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Article à paraître dans les colonnes du Quotidien d'Oran du Jeudi 7 Mars 2013 que vous pouvez consulter également sur les liens suivants:
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Tandis que les partis politiques dans leur globalité souffrent affreusement de la pénurie de militants comme le démontrent les maigres assistances en nette régression des citoyens à leurs différents meetings lors des deux dernières élections législatives et locales, le syndicalisme, de son côté, continue tant bien que mal selon les circonstances qui ne lui sont guère favorables à mobiliser périodiquement ses troupes avec constamment la menace du glaive de la justice sur sa tête si jamais il décide d’aller au débrayage. Certes, les partis politiques ont vu leur rang grossir en dépassant toutes les imaginations depuis environ une année par l’obtention d’agréments pour plusieurs nouvelles formations mais le degré du militantisme n’a pas bougé d’un iota, la preuve par ce manque d’engouement de plus en plus criard sur les précédents scrutins.
LE SYNDICAT, PARENT
PAUVRE DES RÉFORMES
Quant au syndicalisme, certains éventuels syndicats
sont toujours en instance d’obtention de leur fameux sésame d’acceptation. Les
bâtons sont aussitôt mis dans leurs roues si le désir et la volonté de création
d’un syndicat se font sentir au sein de corporations qui veulent défendre légitimement
leurs droits sous d’autres bannières autres que celle de la centrale officielle
ou sous l’égide d’autres syndicats qualifiés selon chaque camp comme quasi ou pseudo-indépendants.
On ne peut que se poser la question pourquoi
seuls les syndicats dits libres sont coincés par le refus sournois de leur
agrément malgré leur respect des lois en vigueur par le suivi de toutes les
démarches comme ils le clament haut et fort sans que leurs voix ne soient audibles
par les décideurs. Mais s’ils demanderaient leur reconnaissance sous le manteau
du syndicat parrain, là sans aucun doute ils seraient légalisés dans les minutes
qui suivraient leur vœu.
Comme on le constate, on mijote dans les hautes
sphères à un retour de l’ancien système syndical qui ne dit pas son nom et où
tu fais semblant de faire grève durant une journée et le lendemain une réunion médiatisée
par l’unique entre syndicat-gouvernement avec à la fin devant les caméras de la
télévision et les crépitements des flashs des appareils photos l’effet
d’annonce à la une du JT de 8 heures se
déroulant conjointement en présence des deux parties où tu aurais l’impression
de n’arracher que du vent. Si tu resterais dans le giron authentifié, tu aurais
toutes les facilités pourvu que tu fasses des remerciements à l’infini à tous
ceux qui ont daigné satisfaire tes requêtes sur tous les microphones qui te seraient
tendus.
Pourquoi donc ce sont-ils donc uniquement les
syndicats qui prônent leurs indépendances qui ne sont pas concernés par les
réformes du post-printemps arabe ? Qu’elles soient bonnes ou mauvaises.
Pourquoi aucune déclaration n’émane-t-elle pas dans ce sens des autorités directes
sur le mutisme pesant ? Le silence risque de persister encore longtemps sans
qu’aucune réponse satisfaisante ne soit donnée. Le syndicalisme, c’est l’oublié
de ces réformes. Il est le parent pauvre. C’est même une véritable énigme des
réformes entamées.
LES OUBLIÉS DES BI ET TRIPARTITES
Pourquoi donc les syndicats dits autonomes ne
sont jamais invités aux tripartites et autres bipartites qui se tiennent
périodiquement ? Ne sont-ils pas en mesure d’évaluer l’état économique et
social du pays ou de pouvoir formuler de bonnes propositions ? Ne
possèdent-ils pas les compétences nécessaires même s’agissant de syndicats
universitaires ? Ou bien a-t-on juste besoin dans la marmite que du syndicat
qui ne caresse que dans le sens du poil ?
Pourquoi sont-ils marginalisés depuis longtemps au point où ils ne sont
que rarement reçus dans leurs secteurs respectifs comme si on s’efforce à étouffer
leur écho.
Depuis l’ouverture du pluralisme syndical dans les années 90, on n’a
jamais vu un de ces syndicats reçu par un premier ministre même au pire moment
des grèves qui avaient paralysé les secteurs universitaire et de toute
l’éducation nationale. Pourquoi un tel mépris envers ces syndicats dits
indépendants qui posent les réels problèmes ? Autant de questions dont on ne
recevrait jamais que des réponses évasives et voilées des autorités à leur
sujet. Sans
une pleine et indéniable reconnaissance, leur ombre continuerait ainsi à planer
sur les discussions opaques et en son absence et à hanter indiscutablement les
arcanes gouvernementaux.
LES SYNDICATS CONCRETS, SÈVE DE LA SOCIÉTÉ CIVILE
Le syndicalisme fait en principe du champ de la
société civile et c’est peut-être là la véritable cause du black-out fait autour
de lui. On veut des syndicats qui clament que tout va bien, le contraire de ce
qu’expriment les forces qui bougent et qui activent sur le terrain. On ne veut
sans doute pas à avoir comme antagonistes que des formations préfabriquées, des
bénis oui-oui à volonté. On ne veut non plus voir des syndicats corporatifs qui
luttent en se battant réellement, ce qui pourrait constituer un prélude à l’émergence
de confédérations qui pourraient pourquoi pas à l’avenir damer le pion à celle
qui a été choisie à jouer éternellement le rôle principal et qui a accompagné
les autorités dans toutes les antécédentes réformes antisociales depuis plus de
deux décennies, aux antipodes du syndicalisme en général.
Il faut récompenser celui qui a servi par le
passé. Celui qui a été prédestiné pour être l’émissaire certifié sur le papier auprès
de tous les travailleurs sans aucune exception. Pourtant aucune statistique
n’existe sur la représentativité à part des chiffres indémontrables lancés en
l’air sans qu’aucune organisation non gouvernementale ne puisse les vérifier. Pourtant
selon la loi, tout syndicat doit présenter chaque année des chiffres
assermentés aux autorités mais dont le syndicat historique en est exempt. Mais
qui est-ce qui ose donc à les réclamer à la puissante administration ? Dont son champ chevauche le
plus normalement du monde à la politique et avec le risque de se remettre immédiatement
à l’ordre, banni à jamais. Ne touche pas à mon outil de subsistance, de
survie et de la légitimité sans fin !
Mais sur le terrain, tout le monde n’est pas
dupe. C’est une autre paire de manches. Il y a longtemps que le syndicalisme officiel
se pratique dans les salons feutrés des hôtels pour les syndicats qui ont perdu
toute crédibilité et leur probité. Le malheur, c’est lorsque des syndicats
autonomes sont créés de toutes pièces pour servir d’émules de la pratique
syndicale du temps du parti unique, telle cette multitude de partis en
politique qui ne sont là que pour approuver et ressembler au grand parti protecteur
dont les arrangements électoraux locaux et nationaux l’ont entièrement confirmé.
Ils se sont rangés du côté de ceux qui
pourfendent les acquis des travailleurs qu’ils les avaient lâchés sitôt la
crise avec toutes ses amères conséquences s’était pointée. Certes, tout
syndicat doit privilégier la négociation mais lorsque celle-ci butte sur un mur,
il doit alors prouver son existence sur le terrain sinon ce serait sa morte
lente en perdant de sa verve et puis de la confiance de ceux qu’ils l’ont mandaté
comme délégué.
ENTRE L'ENCLUME OPPORTUNISTE ET LE MARTEAU POLITIQUE
Actuellement, le syndicalisme n’est plus un
choix. Il est là pour servir uniquement d’ogre à l’adversaire, à l’apeurer, à
faire pression sur lui pour l’obtention d’un quelconque privilège ou pour se répartir
le gros morceau. La chose à laquelle cogite, en premier lieu lorsque quelqu’un
est éjecté de son poste de responsabilité, est de revenir vite aux
avant-postes. Il faut occuper hâtivement la scène avant que ne soit trop tard même
si on ne fait plus partie du staff dirigeant. Le meilleur stratagème est de flairer
le syndicat qui lui sied à ses pieds, peu importe sa couleur, l’important est
de voir à la fin ses projets se réaliser. Il faut rapidement se repositionner non
pas pour défendre les principes fondamentaux des adhérents, qu’il les a
illusionnés pour se faire élire, mais
pour assouvir ses obscurs désirs. Ses enjeux peuvent être strictement
politiques s’il veut disposer d’un outil à les satisfaire pleinement ou
matériels s’il veut décrocher le poste le plus convoité qui le hisserait vers les
cimes de la fortune et en garnissant son carnet d’adresses de connaissances de
personnalités les plus inespérées.
