jeudi 27 décembre 2012

Des années qui se bouclent et se rebouclent


====================================================== 
Article paru dans les colonnes du Quotidien d'Oran du Jeudi 27 Décembre 2012 que vous pouvez consulter également sur les liens suivants:
- en format pdf: http://fr.calameo.com/read/000370446c18efca5cccc
- en format pdf zippé: http://lequotidien-oran.com/pdfs/27122012.zip
- en format html: http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5177305

======================================================


Que dire de cette année 2012 qui s’achève avec toutes ses déceptions après avoir suscité des espoirs et des sensations à son commencement. Une année qui a vu le déroulement de deux échéances électorales, les législatives et les locales, n’ayant pas provoqué l’engouement attendu mais qui maintiennent presque le statut-quo précédent doublé d’une participation record de formations politiques dépassant de très loin la dose démocratique et dont on ne peut même pas les différencier par leurs sigles. Toutes les lettres de l’alphabet ont été à profusion utilisées sans que l’on ait pu trouver la recette magique pour attirer les foules mais en vain.

A un ami sexagénaire à qui j’avais demandé pour quel parti il avait voté pour ces élections. Malgré la multitude des partis et les choix proposés, il avait carrément opté pour le vieux parti unique. Quelles en sont les raisons selon lui ? Eh bien ! Il m’a répondu texto que c’est sur ce parti qu'il avait ouvert les yeux à l’indépendance du pays, que c’est celui-ci qui lui avait permis d’être scolarisé, de grandir sans soucis. C’est en quelque sorte le parti culte mais dont la mémoire appartient à tous les algériens.

Cette formation politique lui avait professé toutes les ficelles post-indépendance  à tricher, à être roublard, à être malin, à chiper aussi, à détourner, à bourrer les urnes, à fausser les chiffres, à mentir, à acquérir son logement et son lot de terrain en contournant les lois, à avoir son bon pour l’acquisition de sa première voiture de la défunte Sonacome, de son premier réfrigérateur ou son chauffage au temps de ces fameux souk el fellah, etc.

Je ne pourrais m’imaginer, m’affirmait-il, de changer une équipe pour laquelle j’ai tout gagné, qui m’avait permis d’avoir plus de droits que la moyenne des autres citoyens. Pour laquelle j’avais voyagé presque gratis et sans visa. Elle, qui m’a offert en fin de cycle un pèlerinage à la Mecque aux frais de la princesse pour se laver de tous mes péchés. Elle te permet de frauder et d’effacer toutes les traces à la fin de ta vie.

Loin de considérer ces élections de crédibles et pour lesquelles beaucoup d’encre avait coulé sous les ponts du pays, c’est donc un scrutin qui a été un refuge pour cette frange en voie d’extinction, du moins pour celle qui avait participé par la crainte d’un avenir des plus incertains en se réfugiant dans un passé qui n’a pas été, loin de là, des plus séduisants pour d’autres pans de la population. Cette gestion d’un passif de 50 ans, pour lequel nous subissons toutes les conséquences fatales et néfastes d’aujourd’hui. Un futur, il fallait le construire, pas comme il l’a été pendant toutes ces années d’indépendance où le pays a marché presque à l’aveuglette et sans aucun programme précis et sans faire les pauses nécessaires pour dresser tous les bilans et en rectifiant les tirs avant que ce ne soit pas trop tard pour le pays.

On continue à ignorer toutes les opinions de ce peuple et c’est là où se situent toutes les maladresses et les désillusions. On cherche plutôt à acquérir les appuis extérieurs en négligeant ceux de l’intérieur comme s’ils n’existaient nullement. La crise de la légitimité, inévitable à toute promotion démocratique, est là, présente, qui nous poursuit comme un vieux et perpétuel cauchemar qui nous hante depuis le siècle passé et qui nous gâche la vie par cette fuite continuelle en avant. Cette recherche de la légitimité nous ferait sortir du couple, hors-la-loi, qui vit tout son amour dans l’illicite engendrant une illégalité infinie.

Lorsqu'on voit un jeune qui ait contracté un crédit pour l’emploi des jeunes sans aucune garantie de remboursement, on ne peut que se demander sur la gestion des deniers publics par un gouvernement qui cherche finalement que la paix et à couver les conflits sociaux par une politique qui ne cherche qu'à calmer les esprits au lieu de résoudre sereinement les problèmes posés pas au détriment du trésor public et en esquivant toutes les altruistes solutions.

