mercredi 2 octobre 2013

Le compte à rebours se serait-il déjà déclenché ?

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Article à paraître dans les colonnes du Quotidien d'Oran du Jeudi 3 Octobre 2013 que vous pouvez consulter également sur les liens suivants:
- en format html:http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5188578
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« Nulle raison ne pourrait justifier le mensonge »
Anton Tchekhov, Ecrivain russe [1860-1904]

 Si à l’instant même où j’écris ce papier, on donnerait brusquement la possibilité à nos jeunes de pouvoir quitter le pays sans le moindre sésame du visa, combien le feraient-ils sans hésitation et sans aucun regret de retour ? Je serais offusqué et en même temps très triste de découvrir les résultats du choix de notre jeunesse. Quoiqu’elle soit actuellement assistée par tous les moyens à travers les facilités incroyables des prêts ANSEJ inimaginables sous d’autres cieux dont la majorité considère, à juste titre, qu’il ne s’agit que de leur petite part de la grande tarte de la rente. Autant en profiter au maximum de l’aubaine comme tous les autres citoyens. 

Si elle opterait d’aller voir ailleurs, c’est qu’elle ne croit pas à son avenir dans ce pays où tout est virtuel et où rien n’augure à la quiétude, à la confiance et à un futur des plus radieux. Donc elle serait tentée de s’aventurer vers le nord, cela démontre qu’elle ne croit plus à un redressement du pays car elle n’a jamais été directement associée au projet. Elle ne prête non plus d’attentions aux chants de sirènes qui défilent inlassablement tous les jours au JT de 20 heures de l’unique. Elle n’éprouve que de la méfiance envers nos gouvernants si leur politique reste en l’état des choses. Elle sait que tout ce que nous vivons actuellement pourrait s’écrouler d’un jour à l’autre sur nos têtes si ce n’est que le compte à rebours vers la descente aux enfers se serait-il déjà déclenché. 

LA DESCENTE AUX ENFERS !

Une baisse des exportations suite à un tarissement des hydrocarbures ou une dévaluation du prix du baril sur le marché international sur lequel tous les algériens ont les yeux rivés, et ce serait la déroute nationale. C’est pour cette raison économique, doublée d’une incertitude politique et d’un marasme culturel et multidimensionnel généralisé que nos jeunes veulent fuir le pays comme la peste. Ils voient tous construire leur nid ailleurs, du fils d’un membre de la nomenklatura jusqu’au fils du plus pauvre des algériens. Le premier par la voie royale des airs avec un compte en banque bien garni en fortes devises, le second par la barque de fortune avec quelques sous pour survivre le temps de la traversée au péril de sa vie.

Ce ne sont pas uniquement les jeunes mais les moins jeunes ont aussi cette envie par peur de l’avenir de leur progéniture. Même les anciens cadres préparent leur avenir à l’étranger à partir de ce qu’ils engloutissent au pays. On essaie de vider le plus ce pays de ces ressources pour un placement gagnant au-delà des mers comme l’ont montré ces derniers temps les scandales à répétition à nous couper le souffle sur la dilapidation des biens de ce pays. On tente de subtiliser le plus d’oseille à ce pauvre pays pour la mettre au chaud dans un banque en suisse particulièrement sous des prête-noms divers dont on pourrait jouir au moment venu durant les années maigres mais où tout serait volatilisé et qu’il ne resterait plus rien à soutirer de cette terre maltraitée.  

Lorsqu’on lit sur la une des journaux que la balance commerciale, qui exprime la valeur de ce que nous exportons retranchée de celle que nous importons, dont les chiffres étaient récemment publiés par le Centre National de l’Informatique et des Statistiques des douanes [1], affirme que pour les huit premiers mois de 2013, elle a chuté de 9 milliards de dollars, contre plus de 16 milliards l’année dernière. Si l’on continue à ce rythme, ce serait un manque à gagner de 10 milliards et demi de dollars sur toute l’année ! Personne ne pourrait prédire ce que serait 2014 sur sa boule. Même l’importation des médicaments qui menace la santé des algériens et dépendante à 70% de l’étranger, est en baisse flagrante comme le montre cruellement l’article paru récemment dans le Quotidien d’Oran [2].Vu la décroissance actuelle qui a déjà abordé la chute infernale vers le bas, aucune politique basée sur la démagogie ne pourrait nous sauver de l’abîme.  On ne peut que s’inquiéter lourdement face à cette nouvelle situation désastreuse qui pointe comme une fatalité à notre horizon. 

