jeudi 10 septembre 2015

Rien ne nous manque, monsieur le wali, seul le foot !

Il y a quelques jours, une info presque banale, défilant au bas de l’écran d’une chaîne de télévision privée, avait fortement attiré mon attention. En effet, comme le rapporte cette étrange nouvelle, des habitants d’une ville interpellaient le nouveau wali qui venait d’être installé fraîchement dans ses fonctions.

La logique signifie qu’on le sollicite pour intervenir urgemment dans les affaires publiques de leur cité afin d’améliorer l'amer quotidien, à commencer tout d’abord par l’environnement de la ville, enfin de toutes les daïrates de la wilaya qui croulent inlassablement sous les ordures. Partout où vous allez, un spectacle de consternation vous agresse et vous laisse complètement dégoûté de ce qu’on fait tous les jours de nos villes et de notre pays, le rendant ainsi similaire d'un dépotoir à ciel ouvert.

Au marché des fruits et légumes et aux alentours, les commerçants vendent leur marchandises, comme si de rien n’était, insensibles aux senteurs nauséabondes des immondices qui regorgent tant qu’à l’intérieur qu’à l’extérieur et sous le regard permanent et incroyable des autorités dont les bureaux ne sont pourtant qu’à quelques pas de ces lieux répugnants comme s’ils ne sont pas du tout concernés, je rajouterais comme s’ils étaient aveugles ou occupés par d'autres affaires plus porteuses ou impuissants face à la catastrophe ambiante. Il est vrai qu'en face d'eux, rien ne bouge. Presque tout le monde ferme les yeux mis à part quelques voies qui restent encore sensibles et qui luttent à contre-courant. La mobilisation à travers la société civile étale encore tous ses défauts et peine à démarrer. De temps à autre, on constate ici et là des campagnes sporadiques mais c'est très insuffisant pour espérer à nettoyer le pays. Ce ne sont pour la plupart que des coups de gueule qui nécessitent énormément d'éducation de l'école jusqu'aux adultes.

Il fallait les voir, ces postulants à la mairie lors des campagnes électorales, qui ne daignaient pas de courir dans tous les sens en cajolant des citoyens par là, en distribuant à tout-va des bises de l’autre joue et en miroitant le paradis à leurs partisans. Tout cela dans l'intention d'acquérir leurs faveurs lors du scrutin. Peu importe la manière, l’essentiel est de caresser la carrière imaginée dans leurs songes. Une fois l’objectif atteint et après les premiers jours de faste, ils changent complètement de face et de veste mettant aux calendes grecs toutes leurs antécédentes promesses.

Ils se sont maintenant métamorphosés en hautains et arrogants individus à la mémoire courte  qui sont mis sous l'aile de hauts responsables protecteurs. Ils se voient plus grands dans leurs nouveaux costumes, en mijotant un autre parcours à la hauteur de leurs récentes ambitions. Pourquoi pas député ou sénateur tant qu'on y est en pleine déconfiture ? Puisque tous les mirages sont permis. Qui sait ? En gravitant les échelons, une retraite et des vacances dorés leur semblent en permanence assurés. 

Leurs anciens sympathisants paressent maintenant très petits, trop minuscules, trop infimes pour s'occuper de leurs problèmes. Ils ne regardent plus vers le bas, ils ne scrutent que le haut de l'échelle avant que la dernière marche ne risque de s'obstruer. Peut-être aussi que ces "élus" ont été mal élus et qui ont eu besoin d'un coup de pousse de là-haut pour rafler la mise. Sinon, comment expliquer qu'ils obéissent au doigt et à l'œil des autorités désignés plutôt que d'être à l'écoute des citoyens qui les ont en principe portés à la magistrature de la ville. On ne peut que comprendre qu'il ne s'agit là juste de l'obtention d'un alibi, d'un chèque à blanc pour changer rapidement de camp et suivre la stratégie sournoise des vrais décideurs de la ville. Lorsque cela va mal, on porte alors allègrement le chapeau aux électeurs d'avoir mal choisi. Le faux coupable moral est vite indiqué tandis l'invisible manipule tranquillement derrière les rideaux comme bon lui semble au profit de ses stricts intérêts.

La place, juste en face de la mairie et sous les fenêtres du premier magistrat de la ville, offre une image indigne d’une ville jusqu’à ce que des autochtones soient nostalgiques du passé colonial de la ville. C’est malheureux d’arriver à ce constat mais c’est ainsi le résultat à l'emporte-pièce de plusieurs décennies de gestion. La mairie, c'est la première institution auquel est confronté le citoyen. C'est ici que l'on construit une opinion sur le pays. C'est la cellule mère, si elle ne marche pas bien, et c'est le cas en général, c'est tout le pays qui paie la lourde facture bureaucratique et corruptible. 

Je ne suis pas ici pour fustiger du doigt la ville incriminée dans ce papier car l’ineptie est la même partout. Il ne s’agit pas d’un fait particulier mais la tendance est chronique.

Est-ce que ce groupe a interpellé le wali sur le chômage dont souffre une grande partie de la population ? Non !

Est-ce que ces gens ont demandé à ce que les routes de leurs villes soient bitumées pour en finir avec la poussière dont la population endure depuis des années ? Que non !

Est-ce ces personnes ont sollicité le Wali d'inciter la mairie à embellir leur ville dont le centre-ville ne vous incite guère à une simple ballade à pieds ? Aucunement !

Est-ce que cet échantillon, dont rien ne manque apparemment, ont réclamé des quotas de logements en plus selon des normes citadines puisque la ville ne s'arrête pas d'enfler ?  Jamais !

Je pourrais ainsi poser de tas de questions sur l'école et ses insuffisances flagrantes, sur les  défaillances de la santé, sur la bureaucratie qui continue à gangrener les services publics, sur l'eau imbuvable des robinets, sur les problèmes des agriculteurs et de l'industrie de ce qu'il en reste actuellement, …

Parmi toutes ces questions, aucune n'a effleuré l'esprit de  ces messieurs sauf celui d'appeler le wali à venir en aide à leur club de foot qui souffre d'une crise financière pour avoir dépassé les limites de leurs moyens. Ils ne disent pas comment alléger les charges du club en comptant inévitablement sur le budget de la wilaya afin d'honorer mensuellement des salaires à 100 briques par joueur sans négliger les primes de matchs du week-end. Sans se contenter de ces détournements à la limite de la légalité et au lieu de s'occuper d'autres priorités, certaines autorités, pour dissimiler leur mauvaise gestion, sollicitent des entrepreneurs véreux à soutenir financièrement le club, soit disant le porte-drapeau et en même temps le cache-misère de la ville, en contrepartie de l'octroi en gré à gré de juteux marchés publics en gonflant comme il se doit les factures au détriment de la loi, de la transparence et de l'Algérie. C'est toujours l'argent public et les citoyens qui trinquent à la fin.

Un club, doit être géré d'abord comme une entreprise avec des bénéfices et des charges et avec un actif positif à présenter en fin de saison et des résultats probants selon des bilans moral et financier solides et dûment certifiés. C'est à ses dirigeants et à ses supporteurs de trouver les bonnes solutions et non aux autorités locales de payer les pots cassés en jouant le pompier à chaque pénurie. Et c'est toujours le côté financier qui doit primer sur celui du sportif. A-t-on vu un jour le Barça, le Réal de Madrid ou le PSG appeler les préfets respectifs de leurs régions ou leurs maires pour subvenir aux besoins de leurs clubs ? Dans une démocratie, chaque sou doit être dépensé selon une utilité exprimée et parfaitement prouvée. Et c'est ce qui nous manque le plus aujourd'hui chez nous. 

Si les autorités doivent intervenir, elles doivent le faire en amont dans le cadre de la politique globale du sport en général, de tous les sports sans  aucune faveur ni exception, ni dérogation. Le sport, c'est d'abord une affaire de santé publique saine et non l'utiliser en particulier le foot  comme opium du peuple pour dissimuler toutes nos tares en poursuivant notre chemin contre le mur, vers l'inconnu. 


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jeudi 11 juin 2015

L’illusoire « e-payment » au pays de la « Chkara ».

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Il y a quelques semaines, j’avais assisté à un exposé présenté à l’université par une filiale d’Algérie Télécom, à savoir Algérie Télécom Satellite (ATS) et dont j’ignorais l’existence jusqu’à ce jour, pourtant sa création date de l’année 2006. La devise principale de cette entreprise est même révolutionnaire et rêveuse à la fois, découvrez-la plutôt : « Une offre globale pour une couverture mondiale ». Je me suis dit que si l’on a choisi ce slogan, c’est que l’on doit disposer des moyens de sa politique. Le service principal qu’elle offre est celui de la technologie Vsat (Very small aperture terminal : Terminal à très petite ouverture) destinée principalement aux entreprises cherchant à relier leurs sites géographiquement éparpillés.

Au cours de la présentation qui a été faite par un cadre de cette entreprise, j’étais franchement surpris par les services que pourrait offrir cette boîte en matière de solutions par satellite. Pour les connaisseurs de ce domaine, cela va de l’Internet aux réseaux Intranet et Extranet en passant par le réseau sécurisé Vpn, à la vidéoconférence par satellite, à la VoIP, pour véhiculer la voix, l’image et les fichiers data. Sans oublier les services de géolocalisation et de téléphonie. Et tout cela par satellite. Sincèrement, je suis sorti de cette rencontre la tête bourrée avec des idées la tête pleine par ces évolutions technologiques. Il faut aussi noter que l’Algérie avec une superficie la plus grande d’Afrique nécessite la location de nombreux satellites, chèrement payée. Plus la  surface de couverture du satellite est petite et plus le débit est grand. C’est comme le débit d’un tuyau d’eau qui dépend de sa section, nous a-t-on expliqué.

Mais la réalité sur le terrain est tout autre. Je ne vise en aucun cas cette entreprise dont les cadres que j’ai aperçus étaient animés de bonne volonté et pleins d’enthousiasme, mais j’ai senti qu’ils étaient freinés dans leur élan vers le haut par la loi de la pesanteur du pays. À une question qui leur a été posée pour savoir si leur entreprise dispose de la carte de la signalisation routière du pays pour pouvoir équiper leur logiciel de géolocalisation. À travers leur réponse infirmative, j’ai compris que la présentation de la solution, que l’on venait d’étaler, resterait toujours dans le domaine du virtuel car butant sur les obstacles du quotidien. Cela dépend indéniablement de la coordination entre tous les secteurs intervenants. C’est le cas par exemple dans une ville où pour refaire une route, les services d’eau, de gaz, de téléphonie, d’électricité et de viabilisation devraient être présents bien avant le jour J à l’heure H pour achever leurs travaux sinon ce serait un travail bâclé. N’est-il pas vrai que parfois un de ces services vienne creuser dans une rue qui vient d’être refaite à peine quelques jours avant ?  La planification est un autre grand fléau dont souffre le pays que ce soit à l’échelle locale ou gouvernementale.

Quelques jours après avoir repris mes esprits, je suis allé à la poste pour effectuer un virement postal à un parent se trouvant assez loin de la ville où je réside. Et là, comme je n’utilise plus mon compte Ccp, depuis au moins une dizaine d’années, que très rarement à cause de ces longues chaînes interminables qui ne finissaient jamais, en choisissant d’émigrer vers un compte bancaire. C’était toujours cette image qui est collée dans mon subconscient. Les postes sont beaucoup peuplées par les retraités lesquels on a toujours imposé d’ouvrir des comptes postaux pour pouvoir recevoir le versement de leurs dus. J’ai appris avec joie, puisque dans quelques années, je pourrais aussi fatalement me retrouver dans cette situation pitoyable, que les retraités pourraient désormais ouvrir des comptes bancaires. Ils seraient ainsi soulagés du calvaire qu’ils subissent en passant chaque mois des heures et des heures dans ces exécrables queues. Attendons quand-même pour vérifier si cette bonne nouvelle verrait enfin le jour.

Pour accomplir cette corvée, il faut d’abord faire la chaîne debout et non pas attendre assis sur une chaise, son tour par ordre de son arrivée sur les lieux, muni d’un ticket numéroté. Après une bonne demi-heure, on nous annonce que la connexion au réseau vient d’être coupée. Je me souviens que c’est le même constat que j’ai entendu, il y a allègrement deux décennies lorsque je passais des heures dans de pareils endroits. Que des mauvais scénarios, c’est toujours le même refrain qui perdure. C’était bien avant qu’ATS ne naisse. Heureusement que les Algériens sont patients, personne n’a rouspété ce jour. Ils connaissent la musique. Ils se sont accoutumés à ces longues attentes. Ils savent, qu’en râlant, ils vont perdre leur temps en fournissant un bon prétexte à ces services publics où le client n’est plus roi depuis longtemps. Autant rester silencieux en encaissant les coups à l’intérieur pour enfin s’éclater un jour comme une boule gonflée.

On discute dans la queue, on fait même des connaissances. On y échange des infos et des anecdotes. On y grandit même, dans ces chaînes. Ce qui est bien dans le pays, c’est que l’on bavarde sans relâche. Et c’est sans doute cela qui apaise les esprits contre la bureaucratie administrative qui pue partout. J’ai eu la chance de rencontrer ce jour, un conteur, un vrai poète anonyme qui nous a fait passer au moins de sympathiques moments. Il n’arrêtait pas de balancer des poèmes populaires qui faisaient tous références à la vie de tous les jours. Il devenait subitement le héros de cette salle d’attente. Sa présence avait certainement évité que l’on n’explose comme des ballons de baudruche ! Je lui dis merci pour ses beaux instants qu’il nous a procurés où il ne manquait que la scène pour transformer ce lieu en un théâtre. Et en plus, le spectacle nous était offert gracieusement.

Au bout d’un bon quart d’heure, j’ai flairé une certaine effervescence autour de notre point de fixation du guichet. On annonce que la connexion est revenue. Ouf ! Pourvu que j’atteigne mon tour avant qu’elle ne reparte une seconde fois pour de bon sinon ce serait la galère. Les espaces commencent à se serrer entre les clients. Comme pour Internet chez soi, je n’ai toujours pas compris le secret de la coupure de la connexion. Est-ce que la cause est locale ? Pour faire évacuer le problème ailleurs, on nous a toujours expliqué que cela vient de haut, d’Alger plus précisément. Par qui ? Qui en est le responsable ? C’est un inconnu que l’on ne pourra jamais dévoiler son identité. C’est un vrai secret de polichinelle. Dans la mémoire collective ou ce que j’ai toujours entendu de la bouche de la populace bien renseignée, c’est quelqu’un, qui  installé sur son poste à la capitale, distribue les débits comme bon lui semble en coupant par là puis en ouvrant par-ci, la vanne et vice-versa. On ne peut en aucun cas disposer d’un débit permanent. Elle est ainsi conçue la loi de nos réseaux.

Arrivé devant l’agente postière, je croyais que la fin de mes déboires s’arrêtait là, à son niveau. Mais non, il va falloir verser l’argent au comptable se trouvant dans une porte dérobée à l’arrière de la poste. Je me précipite aussitôt, mais celui-ci n’était pas là. Il faut encore attendre. Je guette la porte de son bureau comme le lait sur le feu. Dès qu’il entre, et pour ne pas le rater, je me pointe instantanément face à lui à travers une petite ouverture pour le mettre devant le fait accompli. Je lui tends l’argent qu’il compte et il me joint ensuite un reçu que je devrais le remettre à l’agente qui se trouve de l’autre côté en sortant de ce réduit. Là, la dame me tend un autre reçu qui prouve le virement. En sortant, c’est déjà trop tard pour envisager une autre course.

Quel exploit ! On passe plus d’une heure et demie pour faire un versement alors qu’il y a à peine quelques jours, je venais d’assister à cette présentation sur data show sur les toutes dernières technologiques acquises par notre pays. Est-ce que le problème réside dans notre inorganisation quotidienne ? Je ne peux comprendre que ce service n’a pas changé d’un iota depuis au moins 5 années, depuis que je n’ai plus remis les pieds. Ce sont toujours les mêmes méthodes archaïques qui s’éternisent. Une gouvernance périmée qui persiste depuis des lustres. J’ai oublié de porter à votre connaissance que j’ai appris sur le tas que l’on ne peut faire un virement directement d’un compte Ccp à un autre, ou d’un compte bancaire vers un compte postal. Il faut d’abord retirer l’argent liquide d’un compte pour ensuite le verser sur un compte. Il faut rappeler que nous sommes en 2015 et que l’on ne voit pas encore le bout du tunnel. J’ai l’impression que l’on ne veut pas innover ou se développer, que l’on souhaite même stagner. Celui qui n’avance pas, régresse indéniablement. On veut bureaucratiser tous les services. On dirait que c’est fait exprès pour occuper les citoyens dans ces situations burlesques à vous donner l’envie de fuir. Mais on est toujours là, on n’a pas un autre pays de rechange. On doit lutter tous les jours.