Lorsqu'un jeune qui vient d’acquérir son crédit vous annonce clairement et sans aucune réserve qu'il ne rembourserait point, aucun sou à l’état puisqu'il s’agit de sa part qu'il vient d’arracher auprès de la cagnotte nationale dont tout le monde continue de s’en servir allègrement au mépris des lois et de l’éthique dont doit se prévaloir tout dirigeant. Justement ce n’est pas un état de droits qu'on a érigé mais celui de la jungle où les plus forts boufferaient les plus démunis.

Un ami, pour qui son fils avait négocié un crédit auprès de la banque publique, m’a avoué que par ces mesures, l’état a détourné nos enfants des bonnes valeurs et du travail honnête qui ne doivent se mesurer qu'à la sueur du front. Comment se fait-il qu'un jeune homme qui n’a jamais eu à compter un million de centimes, encore mois à le posséder, puisse tout d’un coup gérer un capital d’un milliard de centimes pour lequel il n’ait dépensé aucune goutte de son front ? Au lieu que l’état réfléchit en relançant une économie qui est en panne, il préfère se dégager de ses responsabilités en distribuant de l’oseille à tout va identiquement comme lorsqu'on ne vend que du rêve pleins les yeux au début et à la fin remplis de déboires.

Le pays a besoin beaucoup plus de bons concepts, de projets concrets que d’argent dont on ne sait quoi faire lorsqu'on est en panne d’idées. L’argent ne peut être qu'une source de dépravation de la société s’il  n’est pas géré et dépensé de la manière le plus intelligente qui soit où chaque dinar ait sa grande importance. Il faut se comporter comme en temps de crise en retenant les leçons, pas en les oubliant comme l’atteste l’actuel comportement.

J’ai l’impression que l’on revit exactement la même fin d’année que la précédente où les choses n’ont point évolué, avec une dégradation en plus de la confiance en nos gouvernants qui prend chaque jour un coup de massue supplémentaire, augmentant ainsi à leur égard davantage de méfiance et de défiance. La solution ne pourrait résider qu'à un retour aux valeurs républicaines avec des urnes propres sortant des élus libres, compétents, intelligents et capables qui comptent beaucoup plus sur la perspicacité de leurs idées et de leur programme qu'à s’appuyer sur la main tendue éternellement.

Enfin, faisons seulement un souhait en cette nième fin d’année pour que nos rêves puissent enfin se réaliser. Une amertume de plus durant les 365 prochains jours et nous revoilà en fin d’année à tourner dans une boucle sans fin.
=======================

jeudi 13 décembre 2012

Mais où sont-ils donc passés les bilans des assemblées sortantes ?


====================================================== 
Article paru dans les colonnes du Quotidien d'Oran du Jeudi 20 Décembre 2012 que vous pouvez consulter également sur les liens suivants:
======================================================


Les choses se suivent et se ressemblent dans le pays avec ces assemblées qui arrivent les mains vides sans programmes doublées d’une gestion chaotique pour la plupart d’entre-elles et repartent incognito sans présenter le moindre bilan de leurs mandats passés à la tête des APC (Assemblée Populaire Communale) et des APW (Assemblée Populaire de Wilaya). Si les urnes pouvaient sanctionner comme il se devrait, on ne reverrait plus récidiver de sitôt ces mêmes esprits, avides plus que jamais du pouvoir et d’opportunisme, revenir au galop comme si ce peuple est d’une mémoire courte.

Dommage que l’électeur ne pouvait pas choisir convenablement dans ce patchwork de partis dont on ne peut les différencier que par leur identique ressemblance mises à part quelques très rares exceptions. C’est Moussa El Hadj et El Hadj Moussa. L’électeur est perdu à faire le choix douloureux et se refuge donc finalement en se jetant dans les bras de ses précédents bourreaux ne sachant pas ce qui pourrait lui arriver si jamais il opterait pour d'autres illustres inconnus. Tout est donc verrouillé en amont. La bonne option n’est plus possible. La lueur d’espoir est des plus sombres. Le plus surprenant dans cette affaire est de voir les mêmes partis, le plus souvent accompagnés des mêmes figures, repartir et refluer comme si de rien n’était puisqu'ils ne sont pas obligés de rendre compte, ni de se souvenir d’être passés par là lors des précédentes consultations. On ne peut que s’interroger pourquoi plus de la moitié des électeurs ne se déplacent pas aux bureaux du vote si ce n’est l’une des causes essentielles de ce jeu muré.

