mercredi 27 octobre 2010

Inscriptions au Bac : Le grand Bug !

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Article paru sur le Quotidien d'Oran du Jeudi 28 Octobre 2010 que vous trouverez également sur le lien suivant en format pdf: http://fr.calameo.com/read/000370446ba472b909436

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Le 15 octobre dernier, les inscriptions ont été ouvertes aux candidats de la prochaine session du baccalauréat 2010/2011. Cette année, le ministère de l’éducation nationale a innové en programmant cette importante opération par le Net sur le site de l’ONEC (Office National des Examens et Concours) à l’adresse url : http://insbac.onec.dz.

L’ORDINATEUR DÈS LE PRIMAIRE ?
Jusqu’ici, tout est bon, c’est une première, une petite révolution néanmoins les bugs du logiciel élaboré à cet effet n’ont semble-t-il pas été prévus par le ministère concerné. On prédisait de faciliter la tâche qui ne devrait consacrer que quelques minutes aux candidats. C’est à l’effet contraire que l’on assiste sans susciter la moindre réaction ou une quelconque explication des responsables concernés. Comme c’est à chaque fois le cas, c’est au silence de suspicion que l’on est abreuvé laissant les candidats et leurs parents de plus en plus anxieux.
Lorsque vous ne connaissez rien à ces nouvelles technologies, vous jetez l’éponge au bout d’un quart d’heure. D’abord, les élèves de terminales sont livrés à eux-mêmes, eux qui dans leur écrasante majorité n’ont aperçu réellement un ordinateur au lycée que dans son administration. Je dis ça en connaissance de cause puisque je suis moi-même parent d’élèves comme des dizaines de milliers d’autres Algériens.
Pourtant, si on regarde de plus près les programmes de mathématiques ou de physique, l’ordinateur est prévu dès la classe de seconde avec des applications à l’aide du logiciel d’Excel de Microsoft comme il est mentionné clairement sur les livres scolaires officiels. Mais entre la théorie et la pratique, il y a les mondes de la bureaucratie et de la démagogie qui sévissent impitoyablement non seulement dans l’éducation nationale mais dans tous les domaines de la vie publique.
Pourtant le communiqué du ministère de l’éducation nationale, diffusé à la veille de la rentrée de cette année scolaire, est clair à ce sujet. Le dit communiqué nous apprenait à grandes pompes que tous les lycées sont déjà équipés d’un laboratoire d’informatique de 15 micros en plus d’un serveur avec tous ses accessoires. Ce qui représente 1,13 ordinateurs pour 50 lycéens. Il rajoute que 1400 lycées parmi les 1852 existants sont programmés pour bénéficier, dans moins d’une année, d’un deuxième laboratoire.
En outre, le même communiqué rajoute que 1467 collèges sont dotés jusqu’à ce jour d’un laboratoire sur les 4961 collèges que compte le pays en attribuant un taux de 0,71 PC pour 100 collégiens. L’opération de la dotation des autres collèges se poursuivra dans moins d’une année comme le mentionne la même source. Comme le note le même communiqué, il est également prévu d’équiper l’ensemble des collèges d’un second laboratoire. Pour nos petits bambins, chacune de leurs 17952 écoles primaires va bénéficier d’un quota de 10 micro-ordinateurs comme le précise le communiqué du premier responsable du département ministériel.
A en croire ces chiffres venus d’ailleurs, tous les rêves peuvent être permis à la fin de l’année. S’agit-il d’écoles virtuelles ou celles que fréquentent nos enfants à longueur d’années ? Doit-on se questionner par où sont passés les budgets successifs consacrés à l’acquisition d’ordinateurs destinés à cet apprentissage ? A moins qu’ils soient détournés à d’autres fins ou stockés quelques parts par des bureaucrates comme notre administration en possède en quantité dépassant toutes les normes. Ils ne doivent assurément pas savoir que ces ordinateurs à force d’être dissimulés vont devenir au bout quelques temps totalement obsolètes et dépassés. Le communiqué aurait dû être accompagné d’un listing, sur un page web, de tous les noms d’établissements ayant bénéficié et le nombre de PC qui leur a été affecté pour mettre définitivement fin à tout anonymat. D'un simple clic, on pourrait facilement découvrir le pot aux roses. Je réside dans une ville moyenne du pays et je n’ai jamais entendu de telles quotités que ce soit de la bouche de mes enfants scolarisés ou de celle de mon entourage.

LE RUSH DANS LES CYBERS
Retournons sur notre terre d’Algérie et passons aux choses concrètes. La nouvelle réforme est à sa 6ième année consécutive sans que les lycées soient apparemment tous pourvus de cet outil indispensable pour les différentes applications de calculs et de simulation d’expériences.
Imaginons le cas d’un élève habitant un lointain douar du lieu de son lycée et dont les parents ne possèdent même pas les moyens de lui offrir un quelconque repas équilibré. Acheter un ordinateur relèverait de l’impossible, voire du miracle pour des milliers de familles en dépit des facilités bancaires de l’ancienne démarche d’Ousratic.
Pourquoi n’a-t-on pas prévu que les inscriptions se fassent au sein même des lycées avec l’aide d’utilisateurs chevronnés et si nos lycées étaient réellement équipés ? Puisque notoirement, les élèves n’ont jamais effleuré de leur vie une salle d’informatique dans le cas où elle existe dans l’établissement. Pourtant, les bureaux les administratifs sont bien garnis par ces machines et imprimantes de dernier cri en plus de la connexion d’Internet dans le bureau de monsieur le directeur ou de son staff. La pédagogie demeure toujours le parent pauvre de notre système éducatif dans sa totalité.
Pour les élèves, ils n’ont qu’à se débrouiller. Les cybers ne sont-ils pas agréés à cet effet ? Cela nous rappelle les exposés réclamés par les enseignants du cycle moyen à leurs élèves qui se ruent chaque soirée depuis 6 années consécutives vers ces cybers qui aussitôt leur offrent clés en mains, moyennant de l’argent, tous les exposés inimaginables sans avoir compris le sens d’une seule ligne. L’essentiel est de chercher à faire plaisir à leurs enseignants en visant à arracher la meilleure annotation possible. Peu importe le contenu, c’est l’exposé le plus édulcoré qui risque de remporter la note bonifiée. Ce sont les plus nantis qui risquent très fort de décrocher les meilleures mentions en y mettant tous les moyens financiers à cette tâche qui a été travestie par rapport à ses objectifs pédagogiques. En fin d’année, le directeur de l’école rédigerait son bon rapport à l’académie dont il dépend en appuyant que le nouveau système éducatif est satisfaisant à 100% et que les applications se sont parfaitement déroulées. La critique n’est pas permise en haut lieu surtout lorsqu’elle est mentionnée dans les rapports paraphés.

FACE À L’INCONNU
Revenons à notre malheureux élève de Terminales. Une fois qu’il a déniché un petit coin pour s’inscrire, c’est là qu’il va affronter les difficultés au lieu de la partie de plaisir annoncée à grands coups de pubs en début d’année.
Vous allez sur le site en cliquant sur la page désignée sans avoir omis de lire le guide d’inscription, vous débouchez difficilement sur la première page. Il vous est alors demandé la Wilaya de résidence, ensuite votre type de candidatures. Par la suite, c’est au tour du nom d’utilisateur à définir. Vous distingueriez le fossé qui sépare le prospectus de l’ONEC distribué au lycée et celui de la même institution en ligne sur le Net. Sur la toile, on vous dit que le nom de l’utilisation (Username) doit être compris entre 1 à 20 caractères, dans le guide en papier c’est entre 10 à 20 !
C’est presque le même constat pour le mot de passe mais en ligne c’est limité entre 1 et 10 caractères ! Les majuscules ne sont pas tolérées, ce qui restreint strictement le choix. Les caractères qui suivent après le 10ième ne sont pas pris, non plus, en considération.
Celui qui suit machinalement les recommandations du guide mis à sa disposition au lycée est entièrement désorienté. Vous continuez à taper sans que le curseur n’avance d’un iota. Vous ne savez pas alors si votre Password est de 10 caractères ou supérieur à ce nombre ! Attention si le 10ième caractère est un zéro, le logiciel vous indiquera l’existence d’une erreur. Il faut la deviner cette erreur. Une énigme de plus de ce logiciel plein d’amateurisme. Le jeu des 7 erreurs est dans tous ces états. Pourtant la programmation en informatique ne se base que sur la logique.
Pour passer d’un champ à un autre, vous êtes obligés de n’utiliser que la touche de tabulation. Apparemment, on continue à travailler sous l’environnement de l’ancien système DOS alors que depuis 1995, ce sont les déplacement à l’aide de la souris qui sont les souvent utilisés dans les logiciels sous le désormais célébrissime système Windows. Les petits Sharwares gratuits que vous trouvez sur le Web sont agréablement mieux lotis en outils.
Une fois que vos données sont acceptées après plusieurs tâtonnements, d’énormes hésitations et de dizaines de vérifications. A force de les changer à plusieurs reprises, vous oubliez de noter vos données d’accès quelques parts. En essayant de revenir à la première page et en réinscrivant les mêmes mots mais là le programme vous somme de changer de nom d’accès et de mot de passe. Ainsi les choix ont été pris en compte sans que l’on finisse totalement l’opération. Ce sont donc des milliers de noms et de mots de passe qui sont gaspillés à chaque inscription et qui pourraient s’avérer d’utiles termes à retenir par le candidat. Avant de commencer, il faut donc s’armer d’une batterie de mots mnémotechniques à ne pas s’épuiser. C’est une véritable galère pour moi qui utilise un ordinateur depuis son avènement. Que dire de ceux qui ne s’étaient jamais assis devant un PC ?

M’HAMED OU MHAMED ?
Vous défilez la page vers le bas pour inscrire les données en lettres latines. Au bout d’un instant, on s’aperçoit que les accents, les tirets du 6 et du 8 ne sont pas pris en compte. On voit bien que c’est la version anglaise qui est adoptée par les auteurs. Sidi Bel Abbès et Médéa vont donc s’écrire respectivement Sidi Bel Abbes et Medea. Si vous vous appelez par exemple M’hamed, il va s’enregistrer impérativement Mhamed. Pourtant le but recherché à travers l’inscription par le Net est la transcription exacte de votre filiation.
Quant à l’adresse, elle doit s’écrire d’un seul trait. Si elle dépasse les 60 caractères, vous vous trouvez en train d’écrire dans le vide ! Il faut coûte que coûte songer à l’abréger. La ville de votre résidence n’y est pas demandée, il n’y que celle de la daïra qui figure. Nos facteurs risquent de se retrouver dans de sales draps si jamais ils distribuent le courrier.
Enfin ! Vous poussez un grand Ouf de soulagement lorsque vous atteignez péniblement la seconde page. Attention, il faut disposer d’un clavier en lettres arabes qu’il va falloir l’installer si vous n’en disposez pas dans votre ordi. D’autre part, votre enfant est complètement tourmenté depuis que les starting-blocks ont lâché les impétrants dans la nature. Plus d’une semaine d’attente et c’est le doute qui commence à s’installer dans les esprits pour cette nouvelle histoire qui n’a pas encore fini de nous délivrer toutes ses angoisses.

