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Article paru dans les colonnes du Quotidien d'Oran du Jeudi 20 Décembre 2012 que vous pouvez consulter également sur les liens suivants:
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Les choses se suivent et se ressemblent dans le
pays avec ces assemblées qui arrivent les mains vides sans programmes doublées
d’une gestion chaotique pour la plupart d’entre-elles et repartent incognito sans
présenter le moindre bilan de leurs mandats passés à la tête des APC (Assemblée
Populaire Communale) et des APW (Assemblée Populaire de Wilaya). Si les urnes pouvaient
sanctionner comme il se devrait, on ne reverrait plus récidiver de sitôt ces mêmes
esprits, avides plus que jamais du pouvoir et d’opportunisme, revenir au galop comme
si ce peuple est d’une mémoire courte.
Dommage que l’électeur ne pouvait pas choisir convenablement
dans ce patchwork de partis dont on ne peut les différencier que par leur
identique ressemblance mises à part quelques très rares exceptions. C’est Moussa El
Hadj et El Hadj Moussa. L’électeur est perdu à faire le choix douloureux et se
refuge donc finalement en se jetant dans les bras de ses précédents bourreaux
ne sachant pas ce qui pourrait lui arriver si jamais il opterait pour d'autres illustres inconnus. Tout est donc verrouillé en amont. La bonne option
n’est plus possible. La lueur d’espoir est des plus sombres. Le plus surprenant
dans cette affaire est de voir les mêmes partis, le plus souvent accompagnés des mêmes
figures, repartir et refluer comme si de rien n’était puisqu'ils ne sont pas
obligés de rendre compte, ni de se souvenir d’être passés par là lors des précédentes consultations. On ne peut que s’interroger pourquoi plus
de la moitié des électeurs ne se déplacent pas aux bureaux du vote si ce n’est
l’une des causes essentielles de ce jeu muré.
Ils ont besoin de ces citoyens mal-gouvernés
que les jours des meetings pour leur promettre monts et merveilles et les
harceler le jour du vote pour disparaître à jamais du décor, et réapparaître de nouveau durant la période électorale suivante et ainsi de suite. Et la boucle
est bouclée. Certains visages nous sont tellement familiers du fait qu’ils sont devenus
spécialistes en matière du clonage en émigrant d’un parti vers un autre pour
chercher la bonne échelle, la bonne opportunité, la moindre occasion fouinant dans
les plus infimes prétentions à leur mesure sans ne sentir aucune lâcheté ni un
quelconque sentiment de trahison. Ils ne connaissent leur parti accidentel,
pardon leur parrain, qu’à travers les sigles le temps de la campagne électorale
pour les effacer de leur mémoire dans le cas d’une caution gagnante dans la distribution des quotas ou le cas contraire au soir
d’une déroute électorale. Aucune éthique ne les
émeut. L’important est de subsister dans les rouages de la gouvernance en
fructifiant davantage leurs douteuses affaires.
Les élus de l’APN ont parfaitement montré le
chemin à suivre avec ces 21 députés qui ont changé de camp depuis leurs élections
en mai dernier comme le rapporte le Quotidien d’Oran de ce samedi 8 décembre
2012. Ils accèdent sous une couleur et s’agitent dans l'hémicycle sous une autre nuance. Ils défient
ainsi toutes les lois de la nature. Qui dit mieux ! Ces élus qui changent de
peau au gré de leurs rentes sont des sous-marins qui agissent à l’instar des
caméléons qui prennent la tête d’une liste pour ensuite la livrer clés en mains
à la liste antagoniste. Seuls les calculs d’intérêts occultes comptent le plus
souvent.
Ils ne reculent devant rien pour assouvir leurs
désirs même incestueux, ces assoiffés de la dominance par ce scrutin qui ne
sanctionne guère la médiocrité et dont l’enseignement est de voir certains
cauchemars revenir aux affaires, aux destinées des communes et des wilayas, mais sous d’autres déguisements. L’adversaire
d’hier devient aujourd'hui l’allié le plus sûr au détriment du citoyen. On
s’en fout des idées d’un parti lorsqu'elles existent mais on n’est là que pour
se hisser vers les cimes et s’échapper des damnés d’en bas. Peu importent les
méthodes et les moyens d’y parvenir.
