une nouvelle dimension. L’isolement débute à partir d’ici en laissant derrière soi le tapage de l'autre monde.

En montant l’ultime côte, vous vous approchez d’un croisement qui vous donne le choix de poursuivre tout droit vers Achâacha, soit de tourner à droite vers Nekmaria qui en passant vous pouvez visiter le mémorial des enfumés de la Dahra sur lequel un papier doit y être consacré pour narrer cette histoire du sacrifice des algériens. A droite, vous pouvez virer vers la plage de Sidi Lâadjel (Ex-Port Mesnard). Une curiosité dont la visite plonge soudain votre âme dans la méditation avec un endroit sain de tout béton. Comme si vous êtes le premier à découvrir ce lieu mythique surtout à droite avec ces pêcheurs agglutinés pour leur plaisir sur des rochers à perte de vue. Quelques belles criques peuvent recevoir le temps d’une belle journée quelques restreintes familles ferventes de découvertes de puissantes sensations.

CHERAIFIA EN LEADER

En continuant directement votre chemin et avant d’arriver à Khadra (Ex-Picard), une forêt d’Eucalyptus vous ouvre la voie vers ce beau village qui a gardé quelque peu intact son charme avec ces arbres de ficus qui bordent superbement la grande rue. La ville est rapidement traversée. Dès sa sortie, vous avez l’envie de ne pas rassasier la jouissance de votre vue. Tous les chemins mènent maintenant à Achâacha. Vous avez l’embarras du choix. Vous foncez directement vers Cheraifia (Ex-Scambra) qui vous souhaite à bras ouverts la bienvenue. Des haltes permanentes s’imposent sur son marché journalier pour vous approvisionner en fruits et légumes et en alimentation générale. Ses commerçants sont d’une disponibilité exemplaire. Ils se plient en quatre pour vous permettre de choisir les meilleurs produits en leur possession. Vous achetez votre poulet vif, on vous l’égorge sur place. Il est déplumé, vidé en deux tours et empaqueté. Le goût est évidemment différent avec cette viande livrée toute fraîche.

Quant aux gens, ils sont prompts à vous saluer avant que vous tentez de sortir un seul mot de votre bouche. Vous avez l’impression que vous agressez le paysage environnant avec des comportements vous paraissant anodins importés de la ville mais peuvent choquer l’ambiance dominante. Nous sommes en plein profond pays de l’Algérie profonde. Le respect des us et des coutumes de la région s’imposent. Il faut noter avec fierté que le lycée de Cheraifia qui a été bâti il y a à peine 6 années dispose du taux le plus élevé de réussite à l’examen du Baccalauréat dans la wilaya. Les cours privés qui sont généralisés dans les villes mais quasi-inexistantes ici n’ont sans aucun doute rien à avoir avec ces excellents résultats. Cet établissement ne dispose certainement pas des meilleurs moyens de ceux des villes mais leurs armes sont la motivation et la volonté qui les animent. C’est une très belle revanche de la campagne sur la ville. Pourtant, Achâacha, ce n’est qu’un transit pour les enseignants qui y sont affectés principalement pour ceux qui sont originaires des contrées proches du chef lieu de la Wilaya. 

MARDI, LE SOUK HEBDOMADAIRE DE ACHÂACHA

La région de Achâacha est une région essentiellement rurale qui vit au rythme des produits agricoles. Le souk hebdomadaire du Mardi vaut le détour. A lui seul, il vous donne le pouls du terroir. On en trouve de tout. Du blé, de l’orge, du foin sont à proposer. On en trouve aussi des poulets vifs, fermiers et industriels ainsi que des canards et lapins.  Les prix sont à débattre. C’est l’offre et la demande qui les fixent. Lorsque le vendeur et l’acheteur n’en conviennent pas à s’entendre, ce sont d’autres personnes qui interviennent en arrangeant le tarif qui satisfassent les deux parties. Des ovins et surtout des caprins  sont égorgés sur place et dont la viande est accrochée sur trois troncs d’arbres reliés en haut par une ficelle et librement espacés en bas. C’est la vitrine de la boucherie des lieux. Fièvre aphteuse oblige, il n’y avait pas de viande rouge cette semaine sur le marché. Ah ! J’allais oublier, il y a aussi des bonbons que l’on appelait bonnement dans le passé par les bonbons du souk, cuits à la semoule et au sucre. Ils sont vendus à toutes les couleurs. Le visiteur peut acheter également de la menuiserie, des ustensiles agricoles, des meubles, etc. La curiosité du souk, ce sont ces multiples guitounes-cafés disposés à différents points. Les consommateurs sont assis en groupe sur de longs bancs. Le thé et le café sont préparés à l'ancienne. En hiver, ils sont agrémentés en plus de beignets chauds, faits aussi sur place.

