mercredi 6 février 2013

Pardonne-nous de ce que tu as subi !

Je ne pense pas que la majorité des algériens ne soient pas été concernés, de près ou de loin, de ce qui s’est déroulé lors de la dernière session du comité central du FLN. Une réunion classée à haut risque qui a lieu avec les deux camps antagonistes au grand complet et en présence de huissiers de la justice s’il vous plait devant des médias venus couvrir en grand nombre l’évènement si l’on pourrait le nommer ainsi où on a vu des personnalités, entre guillemets, se chamaillaient pour des futilités qui n’ont absolument rien à voir avec l’histoire, la grandeur et les valeurs du FLN, véritable cheval de bataille, fédérateur de toutes les forces politiques du pays d’avant 62 et grand artisan de son indépendance.

Les néo-maîtres du FLN ne discutaient pas de nouvelles idées ou de programmes porteurs à entreprendre pour le pays malade de leurs disputes, pour un oui ou un non, mais se battaient pour le maintien ou non du secrétaire général dont on ignore officiellement les dessous des cartes de son éviction. Rien n’est sorti de l’iceberg. Depuis plus de 2 ou 3 années, c’est une véritable guerre de tranchées entre les pour et les contre le patron du parti offrant un spectacle lamentable aux algériens et aux observateurs étrangers et en piétinant davantage la bannière sous laquelle ils s’affrontaient.

On n’est pas là pour défendre le parcours de son désormais ex-chef mais si l’on suit une certaine logique, on ne pourrait toucher à un seul cheveu de celui qui a fait gagner son parti aux deux dernières élections en se permettant même le luxe de caracoler en tête du peloton. Sauf, peut-être, si ses adversaires n’y croient pas à des victoires arrachées librement d’urnes transparentes et dont ils connaissent sans doute tous les secrets de cette alchimie.

Sa défaite politique aux élections aurait été dans ce cas le seul argument possible qui pourrait accentuer sa chute. Si on poserait la question, pourquoi veut-on le départ du chef du parti, à des membres de ce comité qui ne tiendraient objectivement compte que de son bilan, quoiqu’on dise est largement positif, on se demanderait quelles réponses iraient chercher si ce n’est par hostilité à la personne dont on ne veut plus le voir à la tête du pauvre FLN malmené dont seuls les 3 sigles, tant bien que mal, titubent encore sous le poids de ses bourreaux.

En outre, un secrétaire général d’un parti ne pourrait jamais sortir affaibli à la suite d’élections conquises haut la main et qui devaient le conforter largement sur ses positions. Il est également logique qu’un parti à double-tête ne pourrait nullement espérer remporter des élections et se permettre même le luxe de plomber loin derrière lui tous ses poursuivants. C’est aussi une autre contradiction et une bizarrerie à l’algérienne.

Il est vrai que tout a été préparé en amont pour que ce miracle ait pu se produire selon le schéma prescrit. Le chemin a été déblayé devant le virtuel gagnant contrairement à celui de ses suivants qui a été obstrué pour empêcher leur arrivée sur le podium en plus d’innombrables formations dont la vie politique n’excède pas quelques maigres mois et en n’omettant pas de citer au passage les fameux articles des 5 et 7% exclusifs de la loi électorale qui ont fait des ravages en convertissant un parti minoritaire en une majorité très aisée.

En dépit de cette victoire abondamment raflée, on comprend à postériori l’entêtement des redresseurs, au fait des manœuvres souterraines, à vouloir déchoir par tous les moyens l’infortuné premier secrétaire de son trône. On ne pourrait pas naviguer à contre-courant du sort qui lui a été réservé depuis qu’il commençait à exhiber ses griffes et à tenter de vouloir voler de ses propres ailes en préméditant en catimini de jouer en cavalier seul si jamais on lui desserrait les liens le ligotant au poteau alors qu’il est juste ici en chargé de mission attendant les ordres ou à défaut les redressements du palais.

C’est donc pour plusieurs raisons que les algériens s’intéressent à l’histoire présente de ce parti dont les dernières pulsions devraient s’arrêter en 62.  Le rajout de ces 50 années de rallonge à sa vie nous fait souffrir de le voir endurer ce nième calvaire. Il a été ressuscité dans l’intention de lui faire jouer un rôle qui n’est absolument pas le sien et dont il est totalement innocent. Il a vécu ces supplémentaires années comme dans un cauchemar.

Il n’a été que l’ombre de lui-même, trimbalé par tous les souffles, erré dans tous les déserts, trainé dans la boue, sali comme il ne l’a jamais été. Il a même vécu des putschs scientifiques dont il en est sorti plus qu’humilié. On lui a fait subir tous les supplices dont il se souviendrait lorsque l’heure des comptes aurait sonné. Comme un malheur ne vient pas tout seul, tous les échecs des gouvernants successifs lui ont été endossés. Toute son histoire a été souillée durant ces 50 ans qu’il a construite et payée du sang de ses enfants en 7 années d’une éprouvette lutte.