Une semaine s’est écoulée pour vivre une autre amère expérience. C’est celle de ces cartes bancaires que l’on a voulu les mettre en circulation pour que notre pays ne reste pas à la traîne des pays retardés. Mais on ne peut rien faire avec ces cartes sauf les utiliser pour retirer de l’argent à partir d’un distributeur de billets de banque. On les utilise généralement le plus souvent que lorsque l’on tombe en panne de liquidité au cours d’un week-end. Et encore ! Par un vendredi, j’ai tenté la chose en se présentant devant un de ces fameux distributeurs que l’on contemple admirablement de loin. J’ai introduit la carte, la machine me demande le code secret. Je le valide en suivant toutes les étapes qui suivent.

Arrivé à la fin de l’opération, le distributeur m’éjecte sans aucune raison la carte. Je suis passé par 3 autres distributeurs, mais c’était toujours le même constat. Je me suis rappelé de la conférence d’ATS et je me suis posé la question si Algérie Télécom ne devrait pas d’abord nous régler les petits pépins quotidiens afin de penser à sa folie des grandeurs. On ne peut pas se vanter de posséder la toute dernière technologie, clés en mains, pour concevoir un avion alors que l’on demeure incapable de fabriquer ne serait-ce qu’un petit minable clou. J’ai appris par la suite que ce sont toujours les déconnexions du réseau qui sont responsables si ces distributeurs ne fonctionnent et que cela dépende toujours d’Algérie Télécom qui détient le monopole. Imaginons qu’un touriste étranger débarque dans notre pays. Est-ce qu’il pourrait disposer de sa carte pour régler un billet de train ou d’avion ? Est-ce qu’il pourrait régler sa note dans un restaurant, acheter quelque chose dans un magasin ou faire un plein d’essence dans une station sans que l’on soit désolé de lui répondre que la connexion s’est coupée et qu’il va falloir payer en liquide au moment où ce moyen existe depuis fort longtemps chez nos voisins ? On nous parle ces derniers temps du paiement électronique, mais je crains encore une fois de plus que ce ne serait qu’un effet d’annonce, sans lendemain, pour donner l’illusion de paraître moderne, que ce ne serait qu’un autre rêve inaccessible au pays de la « Chkara ».


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jeudi 4 juin 2015

Le changement, c’est pour quand ?

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Cet article est paru dans les colonnes du Quotidien d'Oran du Jeudi 04 Juin 2015 sous le lien suivant: 
-en format pdf zippé: http://lequotidien-oran.com/pdfs/04062015.zip 
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Après chaque nouvelle nomination d’un ministre comme le fût au début du week-end précédent, ce sont tous les responsables du secteur, plus particulièrement, ceux qui ont été placés par l’ancien ou par ses collaborateurs les plus proches, commencent à s’inquiéter de leur étoile montante et de leur percée fulgurante. C’est la panique à bord surtout lorsqu’on vient de nulle part en grillant au passage toutes les étapes conventionnelles. Quand on a été nommé, pas sur une liste d’aptitude de compétences et d’intégrité morale, mais sur une liste noire à partir de son carnet d’adresses ou par des méthodes loin d’être universelles.

En attendant, ils se font actuellement tous petits en attendant que leurs sorts soient définitivement scellés. Ils réfléchissent comment changer d’attitude en fonction de la pensée du nouveau, selon ses désirs et ses interdits. Il faut imaginer ce qu’il adore de ce qu’il exècre. Ils sont prêts à effectuer si nécessaire le grand écart de 180° degrés. Ils sont aussi disposés à se jeter en mer pour la cause en comblant le nouveau locataire qui peut décider de leur vie comme de leur mort sur une simple signature sauf s’ils ont les bras longs et les épaules très larges pour conserver le précieux fauteuil.
On ne joue pas de son avenir avec les anciens sentiments. Il faut chercher les hobbys du nouveau afin de lui plaire coûte que coûte, quitte à jouer le rôle du bouffon dans la cour. On efface tout de son passé qui puisse déranger ou fâcher le frais patron. La première chose, c’est d’activer ses réseaux pour percer les secrets du nouveau décideur. Il faut chercher même les petits détails les plus infimes et intimes. La conservation du poste en dépend, cela mérite tous les sacrifices et en grimpant tous les obstacles.

La première nuit de l’annonce du nouveau ministre, fût reçue comme un véritable cauchemar par certains sur qui pèse le doute ou avaient des histoires avec l’inattendu chef. Dommage qu’on ne leur a pas laissés le temps afin de déchiffrer les sources de cette annonce qui a pris de court, comme des novices, les responsables les plus aguerris. Ils auraient pu déceler le futur nom du néo-ministre qui leur permet d’anticiper toute action en se rapprochant de son entourage avant qu’il ne soit trop tard. Il faut anticiper les choses. Ils auraient même pré-fabriquer en privé devant les autres collègues d’éventuelles désaccords avec l’ex pour bien s’engager à changer la face. Tous les bienfaits de son ex-protecteur sont purgés instantanément de leur mémoire au moindre changement. Ainsi va la vie pour ceux qui n’ont pas d’amis mais juste des alliés de circonstances et d’influences qu’ils changent au gré des mutations brusques du système.

Il faut choisir le temps du retournement de la veste, ni avant, ni après, mais exactement au moment opportun, Si on ne l’avait pas fait à temps, on doit maintenant se terrer en attendant des jours meilleurs ou pires selon la température du climat ambiant. Les prémices du pain noir commencent à voir le jour. Les années des vaches maigres, c’est dans quelques semaines pour certains zélés. Leurs ventres sont pleins de foin à allumer. C’est ce qui arrive lorsqu’on ne sert pas le pays mais on se contente de satisfaire les besoins de l’homme fort du moment.

L’ancien va devenir le pestiféré, il sera considéré comme de la mauvaise compagnie qu’on tente d’éviter comme de la peste sauf s’il sera appelé à vivre d’autres hautes fonctions. Dans le cas où il est appelé à manger son pain rassis, les subalternes ne doivent plus évoquer son nom ou son passé à la tête du ministère, devant son successeur. Il devra être banni à jamais du vocabulaire des subordonnés sinon sa destinée sera la traversée du désert jusqu’à ce que le système fasse appel à lui comme si de rien n’était.

Par contre, l’arrivée à la tête du ministère doit senti comme une liberté par certains qui se désengagent de la tutelle des anciennes cautions. Ils vont pouvoir sévir dans leur fief surtout contre ceux dont les fils les liants à leurs soutiens sont brisés. Ils vont avoir la main libre et lourde. Ils vont pouvoir enfin rattraper  le temps perdu en frappant de toutes leurs forces sans avoir la crainte d’être éjectés. C’est pour cette raison que les petits vont aussi se faire tous tous petits pour ne pas subir fortement la revanche qui les attend au tournant.

Pour ceux qui n’ont pas eu la chance de prendre le départ dans les précédents starkings-blocks, ils vont à nouveau postuler pour un mandat en décidant maintenant de s’allier avec le diable pour recevoir les faveurs du nouveau maître. Ils sont déterminés à vendre leur âme à n’importe quels acheteurs qui leur montrent la voie des cimes et du mirage du bonheur. C’est une occasion inouïe, impossible à rater, autrement ce sera une grande amertume de plus. Il faut faire valoir leurs services et ce qu’ils proposeront en échange par rapport à leurs prédécesseurs. Ils doivent faire monter les enchères jusqu’aux plus offrants. La montée vers les hauteurs doit être très onéreuse. Le prix à payer est sans aucun doute très cher. Toute ascension mérite récompense.

C’est une bataille terrible entre les prétendants identiquement aux jeux d’échecs. Ce sont des candidats qui ne contentent pas seulement des pions sur l’échiquier mais sortent au fur et à mesure, moult tours de leurs poches dorés. Ce n’est pas une guerre virtuelle de PlayStation mais c’est à un véritable combat sans merci qu’ils se livrent sur le terrain en cherchant à brouiller les cartes de l’ennemi et en promettant monts et merveilles. Les champions dans les ruses et les flèches doivent absolument remporter les mises haut la main. Les antagonistes, qui sont pour la plupart des opportunistes et qui cherchent à accéder là-haut par les moyens les plus usurpatoires, deviennent comme des fauves dangereux lancés dans la nature et préparés à dévorer tout sur leur passage pour défendre leurs biens mal-acquis.

Quant aux autres, qui constituent la majorité, qui ne sont habitués à vivre ces pratiques infectes et toutes ses filouteries, ils assistent malheureusement en observateurs presque amorphes et sans aucune réaction ni un quelconque réflexe. Ils encaissent la mort dans l’âme toute nomination imposée. Ils n’ont aucun contre-pouvoir pour équilibrer la balance. Ils savent que ce sont des va-et-vient incessants qui ne vont pas tous dans l’intérêt du pays. Qui, si c’était un être humain, il devrait souffrir profondément dans son âme. Heureusement qu’il ne sent rien de ce que l’on endure tous les jours. Lui, qui est arrosé du sang du sacrifice de ses meilleurs enfants, il ne perce rien de cette valse de ces perpétuelles mouvements de responsables qui sont désignés, sans aucun programme d’action ni vision sur le long terme, selon les lobbys, le système des quotas et en fonction du centre de gravité de l’indéniable premier garant.

Tout le monde a entendu certainement, lors des multitudes campagnes qui ont dilapidé beaucoup d’argent au pays, des devises sur le changement. On est lassé d’entendre ce type de slogans vides qui sont à des années-lumière de la réalité. Il y a plus de 50 années, les algériens rêvaient d’une Algérie où le mot « démocratique » devrait avoir une signification tangible pour bâtir main dans la main un pays à la hauteur de nos espérances de l’époque. Plus d’un demi-siècle après, on ne peut que se poser la question sur le choix des critères et des paramètres qui décrètent le choix de la nomination des responsables dans ce pays.

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jeudi 23 avril 2015

Du projet du statut de l'enseignant chercheur

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Cet article est paru dans les colonnes du Quotidien d'Oran du Jeudi 16 Avril 2015 sous le lien suivant: 
-en format pdf zippé: http://lequotidien-oran.com/pdfs/16042015.zip 
-en format htlm: http://www.lequotidien-oran.com/?news=5212368
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Parmi les points que le syndicat CNES (Conseil National des Enseignants du Supérieur) revendique, demeure sans aucun doute celui de l’amendement du statut de l’enseignant chercheur qui n’a pas changé d’un iota depuis sa promulgation en mai 2008 et dont l’application date du 1er janvier de cette même année. Si aujourd’hui, ce texte revient à la une des revendications, ceci s’explique principalement par la multiplication des diplômes et ces divers doctorats ainsi que par l’érosion des salaires obtenus il y a plus de 7 années maintenant.

En effet, on ne sait plus où se donner la tête avec le doctorat d’état (avant 1998), le doctorat en sciences (décret 1998) et le dernier doctorat tout court du système LMD (Licence-Master-Doctorat du décret 2008) qui est venu bousculer avec toute sa panoplie, notamment son master et sa licence. On note qu’il n’est pas encore question de recrutement aujourd’hui du master mais l’effet d’entraînement et le mouvement de masse et de la pression estudiantine vont certainement le provoquer dans les années à venir sinon ce sera le doctorat pour tous. Ce n’est donc que partie remise.

La gestion des flux, seul véritable souci des autorités, mène inéluctablement vers un véritable goulot d’étranglement surtout que ni le master, ni sa jeune sœur, la licence LMD ne trouvent preneur sur le marché de l’emploi avec le chômage aidant. Puisque tout le monde est à l’arrêt, on veut faire tous master puis doctorat quitte à piétiner davantage les rudiments de la pédagogique au détriment de la qualité. Selon le principe de la mondialisation, un étudiant en licence, en master ou en doctorat, sorti de nos universités aurait le même niveau d’instruction et les mêmes compétences que son homologue européen ou américain. En toute âme et conscience, je ne sais pas ce que cela donnerait comme résultat mais s’il vous plait pas de langue de bois. Il est question de l’avenir et de l’indépendance de tout un pays.

C’est l’une des raisons essentielles auxquelles le syndicat des enseignants du supérieur a appelées, au cours de cette semaine, à un  mouvement de protestations avec un arrêt de travail de 3 jours (14, 15 et 16 Avril) si l’on se fie à sa dernière déclaration de ce 10 Avril. L’instance suprême, qu’est son conseil national entre deux congrès, reste en session ouverte et reprendra sa session dès la fin de ce mouvement afin d’évaluer la situation et de prendre ensuite les décisions qui s’imposent avec l’appel à une éventuelle grève ouverte dans le cas où le ministère concerné, ignorerait ses légitimes revendications, comme le lit-on dans ce même communiqué et également à travers les médias.

Ce qui retient l’attention, c’est surtout le projet du statut de l’enseignant chercheur dont j’ai reçu, il y a à peine 3 jours, la mouture du ministère, dans ma boîte aux lettres électronique, qui m’a été adressée par un envoi de la section syndicale de l’Université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, qui en passant, est devenue, ces derniers temps, le fer de lance de ce syndicat et un de ses principaux animateurs sur le terrain en lui insufflant un nouveau souffle et qui retrouve, par ricochet, une nouvelle dynamique. Cette section est certainement prédestinée, avec d’autres bien-sûr, à jouer un rôle fondamental pour la reconstruction et le renforcement du syndicalisme universitaire en particulier.
Revenons au première point de discorde que constitue cet avant-projet du statut et que le CNES, le rejette à travers ses instances et notamment par le biais de son coordinateur national. Ce dernier affirme que le texte n’a aucun rapport avec celui qui a été négocié avec sa tutelle (El Watan du 13 Avril 2015). Il a déclaré qu’il y a même régression par rapport au présent statut. Cependant, on ignore si des procès-verbaux avaient sanctionné ces discussions sur les amendements sur lesquels ils s’étaient convenus.

Quelles sont alors les révisions de ce projet qui ont fait réagir brusquement ces derniers jours le syndicat du secteur ? Pour une première lecture, on va citer quelques points que je suis arrivé superficiellement à les relever. Le premier est l’introduction du doctorat LMD dans les critères de recrutement et de promotion de certains corps des enseignants. Avec l’arrivée sur le marché de recrutement de fournées de ce nouveau diplôme, le rapport de force ne sera plus le même et tournerait au cours du temps à son avantage avec l’extinction des autres diplômes. A mon avis, c’est le premier prétexte de cet éventuel remaniement du statut.
L’autre innovation qui concerne les Maîtres de Conférences de Classe B (MCB), en plus séparément des critères antérieurs,  est l’introduction du travail pédagogique pour l’accès au même grade de Classe A (MCA). Il suffit dorénavant de 4 années d’exercice en qualité d’enseignant chercheur en plus d’une production pédagogique avérée, validée par des organes compétents qui seront définis par un arrêté ministériel. On note cette apparition de ces nouveaux organes dont les compétences seraient certainement pédagogiques. Ceux-ci ressemblent  en quelque sorte, à une Commission Universitaire Nationale (CUN) bis et qui va constituer un autre parcours du combattant. On n’est pas encore là mais espérons que la bureaucratie serait bannie à jamais.

Quant au grade de Professeur, il est scindé en deux grades distincts, l’actuel professeur deviendrait automatiquement Professeur de Classe A (Pr A), tandis que celui de classe B (Pr B) serait destiné à tous les MCA en poste actuellement. On constate que, que ce soit pour le professeur A ou B, mis à part quelques très légères modifications dans les prérogatives translatées de l’ancien vers le nouveau grade, seule l’appellation a changé : le MCA se mue en Pr B et le Pr se transforme en Pr A.

La preuve par 9, est celui de la paie du traitement de base qui ne changerait pas d’un sou sauf pour le  nouveau MCA (1200 points) mais qui se sentirait lésé par rapport à son prédécesseur dans ce même poste (1280 points). Sa chance serait d’avoir déniché une case vide (subdivision 5) dans l’échelle de la fonction publique. Ce qui poserait de vrais casse-têtes pour les autres infortunés. Je ne crois pas que la fonction publique serait prête à sauter le verrou de la 7ème subdivision, car, me semble-t-il, c’est ce blocage de l’échelle de la hors catégorie qui aurait plombé toutes ces promotions de grades. Le reste serait sans changement comme le dit bien la formule chère aux concepteurs des textes juridiques.

