mercredi 4 décembre 2013

Michel Collon ou comment l'Algérie devrait se prémunir

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Article à paraître sur le quotidien d'Oran du jeudi 5 décembre 2013:
En format pdf zippé:http://www.lequotidien-oran.com/pdfs/05122013.zip
En format html: http://www.lequotidien-oran.com/?news=5191251
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Lu sur le blog de Michel Collon de retour vers son pays la Belgique à la suite de sa première visite de l’Algérie où il était un des invités du 18ème Salon International du Livre d’Alger, les impressions de celui qui affirme que l’Algérie a joué un grand rôle au point de départ de ses engagements [1].

Il écrit notamment dans ce papier qu’il avait eu de la chance en rencontrant deux « porteurs de valises » belges solidaires qui aidaient le FLN et la libération face à la répression de la France coloniale. Ses amis de l’Algérie résistante lui avaient alors recommandé le bouleversant petit livre d’Henri Alleg, « La Question », qui décrivait tout en dénonçant la torture pratiquée systématiquement en Algérie par l’armée coloniale. Il était même devenu par la suite un ami avec qui il avait animé différents conférences et des formations sur les mêmes thèmes.  Ce livre lui était donc d’un véritable déclic, comme il l’atteste dans cet article, dans sa vie militante ultérieure en changeant radicalement de cap, lui qui est issu d’une bourgeoise famille bruxelloise et néanmoins pro-israélienne au moment de la guerre de libération nationale. En 2008, dans l’émission « Ce soir ou jamais » de la chaine publique française France [2], il n’hésite pas de traiter l’état sioniste, d’état le plus raciste au monde.

Ceci pour l’introduction. Je pense que beaucoup d’Algériens connaissent Michel Collon qui est une des figures les plus en vue dans le monde, principalement dans l’espace francophone, dans sa lutte contre l’empire colonial et impérialiste. Le site Wikipedia [3] donne un aperçu sur cet homme dont son actuel combat est envers les médias-mensonges de l’occident qui utilisent toute leur propagande pour justifier leur entrée en guerre dans une coalition contre un pays qui dérange leur dessein expansionniste et son expropriation de ses richesses naturelles (les derniers en date : Irak, Libye, etc…). Il met à nu la désinformation au profit de la guerre qui diabolise l’adversaire avant de l’achever par les armes de destructions massives, chères à ces néo-colonialistes. Cette stratégie médiatique doit étouffer toutes les voies discordantes pour ne laisser diffuser que la loi du plus fort.

Dans l’émission phare du journaliste Frédéric Taddeï [4], sur France 3, presque le seul espace où il est le plus souvent invité, il lance cette pénible phrase qui a défrayé la chronique en son temps en déclarant que l’Algérie serait la prochaine cible évidente et naturelle de l’occident et son bras armé l’Otan. Notre pays serait donc dans le collimateur de ces puissances comme il l’a d’ailleurs affirmé avec arguments à l’appui dans le journal algérien « La Nouvelle République » [5].

Ce qui est intéressant de savoir, c’est comment se prémunir de telles guerres pour les pays visés. Michel Collon, qui est un ami de plus de 50 ans de l’Algérie, ne veut pas se comporter comme un donneur de leçons en seulement quelques jours de présence dans notre pays mais ne va pas par plusieurs chemins pour expliquer ses quatre vérités . « C’est aux algériens de trouver les solutions aux problèmes graves de leur pays ». S’il a rajouté l’adjectif « graves » aux problèmes multidimensionnels dans lesquels se débat l’Algérie depuis son indépendance chèrement acquise,  c’est certainement pour mettre en garde nos gouvernants actuels en laissant ces problèmes en leur état actuel et qui hypothèquent indéniablement son avenir proche. On a l’obligation et le devoir de les solutionner pour relever les énormes défis qui nous guettent à quelques mètres de nos frontières très fragilisées depuis que les révolutions dites arabes ainsi que les événements du Mali se font entendre.

Jugez-en plutôt puisque nous sommes à la croisée des chemins, à la porte d’élections présidentielles  qui sont entourées du flou le plus total pendant que les puissances de l’Otan jouent à échec et mat en observant minutieusement chacun de nos pas. Un seul accroc et les voilà voler à notre « secours ». Le loup ne sortirait ainsi plus jamais de la bergère.

Pour finaliser ce petit papier, je n’ai pas trouvé meilleure conclusion que ces lignes de l’article de l’ami de l’Algérie Michel Collon qui sonnent comme un testament laissé à son départ de l’Algérie dont on sent, à travers ses conseils, qu’il ne lui veut pour la postérité que la liberté, l’indépendance totale, le développement et la prospérité. Espérons que ces phrases lourdes de sens tomberaient sur des oreilles attentives de patriotes  jaloux de l’indépendance de l’Algérie une et indivisible qui survivrait aux passages des hommes. 

« De tout cela ressortent deux principes, il me semble :

1. Un pays ne pourra être fort et repousser les agressions que s’il s’appuie sur son peuple, s’il mobilise toute la population. Développer la justice sociale et la démocratie, la participation maximum de chacun, c’est l’arme suprême qui a permis à Hugo Chavez et Evo Morales notamment de vaincre les coups d’Etat, les menaces de sécessions, les opérations de déstabilisation, les tentatives de corruption. Se battre pour cela est la tâche des Algériens et de personne d’autre.

2. Quels que soient les problèmes et défauts d’un pays, jamais les USA, la France et compagnie ne sont la solution. Tout ce qui les intéresse, c’est faire main basse sur le pétrole, le gaz, les richesses en général. Ils ne sont pas la solution, ils sont le problème. Regardez l’Irak, la Libye, la Syrie, la Palestine !
C’est pourquoi résoudre les problèmes de justice sociale et de démocratie, combattre la bureaucratie et la corruption ne pourra réussir qu’en défendant bec et ongles la souveraineté de son pays face aux grandes puissances qui sont toujours coloniales. Et en s’unissant avec les peuples voisins afin de créer des alliances régionales solidaires qui permettent de résister ensemble. Donc, on se demandera toujours : qui cherche à diviser le Maghreb, quels intérêts se cachent derrière ces querelles provoquées ? ».

C’est à lire, à relire et à méditer religieusement.

Références:

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jeudi 31 octobre 2013

Enseignement: Entre la qualité d’hier et la quantité d’aujourd’hui

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Supposons que les coopérants enseignants étrangers, qui particulièrement européens exerçaient dans le pays au cours des années 70, revenaient subitement sur leurs traces d’hier pour reprendre leur métier après au moins 40 années d’absence.

Que penseraient-ils alors du niveau actuel de nos lycéens et de nos étudiants notamment par rapport à l’ancien temps ou comparativement aux étudiants des universités européennes d’aujourd’hui ? Quoique les moyens matériels d’hier étaient totalement dérisoires. En tous les cas, je ne souhaiterais pas être en leur compagnie lorsqu’ils découvriront le traumatisme éducatif que nous subissons. Je me sentirais certainement tout minuscule et humilié, non pas par complexe d’infériorité mais de ce qu’on a fait de notre enseignement.