C’est l’histoire contemporaine du peuple algérien qui lie la totalité des algériens au vieux parti dont la lettre « L » a beaucoup de signification dans leur mémoire collective et qui avait toute son véritable sens avant 62. Même si l’on n’a pas été tous adhérents par carte au FLN, on a été tous naturellement militants de cœur, par filiation ou par hérédité à l’enseigne emblématique qu’il représentait. Le contraire aurait surpris tout le monde. Le FLN, c’est aussi l’histoire de la révolution, qui a été complètement défiguré par la suite à vouloir l’impliquer à toutes les sauces dès lors qu’il devait reposer en paix, ce héros spirituel de la révolution. Il devait rester en cet état presque parfait, l’intouchable qui devait résister à toutes les tentations des hommes à l’amadouer ou à l’apprivoiser, lui le rebelle, l’indomptable qui a vaincu le colonialisme avec toute son étendue.

Nos parents étaient à 100% FLN. Les enfants ne pourraient que suivre logiquement par amour à leurs ascendants les idoles de leurs aïeux en entretenant saine et sauve la légende. Comparativement tous les algériens supportent aujourd’hui leurs équipes sportives nationales mais au niveau local, chacun suit ses propres protégés. L’équipe première c’est pour tous, elle est vénérée par tout le monde, elle ne peut se mesurer aux équipes du championnat national. Autrement, elle deviendrait une équipe normale qui perdrait de son aura à chaque fois qu’elle rencontrait une autre équipe ordinaire. Elle n’aurait plus l’estime de tous en perdant de sa superbe à chaque tour d’horizon. Son charisme serait vite écorné.

On se demande aujourd’hui pourquoi l’initiale « L » n’a pas été modifiée puisque le pays a été libéré de l’ennemi extérieur. Pourquoi, comme dirait cet internaute, l’ALN a changé de sigles en devenant ANP tandis que le FLN est demeuré en l’état ? Si l’ALN a été le bras armé du FLN durant la révolution, en toute logique, il ne pourrait continuer à jouer le même rôle après l’indépendance. D’ailleurs, toutes les tendances politiques des algériens d’avant 54 ont été regroupées en son sein pour s’unir afin de dégager la France coloniale. Idem pour la fameuse équipe de foot du FLN qui avait porté haut et fort sous son égide les aspirations profondes du peuple algérien à conquérir sa liberté. Sitôt l’indépendance, cette équipe avait disparu au profit d’une équipe nationale tout court. Ses joueurs sont allés le plus normalement du monde rejoindre leurs équipes de club. Ce ne sont plus les mêmes combats et les mêmes enjeux d’avant et d’après. C’était inconcevable qu’elle puisse rester sous cette appellation.

Si cette équipe n’existe plus aujourd’hui, le FLN devrait lui aussi retrouver sa place au sein du musée de l’histoire de ce pays à titre posthume à l’instar de toutes les autres constantes nationales. Il fallait le protéger, le conserver en son état pur. Regarder l’image que préservent les Algériens de Mourad Didouche, de Larbi Ben M’hidi, de Mostefa Benboulaid et de tous les martyrs. Ils ont cessé d’exister pour rentrer à perpétuité dans le sacré. Les algériens dans leur ensemble devraient être plus que concernés par ce qui est arrivé à ce patrimoine qui leur est très cher. Ils sont dans leur droit de demander des comptes à ceux qui se sont autoproclamés détenteurs des clés de la maison de ce parti. Lorsque le peuple algérien constate amèrement ce qui a été fait par la suite du parti de l’indépendance, on ne peut regretter qu’il ne soit pas mis en berne, en martyr les armes à la main pour être idolâtré pour l’éternité.

Nous avons tous regretté ce qui s’était arrivé lors des soulèvements d’octobre 88 où les propriétaires de l’époque ont fait maudire ce sigle aux algériens au point où ils ne supportaient plus sa vue. L’image de ses permanences incendiées ont été un choc pour les algériens qui ont vécu les nuits sombres du colonialisme. Un blason pour lequel des algériens sont morts en martyrs et pour lequel il est devenu une marque déposée pour tous les opprimés sur terre.

En conclusion, il n’est jamais trop tard pour y remédier à cet oubli de l’histoire pour rétablir une injustice en remettant ce parti au peuple pour le prémunir dans sa galerie de tous les prédateurs qui persistent toujours à l’affût à guetter les moindres opportunités.

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