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Article à paraître dans les colonnes du Quotidien d'Oran du Jeudi 31 Janvier 2013 que vous pouvez consulter également sur les liens suivants:
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Jamais de mémoire d’algérien
avec la multitude des médias aidant, un entraineur de l’équipe nationale de
foot n’avait focalisé sur lui autant d’acharnements et de critiques acerbes qui
dépassent parfois de loin le cadre sportif en mettant en cause le choix d’un
technicien étranger, qui pourtant avant lui, l’équipe léguée par Saâdane à
Benckikha avait loupé la qualification en phase finale de la coupe d’Afrique
des nations en se faisant battre non seulement par l’équipe du Maroc d’un
cinglant et honteux 4 à 0 mais en se faisant aussi malmenée par la République
Centrafrique et la Tanzanie, cette même équipe de la génération Oum Dourman
comme on se plait à la sacraliser aujourd’hui.
La préférence d’un entraineur
étranger est actuellement presque une évidence pour les équipes locales, au vu du
niveau dérisoire atteint par la majorité des teams de première division de
notre piteux championnat, pour celles qui ont les moyens financiers,
privilégient des entraineurs qualifiés venus d’ailleurs en n’hésitant pas à
recruter également des joueurs venus du fin fond des terrains africains.
Hallilovitch n’avait rien quémandé pour prendre en mains notre équipe
nationale, ce sont les instances de la fédération algérienne avec certainement
l’appui des autorités politiques qui sont allés négocier sa venue. On se
rappelle qu’ils se sont même réjouis de ce recrutement car à l’époque les
meilleurs drivers étaient tous pris. Tout le monde était presque heureux de trouver
cette perle pour parer au plus vite après la catastrophe de Marrakech.
A ce que l’on sache, Vahid n’a
pas été embauché dans le but de résoudre les problèmes énormes, entassés depuis
longtemps du sport roi en Algérie mais dans l’objectif de continuer à jouer le
rôle de l’arbre qui cache la forêt, tout autant vrai pour d’autres domaines
hors football. Pourtant il n’a jamais négligé le foot local en essayant de
dénicher des oiseaux rares à l’image de cet avant-centre local qu’est Slimani
ou encore le défenseur Belkalem qui les a fait titularisés alors que ces
prédécesseurs quoique des nationaux n’aient jamais osé toucher à ses postes
clés qu’on ne pouvait réserver aux joueurs locaux au risque de payer chèrement
à la fin une note très salée.
Outre cela, ils sont allés
chercher un gardien hors du pays alors que jusque là c’était le seul poste qui
n’était pas mis en concurrence. Nos experts ne sont pas restés les bras
croisés, on se sent vraiment mal à l’aise de les voir partir en besogne têtes
baissées contre cette proie facile sur les plateaux de ces nouvelles télés à la
noix en taillant comme il se doit le malheureux Vahid. Le président de la FAF a
été épargné car ils n’oseront pas s’attaquer directement aux responsables directs.
Ils préfèrent réserver leurs muscles uniquement qu’aux ombres. Heureusement
pour lui qu’il ne comprend pas notre langage pour saisir tout ce qui se dit
dans ces titres à la une, autrement il serait en train de faire ses valises en
méditant s’être trompé de destination.
Au moins, il a tenté de prouver
encore une fois que notre football est malade malgré qu’ils pullulent de
joueurs talentueux à l’état pur mais qui renferment énormément de déchets dans
leur jeu qui n’ont pas été évacués par une formation appropriée où on apprendrait
les règles techniques et tactiques rigoureuses du football moderne. Je me
rappelle toujours de cet entraineur étranger qui avait déclaré qu’il n’était
pas venu en Algérie pour apprendre aux joueurs les ABC du foot mais son rôle consistait
à leur inculquer la tactique. Au lieu que nos techniciens remettent tout
naturellement en cause la formation de base qui laisse à désirer depuis de
nombreuses années, ils se trompent carrément de cible en ne visant pas là où il
le faut. La preuve, aucune équipe de jeunes à l’échelle africaine, ni même au
niveau maghrébin n’a émergé depuis plus de deux décennies et demie. C’est ici
qu’on puisse déceler une progression si elle avait lieu. L’EN devait être le
couronnement de tous ces chantiers et non l’inverse. Ce qui n’est nullement le
cas aujourd’hui.