À moins, qu’on pense dans un avenir proche à rectifier le tir de cette lacune par un changement du régime indemnitaire avec l’ajout d’une indemnité de compensation comme celle qui est prévue pour le professeur émérite ou par l’intermédiaire de la valeur du point indiciaire qui est fixé jusqu’au jour d’aujourd’hui à 45 DA et qui n’a pas bougé effectivement depuis le 1er janvier 2008 (date de l’application de tous les statuts particuliers de la fonction publique). Pourtant, dans le second aliéna de l’article 8 du décret n° 07-304 du 29 septembre 2007 fixant la grille indiciaire des traitements et le régime de rémunération des fonctionnaires, il est question d’établir par un autre décret, les critères déterminant son évolution. Ces paramètres devraient être évidemment basés sur les indices économiques et sociaux du pays. 8 années après, on doit se poser continuellement la question pourquoi, empêche-t-on ce décret de voir la lumière ? Pour cela, le chemin doit passer obligatoirement par un décret présidentiel, chose qui serait presque invraisemblable en ce moment, sauf soubresauts ou cas exceptionnels.

On ne conclut pas ce papier sans rappeler le cas du malheureux MCA, qui prétendait au grade de Professeur et qui était occupé durant toutes ces années à accumuler et à préparer son volumineux dossier administratif, pédagogique et scientifique. Il devrait malheureusement revoir sa copie. Puisque, dans le projet du décret, une fois signée, il est reversé, j’allais dire fatalement, dans le grade de Pr B, et de surcroît sans aucune incidence financière, mais il devrait encore moisir en séjournant au moins 5 autres années, en cette qualité de Pr B, avant de pouvoir soumettre son dossier devant la CUN et si encore ses travaux antérieurs à ce grade virtuel, vont pouvoir être comptabilités ou bien verrait-il le compteur remis à zéro. Si aucune disposition transitoire ne soit prévue à ce sujet, la double sanction est assurée d’office. En outre, si l’on en croit à cet imprévu, cette commission va-t-elle chômer durant les 5 années à venir dans le cas où ce projet verrait-il  le jour ? Encore une autre énigme à résoudre, à moins que je me sois trompé de lecture.

Au vu de l’actualité présente, d’autres lectures profondes de ce texte vont nous enrichir et nous éclairer davantage, et que je n’ai point approché dans ce modeste écrit. Je laisse le soin à d’autres auteurs sur les questions que je n’ai pas abordées ici, plus particulièrement celles des Assistants qui végètent encore au niveau des salaires dans la catégorie 13 et qui sont pour la plupart retraitables. Des enseignants dévoués à la cause pédagogique qui se sont sacrifiés pour le terrain et sur lesquels a reposé durant de longues années le socle de l’université algérienne. Sans oublier bien sûr le corps des Maîtres Assistants qui rassemble le plus gros effectif des enseignants du supérieur et sur lesquels il est nécessaire d’y revenir plus longuement.

Un tel projet de texte du projet du statut devrait être discuté et décortiqué, en sus des partenaires sociaux représentatifs du secteur, à travers les instances, que le ministère de l’enseignement supérieur en dispose au sein de l’ensemble de ses établissements universitaires (Comités pédagogiques, comités scientifiques, conseils d’administration, etc…) et aussi par les organes nationaux existants (Conseil d’éthique et de déontologie, les CUN, les comités pédagogiques nationaux, etc..). Lorsqu’on pond un texte, il devrait sortir des entrailles afin d’éviter toutes les failles possibles. 

Sources :

-Décret exécutif n° 08-130 du 3 mai 2008 portant statut particulier de l’enseignant chercheur.
-Décret exécutif n° 10-252 du 20 octobre 2010 instituant le régime indemnitaire de l’enseignant chercheur.
-Décret présidentiel n° 07-304 du 29 septembre 2007 fixant la grille indiciaire des traitements et le régime de rémunération des fonctionnaires.

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samedi 11 avril 2015

L'Algérie version Thalassa

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Cet article est paru dans les colonnes du Quotidien d'Oran du Jeudi 09 Avril 2015 sous le lien suivant: 
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L'évènement médiatique de la semaine a été, sans aucun doute, le documentaire consacré au littoral algérien de l'émission Thalassa de France 3, intitulé « Algérie : la mer retrouvée » et diffusé en prime-time au cours de cette soirée de ce vendredi 3 avril 2015 et qui a été suivi en France, selon les médias d'outre-Méditerranée, par pas moins de 2,63 millions de téléspectateurs. 

Par contre, on ne dispose d'aucun chiffre sur l'audimat local algérien mais certainement cela a fait carton plein lorsqu'on sait que les Algériens sont friands et consommateurs à volonté de tout ce qui vient de l'étranger à défaut d'alternatives locales. Avec l'Unique, comme génitrice et pionnière de toute cette brusque floraison de chaînes pseudo-privées, on redoute à coup sûr en haut lieu que des outils, comme la mesure de l'audimat, les remettent à leur rang de derniers de la classe. Elle, qui feint de se croire le nombril de l'Algérie avec son JT de 20 heures, squatté à longueur d'années par les dirigeants et où la parole du peuple est la plus inaudible possible.

De surcroît, les chaînes de télévision algériennes qui ont vu le jour ces dernières années ont été créées à première vue dans d'autres buts occultes qui ne servent absolument les tangibles desseins du pays mais, ne sont là que pour détourner l'attention des citoyens des véritables enjeux et défis majeurs du futur. Au fait, leur intention est d'abêtir un peu plus ce qui reste encore debout comme éveil et consciences. Il n'y a qu'à constater amèrement le niveau lamentable des débats qui passent à longueur de soirées.

Comme par exemple, ces images insoutenables de malades qu'on fait défiler sur les écrans, demandant l'aide des âmes charitables en omettant de discuter les problèmes de fond sur le droit des Algériens à être soignés équitablement et le manque flagrant des médicaments dans nos hôpitaux ou pourquoi certains favorisés meurent dans la dignité dans un grand hôpital parisien et les indigènes de seconde zone souffrent dans des conditions les plus effroyables et les plus misérables. Heureusement que les souterrains des tombes ne sont pas catégorisées en étoiles. On ne peut que se poser la question si ces chaînes militent pour la construction d'un pays moderne avec des institutions authentiques ou bien prêchent pour la création d'une zaouïa à ciel ouvert.

Durant la dernière Coupe d'Afrique, elles se sont toutes reconverties, du matin au soir, au foot, travestissant l'essentiel de l'actualité telle que la question du gaz de schiste et la critique de la politique gouvernementale à la suite de la chute des prix du baril, effectuant un virage à 180 degrés alors qu'il y a à peine quelques mois, surtout durant la dernière campagne électorale présidentielle, tous ces courtisans pavoisaient sur les toits, déclarant en bombant le torse que rien ne les touchait comme s'ils étaient immunisés de toute crise et lavés de tout soupçon. Ce n'est donc pas pour rien qu'aucune demeure en Algérie ne peut échapper à la parabole, même les plus démunis en sont pourvus. Ces assiettes, comme on aime ainsi à les nommer au pays, sont toutes orientées vers le Sud, mais ce sont les pays du Nord qui sont bien visés avec les bouquets d'Astra et de Hotbird, pour ne pas dire la France et aussi le Moyen-Orient avec le satellite Nilesat. L'influence culturelle est donc partagée entre ces deux régions.

Le pays peine alors à trouver sa voie entre l'Occident et l'Orient, tiraillé de toutes parts entre ces deux entités. On doute fortement que les chaînes surgies du néant soient prêtes à combler le vide sauf si elles abordent les vrais problèmes et concourent à la levée des divers obstacles politiques connus et reconnus de tous en ouvrant leurs portes aux différents acteurs de la société, sans aucune distinction. Ce n'est donc que par le dialogue sérieux et responsable que l'on peut tirer ce pays vers le haut, vers le meilleur.

Le magasine télévisuel Thalassa nous a montré à quel point nous avons de la chance de vivre dans ce pays et que nous disposons de tous les moyens et de toutes les potentialités pour y vivre heureux pourvu que les politiques à mener par les gouvernants soient conformes aux aspirations de ce peuple et animés de visions lointaines et non pas préoccupés à préparer un 5ème mandat en envisageant tous les scénarios pour sauvegarder leurs peaux. Mais, ce sujet est une autre paire de manches. Il faudrait pour cela rédiger des kilomètres de lignes pour décrire tous les maux et toutes les tares qui freinent son développement et retardent son émergence dans le concert des nations comme nous l'avons jadis entendu à satiété.

Dans le documentaire de France 3, nous n'avons vu aucun wali ni ministre algérien malgré les aides et les facilitations apportées par ces différents responsables à l'équipe de tournage ainsi que l'autorisation des prises de vues aériennes. On a vu des acteurs différents, des citoyens qu'on croise souvent dans la rue et dans nos quartiers populaires, de l'Algérie basse principalement que de ce qu'on a l'habitude de voir sur nos plateaux de télévision. Les seules citations auxquelles ont eu droit ces messieurs, c'est dans le générique en fin du film. Ni plus ni moins. Nos remerciements légendaires et nos caresses dans le sens du poil n'ont aucun droit de cité.