Et pourtant, les étudiants du lendemain de l’indépendance des années 70, n’avaient absolument accès aux livres qu’en salle de bibliothèque universitaire avec seulement 2 ou 3 exemplaires par spécialité pour un nombre dépassant 4 sections d’au moins 200 étudiants chacune, à titre d’exemple à l’université d’Oran. Il fallait tout le temps pister son camarade qui rendait le bouquin recherché pour l’emprunter de nouveau le temps de quelques heures uniquement tel  un trésor précieux. Les documents étaient dans un état d’usage avancé par la force d’être abondamment feuilletés. C’étaient de vraies archives à classer. La plupart des étudiants se contentaient uniquement des cours et des travaux dirigés dispensés lors des séances hebdomadaires. Il n’y avait ni photocopieuse miraculeuse ni documents illimités qui sont diffusés sur le Net avec tous genres de livres, des cours des prestigieuses universités mondialement connus, ou des célèbres lycées, téléchargeables à souhait. De nos jours, je parie qu’il existe au fin fond des étalages de nos bibliothèques universitaires des bouquins empoussiérés qui n’ont jamais été consultés depuis la nuit des temps.

Hier, le stylo marchait à merveille, on écrivait à la main du matin au soir tout en assimilant les cours prodigués. Il ne fallait louper aucun détail car la répétition était bannie. Les questions ridicules étaient presque taboues. Il fallait tourner sept fois sa langue avant de poser une question. On recopiait tout à la main tous les documents fournis par les camarades de classe du simple ancien sujet au moindre exercice de travaux dirigés qui passaient sous les yeux. Il est vrai qu’on était tous entraînés en se servant des punitions d’antan avec l’écriture de 100 fois en autant de fois, par exemple du type : « je ne parle plus en classe ».

Les fameux bordas étaient une denrée très rare. La première chose à visiter lorsqu’on descendait le week-end en ville était de faire le tour des librairies étatiques et privées où on n’avait aucun choix sauf pour les ouvrages soviétiques de couleur rouge des éditions Mir qui garnissaient à satiété les vitrines.  Ils n’avaient rien de pédagogique, rien à voir avec les livres des éditions européennes ou nord-américaines avec ces dessins et représentations à vous couper le souffle mais chers et inabordables pour notre condition de parents à la limite de la pauvreté. C’était une différence entre le jour et la nuit.

Pour le lycéen que j’étais, il fallait user de son temps pour dénicher un ancien sujet du baccalauréat sans son corrigé bien sûr ni les annales qui se trouvent de nos jours à chaque librairie du coin ou ceux publiés dans les journaux. Pour la préparation des examens, on naviguait aveuglément. Il n’y avait ni cours privés, ni de soutien. On se contentait de ce qu’on faisait en classe du jour avec il est vrai des enseignants pleinement dévoués à la noble cause. Il n’y avait ni triche, ni complaisance. La volonté et la motivation y étaient présentes pour vous maintenir dans cet état de constante mobilisation.

L’Algérie venait de sortir du joug du colonialisme et ses enfants avaient soif de l’apprentissage et du savoir. N’est-ce pas qu’une grande majorité des enfants de l’indépendance ont été auréolés de grands diplômes d’enseignants, d’ingénieurs, de médecins et de docteurs universitaires issus de familles rurales et totalement analphabètes ? Toutes les compétences algériennes qui font le bonheur des hôpitaux et des universités à l’étranger ne datent-elles pas pour leur grande majorité de cette période bénie ? N’était-ce pas un miracle cette extraordinaire progression ?  Passer du néant à cette sensationnelle situation en un laps de temps.

Est-ce que les étudiants tardaient à l’époque de reprendre le chemin de l’université que vers la fin d’octobre après avoir avalé le mouton de l’aïd sans qu’ils soient traduits en conseil de discipline pour être expulsés après avoir au moins raté le quart du volume horaire des enseignements semestriels sans que l’on crie au scandale ? Sauf en médecine où l’on dispose des étudiants les plus brillants et disciplinés principalement par la branche qui donne de meilleurs atouts pour l’avenir. 

Est-ce qu’il serait possible pour un enseignant universitaire d’aujourd’hui de noter par un zéro absolu en devoir surveillé un tiers d’une section d’étudiants en physique de première ou de seconde année du cycle des sciences exactes à l’instar de chez Monsieur Bernard Held en physique atomique et nucléaire à l’université d’Oran sans qu’il soit menacé d’être renvoyé ou accusé de blocage des étudiants par l’administration d’aujourd’hui ? Pourtant Monsieur Held ne tolérait jamais qu’un étudiant entre en salle après avoir fermé derrière soi la porte d’entrée de l’amphithéâtre, c’était un silence de mosquée lorsque le cours débutait à midi. Le repas était automatiquement sacrifié sans que l’on rouspétait ou revendiquait le changement d’emploi du temps dont on n’avait d’ailleurs aucun droit de regard. Est-ce que les étudiants d’alors qui étaient parmi les plus lumineux de l’époque en mathématiques oseraient-ils de remettre en question leurs notes si ce n’est de se remettre à travailler davantage ? On ne demandait jamais à consulter nos copies sauf si l’enseignant décidait de nous les montrer dans l’objectif de nous dévoiler nos lacunes. Alors oser demander un point supplémentaire à son enseignant était senti comme une véritable hérésie ou un blasphème qui ne passait absolument par votre esprit. Par ailleurs, on ne signait aucune pétition pour la remettre au doyen et partir avant les fêtes de l’aïd sans que l’on nous donnait une autorisation officielle, prétextant un manque de moyens de transport à ne rien avoir avec ceux des années 70 à 80 où c’était un parcours du combattant.

Plus les examens se rapprochaient et plus on redoublait d’effort à réviser. On remplaçait le dîner en resto U par une simple omelette ingurgité à la va-vite pour ensuite veiller tard le soir grâce à une tasse de café noir et être debout tôt le matin identiquement à un soldat en mission recommandé. Si tu ne travailles pas bien à un devoir surveillé, tu n’as droit à aucun examen de rattrapage ni de système de compensation. C’était le quitte ou double à prendre ou à laisser. On n’arrêtait pas de trembler avant la distribution des sujets le considérant comme étant le plus décisif de son parcours d’études. L’ami Abdelkader Kenniche ne cessait de supplier son camarade Khaled, qui s’assoyait à l’examen sur une table plus basse que lui,  de cesser de vibrer sinon il allait lui-même, par son influence à distance, entrer en résonance par la transmission de l’inévitable crainte en tremblant de tout son corps ! Ce fût un temps où les études étaient la chose la plus importante, un visa nécessaire et indispensable pour réussir dans la vie.

Il n’y avait ni téléphone portable, ni kit-mains, ni Bluetooth, ni le copier-coller pour leurrer. A la moindre fraude, te voilà expulsé de la salle en sortant tête baissée avec un zéro à la clé et une traduction en conseil de discipline sans aucun moyen de recours de reconsidérer les mesures prises à votre encontre où vous pouvez risquer l’exclusion de l’année ou encore plus pire sans aucun recours ni circonstances atténuantes ni encore moins une minime intervention. Ni grèves des étudiants, ni influence du directeur et de ses adjoints, ni pression de là-haut ni message des autorités, ne venaient déstabiliser les décisions indélébiles prises en toute âme et conscience selon la réglementation en vigueur et en toute liberté.

