mercredi 18 août 2010

Les insolites Ramadhanesques

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Article paru dans le Quotidien d'oran du Jeudi 19 Août 2010, à consulter aussi sur le lien suivant: http://fr.calameo.com/read/00037044691672cde3a76

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À chaque année, les mois de Ramadhans se suivent et se ressemblent. Comme de coutume, les frasques sont nombreuses sur la scène incroyable du pays. Il ne s’agit pas d’évoquer ici toutes les singularités de ces jours-ci mais celles qui ont retenu le plus l’attention de l’actualité de ce début du Ramadhan 1431.

SACRÉE VIANDE INDIENNE !
La première étrangeté au hit-parade ramadhanesque de cette année figure en premier lieu la viande rouge indienne qui a défrayé la chronique quoiqu’elle ne soit pas encore apparue de façon générale dans les marchés du pays alors qu’elle devait être sur les étals des boucheries avant le début du mois sacré.
Pour faire avaler allègrement la pilule, tout le monde s’est mis au service de cette chair qui n’a pas encore fini de nous divulguer tous ses secrets. L’institut Pasteur a analysé et décortiqué anatomiquement les cellules de cette viande bovine alors que le ministre des Habous a opposé sa fetwa sur le label halal du produit. Il ne reste que la ménagère pour nous distiller son avis sur son goût et sur ses recettes culinaires.
A défaut d’une production locale suffisante malgré l’effacement de la dette aux éleveurs et un record céréalier en deux saisons consécutives, l’Algérie barbote à instituer les issues pour l’approvisionnement régulier de son marché intérieur. Voilà où nous en sommes, des lacunes non résolues qui s’empirent et qui s’entassent à profusion sur le bureau des différents locataires qui ont occupé successivement le ministère de l’agriculture. Les citoyens sont, entre le marteau et l’enclume, pris dans l’engrenage d’une part des éleveurs et de l’autre des exportateurs.
A chaque fois, c’est le même refrain usé qui résonne dans nos oreilles. Un vieux discours à faire fuir l’ancêtre des optimistes. Le problème perdure et persiste depuis des décennies. Rappelons-nous les péripéties de l’histoire du mouton ramené vif d’Australie. C’est toujours la même chronique « moutonnienne » qui revient à la charge. Alors qu’il se trouve des citoyens allergiques à cette viande, il existe d’autres qui l’attendent avec impatience, surtout les bourses moyennes. Quant au reste des rescapés et pour les plus chanceux parmi eux, ils n’espèrent même pas se rabattre sur les abats du poulet.

LA LUTTE DES SŒURS SULTANA ET YAMINA CONTRE LA FAIM
En parcourant la une du journal d’Echorouk en ce matin du Lundi 16 août 2010, un article poignant m’a laissé perplexe, triste et choqué à la fois. Je sais que ce n’est pas un fait rare dans le pays où la pauvreté ne cesse malheureusement de gagner du terrain dans beaucoup de foyers. La fierté et la dignité de ces dénués leur interdisent d’étaler au grand jour leur vécu à la grande quiétude des autorités. Ces derniers ont d’autres chats à fouetter dans leur cage dorée. La plèbe n’a qu’à se débrouiller toute seule.
En effet, deux femmes sœurs vivant sous le même toit dans la wilaya de Mila ont reçu la visite d’un journaliste de ce quotidien au moment de la coupure du jeun. Là, photos à l’appui et en flagrante condition, le reporter n’a trouvé, sur leur meïda, qu’un morceau de pain agrémenté d’un petit plat de résistance en couscous sec et de quelques figues de barbarie en guise de dessert qu’elles ont cueillies aux alentours malgré leur total handicap physique. Un menu à faire sangloter le moins sensible des algériens. Certainement les voisins de cette démunie famille sont dans la même situation. A la vue de cette scène impitoyable, l’appétit nous sera automatiquement coupé si nous possédons un authentique cœur humain.