Si les assemblées ont tardé à s’installer ces
derniers temps frôlant même les limites de la réglementation, ce n’est
certainement pas par rapport à l’application des programmes des partis en
question mais beaucoup plus dû aux postes à pourvoir et à la course aux gains.
On ne peut que déplorer amèrement la violence qui a caractérisé l’installation
des nouvelles assemblées avec l’affrontement des supporteurs des uns contre les
autres avec comme toile de fond les dividendes de ces mêmes adversaires et un
peuple dans sa majorité l’air hagard en spectateur totalement figé.
Dans ce pays, même si tu n’as pas de programme,
ton nom suffit. Tu fais seulement semblant, le peuple saura le déchiffrer. Il
lirait tes intentions sur les mouvements de tes lèvres. C’est un véritable dialogue entre
sourds-muets. Tu n’a qu’à indiquer le sens du vent, les citoyens sentiront le
bon coup à tenter. Peu importe ce que tu es maintenant, l’important est
d’atterrir là où tu envisagerais de s’y poser. Par ces temps de misères
politiques, il est plus facile d’être candidat à une élection que de rechercher
un emploi pour un chômeur.
Un ami d’enfance a regretté de ne pas avoir présenté
une liste des citoyens de la ville où il fallait choisir des candidats potables
au prorata des quartiers de la cité. Ensuite, c’est la liste qui parlerait d’elle-même
à la place des courtisans. Pas de meetings, ni de présentations de programmes, les
physionomies des candidats suffisent à faire le reste. Ils dialogueraient par télépathie
avec la population. Il suffit d’imiter le sympathique Charlot qui faisait
rigoler toute la planète grâce à ses célèbres gestes mimiques. Et le tour serait
joué. Toute la population serait, grâce à cette ingénieuse découverte, roulée
durant tout un mandat dans la farine.
Par ces temps de marchandages des voix,
l’heureux nouveau élu est choyé par tout le monde. Son téléphone portable
n’arrête pas un instant de sonner. Il est assailli de tous les côtés. Les
enjeux des milieux occultes sont terribles. C'est de ces desseins des
nouveaux élus, pourtant bien présélectionnés à l’avance, que leur avenir en dépend.
En aval, certains mauvais choix pourraient s’avérer néfastes. On peut rarement se
tromper de cible. On l’appelle donc de tous les centres du pouvoir de la ville pour
sonder ses faveurs et ses demandes. Il peut monnayer son acquis en monnaies
sonnantes et trébuchantes.
L’essentiel est de bien choisir son camp. S’il
préfère le camp adverse, ses jours seront plus que jamais comptés. Gare à celui
qui oserait suivre le chemin inattendu, il serait immédiatement mis en
quarantaine. Attention au virus qui pourrait faire des émules au sein des
autres arrivistes si jamais, ils changeraient d’avis à 180 degrés. La chasse
gardée est là pour veiller à toute mauvaise éventualité. Une surprise de
dernière minute pourrait fausser tous leurs plans. Le système est là pour corriger
tout hypothétique écart de voix. Que les sigles de sa formation soient LNF, NRD,
APM ou SMH, le plus important est la pérennité
et la subsistance du clan.
Le citoyen sent qu'il est le dindon de la farce
dans ces négociations entre les partis sortis des ténèbres du fond des urnes. Pourquoi ne
serait-il pas possible de connaître ces tractations ? Est-ce un tabou que de
les mettre à la connaissance de la population dont il s’agit en principe de
leurs voix qui sont monnayées aux plus offrants en leur absence et au détriment
de toute éthique ? Ces élus ont-ils été choisis selon leur faciès ou bien le
sont-ils par rapport à leur programme, s’il y a lieu, de leurs partis
respectifs ? Dans ce cas, quel programme va-t-il être adopté une fois ces
assemblées installées ? Est-ce que ces nouveaux programmes vont-ils être
connus des résidents de la cité ? Ou bien, va-t-on naviguer hasardement sans
boussole ? Sur quels budgets et sur quelles recettes vont-elles compter les
APC pour mettre en exécution leur programme ? Toutes ces questions restent
pour le moment en suspens et sans réponse. Ne seraient-elles donc pas, comme d’habitude, liées au bricolage et au replâtrage ?