L'Algérie serait un géant, comme on l'a évoqué dans cette émission, mais ses pieds d'argile pataugent encore dans la boue et l'empêchent de sortir de la gadoue. Il est inconcevable que l'on ne puisse doter le pays d'une constitution pérenne qui survivrait aux hommes. Depuis la constituante de 1963, nous sommes déjà à 4 constitutions avec un amendement en 2008 de celle de 1996. Si cette dernière a quelque peu survécu toutes ces années, la cause provient beaucoup plus de la longévité au pouvoir de l'actuel locataire d'El-Mouradia qui se l'est taillée sur mesure qu'à la constance des institutions. Si on exclut la suspension constitutionnelle entre 1965 et 1976 ensuite de 1996 à 1996, on est certainement dans le lot des pays qui n'ont de la démocratie que le nom. C'est ce qui arrive quand les intérêts personnels priment sur les intérêts suprêmes de la nation.

On mesure maintenant pourquoi les pieds-noirs l'ont quitté les larmes aux yeux avec la perte à jamais d'un vrai paradis sur terre. Ce que les harraga ne perçoivent pas malheureusement sous cet angle. Ils ont l'impression de vouloir quitter l'enfer dans des embarcations de fortune, le plus souvent au péril de leurs vies. Les terribles images de ces morts rejetés par la mer nous dévoilent à quel point les échecs successifs des politiques entreprises sont criards. De notre école jusqu'à notre économie, en passant par la santé, l'université, l'injustice, le piston, la gestion des cités, l'illégitimité des élus locaux et nationaux décrédibilisés, sans omettre l'état lamentable de nos services publics rongés par la bureaucratie régnante…et j'en passe. Ces harraga ne pourraient quitter un paradis pour un autre.

C'est la faillite des hommes qui a fait de ce pays ce qu'il est devenu. Heureusement que la rente est encore là pour cacher toutes ces difformités et dissimuler toutes les imperfections en dopant des budgets jusqu'à ce que l'oseille soit jetée par les fenêtres avec des programmes budgétivores et une corruption battant son plein. Il n'est pas assez sûr que l'argent seul puisse faire notre bonheur. Accorder un crédit à un ignorant dont l'horizon est bouché ou à un lettré illuminé doté d'une longue vue et d'un esprit clairvoyant, l'issue ne peut déboucher que sur deux voies totalement contradictoires et complètement antinomiques. La première mènerait inévitablement vers un cul-de-sac où il serait impossible de rebrousser chemin ; la seconde pourrait entrouvrir de nouvelles perspectives et des investissements sur le long terme. Cela ne pourrait que confirmer qu'on ne peut absolument faire d'un âne un cheval de course.

Pourtant, Thalassa, une émission dédiée à la mer, n'a montré qu'une infime partie des paysages à nous couper le souffre tant au Nord qu'aux Hauts-Plateaux ou dans le Grand Sud. C'est vraiment dommage d'attendre qu'une équipe de télévision étrangère vienne nous révéler tous les trésors que recèlent nos plages presque vierges lorsqu'on les scrute du ciel.

Les réactions sur cette émission ont été multiples sur les réseaux sociaux à tels points que les Algériens eux-mêmes ont été surpris par ces images intenables et époustouflantes sur ces côtes que certains découvrent peut-être pour la première fois. D'autres doutent encore que ces paysages vierges fassent partie du décor du pays dans lequel on vit depuis sa naissance. Pourquoi attend-t-on toujours que l'on découvre le pays à travers les yeux des étrangers. Pourquoi ne savons-nous pas encore déceler ces perles cachées ? Malheureusement nos chaînes de télévision ne savent qu'amplifier les images laides et médiocres qu'ils diffusent quotidiennement et d'une qualité à faire vomir ? Et des sujets à vous faire fuir sans retour devant votre poste. Après avoir raté la première diffusion, j'ai eu le grand plaisir de savourer ce document et en même temps l'enregistrer le lendemain sur la chaîne thématique Planète + Thalassa et, s'il vous plait, en HD (Haute Définition). C'était bien évidemment la cerise sur le gâteau. Depuis, je n'arrête pas de la regarder sous tous les plans. J'ai compris maintenant pourquoi dans le hall de l'aéroport de Constantine, on ne se lasse pas de diffuser en boucle sur des écrans géants la vidéo vue du ciel de la ville réalisée par le non moins célèbre Yann Arthus-Bertrand, datant du mois d'août 2013. J'ai bien la crainte de ne pas encore voir de concurrents à ces images pour la promotion de l'évènement de Constantine « capitale de la culture arabe ». Faute d'autres éventuels choix, les jeunes du réseau social Facebook redemandent et raffolent de ces images de l'Algérie de Thalassa.

Selon le site Algérie-Focus, l'ambassade de France, pour ainsi dire apporter son grain de sel et tirer un profit non négligeable en misant sur l'avenir, va rediffuser du 4 au 9 avril, ce documentaire à travers un périple d'ouest en est dans 5 villes (Tlemcen, Oran, Alger, Constantine et Annaba) suivi de débats axés principalement sur la préservation de l'environnement, en présence de l'un de ses réalisateurs. Tout en étant auréolée de son titre de première destination mondiale en matière de tourisme avec un chiffre record de 83,7 millions de touristes étrangers (soit 7 millions par mois ou 230000 par jour !), avec tout son indéniable savoir-faire touristique et toute son emprise multiculturelle sur l'Algérie, la France, en quête de nouveaux horizons, ne lâche pas le gros morceau en caressant dans l'ombre l'idée d'être omniprésente le jour où les portes de cette Algérie, fraîche touristiquement, lui seraient grandes ouvertes en ne ratant pas le jour de l'ouverture des plis avec un accueil et un retour à bras ouverts. 

La triche, cet autre fléau qui ronge l'enseignement

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Cet article est paru dans les colonnes du Quotidien d'Oran du Jeudi 26 Février 2015 sous le lien suivant: 
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Imaginons qu'un chef d'un département, d'une faculté, d'une université de mon pays l'Algérie, guidé par sa seule conscience professionnelle, par sa moralité qui le transcende, par la probité qui l'anime, par la déontologie du savoir qu'il prône et l'éthique du métier qu'il exerce, saisit le procureur de la république de la ville, directement sans consulter ses supérieurs hiérarchiques et sans aucun moyen de blocage de leurs parts, ni d'aucune autre pression intérieure qu'extérieure, pour ouvrir une enquête contre deux des étudiants de son département après avoir été alerté par des enseignants de la matière à la suite de la constatation de nombreuses ressemblances sur leurs copies de l'examen qu'ils venaient de passer il y a quelques jours. Ne soyez surtout pas ébahi, ce n'est qu'une fiction. La réalité est tout autre. Elle ne peut se réaliser en l'état actuel des choses. 

Notre mauvais héros, toujours dans le virtuel, aurait vu de toutes les couleurs, rien que le fait de le penser ! Il aurait regretté le jour de sa naissance si jamais il aurait osé l'imaginaire. Il aurait été simplement réprimandé de toutes parts. Tous les malheurs du pays lui seraient tombés sur la tête. Il ne pourrait supporter la chape de plomb qui se serait écrasé sur sa pauvre personne pour le faire taire à jamais. C'est un tabou à ne point dévoiler et qui irait contredire toutes les politiques désastreuses menées contre vents et marées. D'un courageux qui a bravé l'interdit, il se retrouverait jeté tout frais en pâture, prêt à être désossé tout cru. Les prédateurs du mal et des ennemis du pays l'auraient dévoré après l'avoir déchiqueté sans aucun état d'âme avant qu'il ne donne de mauvaises idées à ses confrères. Il servira d'exemple aux autres possibles prétendants qui veulent déranger l'ordre établi.

Sans omettre les associations estudiantines qui auraient soulevé cieux et mers, cadenassé tous les locaux administratifs et pédagogiques avec des grèves, des manifestations, des assemblées générales en sessions ouvertes et des communiqués biquotidiens, demandant la tête du malheureux chef de département et la réhabilitation de leurs camarades qu'ils soient coupables ou non. Le chef, comme son nom devait l'indiquer ; du plaignant, il est converti, par le système, la force du terrain et les jeux politiciens, au banc des accusés jusqu'à la fin de ses jours. Exit la pédagogie et la déontologie ! S'il désirait, au départ de sa carrière, gravir les échelons de l'escabeau, il devrait maintenant méditer amèrement sur son sort scellé.

