mercredi 30 janvier 2013

EN: l’arbre qui dévoile la forêt


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Article à paraître dans les colonnes du Quotidien d'Oran du Jeudi 31 Janvier 2013 que vous pouvez consulter également sur les liens suivants:
- en format pdf: 
http://fr.calameo.com/read/000370446d77e50774951
- en format pdf zippéhttp://lequotidien-oran.com/pdfs/31012013.zip
- en format html:
http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5178681
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Jamais de mémoire d’algérien avec la multitude des médias aidant, un entraineur de l’équipe nationale de foot n’avait focalisé sur lui autant d’acharnements et de critiques acerbes qui dépassent parfois de loin le cadre sportif en mettant en cause le choix d’un technicien étranger, qui pourtant avant lui, l’équipe léguée par Saâdane à Benckikha avait loupé la qualification en phase finale de la coupe d’Afrique des nations en se faisant battre non seulement par l’équipe du Maroc d’un cinglant et honteux 4 à 0 mais en se faisant aussi malmenée par la République Centrafrique et la Tanzanie, cette même équipe de la génération Oum Dourman comme on se plait à la sacraliser aujourd’hui.

La préférence d’un entraineur étranger est actuellement presque une évidence pour les équipes locales, au vu du niveau dérisoire atteint par la majorité des teams de première division de notre piteux championnat, pour celles qui ont les moyens financiers, privilégient des entraineurs qualifiés venus d’ailleurs en n’hésitant pas à recruter également des joueurs venus du fin fond des terrains africains. Hallilovitch n’avait rien quémandé pour prendre en mains notre équipe nationale, ce sont les instances de la fédération algérienne avec certainement l’appui des autorités politiques qui sont allés négocier sa venue. On se rappelle qu’ils se sont même réjouis de ce recrutement car à l’époque les meilleurs drivers étaient tous pris. Tout le monde était presque heureux de trouver cette perle pour parer au plus vite après la catastrophe de Marrakech.

A ce que l’on sache, Vahid n’a pas été embauché dans le but de résoudre les problèmes énormes, entassés depuis longtemps du sport roi en Algérie mais dans l’objectif de continuer à jouer le rôle de l’arbre qui cache la forêt, tout autant vrai pour d’autres domaines hors football. Pourtant il n’a jamais négligé le foot local en essayant de dénicher des oiseaux rares à l’image de cet avant-centre local qu’est Slimani ou encore le défenseur Belkalem qui les a fait titularisés alors que ces prédécesseurs quoique des nationaux n’aient jamais osé toucher à ses postes clés qu’on ne pouvait réserver aux joueurs locaux au risque de payer chèrement à la fin une note très salée.

Outre cela, ils sont allés chercher un gardien hors du pays alors que jusque là c’était le seul poste qui n’était pas mis en concurrence. Nos experts ne sont pas restés les bras croisés, on se sent vraiment mal à l’aise de les voir partir en besogne têtes baissées contre cette proie facile sur les plateaux de ces nouvelles télés à la noix en taillant comme il se doit le malheureux Vahid. Le président de la FAF a été épargné car ils n’oseront pas s’attaquer directement aux responsables directs. Ils préfèrent réserver leurs muscles uniquement qu’aux ombres. Heureusement pour lui qu’il ne comprend pas notre langage pour saisir tout ce qui se dit dans ces titres à la une, autrement il serait en train de faire ses valises en méditant s’être trompé de destination.

Au moins, il a tenté de prouver encore une fois que notre football est malade malgré qu’ils pullulent de joueurs talentueux à l’état pur mais qui renferment énormément de déchets dans leur jeu qui n’ont pas été évacués par une formation appropriée où on apprendrait les règles techniques et tactiques rigoureuses du football moderne. Je me rappelle toujours de cet entraineur étranger qui avait déclaré qu’il n’était pas venu en Algérie pour apprendre aux joueurs les ABC du foot mais son rôle consistait à leur inculquer la tactique. Au lieu que nos techniciens remettent tout naturellement en cause la formation de base qui laisse à désirer depuis de nombreuses années, ils se trompent carrément de cible en ne visant pas là où il le faut. La preuve, aucune équipe de jeunes à l’échelle africaine, ni même au niveau maghrébin n’a émergé depuis plus de deux décennies et demie. C’est ici qu’on puisse déceler une progression si elle avait lieu. L’EN devait être le couronnement de tous ces chantiers et non l’inverse. Ce qui n’est nullement le cas aujourd’hui.