Actuellement, vous risquez l’arrêt et la barricade des entrées avec des portes cadenassées de toute l’université sans que les autorités n’interviennent pour mettre de l’ordre et de la discipline en faisant respecter la loi. Touche pas au désordre ! Il ne faut pas être la cause de l’effet de la boule de neige qui peut prendre forme à n’importe quel instant surtout si nous sommes à portée de mains des élections. Il faut attendre que les instructions atterrissent d’en haut ! Quand on ouvre des petites brèches, elles s’ouvrent continuellement en devenant des boulevards où tout le monde s’y engouffre à satiété. Le calice jusqu’à la lie a été bu ces derniers temps où on permet aux fraudeurs à la dernière session du baccalauréat cuvée 2013 d’avoir gain de cause après avoir revendiqué sans aucune pudeur que leurs sanctions soient revues à la baisse, en les épongeant telles les dettes financières publiques et privées ! Dîtes-moi S’il Vous Plait, mes chers lecteurs, qu’est-ce qu’on encourage à travers ces nouvelles dérives ?

Les valeurs ne se sont-elles pas malheureusement inversées ? Après trente années d’une carrière où vous assistez chaque jour sans résistance à une tendance vers le bas. Vos étudiants de l’année 1983 ne ressemblent en aucune manière, ni de près ni de loin, à ceux de 30 années plus tard. Pourtant, vous n’avez pas changé d’un iota si ce n’est l’expérience en plus doublée de la dégringolade en sus. Malgré cela, vous vous sentez être le centre de l’embarras si vous ne changerez point dans vos jugements. Vous vous sentez être le dernier maillon de la chaîne qui résiste tant bien que mal à ce déluge qui est en train de tout détruire sur son passage. Tous les responsables vous regardent de travers identiquement au dernier gardien du temple. Tôt ou tard, vous subissez le même sort que vos prédécesseurs. Le bulldozer va indéniablement écraser tout sur son passage.

Lorsque des étudiants d’aujourd’hui veulent imposer le choix les enseignants qui leur dispenseraient les cours de leurs cursus en recherchant par là à obtenir par tous les moyens le diplôme que le savoir et la connaissance, vous vous soupirez en souhaitant votre retraite anticipée. Peu importe les méthodes, l’important c’est le papier qui ouvre grandement la voie aux carences relevées.  N’est-il pas réel que toutes les structures de l’état en souffrent péniblement de la formation bâclée. Si vous remettez un zéro sur une copie d’examen, vous êtes remis à l’ordre mais si c’était un 20/20, tous les responsables vous regardent du bon œil car vous leur évitez les réprimandes du supérieur hiérarchique et d’une pierre deux coups avec le poste in extremis sauvé. Tu te dis : où va le pays comme certains ne cessent de le hurler sans que les consciences soient en mesure d’être écoutées car leurs voix sont écrasées et rendues inaudibles par le brouhaha de la médiocrité. De nombreux enseignants ont abandonné la lutte et ont jeté depuis longtemps l’éponge pour ne se consacrer qu’à leur carrière et à leur butin. Ils ne soucient guère de ce qu’il adviendra. Par leur silence, ils sont devenus l’allié par excellence de ce système.

Faut-il condamner ces étudiants ? Non !  C’est tout ce système, en particulier, qui est à proscrire en voulant faire de l’école et de l’université qu’une grande garderie, assistée mais éloignée de tous les enjeux et en marge de tous les défis qui attendent le pays. Entre la qualité d’hier et la quantité d’aujourd’hui, il faut faire le choix en associant les deux. Le populisme et la démagogie ne riment à rien et n’ont aucun avenir sauf, tôt ou tard, que le mur infranchissable à rencontrer.

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mercredi 9 octobre 2013

Pauvres administrés que nous sommes.

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Article à paraître dans les colonnes du Quotidien d'Oran du Jeudi 10 Octobre 2013 que vous pouvez consulter également sur les liens suivants:
- en format html:http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5188920&archive_date=2013-10-10
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Quoique vous fassiez, quoique vous preniez comme précautions, quoique vous envisagiez, quoique vous tentiez de l’esquiver, quoique vous essayez de l’amadouer, quoique vous seriez en situation réglementaire, elle ne vous lâcherait pas si elle vous attraperait entre ses tenailles, elle vous mettrait ko avant d’essayer de lui échapper, elle vous épinglerait à son tableau de chasse tel un beau trophée, elle vous aurait au tournant si jamais vous risquerez de tomber entre ses mortelles griffes. Elle vous abattrait d’un coup de massue à vous envoyer voir les mauvaises étoiles dont vous vous souviendrez très longtemps avant de quitter ce monde. Attention donc à celui qui oserait la défier.

Elle, l’incontournable, l’indéniable, la puissante, qui sans elle vous êtes bloqués jusqu’à ce qu’elle daigne vous entrouvrir enfin ses portes blindées après d’incessants va-et-vient malgré que vous chercheriez à bénéficier d’un coup de pouce pour vous faire délivrer le papier nécessaire, l’emploi ou la fonction désirée, l’air complètement essoufflé mais enfin bienheureux, après un parcours digne d’un combattant dans une jungle infectée de carnassiers.

Attention, vous ne seriez pas au bout de vos peines ! Mais c’est qui elle ? Celle qui est décrite tel un ogre qui bouffe tout sur son infernal passage. Sans doute, à la lecture de cette description plus ou moins succincte, vous avez une idée sur elle, sur son immense poids et son pouvoir illimité. On n’arrête pas de parler d’elle qu’on évoque tous les jours en chaque coin de discussions en mimant au bout des lèvres ou en cachette. Elle n’arrête pas de faire presque tout le temps la une des journaux, pas en héroïne mais en un mur muet qui se dresse à votre figure lorsque vous l’abordez. Elle est aussi décriée autant par les administrés que par les formations politiques. Lors des échéances électorales. Elle s’est érigée en un véritable système qui permet à certains de l’utiliser à profusion pour accéder aux différents sésames et pouvoirs dans le pays.

Pendant le mois sacré du Ramadhan, elle deviendrait plus pire en tournant au ralenti et en somnolant toute la journée. Au lieu que les administrateurs rejoignent avant à 9h pile leurs bureaux, ce n’est que vers 9h30mn qu’ils commenceraient enfin à se réveiller lentement de leur long sommeil alors que l’administré qui se présenterait le jour de réception bien avant l’ouverture des grilles, resterait longtemps à moisir avant qu’on daignerait enfin lui ouvrir les portes et le recevoir. Et quel accueil désagréable à celui qui se présente le premier au matin ! Malheur à celui qui oublierait un papier, il tomberait immédiatement dans son piège en lui demandant de revenir la prochaine fois avec le document omis. Et rebelote à l’infini.