Réveillons-nous maintenant de notre cauchemar et découvrons que cette histoire est possible mais, sous d'autres cieux, dans des pays dont on comprend, à travers un tel acte d'intégrité et de l'amour du pays, pourquoi ils nous dépassent et que nous ne pourrions jamais les rattraper car, nous sommes en train d'emprunter des chemins tortueux qui nous mènent que droit au mur quoiqu'ils existent de voix plurielles qui n'ont jamais baissé les bras en appelant de toutes leurs résistances à l'arrêt de l'hémorragie chronique. On espère que ces cœurs battants, pourvu qu'ils n'abdiquent point, trouveraient enfin des oreilles attentives. Plus le temps passe dans l'agonie et plus le sursaut deviendrait insurmontable.

Revenons à notre histoire qui ressemble à l'inimaginable. C'est ce que j'ai lu par hasard dans un article d'un journal français [1] dans son édition online de ce 18 février 2015. La chronique a pour scène l'université du Havre, plus précisément au département de droit où effectivement le chef de ce département a déposé plainte auprès du procureur de la république de la ville du Havre contre deux étudiants de son département après avoir constaté lors de la correction que leurs copies d'examen comportaient des similitudes troublantes. Comme on le remarque fort bien, il ne l'a fait pour un flagrant délit observé au cours du dit examen, mais il ne s'est basé seulement que sur des soupçons de fraudes.

Il justifie son acte par un communiqué [2] sur l'obligation d'user de l'article 40 du code de procédure pénale [3] de son pays qui énonce que : « Toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l'exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d'un crime ou d'un délit est tenu d'en donner avis sans délai au procureur de la République et de transmettre à ce magistrat tous les renseignements, procès-verbaux et actes qui y sont relatifs. ». Par ailleurs, il affirme dans cette même lettre que : « ma mission, en tant que directeur du département droit de l'université du Havre, est double : d'une part, veiller à ce que l'égalité des étudiants soit scrupuleusement assurée, d'autre part, m'assurer que l'image de nos diplômes perçue à l'extérieur de l'université soit de qualité. ». Sans commentaires.

D'autre part, en tant que fonctionnaire, le directeur du département use de son droit d'activer également la loi de son pays datant du 23 décembre 1901 qui réprime les fraudes dans les examens et concours publics [4]. Cette loi, dans son article 1, précise que : « Toute fraude commise dans les examens et les concours publics qui ont pour objet l'entrée dans une administration publique ou l'acquisition d'un diplôme délivré par l'Etat constitue un délit. ». Elle complète dans son article 2 que : « Quiconque se sera rendu coupable d'un délit de cette nature, notamment en livrant à un tiers ou en communiquant sciemment, avant l'examen ou le concours, à quelqu'une des parties intéressées, le texte ou le sujet de l'épreuve, ou bien en faisant usage de pièces fausses, telles que diplômes, certificats, extraits de naissance ou autres, ou bien en substituant une tierce personne au véritable candidat, sera condamné à un emprisonnement de trois ans et à une amende de 9 000 euros ou à l'une de ces peines seulement. ». En outre, l'article 3 indique que : « Les mêmes peines seront prononcées contre les complices du délit. ».

Il rappelle dans sa déclaration l'un des objectifs de sa mission : « Ma fonction de directeur de département m'impose toutefois d'accorder plus d'importance à l'inquiétude de ceux qui ne fraudent pas et qui souhaitent légitimement que le sérieux et la qualité de nos formations soit préservée. ». Il conclut sa position par son souci de la préservation de l'image de son université et du maintien de sa crédibilité : « La faculté des affaires internationales du Havre intègre environ 90 % de ses étudiants diplômés dans le marché du travail ; ces bons taux d'insertion professionnelle reposent sur la confiance que les opérateurs économiques accordent à nos diplômes. Pour la préserver, je continuerai donc d'appliquer une politique de tolérance zéro à l'égard des fraudeurs, dans le plus strict respect de la légalité.».

Parallèlement à cette procédure externe, un autre dossier, muni de six-procès verbaux de suspicion de fraudes rédigés par trois enseignants responsables des épreuves, a été transmis à la commission discipline interne à l'université pour d'éventuelles sanctions pédagogiques.

La machine judiciaire, lorsqu'elle fait son devoir, s'est alors mise en branle. Rien ne l'arrête, ni un ordre de nuit ni une intervention d'en haut. Elle ira, en toute âme et conscience, jusqu'au bout de ses prérogatives. Aussitôt, la police, saisie par le procureur, met en exécution la procédure judiciaire en plaçant en garde à vue durant des heures ces deux étudiants avec des interrogatoires pour tirer au clair cette affaire, en adressant, sitôt dressé, son rapport au procureur qui décidera de la suite à suivre. Un rassemblement d'étudiants a été organisé le soir même devant le commissariat, non pas pour exiger la libération des deux mis en cause mais, apporter leur soutien en attendant la sortie des deux gardés à vue car, ils savent pertinemment que la justice rendra équitablement son jugement.

Où en sommes-nous nous avec toutes ces valeurs ? Frauder n'est-il pas considéré comme synonyme de voler ou usurper ? Combien de fois des conseils de discipline ont pris des sanctions mais, vite annulées et jetées aux calendes grecques par l'autorité supérieure avec des règlements tout à fait contraires aux principes pédagogiques ? Un chef de département, s'il a le droit de saisir directement la justice pour de tels faits pourrait-il voir sa carrière survivre à tels hypothétiques évènements ?

Si une association estudiantine, en l'occurrence le syndicat Unef (Union nationale des étudiants de France) ait intervenu et c'est son rôle pour défendre la présomption d'innocence de leurs affiliés, ce n'est pas pour répandre et participer à la médiocrité mais c'est principalement dans le but de ne pas sanctionner doublement ces deux étudiants, qui sont au passage des étrangers, par la crainte de voir le non-renouvellement de leurs titres de séjour. Pour sa part, le syndicat des enseignants Snesup-Fsu l'entrevoit aussi de cet angle. Quant au président de l'université, il a affirmé que certes son collègue chef de département a pris ses responsabilités mais, trouve que ce signalement lui semble disproportionné et maladroit car, dans son subconscient, il ne doute guère sur le verdict, ni sur la propreté de la commission de discipline qui ne va point faillir à sa mission, ni faire des concessions, ni étouffer l'affaire dans son œuf. Elle appliquera le règlement intérieur dans toute sa rigueur.

Qu'en est-il alors chez nous où les décisions de nos conseils de discipline sont le plus souvent piétinées pour des considérations sans doute extra-pédagogiques et que le recours à la justice est un sacrilège à ne même pas fantasmer ? C'est un sujet d'une autre nature qu'on n'est pas encore prêt aujourd'hui d'en débattre sans des expertises crédibles précises suivies de réelles réformes profondes.

Sources :


[2] http://www.normandie-actu.fr/tribune-fraudes-detudiants-au-havre-%C2%AB-pourquoi-jai-alerte-le-procureur-%C2%BB_113676/


[4] http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=LEGITEXT000006070890&dateTexte 


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vendredi 13 février 2015

Société civile dites-vous * ?

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Cet article est paru dans les colonnes du Quotidien d'Oran du Jeudi 12 Février 2015 sous le lien suivant: 
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Selon le site du ministère de l’intérieur, la situation arrêtée à la date du 31 décembre 2011 sur l’état associatif général du pays est de 1027 associations nationales agréées [1], tous domaines confondus. Au niveau local, ce sont 92627 associations [2] qui sont présumées actives.

C’est au niveau local que le besoin du travail associatif se fait le plus sentir. Les associations nationales dans leur grande majorité s’il l’on excepte quelques raretés, comme de nombreux partis d’ailleurs, occupent plus les salons cossus des résidences et des grands hôtels que le terrain bouillonnant de notre société. Ces derniers temps, avec cette prolifération de chaînes de télévisions pseudo-privées, elles sont beaucoup plus occupées à soigner leur image télégénique pour d’éventuelles escalades dans l’échelle de l’opportunisme que d’être aux côtés des populations qu’elles sont censées défendre leurs intérêts.

Encore plus pire pour les présidents des associations locales, qui fréquentent souvent les bureaux des responsables pour de quelconques dividendes, se transformant ainsi, de façon douteuse, en des permanences électorales pour tel ou tel candidat d’un parti après que le vent ait indiqué la direction à suivre en faveur du futur vainqueur, omettant par conséquent toutes les prérogatives associatives. En usant de la brosse dans le sens du poil, ils tuent l’émergence d’une réelle société civile. Heureusement qu’il existe des associations incorruptibles, qui luttent de toutes leurs forces, le plus souvent à contre-courant contre vents et marrées, afin que le mouvement associatif puisse écrire quelques lettres de noblesse.

À titre d’exemple, les associations des handicapés et les inadaptés, puisque c’est de cette tranche souffrante de la population qu’il est question dans ce papier, représentent localement 1.33 % du total, soit 1234 au niveau de tout le pays. A titre d’exemple, la wilaya de Relizane dispose d’un pourcentage encore plus faible par rapport à la moyenne nationale, voire insignifiant, avec un taux de 0.3 % sur l’ensemble des 330 associations officielles quoique que sa population soit de 2.13 % de la totalité du pays, ce qui nous adjuge donc un déficit de 1643 associations dans cette wilaya ! Il faut noter, au passage, que cette wilaya est la moins représentée associativement après celle de Tindouf mais, cette dernière est environ 15 fois moins peuplée. Au prorata, la wilaya de Relizane se classe donc en queue du peloton. Si je m’appuie ici sur cette Wilaya, c’est dans le but de vous montrer que du néant, peut surgir une référence. Souvent, c’est la qualité qui fait la différence.    

En effet, il existe des associations qui activent dans l’ombre au sein de la société. On discerne certainement de nombreux cas comparables à travers tout le territoire national qui possèdent le sens du travail associatif et n’attendent nullement de quelconques récompenses mais seulement de la reconnaissance de la part des autorités par leurs éventuelles assistances dans leur besogne quotidienne.  
Avant la célébration de la journée internationale des personnes handicapées qui coïncide avec le 3 décembre de chaque année, j’ai rendu visite en ce 1er du mois de novembre écoulé, journée très chère de notre histoire contemporaine, en compagnie de quelques amis de groupes de réseaux sociaux, à une association de la ville que j’ai connue grâce à facebook et qui avait attiré notre intention par son formidable travail de proximité vis-à-vis de cette catégorie qui n’est point gâtée par la vie.  

Rappelons que cette journée a été effectivement proclamée depuis 1992 par les nations unis. Comme le note si bien le site dédié à cette catégorie spécifique de la population mondiale, cette commémoration universelle est l'occasion idéale de réaffirmer certains principes de base, trop souvent oubliés comme : "Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits". Le respect de cette dignité due à chaque personne, valide ou non, implique la reconnaissance de droits fondamentaux comme l'éducation ou l'accès au travail [3].

Les manifestations organisées en cette occasion nous incitent à modifier le regard que nous portons sur les personnes handicapées. Dommage que de telles journées passent presque inaperçues dans le pays. Juste un petit reportage dans le journal télévisé et puis c’est l’oubli presque total tout au long de l’année. Avoir un handicap, c’est presque pour la plupart pour toute la vie. Ces êtres qui sont nés avec des incapacités physiques ou ils le sont devenus par de divers accidents de la vie.
Imad Imc**, puisque c’est l’exemple dont repose ce modeste papier, est une association qui a deux adresses de part et d’autre des deux rives de la méditerranée. Elle a un pied à Bobigny en région parisienne en France (dans le département de Seine-Seine Denis, plus connu sous le numéro fétiche du 93) et où elle milite dans une association d’handicapés [4] et qui a même fait l’objet d’un reportage sur le journal de la ville [5].  L’autre pied se situe plus exactement à la cité Dnc de Relizane. Elle s’emploie durant toute l’année à lever des fonds de toute nature pour venir en aide aux mêmes catégories d’enfants au sud de la méditerranée.

Elle n’hésite pas à organiser des concerts pour financer l'acheminement de dons de matériel médical pour des enfants porteurs de handicap en Algérie. C'est ce qu'elle avait fait avec succès en cette soirée de solidarité du 30 Novembre 2013 à la salle Pablo Neruda de Bobigny avec la participation dévouée de sponsors locaux. Elle a poussé même les portes de l’exploit pour faire de même à Relizane le 12 mars 2013 à l’hôtel Mina de la ville avec l’aide et la disponibilité de Ferhat, membre de l’ex-groupe des « Sailors » et de sa troupe venue spécialement d’Oran pour la noble cause, sans oublier l’animation des infatigables Madjid, Mokhtar, Redouane et d’autres amis facebookiens. 

Les handicapés et leurs familles étaient les vedettes de cette agréable soirée par leur sympathique présence au cours de laquelle, des chaises roulantes ont été distribuées par l’association aux plus nécessiteux. Si une telle solennité ait été célébrée, c’est uniquement dans l’intention de sensibiliser les citoyens sur les bienfaits de l’humanisme. Comme le note l’ami Larbi dans un de ses posts, derrière cela, il y a le message du cœur et de l’humilité, un geste devenant une denrée rare de nos jours. Si certaines institutions étatiques, dont la prise en charge des malades handicapés, est défaillante, et c'est aussi vraie, ces associations caritatives ne doivent pas les prendre comme exemple, c’est à dire de se condamner à l'immobilisme. Car il y va de la survie de cette frange de la société.

Lors de notre dernière visite que nous avons effectuée à l’adresse de cette association, nous avons été interpellés mes camarades et moi, par l’honorable attitude de sa présidente, en l’occurrence notre héroïne Rafika, qui est au four et au moulin, n’a pas hésité un instant pour mettre le rez-de-chaussée de sa maison du bled à la disposition de ces handicapés qui viennent parfois de loin durant toute la journée effectuer des rééducations avec le matériel qu’elle l’avait ramené d’outre-mer avec tous les tracas administratifs et les aléas du transport que cela suppose ainsi que le temps fou et l’énergie incroyable qu’elle n’a pas ménagés pour braver l’inimaginable.

Ce ne sont pas moins d’une centaine d’enfants handicapés qui sont pris en charge tout au long de l’année. Il faut également souligner l’attention et l’affection que portent toutes ces personnes de ce modeste centre qui s’occupent de ces polyhandicapés en ne lésinant pas sur les moyens, quoique que modestes, mis à leur disposition pour faire l’impossible de les soulager de leurs épreuves quotidiennes qu’ils endurent avec leur entourage. J’ai vu des mamans qui viennent d’une vingtaine de kilomètres pour ramener leurs enfants faire leurs séances, nonobstant les difficultés de transport, d’un bus à un autre, surtout particulière d’un handicapé. J’ai également rencontré un papa dont la vie professionnelle est complètement bouleversée et qui souhaite un rapprochement de son lieu son travail afin de s’occuper pleinement de sa fille handicapée. Chaque situation est un vrai cas particulier.

C’est dans ces conditions extrêmes que cette dame, qui en passant est douée d’un incroyable dynamisme, gère tous les jours au milieu de toutes les sollicitations de ces familles qui ont trouvé en elle un véritable réconfort et un soutien indéniable. C’est vrai qu’elle est elle-même mère d’un handicapé. Ce qui explique fortement sa détermination farouche pour cet auguste combat qu’elle mène sur les deux fronts de la méditerranée puisqu’elle sent les profonds sentiments des parents de ces malades et le calvaire qu’ils subissent tous les jours pour leur apporter un tant soit peu de bonheur et d’amour. C’est dans l’échange de ces riches expériences qu’elle décèle sa récompense.

Malgré tous ces sacrifices et sans l’appui formel de l’état, ces aides restent insuffisantes au vu de la particularité de ces patients. Ces handicapés ne peuvent pas vivre dans l’incertitude en attendant aléatoirement qu’un éventuel donateur vienne taper à leurs portes. Certes les associations intègres, comme celle que je viens de citer, peuvent apporter un certain soutien moral et permanent mais la logistique doit émaner des institutions publiques qui ne doivent pas omettre leurs implications dans la vie publique.

Il est anormal que les autorités ne puissent pas dégager des terrains de quelques dizaines de mètres carrés pour la construction de centres avec toutes les commodités nécessaires afin que ces personnes infirmes, en plus de leurs handicaps qui ne les avantagent déjà guère dans leur quotidien et en ne comptant que sur leur visible ténacité, puissent enfin goûter à une certaine dignité. Ça y va du devoir de tous.

* Ce titre est de la rédaction du Quotidien d'Oran, le titre initial est : Imad Imc**, un autre exemple des deux rives.

**Imc : Infirmité motrice cérébrale.

NB : Nous souhaitons un prompt rétablissement à Imad, dont l’appellation de l’association porte le nom, et qui vient de subir une lourde opération d’un de ses multiples handicaps.

Sources :





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