Ils ont besoin de ces citoyens mal-gouvernés que les jours des meetings pour leur promettre monts et merveilles et les harceler le jour du vote pour disparaître à jamais du décor, et réapparaître de nouveau durant la période électorale suivante et ainsi de suite. Et la boucle est bouclée. Certains visages nous sont tellement familiers du fait qu’ils sont devenus spécialistes en matière du clonage en émigrant d’un parti vers un autre pour chercher la bonne échelle, la bonne opportunité, la moindre occasion fouinant dans les plus infimes prétentions à leur mesure sans ne sentir aucune lâcheté ni un quelconque sentiment de trahison. Ils ne connaissent leur parti accidentel, pardon leur parrain, qu’à travers les sigles le temps de la campagne électorale pour les effacer de leur mémoire dans le cas d’une caution gagnante dans la distribution des quotas ou le cas contraire au soir d’une déroute électorale. Aucune éthique ne les émeut. L’important est de subsister dans les rouages de la gouvernance en fructifiant davantage leurs douteuses affaires.

Les élus de l’APN ont parfaitement montré le chemin à suivre avec ces 21 députés qui ont changé de camp depuis leurs élections en mai dernier comme le rapporte le Quotidien d’Oran de ce samedi 8 décembre 2012. Ils accèdent sous une couleur et s’agitent dans l'hémicycle sous une autre nuance. Ils défient ainsi toutes les lois de la nature. Qui dit mieux ! Ces élus qui changent de peau au gré de leurs rentes sont des sous-marins qui agissent à l’instar des caméléons qui prennent la tête d’une liste pour ensuite la livrer clés en mains à la liste antagoniste. Seuls les calculs d’intérêts occultes comptent le plus souvent.

Ils ne reculent devant rien pour assouvir leurs désirs même incestueux, ces assoiffés de la dominance par ce scrutin qui ne sanctionne guère la médiocrité et dont l’enseignement est de voir certains cauchemars revenir aux affaires, aux destinées des communes et des wilayas,  mais sous d’autres déguisements. L’adversaire d’hier devient aujourd'hui l’allié le plus sûr au détriment du citoyen. On s’en fout des idées d’un parti lorsqu'elles existent mais on n’est là que pour se hisser vers les cimes et s’échapper des damnés d’en bas. Peu importent les méthodes et les moyens d’y parvenir.

Si les assemblées ont tardé à s’installer ces derniers temps frôlant même les limites de la réglementation, ce n’est certainement pas par rapport à l’application des programmes des partis en question mais beaucoup plus dû aux postes à pourvoir et à la course aux gains. On ne peut que déplorer amèrement la violence qui a caractérisé l’installation des nouvelles assemblées avec l’affrontement des supporteurs des uns contre les autres avec comme toile de fond les dividendes de ces mêmes adversaires et un peuple dans sa majorité l’air hagard en spectateur totalement figé.

Dans ce pays, même si tu n’as pas de programme, ton nom suffit. Tu fais seulement semblant, le peuple saura le déchiffrer. Il lirait tes intentions sur les mouvements de tes lèvres. C’est un véritable dialogue entre sourds-muets. Tu n’a qu’à indiquer le sens du vent, les citoyens sentiront le bon coup à tenter. Peu importe ce que tu es maintenant, l’important est d’atterrir là où tu envisagerais de s’y poser. Par ces temps de misères politiques, il est plus facile d’être candidat à une élection que de rechercher un emploi pour un chômeur.

Un ami d’enfance a regretté de ne pas avoir présenté une liste des citoyens de la ville où il fallait choisir des candidats potables au prorata des quartiers de la cité. Ensuite, c’est la liste qui parlerait d’elle-même à la place des courtisans. Pas de meetings, ni de présentations de programmes, les physionomies des candidats suffisent à faire le reste. Ils dialogueraient par télépathie avec la population. Il suffit d’imiter le sympathique Charlot qui faisait rigoler toute la planète grâce à ses célèbres gestes mimiques. Et le tour serait joué. Toute la population serait, grâce à cette ingénieuse découverte, roulée durant tout un mandat dans la farine.

Par ces temps de marchandages des voix, l’heureux nouveau élu est choyé par tout le monde. Son téléphone portable n’arrête pas un instant de sonner. Il est assailli de tous les côtés. Les enjeux des milieux occultes sont terribles. C'est de ces desseins des nouveaux élus, pourtant bien présélectionnés à l’avance, que leur avenir en dépend. En aval, certains mauvais choix pourraient s’avérer néfastes. On peut rarement se tromper de cible. On l’appelle donc de tous les centres du pouvoir de la ville pour sonder ses faveurs et ses demandes. Il peut monnayer son acquis en monnaies sonnantes et trébuchantes.