A la rentrée des portes, c’est le planton qui vous renvoie en vous posant de tas de questions jusqu’à terminer par vous décourager. C’est le premier difficile obstacle à affronter même si vous feinterez de ne pas l’apercevoir et l’ignorer. Il a de l’expérience l’œil très vigilant. Il ne vous raterait pas en visant bien la personne ciblée. Il hume sa victime à cent mètres à la ronde. Il ne lâcherait jamais sa proie surtout s’il sentirait qu’elle est désarmée devant son inlassable questionnaire. Vous vous dîtes : ouf ! Je l’ai échappé belle. Une fois à l’intérieur, vous êtres trimbalés de bureau en bureau sans savoir où se donner la tête avec un service d’information des plus déplorables dont on ne sait pas s’il est fait exprès. Après avoir été lessivés de tous les bords, vous vous résignez à abandonner la partie pour espérer avoir de la chance en revenant le lendemain car celui qui pourrait régler votre situation est en mission indéfinie. Son remplaçant n’est pas là pour signer, il sert juste de remplissage du siège avec la responsabilité et l’honneur en moins. Il faut attendre que le patron revienne pour opposer sa signature comme le messie.

Avant de voir le directeur, il faut subir l’incroyable enquête de la secrétaire qui fait la pluie et le temps. Elle est devenue par la force des choses et l’usurpation des prérogatives la directrice bis ou l’adjointe sans pour autant figurer dans un décret. Vous avez enfin et après de multiples tentatives le grand privilège d’accéder à l’immense bureau du patron tout en étant ébloui par l’immobilier et le faste dans lequel il baigne dans son royaume secret. Une fois à l’intérieur, vous pouvez s’attendre à toutes les surprises et tous les supplices. Cela dépendrait de plusieurs facteurs et de l’humeur du moment. C’est la roue de l’infortune ou la fortune à l’algérienne.


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mercredi 2 octobre 2013

Le compte à rebours se serait-il déjà déclenché ?

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Article à paraître dans les colonnes du Quotidien d'Oran du Jeudi 3 Octobre 2013 que vous pouvez consulter également sur les liens suivants:
- en format html:http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5188578
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« Nulle raison ne pourrait justifier le mensonge »
Anton Tchekhov, Ecrivain russe [1860-1904]

 Si à l’instant même où j’écris ce papier, on donnerait brusquement la possibilité à nos jeunes de pouvoir quitter le pays sans le moindre sésame du visa, combien le feraient-ils sans hésitation et sans aucun regret de retour ? Je serais offusqué et en même temps très triste de découvrir les résultats du choix de notre jeunesse. Quoiqu’elle soit actuellement assistée par tous les moyens à travers les facilités incroyables des prêts ANSEJ inimaginables sous d’autres cieux dont la majorité considère, à juste titre, qu’il ne s’agit que de leur petite part de la grande tarte de la rente. Autant en profiter au maximum de l’aubaine comme tous les autres citoyens. 

Si elle opterait d’aller voir ailleurs, c’est qu’elle ne croit pas à son avenir dans ce pays où tout est virtuel et où rien n’augure à la quiétude, à la confiance et à un futur des plus radieux. Donc elle serait tentée de s’aventurer vers le nord, cela démontre qu’elle ne croit plus à un redressement du pays car elle n’a jamais été directement associée au projet. Elle ne prête non plus d’attentions aux chants de sirènes qui défilent inlassablement tous les jours au JT de 20 heures de l’unique. Elle n’éprouve que de la méfiance envers nos gouvernants si leur politique reste en l’état des choses. Elle sait que tout ce que nous vivons actuellement pourrait s’écrouler d’un jour à l’autre sur nos têtes si ce n’est que le compte à rebours vers la descente aux enfers se serait-il déjà déclenché. 

LA DESCENTE AUX ENFERS !

Une baisse des exportations suite à un tarissement des hydrocarbures ou une dévaluation du prix du baril sur le marché international sur lequel tous les algériens ont les yeux rivés, et ce serait la déroute nationale. C’est pour cette raison économique, doublée d’une incertitude politique et d’un marasme culturel et multidimensionnel généralisé que nos jeunes veulent fuir le pays comme la peste. Ils voient tous construire leur nid ailleurs, du fils d’un membre de la nomenklatura jusqu’au fils du plus pauvre des algériens. Le premier par la voie royale des airs avec un compte en banque bien garni en fortes devises, le second par la barque de fortune avec quelques sous pour survivre le temps de la traversée au péril de sa vie.

Ce ne sont pas uniquement les jeunes mais les moins jeunes ont aussi cette envie par peur de l’avenir de leur progéniture. Même les anciens cadres préparent leur avenir à l’étranger à partir de ce qu’ils engloutissent au pays. On essaie de vider le plus ce pays de ces ressources pour un placement gagnant au-delà des mers comme l’ont montré ces derniers temps les scandales à répétition à nous couper le souffle sur la dilapidation des biens de ce pays. On tente de subtiliser le plus d’oseille à ce pauvre pays pour la mettre au chaud dans un banque en suisse particulièrement sous des prête-noms divers dont on pourrait jouir au moment venu durant les années maigres mais où tout serait volatilisé et qu’il ne resterait plus rien à soutirer de cette terre maltraitée.  

Lorsqu’on lit sur la une des journaux que la balance commerciale, qui exprime la valeur de ce que nous exportons retranchée de celle que nous importons, dont les chiffres étaient récemment publiés par le Centre National de l’Informatique et des Statistiques des douanes [1], affirme que pour les huit premiers mois de 2013, elle a chuté de 9 milliards de dollars, contre plus de 16 milliards l’année dernière. Si l’on continue à ce rythme, ce serait un manque à gagner de 10 milliards et demi de dollars sur toute l’année ! Personne ne pourrait prédire ce que serait 2014 sur sa boule. Même l’importation des médicaments qui menace la santé des algériens et dépendante à 70% de l’étranger, est en baisse flagrante comme le montre cruellement l’article paru récemment dans le Quotidien d’Oran [2].Vu la décroissance actuelle qui a déjà abordé la chute infernale vers le bas, aucune politique basée sur la démagogie ne pourrait nous sauver de l’abîme.  On ne peut que s’inquiéter lourdement face à cette nouvelle situation désastreuse qui pointe comme une fatalité à notre horizon. 

UNE POLITIQUE AU JOUR LE JOUR !

L’Algérie vient de rater encore une fois l’occasion de sortir du piège qui prône une politique productrice de richesses permanentes mais là, le pays importe tout, de l’aiguille jusqu’aux avions en passant par les allumettes pour s’auto-immoler. Les barons de l’import se sont sucrés à outrance aidés en cela par des textes incitateurs en introduisant de nouvelles mœurs de consommation dont il va falloir désormais s’en débarrasser au plus vite si l’on veut survivre dans un avenir sombre qui avance à grands pas. Même l’eau et le pain ne peuvent être assurés avec des caisses qui vont se vider à la célérité à laquelle elles s’étaient remplies. Ce n’est pas à un scénario catastrophe que je décris ici mais c’est ce qui pourrait arriver à un pays qui veut vivre au-dessus de ses moyens. C’est un choc de guerre qui nous attend et dont on n’a pas su se préparer à l’affronter avec les armes élaborés par notre labeur. 