AH ! LE TERRIBLE MESSAGE
Après avoir terminé à remplir les données, vous vous frottez déjà les mains en jubilant que vous pensez être décidément libérés. A la fin de l’opération, on vous demande d’imprimer vos données mais là une surprise de taille vous guette au final après avoir installé minutieusement votre imprimante. Un message fatidique vous annonce que vous allez recevoir bientôt un fichier pdf, me semble-t-il par mail, mais cela prendrait du temps pour le traitement du dossier. C’est justement cette phrase cruciale qui vous induirait en erreur. Il fallait terminer l’opération après le « OK » ! Mais vous aboutissez à une page blanche vous annonçant la fatale erreur de l’interruption. Vous êtes dans un état second. Allez me sonder comment vais-je faire confiance à ce message sans que je ne reçois une quelconque notification sur l’adresse électronique que l’on vient d’enregistrer Online ? La bureaucratie règne en disciple des NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication) dans le pays !
Après avoir épuisé un temps fou d’une dizaine de jours, toujours pas la moindre trace de cet illustre fichier attendu tel que le messie. Vous vous posez la question, s’agit-il des Nouvelles Technologies dont on parle sous tous les cieux ou doit-on inventer un propre qualificatif pour nommer cette nouvelle bureaucratie qui vient de naître chez nous ? Ne possède-t-on pas le matériel requis pour traiter en une fraction de secondes ces informations et les renvoyer en autant de temps aux intéressés. Tout le monde s’est peut-être un jour inscrit sur un banal site Internet où l’envoi de la notification arrive sur votre boîte électronique presque instantanément au moment où vous appuyez sur le bouton « envoi ».
Votre progéniture commence à s’inquiéter et vous subira une seconde brusque pression qui n’en finit pas de vous ébranler. Mais papa ! il y a des candidats qui ont réussi à imprimer leur fiche d’inscription sans avoir donné leur adresse électronique. Résigné et abattu, je refais l’opération avec un autre nom d’utilisateur et un nouveau mot de passe sans transmettre un quelconque email. Encore une autre tromperie vous sera servie. Le logiciel vous renouvelle la même chose en vous signalant que le fichier vous sera adressé incessamment. Mais quand et où ? Me disais-je. Ce logiciel possède plus d’un tour de bugs dans son disque dur. La panique commence à vous envahir de la tête jusqu’à vos orteils. A chaque caractère tapé sur le clavier, vous tremblez par la crainte de commettre le moindre imprévu amenant la page à disparaître à jamais vers l’inconnu.
Ce genre de programmes est devenu un jeu d’enfants dans les pays développés. Une page web non actualisée, c’est toute l’image et la crédibilité d’une institution qui en coûterait de sacrés points en bourse ou dans les sondages d’opinion. Ailleurs, on manipule les finances par Internet, de la simple facture de téléphone à celle de l’achat d’une voiture, d’une maison, d’un billet de train ou d’un simple gadget expédié de la lointaine chine si ce ne sont pas des transactions d’états à états. L’informatique est un outil très important pour le livrer aux mains de personnes qui ne connaissent la rigueur et le raisonnement mathématique que de noms.
On se demande pourquoi l’ONEC n’a pas confié ce travail d’une importance cruciale à des informaticiens chevronnés. Notre pays en dispose énormément de diplômés marginalisés qui roulent les pouces à chaque coin de rues. Rappelons que ce programme est destiné à des élèves qui n’ont jamais fait d’exercices pratiques en informatique à l’école mais manifestement en virtuel ! Nos élèves ne devraient pas être un perpétuel champ d’expérimentation. Fallait-il recourir une fois de plus à des cours particuliers obligatoires pour se mettre à jour ?

SÉSAME ! OUVRE-TOI ?
Et dire que ce site appartient à un organisme officiel qui va gérer la candidature d’un chiffre avoisinant les 450000 candidats. Au fait, il se trouve que le ministère de l’éducation nationale qui gère le plus gros budget de l’état Algérien ne possède pas son site officiel à moins qu’il n’est pas référencié à l'inverse d’un petit CEM perdu dans une ville moyenne dispose d’un site par la volonté de quelques enseignants sans être pour cela rémunérés pour cette tâche bénévole.
On croise donc les bras en attendant de recevoir ce fameux fichier pdf par mail ou par les voies aériennes. Au lieu de faire une seule inscription, on se rend compte qu’on a répété la même chose au moins plus d’une dizaine de fois. L’ONEC va se retrouver avec des centaines de milliers d’inscription supplémentaires sur les bras à cause de l’affolement des candidats au lieu du nombre prescrit au départ si le programme avait bien fonctionné. Une opération facile qui devient laborieuse par cet effet de boule de neige inconsciemment provoqué.
Après plusieurs tentatives infructueuses dans la caverne d’Ali Baba, j’ai enfin trouvé sésame qui s’est ouvert superbement devant moi en de petites vidéos offertes par des internautes sur Youtube et qui vous présentent comment s’inscrire par l’image (http://www.youtube.com/watch?v=qAN6wxDwQeg&feature=related) de la manière la plus simple possible. Même le ministère n’y avait nullement pensé. Une vidéo qui valait la peine de la consulter pas plus que les milles blabla, provoquant en vous les frayeurs les plus terribles. Mais il fallait se lever tôt, de bonheur pour finalement en terminer avec un calvaire qui vous avez traîné durant plusieurs jours.
Tandis que ceux qui ne disposent pas d’Internet chez soi, ils doivent encore subir les affres de la cohue dans les cybers et attendre que monsieur sésame daigne s’ouvrir devant eux. Que devions-nous faire devant ce nième dilemme ? Sans doute se résigner une fois de plus à attendre de jours meilleurs et d’oublier pour ne pas souffrir davantage devant tant de nullités.



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mercredi 20 octobre 2010

Cours particuliers ! Cours publics ?