L’opportuniste doit se refaire une virginité en
voulant prendre sa revanche sur ceux qui l’ont éloigné du centre des décisions,
masqué du visage d’un syndicat. Il n’est là que pour faire chanter ses
adversaires à être rappelé à occuper d’autres fonctions attrayantes. De
l’opposant farouche au syndicalisme, il projette brusquement de briguer sa tête pour viser
dans le futur une nouvelle charge. C’est la raison pour laquelle il s’abrite
derrière le syndicat sur lequel il a tout misé en fondant toute sa stratégie à
reconquérir les sommets. On a tendance à passer de l’un à l’autre sans qu'une quelconque morale ne soit effleurée. Le syndicat est donc devenu pour ces
personnes totalement étrangères au syndicalisme, comme au sein de la plupart
des partis politiques, juste un strapontin à gravir allègrement comme une
échelle pour se remettre au même niveau que ses compères d’hier. Leur passage éphémère
en son sein n’est qu’un concours de circonstances tel un bon filon à exploiter.
C’est pourquoi les syndicats sont entre
l’enclume des opportunistes qui les cernent de toutes parts et entre le marteau
de certains milieux politiques en quête de légitimité populaire et qui se
dissimulent derrière pour mieux les contrôler. Regardons ce qu’on a fait de la
majorité des associations syndicales estudiantines qui ont complètement déviés
de leur sermon.
Un syndicat qui larguerait les opportunistes et
se déférerait des griffes des politiques ne pourrait que sortir grandi en
retrouvant toute sa liberté d’action et tous ses mouvements libres et sains en
n’agissant que selon les propres intérêts de ses syndiqués et de la nation dans
sa totalité. Le chemin de l’opportunisme ne serait plus la voie à emprunter au
sein du syndicalisme qui a été souillé et malmené par cette bande qui ne voit
en lui qu’un passage vers le paradis.
La voie purement politique est aussi désignée pour
ceux qui veulent exercer la diplomatie sur le dos des travailleurs qui doivent
s’abstenir de mettre en évidence leurs convictions politiques lorsqu’ils
militent pour leurs seules revendications socioprofessionnelles. Cela ne doit
pas éloigner les syndicats de faire de la politique, aucun contraire, ils
doivent émettre leurs opinions dans la transparence en donnant leurs avis sur
toutes les politiques qui ont trait à la vie socio-économique du pays.
D’autre part, le souhait non avoué de tout
premier responsable, est aussi d’influencer toute élection d’une section
syndicale pour voir émerger devant lui de soi-disant syndicalistes justes pour
lui plaire en fermant les yeux sur tout débordement gestionnaire et en laissant
sur le carreau les adhérents qui se sentent trop tardivement piégés. Les dés
sont déjà pipés. Lorsque des travailleurs veulent s’organiser en section
syndicale dans un établissement, le manageur spécule d’abord à placer ses pions
en leur mimant discrètement à investir le nouveau bureau pour bien asseoir sa
domination non sans mettre à leur disposition tous les moyens pour parvenir à
leur dessein. Et c’est la même logique qui règne partout chez les autres
syndicaux se trouvant aux alentours de sa propriété. On ne veut d’aucune surprise qui
pourrait surgir des urnes. Le comble, c’est lorsque tu vois désigné un délégué
qui porte également la casquette d’un responsable sans que cela ne choquerait
personne.
A CHAQUE CHEF, SES SYNDICATS COURTISANS
Pour monter un semblant de pluralisme syndical,
la trouvaille de ces derniers temps est aussi de diversifier dans les
établissements les syndicats courtisans, plus ce type de syndicats est
florissant et plus le chef serait serein pour les beaux jours à passer dans son
domaine. Il peut même faire jouer la concurrence entre eux en tirant le
meilleur profit de sa prospérité. Si l’un de ces syndicats n’accepterait pas ses
enchères, d’autres en manque flagrant de représentativité accourraient en repreneurs
exclusifs. Ils seraient ainsi les envoyés spéciaux syndicaux permanents auprès
de sa majesté en signant avec les dix doigts. Plus flatteurs et encenseurs que nous,
tu meurs !