Rappelons-nous ce qui arrive actuellement à la Grèce et à l’Espagne. Heureusement pour ces deux pays, il y a cette solidarité sans faille des autres pays de la zone Europe qui est là pour amortir le choc. Qui est-ce qui va nous aider alors si jamais nous serions dans cette situation analogue ? Pourrions-nous alors garder notre relative indépendance sans perdre une seul once de notre liberté limitée. Je sens que les prédateurs ne nous lâcheraient pas et vont nous dévorer comme des bêtes féroces sans aucune vergogne dès le moment que l’on perdrait toute notre autonomie pas seulement alimentaire. Le pays aurait 40 millions de bouches à nourrir avec toutes les conséquences chroniques qui nous guettent comme un cauchemar avéré.

Pendant ce temps-là comme disait l’autre, on continue à bricoler avec des programmes au jour le jour pour gérer les problèmes hasardement comme ils viennent sans une visibilité ni à moyen ni sur le long terme. On sent qu’on ne gère pas un pays mais une véritable poudrière. Le seul moyen de sauver ce pays, c’est de revenir à la base où les citoyens acquièrent cet affranchissement qui les libère en les impliquant davantage dans la vie politique et sociale pour qu’ils puissent sentir la lourdeur de la responsabilité individuelle et collective. Savez-vous ce qui se passe dans le pays ? Les gouvernants successifs depuis l’indépendance, grâce à la rente pétrolière, assurent le remplissage du tube digestif des algériens qui ne réfléchissent plus de ce qui se trame là-haut chez nos chefs, qui n’auraient aucun compte à rendre si jamais la situation économique s’empirerait. Sauf peut-être à l’histoire. Avons-nous un jour vu un ministre ou un wali présenter son bilan en quittant ses fonctions à la tête d’un ministère ou d’une wilaya ? On partirait allègrement les poches pleines et les mains lavées de tous soupçons. 

C’est pour cette raison qu’il y a cette frénésie chez une grande majorité des algériens à prendre le large pour ne pas assister au déluge lorsque le cyclone frapperait à bout portant le pays. Avec les politiques actuelles, on est entrain non seulement d’hypothéquer l’avenir des algériens mais celle d’un pays pour lequel les martyrs se sont sacrifiés par leur sang pur sans aucune arrière-pensée de ce qu’il adviendrait après 62. Être un responsable ou un élu, c’est une tâche considérable à assumer devant l’histoire de ce pays. Gouverner de la sorte, c’est gager son futur. 

DES SURPRISES ! OUI. MAIS DES MAUVAISES.

Arrêtez s’il vous plait de propager des mensonges. On ne construit que sur du faux à travers de tels canulars. Il y a quelques années, l’ancien ministre de l’éducation nationale qui a été heureusement déboulonné après nous avoir mené la vie dure et les problèmes qui les a laissés en sont une de ses marques indélébiles qui traînent encore aux portillons de nos écoles, alors cet ancien ministre avait lancé la campagne de planter 8 millions d’arbres par les écoliers. A part l’effet d’annonce, personne n’a jamais vérifié si cette farce ait été réalisée. Il n’y pas plus tard que septembre 2012, l’ancien ministre de l’environnement qui vient d’être affecté dans un autre ministère dans le dernier remaniement gouvernemental, avait quant à lui lancé une autre boutade [3] en annonçant que les algériens vont avoir des surprises dans quelques semaines en parlant de l’éradication du marché informel et du nettoyage des villes en commençant par la capitale, vitrine du pays. Il a même eu le culot de demander aux algériens de patienter seulement deux ou trois mois pour voir les choses changer. 

Une année après et en ce début du mois d’octobre 2013, le rapport du britannique l’Economist Intelligence Unit [4] vient de le contredire de façon impitoyable en classant Alger à la catastrophique 6ème place dans le top 10 des villes mondiales les plus invivables, derrière Damas (Syrie), Dhaka (Bengladesh), Port-Moresby (Papouasie-Nouvelle Guinée), Lagos (Nigéria) et Harare (Zimbabwe). Figurez-vous, à cause de quoi ? L’une des raisons principales étant la saleté qui sévit dans la capitale [5]. C’est à forte raison que les jeunes algériens continuent à fantasmer de prendre les airs pour aller vivre à Melbourne, Vienne ou Vancouver pour les plus nantis, de braver les mers pour les plus pauvres à espérer rejoindre Alicante, Marseille ou Naples.

RENTRÉE UNIVERSITAIRE : ASSEZ DE BOUTADES SVP !

Passons à une autre invention de nos laboratoires de la semaine et non des moindres. En effet, j’ai lu ces derniers jours dans les colonnes du quotidien national El-Khabar [6] que selon une source du ministère de l’enseignement supérieur, les étudiants ont rejoint à 90% les bancs de l’université ! Mais si vous voulez vérifier cette assertion sur le terrain, vous vous retrouvez devant un gros dilemme impossible de passer inaperçu. Lorsqu’un parent d’étudiant lit sur la convocation de son fils que la date de délivrance de la chambre en cité universitaire est pour le 16 octobre, il ne pourrait que douter de cette incroyable fantaisie. Le chiffre inverse de 10% n’aurait choqué personne d’autant plus que les 1,3 millions d’étudiants touchent l’entourage de presque toute la population algérienne. On se retrouve encore une fois devant une incrédulité signée et approuvée qui toucherait la crédibilité de tout un secteur. Peut-être que certains chefs d’établissements universitaires zélés voudraient faire plaire en gonflant les chiffres difficiles à vérifier au nouveau ministre qui vient d’être fraîchement installé.

Quant aux étudiants, ils ont déjà fixé leur rentrée qui serait selon des sources officieuses après l’Aïd El-Kebir après avoir bouffé le mouton et en gâteau sur la cerise une bonne partie des enseignements. Tout le monde est au courant mais personne n’ose en parler par la crainte de subir les conséquences en naviguant à contre-sens du discours officiel. Pourquoi continuer indéfiniment à délivrer  des messages inadmissibles pour faire avaler la pilule à l’opinion publique ? On ne pourrait bâtir une université et un pays sur la base de ces calomnies. Faisons quelque chose avant qu’il ne soit trop tard. 

Il aurait fallu dire peut-être simplement la vérité pour pouvoir sensibiliser les citoyens sur la perte de tous les privilèges s’il l’on continue dans cette voie dangereuse qui nous enverrait tôt ou tard directement comme le mur. Pourquoi nos responsables n’aiment pas entendre et analyser les chiffres réels ? Ça pourrait se comprendre qu’ils veulent garder leurs sièges mais pas au détriment de l’avenir du pays. Ils sont aux anges lorsque leurs subalternes leur concoctent des duperies mais gare à l’effet boomerang qui ne tarderait pas à se retourner contre toute la fragile pyramide. Les exemples en sont nombreux. Pourquoi veulent-ils continuer à vivre dans ces feuilletons de science fiction sans fin ? Un feuilleton perdrait de sa saveur si le nombre de ses épisodes s’éterniserait. La réalité finirait toujours par rattraper que ce soit pour les morts ou les vivants.