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Article paru sur le Quotidien d'Oran du Jeudi 21 Octobre 2010 que vous trouverez également sur le lien suivant en format pdf: http://fr.calameo.com/read/000370446b41d97cd755f



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« Il faut payer les enseignants. Sinon, c'est les enfants qui payent. »,
Guy Bedos, humoriste français.

Actuellement, c’est une véritable galère à laquelle sont soumis les nouveaux candidats au prochain baccalauréat. Pour établir la carte d’identité nationale, ils vont passer un temps fou pour se faire délivrer l’extrait de naissance, le désormais fameux S12, qui fait jaser depuis son apparition tous les demandeurs et surtout ceux qui sont nés à des milliers de lieux de leur résidence.

À LA PÊCHE DES COURS PRIVÉS
Et ce n’est pas fini, depuis la rentrée scolaire, de très nombreux lycéens courent vite s’inscrire dans les cours particuliers qui ont pris des proportions alarmantes ces dernières années. C’est une véritable course effrénée contre la montre. Le phénomène ne cesse de s’amplifier d’années en années. Si les élèves optent pour ces cours qui ne sont plus des cours de soutien comme dans un passé pas lointain, c’est que l’école publique ne joue pas pleinement, comme jadis, son rôle de leader. Et puis qu’est-ce qu’on peut faire avec un bac autour de la moyenne ? On ne peut espérer obtenir une moyenne élevée si l’on doit se contenter que des cours dispensés au lycée. On ne peut que dire adieu au mois de juillet au rêve de la pharmacie, de la médecine ou encore de l’informatique à Oued S’mar.
Nos élèves assimilent sensationnellement la même leçon en cours privé dont ils n’ont retenue que des bribes en cours scolarisé. Le mal ne réside pas en l’existence de ces cours individuels, mais ce qui dérange le plus c’est que cela se fasse au détriment de la qualité des cours procurés à l’école étatique.
C’est donc une école adultérine qui a été enfantée dans l’ombre et dont on ne veut absolument pas évoquer le nom dérangeant dans les discours même officieux. Elle est surtout née de la dégradation des conditions de travail de l’enseignant, de son rang dans la société et de sa place dans l’échelle des valeurs. Il faut noter que les classes bondées d’élèves ne plaident aucunement en faveur de la sérénité à développer de sérieux concepts pédagogiques chers aux théoriciens de l’éducation nationale. La réalité du terrain est très éloignée de la démagogie. Il faut être un fou pour retenir l’attention de 45 élèves en moyenne, dans une classe bouillante où il faut ouvrir les fenêtres pour ne pas suffoquer, et qui perdent leur temps à se chamailler à toutes les séances pour repérer la bonne table afin d’avoir le meilleur angle possible de visée du tableau.
En occupant l’espace, les cours particuliers possèdent naturellement leurs statuts particuliers et règlements intérieurs approuvés sous le manteau. La panique aidant, il faut réserver sa place dès la fin de l’année scolaire écoulée pour être certain d’être sélectionné. Le bouche-à-oreille fait des siennes à merveille. Les transactions battent leur plein en pleine saison estivale. A la fin du mois d’août, ils sont déjà au grand complet.
Ces cours privés sont entrain de crever le budget familial. Les plus nantis se foutent éperdument du prix à mettre dans l’enveloppe. A force de persévérance, le pouvoir matériel prend le dessus sur l’instruction dans le pays. Imaginez un père de famille fonctionnaire de son état dont plusieurs bambins suivent en parallèle ces cours devenus presque une obligation à toute réussite de sa progéniture. Des parents, perdus et à la merci de ce lobby, subissent ce mouvement la mort dans l’âme sans broncher. C’est une véritable saignée mensuelle au sein de la famille au même titre que la facture d’électricité ou du loyer. La loi du silence sévit dans le milieu. L’éthique et la déontologie font des vagues dans les parages. D’autres cèdent à perte leur dernier trésor, leur chère bague de fiançailles pour tenter de hisser le niveau éducatif de leurs enfants. Que pensent ces messieurs de ces parents pauvres qui n’arrivent plus à subvenir aux ventres de leurs petits ? Ils seront sans doute les victimes directes de ces inégalités.
Pressés par l’entourage comme des citrons, les écoliers font endurer à leurs malheureux parents les plus pires pressions. Le snobisme fait des dégâts incommensurables au sein des lycéens. Gare à celui qui ne choisit pas cet insolite engouement des temps nouveaux à cet âge terrible de l’adolescence. Il sera mis à l’index, écarté du groupe et banni de la récréation. Il sera à jamais marqué par l’impitoyable complexe d’infériorité en laissant assurément des séquelles incurables au sein d’une partie de cette jeunesse avide de rêves en monts et merveilles.
Puisque l’école publique abandonne presque ses enfants à la rue, ce sont d’autres qui en profitent allégrement de cette aubaine. Ils n’étaient pas demandeurs, c’est l’école étatique qui leur a présenté ce présent royal sur un plateau doré. Plus l’école publique plonge vers le bas et plus le filon continue son extraordinaire ascension. C’est devenu même une concurrence déloyale.
Les enchères du montant de ces cours fluctuent d’une ville à l’autre selon sa portée, son opulence et principalement selon sa bourse locale. Elles peuvent varier du simple au quintuple, voire davantage. Cela dépend couramment du nombre d’élèves dans le groupe qui peut monter de l’unité à la vingtaine. Pour les moins onéreux, l’enveloppe du mois par tête se chiffre à 1500 DA comptant par matière à raison de 2 séances par semaine. Pas de négociations ni de rabais ne sont permis dans la sphère.
Nous sommes dans une boutique de luxe, les prix sont fixés à l’avance en été et affichés, pas un centime de moins. Chaque formule est cédée à son juste prix, c’est la loi du marché. Il y a des enseignants qui se font le plein chaque mois avec 4 groupes, chacun de 20 élèves. On peut facilement deviner la rentrée conséquente, nette d’impôts dans les poches, à la fin du mois. Pour les grandes villes, c’est une autre histoire. Cela dépasse l’imaginaire.
Une grande majorité de ces messieurs, fort heureusement pas tous, font le juste minimum le jour, le moindre effort aux cours officiels mais ils carburent le soir à plein régime. Ils ne peuvent pas tenir la cadence maximale exactement comme un footballeur ne peut jouer deux matchs consécutifs le même jour. Le choix du match à jouer avec les tripes est vite déterminé. Au lycée, c’est le match amical, le cours du soir c’est le match à points importants où il faut mouiller son maillot pour empocher la prime substantielle. Et c’est tout à fait normal pour un enseignant qui a perdu tout espoir d’augmentations de normes universelles.
Ces cours payants se font généralement dans des garages aménagés ou dans le salon exigu de l’intéressé. Le pousse-pousse y est présent à chaque séance. Pour les plus chanceux, ils se déroulent dans l’école publique avec toutes les charges aux frais du contribuable.
Ils ne suscitent guère de commentaires du secteur car ils aident sournoisement à améliorer de manière très sensible les résultats au baccalauréat. Si ces cours seront prohibés, on ne peut éviter la catastrophe nationale du taux de réussite du baccalauréat. Ils constituent naturellement un allié stratégique avec les affaires de la politique du triomphe virtuel de l’enseignement dans le pays. A-t-on entendu un quelque responsable de l’éducation nous parler de cette fatalité qui s’est installée comme un passage incontournable à tout succès scolaire ? Il y a quelques années, le ministère de l’éducation a élevé la voix mais comme d’habitude sans suite. Comme il ne peut pas s’aligner sur les salaires des pays normalisés, c’est le silence intégral qui est préconisé. On ne doute pas que ce dopage va être néfaste à ces futurs étudiants qui ont été trop habitués à cet assistanat anti-pédagogique.
Il est temps que les responsables du ministère établissent des statistiques sur le pourcentage d’élèves de terminales qui sont des assidus de ces cours privés ainsi que leur taux de réussite au baccalauréat. Nous devinons que les résultats attendus ne seront pas loin des consternations mais il faut nécessairement aborder le choc de face pour ne pas fuir ces réalités. On ne peut cacher inlassablement le soleil à l’aide d’un arbrisseau.
Les cours privés prolongent leur avancée en frappant aux portes du cycle primaire. Au sein du cycle moyen, des règles inhabituelles se sont déjà érigées en maîtresses des lieux. Ces cours particuliers sont entrain de poursuivre leur bonhomme de chemin à l’université, eh oui ! En sévissant dans l’illégalité.
Est-ce une privatisation masquée de l’école publique qui ne veut pas dire son nom où est-ce un prélude à une politique future? L’avenir nous montrera clairement les réelles intentions.

