mercredi 6 mars 2013

Du syndicalisme en général et des syndicats en particulier


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Article à paraître dans les colonnes du Quotidien d'Oran du Jeudi 7 Mars 2013 que vous pouvez consulter également sur les liens suivants:
- en format pdf: http://fr.calameo.com/read/000370446e9eaa06e7548
- en format html:http://www.lequotidien-oran.com/?news=5180148

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Tandis que les partis politiques dans leur globalité souffrent affreusement de la pénurie de militants comme le démontrent les maigres assistances en nette régression des citoyens à leurs différents meetings lors des deux dernières élections législatives et locales, le syndicalisme, de son côté, continue tant bien que mal selon les circonstances qui ne lui sont guère favorables à mobiliser périodiquement ses troupes avec constamment la menace du glaive de la justice sur sa tête si jamais il décide d’aller au débrayage. Certes, les partis politiques ont vu leur rang grossir en dépassant toutes les imaginations depuis environ une année par l’obtention d’agréments pour plusieurs nouvelles formations mais le degré du militantisme n’a pas bougé d’un iota, la preuve par ce manque d’engouement de plus en plus criard sur les précédents scrutins.  

LE SYNDICAT, PARENT PAUVRE DES RÉFORMES

Quant au syndicalisme, certains éventuels syndicats sont toujours en instance d’obtention de leur fameux sésame d’acceptation. Les bâtons sont aussitôt mis dans leurs roues si le désir et la volonté de création d’un syndicat se font sentir au sein de corporations qui veulent défendre légitimement leurs droits sous d’autres bannières autres que celle de la centrale officielle ou sous l’égide d’autres syndicats qualifiés selon chaque camp comme quasi ou pseudo-indépendants.

On ne peut que se poser la question pourquoi seuls les syndicats dits libres sont coincés par le refus sournois de leur agrément malgré leur respect des lois en vigueur par le suivi de toutes les démarches comme ils le clament haut et fort sans que leurs voix ne soient audibles par les décideurs. Mais s’ils demanderaient leur reconnaissance sous le manteau du syndicat parrain, là sans aucun doute ils seraient légalisés dans les minutes qui suivraient leur vœu.

Comme on le constate, on mijote dans les hautes sphères à un retour de l’ancien système syndical qui ne dit pas son nom et où tu fais semblant de faire grève durant une journée et le lendemain une réunion médiatisée par l’unique entre syndicat-gouvernement avec à la fin devant les caméras de la télévision et les crépitements des flashs des appareils photos l’effet d’annonce  à la une du JT de 8 heures se déroulant conjointement en présence des deux parties où tu aurais l’impression de n’arracher que du vent. Si tu resterais dans le giron authentifié, tu aurais toutes les facilités pourvu que tu fasses des remerciements à l’infini à tous ceux qui ont daigné satisfaire tes requêtes sur tous les microphones qui te seraient tendus.

Pourquoi donc ce sont-ils donc uniquement les syndicats qui prônent leurs indépendances qui ne sont pas concernés par les réformes du post-printemps arabe ? Qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Pourquoi aucune déclaration n’émane-t-elle pas dans ce sens des autorités directes sur le mutisme pesant ? Le silence risque de persister encore longtemps sans qu’aucune réponse satisfaisante ne soit donnée. Le syndicalisme, c’est l’oublié de ces réformes. Il est le parent pauvre. C’est même une véritable énigme des réformes entamées.

LES OUBLIÉS DES BI ET TRIPARTITES

Pourquoi donc les syndicats dits autonomes ne sont jamais invités aux tripartites et autres bipartites qui se tiennent périodiquement ? Ne sont-ils pas en mesure d’évaluer l’état économique et social du pays ou de pouvoir formuler de bonnes propositions ? Ne possèdent-ils pas les compétences nécessaires même s’agissant de syndicats universitaires ? Ou bien a-t-on juste besoin dans la marmite que du syndicat qui ne caresse que dans le sens du poil ?  Pourquoi sont-ils marginalisés depuis longtemps au point où ils ne sont que rarement reçus dans leurs secteurs respectifs comme si on s’efforce à étouffer leur écho. 