-Références:

mercredi 4 septembre 2013

Le bug universitaire

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Article à paraître dans les colonnes du Quotidien d'Oran du Jeudi 5 Septembre 2013 que vous pouvez consulter également sur les liens suivants:
- en format html: http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5187284
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Prévenu par un post d’un ami au sein d’un groupe sur Facebook sur ce qu’il a visualisé sur un site internet de l’établissement universitaire de la ville, je me suis tout de suite dirigé vers Google en lançant le mot-clé approprié à la recherche du dit malmené portail Web. Quelques secondes plus tard, je reçois comme pressenti la catastrophe en pleine figure devant mon écran l’air totalement médusé et avilissant. Effectivement, ce que je perçois devant mes yeux écarquillés est indigne d’un centre universitaire à la constatation des titres à la une sur la page d’accueil, truffés de fautes d’orthographe et de grammaire élémentaires à faire vomir plus d’un. Si vous êtes un adepte de la langue de Molière, vous abandonnez sur le champ toute recherche éventuelle d’une information quelconque en commençant à se poser des questions sur la réputation et le sérieux de la maison supposé être d’un niveau académique appréciable. N’en parlons pas de ces pages qui n’ont subi aucune mise à jour depuis des lustres ou la découverte de pages affreusement vides ou estompées en cliquant sur les liens souhaités.

Ces faits ne sont certainement que les conséquences de l’ouverture tout azimut d’établissements universitaires à la va-vite en dépit des faibles moyens techniques et d’encadrements qui laissent à désirer. Des enseignants recrutés malgré un maigre niveau avéré de leurs compétences à la suite d’une formation cocotte-minute encouragée par des responsables universitaires harcelés et affolés par la loi du nombre au détriment de la qualité avec une incessante fuite en avant.  Un établissement de surcroît universitaire, ce ne sont pas uniquement des murs et des beaux bureaux pour les responsables et administrateurs, dotés d’un mobilier de dernier cri et onéreux acquis aux frais du gaspillage des fonds du trésor public rentier à faire envier les plus prestigieux recteurs d’universités occidentales et asiatiques.

Comme pratiquement toutes les pages d’accueil des sites des institutions officielles algériennes sont rédigées en langue française, c’est donc vers ces pages là que vous êtes orientés en cliquant sur le lien de l’adresse principale à la visite du site Web de l’établissement en question. Ne soyons pas surpris si d’ici une année ou deux, ce centre universitaire serait affublé et accablé du titre d’université par décret avec on ne sait quels critères pour faire ce saut qualitatif par on ne sait quel miracle. En tous les cas, il ne ferait qu’emprunter le chemin tortueux de ses prédécesseurs qui sont passés par cette voie express. C’est pour cette raison que j’évite d’indiquer ici l’adresse URL de son site car il n’est pas le seul promoteur ni l’exception de cette dérive académique.

Même un site d’un quelconque amateur de la toile ne pourrait se permettre de se mettre dans une telle dérision. Et dire qu’il s’agit d’un site officiel universitaire ! Je tombe vraiment des nues en se sentant tout minuscule devant mes camarades de mon groupe Facebook, complètement embarrassé par les remarques désobligeantes mais indispensables devant de telles lacunes impardonnables et indéfendables. La meilleure manière de sauver la face est donc de dénoncer ces défaillances en toute âme et conscience et non rallonger inlassablement la liste des experts démagogues dont pullulent notre pays car il s’agit là de la crédibilité non seulement à l’échelle nationale mais encore plus pire à l’échelle internationale d’institutions universitaires censées être à l’avant-garde intellectuel et scientifique du pays.

Le portail internet d’une université est avant tout une image de marque à construire et à préserver mais malheureusement vite ébranlée à la vue de toutes ces tares. C’est un moyen de mesure à distance de ses capacités scientifiques et d’un savoir technique à faire valoir. Une grande importance doit être donc donnée à ces entrées électroniques dont le cachet officiel est devenu indéniable sous d’autres cieux. Est-ce que les responsables concernés locaux ou nationaux aient pris la peine de jeter ne serait-ce qu’un quelconque coup d’œil sur leur contenu pour donner leurs avis et l’autorisation sur la mise OnLine de ces sites ? Ou bien l’on ne traite de tels sujets que par de superficielles banalités. La question reste toute suspendue.

Par ailleurs et sur un autre registre, lorsqu’on lit sur les journaux que le directeur général de la recherche scientifique et du développement technologique avait donné dernièrement rendez-vous à la presse en l’appelant à demander des comptes à sa direction à partir de l’horizon 2020 [1], j’ai la crainte et au risque de décevoir Monsieur le DG que ce défi ne serait qu’une autre illusion supplémentaire au vu du délabrement actuel de l’université algérienne. En effet, j’aimerais être de cet optimisme surabondant et bien croire qu’en six ou sept années, l’université algérienne pourrait se relever des profondeurs du classement mondial mais le doute m’envahit de nouveau de par les légendes indélébiles de notre système. Ce n’est pas moi qui l’affirme mais de nombreux universitaires le font souvent tout au long de l’année sans que la sonnette d’alarme soit déclenchée. Les derniers articles en date à avoir consulté sont ceux de Aissa Heireche [2], de Dr Malika Rebai Maamri [3] ou de Dr Ali Derbala [4]-[5] et de bien d’autres…qui sont riches en enseignements sur la déliquescence chronique de notre université.

Je pense qu’on ne peut espérer grand-chose si les choses resteraient en cet état de carence persistante avec des responsables incompétents sur tous les plans et un système en constante déperdition. Diriger une université, ce n’est pas être comparativement nommé à la tête d’une auberge délabrée. Ce n’est pas cependant qu’un privilège de plus pour fructifier et amplifier ses propres affaires personnelles mais c’est une énorme responsabilité non pas seulement honorifique à assumer et qui devrait peser lourdement sur les épaules.

Il faudrait dès à présent songer à remettre en cause le système de ces nominations tirées miraculeusement du chapeau selon les entrées et les connaissances des uns et des autres et qui n’est sans doute pas étranger à cette situation usante et décourageante à plus d’un titre. Le salut ne pourrait venir que d’une démocratisation des structures universitaires afin que la communauté prenne entièrement ses responsabilités qui devraient être les siennes avec une activité débordante et non comme elle l’est actuellement avec cette passivité déconcertante.

Quand on pense également que ce centre universitaire, par qui l’inspiration de ce papier en soit la cause, dispose depuis quelques années déjà d’un département de français à moins que des enseignants sollicités aient été chargés de corriger ces erreurs mais dont le niveau académique reste à prouver et dont on regrette amèrement celui de nos maîtres d’école d'antan au vu de ces gaffes orthographiques mineures enregistrées sur ce site. Heureusement que parmi eux, de nombreux ne sont plus de ce monde, sinon ils auraient crié au scandale ! Ce qui démontre encore une fois de la façon la plus flagrante du niveau des enseignements dispensés sans oublier la formation à la pelle de ces pauvres étudiants sacrifiés qui subissent le calvaire régnant avec cette invalidité quasi-formelle.
Puisqu’on nous affirme que la visibilité de la recherche scientifique se fasse à partir des traces des travaux laissés sur le Web à travers les différents portails des universités mais la médiocrité des pages d’accueil peut faire fuir plus d’un représentant des institutions internationales qui établissent les classements des universités mondiales à l’instar de celui de la célébrissime université de Shanghai [6] ou d’autres [7]-[10] qui nous donnent des sueurs froides et des nuits blanches aux responsables à la proclamation annuelle de leurs poignants résultats attendus par toute la communauté universitaire planétaire afin de juger de l’état d’avancement de ses recherches et du niveau atteint par leurs établissements universitaires.