L’essentiel est de bien choisir son camp. S’il préfère le camp adverse, ses jours seront plus que jamais comptés. Gare à celui qui oserait suivre le chemin inattendu, il serait immédiatement mis en quarantaine. Attention au virus qui pourrait faire des émules au sein des autres arrivistes si jamais, ils changeraient d’avis à 180 degrés. La chasse gardée est là pour veiller à toute mauvaise éventualité. Une surprise de dernière minute pourrait fausser tous leurs plans. Le système est là pour corriger tout hypothétique écart de voix. Que les sigles de sa formation soient LNF, NRD,  APM ou SMH, le plus important est la pérennité et la subsistance du clan.

Le citoyen sent qu'il est le dindon de la farce dans ces négociations entre les partis sortis des ténèbres du fond des urnes. Pourquoi ne serait-il pas possible de connaître ces tractations ? Est-ce un tabou que de les mettre à la connaissance de la population dont il s’agit en principe de leurs voix qui sont monnayées aux plus offrants en leur absence et au détriment de toute éthique ? Ces élus ont-ils été choisis selon leur faciès ou bien le sont-ils par rapport à leur programme, s’il y a lieu, de leurs partis respectifs ? Dans ce cas, quel programme va-t-il être adopté une fois ces assemblées installées ? Est-ce que ces nouveaux programmes vont-ils être connus des résidents de la cité ? Ou bien, va-t-on naviguer hasardement sans boussole ? Sur quels budgets et sur quelles recettes vont-elles compter les APC pour mettre en exécution leur programme ? Toutes ces questions restent pour le moment en suspens et sans réponse. Ne seraient-elles donc pas, comme d’habitude, liées au bricolage et au replâtrage ?


Est-ce que les prérogatives du wali et du maire, du président de l’APW seront-elles discernables ? Quels seront les rapports entre l’élu et le désigné ? Car le simple citoyen lambda ne fait plus la distinction. On ne sait pas si la réalisation, par exemple du siège d’une wilaya, d’une maison de culture ou d’un stade, font parties du programme de la wilaya ou celui du maire. On ne sait toujours pas si la construction d’un chemin de wilaya, d’une autoroute sont du ressort du programme du président de l’APW, de celui du wali ou du ministre en question.

Lorsqu'on regarde la loi n° 11-10 du 22 juin 2011 relative à la commune [1], et dans son titre III sur la participation des citoyens à la gestion des affaires de la commune, on constate sur le papier que les citoyens peuvent contrôler les élus. Certes, ce texte favorise la primauté du wali sur celui de l’élu qu'est le maire mais certains articles sont révolutionnaires pour peu que les citoyens revendiquent leurs applications effectives. En effet, l’article 1 de ce texte fondamental nous révèle que l’APC prend toute mesure pour informer les citoyens des affaires les concernant et les consulter sur les choix des priorités d'aménagement et du développement économique, social et culturel. Les supports et les médias disponibles peuvent mêmes être utilisés dans ce cas.

Cet article conclut dans son dernier alinéa que L’APC peut également présenter un exposé sur ses activités annuelles devant les citoyens. On a l’impression de rêver en lisant ce contenu. Qui est-ce qui empêche alors nos APC d'appliquer rigoureusement cette loi ? Où sont-elles les instances pour rappeler à ces mêmes APC l’application de cet article ? Il faut bien reconnaître que les citoyens ont une grande part de responsabilités de par leur démobilisation ou de par leur ignorance de la loi. C’est vrai qu’ils n’ont pas pris l’habitude d’exercer même partiellement leurs droits légitimes.

Quand on pioche plus loin dans le texte, l’article 14 nous rappelle que toute personne peut consulter les extraits des délibérations de l’APC ainsi que les arrêtés communaux. Elle peut même obtenir une copie. Et ce n’est pas encore fini, les séances de l’APC sont publiques et sont ouvertes aux citoyens de la commune et à tout citoyen concerné par l’objet de la délibération comme le mentionne clairement l’aliéna 1. On ne peut que se demander sur les réalités de l’application de ces articles sur le terrain.