L’équipe mise en place en un
peu de temps par Vahid a laissé présagé un bon avenir car jamais depuis fort
longtemps, l’EN n’avait produit un aussi beau football que durant les deux
premiers matchs de cette campagne africaine de l’Afrique du Sud avec une
domination même parfois outrageuse, stérile disaient les détracteurs. J’ai
beaucoup adoré cette belle réplique facebookienne sur notre EN : «le jeu est
barcelonais mais la chance est mozambicaine ». Il lui manquait de la
chance comme cela arrive à certaines équipes lorsqu’elles monopolisent la balle
en frôlant les 60% du temps de jeu. Certes, nous nous sommes qualifiés en coupe
du monde 2010 mais avec un football moins attrayant que celui de l’actuelle
équipe.
Si nous sommes allés en coupe
du monde, c’était aussi grâce à ce formidable public algérien qui s’est déplacé
en masse à Oum Dourman suite aux incidents qui avaient entaché le match du
Caire. Si ce n’était pas ces dizaines de milliers de supporteurs, on aurait été
battu sans que l’on ne crie au scandale vu le nombre d’occasions ratées ce jour
là par l’équipe adverse. Ce soir là, notre équipe avait de la Baraka même si
cette même équipe avait pris un net 4 à 0 en Angola devant le même adversaire
presque trois mois plus tard avec une équipe qui a été mal préparée
psychologiquement pour cette rencontre. Le Mondial Sud Africain avait prouvé
les limites de notre équipe quoique dopée de plus en plus par d’autres joueurs
issus de l’émigration.
Au foot, il faut aussi avoir de
la veine. Cette fois-ci en cette CAN, la nouvelle équipe n’a pas eu la réussite
escomptée au point où certains joueurs n’avaient rien compris à ce jeu comme
ils le l’ont souligné après l’amère élimination. Le football n’est pas une
science exacte. Cela ne sourit pas toujours à ceux qui pratiquent le meilleur
football. Si on revient aux détails sur les deux matchs livrés, Slimani a raté
des occasions nettes de scorer sans omettre les penalties non sifflées qui
auraient pu donner une autre tournure à ces matchs. C’est tout le contraire
d’un joueur comme le togolais Adebayor dont les qualités intrinsèques ne sont
plus à démontrer face aux maladresses de notre avant. Certains regretteront l’absence
de Djebbour, le meilleur buteur en terre grecque. Il aurait pu changer la
donne, lui qui joue dans le meilleur club grec qui rappelons l’équipe nationale
de ce pays a été championne d’Europe des nations en 2004 au Portugal face à
tous les ténors européens réunis et non des moindres. Il faut le dire
clairement que le championnat grec dépasse de très loin notre championnat.
En principe, les techniciens
locaux devraient être satisfaits que Vahid ait pris un pur produit que ce
Slimani. Peut-être qu’ils auraient préféré être à sa place. Au fond
d’eux-mêmes, ils ont raison d’abonder dans la critique mais préférant
concentrer leurs efforts sur la victime du jour au lieu de s’attaquer aux
réelles lacunes de notre foot local. Justement, c’est ce qui devait se faire objectivement.
Ainsi l’arbre qui cacherait la forêt se transformerait en l’arbre qui la
dévoilerait au grand jour. Pourquoi alors monter une équipe de toutes pièces de
joueurs qui ne seraient pas sortis de la formation locale jusqu’à ce que
certains médias français nous reprochent d’aller s’approprier de leur bien une
fois qu’il commence à mûrir et à donner ses fruits ? A la lecture de cette
question, je vois certains me contredire par l’exemple des équipes d’Argentine,
du Brésil ou de la France qui sont composées essentiellement de joueurs qui
évoluent pour la plupart à l’étranger, certes oui, mais ce sont des joueurs qui
avaient d’abord fait leurs premiers pas dans leur pays d’origine avant d’être
transférés à l’étranger. C’est là toute la différence entre leur politique et
la nôtre à sens unique.
C’est comparativement à
l’instar d’un pays qui compte uniquement sur la rente et l’importation tout
azimut, comme le nôtre, pour subvenir aux besoins alimentaires de sa
population. Il faut savoir produire et non prôner indéfiniment l’importation
comme système économique national jusqu’à ce que l’on soit incapable de bâtir une
équipe avec onze gaillards pour porter le maillot national et montrer ainsi le
réel visage de notre sport. Cela fait réellement plaisir de voir qualifié une
équipe du Cap Vert à ce stade de la compétition. Pourquoi alors ne pas imiter
ce petit poucet qui dispose que de moyens très limités ?
