mercredi 28 décembre 2011

Au pays des mille et un dos-d’âne

Contribution pour le site de Mostaganem-Aujourd'hui sur le lien direct suivant:
http://www.mostaganem-aujourdhui.com/blog/au-pays-des-mille-et-un-dos-d-ane.html
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Il y a environ une dizaine de jours, un vieux bus datant de l’époque de la défunte SNVI (Société Nationale des Véhicules Industrielles), dégageant des fumées à vous étouffer le souffle, roulait dans la route qui commençait du rond-point Zaghloul et se terminait au stade des 5 martyrs (Ex-Bivouac) dans la ville de Mostaganem. Brusquement les freins du fameux bus ne répondaient plus à l’appel et c’est la descente infernale sur cette pente qui ne parait pas aussi dangereuse mais elle en devient par la perte de l’usage des freins peut-être même moins qu’une voiture qui roule à grandes vitesses sur une route plate. Le chauffeur bus ne pouvant plus stopper cette course, a cogné son bus à droite sur un mur en tuant sur le coup un enfant de bas-âge accompagné de son père qui est gravement blessé et qui se trouvaient malheureusement au mauvais endroit sur le trottoir jouxtant la rue.

C’est une histoire devenue presque banale qu’on lit souvent dans la presse. Comme cela s’est passé exactement sur une descente d’une rue il y a quelques mois à Relizane dans le quartier des olivettes et aussi dans nos villes par ses chevauchées effrénées de ces bus de la mort. On ne compte plus le nombre des tués de cette manière qui est rentrée presque dans la normalité des choses.

Immédiatement après, c’est l’émeute dans le quartier du défunt. On bloque la route à coups de blocs de pierres coupant désespérant la route aux automobilistes puis en arrachant des plaques de signalisation pour barricader toutes les issues menant à la route incriminée. La suite tout le monde la connait, on brule des détritus lorsqu’on ne trouve pas de pneus pour allumer le feu de circonstances. On revendique ensuite la présence du wali pour venir au secours des émeutiers qui veulent mettre fin à l’hécatombe. Les autorités sont habituées depuis longtemps à ce genre de choses. Au lieu de chercher les solutions adéquates pour mettre fin à ce genre de mortel problème. On va au contraire aller dans le sens des satisfactions faciles des revendications des choses. Fermer une route ne gêne que la circulation, engendrer en quelque sorte un nouveau problème qui ira s’entasser aux autres fatalités qui enveniment la vie des citoyens.

La route restera fermée bien longtemps après la fin des funérailles. Ce n’est qu’après l’installation des dos-d’âne sur la route du crime que la circulation est ouverte aux usagers. Résultats des courses : les automobilistes vont éviter d’emprunter cette rue pour ne pas endommager fortement les amortisseurs de leurs véhicules. Mettre au mois 25 dos-d’âne sur une distance de 500 mètres environ devient insupportable à la longue pour ceux qui circulent le plus souvent sur cette voie. Alors, on ira rouler sur les autres routes. Si par malheur, un autre accident surviendrait, c’est à nouveau les dos-d’âne qui iront soulager l’inquiétude des mitoyens et ainsi de suite. De problème en problème, on rajoute un autre problème aux problèmes existants. C’est l’effet cascade qui se déclenche.

D’abord avant la préconisation de cette solution, il faut d’abord circonscrire le mal avant de trouver le remède approprié. Donner un médicament qui ne soulage la souffrance que superficiellement risque de provoquer d’autres maladies plus pires. D’abord, combien d’accidents se sont survenus dans cette rue avant de dresser l’amer constat ? Au lieu d’aller vers une politique générale des écueils particuliers, on procure des fausses solutions aux réels périls. Il faut pointer et détecter le mal là où il le faut, à l’endroit exact et non le contourner en cherchant ailleurs là il ne doit point se trouver.

Le problème réside d’abord à la livraison de l’autorisation de circulation à ce bus et encore plus grave servir de transport public dans une ville où de nombreuses rues se trouvent sur des pentes. Est-ce que le contrôle technique se fait de manière rigoureuse comme le veut la réglementation ? La moindre petite défection des freins est sujette à des accidents qui peuvent s’avérer catastrophiques.

La seconde chose réside en l’application du contrôle plus stricte du respect du code de la route qui laisse à désirer. La troisième solution est l’éducation des citoyens qui circulent dans les rues de manière chronique. Il est vrai que de nombreux trottoirs sont obstrués par de nombreux commerces qui les occupent de manière illégale.

Si l’on est actuellement incapable de régler un problème de circulation d’une ville de la taille de la ville de Mostaganem, comment pourrait-on trouver les réelles solutions aux problèmes de l’emploi, de l’éducation ou du tourisme à titre d’exemple ? Nous avons besoin d’algériens qui réfléchissent convenablement et non qui abdiquent et qui subissent toutes les tares de notre société sans réagir comme il se doit de l’être.