UNE POLITIQUE AU JOUR LE JOUR !

L’Algérie vient de rater encore une fois l’occasion de sortir du piège qui prône une politique productrice de richesses permanentes mais là, le pays importe tout, de l’aiguille jusqu’aux avions en passant par les allumettes pour s’auto-immoler. Les barons de l’import se sont sucrés à outrance aidés en cela par des textes incitateurs en introduisant de nouvelles mœurs de consommation dont il va falloir désormais s’en débarrasser au plus vite si l’on veut survivre dans un avenir sombre qui avance à grands pas. Même l’eau et le pain ne peuvent être assurés avec des caisses qui vont se vider à la célérité à laquelle elles s’étaient remplies. Ce n’est pas à un scénario catastrophe que je décris ici mais c’est ce qui pourrait arriver à un pays qui veut vivre au-dessus de ses moyens. C’est un choc de guerre qui nous attend et dont on n’a pas su se préparer à l’affronter avec les armes élaborés par notre labeur. 

Rappelons-nous ce qui arrive actuellement à la Grèce et à l’Espagne. Heureusement pour ces deux pays, il y a cette solidarité sans faille des autres pays de la zone Europe qui est là pour amortir le choc. Qui est-ce qui va nous aider alors si jamais nous serions dans cette situation analogue ? Pourrions-nous alors garder notre relative indépendance sans perdre une seul once de notre liberté limitée. Je sens que les prédateurs ne nous lâcheraient pas et vont nous dévorer comme des bêtes féroces sans aucune vergogne dès le moment que l’on perdrait toute notre autonomie pas seulement alimentaire. Le pays aurait 40 millions de bouches à nourrir avec toutes les conséquences chroniques qui nous guettent comme un cauchemar avéré.

Pendant ce temps-là comme disait l’autre, on continue à bricoler avec des programmes au jour le jour pour gérer les problèmes hasardement comme ils viennent sans une visibilité ni à moyen ni sur le long terme. On sent qu’on ne gère pas un pays mais une véritable poudrière. Le seul moyen de sauver ce pays, c’est de revenir à la base où les citoyens acquièrent cet affranchissement qui les libère en les impliquant davantage dans la vie politique et sociale pour qu’ils puissent sentir la lourdeur de la responsabilité individuelle et collective. Savez-vous ce qui se passe dans le pays ? Les gouvernants successifs depuis l’indépendance, grâce à la rente pétrolière, assurent le remplissage du tube digestif des algériens qui ne réfléchissent plus de ce qui se trame là-haut chez nos chefs, qui n’auraient aucun compte à rendre si jamais la situation économique s’empirerait. Sauf peut-être à l’histoire. Avons-nous un jour vu un ministre ou un wali présenter son bilan en quittant ses fonctions à la tête d’un ministère ou d’une wilaya ? On partirait allègrement les poches pleines et les mains lavées de tous soupçons. 

C’est pour cette raison qu’il y a cette frénésie chez une grande majorité des algériens à prendre le large pour ne pas assister au déluge lorsque le cyclone frapperait à bout portant le pays. Avec les politiques actuelles, on est entrain non seulement d’hypothéquer l’avenir des algériens mais celle d’un pays pour lequel les martyrs se sont sacrifiés par leur sang pur sans aucune arrière-pensée de ce qu’il adviendrait après 62. Être un responsable ou un élu, c’est une tâche considérable à assumer devant l’histoire de ce pays. Gouverner de la sorte, c’est gager son futur. 

DES SURPRISES ! OUI. MAIS DES MAUVAISES.