Tout doit se préparer en amont pour prédire son
destin. C’est pareillement au même jeu dont se prêtent les autorités lors des
échéances électorales. Pour bien faire leur beurre en toute quiétude, il ne
faut pas qu’ils soient troublés dans leur gouvernance éloignée de toutes les
imprévisibles hostilités.
LE SYNDICALISME
PATERNALISTE ET RENTIER
Lorsque tu reçois dans ta boite email un
message venant d’un syndicat qui se bat dans la virtualité et qui s’agite sous
le parapluie du grand syndicat que c’est grâce à la bénédiction du patron qui a
de bonnes relations auprès des autorités et a les faveurs des gouvernants et
non aux combats permanents des enseignants qui vont percevoir une nouvelle prime, tu te dis que
le syndicalisme paternaliste et rentier a encore de beaux jours à l’horizon.
S’il fallait faire du bien, il existe dans ce
pays des centaines de milliers de travailleurs qui avaient regagné le
lot des chômeurs sans que ce même secrétaire général ait pu lever le moindre
petit doigt pour sauvegarder leur emploi. On cherche à nous démontrer que la
lutte ne paie point, il faut juste s’aplatir et applaudir les chefs du moment
pour obtenir toutes les concessions et les augmentations les plus imprévues. Malheureusement, ce ne sont une fois de plus que le produit de la distribution
inéquitable de la rente.
UN ESPOIR SYNDICAL ?
Un syndicat, c’est un état d’esprit, c’est une
option et c’est un programme que l’on choisit selon ses convictions profondes et
non par accident ou par défaut. Un syndicat, c’est aussi des droits et des
devoirs. Un syndicaliste doit penser aux autres avant sa gloire, à la
collectivité avant l’individualisme et à la communauté avant sa propre
ambition. Il est là pour servir et non abuser en premier. Il doit être prompt à
donner et maintenir l’exemple. Il est là pour quitter le navire qu’en dernier
et non profiter de la moindre occasion pour se volatiliser dans la nature comme
si de rien n’était.
Le syndicat est un long souffle dans une
bataille où il ne faut pas filer à l'anglaise dès la petite secousse. C’est un
engagement fort pour honorer son mandat électif jusqu’au bout. Lorsqu’on tire sa
révérence, il faut partir sur de bonnes notes identiquement qu’on devrait
rester dedans une éternité. On doit s’armer de patience et de persévérance pour
fixer la ligne de mire comme objectif primordial. On ne doit pas changer de
veste lorsque les sirènes adverses lui miroitent l’eldorado. Les milieux
syndicaux doivent être exempts de tous reproches pour gagner la confiance des
adhérents.
En outre, le syndicalisme est un équilibre nécessaire
au monde du travail, qui pourrait être une force de propositions s’il jouerait
pleinement son rôle. Il est là pour défendre les acquis des travailleurs alliés
aux intérêts de leurs entreprises. C’est un garant formidable qui éviterait
toutes les dérives possibles. C’est l’une des prunelles du pays qui surveille
toute compromission au détriment de l’intérêt général et celui de toute la
nation. Il se complète au rôle des partis pour les choix des politiques sociales
à entrevoir au pays. Tout pouvoir a un besoin indispensable d’un contre-pouvoir
pour le remettre tout le temps en question pour le bien-être et la garantie de
sa pérennité. Le syndicalisme n’est pas comme un parti politique qui pourrait
être dans le gouvernement ou dans l’opposition. Il occupe toujours sa même position
d’équilibre.
Au vu de l’échec, sauf rare exception, de
pratiquement tous la classe politique volontairement ou involontairement minée sur
le terrain, le syndicalisme réel, par sa forte mobilisation sociale qu’il
pourrait susciter, par sa place indéniable au sein de la société civile,
pourrait être un paravent extraordinaire qui immuniserait le pays en régénérant
tout le dynamisme sommeillant dans la société. Il doit être vu comme un
partenaire social, absolument pas comme un ennemi à abattre comme il l’est
souvent aujourd’hui. Avoir en face des syndicats forts et représentatifs ne
pourrait qu’entrevoir l’espoir d’un état
de droit dans ce pays et dont chaque algérien en rêve de le voir un jour s’accomplir
sur cette terre d’Algérie.
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