La quatrième et dernière solution concerne les autorités qui doivent être fermes quant à l’application de la loi dans toute sa rigueur. Sans cela, toute politique est vouée à l’échec. Pour cela, des réformes profondes doivent êtres engagées pour le bien du pays et des algériens pour relever tous les défis qui les attendent. Et ça, c’est une autre histoire où la clé de l’énigme réside justement ici.


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2012 : Une année charnière pour l’Algérie ?

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Article paru sur le site d'Algérie-Focus sur le lien suivant:



Et également paru sur le Quotidien d'Oran du Jeudi 5 Janvier 2012 que vous pouvez consulter également sur les liens suivants:

- en format pdf: 
http://fr.calameo.com/read/000370446a36e4de0f1ab 


- en format html: http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5162521
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Il y a une année encore, personne ne prédisait ce qui allait se dérouler comme évènements bouleversants en Tunisie, en Egypte et en Libye. Pourtant,  au début ce n’était qu’une petite étincelle qui allait chambouler toutes les stratégies mises en place depuis des décennies. C’est parti presque de rien mais comme les peuples arabes attendaient leur heure, il suffisait d’une petite grogne ou d’une immolation presque ordinaire pour que des révolutions se mettaient en marche en balayant tout sur leurs chemins, en déjouant toutes les monarchies républicaines et oligarchiques qui se perpétuaient au détriment d’une ouverture démocratique où les peuples décident enfin de leur destinée.

Quant à la position d’attente des algériens qui regardaient défiler les révolutions qui frappaient à leur porte sans être emportés par la vague déferlante, de nombreux observateurs notaient que les algériens sont déjà passés par là, peut-être même assez tôt, mais les circonstances de l’époque n’ont pas favorisé l’émergence de forces capables de procéder à des changements radicaux du système de gouvernance. Certes, depuis le 5 octobre 1988, beaucoup d’acquis ont été arrachés mais vite rattrapés par le temps et les événements qui allaient ébranler le pays durant une vingtaine d’années.

Ces révolutions arabes ont réveillé les algériens de leur profonde léthargie en rêvant de changements dans tous les domaines sinon le pays se retrouverait à la traîne devant des pays voisins qui sont passés à la vitesse supérieure pour relever tous les défis qui attendent leur peuple et aussi mener à bon port ses aspirations.

Allant dans le sens des brusques révolutions chez les voisins et en prémunition des conséquences graves qui pouvaient en découler, le pouvoir algérien a prôné des réformes pour être amendées par les parlementaires. Le hic dans cette affaire, c’est de voir les lois présentées vidées de leur sens, voire devenir plus restreintes que par le passé comme la loi sur les partis et celles sur les associations et sur l’information comme le constatent de nombreux observateurs sur la scène nationale.

Des partis dits de l’opposition en ont appelé même au président de la république de légiférer par ordonnance pour mettre fin aux entraves des deux chambres qui ne disposent pas assez de la légitimé nécessaire pour voter ces lois fondamentales pour une révolution pacifique de l’Algérie. Mais, à écouter le dernier discours présidentiel, on éprouve une satisfaction du chef de l’état quant à l’issue de ces reformes. On veut aller doucement en démocratie. On ne sait pas encore ce que cela voulait se traduire sur le terrain de l’application de ces lois émiettées.

Donc si l’Algérie veut marquer l’histoire, l’année 2012 va être une année importante, avec les futures élections législatives prévues au plus tard au mois de mai. On dit aussi que les élections seront plus que jamais libres comme l’invoque le discours du président. Ce qu’on pourrait le traduire qu’elles n’étaient en aucun cas libres par le passé. On annonce quelque part qu’elles pourraient même être provoquées avant l’heure pour sans doute mettre un terme à cette embarrassante mandature qui n’a pas été mémorable pour un pays de la taille de l'Algérie. 


Lorsque le champ politique n’ait pas connu d’autres forces politiques que celles qui existent depuis une douzaine d’années, on ne peut s’attendre à des miracles d’une assemblée de députés qui nagent depuis longtemps dans la rente pétrolière qui a masqué toutes nos tares et nos défauts. Il n’y a point eu de nouvelles idées à travers les anciens partis à part quelques très rares exceptions des partis dits petits. Les « grands » partis partagent le plus souvent leur temps à se chamailler pour l’usurpation du leadership. Si les élections aient été libres et si le champ politique ait été ouvert, on aurait sans aucun doute eu une autre assemblée parlementaire complètement différente de celle qui nous a été servi au grand désespoir du pays.

On a appris ces jours-ci que le ministère de l’intérieur, dans un communiqué, a ordonné le traitement avec célérité des dossiers de création des nouveaux partis politiques pour mettre fin à cet obstacle majeur de l’émancipation de la démocratie dans le pays. Est-ce que les partis qui seront agréés auront-ils le temps nécessaire pour se déployer dans tout le pays ? Une fois agréés, faut-il qu’ils lancent leurs campagnes d’adhésion de militants et de disposer de locaux au niveau local pour mener une intronisation dans le champ politique. Ce qui va prendre énormément de temps lorsqu’on sait que les prochaines échéances électorales arrivent à grands pas et la lourdeur bureaucratique qui pèserait de tout son poids. Sauf si l’on dispose de baguettes magiques, ces partis ne pourront être prêts ni logistiquement ni politiquement pour étaler leur programme sur la scène nationale.

Il est vraiment dommage que les partis qui seront nouvellement créés ne partent pas à chances égales avec les partis existants depuis des années avec des moyens colossaux surtout matériels. A moins que les dés ont été déjà jetés et la politique des quotas continueraient à faire le bonheur de la politique actuelle comme l’atteste cette affirmation d’aller doucement en démocratie. On continuerait l’apprentissage dans la démocratie alors que les voisins sont pleins dedans. On se demande ce quoi servirait d’inviter des observateurs étrangers si la volonté politique n’existe pas d’aller fortement en démocratie avec un engagement solide des autorités. On risque fort de se retrouver avec la même composante au sein de la future chambre basse. On retournerait ainsi au point zéro avec tous les risques possibles et tout ce qu’engendrerait une disproportion de l’évolution des systèmes politiques en comparaison chez les voisins qui ont presque changé radicalement depuis un temps assez court. Il serait catastrophique pour l’Algérie de rester sur le carreau en misant sur une évolution en petitesse dans la démocratie pour ne pas sans doute brusquer trop les choses. Un statuquo est prévisible dans ce sens.

On peut aussi constater cette révolution douce à travers les médias lourds qui ne connaissent aucune évolution palpable en dépit des promesses réitérées par les pouvoirs publics depuis des lustres. On n’écoute point les discours qui fâchent ou qui dérangent. Cela fait marrer de lire les déclarations du ministre de l’information faites à l’endroit de l’ENTV qui est appelée à disparaitre du champ médiatique si elle continue dans cette voie de panne d’imagination.

Il faut rappeler à notre cher ministre que les anciens journalistes de cette même ENTV font le bonheur de nombreuses stations de télévisions internationales comme Aljazeera et Al-Arabia pour ne citer que celles-là. Ce n’est guère la faute à cette ENTV mais le pouvoir incombe principalement à ses propres décideurs. On se rappelle de l’épopée médiatique entre 1989 et 1991 où tous les tabous étaient tombés. Les algériens n’avaient jamais été aussi fidèles à leur télévision que durant cette même période. Ils ne rataient rien de ses émissions politiques et de ses débats profonds à tel point que l’ENTV était devenue une attraction inévitable en particulier sur nos voisins marocains et tunisiens.

Actuellement, c’est au contraire qu’on y assiste aux niveaux relevés des émissions tunisiennes avec des débats inimaginables dans l’esprit de nos voisins il y a à peine une année. Ils avancent dans le bon sens tandis que nous, on régresse au moment où on est arrosé sans relâches par des milliers de chaînes de télévisions. A défaut d’ouverture des médias intérieurs aux débats fructueux et contradictoires, il est plus facile maintenant avec les satellites de créer sa propre chaîne à l’extérieur du pays moyennant quelques finances et d’autorisations du pays d’accueil. Il est possible de voir éclore de nombreuses chaines à l’instar de ces nouvelles chaînes destinées principalement à la consommation algérienne. Ainsi, à force de trop visser la vis, on risque de la rompre définitivement. 

Pour le moment, la machine des réformes s’est mise en branle. On ne sait pas encore ce qu’elle va donner comme résultats probants. On croise les bras et on attend les promesses, qui on le souhaite, ne vont pas encore décevoir le peuple algérien et l’amener à changer d’options en passant à d’autres méthodes plus radicales. Ce que l’on ne souhaite nullement pour le pays. Pour l’instant, c’est la rente pétrolière qui fait calmer les esprits mais malheureusement l’Algérie ne possède pas éternellement cette aubaine qui sauve ces temps-ci les meubles.  Un jour ou l’autre, on subirait fatalement les conséquences de cette politique inadéquate qui nous mène tout droit vers l’inconnue.

Le salut de l’Algérie ne viendrait que vers l’ouverture envers tous ses enfants pour décider ensemble du sort et du destin du pays. Jouer interminablement au chat et à la souris nous conduirait tout droit vers l’irréparable. Rester inlassablement dans la situation présente n’est point confortable et idoine ni pour les gouvernants ni pour les gouvernés.

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