Depuis l’ouverture du pluralisme syndical dans les années 90, on n’a jamais vu un de ces syndicats reçu par un premier ministre même au pire moment des grèves qui avaient paralysé les secteurs universitaire et de toute l’éducation nationale. Pourquoi un tel mépris envers ces syndicats dits indépendants qui posent les réels problèmes ? Autant de questions dont on ne recevrait jamais que des réponses évasives et voilées des autorités à leur sujet. Sans une pleine et indéniable reconnaissance, leur ombre continuerait ainsi à planer sur les discussions opaques et en son absence et à hanter indiscutablement les arcanes gouvernementaux.

LES SYNDICATS CONCRETS, SÈVE  DE LA SOCIÉTÉ CIVILE

Le syndicalisme fait en principe du champ de la société civile et c’est peut-être là la véritable cause du black-out fait autour de lui. On veut des syndicats qui clament que tout va bien, le contraire de ce qu’expriment les forces qui bougent et qui activent sur le terrain. On ne veut sans doute pas à avoir comme antagonistes que des formations préfabriquées, des bénis oui-oui à volonté. On ne veut non plus voir des syndicats corporatifs qui luttent en se battant réellement, ce qui pourrait constituer un prélude à l’émergence de confédérations qui pourraient pourquoi pas à l’avenir damer le pion à celle qui a été choisie à jouer éternellement le rôle principal et qui a accompagné les autorités dans toutes les antécédentes réformes antisociales depuis plus de deux décennies, aux antipodes du syndicalisme en général.

Il faut récompenser celui qui a servi par le passé. Celui qui a été prédestiné pour être l’émissaire certifié sur le papier auprès de tous les travailleurs sans aucune exception. Pourtant aucune statistique n’existe sur la représentativité à part des chiffres indémontrables lancés en l’air sans qu’aucune organisation non gouvernementale ne puisse les vérifier. Pourtant selon la loi, tout syndicat doit présenter chaque année des chiffres assermentés aux autorités mais dont le syndicat historique en est exempt. Mais qui est-ce qui ose donc à les réclamer à la puissante  administration ? Dont son champ chevauche le plus normalement du monde à la politique et avec le risque de se remettre immédiatement à l’ordre, banni à jamais. Ne touche pas à mon outil de subsistance, de survie et de la légitimité sans fin !

Mais sur le terrain, tout le monde n’est pas dupe. C’est une autre paire de manches. Il y a longtemps que le syndicalisme officiel se pratique dans les salons feutrés des hôtels pour les syndicats qui ont perdu toute crédibilité et leur probité. Le malheur, c’est lorsque des syndicats autonomes sont créés de toutes pièces pour servir d’émules de la pratique syndicale du temps du parti unique, telle cette multitude de partis en politique qui ne sont là que pour approuver et ressembler au grand parti protecteur dont les arrangements électoraux locaux et nationaux l’ont entièrement confirmé.

Ils se sont rangés du côté de ceux qui pourfendent les acquis des travailleurs qu’ils les avaient lâchés sitôt la crise avec toutes ses amères conséquences s’était pointée. Certes, tout syndicat doit privilégier la négociation mais lorsque celle-ci butte sur un mur, il doit alors prouver son existence sur le terrain sinon ce serait sa morte lente en perdant de sa verve et puis de la confiance de ceux qu’ils l’ont mandaté comme délégué.

ENTRE L'ENCLUME OPPORTUNISTE ET LE MARTEAU POLITIQUE

Actuellement, le syndicalisme n’est plus un choix. Il est là pour servir uniquement d’ogre à l’adversaire, à l’apeurer, à faire pression sur lui pour l’obtention d’un quelconque privilège ou pour se répartir le gros morceau. La chose à laquelle cogite, en premier lieu lorsque quelqu’un est éjecté de son poste de responsabilité, est de revenir vite aux avant-postes. Il faut occuper hâtivement la scène avant que ne soit trop tard même si on ne fait plus partie du staff dirigeant. Le meilleur stratagème est de flairer le syndicat qui lui sied à ses pieds, peu importe sa couleur, l’important est de voir à la fin ses projets se réaliser. Il faut rapidement se repositionner non pas pour défendre les principes fondamentaux des adhérents, qu’il les a illusionnés pour se faire élire,  mais pour assouvir ses obscurs désirs. Ses enjeux peuvent être strictement politiques s’il veut disposer d’un outil à les satisfaire pleinement ou matériels s’il veut décrocher le poste le plus convoité qui le hisserait vers les cimes de la fortune et en garnissant son carnet d’adresses de connaissances de personnalités les plus inespérées.