DES START-UP EN ATTENTE
Des cours particuliers qui ont pris ces derniers temps des tournures agressives en se donnant virtuellement à distance. En effet, des sites créés nouvellement sur le web, genres de start-up à l’algérienne tombée de nulle part, proposent des cours en vidéo en contrepartie bien sûr de l’argent en dinars sonnants et trébuchants ordonnés à l’avance pour l’inscription. On ne sait même pas s’ils sont agrémentés et leurs cours certifiés. Les placards publicitaires de ces nouveaux juteux commerces occupent des pages entières sur les journaux nationaux par défaut de textes et en narguant le vide juridique qui plane dans le pays. Y a-t-il un pilote dans l’avion de l’éducation ? Où est cette école publique dont on n’arrête pas de vanter les mérites dans tous les JT de l’ENTV ? Est-elle devenue une coquille vide, sans résonance ? Nos enfants sont devenus un but lucratif à souhait sans que l’on bouge un seul doigt de la main.
Ce dont je n’arrive pas à comprendre, ce ne sont pas uniquement comme dans un passé récent les cours de mathématiques et de physique-chimie qui font sensation en milieu lycéen mais des émules ont vu le jour un peu partout pour les autres matières. Les sciences naturelles, la philosophie, l’histoire-géo, la langue arabe, les langues étrangères française et anglaise, etc… ont aussi trouvé preneurs parmi nos élèves étourdis par tant de sollicitations et qui ne savent plus où se donner leur frêle tête juvénile par cet enseignement généralisé. Je ne vois pas comment on peut esquiver de parler de déroute de l’éducation !
La fièvre de la « coursmania » s’est emparée de toutes les villes, ne laissant aucun lycéen indifférent. Il y a des localités où des parents aisés cotisent pour s’acquitter des cours, sans exception, pour toutes les classes de terminales afin de ne pas créer des distinctions entre les élèves du même pâté. C’est vrai que c’est une bonne note pour la solidarité du groupe, pourtant c’est une grosse gifle sur l’effigie de l’école publique.

LES POUVOIRS PUBLICS À L’INDEX
Il faut quand même souligner la responsabilité flagrante des pouvoirs publics qui ont laissé trop traîner les choses en ne répondant pas favorablement aux revendications socio-professionnelles de cette frange de la société qui est chargée de former les hommes de l’Algérie de demain. Ils ont laissé s’installer des mœurs travestissant l’enseignement dont il sera difficile de s’en priver si les problèmes de l’éducation en général demeurent interminablement en suspension. On ne peut bâtir une éducation solide sur des enseignants lésés.
L’état a mis le plus gros budget aux mains de l’éducation nationale mais il a omis de valoriser l’élément humain qu’est l’enseignant, véritable nœud gordien pour toutes réformes éducatives.
Ils subsistent heureusement dans ce pays de très nombreux enseignants qui luttent pour la survie et la prise en charge par les pouvoirs publics de l’école étatique qui leur a permis d’arriver là où ils le sont actuellement. Ils n’ont pas oublié d’où sont-ils venus. Nos parents fauchés des années 60 ne seraient jamais permis le luxe de nous offrir aujourd’hui des cours particuliers si ce n’est l’école publique qui nous a octroyée le niveau d’instruction actuel en étant habillés à cette époque en sandales de caoutchouc pour ne pas dire pieds nus et en vêtements rapiécés tout en étant usés et décolorés par le temps.

