mercredi 4 septembre 2013

Le bug universitaire

================================================
Article à paraître dans les colonnes du Quotidien d'Oran du Jeudi 5 Septembre 2013 que vous pouvez consulter également sur les liens suivants:
- en format html: http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5187284
================================================                                           

Prévenu par un post d’un ami au sein d’un groupe sur Facebook sur ce qu’il a visualisé sur un site internet de l’établissement universitaire de la ville, je me suis tout de suite dirigé vers Google en lançant le mot-clé approprié à la recherche du dit malmené portail Web. Quelques secondes plus tard, je reçois comme pressenti la catastrophe en pleine figure devant mon écran l’air totalement médusé et avilissant. Effectivement, ce que je perçois devant mes yeux écarquillés est indigne d’un centre universitaire à la constatation des titres à la une sur la page d’accueil, truffés de fautes d’orthographe et de grammaire élémentaires à faire vomir plus d’un. Si vous êtes un adepte de la langue de Molière, vous abandonnez sur le champ toute recherche éventuelle d’une information quelconque en commençant à se poser des questions sur la réputation et le sérieux de la maison supposé être d’un niveau académique appréciable. N’en parlons pas de ces pages qui n’ont subi aucune mise à jour depuis des lustres ou la découverte de pages affreusement vides ou estompées en cliquant sur les liens souhaités.

Ces faits ne sont certainement que les conséquences de l’ouverture tout azimut d’établissements universitaires à la va-vite en dépit des faibles moyens techniques et d’encadrements qui laissent à désirer. Des enseignants recrutés malgré un maigre niveau avéré de leurs compétences à la suite d’une formation cocotte-minute encouragée par des responsables universitaires harcelés et affolés par la loi du nombre au détriment de la qualité avec une incessante fuite en avant.  Un établissement de surcroît universitaire, ce ne sont pas uniquement des murs et des beaux bureaux pour les responsables et administrateurs, dotés d’un mobilier de dernier cri et onéreux acquis aux frais du gaspillage des fonds du trésor public rentier à faire envier les plus prestigieux recteurs d’universités occidentales et asiatiques.

Comme pratiquement toutes les pages d’accueil des sites des institutions officielles algériennes sont rédigées en langue française, c’est donc vers ces pages là que vous êtes orientés en cliquant sur le lien de l’adresse principale à la visite du site Web de l’établissement en question. Ne soyons pas surpris si d’ici une année ou deux, ce centre universitaire serait affublé et accablé du titre d’université par décret avec on ne sait quels critères pour faire ce saut qualitatif par on ne sait quel miracle. En tous les cas, il ne ferait qu’emprunter le chemin tortueux de ses prédécesseurs qui sont passés par cette voie express. C’est pour cette raison que j’évite d’indiquer ici l’adresse URL de son site car il n’est pas le seul promoteur ni l’exception de cette dérive académique.

Même un site d’un quelconque amateur de la toile ne pourrait se permettre de se mettre dans une telle dérision. Et dire qu’il s’agit d’un site officiel universitaire ! Je tombe vraiment des nues en se sentant tout minuscule devant mes camarades de mon groupe Facebook, complètement embarrassé par les remarques désobligeantes mais indispensables devant de telles lacunes impardonnables et indéfendables. La meilleure manière de sauver la face est donc de dénoncer ces défaillances en toute âme et conscience et non rallonger inlassablement la liste des experts démagogues dont pullulent notre pays car il s’agit là de la crédibilité non seulement à l’échelle nationale mais encore plus pire à l’échelle internationale d’institutions universitaires censées être à l’avant-garde intellectuel et scientifique du pays.

Le portail internet d’une université est avant tout une image de marque à construire et à préserver mais malheureusement vite ébranlée à la vue de toutes ces tares. C’est un moyen de mesure à distance de ses capacités scientifiques et d’un savoir technique à faire valoir. Une grande importance doit être donc donnée à ces entrées électroniques dont le cachet officiel est devenu indéniable sous d’autres cieux. Est-ce que les responsables concernés locaux ou nationaux aient pris la peine de jeter ne serait-ce qu’un quelconque coup d’œil sur leur contenu pour donner leurs avis et l’autorisation sur la mise OnLine de ces sites ? Ou bien l’on ne traite de tels sujets que par de superficielles banalités. La question reste toute suspendue.