Je pense que le football est
tellement une chose importante aux mains des autorités pour instituer une telle
décision radicale de mettre fin à cette équipe nationale virtuelle qui ne dit pas
son nom. Le pays devient de plus en plus prisonnier de ce schéma chronique qui
n’apporte pas les remèdes nécessaires. Au contraire, il ne fait que les
accentuer. D’ailleurs comme partout ailleurs. Un sport doit être censé
représenter le sport local, montrer son évolution, repérer ses insuffisances,
corriger ses erreurs. Le football tel qu’il est représenté actuellement ne
reflète aucunement le niveau du football national. C’est une fausse image que
l’on donne de soi à l’étranger jusqu’à ce que les instances de notre fédération
soient toujours à l’écoute des infimes échos du foot à l’étranger, à la
recherche de ce joyau rare introuvable sur le marché national mais le humer
microscopiquement dans la moindre division inférieure en pays étranger pour
venir nous procurer du plaisir. Après la matière, c’est au tour du bonheur à
importer parce qu’il n’est plus possible de le créer chez soi.
Nous sommes devenus exactement
comme ces princes du golfe qui possèdent de l’argent mais se procurent du
plaisir footballistique en important des joueurs étrangers à coups de milliards
de dollars où chaque équipe appartient corps et âmes à un prince, cousin ou
frère du roi régnant, qui est a été fondée juste pour le bonheur de la cour.
Les équipes constituées de stars en fin de carrières ne sont là que pour jouer
dans des stades luxueux aux gradins vides où les émirs s’affrontent en frimant à
coups de carnets de chèques dans la tribune officielle luxueuse, assis sur des
fauteuils qui dépassent toute mesure avec plein de plats servis devant sur des
grandes tables. En une seconde, sur une saute d’humeur, ils peuvent éjecter ou
engager un entraineur ou un joueur en un quart de tour. Je ne crois pas que ces
équipes soient rentables comme celles des lourdes écuries européennes mais leurs
déficits sont certainement alimentés par cette rentre inépuisable.
Nos experts devraient se
pencher sur les véritables maux qui rongent notre sport en général et du
football en particulier dont les performances en dépendent inlassablement de la
formation à l’étranger. Vahid, quelles que soient ses compétences, ne peut assumer
tous ces problèmes. Il n’a pas été recruté pour cette délicate mission. Il
n’est pas non plus responsable du passif comme de l’actif bilan. On l’a juste enrôlé
pour monter une équipe nationale compétitive afin de concurrencer les meilleures
à l’échelle continentale où les objectifs ont été fixés dans un contrat dûment
signé par les deux parties. Il ne peut pas garantir le succès, même Mourinho ne
pourrait le prétendre, il n’existe certainement aucune clause là-dessus.
S’il échoue, c’est la politique
de la fédération, à travers elle celle du pays qui serait mise en doute et non
celle de l’entraîneur dont la seule issue serait le limogeage ou la démission.
Si la réussite lui ouvrirait les bras, tant mieux pour ce public qui n’a de
yeux que pour son équipe mais dont le bonheur ne pourrait qu’être
qu’occasionnel par la persistance aveugle dans cette politique ne peut que faire
reculer l’échéance du désastre présagé avec un retour à la case départ au point
zéro.
Ce que l’on vit en football, le
pays le paie cash dans tous les domaines où la politique footballistique est
reproduite à l’identique partout ailleurs. C’est toute la politique nationale
qui fait faillite dans son ensemble. Si le pays n’avait pas importé des
chinois, jamais nous aurions en un temps correct cette autoroute Est-Ouest. Ne
nous-a-t-on pas inculqué que c’est untel ministre qui a construit cette œuvre
gigantesque grâce non pas aux compétences algériennes mal formées par des
écoles et des universités à la dérive mais derrière des chinois assidument
debout en toile de fond à chaque inauguration d’un tronçon. Pire encore, même la grande mosquée d’Alger est
en train d’être érigée par une entreprise chinoise.
On mange étranger, on roule en
voiture de marque étrangère sur des autoroutes réalisées par des étrangers, on
habite dans des maisons construites pas des étrangers avec des matériaux
étrangers, … Ce n’est pas la phobie de l’étranger, loin de là. Ces étrangers, au
contraire s’ils sont venus chez nous c’est parce que nous avions besoin de
leurs qualification en faisant appel à leur savoir-faire pour venir combler
l’incompétence et la médiocrité qu’on a produites chez soi faute de façonner de
la qualité avec une politique adéquate et programmée sur le long terme. Si on
ouvrirait la parenthèse, on pourrait parcourir le pays, en long et en large, et
de fond en comble, en se perdant dans cette immense forêt qu’est devenue notre
chère Algérie.
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