Quant au texte relatif à la wilaya, la loi n° 12-07 du 21 février 2012 [2] et dans son article 26 est on ne peut être plus clair. En effet, l’article en question nous rappelle que les séances de l’APW sont pareillement publiques. C’est-à-dire que n’importe quel citoyen peut assister librement à ses sessions si l’on comprend bien. Mais la loi ne précise pas clairement les conditions de son application. De mémoire d’algériens, on n’a jamais entendu ni lu que de simples citoyens aient pu accéder aux séances des APW à travers le territoire national.


Enfin, on ne peut que regretter que le pays rate encore des occasions inouïes de revenir sur la scène démocratique par la grande porte de la gouvernance locale d’abord afin d’effacer les corruptrices traces du passé. On voit même une régression à travers la bouche même du président de la Ligue Algérienne des Droits et de l’Homme qui parle de conduite mafieuse en évoquant le marchandage des voix au sein de ces assemblées locales [3]. Quant à la secrétaire générale du Parti des Travailleurs, elle assimile ces manœuvres dignes de la mafia sicilienne [4]. On remarque au passage le mot « Mafia » qui ressort le plus de ces deux fortes déclarations. L’avenir de ces assemblées ne s’avère qu'incertain mais la rente pétrolière est toujours là omniprésente et omnipotente pour permettre tous ces excès tant que tout le monde trouverait la bonne cuillère à sa bouche, dorée et pleine, à satisfaire tous ces gosiers toujours non rassasiés.


======================
Références:





  
 =====================





mercredi 5 décembre 2012

Sweden made in Algeria


====================================================== 
Article paru dans les colonnes du Quotidien d'Oran du Jeudi 6 Décembre 2012 que vous pouvez consulter également sur les liens suivants:
- en format pdf: http://fr.calameo.com/read/000370446f0a2ef57fe11
- en format pdf zippé: 
http://lequotidien-oran.com/pdfs/06122012.zip
- en format html: http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5176413
======================================================


Un article, d’il y a quelques semaines, lu sur El-Watan Online à la date du 31 octobre 2012 [1] avait attiré fortement ma curiosité. Il s’agissait d’un papier sur la journée algéro-suédoise qui s’est déroulée les 30 et 31 octobre 2012 aux portes d’Alger plus exactement à Bordj El Kiffan, parrainée par le ministère du transport algérien, organisée par l'ambassade de Suède en Algérie et la direction des transports de ce pays, et qui avait regroupé plusieurs experts sur la sécurité routière des deux pays en l’occurrence.

Quoique de plus normal qu’un séminaire ordinaire soit organisé dans le pays comme tant d’autres au cours de l’année mais celui-ci était d’une extrême importance. En effet, il traitait d’un fléau qui touche le pays de plein fouet à savoir les accidents de la circulation routière, de ses conséquences désastreuses avec un nombre annuel assez important de décès et des handicaps que la route algérienne ne cesse de provoquer chaque année avec toutes les séquelles fatales, tant familiales que sanitaires, qui s’en suivent.

Cette rencontre avait pour but l’exposition de la vision suédoise sur la réduction du nombre d’accidents dans ce pays, comme le rapporte l’article en question, ainsi que son éventuel adaptation à l’équation Algérienne. Il est rappelé que ce pays scandinave qui dispose d’un parc automobile qui est sensiblement le double de celui de notre pays, a presque « Zéro accident de la route » avec l’adoption de ce plan des plus rêveurs.

En effet, le nombre de décès du aux accidents de la route en terre suédoise est de l’ordre de 300 morts par an ! Contrairement à la nôtre qui fauche chaque année 10 fois plus d’algériens (3305) selon les toutes dernières statistiques qui ont quelque peu diminué par rapport aux années antécédentes suite certainement à l’application des dernières mesures mais qui demeurent très largement insuffisantes face à l’indiscipline humaine qui en est la cause principale.

Ces résultats catastrophiques incombent donc principalement à l’être humain, le conducteur qui devrait être donc reformaté pour l’application de ce plan de secours suédois. Mais pour arriver à ce résultat oh ! Combien songeur, les suédois nous dépassent de très loin dans de nombreux d’autres domaines avant d’arriver à cette merveilleuse leçon. Nous n’allons pas tous les évoquer ici mais nous essayons d’en prendre connaissance dans quelques secteurs seulement où il est question  de recueillir le produit fini que constitue le citoyen suédois qui deviendrait un conducteur gouvernable à souhait et qui suivrait avec conscience toutes les démarches prises par les autorités de son pays.