L’équipe mise en place en un peu de temps par Vahid a laissé présagé un bon avenir car jamais depuis fort longtemps, l’EN n’avait produit un aussi beau football que durant les deux premiers matchs de cette campagne africaine de l’Afrique du Sud avec une domination même parfois outrageuse, stérile disaient les détracteurs. J’ai beaucoup adoré cette belle réplique facebookienne sur notre EN : «le jeu est barcelonais mais la chance est mozambicaine ».  Il lui manquait de la chance comme cela arrive à certaines équipes lorsqu’elles monopolisent la balle en frôlant les 60% du temps de jeu. Certes, nous nous sommes qualifiés en coupe du monde 2010 mais avec un football moins attrayant que celui de l’actuelle équipe.

Si nous sommes allés en coupe du monde, c’était aussi grâce à ce formidable public algérien qui s’est déplacé en masse à Oum Dourman suite aux incidents qui avaient entaché le match du Caire. Si ce n’était pas ces dizaines de milliers de supporteurs, on aurait été battu sans que l’on ne crie au scandale vu le nombre d’occasions ratées ce jour là par l’équipe adverse. Ce soir là, notre équipe avait de la Baraka même si cette même équipe avait pris un net 4 à 0 en Angola devant le même adversaire presque trois mois plus tard avec une équipe qui a été mal préparée psychologiquement pour cette rencontre. Le Mondial Sud Africain avait prouvé les limites de notre équipe quoique dopée de plus en plus par d’autres joueurs issus de l’émigration.

Au foot, il faut aussi avoir de la veine. Cette fois-ci en cette CAN, la nouvelle équipe n’a pas eu la réussite escomptée au point où certains joueurs n’avaient rien compris à ce jeu comme ils le l’ont souligné après l’amère élimination. Le football n’est pas une science exacte. Cela ne sourit pas toujours à ceux qui pratiquent le meilleur football. Si on revient aux détails sur les deux matchs livrés, Slimani a raté des occasions nettes de scorer sans omettre les penalties non sifflées qui auraient pu donner une autre tournure à ces matchs. C’est tout le contraire d’un joueur comme le togolais Adebayor dont les qualités intrinsèques ne sont plus à démontrer face aux maladresses de notre avant. Certains regretteront l’absence de Djebbour, le meilleur buteur en terre grecque. Il aurait pu changer la donne, lui qui joue dans le meilleur club grec qui rappelons l’équipe nationale de ce pays a été championne d’Europe des nations en 2004 au Portugal face à tous les ténors européens réunis et non des moindres. Il faut le dire clairement que le championnat grec dépasse de très loin notre championnat.

En principe, les techniciens locaux devraient être satisfaits que Vahid ait pris un pur produit que ce Slimani. Peut-être qu’ils auraient préféré être à sa place. Au fond d’eux-mêmes, ils ont raison d’abonder dans la critique mais préférant concentrer leurs efforts sur la victime du jour au lieu de s’attaquer aux réelles lacunes de notre foot local. Justement, c’est ce qui devait se faire objectivement. Ainsi l’arbre qui cacherait la forêt se transformerait en l’arbre qui la dévoilerait au grand jour. Pourquoi alors monter une équipe de toutes pièces de joueurs qui ne seraient pas sortis de la formation locale jusqu’à ce que certains médias français nous reprochent d’aller s’approprier de leur bien une fois qu’il commence à mûrir et à donner ses fruits ? A la lecture de cette question, je vois certains me contredire par l’exemple des équipes d’Argentine, du Brésil ou de la France qui sont composées essentiellement de joueurs qui évoluent pour la plupart à l’étranger, certes oui, mais ce sont des joueurs qui avaient d’abord fait leurs premiers pas dans leur pays d’origine avant d’être transférés à l’étranger. C’est là toute la différence entre leur politique et la nôtre à sens unique.

C’est comparativement à l’instar d’un pays qui compte uniquement sur la rente et l’importation tout azimut, comme le nôtre, pour subvenir aux besoins alimentaires de sa population. Il faut savoir produire et non prôner indéfiniment l’importation comme système économique national jusqu’à ce que l’on soit incapable de bâtir une équipe avec onze gaillards pour porter le maillot national et montrer ainsi le réel visage de notre sport. Cela fait réellement plaisir de voir qualifié une équipe du Cap Vert à ce stade de la compétition. Pourquoi alors ne pas imiter ce petit poucet qui dispose que de moyens très limités ?