THANK YOU MISTER GUEZOURI
Enfin, l’exemple typique qui me paraît le plus exceptionnel à citer est celui de Monsieur Abdelkader Guezouri du lycée de Maraval de la ville d’Oran à qui je dédie un grand bravo et d’immenses remerciements pour les efforts consentis pour sa profession et son dévouement à la cause. Je sais qu’il n’est pas le seul dans ce métier mais à travers lui, c’est un hommage rendu à l’ensemble de ses consciencieux et soucieux collègues sans oublier ceux des paliers primaire et moyen.
Monsieur Guezouri dépense, sans compter, depuis des années de gros efforts en offrant gracieusement des cours de physique-chimie tous niveaux confondus ainsi que des exercices d’application corrigés à travers son site sur la toile et dont je me permets de le citer, non à titre publicitaire puisqu’il est gratuit: www.guezouri.org.
Un site très riche, mis à jour périodiquement, avec des liens intéressants de ses collègues des autres matières professant en des endroits différents dans le pays. Ces cours, devenus une référence, sont repris par de nombreux de ses collègues enseignants au niveau du territoire national.
Sans le connaître personnellement, il est devenu par la force de la science un vrai familier de la famille où ses pages sont visitées et épluchées par les enfants chaque jour, du matin au soir, pour guetter ou télécharger la moindre nouveauté d’un cours ou d’un exercice éclairé. Nos internautes peuvent même le saisir par mail pour un problème ou un cours non élucidé.
Continuez à défendre l’école qui vous a permis de forger en vous le partage de tout ce que vous avez acquis de vos antécédents enseignants. Vous honorez fort bien votre profession. Il faut que la cocotte se secoue bien pour nous donner des milliers de votre espèce pour espérer renouer les liens avec notre éducation.
Par ailleurs, on ne peut infiniment bâtir une politique basée sur le bénévolat, il est temps que l’état passe à la caisse pour payer les efforts fournis à la sueur du front.

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mercredi 6 octobre 2010

Exit le Wali ! Vive le Wali !

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Article paru sur le Quotidien d'Oran du Jeudi 7 Octobre 2010 que vous trouverez sur le lien suivant: http://fr.calameo.com/read/000370446305823b6f4ec


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Comme tout le monde le sait, chaque Algérien détient dans sa tête une conception de sa « douwaïla » propre à lui. Ainsi, preuves à l’appui, les lois, les décrets, les arrêtés, les circulaires d’application venus d’en haut ne sont que très rarement adaptés et pleinement exécutés sur le terrain d’en bas.

DES EXEMPLES À GOGO !
N’est-il pas vrai qu’un chauffeur de taxi déserte les lieux de la station comme il lui sied et à l’heure qu’il veut en l’abandonnant aux clandestins ? Ne se souciant guère de l’état d’âme des utilisateurs. Qu’un boulanger choisit le jour de son repos comme il l’entend ? Piétinant les lois qui lui avaient donné naissance à son commerce et l’autorisation de son ouverture. Qu’un citoyen jette ses immondices là où ça l’arrange comme il lui plait ? En méprisant tous les décrets exécutifs à cet effet et en écrasant notre dégradant environnement. Que la mairie ne daigne même pas respecter les délibérations qu’elle adopte ? Quoiqu’elles fassent office de textes entérinés. Qu’un commerçant vend et achète sans qu’il soit contrôlé ni par le fisc, ni par la réglementation ? Que nos rues et trottoirs soient sales et squattés à longueur d’années sans qu’ils soient nettoyés et dégagés ? Au mépris des arrêtés municipaux qui n’ont aucun droit signifiant. Qu’une banque ferme ses portes aux clients bien avant l’heure notifiée sur la pancarte à l’entrée, n’offusque presque aucun banquier ? Qu’un travailleur file de son poste de travail bien avant l’heure de sortie et l’administration ouvre ses portes et sert ses administrés comme bon lui semble ? Qu’un directeur n’ait aucun contrôle sur le désordre de ses employés ? Qu’un simple agent de bureau vous fasse courir et perdre des journées pour un ordinaire document à vous délivrer ? Que les scandales immoraux soient portés à profusion tous les jours à la une de nos journaux ? Qu’un pays comme la Corée du Sud dont le PNB était au même stade que le nôtre au lendemain de l’indépendance mais dont les croissances respectives sont actuellement diamétralement opposées ?
Qu’un enseignant, lorsqu’il consent présenter son cours magistral que de nom, entre en retard dans une salle de classe et libère le plus souvent ses étudiants bien avant l’heure ou passe son temps à raconter sa vie et des histoires à somnoler les plus studieux ? Que l’ouverture de l’année universitaire soit décrétée depuis le 14 septembre sans que les résidences et restaurants universitaires ne soient pas encore ouverts aux étudiants éloignés ? Que les cours privés débutent bien longtemps avant que les cours officiels au lycée n’osent commencer et sont encore au point zéro à l’université ? Qu’un texte du ministère de l’enseignement soit interprété différemment dans deux distinctes universités ? Un pays dont les textes ne sont pas similaires dans tout centimètre carré de ses terres produit incontestablement de l’injustice, de l’incurie, du népotisme, de la gabegie et j’en passe.
Je peux vous en donner sans limites des milliers et des milliers de questions semblables demeurant sans réponses depuis la nuit des temps. Me diriez-vous que c’est tout à fait normal au pays des mille et une « douwaïla » !
Bien qu’il n’existe qu’une seule constitution dans le pays, ce sont des « douwailates » qui ont élu domicile un peu partout instaurant leurs propres règles, leurs spécifiques rites et leurs impénétrables omertas. C’est pour cette raison qu’on ne fait plus confiance à ce qui se trame en bas sans l’envoi d’inspections inopinées. Il faut qu’un responsable d’en haut sorte hasardement sur le terrain pour voir de visu les instructions effectives dont lui-même a besoin d’être aussi souvent auditionné pour découvrir s’il a bien appliqué les directives de son supérieur immédiat et ainsi de suite. C’est un cercle vicieux dont on n’est pas encore prêt de s’en sortir si l’on ne revient pas aux normes des pays avancés. A la longue, tout le monde est lassé par ses imperfections qui nous minent la vie de tous les jours. Soit, on veut bâtir un réel pays, de vraies fondements avec des lois dont l’effet sera sensible dès qu’il atterrit sur la place, soit notre pays est voué à l’échec total, à sa morte lente, à son extinction et à sa pure disparition notamment en cette période de mondialisation.
Est-ce que cet intermède de soixante années d’indépendance ne va-il pas se refermer sur nous dans un jour proche sans lendemain ? Lorsqu’on recense notre énorme retard sur les pays affirmés qui ne cesse de se creuser et la fracture sociale béante qui s’est ancrée Ne nous sommes-nous en train de redevenir colonisables à souhait ? Qu’un jeune d’aujourd’hui ne rêve qu’à fuir son pays n’est-il pas un signal d’alarme pour tout l’avenir du pays ? C’est tout le contraire de son ascendant d’avant 62 qui n’aspirait qu’à la lutte et à la libération du pays. Ne sommes-nous pas tous responsables de ce marasme de nos jeunes qui sont censés être les guides de demain de ce pays ? Pourquoi attendons-nous pour passer, de manière catastrophique, de ce qu’il en reste du flambeau ? N’est-il pas un manque de confiance que nous réservons à ces générations qui pourtant sont le fruit de nos politiques et ne sont aucunement responsables de leurs destinées ? On peut condenser toutes ces questions par où va-t-on avec cette politique de la fuite en avant et qui va nous mener inévitablement vers le gouffre tant prévenu ? On a besoin d’une transformation de fond en comble, le replâtrage ne suffit plus qu’à accroître le mal et à entretenir le désarroi profond. On a besoin d’ouvrir nos cœurs et dialoguer sans s’ennuyer.