L’opportuniste doit se refaire une virginité en voulant prendre sa revanche sur ceux qui l’ont éloigné du centre des décisions, masqué du visage d’un syndicat. Il n’est là que pour faire chanter ses adversaires à être rappelé à occuper d’autres fonctions attrayantes. De l’opposant farouche au syndicalisme, il projette  brusquement de briguer sa tête pour viser dans le futur une nouvelle charge. C’est la raison pour laquelle il s’abrite derrière le syndicat sur lequel il a tout misé en fondant toute sa stratégie à reconquérir les sommets. On a tendance à passer de l’un à l’autre sans qu'une quelconque morale ne soit effleurée. Le syndicat est donc devenu pour ces personnes totalement étrangères au syndicalisme, comme au sein de la plupart des partis politiques, juste un strapontin à gravir allègrement comme une échelle pour se remettre au même niveau que ses compères d’hier. Leur passage éphémère en son sein n’est qu’un concours de circonstances tel un bon filon à exploiter.

C’est pourquoi les syndicats sont entre l’enclume des opportunistes qui les cernent de toutes parts et entre le marteau de certains milieux politiques en quête de légitimité populaire et qui se dissimulent derrière pour mieux les contrôler. Regardons ce qu’on a fait de la majorité des associations syndicales estudiantines qui ont complètement déviés de leur sermon.

Un syndicat qui larguerait les opportunistes et se déférerait des griffes des politiques ne pourrait que sortir grandi en retrouvant toute sa liberté d’action et tous ses mouvements libres et sains en n’agissant que selon les propres intérêts de ses syndiqués et de la nation dans sa totalité. Le chemin de l’opportunisme ne serait plus la voie à emprunter au sein du syndicalisme qui a été souillé et malmené par cette bande qui ne voit en lui qu’un passage vers le paradis.

La voie purement politique est aussi désignée pour ceux qui veulent exercer la diplomatie sur le dos des travailleurs qui doivent s’abstenir de mettre en évidence leurs convictions politiques lorsqu’ils militent pour leurs seules revendications socioprofessionnelles. Cela ne doit pas éloigner les syndicats de faire de la politique, aucun contraire, ils doivent émettre leurs opinions dans la transparence en donnant leurs avis sur toutes les politiques qui ont trait à la vie socio-économique du pays.

D’autre part, le souhait non avoué de tout premier responsable, est aussi d’influencer toute élection d’une section syndicale pour voir émerger devant lui de soi-disant syndicalistes justes pour lui plaire en fermant les yeux sur tout débordement gestionnaire et en laissant sur le carreau les adhérents qui se sentent trop tardivement piégés. Les dés sont déjà pipés. Lorsque des travailleurs veulent s’organiser en section syndicale dans un établissement, le manageur spécule d’abord à placer ses pions en leur mimant discrètement à investir le nouveau bureau pour bien asseoir sa domination non sans mettre à leur disposition tous les moyens pour parvenir à leur dessein. Et c’est la même logique qui règne partout chez les autres syndicaux se trouvant aux alentours  de  sa propriété. On ne veut d’aucune surprise qui pourrait surgir des urnes. Le comble, c’est lorsque tu vois désigné un délégué qui porte également la casquette d’un responsable sans que cela ne choquerait personne.

A CHAQUE CHEF, SES SYNDICATS COURTISANS

Pour monter un semblant de pluralisme syndical, la trouvaille de ces derniers temps est aussi de diversifier dans les établissements les syndicats courtisans, plus ce type de syndicats est florissant et plus le chef serait serein pour les beaux jours à passer dans son domaine. Il peut même faire jouer la concurrence entre eux en tirant le meilleur profit de sa prospérité. Si l’un de ces syndicats n’accepterait pas ses enchères, d’autres en manque flagrant de représentativité accourraient en repreneurs exclusifs. Ils seraient ainsi les envoyés spéciaux syndicaux permanents auprès de sa majesté en signant avec les dix doigts. Plus flatteurs et encenseurs que nous, tu meurs !