Nous allons commencer par le commencement, au départ de la formation du petit suédois qui va passer d’abord par les mailles de l’école de son pays. Nous ne sommes pas ici pour rappeler toutes les performances du système éducatif de ce pays qui est l’un des meilleurs au niveau mondial et c’est sans doute là l’une des clés essentielles de la réussite de ce pays à avoir un citoyen adulte qui ne faille pas à ses devoirs avec en retour la pleine possession de tous ses droits.

Dès son entrée à l’école donc, l’enfant suédois est totalement pris en charge comme l’atteste les différents rapports PISA (Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves) de l’année 2009.  Le rapport triennal de PISA qui existe depuis 2000 est un ensemble d'études menées par l'OCDE (Organisation Européenne de Coopération Economique) qui évalue les performances des systèmes éducatifs des pays membres ainsi que ceux non membres qui veulent évaluer leur éducation par rapport à d’autres pays en se frottant aux normes internationales. Rappelons que l’OCDE regroupe en son sein 34 pays membres, pas tous européens, les plus riches de la planète parmi lesquels figurent les pays du G8 excepté les pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ainsi que ceux du tiers-monde.

Les derniers résultats PISA des études menées en 2009 [2]  montre bien la très bonne place occupée par la Suède. On ignore, à l’heure où nous marchons à l’aveuglette, quelle serait notre place si notre pays décidait par exemple de concourir à ce programme PISA à l’instar de la Tunisie et d’autres pays arabes. J’ai la crainte qu’encore une fois, la déception soit encore frustrante au sein de nos rangs.

Maintenant si nous consultons l’index mondial de démocratie (Democracy Index) [3], la Suède figure parmi les pays à démocratie complète (full democracy) en compagnie de 24 autres pays qui représente 11,3% de la population mondiale qui vit sous ce régime libre. Notons bien que la Suède est classée actuellement à la confortable et enviable quatrième place qu’elle n’est pas prête de céder pour rien au monde. Il faut remarquer que notre pays occupe dans ce même classement la 130ème position sur un total de 167 pays. Aucun commentaire n’est possible !

Enfin, si nous voulons aller vers le monde de la perception de la corruption à travers le baromètre de l’organisation mondiale non-gouvernementale Transparency International [4], là aussi, ce pays scandinave est à l’avant-garde des nations où la transparence dans le monde des affaires est des plus incomparables au monde avec une autre 4ème place dans le dernier classement de 2011 sur une note de 9,3 points sur la note maximale de 10. Quant à la note de notre pays, elle est médiocre avec un dérisoire score de 2,9 points et se voit à la 112ème position au classement sur un total de 182 pays. Là non plus, aucune comparaison n’est possible.

Et comme les échecs se suivent et se ressemblent, l’institut britannique de recherche (Legatum Institute) dans son dernier rapport de 2012 [5] sur la prospérité mondiale de 142 pays à travers la planète, nous situe à la non moins embarrassante 100ème place malgré les centaines de milliards de dollars de la rente pétrolière et le matelas financier dont dispose notre pays. Rappelons que cette étude se base sur 8 critères essentiels que sont l’économie, l’entrepreneuriat et les opportunités, l’éducation, la santé, la gouvernance, la sécurité, les libertés individuelles et le capital social. Au passage, notons que les pays voisins que sont le Maroc et la Tunisie sont classés respectivement aux 73ème et 78ème rangs. Comme quoi, l’argent ne fait ni notre bonheur ni notre prospérité. Quant à la Suède, elle est toujours aux premières loges en se hissant au 3ème rang mondial. On remarque que la fiabilité de ces différents rapports n’est plus à démontrer avec cette extraordinaire convergence.

Si nous continuons à comparer les performances des deux pays, on pourrait aller jusqu’à l’infini sans que l’on puisse rencontrer des points communs. Si cela n’est pas possible, on douterait fort qu’on le soit pour l’option suédoise avec le risque « zéro accident». Commençons d’abord à bâtir les bases nécessaires avant de tenter d’avoir les résultats escomptés avec cette recette à la suédoise. Tout serait voué à l’échec si on ne regarde pas là où il faut sans se détourner du regard des solutions adéquates pour le développement humain de ce pays. Une dernière question que je poserais aux lecteurs de ce modeste papier et qui est à méditer: quelles seraient alors les attitudes du conducteur algérien s’il émigrait en Suède et que son homologue suédois prendrait le chemin inverse ?

Références :






=========