En attendant mieux, que les universitaires de ce pays se mobilisent pour tenter de sauver de ce qu’il en reste de l’université algérienne avec de véritables réformes adéquates avant que le naufrage l’emporterait et l’enterrerait définitivement au grand bonheur de ses pourfendeurs et des ennemies de tout redressement scientifique et culturel dans ce pays.

Références :










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mercredi 22 mai 2013

Des vacances ! Pour quels labeurs ?


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Article à paraître dans les colonnes du Quotidien d'Oran du Jeudi 23 Mai 2013 que vous pouvez consulter également sur les liens suivants:
- en format html:http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5183282
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Ça y est, chers lecteurs, mon fils lycéen de première année secondaire est en vacances d’été mais malheureusement en plein milieu du printemps ! Il est au repos depuis exactement le jeudi 16 mai à l’issue des compositions du dernier trimestre expédiées à la célérité de la lumière en cinq jours. En un quart de tour, la plupart des lycées du pays se sont donc vidés de leurs élèves tous niveaux confondus au grand dam des parents et à la grande satisfaction des responsables qui vont empiler une fois de plus une nouvelle belle couche, comme c’est la tradition, en mettant l’accent sur la totale réussite dont le grand mérite revient aux réformes entreprises et en poussant, comme c’est la coutume habituelle, la caricature jusqu’à nous ressasser sans cesse les progrès légendaires de l’école algérienne.

Quant à ces milliers d’associations de parents d’élèves, elles rasent les murs au moment où on a besoin de leur présence, en jouant parfaitement le rôle du mort. Elles ne réapparaissent pour la majorité d’entre-elles que lors des grandes occasions avec costumes et cravates aux cérémonies de distribution des prix aux côtés des responsables en vantant à tout-va les vacances tant méritées après une dure année de labeur. En tous les cas, je ne me rappelle pas avoir reçu en tant que parent d’élève la moindre invitation depuis une assez bonne décennie à y assister à leurs assemblées générales comme le dictent clairement tous les statuts. C’est comme si on voudrait éviter les observations et les remarques désobligeantes des parents et où tout doit être peint en rose. D’ailleurs on ignore comment leurs bureaux se sont-ils renouvelés en l’absence des parents si ce n’est en catimini avec une sélection en amont ou comment se sont-elles mises en conformité avec la nouvelle loi sur les associations ?

Pourtant sur le portail internet du ministère de l’intérieur [1], leur nombre, à la date du 31 décembre 2011, est exactement de 14891 sur tout le territoire national juste derrière les associations religieuses et sportives, soit aux alentours de 16 % sur le total des associations locales agréées. Mais leur silence est très pesant et suspect en même temps. Le doute vous envahit en ne sachant pas si elles militent pour l’intérêt et la progression des élèves ou pour leur régression. On devrait plutôt distribuer des blâmes à notre école en s’interrogeant si on avance comme on nous le miroite ou si on recule comme le montre cruellement la réalité sur le terrain.

Cela fait marrer quand on lit sur les colonnes des médias que le ministère de l’éducation met  en garde les établissements scolaires contre l’avancement des dates des examens de fin d’année en fixant même le 19 mai comme la date limite inférieure du début des compositions pour tous les établissements. Cela constitue un véritable affront que de ne pas se soumettre aux directives du ministère. Personne ne sait pas si ces catastrophes pédagogiques sont signalées par les académies à leur tutelle car on n’a aucun écho de ces dérives ni à la une de l’Entv ou dans la presse écrite ni sur les sanctions promises à l’encontre des fautifs, comme s’il s’agissait de faits isolés.  Cela démontre de façon la plus flagrante que les choses sont gérées au jour le jour sans aucune programmation. La politique du court terme continue inlassablement son chemin.     

Plus on s’en débarrasse des élèves et plus on est tranquille semble la solution idoine pour ces « éducateurs » des temps nouveaux qui n’hésitent pas à enfoncer encore plus l’école algérienne. Comme la prochaine rentrée des classes se ferait vraisemblablement le dimanche 8 ou le 15 septembre et tout en  connaissant le fonctionnement et les traditions néfastes sur l’école algérienne, les cours ne vont certainement débuter « douga douga » qu’une grosse semaine plus tard. Si on fait les comptes, mon fils va prendre au moins 4 mois de vacances !  Le trimestre d’enseignement se réduit fatalement au moins de sa moitié.

Puisqu’on a l’habitude pour des raisons historiques de regarder au nord vers la France, allons voir ce qui se fait chez elle en visitant le site de son ministère de l’éducation [2]. On découvre qu’on ne parle nullement de rentrée des vacances et départ en vacances mais de reprise et de fin des cours. Pour cette année, la fin des cours est programmée pour le samedi 6 juillet alors que la reprise des cours est fixée pour le lundi 3 septembre. C.-à-d. plus d’un mois et demi après les nôtres ! Le même site gouvernemental précise que les élèves qui n'ont pas cours le samedi 6 juillet sont en congés la veille mais après avoir assisté aux ultimes cours. On enregistre également que le ministère de ce pays se préoccupe de l’insignifiant rattrapage d’une négligeable demi-journée de cours. On discerne clairement que contrairement à notre système éducatif, c’est l’acquisition du savoir qui prime en premier lieu. Les cours reprennent après les examens tandis que chez nous, ils sont significatifs de départ en vacances. Chez soi, on pense d’abord aux notes et exclusivement aux notes sans ne se soucier guère des connaissances acquises tronquées de leur incontestable sève.

Je ne voudrais pas être déçu davantage en soulignant que dans le pays, on continue de discourir, sans aucun état d’âme, du seuil des cours effectués, la fameuse « 3ataba » [3] qui est devenue une équation incontournable dans le système éducatif algérien et sans doute le mot-clé le plus cité parmi les élèves de terminales et les responsables du secteur en chaque fin d’année scolaire. Soulignons qu’en France, qui notons-le au passage n’est d’ailleurs pas une référence en la matière comparativement aux pays scandinaves, les épreuves du baccalauréat ne débuteront que 15 jours plus tard par rapport au nôtre. Il n’est question, chez eux, ni de « 3ataba » ni d’objectifs non atteints. Tout est programmé pour assurer tous les enseignements préparés par les experts de l’éducation. Par ailleurs, on  ne peut que se poser la question sur les réels pourcentages des autres programmes qui n’ont pas été achevés depuis la nuit des temps surtout lorsqu’on sait que les élèves des premières et secondes années secondaires ont déjà été lâchés dans la nature. On continue la descente vertigineuse aux enfers.