SOURIEZ MESSIEURS ! VOUS ÊTES FLASHÉS.
Paradoxalement et pour faire beaucoup plus dans le tapage médiatico-politique, on nous exhibe à la télévision tous les soirs dans le JT de 20h un défilement de ces restaurants de la Rahma à faire envier un modeste fonctionnaire. Quelque que soit le nombre de restaurants ouverts en cette circonstance, cela ne signifie absolument rien tant que les responsables concernés ne communiquent pas le chiffre réel des familles qui nécessitent de l’aide à travers tout le territoire national. Si cette famille de Mila s’en trouve oubliée ou exclue de la liste, cela démontre que le mal est plus profond que ce que l’on pense.
Le plus comble dans l’affaire, c’est lorsqu’on voit un ministre accompagné du Sg de l’Ugta partager le ftour avec ces catégories devant les caméras de la télévision et en guise de show des interviews à la clé. On aurait aimé les voir frapper hasardement à la porte de ces deux misérables femmes de Mila que sont Sultana et Yamina, assises à même le sol et s’apercevoir de quoi elles se nourrissent pour rompre le carême. Les pauvres, il faut les chercher partout et taper à leur porte. Ils ne résident pas que dans les grandes villes. Les dechras, les mechtas, les douars et les petites localités sont pleins à craquer. Ils ne connaissent ni le yaourt, ni le fromage et encore moins la banane. Ils ne subsistent que du pain sec lorsqu’ils arrivent à le dénicher. Honte à nous et à l’Algérie des 140 milliards de Dollars et des 386 Milliards de l’actuel plan quinquennal. La pauvreté fait encore des siennes après 48 années d’indépendance.

LES SOUVERAINS DES SOUKS
Le débat sur la cherté de la vie, s’il c’en est un en ces temps de sevrage, n’en finit pas de faire couler beaucoup d’encre et de salive. Au niveau régional, l’Algérie devient le dépotoir de tout ce qui est importable. Pardon, j’allais l’oublier et cela ne se trouve nulle part, l’Algérie exporte en permanence et exclusivement à nos voisins par la force des trabendistes du cheptel. En contrepartie, elle ne perçoit aucun centime sur la transaction, c’est le dindon de la farce de l’opération.
D’autres part, les citoyens, subissent la mort dans l’âme, le diktat de commerçants avides de gains faciles et rapides en ces moments de piété et de ferveur. Il faut ramasser le plus de pognon possible, semble être le leitmotiv favori bien avant Ramadhan. Ils le préparent minutieusement à leur manière.

QUELLE BOURSE ?
Le poulet avait déjà pris des ailes en commençant son ascension fulgurante en sonnant l’alarme à une vingtaine de jours avant le jour j à raison d’une augmentation furtive de 10 à 20 DA la journée. Qui dit mieux ! Plusieurs causes ont été soulignées. Les uns les mettaient sur le dos du stockage de cette viande prisée par les algériens à défaut de viande rouge intouchable pour une grande majorité d’entre eux. Les autres s’appuyaient sur la faible production en ces périodes de grandes chaleurs. Wall Street ne pourra jamais élucider les dessous de notre marché. C’est peut-être la raison pour laquelle on n’entend plus parler de la bourse d’Alger sauf le jour de son inauguration annoncée en son temps à grandes pompes.
Mais que fait-il donc le gouvernement qui, à longueur d’années, nous remâchent des chiffres à faire tourner la tête et patati patata ? A la fin des courses, c’est le gros parrain des souks aidé de ses lieutenants régulent et maîtrisent la mercuriale comme il l’entend suivant leurs intérêts au grand dam des responsables du secteur qui assistent les mains et les pieds liés, prisonniers d’un système qu’ils ont enfanté et alimenté. Le virtuel est à l’état, le palpable est à la pègre. Le marché des fruits et légumes comme celui des abattoirs leur dépendent à 100%. Ce sont leurs acquis. Le gouvernement ne joue presque que le rôle de l’observateur amorphe, laissant le consommateur à la merci de ces puissants nababs.
C’est une vraie course à la montre. Le mois divin est surtout celui des affaires commerciales qui rapportent gros. Les affaires spirituelles sont du seul ressort du ministère des affaires religieuses comme on va le rappeler un peu plus bas. Et puis, il faut en profiter davantage. Le citoyen, est à saigner au maximum. Pas le moindre souffle de respiration. Il faut l’oxygéner à petite dose en se servant de ces chambres froides acquises encore aux frais du trésor public. Nos heureux prospères étalent leur mainmise totale sur la totalité du commerce et manipulent le marché à leur guise et en toute liberté d’action selon leur stratégie. Les pouvoirs publics ne servent qu’à pondre des lois vite mises hors-jeu. Nous sommes à leur merci. Ils vivent en toute impunité, en méprisant l’état du journal officiel de la RADP.
Aucune théorie commerciale ne peut expliquer un surcoût de la viande blanche de 75% environ en un soupçon de temps ! Il n’y a que dans les pays qui ne maîtrisent en rien les données que ceci puisse y arriver à l’image du nôtre. Le citoyen n’est pas prêt d’en finir avec ses déboires.

COUCOU ! ÊTES-VOUS LÀ ?
Quant aux associations de la défense des consommateurs qui pullulent dans toutes les wilayates, elles rasent les murs au moment où les citoyens en ont le plus besoin de leurs voix. Par l’ombre d’une déclaration ou d’un banal communiqué dans la presse pour défendre ceux par qui ils doivent en principe leur existence. Si elles réagissent, ce n’est qu’après que la bête ait pris tout le monde à la gorge. Pauvre consommateur.

ET LES TARAOUIH …
Le second fait insolite est cette sortie cathodique du ministère des affaires religieuses qui somme les imams à écourter la prière des « Taraouih » ! Je me suis tourné la tête pour tenter de comprendre si cette attitude est la priorité principale du ministère. Est-ce une revendication et une demande express des fidèles ? Certes, certains imams font durer les prières au dessus de la normale mais ce n’est pas un phénomène général. Et puis d’abord, est-ce une obligation ? On peut l’accomplir dans la position assise ou suivant l’incapacité du fidèle. C’est une inconvenance, si elle existe vraiment, peut être résorbée au cas par cas entre chaque imam et les fidèles du lieu du culte. Comme en Algérie, on peut repérer au moins une mosquée dans chaque quartier, on peut se pencher vers la mosquée selon la durée de la prière. Il se trouve qu’il y a des mosquées où on abrège les prières comme celles où on les rallonge d’une vingtaine de minutes au maximum.
Ce ministère aurait concentré ses efforts en coordonnant avec son gouvernement à s’attaquer aux problèmes de la spéculation qui sévit sur les produits alimentaires pendant ce mois sacré ou comment éduquer les citoyens à ne pas jeter leurs poubelles n’importe où. Il peut aussi aborder le péril de la corruption qui mine le pays ainsi que les maux de l’environnement, causant d’énormes dommages dans les cités. Inculquer également aux fidèles à ne pas déraciner un arbuste, en prendre soin similairement à un bébé en croissance.
Les idées de ce type sont nombreuses en plus de l’aspect spirituel comme la prière des Taraouih dont le réconfort moral et spatial à quatre dimensions est indéniable pour oublier et atténuer un tant soit peu nos malheurs marchands de la journée. En persistant à rêver de l’éradication de ces insolites qui ne cesse de se métamorphoser en chaque Ramadhan et qui n’en finissent pas de nous faire souffrir, Saha Ftorkoum.

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jeudi 12 août 2010

Une banque pas comme les nôtres.

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Article paru dans le Quotidien d'Oran du Jeudi 12 Août 2010:
En format html: http://www.lequotidien-oran.com/?news=5141695
En format pdf zippé: http://www.lequotidien-oran.com/pdfs/12082010.zip


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«Il n'y a qu'un patron : le client. Et il peut licencier tout le personnel, depuis le directeur jusqu'à l'employé, tout simplement en allant dépenser son argent ailleurs.»,
Sam Walton, distributeur et industriel américain [1918-1992].


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Il y a quelques semaines, une agence d’une banque étrangère, installée à peine quelques petits mois dans la ville, est venue à la rescousse des enseignants et des administrateurs dans le campus de l’université. Plusieurs jours avant la tenue de cette visite inédite, de visibles affiches ont été collées un peu partout dans les différents sites pour aviser la communauté universitaire d’une rencontre originale pas comme les autres.

QUAND LA BANQUE ACCOURT VERS LE CLIENT
Tout le monde était quelque peu surpris par une démarche venue d’ailleurs. C’est du jamais vu dans les annales de la place. C’est vrai, qu’à l’étranger, la banque élit domicile à l’intérieur du campus pour y être plus près et à l’écoute permanente de ses clients. Le moindre centime déposé par un fauché étudiant est une aubaine qui saurait arrondir les fins de mois.
On se rappelle encore des années 80 où il fallait courir et patienter pour espérer ouvrir un compte bancaire. Il nécessitait une solide intervention, de larges épaules et de fortes connaissances pour acquérir un simple numéro de quelques chiffres, un des sésames vers la citoyenneté. Là où vous le briguez, on vous répondait à l’époque que c’était complet ! Les choses ont agréablement changé, concurrence oblige.

Pendant deux journées pleines des 4 et 5 mai derniers, de 9h30 à 16h30, les responsables de cette nouvelle succursale n’ont pas quitté le stand qu’ils ont installé dans le hall du premier niveau de la bibliothèque centrale. Ils ne sont pas venus pour nos beaux yeux mais pour leurs propres intérêts. Et c’est tout à fait normal et logique pour un établissement financier. Même notre maigre solde mensuel retient leur attention. Ces journées portaient le slogan de « journées privilèges ». Pourtant c’était bien avant l’annonce du budget des 286 Milliards de Dollars alloué au plan quinquennal 2010-2014.
Ils veillaient au grain. Ils étaient en terrain conquis. Il y avait toute la panoplie de prospectus pour attirer la clientèle universitaire à solliciter l’ouverture d’un compte. D’un même produit que l’on trouve partout, ils te font une merveille, sachant l’habiller convenablement et en l’alliant admirablement de couleurs captivantes.

EN MISSION COMMANDÉE
Ils étaient disposés et formés à répondre à toutes les questions. Ils étaient également tenus à vous faire remplir un imprimé, à prendre vos coordonnées et noter le numéro de votre mobile pour vous rappeler afin de connaître vos besoins et répondre à vos attentes. Toute bribe d’information recueillie a son importance. Ils ne veulent pas que votre passage à leur comptoir soit passé en cachette. Ils se prescrivent de garder votre trace, en faire une agréable opportunité. Ils étaient là en mission commandée, celle de ramener le plus de clients possibles. Ils flairent que les universitaires constituent le plus gros lot des clients exigeants car ces derniers sont au courant de ce qui se fait sous d’autres cieux. Ces derniers ne peuvent qu’être parmi les déçus de notre système public bancaire. Et c’est de bon augure pour eux comme pour leurs futurs affiliés.
Comme on le constate si bien, c’est la banque qui sollicite le client pour un rendez-vous forcé et non le contraire. L’actuelle n’est jamais à vous, elle est encore loin de vous. Aller conquérir la clientèle sur le terrain, c’est un fait habituel dans les pays avancés où la rivalité fait rage mais chez nous il est exceptionnel. C’est presque un événement. Les banques nationales attendent-elles que les banques privées nous harcèlent dans les rues ou qu’elles viennent taper à nos portes pour qu’enfin réagissent-elles ? Ou qu’elles rebondissent le jour où on leur piquera à la source tous les clients déçus par ses services. A l’heure qu’il est, j’en doute fortement.

SALAIRES FIXES = POINT DE MOTIVATIONS
C’est vrai que dans nos banques étatiques, les salaires sont fixes mais pas variables. Que l’on satisfasse ou que l’on déçoive le pauvre client, c’est toujours la même fiche de paie à la fin du mois. Chez l’autre, plus on attire les clients et plus les primes pleuvent. Moins on rapporte des acquéreurs et plus la note sera salée. Croiser les bras ne rime qu’à la baisse quasi-instantanée des rideaux. Les charges sont énormes comme la location. Il faut bouger pour honorer toutes les échéances. Chez Madame banque publique, on n’a ni loyer à payer ni de grosses charges à chaque fin de mensualités. L’état est là, quasi-présent pour boucher tout trou dans la caisse et subvenir à tout imprévue. On est même ennuyé de recevoir beaucoup de clients. Une clôture d’un compte d’un client déçu ne les émeut jamais. On est presque soulagé qu’ils partent tous ailleurs ! Ils seraient aux anges si notre nombre s’amenuise. Ils attendent tous avec impatience la retraite. Le devenir de l’agence ne les intéresse pas, il n’est point lié à leur avenir.

À LA PÊCHE COMME À LA CHASSE
Quand ces banquiers privés se lèvent tôt le matin, ils vont à la pêche d’un éventuel poisson surtout lorsqu’il est gros et bon à digérer. Ils ne possèdent pas sésame trésor public pour les nourrir et les alimenter à perte et à gogo. Ils doivent apprendre à se débrouiller pour leurs appétits. Ils sont adultes et vaccinés, non des assistés. Ils doivent réfléchir, creuser la tête, bouger, se remuer, se remettre en permanence en cause, faire travailler la cervelle à fond. Ils doivent coûte que coûte trouver le gibier, quitte à aller l’attraper hors de leurs champs, peu importe où, il est le bienvenue même venant du terrain adverse. Ils doivent manger leurs adversaires, c’est comme dans la loi de la jungle. Aucun sentiment n’est toléré, ni ne soit permise une quelconque hésitation. C’est la loi du plus fort sinon ils partiront à la casse. Un simple dépôt de bilan et voilà le redressement de la banque mère qui appuie sur le champignon de la réforme sans le moindre avertissement pour tout faire disparaître sans aucun regret. Aucun écart n’est accepté.
Pendant ce temps, nos amis de la banque publique se relaxent dans un profond coma tandis que le désastre les ronge sous leurs pieds. J’ai bien peur que la battue se poursuivra jusqu’à l’intérieur de leurs foyers. Le secteur public se fixe inlassablement sur le traditionnel, le privé table sur la modernisation vitale et utilise pleinement les nouvelles technologies. On devine fort bien le vainqueur logique de l’épreuve. Il travaille sur le long terme.

ACCUEIL INTELLIGENT ET RECETTES TENTANTES
On est tout de suite subjugué par l’amabilité et l’accueil loin à des années lumières de nos banques vieillies et rouillées par l’archaïsme. Pour moi, jamais de mémoire d’enseignant, je n’ai assisté à un travail de proximité de ce type. Pendant ce temps, les banques publiques somnolent sur leurs lauriers. Elles se croient toujours aux années de plomb. Malgré la décennie K., les banques étatiques n’ont pas encore retenu la leçon. Le cauchemar de la privatisation de la CPA (Crédit Populaire d’Algérie) peut revenir à tout instant au galop. Elles persistent à travailler presque à l’ancienne comme dans le bon vieux temps. Elles demeurent toujours en sursis devant la forte poussée de ces banques qui sont aussi de droit Algérien.
Pour ceux qui ont l’habitude des banques étrangères, on retrouve presque toutes les recettes pour captiver les clients. Ces établissements financiers habitués au marketing et à un management qui ont fait ses preuves, ne vont trouver aucune riposte sérieuse face à leur déferlement. C’est un terrain vierge à conquérir. Ils tablent sur le long terme. A l’usure, ils ne vont faire qu’une bouchée, un vrai gâteau à déguster en perspective. L’équipe d’en face ne dispose d’aucun joueur capable de tenir la partie face à une équipe expérimentée et qui sait évoluer sur tous les terrains.
Tous les services des banques internationales sont proposés avec gestion de votre compte à distance par Internet, virement électronique à un tiers compte, etc…
Un rêve qui peut instantanément se réaliser par un simple engagement. Un simple hochement de la tête et ils seront présents à votre chevet. Lorsque j’évoque la demande d’un chéquier ou l’envoi d’un code bancaire qui n’est venue qu’une année plus tard après avoir galéré et grondé pendant assez longtemps, j’ai envie de m’arracher les cheveux à ne pas s’arrêter.

LE FREIN MOMENTANÉ
On s’interroge parfois du pourquoi l’ouverture à l’installation de banques étrangères si les nôtres seront incapables de se mettre à niveau et rivaliser avec les mêmes armes et les mêmes atouts. Se mettre au même diapason des autres, c’est assurer leur survie. Si ce n’est la malheureuse aventure de la banque K. qui a freiné l’ardeur des clients, il y a longtemps qu’ils les auraient quittées pour de bon pour en finir avec leurs habitudes usées. L’ère K. a peut-être sauvé l’échéancier mais pour combien de temps ? Si l’on continue à sévir avec les éternels clichés.

Ce qui se passe pour les banques est similaire aux exemples qui se répandent dans les autres domaines et dans les autres activités. Le réveil n’est pas pour demain en persistant à maintenir les mêmes répliques avec des remèdes désuets.

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mercredi 4 août 2010

Un Maire au dessus de la mêlée.

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Article paru dans le quotidien d'Oran du Jeudi 5 Août 2010:
En format html: http://www.lequotidien-oran.com/?news=5141380
En format pdf zippé: http://www.lequotidien-oran.com/pdfs/05082010.zip

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En surfant sur Internet un jour du mois de mai dernier (1), je tombe hasardement sur une information invraisemblable qui rapporte un fait inédit, unique en son genre dans les annales de nos mœurs communales, en tous les cas une performance rarissime pas les temps qui courent où l’opacité règne continuellement en maîtresse des lieux.
Elle est digne de figurer dans le Guinness Book Algérien. Cette information aurait pu constituer la une du journal télévisé de 20 heures, une émission en prime time ou pourquoi pas un direct des médias sur les lieux de l’exclusivité. Je n’ai vu malheureusement la moindre ligne sur cette originalité dans un de nos quotidiens nationaux.
En poussant un peu plus loin ma curiosité et en fouillant davantage tout en me dirigeant sur un site web de la ville en question (2), ma curiosité ne cessait de s’amplifier. Voilà ce qui est annoncé au public de la ville concernant cette fameuse réunion: « Bonjour, une rencontre avec la population de la ville sera organisée par les membres de l'APC pour y présenter le bilan des réalisations depuis l'élection de Novembre 2007 à ce jour et répondre à certaines préoccupations des citoyens. Ce meeting aura lieu le Vendredi 14 Mai dans la grande salle de la maison de la culture à partir de 9H du matin ….. ».
Eh oui ! Parler d’un événement, c’en est vraiment un ! Et pour cause, un maire qui avec son équipe convie la population dont il préside les destinées depuis les dernières élections municipales à un débat venu d’ailleurs, pour arborer son premier bilan après deux années et demie d’exercice dans cette fonction d’élu.
Ce maire n’est pas celui d’Alger, d’Oran, de Constantine, de Relizane ou d’Ouled Sidi Mihoub, mais celui d’une petite ville balnéaire à une centaine de kilomètres d’Alger. Il ne s’agit nullement là d’en faire une quelconque publicité à l’intéressé ou un début de campagne aux prochaines élections. L’objectif essentiel de ce papier est d’en faire du modèle un plagiat à volonté. Sans doute qu’il existe de nombreux maires qui sont animés de la même détermination.
UN ÉLU QUI OSE !
Ce maire de couleur indépendante a osé là où des milliers d’élus ont échoué. La probable raison, il n’a certainement aucun calcul politique ni contrainte partisane qui l’alourdit. Il est libre de ses mouvements et autonomes dans ces prises de décisions internes. Il n’a de compte à rendre qu’à la population qui l’a portée à la tête de la municipalité. Il a donc l’obligation de se remettre en question à tout moment et sans réserve aux citoyens de la ville qu’il dirige que ce soient ceux qui lui ont donné leur voix ou le reste des citoyens qu’il souhaite légitimement les séduire.
Certes la réglementation permet la présence, en tant qu’observateurs, des citadins aux différentes délibérations des APC. Cependant, il faut ramer pour deviner les lieux et les horaires lorsque ce ne sont pas les élus eux-mêmes qui sont éliminés abusivement par le premier responsable de l’assemblée.
Par ce geste de transparence à recommander profusément, il vient de donner avec son équipe l’occasion aux électeurs de lui brandir un carton rouge, vert ou orangé, une motion de censure ou de confiance. Et c’est tout à son honneur pour cette confrontation manifeste des idées.
Affronter les votants n’est pas une chose aisée car ce genre de rencontres n’est pas totalement ancré dans nos traditions municipales. Mais c’est un début à ovationner fortement de toutes nos mains. Un rayon de soleil dans un ciel brumeux. C’est une expérience à tenter dans tous les rouages de la république. Et c’est un passage obligé vers les cimes de la modernité et de ma prospérité.
Au départ, il se peut, par inexpérience, qu’il y ait des excès de langage de la part de ses vis-à-vis. Par l’apprentissage, tout le monde saura s’exercer, apprendre et perpétuer la tradition dans le temps. Il faut un début à un rien.
En parcourant le site dédié à la ville, dans la rubrique du forum de discussions, chacun y va de ses critiques. Il y a les pours et les sceptiques. Et c’est tout à fait normal lorsque le débat est entrouvert. On ne peut rien espérer d’une discussion unidirectionnelle et unilatérale.
Un internaute a noté qu’il n’a jamais entendu parler de pareil cas depuis que l’Algérie est indépendante. Un autre estime qu’ils se moquent de nous, ils sont élus depuis 3 ans et ce n’est que maintenant qu’ils adoptent une telle initiative.
D’autant vrai que la quasi-majorité de nos élus ne se montrent qu’en périodes électorales, très rarement au milieu ni durant tout leur mandat. Cet internaute rajoute que ces délégués préparent un second mandat et tout cela n’est fait que pour jeter de la poudre aux yeux des citoyens.
Vous allez me dire que cela est logique lorsqu’on parcourt un désert et puis subitement on aperçoit au loin un petit point d’eau au milieu du mirage. Tout le monde y va se désaltérer en abondance. Il n’y a aucune retenue ni de caresses dans le sens du poil.
Au nord de la méditerranée, cet acte est tout à fait normal et c’est devenu même banal dans une démocratie où tout transite par les urnes. La désignation n’a aucune chance d’exister pour les postes d’élus. De surcroît et à titre de comparaison, la démocratisation est élargie même aux postes de responsabilités telles que recteurs et doyens dans une université.
À QUI LE TOUR ?
Le Maire de cette cité côtière vient de montrer la voie aux autres milliers et demi de maires d’agglomérations du pays. A qui le tour ? Il est le premier, nous souhaitons qu’il ne soit pas le dernier. A-t-il ouvert la boîte de pandore ou une tradition républicaine à encourager par tous les moyens ?
Présenter son bilan, même s’il est déficitaire, ce qui est le cas non avoué d’une grande majorité de nos APC, est une tâche audacieuse qui mérite tous les soutiens, toutes les flatteries et pourquoi pas des compliments . C’est une pratique louable qui doit être institutionnalisée.
Ce président d’APC n’a donc pas eu peur du duel face à la population. Il n’a pas l’intention de lui cacher quoi que ce soit, ni se dérober devant ses responsabilités. Il semble vouloir servir sa ville dans la clarté. Rien que pour cette ambition, il doit mériter tous les égards, en un mot il est proche d’une distinction.
Les présents à la réunion communale ont approuvé son bilan, pourtant négatif, parce qu’il vient de la réalité et non de la rhétorique des chiffres. Il a fait ce qu’il a pu et la population le saisit bien et lui donne rendez-nous pour un autre bilan qu’ils espèrent dans leur for intérieur positif la fois prochaine. Cela ne doit pas être qu’un préliminaire, d’autres promesses doivent suivre dans la feuille de route qu’il vient de tracer.
Ce maire doit être contemporain dans sa gestion et on ne peut pas tout accomplir lorsqu’on sort du néant. Je ne pense pas qu’un conseiller municipal incompétent et corrompu peut-il avoir le culot de se présenter en face et humer la population. Il ne sera en aucun cas dispensé. Il serait exténué par les mots cruels qu’ils lui seront lancés à son effigie. Il ne peut pas tenir plus de cinq minutes de discours sans qu’il ne soit éjecté.
Fantasmons que tous les maires d’Algérie soient contraints par la loi d’exposer et de soumettre leurs bilans à la population par rapport aux programmes sur lesquels ils ont été « élus » ou devant ceux qu’ils les ont désignés. C’est sûr que si l’on ne possède par certaines compétences et faire valoir des capacités de gestion avérées, on ne risque pas de se présenter de cette façon décontractée et d’insouciance face aux hommes et à Dieu.
Les candidats aux postes tourneront plus d’une fois leur langue avant de tenter de déambuler devant les électeurs ou de les narguer. C’est un véritable sermon auquel ils seront soumis. Ils ne vont plus aller à la pêche comme la plupart le font actuellement.
Présumons que cette expérience soit transposée, par bonheur du pays, un peu partout dans tous les usages. Rendre la crédibilité des structures étatiques, signifie travailler dans la limpidité et l’illumination en rendant surtout des comptes à l’Algérie, très loin des zones obscures et tortueuses. Et c’est tout le mal que l’on souhaite au pays.

Références:
-(1) http://www.tsa-algerie.com/politique/experience-democratique-inedite-l-equipe_10742.html (consulté le 16 mai 2010)
-(2) http://forum.dellysnet.org/viewtopic.php?f=10&t=1264 (consulté le 19 mai 2010)
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