mercredi 9 octobre 2013

Pauvres administrés que nous sommes.

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Article à paraître dans les colonnes du Quotidien d'Oran du Jeudi 10 Octobre 2013 que vous pouvez consulter également sur les liens suivants:
- en format html:http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5188920&archive_date=2013-10-10
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Quoique vous fassiez, quoique vous preniez comme précautions, quoique vous envisagiez, quoique vous tentiez de l’esquiver, quoique vous essayez de l’amadouer, quoique vous seriez en situation réglementaire, elle ne vous lâcherait pas si elle vous attraperait entre ses tenailles, elle vous mettrait ko avant d’essayer de lui échapper, elle vous épinglerait à son tableau de chasse tel un beau trophée, elle vous aurait au tournant si jamais vous risquerez de tomber entre ses mortelles griffes. Elle vous abattrait d’un coup de massue à vous envoyer voir les mauvaises étoiles dont vous vous souviendrez très longtemps avant de quitter ce monde. Attention donc à celui qui oserait la défier.

Elle, l’incontournable, l’indéniable, la puissante, qui sans elle vous êtes bloqués jusqu’à ce qu’elle daigne vous entrouvrir enfin ses portes blindées après d’incessants va-et-vient malgré que vous chercheriez à bénéficier d’un coup de pouce pour vous faire délivrer le papier nécessaire, l’emploi ou la fonction désirée, l’air complètement essoufflé mais enfin bienheureux, après un parcours digne d’un combattant dans une jungle infectée de carnassiers.

Attention, vous ne seriez pas au bout de vos peines ! Mais c’est qui elle ? Celle qui est décrite tel un ogre qui bouffe tout sur son infernal passage. Sans doute, à la lecture de cette description plus ou moins succincte, vous avez une idée sur elle, sur son immense poids et son pouvoir illimité. On n’arrête pas de parler d’elle qu’on évoque tous les jours en chaque coin de discussions en mimant au bout des lèvres ou en cachette. Elle n’arrête pas de faire presque tout le temps la une des journaux, pas en héroïne mais en un mur muet qui se dresse à votre figure lorsque vous l’abordez. Elle est aussi décriée autant par les administrés que par les formations politiques. Lors des échéances électorales. Elle s’est érigée en un véritable système qui permet à certains de l’utiliser à profusion pour accéder aux différents sésames et pouvoirs dans le pays.

Pendant le mois sacré du Ramadhan, elle deviendrait plus pire en tournant au ralenti et en somnolant toute la journée. Au lieu que les administrateurs rejoignent avant à 9h pile leurs bureaux, ce n’est que vers 9h30mn qu’ils commenceraient enfin à se réveiller lentement de leur long sommeil alors que l’administré qui se présenterait le jour de réception bien avant l’ouverture des grilles, resterait longtemps à moisir avant qu’on daignerait enfin lui ouvrir les portes et le recevoir. Et quel accueil désagréable à celui qui se présente le premier au matin ! Malheur à celui qui oublierait un papier, il tomberait immédiatement dans son piège en lui demandant de revenir la prochaine fois avec le document omis. Et rebelote à l’infini.

A la rentrée des portes, c’est le planton qui vous renvoie en vous posant de tas de questions jusqu’à terminer par vous décourager. C’est le premier difficile obstacle à affronter même si vous feinterez de ne pas l’apercevoir et l’ignorer. Il a de l’expérience l’œil très vigilant. Il ne vous raterait pas en visant bien la personne ciblée. Il hume sa victime à cent mètres à la ronde. Il ne lâcherait jamais sa proie surtout s’il sentirait qu’elle est désarmée devant son inlassable questionnaire. Vous vous dîtes : ouf ! Je l’ai échappé belle. Une fois à l’intérieur, vous êtres trimbalés de bureau en bureau sans savoir où se donner la tête avec un service d’information des plus déplorables dont on ne sait pas s’il est fait exprès. Après avoir été lessivés de tous les bords, vous vous résignez à abandonner la partie pour espérer avoir de la chance en revenant le lendemain car celui qui pourrait régler votre situation est en mission indéfinie. Son remplaçant n’est pas là pour signer, il sert juste de remplissage du siège avec la responsabilité et l’honneur en moins. Il faut attendre que le patron revienne pour opposer sa signature comme le messie.

Avant de voir le directeur, il faut subir l’incroyable enquête de la secrétaire qui fait la pluie et le temps. Elle est devenue par la force des choses et l’usurpation des prérogatives la directrice bis ou l’adjointe sans pour autant figurer dans un décret. Vous avez enfin et après de multiples tentatives le grand privilège d’accéder à l’immense bureau du patron tout en étant ébloui par l’immobilier et le faste dans lequel il baigne dans son royaume secret. Une fois à l’intérieur, vous pouvez s’attendre à toutes les surprises et tous les supplices. Cela dépendrait de plusieurs facteurs et de l’humeur du moment. C’est la roue de l’infortune ou la fortune à l’algérienne.


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