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Article paru dans les colonnes du Quotidien d'Oran du Jeudi 29 Novembre 2012 que vous pouvez consulter également sur les liens suivants:
- en format pdf: http://fr.calameo.com/read/00037044629f5f425a965 - en format pdf zippé: http://lequotidien-oran.com/pdfs/29112012.zip
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Jamais les candidats à ces
élections locales n’ont été aussi tournés en dérision sur la toile que ces
derniers temps avec la terne et morose campagne électorale qui s’achève dans un
pessimisme lourd, plus particulièrement sur le réseau social de facebook ainsi
que sur les quelques nouvelles télévisions privées qui arrosent le pays. Le pitoyable
candidat à ces élections locales est taillé comme un vulgaire opportuniste qui
ne cherche qu'à s’agripper à l’échelle pour escalader jusqu’à la porte du
sésame et faire comme ses prédécesseurs en se servant allègrement et en oubliant
les siens une fois arrivé au sommet. Pour la plèbe, les candidats sont vomis de
partout et aucune circonstance atténuante ne leur est consentie avant même d’arriver
à destination. Si la vox populi les traite ainsi, c’est quelque part ils ont en
marre de ces élections qui n’améliorent guère leur quotidien et qui n’apporte
aucune légitimité en poussant à perpétuité la crise profonde de suspicion entre
gouvernants et gouvernés.
Pour une grande majorité, du
moins ce que l’on perçoit le plus souvent, c’est encore une fois de plus de
l’argent jeté par les fenêtres. Le magot colossal des 3100 milliards de
centimes (390 645 460,11 Dollars Us [1]) allouée à ces
élections aurait pu faire le bonheur de nombreux algériens nécessiteux qui en
ont un grand besoin. Chacun estimerait ce qu'on pourrait faire comme projets
avec cette somme qui dépasse l’imaginaire. On a vu, comme ce fût le cas lors des
années maigres et des ponctions sur les salaires, comment les riches
emprunteurs occidentaux du FMI nous faisaient signer toutes les concessions
inimaginables et les restrictions les plus contraignantes pour un quelconque
prêt de quelques millions de dollars. Décidément les leçons du passé ne sont
plus retenues, elles ont été vite épongées.
On retiendrait que durant ces présentes
années fastes, l’Algérie a consacré pour ces présentes élections une facture
qui vaut le triple ce qu'ont coûté les mêmes élections françaises aux
contribuables de ce pays pour un nombre d’électeurs nettement supérieur [2].
Notre pays regretterait un jour cette manne pétrolière qui au lieu de nous
prémunir d’un avenir incertain, est en train de nous entraîner vers un point de
non-retour, vers l’irréparable qui pourrait toucher à tout moment le pays si
jamais une crise surviendrait.
Ce matelas financier dont se
vantent les autorités, n’est nullement le fruit d’une quelconque relance
économique ni le résultat de notre sueur. C’est une offrande tombée du ciel, gaspillée
outrancièrement et abusivement sans aucun calcul ni aucun soucis même mineur comme
si elle n’émane pas de notre sous-sol. Malgré leurs fiables économies qui
disposent de toutes les technologies, les pays européens vivent une crise
terrible ne comptant absolument sur une rente providentielle dont notre pays
croit qu’elle est éternelle. Le réveil serait dur. Et puis au moins si ces
élections nous apporterait un plus, on pourrait faire des exceptions. Mais
s’ils ne font que nous projeter vers l’abîme, la déception ne serait que grande.
La campagne électorale s’est
terminée comme elle avait commencé dans l’anonymat presque total avec la quasi-absence
des citoyens qui n’étaient guère intéressés et pourtant ils sont les plus
concernés dans cette affaire et dont ils payeront chèrement les pots cassés
dans un futur proche ou éloigné.
Lorsqu’on passe devant les
permanences de circonstance de ces partis, on constate qu’elles sont
quasi-vides. On remarque également des affiches de tous les formats et même
dépassant de loin les grandeurs natures des têtes des candidats et dont le prix
de revient de ces posters serait certainement exorbitant. Tant que les 3100
milliards sont présents, on ne prête aucune attention aux coûts, à ces
futilités comme diraient d’autres. Les individus qui assurent ces permanences
dont on ne sait s’ils sont militants ou ayant été recrutés pour la kermesse, n’osent
même pas aborder les badauds par crainte d’être expédiés sur le champ avant de
commencer à jouer leur numéro.