Par ailleurs et sur un autre registre, lorsqu’on lit sur les journaux que le directeur général de la recherche scientifique et du développement technologique avait donné dernièrement rendez-vous à la presse en l’appelant à demander des comptes à sa direction à partir de l’horizon 2020 [1], j’ai la crainte et au risque de décevoir Monsieur le DG que ce défi ne serait qu’une autre illusion supplémentaire au vu du délabrement actuel de l’université algérienne. En effet, j’aimerais être de cet optimisme surabondant et bien croire qu’en six ou sept années, l’université algérienne pourrait se relever des profondeurs du classement mondial mais le doute m’envahit de nouveau de par les légendes indélébiles de notre système. Ce n’est pas moi qui l’affirme mais de nombreux universitaires le font souvent tout au long de l’année sans que la sonnette d’alarme soit déclenchée. Les derniers articles en date à avoir consulté sont ceux de Aissa Heireche [2], de Dr Malika Rebai Maamri [3] ou de Dr Ali Derbala [4]-[5] et de bien d’autres…qui sont riches en enseignements sur la déliquescence chronique de notre université.

Je pense qu’on ne peut espérer grand-chose si les choses resteraient en cet état de carence persistante avec des responsables incompétents sur tous les plans et un système en constante déperdition. Diriger une université, ce n’est pas être comparativement nommé à la tête d’une auberge délabrée. Ce n’est pas cependant qu’un privilège de plus pour fructifier et amplifier ses propres affaires personnelles mais c’est une énorme responsabilité non pas seulement honorifique à assumer et qui devrait peser lourdement sur les épaules.

Il faudrait dès à présent songer à remettre en cause le système de ces nominations tirées miraculeusement du chapeau selon les entrées et les connaissances des uns et des autres et qui n’est sans doute pas étranger à cette situation usante et décourageante à plus d’un titre. Le salut ne pourrait venir que d’une démocratisation des structures universitaires afin que la communauté prenne entièrement ses responsabilités qui devraient être les siennes avec une activité débordante et non comme elle l’est actuellement avec cette passivité déconcertante.

Quand on pense également que ce centre universitaire, par qui l’inspiration de ce papier en soit la cause, dispose depuis quelques années déjà d’un département de français à moins que des enseignants sollicités aient été chargés de corriger ces erreurs mais dont le niveau académique reste à prouver et dont on regrette amèrement celui de nos maîtres d’école d'antan au vu de ces gaffes orthographiques mineures enregistrées sur ce site. Heureusement que parmi eux, de nombreux ne sont plus de ce monde, sinon ils auraient crié au scandale ! Ce qui démontre encore une fois de la façon la plus flagrante du niveau des enseignements dispensés sans oublier la formation à la pelle de ces pauvres étudiants sacrifiés qui subissent le calvaire régnant avec cette invalidité quasi-formelle.
Puisqu’on nous affirme que la visibilité de la recherche scientifique se fasse à partir des traces des travaux laissés sur le Web à travers les différents portails des universités mais la médiocrité des pages d’accueil peut faire fuir plus d’un représentant des institutions internationales qui établissent les classements des universités mondiales à l’instar de celui de la célébrissime université de Shanghai [6] ou d’autres [7]-[10] qui nous donnent des sueurs froides et des nuits blanches aux responsables à la proclamation annuelle de leurs poignants résultats attendus par toute la communauté universitaire planétaire afin de juger de l’état d’avancement de ses recherches et du niveau atteint par leurs établissements universitaires.

En attendant mieux, que les universitaires de ce pays se mobilisent pour tenter de sauver de ce qu’il en reste de l’université algérienne avec de véritables réformes adéquates avant que le naufrage l’emporterait et l’enterrerait définitivement au grand bonheur de ses pourfendeurs et des ennemies de tout redressement scientifique et culturel dans ce pays.

Références :










=================



1 commentaire: