mercredi 26 octobre 2011

LEÇONS TUNISIENNES ET CHOCS LIBYENS


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Article paru sur le Quotidien d'Oran du Jeudi 27 Octobre 2011 que vous pouvez consulter également sur les liens suivants:
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Cette semaine aura été très riche en événements sur le plan maghrébin avec le déroulement de deux actes majeurs qui vont certainement bouger la donne chez nos voisins mitoyens et par ricochet assister à un bouleversement important au plan géostratégique régional et international.

D’abord en ce jeudi 20 octobre 2011, c’est la capture de Kadhafi qui a fait la sensation dans les médias internationaux où les images captées à l’aide des téléphones portables des insurgés ont fait le tour de la terre en un temps record. Les vidéos qui défilaient sur les écrans de télévision faisaient pitié sur un homme qui pendant 42 ans faisait la pluie et le beau temps en régnant lui et sa famille en maîtres absolus sur le destin des libyens. Rien ne pouvait  échapper au guide en contrôlant tout à sa guise, pratiquement tout.

Mais une révolte est passée par là, appuyée fortement par les intentions sournoises des pays de  l’OTAN, en détruisant tout ce qu’il a construit pendant plus de 4 décennies comme mirages sur le plan idéologique et infrastructures. Ce qui choque épouvantablement chez une majorité de gens chez nous, c’est la manière avec laquelle il a été traité et achevé avant sa mort et ensuite tout ce qu’il en est suivi comme dégâts inconcevables.  Mais je me suis rendu compte que cela vient principalement de l’éducation qu’ils ont reçue de leur guide pendant toutes ces années qui rend presque normal le comportement de ces rebelles qui l’ont capturé, toujours selon l’aide de leurs protecteurs, et de le massacrer ainsi.

On voyait comment ils jubilaient et se réjouissaient de cette prise miraculeuse dont ils ne s’attendaient pas si aussi rapide. Mais au lieu de le laisser en vie et le juger par la suite comme tout peuple civilisé, c’est à la vindicte de ses geôliers qu’il a été soumis. Un lynchage qui n’honore en rien les prétendants à sa succession. L’histoire risque bien de se répéter dans un pays nourri par la vengeance et la revanche.

Le pire est encore à venir après son transfert dans une morgue de la ville de Misrata où on défilait sans cesse en procession et en famille pour contempler les corps sans vie de Mouammar Khadhafi et de son fils Mouaâtassam. Ce que je n’arrive pas à comprendre, à saisir le sens, c’est se faire photographier avec un mort comme s’il s’agissait d’une proie chassée et à exhiber ! Il n’y a aucun respect aux morts. Je placerais toujours cela dans le cadre de l’éducation désuète et déliquescente qu’ils ont reçue dans l’école de l’ancien guide. On ne peut recueillir les mauvais fruits d’une éducation vouée aux échecs.

Paradoxalement, comme deux mauvaises choses ne peuvent rarement et heureusement se suivre, les élections qui se sont déroulées en Tunisie remontent quelque peu le moral et corrigent ou nous faire oublier toute la violence libyenne qui s’est passée 3 jours avant. Tous les espoirs ont été permis malgré les inquiétantes de certains cercles qu’a engendrée  cette première place du parti Ennahda, cataloguée au camp des islamistes,  qui a raflé aux alentours de 40% des voix selon toutes les estimations recueillies.

Ce qui est encore plus encourageant, c’est la forte participation de 90% qui a suscité tous les aspirations de ce peuple et ranimé la flamme de tous les défis. Il ne s’agit pas là d’un chiffre préfabriqué mais c’est la réalité. On passe  ainsi  allègrement du bourrage des urnes à presque 100% à un autre pourcentage qualifié de nul. Une chose et son contraire à quelques mois d’intervalles dans le même pays.

En 10 mois seulement, l’administration a retrouvé toute sa verve, son panache, son assurance et la confiance de tous en ses capacités à redresser une situation longtemps sous mainmises. Aucun parti, ni les observateurs avertis n’ont mis en doute le déroulement du scrutin ni d’ailleurs ses résultats. Quand on veut, on peut !

Que ce soit en dictature ou en démocratie, ce pays ne cesse de nous étonner. La Tunisie, malgré les maigres moyens mis en sa disposition comparativement aux nôtres jugés astronomiques, arrive toujours, contre vents et marrées, à tenir le coup. On se demande ce qu’on serait devenu à sa place. Il faut aussi noter que si ce petit pays maintient ce rythme viable, c’est grâce essentiellement à son système éducatif performant au regard du nôtre auquel il a misé depuis son indépendance et des cadres que son enseignement ait formé comme compétences utiles et sûres. Si la démocratie réussirait un jour dans ce pays, on pourrait toujours dire que la bonne éducation a porté ses concrets fruits mûrs.

On se croirait dans un pays civilisé avec ces débats dans une campagne électorale des plus sérieuses mis à part quelques grabuges et c’est tout à fait normal comme disait l’autre. Même dans les démocraties chevronnées, ils se passent des choses. Les extrémismes sont partout présents, ils font même partie du décor. Ce qui m’a agréablement surpris pour une si jeune démocratie, c’est ce respect entre les partis politiques, quoique leur nombre dépassent toutes les limites.

Ce qui rajoute encore davantage aux espérances qui se lèvent à l’est, c’est cette déclaration honorable de Najib Chebbi, chef du Parti Démocratique Progressiste (PDP), qui pourtant classé dans le camp des laïques et qui sans attendre la proclamation des résultats officiels par l'Instance Supérieure Indépendante des Elections (ISIE), où il annonce clairement : "Le PDP respecte le jeu démocratique. Le peuple a accordé sa confiance à ceux qu'il a considérés comme étant dignes de cette confiance. Nous félicitons le vainqueur et nous siégerons dans les rangs de l'opposition".

Mr Najib Chebbi n’a pas dit qu’il s’est trompé de peuple ou traité ce même peuple de « ghachi ». Il a reconnu humblement la défaite de sa formation et qu’il était question d’être encore plus à l’écoute des citoyens en se rapprochant le plus de leurs préoccupations quotidiennes. Ce qui donne de la hauteur et de la grandeur pour cet homme qui se bat et continue de se battre pour le bien de son pays.

La sauce tunisienne n’est pas à son terme, elle n’est pas prête de nous délivrer tous ses secrets. On risque fort de voir le parti islamiste d’Ennahda former une alliance avec les deux formations laïques arrivées derrière lui, Ettakatol de Moustapha Ben Jaafar et le Congrès Pour la République (CPR) de Moncef Marzouki. Qui l’eut cru ! S’ils le font, c’est uniquement dans le strict intérêt de leurs pays qui ne peuvent compter que sur leurs bras, sur leur intelligence et sur leur conscience. Ils ne peuvent mener leur pays à la dérive.

Par ailleurs, ils n’ont pas de rente pour maquiller toutes les erreurs et les imperfections. Ils ne disposent d’aucun droit à la faute où chaque pas doit être extrêmement mesuré et où tous les défauts doivent minimisés à l’extrême. Aucun petit écart n’est admis.

Il est vrai que la douce Tunisie avance doucement mais sûrement en ayant bénéficié de l’expérience des autres et plus particulièrement de celle de notre pays qui a toujours avancé avec de grands pas démesurés pratiquement à l’aveuglette, sans aucune profonde réflexion en sus des dommages incommensurables que l’on sait avec un pire retour à la case de départ.

Tout ce qu’on puisse souhaiter à ce pays, c’est de s’éloigner de toutes les déviations qui risquent de les conduire vers l’inconnu en stoppant nettes toutes les aspirations de leur peuple de pouvoir choisir son destin. Tout le bien que l’on pouvait exiger à ce pays c’est de réussir une alternance porteuse de toutes les perspectives avec un avenir radieux qui nous servirait cette fois-ci à nous de leçons afin que nous ne puissions pas retomber sur notre tête.  A nous cette fois-ci de bien retenir les leçons des autres !

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mercredi 12 octobre 2011

UNE PRIMAIRE LÀ-BAS, UN HUIS CLOS CHEZ SOI


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Article paru sur le Quotidien d'Oran du Jeudi 13 Octobre 2011 que vous pouvez consulter également sur les liens suivants:
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A cause du vide politique pesant dans nos médias télévisuels et du sevrage régnant, nous sommes forcés d’être constamment tournés vers les médias étrangers pour rêver, un tant soit peu, en suivant les inimaginables campagnes électorales d’autrui dans l’attente de jours meilleurs dans notre pays avec cette ouverture audio-visuelle tant désirée et furtivement promise mais dont on n’a pas encore vue, jusqu’à cet instant, une infime nuance de sa couleur.

Elle est inexistante sur le terrain où c’est le discours unilatéral qui fait foi et la langue de bois qui sévit inlassablement depuis assez longtemps. Cette douleur fait souffrir tous ceux ayant fait des études ou vécus dans les pays émancipés et respiré cette démocratie durant leurs formations scientifiques ou à distance à travers la parabole. Ils endurent le martyre, eux qui en rêvent affreusement de ces débats où nous sommes inévitablement d’éternels observateurs qu’acteurs actifs. Cela peut déduire l’une des causes essentielles de la fuite de ces milliers de cerveaux qui ont préféré vivre ailleurs pour progresser politiquement, tant scientifiquement que culturellement.

UNE DÉMOCRATIE N’EST PAS GRATOS, ELLE SE PAYE

A six mois de l’élection présidentielle en France, les états-majors des partis de ce pays sont en pleine effervescence afin de présenter leurs meilleures chances pour gagner la confiance des électeurs en aspirant à s’imposer à l’échéance politique la plus importante depuis le dernier quinquennat.  Pour désigner son meilleur candidat, après la bataille au sein des verts, voilà celle du parti socialiste qui a déjà commencé depuis des mois et est en passe de connaître son dénouement au soir de ce dimanche 16 octobre 2011.

Justement pour départager les six candidats déclarés, il va falloir transiter par une élection primaire où les électeurs concernés par le vote ne sont pas uniquement les militants du parti mais touche chaque électeur inscrit sur les listes électorales après la signature d’une charte d'adhésion aux valeurs de la gauche. Les mineurs qui auront 18 ans révolus au moment de la présidentielle en avril 2012, ainsi que les mineurs membres du parti ou de son mouvement de jeunesse pourront également voter. Les citoyens étrangers membres du parti, ne sont pas en laisse, ils peuvent aussi participer au scrutin. C’est pour cette raison que ces consultations sont qualifiées par ses promoteurs de véritables primaires citoyennes.

Et ce n’est pas encore fini, une démocratie ça se paye et les partis sont loin d’être des rentiers de la république. En effet, le jour du vote, une contribution, de 1€ minimum jusqu’à la limite légale de 150€ en espèces ou 7500€ par an, est demandée à chaque électeur pour permettre de financer tous les coûts liés à ces élections. Pas un sou n’est donc offert par le trésor public et la rente n’est pas présente pour assouvir tous les prédateurs comme c’est le cas de chez maman l’Algérie. Les fonds restants seraient destinés aux activités partisanes suivantes. Il faut noter au passage que les ressources de ce parti proviennent à 60% des cotisations et des dons comme cela est-il souligné sur son site officiel.

Selon les dernières estimations, le parti a récolté une somme qui avoisine les 2,7 millions d’euros au cours de ce premier tour, dépassant toutes les prévisions ! Il faut autant constater que les meetings organisés dans les salles sont généralement payants avec une participation aux frais des adhérents. Les militants mettent souvent la main à la poche pour subvenir aux moyens de leur formation en la maintenant en vie, autrement elle disparaîtrait sans aucun état d’âmes de la scène politique. C’est le minimum que doit donner un partisan qui adhère aux idéaux de son parti.

DES PRIMAIRES, ON EN DEMANDE À VOLONTÉ


Au premier tour qui s’est déroulé le dimanche 9 octobre 2011, ce sont 2 millions et demi d’électeurs qui se sont déplacés dans plus de 9000 bureaux de vote éparpillés à travers l’Hexagone. Comme l’ont-ils indiqué unanimement tous les éditoriaux de la presse, le fait d’associer leurs citoyens dans les décisions internes de leur parti est déjà une grande victoire et un renforcement de la démocratie. Ceci démontre aussi que le parti n’appartient pas uniquement à ses militants mais c’est la propriété de tous ses fervents qui partagent ses valeurs.  Un parti doit aller vers ses sympathisants là où ils se trouvent mais nullement l’inverse. On remarque aussi au passage le formidable rôle de l’administration dans le jeu démocratique où les listes électorales sont publiques et consultables par tout citoyen qui en fait la demande comme le prévoit le code électoral. Quant aux partis politiques, ils en ont le droit d’en faire usage.

Ce sont les programmes des candidats et la réflexion par la matière grise qui l’importent plutôt que l’exhibition des muscles, décisive dans nos piètres batailles rangées. Derrière chaque candidat de la primaire, une armada de conseillers travaille sur tous les dossiers pour rechercher les notions les plus idoines à les faire valoir à l’opinion publique. La route sera longue, très longue pour sortir vainqueur de cette échéance. Bien sûr qu’il n’est pas candidat qui le veut. Il faut disposer d’un certain nombre raisonnable de signatures d’élus du parti. Ensuite, ce seront les urnes qui décideront avec des programmes disséqués à la loupe par les électeurs pour enfin accorder leur précieux point.

APRÈS LA BATAILLE INTERNE, TOUS ENSEMBLE DERRIÈRE LE LEADER INCONTESTÉ

Le travail des coulisses peut avoir son importance que dans le cas où le candidat perdant, selon son pourcentage de voix obtenues, se positionne sur l’échiquier comme c’est le cas d’Arnaud Montebourg qui est arrivé 3ème au 1er tour avec plus de 17% de voix récoltées. Suite à son poids politique, il imposera aux deux qualifiés pour la finale quelques uns de ses choix politiques après d’âpres négociations. Lorsque les urnes parleront définitivement, les 5 candidats éliminés, rangeront leurs armes et se mettront automatiquement, toutes sensibilités confondues, à la disposition du vainqueur. Ils doivent ressouder les liens du parti, se rassembler en s’alignant tous derrière leur leader. C’est la règle dans une démocratie. Ils doivent défendre le candidat mandaté de toutes leurs forces et convictions profondes. La discipline partisane doit être de rigueur.

Autre détail, ce sont les programmes en premiers lieux qui décident du choix du candidat. Le Bla-bla n’a aucune place dans les verdicts des électeurs. Un simple petit écart, une erreur quelconque et voilà toutes les mésaventures qui crouleront sur l’infortuné candidat. L’ancien virtuel candidat médiatisé Dominique Strauss-Kahn , quoique innocenté aux États-Unis,  a vu de toutes les couleurs comment le ciel lui est tombé sur la tête à cause de ses affaires de mœurs. Il a su se retenir pour ne pas subir un camouflet s’il était présenté.

On doit donc mesurer sa force lorsqu’on affiche ses prétentions. Si des jeunes poulains tels que Manuel Valls et Arnaud Montebourg se sont présentés dans cette primaire socialiste, c’est beaucoup plus pour se projeter dans l’avenir. Ils ont apporté un plus dans les débats avec de nouvelles idées pour leur parti et pour leur pays. Dans un parti, on ne doit pas fermer la porte et tuer toute initiative ou toute idée nouvelle qui va à contre-sens de celle du chef du parti comme c’est le cas dans la majorité de nos partis pour ne pas généraliser.

Une primaire permet de se roder, de s’échauffer et s’entraîner pour l’élection principale. Elle permet aussi de revoir et de peaufiner les programmes en prenant une partie des programmes des autres candidats,  chacun selon son poids électoral. Comme on le distingue parfaitement, ce sont les électeurs qui ont toujours le dernier mot. On a bien vu la forte déception de Ségolène Royal  les larmes aux yeux au soir des fatidiques résultats. Les urnes sont impitoyables lorsqu’elles gronderont. Rien ne pourrait se faire dans le dos des concernés. Ils sont l’unique ordonnateur, le faiseur de roi qui décide du sort et de la carrière des candidats.

DÉBATS APRÈS DÉBATS

Tous les observateurs donnent pratiquement gagnant le précédent premier secrétaire du parti François Hollande, avec Martine Aubry, son successeur à la tête du parti, comme outsider. C’est ce qui vient de se dérouler en ce premier round. Il faut quand même souligner que Martine Aubry a délaissé son poste de première secrétaire le temps de la campagne électorale. Voilà un exemple concret d’éthique à méditer pour nos responsables qui veulent postuler pour le mandat de parlementaire ou un autre mandat local.

Quel que soit le vainqueur de cette primaire, le parti de la rose est donné favori pour les prochaines élections présidentielles par tous les sondages d’opinions  effectués périodiquement depuis plusieurs mois. En dépit de cette réconfortante avance virtuelle, les instances de ce parti ne sont pas passés outre mais ont privilégié le passage par les voix des électeurs pour choisir le poulain idéal, leur meilleur atout, qui aurait les plus fortes chances de gagner haut la main la course finale contre le candidat qui ne serait, sauf surprise, que le président sortant. Une fois de plus, ce sont les électeurs qui disposent de la primauté sur le système de la désignation.

Ces mesures affichent bien l’état de santé démocratique qu’il faudrait d’abord le perpétuer au sein des partis avant de prétendre l’appliquer à tout le pays. Ils ne l’ont pas fait par bagarres interposées entre les partisans de chaque candidat moyennant des coups de barres de fer et de gourdins mais c’est par la voie du débat, du dialogue et de la confrontation des idées qu’ils s’affrontent. Trois débats de plus de 2h30mn chacun, ont eu lieu en direct sur les télévisions où chaque candidat défendait sa politique et ses options avec des détails très précis et une vulgarisation à l’extrême des programmes où chaque point est décortiqué par les analystes. Les électeurs votent sur les programmes concrets et non sur de l’abstrait sans aucune recherche rationnelle. Les électeurs les attendent inflexiblement au virage avec le bulletin de vote comme munition.

Par ailleurs, lorsqu’un militant voit ses ambitions grandir, rien ne pourrait l’empêcher de briguer un mandat. On ne tue pas les aspirations dans l’œuf. Une ascension se construit selon des capacités qu’on les a démontrées auparavant sur le terrain. Il ne s’agit ni de piston ni de coup de pouce de quelque partie que ce soit. Qu’en dire chez nous ? Je pense que ce n’est même pas la peine de comparer, on risque une fois de plus d’être terriblement déçu tellement les magouilles sont légions. Cela ne voudrait pas dire que leurs partis sont exempts de malversations, mais au moins elles ne peuvent échapper d’être portées à la connaissance de leurs militants en particulier et du peuple en général. La transparence est une des caractéristiques qui doit régir la marche et la vie d’un parti démocratique pour conserver sa notoriété. En cas de trébuchements, la trappe est là pour l’ensevelir définitivement.

Les choses se règlent de la manière la plus ordinaire, à travers  la voie des urnes. Le prétendant n’a qu’à exposer ses aptitudes et prévaloir ses qualités pour accéder au suffrage. Contrairement où chez nous, on cherche à éliminer des citoyens qui ne possèdent pas de diplômes universitaires par des lois au lieu de procéder à la décantation de tous les concurrents par le chemin des urnes. Ainsi, le citoyen a le droit de voter mais son éligibilité est bafouée.

PRÔNER LA DICTATURE AU PARTI, REVENDIQUER LA DÉMOCRATIE POUR LE PAYS !

Chez nous, un chef du parti est désigné presque à vie. On ne doit jamais le contredire sinon on est exclu de facto sur le champ, sans aucune chance de défendre ses droits ni devant un conseil de discipline crédible, ni devant les instances du parti. Le chef, c’est lui l’âme indétrônable, il doit exclure, radier, choisir, décider, déchoir, paralyser, obstruer… D’ailleurs, on « vote » des textes partisans qui lui donnent droit à toute vie et mort sur tous ses « militants ». C’est le Zaïm qui réfléchit, qui arrête et qui dispose. Les disciples n’ont qu’à s’exécuter à ses paroles qu’ils doivent qualifier de divines et être bues comme une panacée. Le comble dans cette contradiction, c’est lorsque le chef autoproclamé revendique la démocratie alors qu’il pratique la dictature à l’intérieur de sa formation. Ce n’est plus une république dans sa tête mais trône un royaume avec une succession programmée selon d’obscurs intérêts.

Lorsqu’on regarde les programmes des partis, ils se ressemblent presque tous mais on n’a jamais assisté à une unification des rangs de deux formations  à cause du problème du guide qui est indéboulonnable de son règne. On crée parfois un parti dans l’unique intention de prendre la tête et rester jusqu’au trépas. Après 20 années de multipartisme, on est encore au point zéro. Lorsqu’on se compare aux pays de  l’Europe de l’est, on ne peut que s’arracher les cheveux, pourtant on a débuté presque ensemble dans la démarche démocratique.

Avant de prétendre à revendiquer des réformes politiques ou sociales dans le pays, il faut d’abord se réformer à l’intérieur des partis sans omettre les syndicats et le mouvement associatif dans sa globalité. A cause des clivages, le plus souvent dus le plus souvent au leadership qu’aux programmes d’action, c’est avec des scissions et des dissidences qu’on affaiblit le mouvement. Il y a aussi une mode qui a presque touché tous les partis ou syndicats, c’est celle du redressement à l’algérienne. Ce mot est conjugué à tous les temps et mêlé à toutes les sauces. Ce label inventé dans le jargon local n’existe qu’exclusivement ici.

APRÈS LA DIÈTE, LE MIRACLE POUR DEMAIN ?

On assiste aussi à une coupure nette entre la tête et les pieds des partis où les congrès sont verrouillés à toutes les idées émergentes et rénovatrices. Un pays est aussi fort par le niveau de propositions de ses partis et de sa société civile. De plus, on remarque que la rente touche aussi ces mouvements puisque c’est l’état qui subventionne ces formations, sauf renoncement, au lieu et place des cotisations de ses militants s’ils existent réellement. L’argent est aussi l’objectif recherché comme cela s’était déroulé par le passé. La preuve, il n’y a aucune trace des autres partis qui ont été agréés depuis plus d’une vingtaine d’années. Une fois le magot encaissé et dérobé, les fondateurs se sont évaporés dans la nature.

Dans peu de temps, il est question de nouvelles réformes politiques qui doivent toucher profondément la vie politique de façon sensible comme cela aient été précocement annoncées. Mais lorsqu’on observe le niveau de débats au sein du parlement, à part quelques très rares bonnes interventions, on ne peut espérer à quelque chose de mieux. Le salut ne peut surgir des gens qui ne sont préoccupés que par leur propre devenir délaissant le pays végéter au bord de l’asphyxie. Il est illogique de perpétuer le nomadisme politique au grand mépris des électeurs qui se voient ainsi se faire usurper le sens de leurs opinions. Il est aussi anormal que des députés soient contre la ponction des indemnités à cause de leur absence aux séances des débats. La question fondamentale qui se pose alors cruellement: doit-on s’attendre à des miracles d’une assemblée qui a voté dans un passé récent des lois et leurs semblables contradictoires ? À moins d’un salut républicain.

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