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Article à paraître dans les colonnes du Quotidien d'Oran du Jeudi 11 Avril 2013 que vous pouvez consulter également sur les liens suivants:
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Lorsqu’un
citoyen décide d’aller vivre sous d’autres cieux plus cléments, il le fait pour
plusieurs raisons. La première cause du flux migratoire arrive lorsque son pays
connait des instabilités politiques dues par exemple à une guerre face à un antagoniste
extérieur ou lors d’une guerre civile qui voit le territoire se vider de ses
habitants.
En
temps de paix, il le fait aussi le plus souvent pour des arguments économiques
quand il ne trouve pas l’emploi approprié chez lui. Soit il le fait pour une
cause politique lorsqu’il ne peut pas s’exprimer démocratiquement dans son pays
et s’étouffer à en souffrir. Soit il opte pour la solution scientifique
lorsqu’il possède certaines compétences dont il ne peut nullement les faire
valoir dans son milieu. Il peut aussi faire le grand saut lorsque son pays
n’arrive pas à décoller et trainer inlassablement dans les profondeurs des
divers classements mondiaux allant de l’éducation à la mal-vie en passant par
la corruption et les droits humains.
A
ces faits s’ajoute une autre raison non moins visible qui ait pris des
propensions alarmantes ces dernières années qu’est la maladie. Lorsqu’un de ses
membres est atteint d’une maladie grave ou chronique, sa famille cherche par
tous les moyens à le faire évacuer vers une destination où la médecine est
avancée pour le faire soigner. On court
dans tous les sens pour espérer obtenir cette fameuse prise en charge à
l’étranger mais en vain. Il faut avoir un bon tuyau et des bras longs pour espérer
l’acquérir. Selon la vox-populi, il existe des personnes qui l’obtiennent à la
célérité de la lumière sous le manteau ou ostentatoirement pour un moindre mal
à soigner chez le premier médecin du quartier.
On
assiste malencontreusement sous nos yeux et là personne ne pourrait le nier à
des soins à double sens dans une Algérie indépendante quoique la loi
fondamentale prône l’égalité. On a remarqué sur les journaux ou sur les réseaux
sociaux ces familles de malades qui font appel désespérément aux âmes bienfaisantes
pour les aider à se faire soigner dans un hôpital étranger faute de mieux en
Algérie. On en pleure lorsqu’on voit où se trouve l’état de la santé dans le
pays pour lequel l’état a misé mais cinquante années plus tard après
l’indépendance, nos hôpitaux sont dans un besoin critique de plus en plus en
manque accru de matériels, de médicaments et d’un personnel à la hauteur ou à
recycler.
Le
développement et la prospérité d’un pays se mesure par ses trois fondements
essentiels, à savoir son éducation, sa justice et sa santé. Si un domaine parmi
ces socles lui manque, le déclin est plus que garanti. Pourquoi alors untel
citoyen privilégié pourrait bénéficier de soins à l’étranger mais aucunement le
même citoyen atteint de la même souffrance ne l’est-il pas si ce n’est alors
une injustice caractérisée ? Personne ne pourrait démentir les avancées de
ces domaines mais le pays est encore très loin de concourir ne serait-ce parmi
les pays émergents malgré le dopage flagrant de la rente pétrolière.
Certes,
les moyens n’ont pas manqué mais c’est cette question de gouvernance et en conséquence
cette gestion chaotique qui se pose et qui perdure en freinant le développement
du pays. Même si l’on possède l’une des meilleures rentrées en fortes devises
des pays du sud de la planète, on ne peut mieux les gérer si l’organisation,
les aptitudes manquent cruellement en plus de la légitimité qui fait défaut
sans oublier cette corruption qui fait un grand ravage dans le pays avec ces
milliards de dollars qui se volatilisent par ces intermédiaires fils à papa qui
nous sont imposés malgré que nous cohabitons sous le toit d’une république.
L’affaire
Cahuzac qui est en train de défrayer la chronique outre-mer ne paraît même pas comme
un simple fait divers chez soi, une petite affaire dérisoire dans une contrée
de la taille d’un village dans le pays. Pourtant, il ne s’agit là que d’un
compte privé ouvert en Suisse de 600 000 Euros par ce ministre,
l’équivalent en moyenne de 3 projets ANSEJ de chez nous avec environ 6 unités au
total, 6 « Mchahits » dans le nouveau jargon de ces nouveaux
arrivistes hommes d’affaires. De quoi en faire sourire ces pourfendeurs de
cette génération des temps modernes. Au nord, on parle de moralisation de la
vie politique, ici on est encore loin du compte où le slogan de la
« Chkara » a encore de longues années à sévir.
Pour
revenir à notre sujet d’aujourd’hui, lorsqu’on a sous la responsabilité un
enfant handicapé à 100% et un second qui commence à donner des signes
inquiétants des symptômes de son aîné comme l’est mon cher ami Abdelkrim, le
père de cette famille dont le sort s’est jeté, l’affolement prenne logiquement
le dessus. On s’agite à droite et à gauche pour une éventuelle prise en charge à
l’étranger mais à la fin très déçu, on décide de se sacrifier pour eux quitte à
changer carrément de vie, à vendre tout ce qu’on peut ramasser comme biens, à
se faire endetter auprès des siens si nécessaire, à échanger tout son capital
contre des devises, obtenir un rendez-vous dans un hôpital européen et attendre
nerveusement son visa. Une fois acquis, c’est le départ précipité vers
l’aventure dans la première ville en France qui se pointe à l’horizon.