AU SUIVANT !
Le changement presque radical opéré la semaine dernière par la nomination de 40 walis montre bien que la gangrène mène la danse au niveau local. Sinon comment expliquer ce processus si toutes les wilayates étaient dans la normalité ? Peut-être ne sont-elles pas non plus au même degré de développement ? A première vue, cette annonce a été sans doute envisagée pour secouer les esprits et déjouer les alliances maffieuses qui se sont amarrées en brouillant à tout ce qui arrive du point culminant. L’objectif recherché est également de fouetter les entendements, casser la routine et déséquilibrer la monotonie. Attendons quand même la suite des évènements pour mieux apprécier.
L’avalanche procédée donc le week-end dernier dans 83,33% du corps des walis va certainement provoquer des bouleversements locaux et dans ses mœurs administratives. Principalement ceux qui avaient amassé des acquis illicites lors des gouvernances précédentes vont devoir revoir leurs projets ou convertir radicalement leurs stratégies. C’est une véritable course contre la montre. Il faut qu’ils fassent vite pour se positionner sinon ils risquent d’être doublés, d’êtres relégués aux rangs derniers. Surtout que le budget pharaonique, de 386 Milliards de Dollars, alloué au plan quinquennal 2010-2014, dépasse toutes les fictions et suscite déjà toutes les convoitises impensables. Qu’ils s’adaptent à la nouvelle donne semble être la priorité urgente de leurs desseins.
En tous les cas, le chamboulement a sonné le glas pour certains et inversement provoqué l’espoir pour d’autres. L’état n’a pas de visage, il peut changer d’un instant à un autre par le renouvellement du premier responsable d’une wilaya.
On peut bien comprendre pourquoi ce mouvement va fausser d’énormes calculs de ceux qui se dorlotaient sur leurs lauriers et caressaient avec excès toutes les illusions. Mais que vont-ils devenir ? Ils sont obligés de reproduire l’ascension. Ils n’abdiqueront jamais. Ils ignorent jusqu’à quel étage va durer leur nouvelle ascension. Une fausse note et la chute peut être brutale.

TELS DES CARNIVORES !
Mais d’abord comment s’appelle-t-il le nouveau ? D’où est-il ? Est-il originaire de quelle ville ? A quelle tribu appartient-il ? On cherche à inventer des alliances, coûte que coûte et quelque soit le chiffre à débourser. Peu importe qu’elles soient tribales, familiales, amicales ou financières. Elles sont très primordiales pour la suite des évènements. Leurs états généraux sont sur le qui-vive. Leurs paupières restent grandes ouvertes depuis que la nouvelle est tombée à pic tel un couperet sur leurs têtes. Leur passé était doré. Leur avenir sent fortement la nausée. Il faut vite se recaser. Ce sont les questions qui sont légion ces jours-ci un peu partout dans les 40 wilayates désorientées.
Il faut totalement se renseigner sur la nouvelle personne, quitte à se déplacer dans sa précédente wilaya, dans sa ville natale ou la ville de son enfance pour rassembler le plus d’informations à leurs interrogations. C’est une question de survie, de luttes contre l’oubli. Dans l’état actuel où en sont les choses, le moindre petit détail vaut son peson d’or. Quelles sont ses habitudes ? Quels sont ses hobbys ? Quels sont ses plats préférés ? Qui sont ses amis ? Quelle chose aime-t-il le plus ? Quelles sont ses faiblesses, ses lacunes ? Que préfère-t-il le plus ? Quel âge a-t-il ? Combien possède-t-il d’enfants ? Par où est-il passé dans sa carrière et quel a été son itinéraire ? De quelle région est-il son gendre ? Où passe-t-il ses vacances ? Des questions plus ahurissantes les unes que les autres qui n’ont rien à voir, en principe, ni de près ni de loin avec sa mission. La spéculation de la vox populi est à son apogée.
Le pauvre malheureux ! Il est mis sous la loupe des citoyens et du microscope des affairistes occultes. On cherche à imaginer ses propos, à les boire et à lui servir d’estrade et de marches pour escalader ou d’un tapis pour marcher. On n’évoque très rarement ses diplômes, son CV, son domaine de compétences, l’université ou la grande école qu’il a fréquentée. L’heure n’est plus à la rigolade, elle est grave. Le climat est très lourd. Il est broyé avec tous les malaxeurs des surpris, mélangé à toutes les sauces et dévoilé à toutes les unes des cafés luxueux et populeux.
Ça va être la bataille des coudées franches lors de sa présentation à ses nouveaux subordonnés. Il va falloir se bousculer pour se frayer un petit chemin sinueux afin de le voir en chair et en os. Enfin, il est là ! La curiosité est pleine. L’émotion est forte. Il faut se faire pitié devant lui pour susciter sa miséricorde ou son éventuel pardon. Les larmes de crocodiles seront légion dans le coin. Son prédécesseur va être critiqué sans aucune retenue ni pudeur par ses adulés d’hier qui applaudissaient à tout rompre pas plus tard que le matin du jeudi dernier. Ses tares seront étalées sur la place publique dès lors qu’ils sont absolument certains qu’il ne va plus remettre les pieds sur les lieux. Bon débarras ! Les vautours volent et tournent au dessus du cadavre inanimé avant de le réduire en miettes. Il est foulé sans rémission et sans aucun état d’âme.
Quant au nouveau, sa côte ne cessera de crever le plafond et verra son étoile monter. Il est moulé à tous les bienfaits, encensé sur tous les toits de la wilaya. Il est caressé doucement et affectueusement dans le sens du poil. A son passage, il faut occuper la bonne place pour être bien remarqué et se faire flasher au moindre regard. La bousculade est à son paroxysme. Les espaces vont être étroits et très chers à glaner. Il faut se muer tel un caméléon. Le nif est à mettre au placard et la brosse doit s’activer de plus en plus belle et retrouver tout son lustre d’antan. Elle doit devenir plus luisante qu’auparavant et prête à l’assaut à n’importe quel moment. On ne doit pas clore les paupières ne serait-ce qu’une seconde. Un petit relâchement peut être fatal au moment opportun.
La wilaya est leur centre de gravité, leur point de fixation. Ils ressemblent identiquement aux loups en chasse qui rodent autour de leur proie guettant la moindre offensive. Il faut surveiller ses adversaires au couteau. C’est maintenant que tout se joue. L’échine, qui résiste à se courber, est à lui souhaiter le plus incurable et impitoyable mal de dos. La colonne vertébrale doit prendre la forme d’un arc de plus en plus axé vers le bas.
Ce sont là quelques souhaits pour les gens qui veulent abattre la grande « Dawla » et rester dans leur protégé « douwaila ».

La question que l’on peut se poser : Est-ce qu’avec ces nuisibles « douwaïlates » érigées un peu partout, l’Algérie, après presque soixante années d’existence, est-elle capable d’affirmer que l’on forme une uniforme et compacte « Dawla » ? Au sens moderne comme on le distingue dans les pays dits développés. La réponse est loin d’être élucidée.

À LA RECHERCHE DES COMPÉTENCES
Par ailleurs, il existe une grande majorité de citoyens dans ce pays qui aspirent à vivre dans un état moderne et développé où les lois du pays priment sur tout autre chose. La loi au dessus de tous, pas un seul dessus. C’est au nouveau locataire d’aller vers eux, s’enquérir de leur situation, mesurer leur température. Il faut que le changement d’un wali soit un événement, synonyme d’une transformation pour nos jeunes dont les yeux sont constamment rivés vers la mer méditerranée, leur boussole dirigée inlassablement vers le nord, au-delà de l’atlantique et vers l’océan pacifique, vers l’évasion, vers une Harga sans retour et sans détour.
Quant aux compétences, il faut aller les chercher là où elles moisissent, les faire ressortir du placard du refuge des archives. Il y en a marre de s’appuyer sur ces sois disants personnes qui se prennent pour des notables de la ville après soixante ans d’indépendance et qui ne visent dans leur majorité qu’à étendre leur pouvoir, leurs profits et leur main mise sur la ville qu’avec des élections ils se retrouveraient sur le carreau en queue de liste. Les associations dont l’action tourne autour de l’embellissement de leur compte en banque sont aussi parmi les plus néfastes.
Comme il existe des entrepreneurs véreux, il se trouve également des bâtisseurs qui ont quitté le navire de cette profession qui a été souillée par les sans scrupules. Il y a longtemps qu’ils ont rangé leurs armes légales, ils ont perdu la lutte de concurrencer la médiocrité, la corruption et le fifty-fifty. Le défaut d’une peinture qui s’écaille ou d’un trottoir défoncé après quelques mois de sa pose, ne les surprend guère. Ce qui les fait fuir le plus, c’est l’odeur de l’argent sale au détriment de la qualité, de l’honnêteté et du sauvetage du métier. Que vive l’Algérie !

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