Est-ce que les prérogatives du wali et du
maire, du président de l’APW seront-elles discernables ? Quels seront les
rapports entre l’élu et le désigné ? Car le simple citoyen lambda ne fait
plus la distinction. On ne sait pas si la réalisation, par exemple du siège
d’une wilaya, d’une maison de culture ou d’un stade, font parties du programme
de la wilaya ou celui du maire. On ne sait toujours pas si la
construction d’un chemin de wilaya, d’une autoroute sont du ressort du programme du
président de l’APW, de celui du wali ou du ministre en question.
Lorsqu'on regarde la loi n° 11-10 du 22 juin
2011 relative à la commune [1], et dans son titre III sur la
participation des citoyens à la gestion des affaires de la commune, on constate
sur le papier que les citoyens peuvent contrôler les élus. Certes, ce texte
favorise la primauté du wali sur celui de l’élu qu'est le maire mais certains
articles sont révolutionnaires pour peu que les citoyens revendiquent leurs
applications effectives. En effet, l’article 1 de ce texte fondamental nous
révèle que l’APC prend toute mesure pour informer les citoyens des affaires les
concernant et les consulter sur les choix des priorités d'aménagement et du
développement économique, social et culturel. Les supports et les médias
disponibles peuvent mêmes être utilisés dans ce cas.
Cet article conclut dans son dernier alinéa que
L’APC peut également présenter un exposé sur ses activités annuelles devant les
citoyens. On a l’impression de rêver en lisant ce contenu. Qui est-ce qui
empêche alors nos APC d'appliquer rigoureusement cette loi ? Où sont-elles
les instances pour rappeler à ces mêmes APC l’application de cet article ?
Il faut bien reconnaître que les citoyens ont une grande part de
responsabilités de par leur démobilisation ou de par leur ignorance de la loi. C’est
vrai qu’ils n’ont pas pris l’habitude d’exercer même partiellement leurs droits
légitimes.
Quand on pioche plus loin dans le texte,
l’article 14 nous rappelle que toute personne peut consulter les extraits des
délibérations de l’APC ainsi que les arrêtés communaux. Elle peut même obtenir
une copie. Et ce n’est pas encore fini, les séances de l’APC sont publiques et
sont ouvertes aux citoyens de la commune et à tout citoyen concerné par l’objet
de la délibération comme le mentionne clairement l’aliéna 1. On ne peut que se
demander sur les réalités de l’application de ces articles sur le terrain.
Quant au texte relatif à la
wilaya, la loi n° 12-07 du 21 février 2012 [2] et dans son article 26
est on ne peut être plus clair. En effet, l’article en question nous rappelle
que les séances de l’APW sont pareillement publiques. C’est-à-dire que
n’importe quel citoyen peut assister librement à ses sessions si l’on comprend
bien. Mais la loi ne précise pas clairement les conditions de son application.
De mémoire d’algériens, on n’a jamais entendu ni lu que de simples citoyens
aient pu accéder aux séances des APW à travers le territoire national.
Enfin, on ne peut que
regretter que le pays rate encore des occasions inouïes de revenir sur la scène
démocratique par la grande porte de la gouvernance locale d’abord afin
d’effacer les corruptrices traces du passé. On voit même une régression à
travers la bouche même du président de la Ligue Algérienne des Droits et de
l’Homme qui parle de conduite mafieuse en évoquant le marchandage des voix au
sein de ces assemblées locales [3]. Quant à la secrétaire générale du
Parti des Travailleurs, elle assimile ces manœuvres dignes de la mafia
sicilienne [4]. On remarque au passage le mot « Mafia » qui
ressort le plus de ces deux fortes déclarations. L’avenir de ces assemblées ne
s’avère qu'incertain mais la rente pétrolière est toujours là omniprésente et
omnipotente pour permettre tous ces excès tant que tout le monde trouverait la
bonne cuillère à sa bouche, dorée et pleine, à satisfaire tous ces gosiers toujours
non rassasiés.
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Références:
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