L’hôtel,
la solidarité de la famille émigrée ou des amis résidant à l’étranger peuvent
vous supporter seulement pour quelques temps mais pas assez avec deux
handicapés sous le toit. Imaginez le calvaire qu’allait subir cette famille qui
ressemble à des centaines d’autres foyers dans le même cas qui vivent en
silence leur supplice sans aucune aide psychologique. Heureusement qu’il se
trouve tous ces bénévoles qui activent sur le terrain. De l’étranger où on a atterri,
on continue de solliciter par écrit l’aide du ministre de tutelle de son pays
mais il ne faut pas s’attendre à un miracle d’une réponse qui ne viendrait
jamais, même pas un message de soutien. Je me rappelle de cette anecdote qui
avait le tour des chaumières avec cette réponse d’Obama à un citoyen algérien
qui l’ait sollicité et qui avait fait fureur dans les médias. On a d’autres
chats à fouetter chez Monsieur le ministre, ce ne sont pas aux citoyens qu’il doit
rendre compte faute de ne pas les avoir assistés.
Heureusement
que dans le pays où il est parvenu, il se trouve des gens généreux, humanistes
et des rencontres miraculeuses qui l’ont aidé à traverser cette mauvaise passe.
Les âmes charitables sont partout et les bons cœurs existent toujours sur cette
terre. C’est une autre vie qui commence avec ses enfants handicapés qui sont
pleinement pris en charge par des spécialistes avec des moyens matériels qui
leur facilitent les multitudes tâches de la vie. « C’est l'importance de
l'encadrement et le suivi de l’évolution de la maladie par les médecins tout en
essayant d'apporter le meilleur confort possible aux enfants handicapés qui
nous ont attirés vers ce pays » souligne Abdelkrim.
L’handicapé
doit aussi avoir sa pleine place au sein de la société. Un handicapé a aussi
droit à la vie. Est-ce dans notre pays, il peut se prendre en charge tout seul
dans la rue où il peut monter et descendre un trottoir sans difficulté ? Est-ce
qu’il peut accéder aisément à une administration sans aucune aide d’autrui, aller
faire ses courses en solo ou conduire sa voiture aménagée ? Est-ce qu’il
peut faire ses études dans une école, ou dans une université et être accueilli
dans une cité universitaire conforme aux vœux des handicapés ? La journée
de l’handicapé n’est pas seulement une journée à célébrer et l’oubli le restant
des jours de l’année.
Un
handicapé doit être vu par la société comme un être humain pleinement citoyen
et non considéré comme un fardeau à supporter. Il faut que le regard de la
société change à son vis-à-vis de certains des citoyens. N’est-il pas vrai que
certaines familles continuent à cacher l’handicap des leurs comme une honte,
voire comme un déshonneur ? C’est terrible ce que doivent subir ces
handicapés devant cet affront, d’abord par leur environnement immédiat avant
celui de la société dans sa totalité. La sensibilisation de tous est
primordiale pour faire sortir nos handicapés à la lumière du jour.
Heureusement
qu’il existe dans le pays des associations qui se battent pour cette frange non
moins négligeable comme par exemple celle de « Imad » la Relizanaise
qui ait ramené des chaises roulantes de l’étranger le mois dernier pour soulager
un tant soit peu les enfants restés dans la ville dont leur entourage en endure
énormément. Ce geste ne solutionne point toutes leurs difficultés journalières
mais leur apporte un soutien moral et matériel indéniables dans l’espoir d’être
utiles à leur pays.
Quant
à mon ami Abdelkrim et sa dévouée épouse, mère d’une grande valeur, ils sont
soulagés de voir leurs enfants grandir, s’émanciper sous leurs yeux, être tout
le temps conseillés sur leurs devenirs tout en abordant leur vie comme elle
vient. Pour ceux qui ont choisi de vivre avec leurs enfants, ces derniers sont
pris en charge en journée dans des centres spécialisés qui viennent les
chercher le matin et les ramener le soir dans des véhicules pourvus de toutes
les nécessités, aidés en cela d’un personnel adéquat pour soulager quelque peu
les familles tout en participant à leur insertion dans la société.
C’est
Dieu qui leur a donné ces enfants et leur destin en dépend fortement. L’essentiel est de retrouver une vie normale
où le handicap peut être aussi une fortune et non pas vécu comme une fatalité.
Nous souhaitons un bon courage à ces nombreuses familles auxquelles nous
rendons un grand hommage pour leur dévouement à cette noble cause et dont la
présence en leur sein d’handicapés ait changé complètement la tournure de leur
vie.
Quant
à mon ami Abdelkrim, de son lointain exil forcé, il continue de chérir son pays
l’Algérie malgré qu’il soit à l’abri dans le pays d’accueil sauf la privation de sa terre natale, des siens et
de ses amis. Il se pose la question pourquoi pas nous, nous ne soyons pas
ainsi ? vivre tranquillement dans son pays, bien considérés et bien
soignés. Est-ce que nous ne sommes pas nés un peu plus tôt ? Il soupire
amèrement que son pays pourrait peut-être enfanter un jour des gouvernants à la
hauteur de la grandeur du pays et aux énormes sacrifices de nos martyrs, qui
penseraient d’abord aux intérêts du pays avant les leurs, de servir d’abord les
citoyens avant leur sphère et leurs progénitures.
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