Tous ces programmes inachevés au lycée ramènent à l’université des flots d’étudiants avec énormément de lacunes où un étudiant de première année scientifiques ne saurait résoudre une simple intégrale. Il n’est nullement question ici d’imputer ces déficiences aux étudiants mais au système qui s’est érigé en maître absolu qui ne permet aucune opposition. La responsabilité est absolument partagée par tous les acteurs du secteur. Et l’accumulation des insuffisances s’entasse davantage pour le pauvre étudiant dont le niveau baisse infernalement. Au lieu que le nivellement des compétences se fasse par le haut, c’est dommage qu’il n’arrête de s’accrocher vers le bas.
Au fait pour la meilleure université du pays, les cours du premier semestre ne débuteraient que vers mi ou fin octobre, au moins pire vers mi-novembre nonobstant les cités universitaires qui n’ouvrent généralement leurs portes que vers la mi-octobre et les restos universitaires bien plus tard.

Pour ceux qui ne le savent pas, le cursus du LMD prévoit un semestre de 15 semaines de cours et une semaine consacrée aux examens. Faites le compte et vous verrez que jamais au grand jamais l’enseignement supérieur ne pourrait assurer cette norme pédagogique dans les conditions de gestions actuelles. Si l’on arrive déjà aux deux tiers des programmes, on ne peut que se féliciter de la prouesse réalisée. On va donc naturellement chevaucher sur le second semestre sans omettre de signaler la semaine bloquée des examens de rattrapage du premier semestre qui ne vont pas se faire à la fin des journées des cours mais vont s’effectuer en lieu et place des séances de ce malmené deuxième semestre.

Ah ! Cette sacrée semaine bloquée qui est une merveilleuse trouvaille de l’université algérienne où les étudiants revendiquent même à suspendre les cours durant la semaine d’avant pour partir se préparer chez eux. Une fois les examens finis, nos étudiants repartent une nouvelle fois chez eux pour une autre semaine d’après pour cette fois-ci le repos du guerrier. Et voilà 3 semaines qui partent en fumée pour un crime pédagogique qui dit son nom et dont on évite de le voir ici bas et là-haut en le voilant de chiffres dont on ne sait d’où ils ont été coulés. On ne peut omettre, puisqu’on y est en pleine désinvolture, qu’avant les jours fériés, les étudiants partent plusieurs jours à l’avance et ne reprennent les cours qu’avec plusieurs jours de retard, fêtes obligent !

Pauvre second semestre qui va encore être malmené pédagogiquement. Le record, au meilleur des cas, des 10 semaines du premier semestre va être entièrement revu à la baisse mais avec à la clé des rapports satisfaisants et des félicitations de tous genres qui vont pleuvoir sur ces responsables à vous donner le vertige s’il s’agissait de l’université du pays ou bien de son sosie virtuel. Je terminerais ce paragraphe par citer le cri de douleur pédagogique qui m’a été adressé, en ce 15 mai, par le mail de mon compère Ali Derbala, enseignant-chercheur à l’université de Blida dont ses prolifiques contributions sur l’état de notre université ne sont plus à démontrer. Dans son message, il démontre magistralement comment, en tant que mathématicien de son état, un semestre s’est-il transformé allègrement en bimestre voir dans certains imprévus en un peu plus d’un mois d’enseignements !

Et puis on ne peut oublier non plus ces pseudos-enseignants qui sautent des cours sans chercher à les rattraper avec une douteuse conscience professionnelle due à leurs rangs et qui laisse à désirer. C’est un autre problème sur lequel cette contribution serait insuffisante pour s’étaler sur le sujet si l’on veut crever un autre abcès. Comme cela ne dérange nullement les étudiants concernés, la médiocrité creuse davantage son lit dans ces conditions anti-pédagogiques. Tout le monde fait semblant que tout marche à merveille mais au fond de soi-même on sait que rien ne va plus. Sauf que c’estle courage qui nous manque cruellement de se regarder la face devant un miroir plan et faire en toute sincérité et en toute objectivité le bilan si l’on veut le méditer. La boule de neige a tout emporté sur son passage. Que faire devant ce déluge ? C’est toute la question qui demeure jusque là sans réponse. Personne ne pourrait prévoir la fin du cauchemar sauf si on se réveille de notre profonde léthargie.

Lorsqu’on sait que les amphithéâtres et les salles de travaux dirigés de nos universités commencent à se désemplir vers 15h pour ne trouver le moindre chat qui rôde à partir de 16h, on ne peut que mesurer l’écart qui est train de se creuser non seulement avec les pays du nord mais avec nos voisins les plus immédiats surtout en terme de qualité. Certes, on a produit de la quantité mais si on la comprime, on ne peut différencier le bon grain de l’ivraie. En France, et à titre de comparaison, il existe des cours qui ne se terminent que tard dans la soirée vers 19h30 tandis que les bibliothèques universitaires restent ouvertes mêmes au-delà de ces horaires administratifs. Allez-y savoir à quelles heures nos bibliothèques verrouillent à double-tour leurs portes.

En ce qui concerne les associations estudiantines, en dépit de leur nombre qui frôle l’inimaginable et qui gravitent autour des universités pour diluer tous les réels problèmes. Elles s’occupent beaucoup plus de leurs propres affaires que des intérêts stricts de l’université surtout le volet pédagogique mais passent leur temps à fréquenter le gotha politique et les salons des grands hôtels tandis que les étudiants qu’ils ont censés représenter s’entassent dans des cités dans des situations déplorables. On les a vus comment ils exposent leurs poitrines sur les télés à l’occasion de la commémoration de la journée du 19 mai, journée de l’étudiant, en compagnie des autorités caressant infiniment le poil dans le bon sens et maniant la langue de bois en toutes épreuves.

Le nationalisme et le patriotisme c’est aussi lorsqu’on dénonce toutes les violences faites à l’enseignement avec au bout du tunnel la sortie de diplômés à moitié formés et totalement livrés à eux-mêmes. Vu les indéniables enjeux stratégiques qui nous menacent de toutes parts, l’Algérie souffre pour sa pérennité de cadres compétents surtout concernant la relève dans tous les domaines dont l’université d’aujourd’hui serait incapable de les lui fournir sauf une salutaire renaissance loin de toute démagogie et de toute ingérence purement politique avec comme leitmotiv la science, rien que l’apprentissage du savoir pour se mettre au diapason des pays qui préparent l’avenir et non en creusant sa tombe de ses propres mains.

Si l’Algérie est sortie indemne jusque-là, c’est grâce aux efforts fournis dans les années qui avaient suivi l’indépendance avec ces cadres formés où les algériens avaient une grande envie d’apprendre avec cette terrible soif du savoir, sevrés il est vrai durant très longtemps par le colonialisme dans toutes ses multitudes formes. Les hommes partent et reviennent mais l’Algérie doit rester debout en son état jusqu’à la fin de ce monde, pour cela assurons-lui juste d’être entre de bonnes mains et gouvernés par des esprits éclairés pas de ceux dont l’horizon serait bouché et qui la cèderaient à la moindre occasion au plus offrant tout en préparant la fuite dorée vers d’autres cieux.

Références: