mercredi 17 août 2016

L’indispensable changement par le bas.

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Cet article est paru dans les colonnes du Quotidien d'Oran du Jeudi 18 Août 2016 sous le lien suivant: 
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Depuis l’indépendance, on attend vainement que le changement intervienne par le haut. Les algériens en particulier et les pays du tiers-monde en général, se sont même adaptés à cette intolérable et affreuse position en attendant que le ciel leur pleuve allègrement d’or et d’argent.

Que les problèmes du pays soient solutionnés par l’avènement d’un messie, d’un superman qui dispose comme bon lui semble de notre destinée et que sa parole soit bue à satiété par un peuple croyant aux magies. Mais qui traîne infiniment à voir le jour. Que nous restons les bras croisés à espérer la délivrance des maux du pays par les miracles de l’avènement d’un illuminé à la baguette magique qui règlerait de ses coups féériques toutes nos difficultés de notre lamentable quotidien. Il faut qu’on finisse avec cette politique du paternalisme latent au détriment du travail et du labeur. À attendre une éventuelle lueur qui nous tomberait des cieux, qui nous dicterait la marche à suivre et que suivrions aveuglément à l’instar d’un prophète mais qui ne posséderait point le message divin.

Sans le changement exprimé d’abord en-bas de l’échelle, toute variation imposée par le haut est vouée à l’échec ou ne pourrait tromper qu’un laps de temps. Ce n’est pour dédouaner le sommet de toutes les initiatives à prendre, loin de là. Mais avec une base solidement formée, éveillée à toute épreuve, le risque est minimisée de voir émerger des élus médiocres et des responsables qui ne reflètent nullement son image. L’élu ne peut être que la copie conforme de l’électeur, que ce soit en meilleure ou en pire. Sans une population disposée à souhait et disciplinée, toute politique émanant du sommet n’a aucune chance de réussir, de porter ses fruits. Il faut que les promus d’en-haut et les rangés d’en-bas soient en parfaite symbiose pour que le ciment ait l’effet recherché.

Commençons d’abord par les choses les plus exécrables qui nous empoisonnent la vie de tous les jours. Qui nous voit regarder le pays se salir sans que nous puissions lever le petit doigt pour corriger notre condition. Pourtant il suffit de peu de volonté, de s’organiser dans le quartier avec ou sans la bannière d’une association, en sacrifiant un tant soit peu de notre temps pour nettoyer les détritus qui jonchent nos rues. Notre pas de maison doit s’établir au-delà de nos foyers. Le changement doit commencer par là. Il doit être d’abord expérimenté ici-bas. Faire ses preuves dans la cellule du quartier et s’étendre petit à petit.

Ce n’est pas en se lamentant tous les jours, en dénonçant désespérément les élus qui ne jouent plus leurs rôles depuis longtemps que notre destin puisse se réformer. Des élus en manque de flagrante légitimité, ne peuvent honorer leurs mandats qu’ils ne puisent rarement des urnes de la légalité. Qu’ils n’émanent absolument pas de leurs sentences. Qu’ils ne sont là qu’à exécuter les ordres et servir ceux qu’ils les ont placés au grand dam des citadins. Si l’on croît que les élus sont depuis belle lurette aux abonnés absents, pourquoi s’attendre brusquement à une métamorphose de leurs parts, à leur utilité s’ils ont perdu toute représentativité ?

Il faut que les citoyens réfléchissent à compter sur eux-mêmes loin de tous les calculs. À jouer pleinement leurs rôles de citoyens s’ils veulent voir leurs états se refaire une santé. Leur aspiration première est de montrer que le changement est possible par le bas. On en a marre de voir nos yeux braqués sur les cours du prix du baril et constater amèrement l’amenuisement sur ce que possède le pays comme matelas foncier et attendre, tétanisés la fin du monde. La solution doit émerger de nos entrailles pour sauver la nation de toutes les surprises et éventuels soubresauts.

Est-ce qu’un jour, les autorités ont-ils empêché les citoyens de s’organiser s’ils sont le désir de participer à se débarrasser des ordures qu’ils produisent ? De tenir propres leurs trottoirs et leurs chaussées à proximité. Lorsque les autorités constateraient ce fort désir du changement, ils ne peuvent qu’abdiquer, que suivre l’exemple du citoyen, le noyau élémentaire de la société et indiquer le bon chemin à suivre. Ne dit-on pas que les élus sont à l’image des électeurs ? Si ces derniers aspirent à mieux, l’élu ne peut être que plus révélateur de leurs revendications s’il a en face de lui des femmes et des hommes pleinement acquis à la cause du bien-être et du développement si l’on veut monter le train des pays avancés. Des pays où le citoyen lambda est l’élément clé du progrès, le maillon de la chaîne. Celui par qui tout transite et s’embellit.

Si au moins chaque citoyen ferait en sorte de ne pas jeter un simple papier sur terre, même s’il ne trouve pas de poubelles aux alentours, le pays peut épargner ces montagnes d’ordures qui polluent nos merveilleux paysages. Le spectacle désastreux que nous offrons aux visiteurs de notre pays ne nous honore point comme citoyens. Nous disposons de l’un des pays les plus beaux de la planète mais que nous avons transformé en une grande décharge publique à ciel ouvert et qui ne nous donne plus l’envie de travailler, de se développer, de tirer vers le meilleur. Même le moral s’est dégradé. Les sachets bleus et les bouteilles en plastiques sont notre décor désolant. Que l’on nous cite un seul point de l’Algérie où on n’en trouve point. Malheureusement, nous l’avons totalement souillé, en totale contradiction avec les valeurs prescrites des normes de propreté et de notre religion.

Comment comprendre que lorsque une famille passe une journée à la plage ou à la forêt et dont l’attitude finale laisse à désirer et fausse toute idée de citoyenneté ? Elle vient la matinée, chargée de kilogrammes de nourriture et en fin de journée, elle n’ose même pas reprendre un kilogramme de détritus et le jeter aux endroits prévus à cet effet ou quitte à les ramener chez soi.

J’ai l’impression que c’est un pays que nous n’avons pas hérité de nos ancêtres mais que nous avons trouvé hasardement. Un pays qui nous donne plus qu’on ne le lui rend. Que sa préservation ne nous concerne plus comme si on pense à un autre pays de rechange pour s’évader. Que nous sommes ici qu’en éphémères passagers. La construction de notre avenir ne nous concerne plus dans nos contrées. En prendre soin, ce ne sera pas pour demain si l’on reste en cet état figé. Je pense qu’on n’a pas encore pris conscience de la grandeur de ce pays. Certains disent déjà qu’on ne le mérite pas assez. Mais sa revanche ne saura tarder, elle pourra être impitoyable. Est-ce que l’Algérie a enfanté ses enfants ou ses rivaux, pour ne pas oser dire ses ennemis dont le comportement, non seulement environnemental, suscite les multiples interrogations ?


Ces temps-ci, sur les réseaux sociaux, on montre de temps à autre des photos du plus beau village d’Algérie entretenu par ses habitants. Au lieu de s'intéresser à autres choses, on est ébahi devant un tel geste comme si nous avons découvert la lune, certes un comportement à encourager comme exemple mais somme tout normal dans un pays ordinaire mais qui devient un exploit inédit devant la saleté qui nous envahit à cause surtout de l'incivisme des habitants dont la majorité ne mérite point le qualificatif de citoyens et sans omettre également de souligner la démission des élus et des responsables qui ne proposent plus les solutions adéquates face à ce désastre écologique.

Malgré les incessants appels de sensibilisation et de mobilisation d’âmes sensibles, devant ce qui est sans doute devenu le plus grand fléau en Algérie, les images que nous enregistrons à longueur d’année, incitent parfois au découragement, à de l’impuissance, posent des questions graves sur l’avenir immédiat du pays.

Certainement, la calamité est plus profonde de nous-mêmes. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette conduite inconsciente et insoucieuse. Parmi eux, l’école, l’éducation, qui sont loin de constituer des références en la matière. Notre système de gouvernance que les citoyens le sente plutôt comme un adversaire en se vengeant de lui, tous les jours ne serait-ce qu’en larguant « naturellement » dans la rue, par une attitude de désespoir et de méfiance, un sac en plastique. C’est aux pouvoirs publics, qui détiennent les clés de l’autorité, de prévoir partout ailleurs des poubelles, tels sont leurs sentiments et leurs croyances. Le problème de salubrité publique ? C’est le leur. Eux qui se sont accaparés le pouvoir, c’est à eux de prôner les solutions. Le citoyen, lui, il s’en fout.

D’ailleurs, il n’est jamais considéré comme tel. Il est l’assisté par excellence qui n’a aucune opinion, aucune décision à influencer le cours des événements. Il se venge donc brutalement à sa façon, à la manière de l’école qu’il a fréquentée, à l’image de l’éducation qu’il a reçue, à la façon des folklores et de l’esbroufe de ces responsables qui les voit défiler sans cesse en processions et sans aucune répugnance ni retenue et dont seuls leurs intérêts personnels et leurs plans de carrières priment sur toutes autres considérations. S’il reste encore quelques souffles aux responsables, encore sensibles, ils doivent par des agissements patriotiques à redresser la barre. Ils doivent le faire avant que ce ne soit vraiment trop tard.

Les prochaines échéances électorales arrivent à grandes enjambées. C’est une occasion inespérée et une bonne opportunité pour susciter l’espoir. Le programme principal des élus doit être essentiellement basé sur la propreté de l’environnement et des esprits. Un terme lourd de sens qui doit ranimer les consciences et redonner la confiance à la population qui en a énormément perdu. Elle a besoin de gens intègres, honnêtes et sincères pour la guider. En contrepartie, ceux d’en-bas, vont certainement contribuer à l’effort en tant qu’acteurs sur la scène citoyenne et non rester en amorphes spectateurs et en constante hibernation. Ils peuvent devenirs des citoyens actifs s’ils sentent que cette fois-ci, les gouvernants ont compris que le pays ne peut pas demeurer à vivre en de périls permanents.

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jeudi 11 août 2016

Le coup de phare

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Cet article est paru dans les colonnes du Quotidien d'Oran du Jeudi 11 Août 2016 sous le lien suivant: 
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C'est un vrai calvaire auquel vous êtes confrontés lorsque vous conduisez durant une seule heure sur nos routes. C'est comme si on allait faire une course d'automobiles ou participer à un rallye sans casques et sans mesures de sécurité. À chaque fois que vous prenez la route, vous sentez que vous allez défier la mort avec ces fous du volant. Faîtes surtout votre prière avant de monter à bord tellement le risque est gros.
À la fin de la course-poursuite, si vous arrivez à sauvegarder votre vie ou éviter un accident, vous êtes totalement usés, épuisés mentalement et physiquement, lassés par ces comportements de terrorisme routier qui tue plus que tout autre chose en ces temps-ci. Nos chauffards, ces boucaniers de la route, ne vous laissent aucun moment de répit. Les duels et les défis sont légendaires. Attention à celui qui ose. Ils dégainent tels des éclairs. Vous êtes harcelés de partout surtout dans un rond-point où ils sortent de son intérieur perpendiculairement à sa conférence pour vous couper instantanément la route. C’est un nouveau code si vous n’êtes pas habitué. Il faut s’attendre à toutes les surprises. Il va falloir s’acclimater à cette ambiance cahin-caha.
Vous êtes même pressés par derrière pour griller un feu rouge comme si de rien n'était. Les klaxons commencent à fuser si vous hésitez un seul instant à respecter la couleur rouge. Ceux de derrière vont voir rouge. Vous devenez irrémédiablement aux yeux des autres, le fautif désigné alors que vous ne faites qu’appliquer ce que vous avez appris du code de la route. Un passant  peut même vous dire que le feu, malgré qu’il soit en marche, qu’on ne s’y fie plus. C’est ce qui m’est arrivé au croisement du tramway à Es-sénia.
Dans les pays européens, cela vaut la perte de la moitié des points de votre permis de conduire. Mais là, le code perd toute son universalité. Il n’est valable qu’en mode local. Le mode international sonne aux abonnés absents. Il n’a plus de valeur à force de l’hypothéquer à chaque virage dangereux, en dépassant la file se trouvant devant vous avec à la clé la ligne continue à inscrire sur votre tableau de chasse.
Si vous laissez entre vous et l'engin qui vous précède, un moindre petit espace d’intervalle et voilà venir de derrière vous un bolide à toute vitesse, sans le signalement d’aucun clignotant, pour vous doubler et venir s'incruster de force comme une sangsue dans ce trou de souris avec tous les dangers que cela supposent pour sa sécurité et celle des autres. Vous êtes toujours en alerte, sur le qui-vive, les nerfs à point en train de vociférer. Vous êtes dans un état second. Vous n’en revenez plus devant ces irrégularités permanentes. Vous ne sentez aucune tranquillité dans cette chasse au défi, à rechercher à être l’as de la route.
Le danger peut surgir à tout instant et de toutes parts. Il faut tout le temps être sur ses gardes. Attention à celui qui croit rouler pour la collectivité. Ici chacun roule pour soi, pour sauver uniquement sa peau si son gage est concluant. Peu importe l’autre. Il peut crever. Il s’en fout même éperdument du reste. Ici la jungle trouve toute la signification de sa loi. C'est chacun pour soi et la tombe pour les autres.
Lorsque par votre malheur, vous vous trouvez au milieu d’un cortège de mariage ou d'un convoi de poids-lourds, le risque se multiplie en fonction du manquement des lois de la mécanique. Il vaudrait mieux s'éloigner de la meute si vous tenez à votre peau et à la vie de vos passagers. Ils perdent tout le sens, toute leur réflexion. L’instinct primaire est vite retrouvé. On oublie la raison, l’école, les bonnes valeurs, la famille, le pays. On est transposé dans un autre monde, dans des rodéos des temps nouveaux.
Je me pose la question comment l'Algérie n'a pas vu émerger des champions de formule 3 ou 1 à force d'entraînements quotidiens sur nos routes et à grandeur nature au milieu de ces excités qui ne reculent devant rien. Des pilotent en herbe existent, il suffit de les détecter. Ils commencent leurs carrières très jeunes. Une fois le permis en poche, ils sont aussitôt lancés dans le bain grâce aux quatre roues acquises des mamelles de l’Ansej et de l’argent de la facilité. Au bout de quelques mois, ils acquièrent de l’expérience qui leur permettent de slalomer dans un bouchon de voitures quitte à monter sur le trottoir ou rouler sur la bande en terre brute laissant des brouillards de poussière à vous faire regretter de n’avoir pas pris votre retraite de conducteur.
Il arrive que parfois, subitement, tout le monde ralentisse par miracle à un rythme insolite. Les conducteurs deviennent soudainement tous gentils, j'allais dire tous toutous sauf ceux qui ont le bras long. Pour connaître la cause, il faut regarder à gauche en face dans l'autre voie et les incessants coups de phare des automobilistes venant en sens inverse. L'interdiction est à plus de 80 km/h mais certains freinent leur allure et commencent à rouler même à moins de 60, tellement ils y tiennent à leurs poches et à leurs papiers.
Après quelques centaines de mètres de trajet à la vitesse de l'escargot, vous apercevez le barrage de la gendarmerie où rares sont ceux qui sont pris au piège. On connait bien le système. Ce n'est que partie remise, le guet-apens est remis à une autre fois. Une fois le barrage dépassé et après une vingtaine de mètres, la partie reprend de plus belle. Ils retrouvent toutes leurs sensations. Ces parties de cache-cache qui n'en finissent pas. Vous avez envie de les dénoncer aux barrages suivants si vous arrivez à les identifier. Mais peine perdue. Ils se sont déjà envolés.
Pourquoi doit-on devenir réglo qu'à la vue du gendarme ou du policier en faction ? Pourquoi doit-on devenir civique qu'à la vue de l’autorité ? Pourquoi nous ne le sommes pas tout simplement par notre éducation, par une école performante comme dans les pays civilisés ? Le fait que les incessants coups de phare incessants soient nombreux, pose un problème de conscience, un problème de civisme. C’est-à-dire que nous sommes pour l’illégalité, pour le piétinement des lois sans que certains y trouvent une anormalité dans ce geste. Il faudrait que les sociologues, les psychologues, les psychiatres ou les politologues puissent nous l’analyser. Pourquoi les citoyens des pays développés voient une dénonciation du non-respect du code de la route comme un comportement civique alors que chez nous, il est considéré par la majorité comme une délation ? Ce qui explique sans doute une des causes de notre actuel retard.


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