La chose la plus grave à méditer,
c’est l’usurpation des fonctions. Un candidat étudiant de son état peut s’arborer
le plus normalement du monde du titre de professeur universitaire sans que cela
puisse choquer l’opinion publique. Il n’a pas la crainte d’être démasqué même
s’il se prend en spectacle. Dans un pays qui se respecte, ce mensonge pourrait être
passible d’un procès en bonne et due forme intenté par l’administration responsable
quant à la régularité de ces élections. Comment considérer cet état de fait si
ce n’est du faux et de l’usage de faux.
Quant aux partis, ils ne
s’offusquent guère de ces dérives morales car la tendance semble se généraliser
dans tous leurs états-majors. Quoique la profession ne soit pas importante de
la mentionner dans le cadre politique, on doit d’abord faire valoir ses idées
et le programme de son mouvement s’il existe réellement et bien sûr s’il est
réalisable sur le terrain. En principe, c’est uniquement sur son projet de
société à défendre qu’on peut recueillir les voix du suffrage.
Puisque la fonction semble primer
sur le politique, un simple fonctionnaire à Alger est ainsi présenté comme un cadre supérieur de
l’état dans son patelin. Un planton dans un établissement public s’exhibe tout
simplement pour les besoins électoraux de la profession enviable de cadre
universitaire. On ne peut que se poser la question si ces partis ne doivent pas
demander des attestions de travail avant de porter la mention de la fonction
sur leurs affiches. Ça y va de l’éthique. Ces constatations consomment ce qu’il
peut en rester comme crédibilité à ces formations. Puisqu’on y est en pleine
déconfiture, on se demande si on n’exige pas un casier judiciaire à ces futurs postulants
à la course. On apprend de la voix des citoyens qu’untel ait été condamné pour
telle ou telle affaire mais lorsqu’on le voit en haut de l’affiche, cela
laisserait des traces indélébiles dans la mémoire des éventuels électeurs. Un
candidat doit être au dessus de tout soupçon si les institutions du pays
assument leurs prérogatives.
D’autre part, la grande majorité
des partis qui activent sur la scène nationale ne sont nullement consciencieux
du futur qui menace notre pays. Si on regarde leurs candidats locaux, on ne
peut que se lamenter sur le sort qui attend leurs futurs administrés. Savez-vous
comment procède-t-on pour la plupart des partis pour choisir leurs candidats de
leurs listes ? Un parti, c’est
juste une couverture et un cachet pour
ces prétendants au trône, ni plus ni moins. D’ailleurs, on remarque des têtes
qui s’étaient présentées lors des élections législatives sous d’autres
bannières en changeant cette fois-ci de veste en émigrant vers d’autres
formations politiques plus avantageuses selon leurs appréciations. On ne sait
pour quelle raison, s’il s’agit de programme ou de l’aura du grand chef et de
ses entrées au sein du système . D’abord, on cherche à être parrainé par un
« grand » parti dont les sigles ont toujours sonné plus fort dans le
commun des algériens.
Le parrainage ne suffit pas à lui
tout seul, il faut viser les meilleures places dans la liste. Si on n’arrive
pas à décrocher la tête, les 4 ou 5 premières places seraient intéressantes à
les convoiter surtout avec les éliminatoires à 7% pour ce scrutin local. Cette
différence 2% par rapport aux élections législatives a sa grande importance,
elle augmenterait considérablement les chances de réussite dans cette loterie.
Si on additionnait tous ces 2%, on pourrait glaner beaucoup de sièges à
pourvoir aux suivants du répertoire.
Pendant que les va-t-en-guerre se
préparent à un autre conflit à nos portes en menaçant la stabilité et la
sécurité du pays après celui de nos frontières de l’est et qui est encore loin
à retrouver ses marques, on continue à végéter avec cette fuite en avant pour
des élections déformées à l’avance ajoutant une autre illégitimité à l’actuelle
et qui accentue davantage la crise de confiance que traversent les citoyens
vis-à-vis des autorités.
Pour s’immuniser de tels chantages,
tant intérieurs qu’extérieurs, un pays comme le nôtre, a besoin d’une
légitimité forte issue d’un scrutin transparent à la mesure des grandes
aspirations de ce peuple. Nous avons besoin d’un état qui jouerait pleinement
son rôle de grande nation qui ne se fait pas tout petite à la moindre secousse
qui hypothéquerait son avenir et accroîtrait tous les doutes.
Références:
[1]-http://www.xe.com/ucc/convert/?language=fr&Amount=31000000000&From=DZD&To=USD
(site consulté le 27/11/2012 à 17h16mn)
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