Tout doit se préparer en amont pour prédire son destin. C’est pareillement au même jeu dont se prêtent les autorités lors des échéances électorales. Pour bien faire leur beurre en toute quiétude, il ne faut pas qu’ils soient troublés dans leur gouvernance éloignée de toutes les imprévisibles hostilités.

LE SYNDICALISME PATERNALISTE ET RENTIER

Lorsque tu reçois dans ta boite email un message venant d’un syndicat qui se bat dans la virtualité et qui s’agite sous le parapluie du grand syndicat que c’est grâce à la bénédiction du patron qui a de bonnes relations auprès des autorités et a les faveurs des gouvernants et non aux combats permanents des enseignants qui vont  percevoir une nouvelle prime, tu te dis que le syndicalisme paternaliste et rentier a encore de beaux jours à l’horizon.

S’il fallait faire du bien, il existe dans ce pays des centaines de milliers de travailleurs qui avaient regagné le lot des chômeurs sans que ce même secrétaire général ait pu lever le moindre petit doigt pour sauvegarder leur emploi. On cherche à nous démontrer que la lutte ne paie point, il faut juste s’aplatir et applaudir les chefs du moment pour obtenir toutes les concessions et les augmentations les plus imprévues. Malheureusement, ce ne sont une fois de plus que le produit de la distribution inéquitable de la rente.

UN ESPOIR SYNDICAL ?

Un syndicat, c’est un état d’esprit, c’est une option et c’est un programme que l’on choisit selon ses convictions profondes et non par accident ou par défaut. Un syndicat, c’est aussi des droits et des devoirs. Un syndicaliste doit penser aux autres avant sa gloire, à la collectivité avant l’individualisme et à la communauté avant sa propre ambition. Il est là pour servir et non abuser en premier. Il doit être prompt à donner et maintenir l’exemple. Il est là pour quitter le navire qu’en dernier et non profiter de la moindre occasion pour se volatiliser dans la nature comme si de rien n’était.

Le syndicat est un long souffle dans une bataille où il ne faut pas filer à l'anglaise dès la petite secousse. C’est un engagement fort pour honorer son mandat électif jusqu’au bout. Lorsqu’on tire sa révérence, il faut partir sur de bonnes notes identiquement qu’on devrait rester dedans une éternité. On doit s’armer de patience et de persévérance pour fixer la ligne de mire comme objectif primordial. On ne doit pas changer de veste lorsque les sirènes adverses lui miroitent l’eldorado. Les milieux syndicaux doivent être exempts de tous reproches pour gagner la confiance des adhérents.

En outre, le syndicalisme est un équilibre nécessaire au monde du travail, qui pourrait être une force de propositions s’il jouerait pleinement son rôle. Il est là pour défendre les acquis des travailleurs alliés aux intérêts de leurs entreprises. C’est un garant formidable qui éviterait toutes les dérives possibles. C’est l’une des prunelles du pays qui surveille toute compromission au détriment de l’intérêt général et celui de toute la nation. Il se complète au rôle des partis pour les choix des politiques sociales à entrevoir au pays. Tout pouvoir a un besoin indispensable d’un contre-pouvoir pour le remettre tout le temps en question pour le bien-être et la garantie de sa pérennité. Le syndicalisme n’est pas comme un parti politique qui pourrait être dans le gouvernement ou dans l’opposition. Il occupe toujours sa même position d’équilibre.

Au vu de l’échec, sauf rare exception, de pratiquement tous la classe politique volontairement ou involontairement minée sur le terrain, le syndicalisme réel, par sa forte mobilisation sociale qu’il pourrait susciter, par sa place indéniable au sein de la société civile, pourrait être un paravent extraordinaire qui immuniserait le pays en régénérant tout le dynamisme sommeillant dans la société. Il doit être vu comme un partenaire social, absolument pas comme un ennemi à abattre comme il l’est souvent aujourd’hui. Avoir en face des syndicats forts et représentatifs ne pourrait  qu’entrevoir l’espoir d’un état de droit dans ce pays et dont chaque algérien en rêve de le voir un jour s’accomplir sur cette terre d’Algérie.

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