Les enterrements des morts, s’ils coïncident avec le mardi, sont annoncés au sein du marché même. Tout le monde se tait subitement pour écouter les dépêches diffusées à l’aide de haut-parleurs dispersés au coin du marché et qui sont accueillis dans un silence religieux. L’information sera répandue telle une traînée de poudre à travers toutes les zones du territoire. A l’heure de la levée du corps, c’est une marée humaine qui vient présenter ses condoléances à la famille du défunt et assister aux obsèques. On y revient en force le soir pour la veillée religieuse. Dans ces situations de douleur, la solidarité et l’entre-aide des 35 douars qui peuplent la région sont de mises.

L'ambiance ne diffère guère de celles des mariages avec ces processions de voitures du cortège dans tous les sens. Des magasins sont là pour vous louer des trônes pour le marié sur lequel il s’assoit pour accueillir convenablement ses amis. Le "Barok" (aides financières offertes par les invités) est à l’honneur pour aider la famille à amortir le choc budgétaire des multiples dépenses. C’est une marque assez forte de la bonté et de la sincérité pour apporter leur soutien et leur bénédiction au mariage. Il n’y a pas d’invités au sens propre du terme, on s’invite comme un frère au mariage de son voisin.

Au point de vue développement, Achâacha attend avec impatience l’ouverture de son tout nouveau hôpital. Espérons que les médecins spécialistes ne rechignent pas à rejoindre cet établissement sanitaire pour le plus grand bien des malades de la cité. Le secteur employeur étatique n’est en général visible que dans l’administration et l’éducation. Comme nous l’avons cité plus haut, l’agriculture est la première activité. Néanmoins, les habitants de la région ne possèdent de vastes terres pour cultiver de grandes surfaces mais ils ne détiennent que de petites parcelles qui s’amenuisent de génération en génération du fait du partage de l’héritage familier. S’il l’on rajoute le besoin d’habitations individuelles, il ne reste pas grand-chose pour faire subvenir aux besoins de la population de la daïra. L’aide de l’état est plus que nécessaire afin de fixer toute la masse dont la jeunesse souffre plus qu’aucune autre du chômage dévastateur. Au point de vue de certains appuis, on remarque que l’Ansej a creusé une petite brèche à la vue discernable de ces nombreuses camionnettes, surtout de marque Toyota Hilux, qui sont très prisées par les utilisateurs locaux.

A suivre…

Achâacha, l’Algérie profonde (suite et fin).

Les douars environnants, par leur dense population, gravitent autour du chef-lieu de la daïra qu’est Achâacha. On y vient de partout pour leurs affaires administratives. La mairie est le centre de gravité de la daïra avec son nouveau et imposant siège comparativement au reste des édifices. Il y a aussi la poste mais pas la trace d’une moindre banque ni d’ailleurs à Khadra pourtant il en existe depuis assez longtemps dans d’autres daïrates du pays. On se pose sur l’absence d’une banque à vocation agricole dans une région qui en dépend presque exclusivement. Il faut se déplacer jusqu’à 50 kilomètres pour en dénicher une.

LE COÛT DU JOURNAL MAJORÉ DE 5 DINARS !

Depuis que je connais la région, il n’y a pratiquement pas assez de marchands de journaux. Aujourd’hui, je n’ai repéré qu’un seul. Il est à peu près en face du siège de l’APC. Les titres qui sont proposés n’arrivent de Mostaganem qu’à partir de 9 heures. Il n’y pas de distributeurs de journaux comme presque partout dans le pays. Il est acheminé ici par des moyens personnels du buraliste. C’est pour cette raison qu’il est cédé de 5 dinars supplémentaires dans le but de supporter le fardeau de l'expédition. Les gens se sont accoutumés depuis fort longtemps. Et pourtant, nous sommes dans le nord en plein littoral dans un lieu situé presque à mi-distance entre les deux plus grandes villes du pays. A notre connaissance, Achâacha n’est pas une enclave mais elle y est presque.

EN TERRE IBERIQUE !

Lorsque vous ouvrez le poste radio de votre voiture et en défilant ses fréquences FM et en ondes moyennes, vous vous croyez beaucoup plus en terre ibérique que dans le pays. En effet, les fréquences des puissantes stations espagnoles chevauchent sur celles des radios algériennes en arrivant à les étouffer totalement. Il faut désormais se mettre à la langue de Cervantès pour comprendre le sens. Cette proximité nous apprend que les côtes espagnoles ne sont pas assez éloignées. On a souvent lu quelque part par le passé que des haragas avaient fait de la région, à une certaine époque, une parmi les zones les plus privilégiées de l’émigration clandestine.

Au point de vue de développement, pour le visiteur neutre que je suis, je sens que Achâacha a besoin de beaucoup d’efforts des responsables pour se mettre au diapason des autres daïrates de la wilaya. La ville, en elle-même, nécessite un lifting fondamental tant sur le plan de l’embellissement qu’au niveau des espaces verts pour se sentir dans une ville quoiqu’un jardin aménagé sauve un peu la face. Heureusement que Achâacha bénéficie de l’air frais de la côte autrement ce serait un calvaire de supporter la chaleur de l’été. Les trottoirs sont d'ailleurs à uniformiser. Ce n’est pas obligatoirement avec du carrelage mais le ciment ou le bitume peuvent suffire largement. L’essentiel est que cela puisse conduire à améliorer un certain bien-être en éliminant un peu de poussière qui s’élève dès que le vent commence à souffler. Ce n’est pas une particularité de Achâacha mais d’innombrables villes du pays souffrent énormément de ces épreuves. Un tant soit peu aménagement urbain apporterait certainement un plus à la ville qui désire à l’y être.

Une chose qui a ses clones partout dans le bled, ce sont ces marchés couverts édifiés dernièrement à coûts de millions mais finalement inutilisables par les vendeurs de fruits et légumes qui préfèrent exercer leurs activités en plein air. Il aurait fallu, à mon humble à avis, avant que les autorités envisagent un tel projet, se concertent d’abord avec les usagers avant d’entreprendre quoi que ce soit. C’est ce qu’on peut appeler de l’argent jeté par les fenêtres pour une ville qui en a tant besoin de les dépenser à bon escient.

Au point de vue des loisirs, je n’ai vu, en tous les cas de visu, de terrains de sports de proximité ou un petit complexe sportif comme il en existe partout ailleurs. Je ne sais pas ce qu’il en est toute l’année de la culture lorsque Achâacha se vide de ses estivants et retrouve son hibernation durant les autres 10 mois de l’année. 
Achâacha vit à proximité de la mer mais paradoxalement ne vit pas de celle-ci. Aucune poissonnerie n’est visible dans les parages. Il faut y aller jusqu’à Bahara, dans la commune d’Ouled Boughalem pour en déceler quelques unes. La raison essentielle est sans aucun doute le manque d’incitation et d’information des autorités sur les possibilités de la filière et aussi l’absence de motivation des jeunes de la région à s’investir dans le créneau de la pêche. La réalisation d’un port de pêche est plus que souhaitable surtout qu’il existe des sites où l’on peut réaliser un tel projet. L’ancien Port-Mesnard s’y prête assurément.

BELMEHEL, LE MONSIEUR PLAGE

Prenons maintenant le chemin vers le large, tout droit vers la plage de Sidi Abdelkader qui s’impatiente de nous accueillir avec tous les égards. Avant d’y aller et s’installer, on passe d’abord par la mairie de Achâacha pour payer la location de notre réservation. Là, le responsable, Mohamed Belmehel, le monsieur plage de la commune comme on le nomme officiellement,  nous accueille avec ferveur. Après nous avoir souhaité la bienvenue et en ayant soldé notre dû au niveau de la recette principale, il nous oriente directement vers le lieu de notre séjour en nous communiquant les coordonnées de la personne sur place, responsable du camp. Nous montons en voiture et descendons vers la sortie nord-est de Achâacha pour se trouver au carrefour du lieu-dit "Essabala". Nous prenons ensuite la direction à droite en abordant sur 3 ou 4 kilomètres une succession de virages. A un moment donné, on passe devant une ferme dont l’inscription sur son front date de l’époque coloniale nous fait remonter le temps.  «1949, Clos Kramis, Ferme Segalas» nous avise que la bifurcation vers la mer n’est pas lointaine.

LA SOURCE BÉNIGNE

Effectivement, en dévalant le dernier tournant, la nouvelle plaque aux couleurs touristiques nous enseigne que la plage Sidi Abdelkader est à la prochaine sortie à gauche. Lors de ma dernière visite, l’ancienne plaque indiquant la direction y était mais plus maintenant, peut-être usée par la rouille. Juste au moment de prendre la toute dernière route avant l’arrivée, on remarque tout à fait à la gauche, une multitude de véhicules garées autour d’un point d’eau avec son eau fraîche qui jaillit somptueusement d’une dizaine de fontaines. Cette source existe depuis je connais la région dont se désaltère toute Achâacha et ses environs. Ce sont des milliers de personnes qui viennent tous les jours s’approvisionner en cette eau potable. On y vient le plus souvent en camionnettes pour faire le plein de la semaine. Ce qui crée parfois de fortes tensions entre les usagers surtout durant la période du mois du Ramadhan comme on me l’a expliqué sur place. Par contre, on laisse gentiment la place aux passants et aux vacanciers de s’abreuver paisiblement. Au cours de la journée, on peut également constater sur place des dizaines de tracteurs tirant des citernes et faisant la navette entre le lieu de cette eau rafraîchissante, à partir de puits creusés un peu plus en contrebas, en direction vers les hauteurs pour honorer les demandes en cette eau devenue presque sacrée. Il faudrait améliorer ou totalement revoir le système de distribution afin de satisfaire la forte sollicitation qui s’amplifie d’année en année de cette mine d’eau.

On reprend la dernière ligne de droite. Au fait, nous nous trouvons maintenant dans les limites de l’oued Kramis. Son lit se trouve à quelques dizaines de mètres de là. En été, il est le plus couramment à sec. On distingue sa trace par les galets déposés sur les bords de la plage par les crues des pluies d’hiver de l’oued. Depuis 2004, un barrage du même nom a été édifié en amont à une dizaine de kilomètres de son embouchure. Pour visiter le barrage de Kramis, d’une capacité maximale de 80 millions de mètres cubes, on peut remonter l’oued à travers une vallée majestueuse qui n’a rien à envier aux sites des beaux paysages des films du Far-West américain pour se retrouver dans une montagne, à admirer le barrage. Une vue superbe nous est offerte en cet endroit dessiné à la perfection par le bon Dieu. Le calme, le repos, la paix et la sérénité vous envahissent soudainement.

Revenons à notre source où nous poursuivrons notre chemin sur un peu plus de 2 kilomètres sur une route nouvellement bitumée en tapis. L’entrée de la plage est ornée par des petits drapeaux. Vous sillonnez 3 magasins saisonniers avant de tourner à gauche vers le camp de notre séjour. Vous vous croyez dans une émission de télévision française qui se nomme « Terre inconnue » pour ceux qui n’ont jamais eu l’occasion d’y séjourner. Nous allons humer durant une quinzaine de jours l’air pur et frais de la montagne, de la mer et de la forêt qui cernent de toutes parts ces lieux magiques conservées presque à l’état brut. Et de l’iode à gogo. Le soleil, le sable et les baignades journalières sont les autres bénédictions. Que dire de plus !

BIENVENUE À SIDI ABDELKADER BEACH

Le lieu est peint en bleu et blanc. Il a l’air de dater de l’époque de la fin du règne de Chadli. Il est composé de 3 types de cabanons qui vous semblent avoir été construits à la va-vite selon les moyens de l’époque et aussi grâce sans doute aux prix des matériaux de construction qui étaient plus abordables en ces temps. C’est la seule vitrine du tourisme estival de la commune. Il est dommage qu’elle ne soit pas assez exploitée par la commune afin de tirer des rentrées substantielles et de la plus rendre attractive. Attention, il ne faut pas user du copier-coller d’ailleurs sinon vivement qu’elle subsiste en cet état en attendant que les mentalités évoluent dans le bon sens.

Ce n’est pas le faste dans lequel baigne l’endroit mais il ressemble à ces maisonnettes que l’on construit en un temps record quand on ne possède pas un toit où loger pour mettre sa petite famille à l’abri avec de l’eau et de l’électricité et dont le toit est soit en zinc ou en tôle ondulée et où certaines fenêtres ont été récupérées des anciennes défuntes écoles du plan colonial de Constantine. C’est très rare que les portes et les fenêtres se ferment convenablement. On peut les défoncer en une toute petite minute. Faute de moyens, les vitres, qui ont été abimées durant l’hiver précédent ou les années d’auparavant, n’ont pas été remplacées. Les eaux usées sont déversées dans des fosses sceptiques qui sont vidées régulièrement par le service hygiène de la commune.

HADJI A LA BAGUETTE

Il faut noter que Hadji Laid, le responsable du camp sur le terrain et premier adjoint de monsieur plage, ne lésine sur aucun moyen en sa possession pour vous apporter toute l’aide nécessaire pour rendre quelque peu acceptable votre séjour. Je n’ai rarement vu un algérien aller ainsi en besogne. Il arrive au camp à 7h ou 8h du matin pour ne repartir chez lui que vers 20h, parfois tardivement aux alentours de 23h lorsque la situation l’exige. A midi, il prend juste un maigre casse-croûte acheté chez le gargotier «Cassane» du coin pour calmer son estomac. Le lendemain, il est debout à la première heure au travail, comme à son habitude toujours au four et au moulin. C’est vraiment l’homme à tout faire.

C’est vrai que le premier jour, on n’arrive pas à s’habituer. On quitte sa maison avec toutes les commodités pour se retrouver dans une nouvelle vie presque précaire mais vite oubliée par l’ambiance qui règne. L’important est d’avoir la mer à deux pas, peu importe l’inconfort. La première nuit est cauchemardesque pour ceux qui ne sont pas coutumiers à dormir avec des lézards et des araignées qui hantent les murs et les coins de votre demeure de circonstances. On arrive même à voir des grenouilles sautiller à l’intérieur  du provisoire domicile de fortune.

LA VIE AU CAMP

En arrivant ici, il ne faut surtout pas oublier des ustensiles très indispensables. Un marteau avec un demi-kilogramme de clous sont d’une nécessité absolue, un tournevis et des vis le sont également. Un demi-kilogramme de fil d’attache vous soulage d’énormes désagréments. Des cordes sont plus qu’obligatoires pour faire sécher votre linge et nouer vos draps ou des bâches pour protéger la cour contre le soleil. Un tuyau de 4 ou 5 mètres vous est salutaire pour remplir vos bassines se trouvant dans la courette. Vous ne pouvez pas s’en passer d’un réfrigérateur et bien sûr d’un réchaud à butane pour la cuisson. On a prévu les pastilles à moustiques mais ouf ! Heureusement qu’il n’y a pas une dans les parages. On dort vraiment à l’aise dans la tranquillité et le silence absolu jusqu’au petit matin.

Le matin, on se lave la figure juste à l’aide d’une tasse d’eau. Il n’y a point de lavabo. Après avoir pris le petit-déjeuner que nous voilà dehors pour une superbe journée ensoleillée. Le côté nature arrive à vous faire oublier l’aisance matérielle de la ville. La parabole, l’internet, Facebook, la radio, les journaux sont bannis à jamais dans cet univers vide de toute modernité. Même les bons « flexy » sont livrés avec le pain. Ils sont néanmoins remplacés par d’autres activités qui effaceront les stigmates des mauvaises habitudes de sédentarité. Depuis votre réveil jusqu’à tard la nuit, pas un instant de répit, c’est plein d’activités. Le soir, vous vous effondrez comme une planche sur votre matelas. 

La première chose à découvrir est votre nouvel environnement. Vous cherchez évidemment à faire connaissance avec vos voisins de la quinzaine. Pour mon bonheur, je tombe sur deux sympathiques familles. Les chefs de ces familles, Noureddine et Hocine, amis d’enfance, ont choisi de passer ensemble leurs vacances. Je ne vous dis pas qu’à chaque occasion, ils nous offrent des crêpes algériennes (beghrir) ou d’autres offrandes, par exemple comme de la confiture aux figues faits maison et dont vous en raffolez à volonté. A la fin de votre séjour, vous pouvez repartir, mine de rien, avec votre carnet d’adresses enrichis de nombreuses nouvelles rencontres.

En face de votre deux pièces-cuisine, vous pouvez planter votre tonnelle pour pouvoir recevoir vos invités surprises. Il faut être prêt à tout moment. Il peut vous arriver de passer la nuit à la belle étoile tout en appréciant un ciel comme jamais vous ne l’avez vu en ville, pollué par la lumière des lampadaires. L’ami Mustapha était vraiment aux anges surtout lorsqu’on se promenait le soir après le dîner au bord de la mer, contemplant par la même occasion ce beau ciel étoilé et son éclatante voie lactée.

Les soirées sont quelquefois animées par les sections scouts de Ouarizane, Ghardaïa, Djelfa, Oued R’Hiou et de Achaâacha qui campent dans des tentes installées sur des plateformes en béton dans un cadre à part du camp. Ils chantent et applaudissent toute la journée dans une ambiance bon-enfant. Le matin, nous sommes réveillés au son des chants des petits mômes qui font plaisir à voir, parfois au rythme des tambours. La chose qui m’a fait vraiment plaisir est cette prière du vendredi qui a été accomplie chez les scouts de Ghardaïa et qui a regroupé des algériens de toutes les régions du pays sans aucune distinction. Une belle image de l’Algérie, une et indivisible.

Dès la fin de l’installation dans le camp et l’établissement de nos nouveaux repères. Nous cherchons d’abord le sentier menant à la plage. Une fois décelé, c’est la course vers le rivage. Une fois le parasol installé, les chaises dépliées que nous nous hâtons à prendre notre première baignade. Au bout de deux heures et sans se rendre compte que la peau enflammée par le soleil devient toute rouge. Le coup de soleil vous atteint de plein fouet. Le soir, les premières douleurs commencent à se faire sentir. Que c’est dur quand on ne prend pas toutes ses précautions.

On pense le second jour à escalader la montagne qui mène au mausolée de Sidi Abdelkader situé sur la montagne surplombant la plage. C’est une ascension rendue presque obligatoire surtout pour les jeunes vacanciers. Sur l’autre mont à l’ouest, c’est un autre mausolée qui est visité par les initiés, c’est celui de Sidi Bouabdellah. C’est aussi un autre défi que tout le monde doit remplir. En bas, sur l’extrémité Est, il existe une argile dont on dit le plus grand bien et qui possède nous a-t-on dit différents remèdes pour la peau. A leur retour, les jeunes dames n’oublieront pas de faire le plein de la cargaison annuelle. 

Enfin, il faut constater que la commune a entrepris de construire un front de mer sur la plage. Pour cela, il faudrait surtout ne pas dénaturer le site par des ouvrages qui n’ont ni goût ni aucun sens tant qu’au point de vue culturel qu’estétique. La consultation des spécialistes est des plus primordiales.

AU REVOIR ACHÂACHA !

Une autre virée, celle de la visite de la tombe du saint Sidi Lakhdar Benkhlouf s’impose dont les festivités annuelles, coïncident comme chaque année avec la journée du Moudjahid mais l’intense circulation qui règne ces jours-ci nous dissuade de l’accomplir pour cette année par la crainte de tomber sur un embouteillage infernal.

Nous arrivons presque au terme de notre séjour. Le compte à rebours du retour est déclenché. Les adieux commencent à fuser. Certains se donnent peut-être rendez-vous pour l’année prochaine si nous serions encore de ce monde. On souhaite que les conditions soient de plus en plus meilleures pour ne pas subir les mauvaises surprises.  Nous quittons Achâacha presque les larmes aux yeux. Il nous sera difficile de se réveiller brusquement de ces merveilleux moments passés qui nous ont fait oublier le cauchemar de la ville en vivant très simplement dans une atmosphère des plus ravissantes. Où nous avons perdu la notion du temps et de l’espace. Nos gestes ne ressemblent plus à ceux d’il y a une quinzaine de jours. Nous avons un petit aperçu de ce qui nous attend chez soi tel que le cauchemar de ces 100 personnes tuées par la route en seulement une semaine ou la violence des stades avec la mort terrible du joueur camerounais Albert Ebossé. Allah yestor !

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