Arrêtez s’il vous plait de propager des mensonges. On ne construit que sur du faux à travers de tels canulars. Il y a quelques années, l’ancien ministre de l’éducation nationale qui a été heureusement déboulonné après nous avoir mené la vie dure et les problèmes qui les a laissés en sont une de ses marques indélébiles qui traînent encore aux portillons de nos écoles, alors cet ancien ministre avait lancé la campagne de planter 8 millions d’arbres par les écoliers. A part l’effet d’annonce, personne n’a jamais vérifié si cette farce ait été réalisée. Il n’y pas plus tard que septembre 2012, l’ancien ministre de l’environnement qui vient d’être affecté dans un autre ministère dans le dernier remaniement gouvernemental, avait quant à lui lancé une autre boutade [3] en annonçant que les algériens vont avoir des surprises dans quelques semaines en parlant de l’éradication du marché informel et du nettoyage des villes en commençant par la capitale, vitrine du pays. Il a même eu le culot de demander aux algériens de patienter seulement deux ou trois mois pour voir les choses changer. 

Une année après et en ce début du mois d’octobre 2013, le rapport du britannique l’Economist Intelligence Unit [4] vient de le contredire de façon impitoyable en classant Alger à la catastrophique 6ème place dans le top 10 des villes mondiales les plus invivables, derrière Damas (Syrie), Dhaka (Bengladesh), Port-Moresby (Papouasie-Nouvelle Guinée), Lagos (Nigéria) et Harare (Zimbabwe). Figurez-vous, à cause de quoi ? L’une des raisons principales étant la saleté qui sévit dans la capitale [5]. C’est à forte raison que les jeunes algériens continuent à fantasmer de prendre les airs pour aller vivre à Melbourne, Vienne ou Vancouver pour les plus nantis, de braver les mers pour les plus pauvres à espérer rejoindre Alicante, Marseille ou Naples.

RENTRÉE UNIVERSITAIRE : ASSEZ DE BOUTADES SVP !

Passons à une autre invention de nos laboratoires de la semaine et non des moindres. En effet, j’ai lu ces derniers jours dans les colonnes du quotidien national El-Khabar [6] que selon une source du ministère de l’enseignement supérieur, les étudiants ont rejoint à 90% les bancs de l’université ! Mais si vous voulez vérifier cette assertion sur le terrain, vous vous retrouvez devant un gros dilemme impossible de passer inaperçu. Lorsqu’un parent d’étudiant lit sur la convocation de son fils que la date de délivrance de la chambre en cité universitaire est pour le 16 octobre, il ne pourrait que douter de cette incroyable fantaisie. Le chiffre inverse de 10% n’aurait choqué personne d’autant plus que les 1,3 millions d’étudiants touchent l’entourage de presque toute la population algérienne. On se retrouve encore une fois devant une incrédulité signée et approuvée qui toucherait la crédibilité de tout un secteur. Peut-être que certains chefs d’établissements universitaires zélés voudraient faire plaire en gonflant les chiffres difficiles à vérifier au nouveau ministre qui vient d’être fraîchement installé.

Quant aux étudiants, ils ont déjà fixé leur rentrée qui serait selon des sources officieuses après l’Aïd El-Kebir après avoir bouffé le mouton et en gâteau sur la cerise une bonne partie des enseignements. Tout le monde est au courant mais personne n’ose en parler par la crainte de subir les conséquences en naviguant à contre-sens du discours officiel. Pourquoi continuer indéfiniment à délivrer  des messages inadmissibles pour faire avaler la pilule à l’opinion publique ? On ne pourrait bâtir une université et un pays sur la base de ces calomnies. Faisons quelque chose avant qu’il ne soit trop tard. 

Il aurait fallu dire peut-être simplement la vérité pour pouvoir sensibiliser les citoyens sur la perte de tous les privilèges s’il l’on continue dans cette voie dangereuse qui nous enverrait tôt ou tard directement comme le mur. Pourquoi nos responsables n’aiment pas entendre et analyser les chiffres réels ? Ça pourrait se comprendre qu’ils veulent garder leurs sièges mais pas au détriment de l’avenir du pays. Ils sont aux anges lorsque leurs subalternes leur concoctent des duperies mais gare à l’effet boomerang qui ne tarderait pas à se retourner contre toute la fragile pyramide. Les exemples en sont nombreux. Pourquoi veulent-ils continuer à vivre dans ces feuilletons de science fiction sans fin ? Un feuilleton perdrait de sa saveur si le nombre de ses épisodes s’éterniserait. La réalité finirait toujours par rattraper que ce soit pour les morts ou les vivants.

-Références:

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