Je pense que le football est tellement une chose importante aux mains des autorités pour instituer une telle décision radicale de mettre fin à cette équipe nationale virtuelle qui ne dit pas son nom. Le pays devient de plus en plus prisonnier de ce schéma chronique qui n’apporte pas les remèdes nécessaires. Au contraire, il ne fait que les accentuer. D’ailleurs comme partout ailleurs. Un sport doit être censé représenter le sport local, montrer son évolution, repérer ses insuffisances, corriger ses erreurs. Le football tel qu’il est représenté actuellement ne reflète aucunement le niveau du football national. C’est une fausse image que l’on donne de soi à l’étranger jusqu’à ce que les instances de notre fédération soient toujours à l’écoute des infimes échos du foot à l’étranger, à la recherche de ce joyau rare introuvable sur le marché national mais le humer microscopiquement dans la moindre division inférieure en pays étranger pour venir nous procurer du plaisir. Après la matière, c’est au tour du bonheur à importer parce qu’il n’est plus possible de le créer chez soi.

Nous sommes devenus exactement comme ces princes du golfe qui possèdent de l’argent mais se procurent du plaisir footballistique en important des joueurs étrangers à coups de milliards de dollars où chaque équipe appartient corps et âmes à un prince, cousin ou frère du roi régnant, qui est a été fondée juste pour le bonheur de la cour. Les équipes constituées de stars en fin de carrières ne sont là que pour jouer dans des stades luxueux aux gradins vides où les émirs s’affrontent en frimant à coups de carnets de chèques dans la tribune officielle luxueuse, assis sur des fauteuils qui dépassent toute mesure avec plein de plats servis devant sur des grandes tables. En une seconde, sur une saute d’humeur, ils peuvent éjecter ou engager un entraineur ou un joueur en un quart de tour. Je ne crois pas que ces équipes soient rentables comme celles des lourdes écuries européennes mais leurs déficits sont certainement alimentés par cette rentre inépuisable.

Nos experts devraient se pencher sur les véritables maux qui rongent notre sport en général et du football en particulier dont les performances en dépendent inlassablement de la formation à l’étranger. Vahid, quelles que soient ses compétences, ne peut assumer tous ces problèmes. Il n’a pas été recruté pour cette délicate mission. Il n’est pas non plus responsable du passif comme de l’actif bilan. On l’a juste enrôlé pour monter une équipe nationale compétitive afin de concurrencer les meilleures à l’échelle continentale où les objectifs ont été fixés dans un contrat dûment signé par les deux parties. Il ne peut pas garantir le succès, même Mourinho ne pourrait le prétendre, il n’existe certainement aucune clause là-dessus.

S’il échoue, c’est la politique de la fédération, à travers elle celle du pays qui serait mise en doute et non celle de l’entraîneur dont la seule issue serait le limogeage ou la démission. Si la réussite lui ouvrirait les bras, tant mieux pour ce public qui n’a de yeux que pour son équipe mais dont le bonheur ne pourrait qu’être qu’occasionnel par la persistance aveugle dans cette politique ne peut que faire reculer l’échéance du désastre présagé avec un retour à la case départ au point zéro.

Ce que l’on vit en football, le pays le paie cash dans tous les domaines où la politique footballistique est reproduite à l’identique partout ailleurs. C’est toute la politique nationale qui fait faillite dans son ensemble. Si le pays n’avait pas importé des chinois, jamais nous aurions en un temps correct cette autoroute Est-Ouest. Ne nous-a-t-on pas inculqué que c’est untel ministre qui a construit cette œuvre gigantesque grâce non pas aux compétences algériennes mal formées par des écoles et des universités à la dérive mais derrière des chinois assidument debout en toile de fond à chaque inauguration d’un tronçon.  Pire encore, même la grande mosquée d’Alger est en train d’être érigée par une entreprise chinoise.

On mange étranger, on roule en voiture de marque étrangère sur des autoroutes réalisées par des étrangers, on habite dans des maisons construites pas des étrangers avec des matériaux étrangers, … Ce n’est pas la phobie de l’étranger, loin de là. Ces étrangers, au contraire s’ils sont venus chez nous c’est parce que nous avions besoin de leurs qualification en faisant appel à leur savoir-faire pour venir combler l’incompétence et la médiocrité qu’on a produites chez soi faute de façonner de la qualité avec une politique adéquate et programmée sur le long terme. Si on ouvrirait la parenthèse, on pourrait parcourir le pays, en long et en large, et de fond en comble, en se perdant dans cette immense forêt qu’est devenue notre chère Algérie.

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